divinité [ divinite ] n. f.
• XIIIe; « théologie » 1119; lat. divinitas
1 ♦ Essence divine, nature de Dieu, de l'Être suprême. La divinité du Verbe, de Jésus, dans la religion chrétienne. L'homme dans l'état de grâce est « rendu comme semblable à Dieu, et participant de sa divinité » (Pascal).
2 ♦ Être divin. ⇒ déesse, déité, dieu; esprit, nymphe. Adorer une divinité. Offrir un sacrifice aux divinités. Les divinités de l'eau, des enfers. Les faunes, divinités champêtres. « Des peuples qui adoraient les fausses divinités » (Bossuet). — Fig. Cette fausse image de Gœthe, « une sorte de divinité olympienne, impassible, insensible » (A. Gide).
● divinité nom féminin (latin divinitas, -atis) Nature, essence divine : La divinité de Jésus-Christ. Dieu, être divin, objet d'un culte : Divinités protectrices. Littéraire. Personne ou chose adorée, considérée comme un souverain bien. ● divinité (citations) nom féminin (latin divinitas, -atis) Pierre Klossowski Paris 1905 La divinité seule est bien-heureuse de son inutilité. Le Bain de Diane Pauvert Antoine de Saint-Exupéry Lyon 1900-disparu en mission aérienne en 1944 Que m'importe que Dieu n'existe pas. Dieu donne à l'homme de la divinité. Carnets Gallimard Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Salut ! Divinités par la rose et le sel, Et les premiers jouets de la jeune lumière, Iles!… La Jeune Parque Gallimard Alfred, comte de Vigny Loches 1797-Paris 1863 […] Le juste opposera le dédain à l'absence. Et ne répondra plus que par un froid silence Au silence éternel de la Divinité. Les Destinées, le Mont des oliviers Hérodote Halicarnasse vers 484-Thourioi vers 420 avant J.-C. La divinité aime rabaisser tout ce qui s'élève. Histoires, VII, 10 (traduction Legrand) Pindare Cynoscéphales, près de Thèbes, 518 avant J.-C.-Argos ? 438 avant J.-C. Le succès est dans la main de la divinité. Treizième Olympique, 104 ● divinité (synonymes) nom féminin (latin divinitas, -atis) Dieu, être divin, objet d'un culte
Synonymes :
- déité
- dieu (déesse)
divinité
n. f.
d1./d Essence, nature divine. La divinité du Verbe.
d2./d Dieu. Adorer la Divinité.
|| Les divinités des eaux.
d3./d Fig. Chose, personne que l'on adore comme un dieu. L'argent est sa divinité.
d4./d ETHNOL Dans certaines religions traditionnelles, puissance intermédiaire entre le Dieu créateur et les hommes.
⇒DIVINITÉ, subst. fém.
A.— Essence de Dieu ou d'un Dieu; nature divine. Synon. plus rare déité (v. ce mot A) :
• 1. ... la philosophie alexandrine, éclectique, déiste, qui, admettant tous les cultes comme divins, niait la divinité des dieux et repoussait le christianisme comme ennemi de la sagesse et de la science.
VIGNY, Le Journal d'un poète, 1844, p. 1224.
1. [Correspond à divin I; dans une perspective polythéiste] Divinité des astres. Les premières sociétés humaines confèrent la divinité à des idoles taillées dans le bois (GAULTIER, Bovarysme, 1902, p. 198). La divinité diffuse de la nature personnifiée par les dieux (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 21) :
• 2. Si élevé que soit le dieu, sa divinité n'implique aucunement l'immutabilité. Bien au contraire, ce sont les dieux principaux des religions antiques qui ont le plus changé...
BERGSON, Les Deux sources de la mor. et de la relig., 1932, p. 198.
— Spéc. [En parlant d'un homme divinisé] À la divinité près, il y avait en Danton quelque chose d'Hercule (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 415). Il y a loin, (...) de la divinité d'un empereur romain à celle d'un pharaon (BERGSON, Deux sources, 1932, p. 200).
2. [Correspond à divin II; dans une perspective monothéiste] Il a plutôt considéré en Jésus l'humanité que la divinité (LEROUX, De l'Humanité, t. 2, 1840, p. 827). Du moment que l'on patauge dans l'inconnu, pourquoi ne pas croire à la Trinité, pourquoi repousser la divinité du Christ? (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 25).
— Spéc., dans la relig. chrétienne.
a) [En parlant de l'Eucharistie] Il a vu Saint-Just s'indigner jusqu'aux pleurs d'un outrage à la divinité du saint-sacrement (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1906-07, p. 87).
b) [En parlant de l'âme] La divinité et l'immatérialité de l'âme humaine (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 369).
c) [En parlant de choses inspirées par Dieu ou de personnes représentant Dieu sur la terre] J'étais triste, (...) semblable à un prêtre à qui on arracherait sa divinité (BAUDELAIRE, Poèmes prose, 1867, p. 170). La raison prouve la révélation, la divinité de l'Écriture et l'autorité de l'Église (RENAN, Souv. enf., 1883, p. 281).
3. Spéc., dans les philosophies de la négation. [P. oppos. à la divinité de Dieu] :
• 3. ... le message de Nietzsche est que le révolté ne devient Dieu qu'en renonçant à toute révolte, même à celle qui produit les dieux pour corriger ce monde. « S'il (...) y a un Dieu, comment supporter de ne l'être pas? » Il y a un Dieu, en effet, qui est le monde. Pour participer de sa divinité, il suffit de dire oui. « Ne plus prier, bénir », et la terre se couvrira d'hommes dieux. Dire oui au monde, le répéter, c'est à la fois recréer le monde et soi-même, c'est devenir le grand artiste, le créateur.
CAMUS, L'Homme révolté, 1951, p. 98.
B.— Par antonomase. L'être divin lui-même. Synon. rare déité (v. ce mot B p. ext. 1).
1. [Correspond à dieu 1re section I A; dans les religions polythéistes et les croyances primitives] Ce qui est considéré comme divin, ce qui est l'objet d'un culte, dieu ou déesse. Ils ont une religion qui leur donne pour divinités le crapaud et plusieurs insectes (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 249) :
• 4. Les tartares qui habitent à l'orient de l'Imaüs, adorent le soleil, la lumière, le feu, la terre, et offrent à ces divinités les prémices de leur nourriture...
DUPUIS, Abr. de l'orig. de tous les cultes, 1796, p. 22.
SYNT. a) Divinité(s) + adj. Divinité(s) multiples, polythéiques, mythologiques, grecques, romaines; divinité(s) céleste, solaire, infernales; divinité(s) suprêmes, supérieures, intermédiaires; divinités populaires, domestiques, champêtres, rustiques, marines, puissantes, redoutables, protectrices; divinité bienfaisante, malfaisante, jalouse. b) Adj. + divinités. Grandes, principales, petites divinités. c) Divinités + subst. Divinités du Walhalla, du paganisme, de l'Olympe; divinités des champs, des bois, des forêts, de la terre, des airs, des eaux, des sources, de la mer. d) Subst. + divinité(s). Attributs, sièges, cortège des divinités; bienveillance, faveur, colère de la divinité. e) Verbe + divinité(s). Invoquer une divinité, offrir un culte aux divinités.
2. [Correspond à Dieu 1re section IB; dans une perspective monothéiste, en particulier dans la tradition judéo-chrétienne] Au sing., ordinairement avec une majuscule. La Divinité. L'Être divin, (le seul vrai) Dieu. Non seulement elle niait la divinité, mais encore il semblait qu'elle en voulût à Dieu de ne pas exister (DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948) :
• 5. S'il est vrai qu'au jardin sacré des écritures,
Le fils de l'homme ait dit ce qu'on voit rapporté;
Muet, aveugle et sourd au cri des créatures,
Si le ciel nous laissa comme un monde avorté,
Le juste opposera le dédain à l'absence,
Et ne répondra plus que par un froid silence
Au silence éternel de la Divinité.
VIGNY, Les Destinées, Le Mont des oliviers, 1863, p. 169.
— P. ext., rare, dans le domaine relig. [En parlant d'une chose abstr. relative à l'une des trois personnes de la Trinité] Caractère divin :
• 6. ... là était son berceau [du Christ], là, le théâtre de ses actions et de ses prédications touchantes; (...) De là avait coulé le christianisme, source obscure, goutte d'eau inaperçue dans le creux du rocher de Nazareth (...) et qui aujourd'hui, comme le grand océan des esprits, a (...) baigné de ses flots intarissables le passé, le présent et l'avenir! Incrédule donc à la divinité de cet événement, mon âme encore eût été fortement ébranlée en approchant de son premier théâtre...
LAMARTINE, Voyage en Orient, t. 1, 1835, p. 314.
II.— [Correspond à Dieu 1re section III] P. anal. Personne ou chose qui est objet de vénération.
A.— [Désigne une pers. admirée pour sa grandeur, son talent, ses exploits,... choisie comme référence de ses jugements, comme modèle de son action] Il [Ronsard] est devenu, par surcroît et dans un étrange retour du sort, la divinité poétique du plus intransigeant classicisme, et de ceux-là qui ont en Boileau et en ses principes une pleine dévotion (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 21).
— Spéc., dans le lang. de la galanterie
♦ [Désigne une femme admirée pour sa beauté] La mère se présenta avec sa fille, divinité de seize ans (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 300).
♦ [Désigne une femme vénérée par amour] Voilà ma divinité, car elle me rend heureux; Voilà Sara! ce mot renferme tous les éloges; il exprime ce qu'il y a de plus parfait dans la nature; ce que j'aime le mieux, et ce qui est le plus digne de l'être! (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 67).
B.— [Désigne une valeur abstr. ou la valeur abstr. de certaines choses concr., ou une chose considérée comme souverain bien] Voici l'avènement de la machine à vapeur, le grand levier du siècle, sa vraie divinité (MUSSET, Revue des Deux Mondes, 1832, p. 108). Les disciples fidèles, qui (...) adoraient, la face dans la poussière, la divinité unique, aux multiples visages : musique, poésie, drame et métaphysique (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 444). Pensée nue et liberté intérieure, telles sont bien les deux hautes et exigeantes divinités au service desquelles Amiel est mort (DU BOS, Journal, 1921, p. 32).
— P. méton. Caractère divin d'une telle chose. De plus en plus (contre mon cœur) je reconnais la triste vertu, la divinité du succès (BARRÈS, Cahiers, t. 6, 1907-08, p. 336).
III.— [Correspond à divin IV A; en parlant de qqc.] P. hyperb. Caractère divin.
1. Dans le domaine de la création artistique ou intellectuelle. Gœthe est toujours et partout, un dieu : il y a de la divinité dans ses mémoires (GONCOURT, Journal, 1863, p. 1324). Ici, et nulle part ailleurs, s'atteste la divinité, ne craignons pas le mot, de l'art (DU BOS, Journal, 1927, p. 237).
2. [Correspond à divin IV A 2]
a) [En parlant de certaines qualités de cœur ou d'esprit] :
• 7. Rien d'orgueilleux comme sa [de Francis Jammes] modestie; de là ce refus de rien apprendre, la croyance en la divinité de son inspiration, la complaisance envers soi-même.
GIDE, Journal, 1923, p. 752.
b) [En parlant de certains sentiments, de certaines jouissances] :
• 8. Plus je la voyais, plus je l'admirais, moins je pouvais croire qu'elle fût une créature de la même espèce que moi. La divinité de son amour avait fini par devenir une foi de mon imagination.
LAMARTINE, Raphaël, 1849, p. 201.
3. [Correspond à divin IV A 3a; dans le domaine de la gustation] Il répète ces mots indéfiniment, et ça lui fait bon dans la bouche, comme la divinité des grandes poires juteuses, froides, en août (MONTHERL., Songe, 1922, p. 172).
Prononc. et Orth. :[divinite]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1119 « théologie » (PH. DE THAON, Comput, éd. E. Mall, 498), limité à l'a. fr.; 2. XIIIe s. « nature, essence divine » (Artur, BN 337, f° 289a, éd. H.-O. Sommer, t. 7, p. 258); 3. 1501 « être divin » (Livre de conduite [...] Mystère de la Passion, éd. G. Cohen, p. 383 : La Divinité se doit cy apparoir); 4. a) 1560 « femme très belle » (J. GREVIN, Olimpe, p. 244); b) 1642 « personne ou chose que l'on adore » (CORNEILLE, Mort de Pompée, V, 1, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 4, p. 88). Empr. au lat. class. divinitas, -atis « nature divine; être divin; excellence, perfection »; lat. chrét. « Dieu ». Fréq. abs. littér. :2 033. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 5 127, b) 2 659; XXe s. : a) 1 625, b) 1 867. Bbg. HAHN (E.A.). Vergil's linguistic treatment of divine beings. Transactions and proceedings of the American philological association. 1957, t. 88, pp. 56-57; 1958, t. 89, pp. 237-253.
divinité [divinite] n. f.
ÉTYM. 1119; lat. divinitas, de divinus. → Divin.
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1 Essence divine, nature de Dieu, de l'Être suprême. — (Christianisme). || La divinité du Verbe, de Jésus. || Les ariens, les sociniens niaient la divinité de Jésus-Christ (→ Consubstantialité, cit.). || La divinité du Christ dans l'Eucharistie (→ Corps, cit. 14).
1 (…) l'homme dans l'état de la création ou dans celui de la grâce est élevé au-dessus de toute la nature, rendu comme semblable à Dieu, et participant de sa divinité (…)
Pascal, Pensées, VII, 434.
2 Les sociniens (…) ne reconnaissent point la divinité de Jésus-Christ. Ils osent prétendre (…) que l'idée d'un Dieu homme est monstrueuse (…)
Voltaire, Dict. philosophique, Divinité de Jésus.
2 Être divin. ⇒ Déesse, déité, dieu (I. et IV.). — (Monothéisme). || Adorer, honorer la Divinité. || Rendre un culte à la Divinité. || Invocation, prière à la Divinité. || Contemplation, connaissance de la divinité. || Cantique, hymne en l'honneur de la divinité. || Le ciel, séjour de la divinité (→ Bienheureux, cit. 10). || La Divinité, refuge, asile (cit. 4) des malheureux.
3 Tu n'oublieras jamais de rendre le devoir qu'on doit à la divinité : oraisons, prières et sacrifices, commençant et finissant toutes tes actions par Dieu, auquel les hommes attribuent autant de noms qu'il a de puissances et de vertus (…)
Ronsard, la Franciade, « Au lecteur apprentif », Pl., t. II, p. 1028.
4 Il vaudrait mieux n'avoir aucune idée de la Divinité que d'en avoir des idées basses, fantastiques, injurieuses, indignes d'elle; c'est un moindre mal de la méconnaître que de l'outrager.
Rousseau, Émile, IV.
♦ Plus cour. (Une, des divinités). || Divinités primitives. ⇒ Dieu (II.). || Divinités antiques, mythologiques. ⇒ Dieu (III.). || Les Divinités de l'Olympe. || Les Faunes, divinités champêtres; les Sylvains, divinités des bois; les Oréades, divinités des montagnes. || Les Jeux et les Ris, divinités allégoriques de la joie. || Hymen, divinité du mariage. || Les divinités du Styx; les Furies, divinités infernales. || La Renommée, la Victoire; le Temps, la Terre, divinités allégoriques. || Le Hasard, la Fortune, divinités aveugles (cit. 26). || Divinité favorable; divinité terrible. || Libations, sacrifices en l'honneur de la divinité. || Culte (cit. 8) des divinités.
5 Des peuples qui adoraient les fausses divinités (…)
Bossuet, Disc. sur l'hist. universelle, II, 3.
3 (1642). Ce que l'on adore, que l'on considère comme une puissance surnaturelle. — (Choses). || L'argent est leur seule divinité.
6 Ni l'or, ni la grandeur ne nous rendent heureux;
Ces deux divinités n'accordent à nos vœux
Que des biens peu certains, des plaisirs peu tranquilles (…)
La Fontaine, Philémon et Baucis.
♦ (Personnes) :
7 (…) cette fausse image de Goethe, qui prévalut longtemps en France, d'une sorte de divinité olympienne, impassible, insensible et imperturbée.
Gide, Attendu que…, p. 109.
♦ (1560). Spécialt. Femme très belle. ⇒ Déesse.
8 (…) Nelly (…) règne dans le dancing telle la divinité de la rue (…)
P. Mac Orlan, Quai des brumes, p. 184.
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CONTR. Humanité.
Encyclopédie Universelle. 2012.