doucement [ dusmɑ̃ ] adv.
1 ♦ Sans grande énergie, sans hâte, sans violence. Parler doucement, sans crier. Marcher doucement pour ne pas faire de bruit. Frapper doucement. ⇒ délicatement, légèrement. Voiture qui roule doucement. ⇒ lentement. « Je me suis doucement esquivé sans rien dire » (Molière)(cf. En douce). Travailler doucement, sans se hâter. ⇒ mollement. Éclairer doucement. ⇒ faiblement. S'éteindre doucement : mourir lentement et sans souffrir.
♢ Graduellement, insensiblement. La colline descend doucement vers la mer. Un paysage doucement vallonné. La température baisse doucement.
2 ♦ Sans heurter, sans faire de peine. Reprendre qqn doucement, avec bonté, sans sévérité.
3 ♦ Médiocrement; assez mal. ⇒ couci-couça. Les affaires vont doucement. Comment va le malade ? — Tout doucement; bien doucement. ⇒ doucettement.
4 ♦ Interjection pour inviter au calme, à la modération (cf. Tout doux). Doucement, ne nous emballons pas ! Fam. Doucement les basses ! (métaph. de l'orchestre).
⊗ CONTR. Brusquement, violemment. Bruyamment, 2. fort. Brutalement, rapidement, vite.
● doucement adverbe Sans trop de force, de vitesse, de bruit, d'intensité ; avec douceur, délicatesse : Ouvrir doucement une porte. Familier. À part soi, en son for intérieur ; de façon voilée : Je m'amusais doucement de leur ahurissement. ● doucement (expressions) adverbe Familier. Aller doucement, aller médiocrement, ne pas être prospère. Doucement !, pas de précipitation, pas trop fort : Doucement ! Procédons par ordre ! ● doucement (synonymes) adverbe Sans trop de force, de vitesse, de bruit, d'intensité ; avec...
Synonymes :
- délicatement
- légèrement
- pianissimo (familier)
- piano (familier)
Contraires :
- durement
- fort
- précipitamment
- vite
Familier. À part soi, en son for intérieur ; de façon voilée
Synonymes :
- secrètement
doucement
adv.
d1./d De façon modérée. La pente descend doucement.
|| (Afr. subsah.) Faire doucement: ralentir, agir avec modération.
d2./d Sans rudesse, avec douceur. Parler doucement.
d3./d Médiocrement. Les affaires marchent doucement.
|| Interj. (Pour inciter à la modération.) Doucement! Vous allez tomber.
⇒DOUCEMENT, adv.
D'une manière douce.
A.— [Correspond à doux I A]
1. D'une manière douce, délicate, agréable aux sens.
a) Domaine du goût. Tout ça [le mariage de Daniel] pour en venir là, au fauteuil d'osier, au goût doucement pourri du marc dans sa bouche (SARTRE, Sursis, 1945, p. 107).
b) Domaine de l'odorat. Pour plancher, j'ai l'herbe fine, fleurie d'une minuscule variété d'iris : c'est un beau tapis violet doucement odorant (LOTI, Au Maroc, 1889, p. 19). Le voyageur solitaire ne perçut d'abord des ténèbres qu'une odeur plus violente et plus âcre, parfois doucement miellée, de la forêt endormie (BERNANOS, Nuit, 1928, p. 18).
c) Domaine de la vue
) [En parlant d'une couleur] La femme dans des tons doucement roses, violets et blancs (GONCOURT, Journal, 1860, p. 818) :
• 1. Coucher de soleil : L'œil se caressait « à le regarder, c'était une couleur si douce, si suave! C'était un mélange de lumière, d'opale et d'azur, tout cela mêlé et fondu si doucement que cela formait une nuance d'un charme inexprimable » : ce devait être là comme le disait si bien Mme de Caud, la couleur de l'Olimpe.
CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1817, p. 87.
) [En parlant d'une forme] :
• 2. Mon berceau ne fut qu'un sourire, et mon père et ma mère et les montagnes. Et, sans doute, parce que je fus ainsi enveloppé de ces lignes doucement incurvées qui font les lèvres joyeuses pareilles aux Pyrénées ensoleillées, tout au long de ma vie ce qui m'a le plus impressionné dans les physionomies, c'est le sourire.
JAMMES, Mémoires, 1922, p. 147.
— En partic. [En parlant d'un élément du relief] Le pays, doucement vallonné, semble un parc de la campagne anglaise (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 950).
d) Domaine du toucher. D'une main machinale, Laure (...) lui caressait doucement les cheveux (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 408).
e) Domaine de l'ouïe. Chanter, parler doucement. On frappa doucement à la porte (GENLIS, Chev. Cygne, t. 1, 1795, p. 179). On me dit :« Il [M. Lavisse] n'est pas méchant. C'est un bon homme. » On ajoute doucement :« C'est un faible » (PÉGUY, Argent, 1913, p. 1268). Songez à son application [du tourneur] (...) à marteler sa cloche ou sa cuve de bronze, tout ce qui est doucement et mélodieusement sonore (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 67).
2. P. ext.
a) Avec des mouvements doux, sans brusquerie ni à coups. Ce cheval galope fort doucement (Ac. 1798); voiture qui part doucement (ROB. 1955).
b) D'une façon discrète, légère. Et les branches étaient doucement frémissantes (ROSTAND, Musardises, 1890, p. 55). Par-dessus le mur, les lilas aux rameaux touffus balançaient doucement, imperceptiblement, les grappes desséchées de leurs fleurs (CARCO, Voix basse, 1938, p. 40) :
• 3. Je n'ai pas de conseil à vous donner, ma petite Lucie, disait Mme Troussereau; mais avec votre façon de ranger votre armoire, je me demande comment vous pouvez vous y retrouver. Maman blêmissait doucement car elle avait, juste, toutes sortes d'idées héréditaires sur la façon de ranger les armoires.
DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Notaire du Havre, 1933, p. 113.
3. De façon progressive. (Quasi-)synon. lentement. Je fais tout doucement ma petite maison, Et j'amasse en été pour l'arrière-saison (COLLIN D'HARL., Vieux célib., 1792, II, 2, p. 33). Mon cœur, ardent et lourd, est cette poire Qui mûrit doucement sa pelure au soleil (NOAILLES, Cœur innombr., 1901, p. 18). Elle commence tout doucement à s'accoutumer à Disraëli et les traite, lui et sa femme, avec bonté (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 218).
— Domaine culin. et techn. [En parlant d'un aliment] Cuire doucement. Au fond du chaudron de fer, un paleron de jeune porc frais gratinait doucement avec un morceau d'échinée (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 102).
4. Fam. (Aller) (tout) doucement. Médiocrement, assez mal, couçi-couça. Les affaires vont doucement :
• 4. ... nous vivons, dit-il, tout doucement. J'ai bien de petits agrémens, je prends tout le bois qu'il me faut dans la forêt; j'ai une bonne basse-cour, mon potager me donne des légumes en quantité, et comme le maître du château ne vient jamais dans sa terre, le père Schmitt est regardé comme le seigneur; il n'y a que l'argent qui manque un peu pour payer exactement le prix de la ferme; ce diable d'argent, ...
SÉNAC DE MEILHAN, L'Émigré, 1797, p. 1643.
B.— [Correspond à doux I B 1] Au fig. D'une manière agréable, calme, tranquille. Dormir, vivre doucement :
• 5. ... mon cœur ne s'arrête pas à désirer une froide reconnaissance, et je serais malheureux si je n'espérais pas, qu'elle [la Comtesse] regrette un peu les momens que nous avons si doucement passés ensemble sans trouble et sans crainte. Je suis prêt à m'abandonner au désespoir, quand j'envisage l'avenir.
SÉNAC DE MEILHAN, L'Émigré, 1797 p. 1712.
C.— [Correspond à doux I B 2]
1. [Correspond à doux I B 2 a]
a) D'une manière douce, sans brusquerie, ni violence; avec des gestes mesurés, des manières délicates. Prendre, pousser doucement. Jésus aussi était un simple berger... Pasteur des cent brebis qui sont demeurées dans le bercail, pasteur de la brebis égarée... La prend doucement et la rapporte lui-même sur ses épaules (PÉGUY, Porche Myst., 1911, p. 208).
b) D'une humeur égale, avec modération et bienveillance envers autrui. Parler doucement. — Buvez un verre! proposa-t-il [Pascin] doucement, gentiment, de sa voix nasillarde (CARCO, Montmartre, 1938, p. 27).
— P. anal. [En parlant d'un objet personnifié] Le vieux landau se plaint, mais doucement, poliment, sans rien perdre de sa dignité (V. LARBAUD, Enfantines, 1918, p. 136).
c) Sans heurter, sans faire de peine. Mon père lui reprochoit doucement [à Balahac] de gâter par de tels soins la première éducation qu'il m'avoit donnée (GENLIS, Chev. Cygne, t. 3, 1795, p. 232). Il faut me traiter doucement; si vous êtes malade, je le suis aussi; il faut avoir soin l'un de l'autre (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p. 257). L'on est grondé doucement d'avoir oublié d'anciens amis (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 77).
— En exclamation. [Pour inviter au calme qqn de violent] (Quasi-)synon. tout doux (cf. doux II A 1 c). Puis la peste viendra, puis nous périrons tous. La peste! dit Guillot : doucement, calmez-vous, Je ne vois point cela, compère (FLORIAN, Fables, Deux paysans et nuage, 1792, p. 159) :
• 6. VICTOR (...) d'un ton menaçant. — Et toi qui te charge d'un pareil message, qui que tu sois, tremble de l'avoir outragé.
FORBAN, avec le plus grand sang-froid. — Doucement, jeune homme, ne t'y fie pas; tu ne serois pas le plus fort. Adieu : fais ma commission, ou tu es perdu toi même.
GUILBERT DE PIXÉRÉCOURT, Victor, 1798, I, 6, p. 15.
2. Au fig. [Correspond à doux I B c] D'une manière qui touche agréablement l'esprit, le cœur, l'imagination.
a) Domaine affectif. J'aime mieux Mme de La Châtre que François. Nous nous convenons davantage, mais je vivrais très doucement avec tous les deux (STAËL, Lettres L. de Narbonne, 1794, p. 274). C'était une de ces belles soirées de mai, d'autant plus exquises qu'elles sont, là, plus rares, — un de ces longs crépuscules du Nord appelant les rêveries vagues et doucement tristes (LOTI, Journal intime, t. 1, 1878-1881, p. 77).
b) Domaine amoureux. (Quasi-)synon. tendrement. Répondez doucement à cette lettre : qu'à Francfort je trouve un mot qui me soutienne, qui me dise que vous me voyez arriver sans peine et que vous me recevrez avec amitié (STAËL, Lettres L. de Narbonne, 1794 p. 198). Et madame de Fontenay, sans jalousie vive, pensait : Il [Pierre] nous aime Marie et moi si doucement, qu'il ne peut pas choisir entre nous deux (NOAILLES, Nouv. espér., 1903, p. 158).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Dernier quart Xe s. tan dulcement (Passion de Clermont, éd. d'A. S. Avalle, 106). Dér. du rad. fém. de l'adj. doux, douce; suff. -ment2. Fréq. abs. littér. :5 968. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 5 187, b) 9 002; XXe s. : a) 10 319, b) 9 925.
doucement [dusmɑ̃] adv.
ÉTYM. Fin Xe, dulcement; de doux, douce.
❖
♦ D'une manière douce.
1 D'une manière délicate, agréable aux sens (⇒ Doux, I., A.). || Musique qui caresse doucement l'oreille.
1 C'était une soirée d'automne tiède et doucement voilée; nous remarquions la sonorité de l'air dans cette saison et ce je ne sais quoi de mystérieux qui règne alors dans la nature.
G. Sand, François le Champi, Avant-propos, p. 7.
♦ Vx. Commodément, dans le calme, la quiétude. || Vivre doucement avec ses amis, avec ses livres.
2 (Plus cour.). Sans employer une grande énergie, sans hâte, sans violence, ni brutalité. ⇒ Délicatement, doucettement, faiblement, légèrement, pianissimo, piano, posément. || Parler doucement, sans crier. || Marcher doucement pour ne pas faire de bruit. || Frapper, frotter doucement. || Retirer doucement sa main (→ Baiser, cit. 6). || Se dégager (cit. 25) doucement d'une étreinte. || Travailler doucement, sans se hâter. ⇒ Mollement. || Voiture qui part doucement (→ Démarrer, cit. 3), qui roule doucement. ⇒ Lentement. || Se couler, se glisser doucement pour sortir. ⇒ Doux (en douce); furtivement. || Éclairer doucement. ⇒ Faiblement. || S'éteindre doucement : mourir lentement, sans souffrir. ⇒ Paisiblement.
2 C'est mourir doucement, mais enfin c'est mourir.
Corneille, Théodore, vierge et martyre, V, 6.
3 Je me suis doucement esquivé sans rien dire (…)
Molière, les Fâcheux, I, 1.
4 J'ai gagné doucement la porte sans rien dire (…)
Boileau, Satires, III.
5 (…) elle écoute, à peine perceptible, le bruit de la porte de fer. D'ordinaire, Jean la laisse retomber d'elle-même avec fracas. Il vient de la refermer doucement.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, II, p. 338.
♦ Sans heurter, sans faire de peine. || Traiter qqn doucement, avec des égards. || Ils se sont expliqués doucement, sans emportement ni tumulte. || Reprendre qqn doucement, avec bonté, sans sévérité. || Avertir qqn doucement, avec ménagement, discrétion, ou à l'insu de qqn. || Allez-y doucement (⇒ fam. Mollo, mou).
6 Informez-vous tout doucement de cela, et sans en faire de bruit.
Racine, Lettres.
7 (…) tu es fine, toi, tu as toujours montré de l'esprit, et tu fais attention à tout. Si tu vois quelque chose qui te donne à penser, tu m'en avertiras tout doucement.
G. Sand, la Mare au diable, VI, p. 51.
♦ (Intensifs). || Bien doucement. || Très doucement. — Cour. || Tout doucement. || Tout doucement, sans faire de bruit.
4 Graduellement, insensiblement. ⇒ Pas (à pas), peu (à peu). → 2. Dégrader, cit. 2. || Colline qui descend doucement vers la mer (→ Adosser, cit. 2). || La température baisse doucement.
8 On goûte une douceur extrême à réduire, par cent hommages, le cœur d'une jeune beauté (…) à la mener doucement où nous avons envie de la faire venir.
Molière, Dom Juan, I, 2 (→ Arme, cit. 34).
5 Fig. et fam. Médiocrement; assez mal. ⇒ Couci-couça. || Les affaires vont doucement. || Comment va le malade ? — Doucement; tout doucement. ⇒ Doucettement.
6 Interjection pour inviter au calme, à la modération. ⇒ Bellement, doux (tout doux). || Doucement, ne nous emballons pas ! || Doucement, vous oubliez à qui vous avez affaire.
9 Doucement, Monsieur : vous ne songez pas que vous êtes malade.
Molière, le Malade imaginaire, I, 5.
➪ tableau Principales interjections.
♦ ☑ Fam. Doucement, les basses ! : n'exagérez pas, soyez raisonnables (= « Chantez, jouez moins fort, les basses ! »).
10 Vous profitez de ce que vous avez retrouvé vos burlingues et vos cognes pour leur tomber sur le poil ! Doucement, les basses (…)
Roger Vercel, Capitaine Conan, VI, p. 118.
❖
CONTR. Brusquement, brutalement, rudement, vigoureusement, violemment. — Bruyamment, fortement. — Précipitamment, promptement, rapidement, vite, vivement.
Encyclopédie Universelle. 2012.