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enliser

enliser [ ɑ̃lize ] v. tr. <conjug. : 1>
XVe, repris fin XVIIIe; mot dial. , de en- et a. fr. et dial. lise « sable mouvant » o. i.
Enfoncer dans du sable mouvant, en terrain marécageux. embourber, envaser. « Marthe enlise deux roues de l'auto » (Colette). Pronom. Elle « s'enlisait dans les sables du Mont Saint-Michel » (Nodier). La voiture s'est enlisée.
Fig. S'enfoncer, sombrer. S'enliser dans la médiocrité, la misère. « Le vieux bureau où la vie d'un homme s'enlise » (Saint-Exupéry). Enquête policière qui s'enlise, qui n'avance pas. ⇒ piétiner.

enliser verbe transitif (normand lise, sable mouvant) Enfoncer quelque chose, un véhicule, quelqu'un dans un sol sans consistance, dans le sable, la vase, la boue, etc. ; embourber : Enliser sa voiture. Mettre, maintenir quelqu'un, quelque chose dans un état d'inertie, de stagnation, qui l'empêche d'évoluer ; enfoncer : Politique qui enlise le pays dans la crise.enliser (synonymes) verbe transitif (normand lise, sable mouvant) Enfoncer quelque chose, un véhicule, quelqu'un dans un sol sans consistance...
Synonymes :
- embourber
- ensabler
- envaser
Contraires :
- désembourber
- désensabler
- désenvaser

enliser
v.
d1./d v. tr. Enfoncer dans un sol mouvant. Il a enlisé sa voiture dans le sable.
d2./d v. Pron. Disparaître peu à peu dans un sol mouvant, s'enfoncer. S'enliser dans la vase.
|| Fig. S'enliser dans la routine.

⇒ENLISER, verbe trans.
A.— Emploi trans.
1. Enfoncer dans du sable mouvant, dans un sol sans consistance.
a) [Le suj. désigne une pers.] Enliser une voiture dans une ornière. Marthe, excitée, se penche sur son volant, et enlise deux roues de l'auto (Colette ds Lar. Lang. fr.).
Au passif [Le suj. désigne un véhicule] Des chevaux de gros trait boulonnais ou flamands (...) capables (...) de désembourber une charrette enlisée jusqu'au moyen (P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 168).
b) [Le suj. désigne un élément naturel] Faire s'enfoncer dans un sol sans consistance. La campagne n'est qu'un désert de neige, qui a failli enliser nos chevaux (MONTHERL., Maître Sant., 1947, III, 3, p. 646).
Emploi abs. :
1. C'était un de ces jours redoutables où la grève, plus mobile et plus avide encore que de coutume, dévore le voyageur imprudent qui se confie au sol sans le sonder. Le sable enlisait, comme on dit communément, et le glas du clocher avait annoncé déjà deux ou trois accidents.
NODIER, La Fée aux miettes, 1831, p. 89.
2. P. métaph. ou au fig. Mettre et maintenir dans un état d'inertie. (Quasi-)synon. paralyser. L'on vous assure qu'elle [Susannah Jackson] est pareille aux sables mouvants : elle enlise le système nerveux (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 134). Les républicains espagnols enlisés dans le réformisme (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 35). Le même parti pris de renoncement enlisait l'escadre française d'Alexandrie (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 150).
B.— Emploi pronom. à sens passif
1. S'enfoncer dans du sable mouvant, dans un sol sans consistance. Une grande partie du doublage en cuivre put être arrachée, de la coque, qui, chaque jour, s'enlisait davantage (VERNE, Île myst., 1874, p. 459). Le sable s'enfonçait sous les pieds. On s'y enlisait jusqu'aux chevilles (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 143).
2. Au fig.
a) [Le suj. désigne une pers.] Se laisser aller dans, persévérer dans quelque chose. (Quasi-)synon. patauger, s'empêtrer. Il n'a, pour triompher d'eux, qu'à laisser, un jour encore, les politiciens protecteurs du Uhlan s'enliser dans leurs propres fourberies (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 103). Je m'enlisais dans les contradictions (BEAUVOIR, Mém. jeune fille, 1958, p. 133) :
2. ... si Sturel n'est pas content de lui-même, ne réussit pas, et s'enlise en de déprimants échecs politiques, vous pensez bien que ce n'est pas sa faute, mais, comme dans le métier militaire, celle de on.
THIBAUDET, Réflexions sur la litt., 1936, p. 179.
b) [Le suj. désigne une situation, une activité] Ne pas, ne plus progresser. Malgré ces avantages, la bataille de la Somme, en dépit de mes efforts, s'enlisait insensiblement (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 260). Parfois (...) sous l'effet d'un fléchissement inexplicable, son raisonnement semblait soudain s'enliser (MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p. LXXX).
Rem. 1. La docum. atteste a) L'emploi adj. du part. prés. gén. dans des cont. fig. ou métaph. Cet amour d'un en-soi enlisant et louche (SARTRE, Être et Néant, 1943, p. 706). b) L'emploi subst. du part. passé. « Au marri! au marri! » comme crient les malheureux enlisés dans les congères sous la tourmente (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 225). 2. La docum. atteste le syntagme corde d'enlise. Corde lancée à quelqu'un qui s'enlise pour l'aider à sortir du sol mouvant qui le retient. À l'instant où j'eus lancé la corde d'enlise (...) sur le point du gouffre où j'avais vu disparaître cette créature infortunée (...), elle ne pouvait plus s'en emparer (NODIER, Fée miettes, 1831, p. 90).
Prononc. et Orth. :[], (j')enlise []. Étymol. et Hist. 1458-66 norm., ici pronom. (G. GRUEL, Chron. d'A. de Richemont, 52 ds GDF. Compl.), rare av. 1831 (NODIER, loc. cit.). Dér. de lise « sable mouvant » (FEW t. 5, p. 332a, s.v. ligitia); préf. en-; dés. -er. Mot répandu surtout en Normandie. Fréq. abs. littér. :148. Bbg. SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 136.

enliser [ɑ̃lize] v. tr.
ÉTYM. XVe, repris fin XVIIIe; encore enlizer dans Hugo et Littré; mot dial., de en-, et anc. franç. et dial. lise, lize « sable mouvant », p.-ê. (d'après P. Guiraud) forme de glaise; orig. incertaine.
1 Enfoncer (qqn ou qqch.) dans une matière molle et qui retient (sable mouvant, boue, etc.). Embourber, ensabler, envaser. || Enliser sa voiture en se garant dans un champ marécageux.
2 (Déb. XXe). Mettre, maintenir dans un état d'inaction, d'impuissance. || Enliser la volonté.
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s'enliser v. pron.
1 S'enliser dans des sables. || Voiture qui s'enlise dans un marécage. || S'enliser dans la boue. Patauger (→ Combat, cit. 7).
1 Quelquefois le cavalier s'enlize avec le cheval; quelquefois le charretier s'enlize avec la charrette; tout sombre sous la grève.
Hugo, les Misérables, V, III, V.
2 J'étais, je suis encore, comme quelqu'un qui s'enlise dans un marais puant, cherchant autour de lui quoi que ce soit de fixe, de solide, où prendre appui, mais entraînant avec lui et enfonçant dans cet enfer boueux tout ce à quoi il se raccroche.
Gide, Et nunc manet in te, Journal intime, 21 août 1938.
2 (Déb. XXe). Fig. S'enfoncer; se laisser aller (dans une situation mauvaise). || S'enliser dans la médiocrité, dans la misère. || Intelligence qui s'enlise. Sombrer. || S'enliser dans les mensonges, dans les contradictions. Persévérer. || Bataille, guerre qui s'enlise.
3 Cet omnibus sentait le renfermé, l'administration poussiéreuse, le vieux bureau où la vie d'un homme s'enlise.
Saint-Exupéry, Terre des hommes, p. 19.
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enlisé, ée p. p. adj.
|| Voiture enlisée.Situation enlisée.
Par métaphore; littéraire :
4 Des traîneaux passent avec une lenteur enlisée.
H. Troyat, les Héritiers de l'avenir, t. II, p. 7.
DÉR. Enlise, enlisement.

Encyclopédie Universelle. 2012.