enterrer [ ɑ̃tere ] v. tr. <conjug. : 1> I ♦
1 ♦ Déposer le corps de (qqn) dans la terre, et par ext. dans une sépulture. ⇒ ensevelir, inhumer. On l'a enterré hier. — Napoléon est enterré aux Invalides. Lieux où les morts sont enterrés (⇒ catacombe, cimetière, crypte, nécropole; caveau, hypogée, tombe, tombeau) . Ici est enterré X (cf. Ci-gît, ici repose). « C'est moi qui l'ai enterrée, bien close dans une bière d'un bois parfumé » (Baudelaire). Il est enterré dans ce cimetière. Il est mort et enterré, bien mort.
2 ♦ Par ext. Procéder ou participer aux cérémonies funèbres de (qqn). « Le prêtre des religions, au milieu de l'assistance émue, prononce quelques paroles pour bien enterrer le mort » (Lautréamont) . — Loc. Vous nous enterrerez tous : vous nous survivrez. « on avait confiance dans l'athlétique organisation de Balzac. Nous pensions fermement qu'il nous enterrerait tous » (Gautier).
3 ♦ Fig. Enterrer sa vie de garçon : passer avec ses amis une dernière et joyeuse soirée avant de se marier, en parlant d'un jeune homme.
4 ♦ (Abstrait) Faire disparaître définitivement. Enterrer un projet. ⇒ abandonner. Jeter, mettre aux oubliettes. « Le jour même où la malveillance, la sottise, la routine et l'envie coalisées ont essayé d'enterrer l'ouvrage » (Baudelaire). P. p. adj. C'est une histoire enterrée, oubliée.
II ♦
1 ♦ (XIIIe) Enfouir (qqch.) dans la terre. Enterrer des oignons de tulipe. Enterrer profondément une canalisation. — Fig. Enterrer un secret, un chagrin dans son cœur. ⇒ 1. cacher, ensevelir.
2 ♦ Par ext. Recouvrir d'un amoncellement. ⇒ engloutir, ensevelir. — P. p. adj. Il est resté deux heures enterré sous les décombres.
3 ♦ Fig. et pronom. Il est allé s'enterrer dans ce village. ⇒ se cacher, s'isoler, se retirer.
⊗ CONTR. Déterrer. Exhumer. Produire.
⊗ HOM. Enterre :hantèrent (hanter).
● enterrer verbe transitif Mettre quelque chose en terre, l'enfouir dans le sol, le recouvrir de terre ; ensevelir : Enterrer une canalisation. Inhumer, mettre en terre le corps d'un mort ; le mettre dans une sépulture. Organiser les cérémonies funèbres, assister aux obsèques de quelqu'un : Enterrer quelqu'un civilement. Ensevelir quelqu'un sous quelque chose, l'en recouvrir totalement : Le bombardement l'a enterré sous les ruines de sa maison. Vivre plus longtemps que quelqu'un, lui survivre : Vous nous enterrerez tous ! Renoncer à poursuivre une idée, ne plus s'occuper d'une affaire ; oublier : Enterrer un projet. Tenir quelqu'un éloigné du monde, le confiner dans un milieu où il s'ennuie et se sent isolé : Son mari l'avait enterrée dans ce petit coin perdu de campagne. ● enterrer (difficultés) verbe transitif Registre Enterrer et inhumer ont le même sens (= célébrer les obsèques de, mettre en terre un mort), mais enterrer est courant, alors que inhumer appartient au registre soutenu ou au vocabulaire administratif. ● enterrer (expressions) verbe transitif Enterrer vivant quelqu'un, le faire périr en l'enfouissant sous terre ; lui faire mener une vie de reclus. Enterrer sa vie de garçon, passer sa dernière soirée de célibataire en joyeuse compagnie. ● enterrer (homonymes) verbe transitif ● enterrer (synonymes) verbe transitif Mettre quelque chose en terre, l'enfouir dans le sol, le recouvrir...
Synonymes :
- enfouir
Contraires :
- déterrer
Inhumer, mettre en terre le corps d'un mort ; le mettre...
Synonymes :
- inhumer
Contraires :
- exhumer
Ensevelir quelqu'un sous quelque chose, l'en recouvrir totalement
Synonymes :
Renoncer à poursuivre une idée, ne plus s'occuper d'une affaire ;...
Synonymes :
- classer
- étouffer
Tenir quelqu'un éloigné du monde, le confiner dans un milieu...
Synonymes :
- cloîtrer
- reclure
- séquestrer
enterrer
v. tr.
d1./d Inhumer, mettre (un corps) en terre.
d2./d Assister aux obsèques de. Je suis allé enterrer un ami.
|| Loc. fig. Il nous enterrera tous: il nous survivra.
|| Enterrer sa vie de garçon: pour un jeune homme, passer une dernière soirée avant de se marier, en faisant la fête avec ses amis.
d3./d Enfouir dans la terre. Enterrer une canalisation.
|| Par ext. Recouvrir par amoncellement. Les locataires ont été enterrés sous les décombres de l'immeuble.
d4./d Fig. Laisser tomber dans l'oubli. Enterrer un projet.
d5./d v. Pron. Se retirer. Il est allé s'enterrer à la campagne.
⇒ENTERRER, verbe trans.
I. A.— Mettre sous la terre, dans la terre.
1. [Le compl. désigne une chose] Enterrer un trésor, une conduite d'eau. Enterrer des oignons de tulipe (Ac.). Synon. enfouir. Ordre d'enterrer les armes, dit-il (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 325). Moi je résiste au vent et j'enterre la semence (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 515) :
• 1. On se remit sérieusement aux paquets. On enterrait tout ce qu'on ne pouvait prendre. On faisait dans le jardin des trous.
VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1936, p. 393.
— [+ compl. de lieu] Un camarade prétendait qu'il avait enterré des carnets sous un arbre (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 27).
2. [Le compl. désigne un cadavre] Enterrer un mort, un cadavre. Synon. inhumer.
♦ Enterrer un animal. Et l'on sait que la terre tremble neuf jours là où l'on a enterré une bête morte de la rage (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 259). Je sais que les bûcherons étrangers qui l'occupent enterrent leurs chevaux (MAURIAC, Journal occup., 1944, p. 343). Le limier enterré, je revins sur la véranda (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 358).
— Spéc. Porter et mettre en terre le corps d'un homme mort. Enterrer dans un cimetière. Claude expirait, privée des secours de la religion, et on refusa de l'enterrer en terre chrétienne (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 36) :
• 2. Tous crurent que l'enfant était mort de mort naturelle et que la mère l'avait enterré de ses propres mains.
COCTEAU, La Machine infernale, 1945, III, p. 118.
♦ P. ext. Mettre dans une sépulture. On l'a enterré sous la chapelle, dans un immense caveau (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 200).
— P. méton. Faire mourir (quelqu'un) en (le) mettant en terre. Enterrer vif, vivant. On crut détourner ce malheur en enterrant tout vifs deux Gaulois (MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 199). [Elles] portent en elles jusqu'à leur dernier jour la peur d'être enterrées vivantes (J. BOUSQUET, Trad. du silence, 1935-36, p. 97).
♦ Loc. [En parlant d'un médecin malhabile] Il enterre tous ses malades. Il les laisse ou les fait mourir.
— Organiser les cérémonies funèbres, y participer. Enterrer civilement, religieusement, chrétiennement, décemment; enterrer selon les rites. Le désir d'être enterrée religieusement (CAMUS, Étranger, 1942, p. 1127).
♦ P. ext. et ironiquement. Enterrer qqn. Voir sa mort, son enterrement, lui survivre. Des coquins qui m'enterrent (MONTHERL., Reine morte, 1942, II, 1er tabl., 3, p. 181) :
• 3. ... il [le duc de Guermantes] cria (...) à Swann qui était déjà dans la cour : « Et puis vous, ne vous laissez pas frapper par ces bêtises des médecins, que diable! Ce sont des ânes. Vous vous portez comme le Pont-Neuf. Vous nous enterrerez tous! »
PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, p. 597.
3. P. anal. Faire disparaître sous, dans (quelque chose); cacher à la vue. Au part. passé. Les domaines enterrés dans les arbres (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 179). Jacques enterré dans un fauteuil fumait une cigarette (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 93).
4. P. ext. Recouvrir. Être enterré sous les décombres. Nous découvrons le portail d'entrée caché dans une cour de ferme, au fond d'une tranchée qui l'enterre jusqu'à mi-hauteur des colonnes (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 317) :
• 4. — Couche-toi donc, fourre-toi dans le lit, dit-elle en le renversant et en l'enterrant sous le drap, comme une ordure qu'on ne peut montrer.
ZOLA, Nana, 1880, p. 1463.
B.— P. métaph. ou au fig.
1. [Avec un compl. d'obj. désignant une pers. et un compl. de lieu] Faire disparaître (quelqu'un) en (l') éloignant de son entourage, de son milieu de vie (cf. infra II B). Sa femme, lasse de réfréner, dans le morne petit bourg où son mari l'avait enterrée, les instincts violents qui bouillonnaient en elle (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 7).
2. [Avec un compl. désignant une chose, et sans compl. de lieu] Faire disparaitre complètement, mettre un terme à, faire oublier. Enterrer des ambitions, des talents; enterrer une proposition, un projet; enterrer un secret, une affaire. Une fête rouge dont vous n'avez pu enterrer le souvenir (SARTRE, Mouches, 1943, I, 1, p. 17). Je crois savoir enterrer, le moment venu les vérités dangereuses (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 171).
— Locutions
♦ Enterrer sa vie de garçon. [En parlant d'un jeune homme à la veille de son mariage] Passer joyeusement avec ses amis sa dernière soirée de célibataire.
♦ Enterrer le carnaval. ,,Faire les dernières réjouissances du carnaval`` (Ac.).
II.— Emploi pronom.
A.— Se cacher, se dissimuler dans, sous (la terre) (cf. supra I A 3). Il est absolument indispensable de ne pas reculer, et pour cela de tenir, en s'enterrant, le terrain sur lequel on se trouve (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 220).
— [+ compl. de lieu] Notre victoire les contraignait à s'enterrer dans des tranchées (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 426).
B.— Au fig. Quitter le monde pour vivre dans une retraite cachée. S'enterrer dans un couvent. C'est ce qui expliquerait qu'il ait tout quitté pour aller s'enterrer en Touraine (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 897). C'étaient des gens bien trop distingués pour s'enterrer dans un petit pays comme celui-là (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 227).
Prononc. et Orth. :[] ou [], (j')enterre []. Enq. : // (il) enterre. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Ca 1100 « mettre en terre le corps d'une personne décédée » d'où « assister à cette cérémonie » (Roland, éd. J. Bédier, 2960 : A grant honor pois les unt enterrez). II. 1. Ca 1140 « mettre dans le sol en recouvrant de terre » (Pèlerinage Charlemagne, 543 ds T.-L.); 2. 1680 « obliger à demeurer dans un lieu triste et ennuyeux » (RICH.); 3. 1690 « ensevelir sous un amoncellement » (FUR.). Dér. de terre; préf. en-; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 840. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 060, b) 1 618; XXe s. : a) 1 286, b) 1 025.
enterrer [ɑ̃teʀe] v. tr.
ÉTYM. V. 1080, au sens 3; de en-, terre, et suff. verbal.
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1 (Déb. XIIe). Enfermer dans la terre. ⇒ Enfouir. || Enterrer des oignons de tulipes. || Enterrer profondément une canalisation. || Enterrer un trésor.
1 (…) je ne sais si j'aurai bien fait d'avoir enterré dans mon jardin dix mille écus qu'on me rendit hier.
Molière, l'Avare, I, 4.
2 La tyrannie et la méfiance font que tout le monde y enterre son argent (…)
Montesquieu, l'Esprit des lois, XXII, II.
3 Comme on avait eu soin d'enterrer suffisamment les vases, les lauriers et les orangers avaient l'air de sortir de terre.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, VIII.
♦ Fig. || Enterrer un secret, un chagrin dans son cœur. ⇒ Cacher. — (1680). || Enterrer sa vie au couvent, ses charmes à la campagne… ⇒ Ensevelir.
4 (…) se déguiser aux yeux du monde, et tenir enterrés les beaux talents (…)
Molière, le Médecin malgré lui, I, 5.
5 Ainsi, loin du palais où vous fûtes nourrie,
Vous allez, belle Irène, enterrer votre vie !
Voltaire, Irène, IV, 1.
2 (1690). Par ext. Recouvrir d'un amoncellement. ⇒ Engloutir, ensevelir (→ Déjection, cit. 3). — (Surtout au passif et au p. p.). || Village enterré sous la lave, sous une avalanche. || Être enterré sous les décombres.
6 J'avais fait une excavation où je pouvais passer la tête et les épaules, mais la neige offrait maintenant un dur obstacle (…) Je comprenais parfaitement le danger de ma situation : j'étais enterré.
H. Bosco, Hyacinthe, p. 150.
♦ Par anal. Faire disparaître au milieu, au fond de quelque chose. || Son métier de bibliothécaire l'enterre dans les paperasses. — (Plus cour. au passif et p. p.). || Archiviste enterré dans ses paperasses. — La neige enterrait la maison. — Au p. p. || Maison enterrée, tout à fait en contre-bas.
7 Le roi (Charles VI) était enterré dans un habit de velours noir, la tête chargée d'un chaperon écarlate, aussi de velours.
Michelet, Hist. de France, VII, III.
♦ Fig. || Être enterré dans ses pensées.
8 Il tâcha bien de ne rien laisser paraître; mais pour plus d'une quinzaine il fut enterré dans des rêvasseries aux heures de son repas (…)
G. Sand, François le Champi, XIV, p. 109.
3 Déposer le corps de qqn dans la terre, et, par ext., dans une sépulture (⇒ Caveau, tombe, tombeau). ⇒ Ensevelir. || Enterrer quelqu'un sans cérémonie; l'enterrer en grande pompe. — (Le sujet désigne les personnes qui décident de l'enterrement). || On vient de l'enterrer. — (Au passif et au p. p.). || Napoléon est enterré aux Invalides. || Lieux où les morts sont enterrés. ⇒ Catacombe, cimetière, crypte, nécropole. || Être enterré dans un cercueil (cit. 1) de chêne, de plomb. || Les fossoyeurs l'ont enterré dans la fosse commune. || Ici est enterré. ⇒ Gésir (ci-gît), reposer (ici repose). — Vestale enterrée vivante.
9 (…) je fis réflexion, au commencement du second jour, que son corps serait exposé, après mon trépas, à devenir la pâture des bêtes sauvages. Je formai la résolution de l'enterrer et d'attendre la mort sur sa fosse.
Abbé Prévost, Manon Lescaut, II, p. 226.
10 (…) des ordres transmis de loin arrivèrent trop tard pour prévenir une inhumation commune (…) ma sœur fut enterrée parmi les pauvres : dans quel cimetière fut-elle déposée ? dans quel flot immobile d'un océan de morts fut-elle engloutie ? Dans quelle maison expira-t-elle (…) Quand, en faisant des recherches, quand, en compulsant les archives des municipalités, les registres des paroisses, je rencontrais le nom de ma sœur, à quoi cela me servirait-il ? Retrouverais-je le même gardien de l'enclos funèbre ? retrouverais-je celui qui creusa une fosse demeurée sans nom et sans étiquette ? (…) Quel nomenclateur des ombres m'indiquerait la tombe effacée ?
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 361.
11 Mais cette fille miraculeuse était trop belle pour vivre longtemps; aussi est-elle morte quelques jours après que j'eus fait sa connaissance, et c'est moi-même qui l'ai enterrée, un jour que le printemps agitait son encensoir jusque dans les cimetières. C'est moi qui l'ai enterrée, bien close dans une bière d'un bois parfumé et incorruptible comme les coffres de l'Inde.
Baudelaire, le Spleen de Paris, XXXVIII.
♦ Par ext. Procéder ou participer aux cérémonies funèbres de (qqn). || C'est l'abbé X qui l'a enterré (→ Curé, cit. 1). || Nous l'avons enterré hier. ⇒ Porter (en terre).
12 Il aimait sa mère autant qu'il pouvait aimer et mit de l'amour-propre à la faire enterrer selon ses moyens.
G. Sand, François le Champi, IV, p. 48.
13 Le fossoyeur achève le creusement de la fosse; l'on y dépose le cercueil avec toutes les précautions prises en pareil cas; quelques pelletées de terre inattendues viennent recouvrir le corps de l'enfant. Le prêtre des religions, au milieu de l'assistance émue, prononce quelques paroles pour bien enterrer le mort (…)
Lautréamont, les Chants de Maldoror, V.
♦ Par métonymie. Causer la mort de; survivre à…
♦ ☑ Loc. (1864). Il enterre tous ses malades, en parlant d'un médecin inhabile. — ☑ (1718). Vous nous enterrerez tous : vous nous survivrez (→ Bâtir, cit. 54). — ☑ Il faut laisser les morts enterrer les morts. — ☑ Au p. p. Il est mort et enterré, sa mort remonte déjà à un certain temps.
14 Comment se porte son cocher ? — Fort bien : il est mort. — Mort ! — Oui. — Cela ne se peut (…) — Et moi je vous dis qu'il est mort et enterré.
Molière, l'Amour médecin, II, 2.
15 Sa maladie fit de rapides progrès, mais personne ne croyait à un dénouement fatal, tant on avait confiance dans l'athlétique organisation de Balzac. Nous pensions fermement qu'il nous enterrerait tous.
Th. Gautier, Portraits contemporains, p. 128.
♦ ☑ (Av. 1613). Fig. Enterrer sa vie de garçon (d'un jeune homme qui va se marier) : passer avec ses amis une dernière et joyeuse soirée de célibataire. — ☑ Enterrer le carnaval : se livrer aux dernières réjouissances du carnaval. — ☑ Fam. Enterrer l'année : réveillonner le 31 décembre. — Enterrer un projet. ⇒ Abandonner. — Cet événement enterre leurs espérances. ⇒ Anéantir, détruire. — Au p. p. || Une histoire enterrée, oubliée. || Amours (→ Dégoût, cit. 15), superstitions (→ Abêtissement, cit.), croyances, illusions enterrées. || Enterrer une fortune dans des travaux. ⇒ Engloutir.
16 M. de Blacas (…) est l'entrepreneur des pompes funèbres de la monarchie; il l'a enterrée à Hartwell, il l'a enterrée à Gand, il l'a réenterrée à Édimbourg et il la réenterrera à Prague ou ailleurs (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 89.
17 (…) le jour même où la malveillance, la sottise, la routine et l'envie coalisées ont essayé d'enterrer l'ouvrage.
Baudelaire, l'Art romantique, R. Wagner et Tannh., IV.
18 Avec la Saint-Théophile, voilà les vacances enterrées.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, IX.
4 Enfouir sous la terre (le corps d'un animal). || Enterrer son chat dans le jardin.
5 Faire mourir en mettant sous la terre (en général sous la forme enterrer quelqu'un vif, vivant, pour éviter l'ambiguïté avec le sens 3).
18.1 (…) par une insigne cruauté, si la maladie devient trop grave ou qu'on en craigne la contagion, on n'attend pas que nous soyions mortes pour nous enterrer; on nous enlève, et nous place où je t'ai dit encore toute vivante; depuis dix-huit ans que je suis ici, j'ai vu plus de dix exemples de cette insigne férocité.
Sade, Justine, t. I, p. 167-168.
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s'enterrer v. pron.
♦ || Samson s'enterra sous le temple des Philistins. — ☑ Loc. fig. (Vx). S'enterrer sous les ruines de la patrie : ne pas survivre aux désastres de la patrie. — Mod. || S'enterrer en province, s'enterrer vivant dans un couvent. ⇒ Cacher (se), confiner (se), ensevelir (s'), isoler (s'), retirer (se).
19 (…) mon dessein n'est pas de renoncer au monde, et de m'enterrer toute vive dans un mari.
Molière, George Dandin, II, 2.
20 Sauf quelques hommes apostoliques, les cent trente et un évêques résident le moins qu'ils peuvent; presque tous nobles, tous gens du monde, que feraient-ils loin du monde confinés dans une ville de province ? Se figure-t-on un grand seigneur, jadis abbé brillant et galant, maintenant évêque avec cent mille livres de rente et qui volontairement s'enterre pour toute l'année à Mende, à Condom, à Comminges, dans une bicoque ?
Taine, les Origines de la France contemporaine, t. I, I, p. 71.
——————
enterré, ée p. p. adj.
♦ Voir à l'article (notamment 2., 3. : mort et enterré, et fig.).
♦ N. || Un enterré vivant.
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CONTR. Déterrer. — Exhumer. — Produire.
DÉR. Enterrage, enterrement, enterreur.
Encyclopédie Universelle. 2012.