Akademik

entier

entier, ière [ ɑ̃tje, jɛr ] adj. et n. m.
XIe; lat. integer « non touché », de tangere « toucher »; cf. intégral
1Dans toute son étendue. total. Manger un pain entier. tout (tout un, tout le). Payer place entière, sans réduction, intégralement. « je voulais que l'univers entier s'occupât de moi » (France). Dans le monde entier, partout. Fig. Français à part entière. (Dans le temps) Durant une année entière, des années entières. Une heure entière.
(XIIe) TOUT ENTIER : absolument entier. ⇒ entièrement, totalement. Il but le verre tout entier. « Les murs évidés sont presque tout entiers occupés par les fenêtres » (Taine). Le pays tout entier, la ville tout entière. « Et, durant tout un jour, j'ai eu toute Venise, Venise tout entière à moi » (H. de Régnier). Se livrer, se donner tout entier à : consacrer tout son temps à, se dévouer à. Les hommes d'action « sont tout entiers dans le moment qu'ils vivent et leur génie se ramasse sur un point » (France).
2 N. m. (1538) Loc. EN SON (LEUR) ENTIER. 2. ensemble, totalité. Rapporter un passage dans son entier.
Loc. adv. EN ENTIER. 1. complètement. Le boulevard « est occupé presque en entier par deux ou trois bâtiments administratifs » (Romains). Lire un livre en entier.
3Qui a toutes ses parties, à quoi il ne manque rien. 1. complet, inentamé, intact, intégral. Le rôti est entier, on ne l'a pas entamé. Lait entier, non écrémé. — Cheval entier (XVIe) , qui n'est pas châtré (opposé à hongre).
N. m. (1538) Math. Élément de l'ensemble (des entiers relatifs) ou de l'ensemble (des entiers naturels ou entiers positifs). Cour. unité(opposé à nombre fractionnaire ou décimal). Entiers pairs ou impairs. Trois tiers forment un entier. aussi demi-entier.
4(XIIe) (Choses abstraites) Qui n'a subi aucune altération; qui s'entend sans aucune restriction. absolu, intact, parfait , total. Une liberté entière, pleine et entière. « Je lui parlais avec une entière confiance, un abandon complet » (France). « la liberté du commerce était entière » (Fénelon ). La question reste entière, elle n'a reçu aucun commencement de solution. — (Devant le nom) Donner entière satisfaction. Une entière liberté.
5(XVIe) (Personnes) Qui n'admet aucune restriction, aucune demi-mesure. Un homme entier, très entier. Il est assez entier dans ses opinions. absolu , catégorique, entêté, obstiné, têtu. Avoir un caractère entier.
⊗ CONTR. Divisé, incomplet, partiel, 1. réduit. Compréhensif , conciliant, souple.

entier nom masculin Un entier, Une unité entière : Quatre quarts font un entier. Dans son entier, en totalité, intégralement. En entier, totalement, complètement. Mathématiques Entier modulo n, classe résiduelle modulo n. Entier naturel, élément de l'ensemble N. Entier relatif, élément de l'ensemble Z. ● entier (expressions) nom masculin Un entier, Une unité entière : Quatre quarts font un entier. Dans son entier, en totalité, intégralement. En entier, totalement, complètement. Entier modulo n, classe résiduelle modulo n. Entier naturel, élément de l'ensemble N. Entier relatif, élément de l'ensemble Z. ● entier (synonymes) nom masculin Dans son entier
Synonymes :
- intégralité
- totalité
Contraires :
entier, entière adjectif (latin integer, intact) Dont rien n'a été retranché ; intact : Il reste un pain entier. Considéré dans toute son étendue, sa masse, sa durée : Une vie entière n'y suffirait pas. Qui est sans réserve, sans restriction, sans atténuation ; total : Le problème reste entier. Qui n'admet pas de demi-mesures, de nuances, qui est d'une seule pièce : Un caractère entier. Se dit d'un animal qui n'a pas subi la castration. Botanique Se dit d'une feuille, d'un sépale ou d'un pétale sans sinuosités ni échancrures. ● entier, entière (expressions) adjectif (latin integer, intact) Se donner tout entier, s'adonner totalement, sans restriction à quelque chose. Lait entier, lait n'ayant pas subi l'écrémage. Nombre entier, synonyme de entier (naturel ou relatif). Partie entière d'un nombre a, plus grand entier inférieur ou égal à a. Série entière par rapport à la variable réelle ou complexe X, série de fonctions qui sont de la forme X ↦ anXn (n∊ N), les an étant éléments de R ou C. (Les a0, a1, …, an… sont appelés coefficients de la série entière.) ● entier, entière (synonymes) adjectif (latin integer, intact) Dont rien n'a été retranché ; intact
Synonymes :
Contraires :
- entamé
- fragmenté
- morcelé
- tronqué
Considéré dans toute son étendue, sa masse, sa durée
Synonymes :
- intégral
Contraires :
- limité
- modéré
Qui est sans réserve, sans restriction, sans atténuation ; total
Synonymes :
Qui n'admet pas de demi-mesures, de nuances, qui est d'une...
Synonymes :
- entêté
- obstiné
- têtu
Contraires :
Mathématiques. Nombre entier
Synonymes :
- entier (naturel ou relatif)

entier, ère
adj. et n. m.
d1./d (Après le nom.) à quoi rien ne manque. Une boîte de gâteaux entière. Syn. complet. Ant. entamé.
Cheval entier, qui n'a pas été castré. Ant. cheval hongre.
|| MATH Nombre entier: nombre formé d'une somme d'unités (par oppos. à nombre fractionnaire, décimal, etc.).
Partie entière d'un nombre, celle qui se trouve à gauche de la virgule (par oppos. à la partie décimale).
|| n. m. Un entier: un nombre entier. L'ensemble des entiers naturels, noté N (0, 1, 2, 3,...). L'ensemble des entiers relatifs, noté Z (..., - 2, - 1, 0, + 1, + 2,...).
Entier de Gauss: nombre complexe Z = a + bi, dans lequel a et b sont des entiers rationnels.
d2./d (Après le nom.) Dans toute son étendue. Connaître l'oeuvre entière d'un auteur.
Dans toute la durée. Attendre une heure entière, une année entière.
Payer place entière, sans réduction de prix.
|| Tout entier: absolument entier. La ville tout entière s'est déplacée pour voir la course.
|| Loc. Dans son (leur, etc.) entier ou en entier: en totalité. Traiter un problème en entier.
d3./d (Avant ou après le nom.) Absolu, sans réserve. Avoir en qqn une confiance pleine et entière.
d4./d (Après le nom.) D'un caractère tranché, peu enclin aux nuances. C'est un homme entier.

⇒ENTIER, IÈRE, adj. et subst. masc.
I.— Adjectif
A.— [En parlant d'un tout décomposable en parties; toujours postposé]
1. [En parlant d'une chose] Dont aucune partie n'est retranchée ou supprimée
a) [En parlant d'une chose concr.] Pain entier. Il avait tout bu la vache!... et puis tout bouffé les restants... (...) Un camembert presque entier! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 557).
Spécialement
BOT. [En parlant d'une feuille, d'un pétale] Dont le limbe n'est pas échancré, ni denté. Les feuilles du lilas sont entières. Pétale entier (Ac.).
MATH. Nombre entier, et p. ell. un entier. Nombre sans partie décimale. Le seul objet naturel de la pensée mathématique, c'est le nombre entier. C'est le monde extérieur qui nous a imposé le continu (H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p. 149). On a pu édifier une théorie des entiers algébriques en étendant à ces nombres un grand nombre des propriétés des entiers ordinaires (Gds cour. pensée math., 1948, p. 83).
Lait entier. Lait non écrémé. Le petit-lait passé au centrifuge s'écrème aussi bien que le lait entier (POURIAU, Laiterie, 1895, p. 380).
P. ext. [En parlant d'un contenant] Dont aucune partie ne reste inutilisée, qui est chargée, rempli au maximum. M. Homais (...) donna pour cadeaux tous produits de son établissement, à savoir : six boîtes de jujubes, un bocal entier de racahout (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 103). La vieille forêt (...) jetée bas en vingt semaines, écrasée, broyée, débitée par trains entiers jour et nuit (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1412).
b) [En parlant d'une chose abstr.]
[En parlant d'une chose évaluable en argent] Fortune entière, billet entier de la Loterie Nationale, payer place entière. Il était né d'un père cantonnier, et d'une mère servante. Il avait obtenu une bourse entière d'internat (ARLAND, Ordre, 1929, p. 123). Vous ferez donner au seigneur Malatesta un congé de trois mois, avec solde entière (MONTHERL., Malatesta, 1946, III, 6, p. 508).
[En parlant d'une chose non évaluable]
♦ [En parlant d'une question, d'une situation qui demande une solution] Qui reste complètement telle quelle, qui n'a pas trouvé le moindre commencement de réponse, de solution. Le problème reste entier :
1. Depuis Adam et Ève (...), la question homme-femme reste entière et pendante entre les sexes. Si nous pouvons la régler une fois pour toutes aujourd'hui, ce sera tout bénéfice pour l'humanité!
GIRAUDOUX, L'Apollon de Bellac, 1942, 8, p. 85.
À la forme négative. [Dans le langage du barreau, des affaires] Qui n'est plus complètement tel quel. ,,Les choses ne sont pas entières, L'état des choses a changé, les circonstances ne sont plus les mêmes`` (Ac.).
2. [En parlant d'un animé] Qui n'est pas privé d'une de ses composantes, qui n'est pas mutilé.
a) Rare. [En parlant d'une pers.] :
2. La jambe de bois est noire;
La guerre est un dur sentier;
Quant à ce qu'on nomme gloire,
La gloire, c'est d'être entier.
HUGO, Les Chansons des rues et des bois, 1865, p. 239.
b) En partic. [En parlant d'un animal] Qui n'est pas châtré. Un petit cheval entier, maigre et ardent (SAND, Meunier d'Angib., 1845, p. 30). L'animal châtré présente une croissance exagérée des os des membres (...) et son hypophyse est plus volumineuse que celle d'un animal entier (Pagniez ds Nouv. Traité Méd., t. 8, 1925, p. 78).
3. [En parlant d'une collectivité]
a) [En parlant d'une collectivité de pers.] Dont tous les membres sans exception sont concernés, participent à une action. Assemblée, famille, génération, population (tout) entière; le genre humain (tout) entier. Les six équipes demeurées entières se déboîtaient l'une après l'autre. Les ouvriers vaincus quittaient le feu (HAMP, Champagne, 1909, p. 101) :
3. L'histoire a parlé (...) de vastes pays pris d'un seul coup comme par une main, De grandes, d'étonnantes victoires, d'armées tout entières cueillies sans combat comme des jetons!
CLAUDEL, Tête d'Or, 1890, p. 130.
P. hyperb. Je ne nie pas ma faute, je la crierai au monde entier (CAMUS, État de siège, 1948, p. 256) :
4. Aujourd'hui notre porte est ouverte à la terre entière. On dirait qu'en vous demandant de me recevoir, j'ai obtenu pour tout l'univers la même faveur que pour moi.
CONSTANT, Adolphe, 1816, p. 33.
b) [En parlant d'une collectivité de choses] Qui possède tous les éléments qui le constituent. Il fallait demander au libraire de Clermont la suite entière des comédies de Labiche (BOURGET, Disciple, 1899, p. 145) :
5. ... songeant que Mlle Génolain ne retrouverait sans doute pas de bouton assorti et qu'il faudrait remplacer la douzaine entière, il jura de nouveau.
DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire? 1934, p. 20.
B.— [En parlant d'une chose ayant un développement; toujours postposé] Considéré dans la totalité de son développement, de son extension.
1. [En parlant d'une chose ayant une extension spatiale] Espace occupé tout entier. Il portait sa barbe entière, et leur semblait effrayant (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 39) :
6. Dès le fossé, les champs montaient d'un mouvement insensible, étalaient une pente douce, couverte tout entière de seigle qui levait.
GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 286.
P. hyperb. Je ne connais rien de sa vie passée (...) il [Gobseck] a peut-être traversé le monde entier en pratiquant des diamants ou des hommes (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 420).
[En parlant d'une pers. considérée du point de vue de son corps] Un frisson me secoua tout entier (BOURGET, Disciple, 1889, p. 195). Dès qu'elle danse, elle danse tout entière, de ses cheveux libres, à ses durs talons nus (COLETTE, Pays. et portr., 1954, p. 150).
P. ext. Complet, qui occupe la totalité disponible d'un espace. Ce bateau (...) avec un revêtement entier d'émail à l'extérieur et, à l'intérieur, de plaques de marbre vert et de marbre rouge (GONCOURT, Journal, 1895, p. 866). Des épaules et des bras recouverts d'un vêtement d'une blancheur entière (LARBAUD, Enfantines, 1918, p. 113).
2. [En parlant d'une chose ayant une extension temporelle] Qui est poussé jusqu'au terme de ses possibilités.
a) [En parlant d'une action] :
7. M. de Guermantes (...) avait l'habitude de tenir à l'accomplissement entier des formalités dont il avait décidé d'honorer quelqu'un, et il s'occupait peu que les malles fussent faites ou le cercueil prêt.
PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, p. 337.
b) [En parlant d'une durée] Une journée, une semaine entière; passer des jours entiers à faire quelque chose. Savoir marcher, savoir respirer au théâtre : ce sont des acquisitions qu'il faut des années entières d'études pour posséder (GONCOURT, Journal, 1886, p. 610) :
8. ... une existence tout entière absorbée par les devoirs d'une sédulosité de sacristain aux pieds de ce Dieu avec lui aussi abandonné que lui-même.
CLAUDEL, Un Poète regarde la Croix, 1938, p. 144.
c) [En parlant d'une manifestation de l'activité humaine; l'idée d'extension spatiale ou temporelle se dégage ou se constate au bout du procès exprimé par le verbe] Lire des chapitres entiers, réciter des pages entières; lettre écrite tout entière de la main de quelqu'un. La géologie, la chimie organique, l'histoire, des branches entières de la zoologie et de la physique, sont des productions contemporaines (TAINE, Philos. art, t. 1, 1865, p. 106). Le génie de Venise respire tout entier dans ce splendide chef-d'œuvre [les Noces de Cana] (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 40) :
9. ... le temple et la tragédie sont parvenus, durant des siècles, à nous représenter, par une sorte de mensonge, la civilisation grecque entière comme une maîtrise continue et complète de l'esprit sur les passions.
FAURE, L'Esprit des formes, 1927, p. 108.
C.— [En parlant d'une pers. ou d'une manifestation, d'un comportement d'une pers. susceptible de différents degrés]
1. [En parlant d'une manifestation, d'un comportement d'une pers. susceptible de différents degrés; souvent antéposé] Qui ne subit aucune diminution, altération ou restriction. Avoir une pleine et entière confiance en qqn, optimisme entier. La seule jouissance dont ils aient une idée (...) est le repos, ou plutôt l'inactivité la plus entière (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 3, 1801, p. 115). L'intimité, une intimité entière et sans réserve, s'était faite entre les dîneurs du jeudi (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 178) :
10. ... attribuer immédiatement à plusieurs dizaines de milliers de Français musulmans leurs droits entiers de citoyens, sans admettre que l'exercice de ces droits puisse être empêché, ni limité, par des objections fondées sur le statut personnel.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, p. 549.
SYNT. Entier dévouement, entière certitude, dépendance, franchise, satisfaction, soumission; être à l'entière disposition de qqn, avoir ses entières facultés; foi, liberté, possession, responsabilité entière; livrer sa pensée (tout) entière.
2. P. ext. [En parlant d'une pers. considérée du point de vue de son activité; toujours postposé et précédé de tout] Dont l'activité est tournée sans restriction vers quelque chose. Le travail demande un homme tout entier; être tout entier à sa tâche; se donner, se consacrer tout entier à quelque chose. La pratique d'un art demande un homme tout entier; c'est un devoir de s'y consacrer pour celui qui en est véritablement épris (DELACROIX, Journal, 1860, p. 253). La cuisinière, occupée depuis l'aube à se battre avec ses casseroles, tout entière au dîner que ses maîtres donnaient le soir (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1428).
Loc. Mourir tout entier. Mourir sans laisser de trace de son activité. Socrate a survécu aux persécutions d'une populace aveugle, et Cicéron n'est pas mort tout entier sous les proscriptions de l'infâme Octave (CONSTANT, Esprit conquête, 1813, p. 259) :
11. Après l'écroulement de notre civilisation, de deux choses l'une : ou elle [l'humanité] périra tout entière comme les civilisations antiques, ou elle s'adaptera à un monde décentralisé.
WEIL, La Pesanteur et la grâce, 1943, p. 177.
[En parlant du siège de l'activité intellectuelle, affective, spirituelle] Âme tout entière tournée vers qqc. Grand'mère, l'esprit tout entier tendu vers l'avenir, avait tout prévu (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 243).
En partic. [En parlant d'une pers. considérée du point de vue de sa pensée, de son activité intellectuelle, morale, spirituelle] Sans restriction quant à sa pensée, sa personnalité. Je ne vous connaissais pas encore tout entier. Vous venez de me causer à la fois de la joie et de la peine (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 421). L'espèce de divination qui lui faisait comprendre un homme tout entier au premier regard et à la seule inspection de son étoile (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 326) :
12. Cette pièce [L'Ennemi] est le fruit de l'expérience d'une grande partie de ma vie et j'y suis tout entier, mais cela est vrai de tout ce que j'écris.
GREEN, Journal, 1950-54, p. 210.
Péj. [En parlant d'une pers. ou d'une manifestation, d'un comportement ou du caractère d'une pers.; toujours postposé] Qui, contre ce qu'on est en droit d'attendre ou de souhaiter, reste totalement inébranlable, qui sur aucun point n'admet des nuances ou des compromis. Être entier dans ses jugements, caractère entier, opinions entières. Homme âpre et entier et qui ne veut rien céder (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 13, 1851-62, p. 187). Ses haines entières et non assouplies, et (...) son intransigeance enfantine (GIDE, Journal, 1929, p. 933) :
13. Les convictions de Luc étaient si entières que même lorsqu'on les partageait on était tenté de l'inquiéter un tout petit peu : ...
BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 128.
II.— Subst. masc.
A.— En, dans son entier. Sans qu'aucune partie soit retranchée, dans la totalité de son développement, de son extension.
1. [Le poss. désigne une chose]
a) [Une chose ayant une extension spatiale] Ce temple est encore en son entier (Ac.) :
14. À Blois, les grands biens, qui valaient par l'ensemble, Cheverny, Chaumont, Chambord, n'ont pas été divisés, mais vendus dans leur entier à des spéculateurs qui y ont établi quelques fabriques : ...
MICHELET, Journal, 1831, p. 101.
b) [Une manifestation de l'activité humaine] Une lettre politique que je vous ai adressée et qui paraîtra en son entier dans votre recueil ou autrement (LAMART., Corresp., 1831, p. 198) :
15. ... l'expression dans l'espace, la seule réelle en fait, permet aux moyens magiques de l'art et de la parole de s'exercer organiquement et dans leur entier, comme des exorcismes renouvelés.
ARTAUD, Le Théâtre et son double, 1938, p. 106.
2. [Le poss. désigne une pers. considérée du point de vue de sa pensée, de son activité intellectuelle, morale, spirituelle] Je comprends parfaitement ton désir de me connaître dans mon entier (ZOLA, Corresp., 1902, p. 40).
B.— Loc. En entier. Dans la totalité de son développement, de son extension.
1. [En entier, se rapporte à une chose]
a) [À une chose ayant une extension spatiale] Une fois l'ébauche amenée à ce point, (...) faire autant que possible chaque morceau, en s'abstenant d'avancer le tableau en entier (DELACROIX, Journal, 1847, p. 197) :
16. Mme de Coantré avait eu la religion de la maladie. Un petit meuble secrétaire était consacré en entier aux ordonnances, que l'on gardait toutes, ...
MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, p. 888.
b) [À une manifestation de l'activité humaine] J'ai à vous remercier du « Roman des ouvrières » que j'ai, derechef, non pas lu en entier mais repassé (FLAUB., Corresp., 1867, p. 338) :
17. Les mots, nous les utilisons, nous faisons d'eux les instruments d'actes utiles. Nous n'aurions rien d'humain si le langage en nous devait être en entier servile.
G. BATAILLE, L'Expérience intérieure, 1943, p. 208.
2. [En entier se rapporte à une pers. considérée du point de vue de sa pensée, de son activité intellectuelle, morale, spirituelle] Dans le christianisme cela peut ne pas compter d'avilir la supplication, d'enliser l'homme en entier dans la honte (G. BATAILLE, L'Expérience intérieure, 1943 p. 73) :
18. Il se ramassa en entier dans cette effusion finale : « Je ne sais pas s'il existe en Europe une ville où il y ait plus de cafés qu'à Barcelone ».
MONTHERLANT, La Petite Infante de Castille, 1929, p. 626.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. entièreté. Fait de rester totalement sans changement, sans adaptation. La fonction propre de la pensée dans l'ensemble du comportement est précisément de briser l'entièreté stupide de l'instinct et la stéréotypie du réflexe par des conduites de plus en plus articulées (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 630).
Prononc. et Orth. :[], fém. [-]. r final est muet dans les subst. et adj. terminés par le suffixe -ier. Ex. premier, régulier, etc.; foyer, menuisier, etc., dans l'adv. volontiers. t se prononce [t] et non i dans les mots en -tié, -tier, -tière, -tième. Ex. moitié, portier, tabatière. Cf. MART. Comment prononce 1913, p. 293 et GRAMMONT Prononc. 1958, p. 46. Enq. : /[s]i-21559-3.jpg" />, -/. L'adj. est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1130 « dans toute son étendue » jorz entier (Gormont et Isembard, éd. A. Bayot, 331); 2. ca 1135 « auquel il ne manque rien » Li Turs furt sains et sals et entiers (Couronnement Louis, 1128 ds T.-L.); 3. 1172 « qui n'a subi aucune altération, pur, vrai » amors antiere (CH. DE TROYES, Lion, 6013 ds T.-L.); 4. 1174-76 « (d'une personne) fidèle, loyal » (G. DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, 287, ibid.); 1606 « obstiné, qui n'admet pas de compromis » (NICOT). Du lat. class. integer, « non touché, non entamé, sain, raisonnable » avec suff. -ier p. anal. avec des termes comme premier (en face de l'a. pic. entir phonétiquement attendu). Fréq. abs. littér. :14 958. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 25 330, b) 19 314; XXe s. : a) 20 758, b) 19 165. Bbg. MARSAUD (M.). L'Impr. des timbres-poste. Banque Mots. 1974, n° 8, p. 201. — PIRON (M.). Les Belgicismes lex. : essai d'un inventaire. In : [Mél. Imbs (P.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1973, t. 11, n° 1, p. 300. — QUEM. 2e s. t. 1 1970. — THOMAS (A.). Nouv. Essais 1904, p. 143.

entier, ière [ɑ̃tje, jɛʀ] adj. et n. m.
ÉTYM. V. 1130; du lat. integer « non touché », de in-, et tangere « toucher ». → Intégral, intègre.
A Adj.
1 (Après le nom, en épithète). Qui a toutes ses parties; qui est considéré dans toute son étendue. Complet, intact, intégral, plénier, total; holo-, et olo- (préf.) || Manger un pain entier. Un morceau entier (→ Assiette, cit. 14). || Le corps entier (→ Contaminer, cit. 1). || Un chargement entier (→ Cargaison, cit. 2). || Un train, un camion entier de… Plein (antéposé : un plein camion). || La maison entière (→ Accabler, cit. 12).Lire un livre entier dans une soirée (→ Barbare, cit. 15). || Faire des dénombrements (cit. 1) entiers. || Payer une place entière, sans réduction, intégralement. || Un billet entier de la loterie nationale.
L'univers entier (→ Ainsi, cit. 17; bannir, cit. 26). || Le monde entier (→ Atome, cit. 10; bénir, cit. 18; dresser, cit. 29). || On le célèbre dans le monde entier (→ Bondir, cit. 7). || La terre entière (→ Balbutiement, cit. 5; boucler, cit. 4). || La nation, la ville entière, le pays entier. || L'humanité entière (→ Absolu, cit. 16; appui, cit. 9; attaquer, cit. 44; beau, cit. 86). || La famille entière.
(Dans le temps). || La vie entière (→ Dimorphe, cit.). || Durant une année entière, des années entières. Long. (→ Affaire, cit. 56; atelier, cit. 11; cendre, cit. 14; différer, cit. 2; durant, cit. 2). || Passer un jour entier, une nuit entière à… (→ Astrolabe, cit. 1; charpie, cit. 2). || Une heure entière (→ Forme, cit. 30).
1 (…) il y a un homme caché chez l'un de ces magistrats depuis cinq jours entiers (…)
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, Débit des nouv.
2 Le monde entier n'est plus qu'une vaste embuscade (…)
Hugo, l'Année terrible, Févr. V.
3 Mais égoïste, avide de soins et d'amour, je voulais que l'univers entier s'occupât de moi (…)
France, le Petit Pierre, XIX, p. 125.
2 (V. 1135). Après le nom, en épithète; plus souvent attribut sauf dans des syntagmes figés. Qui a toutes ses parties, à quoi il ne manque rien. Complet, intact, intégral. || Le pain est entier, on ne l'a pas entamé. || Il est revenu entier de la guerre. Indemne.
Cheval entier, qui n'est pas châtré (par oppos. à hongre).N. || Un entier : un cheval entier.
Bot. || Feuille entière, qui ne présente pas de découpure sur les bords. || Pétale entier.
Math. || Un nombre entier. || Partie entière d'un nombre.N. m. || Un entier. || Trois tiers forment un entier. || Branche de la mathématique qui étudie les entiers et les rationnels. 2. Arithmétique.Ensemble N des entiers naturels. || Ensemble Z des entiers rationnels, ou relatifs.
Lait entier, non écrémé.
3 (1172). D'une chose abstraite; en épithète, avant ou après le nom. Qui n'a subi aucune altération; qui s'entend sans aucune restriction. Absolu, intact, parfait, total; réserve (sans). || Une entière confiance (cit. 2, 6), une confiance entière. || Être dans une entière ignorance (→ Bon, cit. 2), dans une entière dépendance, une entière soumission. || Obéissance (cit. 9) entière. || Un entier détachement. || Une liberté entière (→ Briser, cit. 10), pleine et entière. Plein (antéposé).
4 Et j'avais sur mon cœur une entière puissance (…)
Racine, la Thébaïde, II, 1.
5 Ses alliés ont une entière confiance en lui…
Fénelon, Télémaque, III.
6 (…) la liberté du commerce était entière : bien loin de le gêner par des impôts, on promettait une récompense à tous les marchands qui pourraient attirer à Salente le commerce de quelque nouvelle nation.
Fénelon, Télémaque, X.
Loc. À part entière. → 1. Part, cit. 9.3. (Attribut). || Sa réputation est entière : elle n'est pas entamée. || Sa vertu reste entière. Intact; intégrité (dans son). || La question reste entière : le problème n'a pas reçu un commencement de solution.
7 Il faut une autorité qui arrête nos éternelles contradictions (…) autrement, la présomption, l'ignorance, l'esprit de contradictions ne laissera rien d'entier parmi les hommes.
Bossuet, Pensées chrétiennes, XIV.
8 Il abusa de ce secours (les calmants), si c'était en abuser que de l'employer à diminuer ses peines et à conserver plus entières les facultés de son âme.
Condorcet, Bucquet.
4 (En parlant des personnes). Vx. Qui n'a subi aucun dommage. Pur. || Une pucelle entière (→ Courir, cit. 58).(Actions, pensées). Vx. || Action entière, pure. || Idée entière, jugement entier. Intègre, loyal.
9 Si nos actions sont pures et entières, notre vie sainte et innocente (…)
Du Vair, cité in Huguet.
10 Il n'est vice véritablement vice qui n'offense, et qu'un jugement entier n'accuse (…)
Montaigne, Essais, III, II.
5 (1606). Domaine humain. (Après le nom). Qui n'admet aucune restriction, aucune demi-mesure. || Un caractère entier. || Un homme d'un esprit entier. || Il est fort entier, très entier dans ses opinions. Absolu, brutal, catégorique, entêté, fier, intraitable, obstiné, opiniâtre, orgueilleux, têtu; crin (à tout crin). || Il est intelligent, mais un peu trop entier.Avoir des opinions entières. Arrêté, définitif.
11 Son fanatisme pour les d'Esgrignon était entier sans être aveugle, et le rendait ainsi bien plus beau.
Balzac, le Cabinet des antiques, Pl., t. IV, p. 352.
12 Cette opinion, chez sa mère et chez les bourgeoises de son entourage, était définitive et entière.
Valery Larbaud, Fermina Marquez, IX, p. 75.
6 Tout entier : absolument entier (→ Acier, cit. 2; algèbre, cit. 1; aristocrate, cit. 1). || Il but le verre tout entier (→ Bénitier, cit. 1). || Le mur est presque tout entier tapissé de lierre (→ Crouler, cit. 3). || Le corps tout entier (→ Dissimuler, cit. 8). || L'être tout entier (→ Désir, cit. 23). || Le pays tout entier, la ville tout entière (→ Canal, cit. 3; casbah, cit. 1). || L'humanité (cit. 9, 10) tout entière. || Il est tout entier concentré (→ Attentif, cit. 5). || Elle brûlait (cit. 39) tout entière de fièvre.Tout entier à… : uniquement occupé de… || Il est tout entier à son ouvrage (→ Demi, cit. 24). || Se livrer, se donner tout entier à… : consacrer tout son temps à…, se dévouer (cit. 4) à… || Être tout entier dans… : être présent, reconnaissable totalement dans… || La Rochefoucauld est tout entier dans cette maxime. — ☑ Mourir tout entier, sans laisser de souvenir, de trace de son passage sur la terre.
13 Que si j'eusse été entre ces nations qu'on dit vivre encore sous la douce liberté des premières lois de nature, je t'assure que je m'y fusse (dans mon livre) très volontiers peint tout entier et tout nu.
Montaigne, Essais, Au lecteur.
14 C'est Vénus tout entière à sa proie attachée.
Racine, Phèdre, I, 3 (→ Ardeur, cit. 17).
15 Pain merveilleux qu'un Dieu partage et multiplie ! (…)
Chacun en a sa part et tous l'ont tout entier !
Hugo, Feuilles d'automne, I.
16 (…) cette femme est morte pour moi (…) je ne la reverrai jamais, (…) tu m'as reconquis tout entier, et (…) ce passé terrible auquel ta tendresse m'arrache ne m'a laissé que des remords et pas un regret.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, XIV.
17 C'est l'état prodigieux des hommes d'action. Ils sont tout entiers dans le moment qu'ils vivent et leur génie se ramasse sur un point. Ils se renouvellent sans cesse, et ne se prolongent pas.
France, le Lys rouge, III, p. 41.
18 Elle sait bien que c'est surtout leur vanité qui a souffert : cette prétention qu'ils ont tous de vouloir être aimés exclusivement et de la posséder tout entière : son temps, ses pensées.
Valery Larbaud, Amants, heureux amants, p. 121.
19 (…) un livre, un projet de livre, habitait uniquement mon cœur, m'occupait tout entier, me désœuvrait de tout le reste.
Gide, Si le grain ne meurt, I, VIII, p. 222.
B N. m.
1 Loc. (1538). En son (leur) entier. Ensemble, totalité. || Le monde subsistera en son entier (→ Acteur, cit. 5). || Rapporter un passage dans son entier. Intégralement. || Remettre les choses en leur entier (Académie).
20 (…) le sceau était encore en son entier sur la serrure. J'entrai, et trouvai toutes choses dans le même état où je les avais laissées.
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. I, p. 399.
21 Hier invité à déjeuner au Ritz, dans la grande salle décorée dans le style du XVIIIe siècle. Elle me plaît par son élégance et le jeu de glaces qui nous la fait revoir en son entier comme une immense grotte lumineuse !
J. Green, la Terre est si belle, 13 avril 1978, p. 253.
Loc. adv. En entier. Complètement, entièrement, intégralement. || Rue occupée en entier par un bâtiment (→ Dignité, cit. 8). || Lire un livre en entier. || Écrire son nom en entier. || Testament écrit en entier de la main de… (→ Dater, cit. 2).Dr. || Restitution en entier.
2 (Emplois spéciaux). || Un entier : un cheval entier (ci-dessus, A., 2.).
Nombre entier (ci-dessus, A., 2.)
En philatélie, carte, enveloppe portant un ou des timbres imprimés.
CONTR. Demi, divisé, fragmentaire, incomplet, morcelé, partiel, sectionné, tronqué. — Castré, hongre. — Fractionnaire; fraction. — Compréhensif, conciliant, souple.
DÉR. Entièrement, entièreté.

Encyclopédie Universelle. 2012.