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envenimer

envenimer [ ɑ̃v(ə)nime ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1119; de en- et venin
1Vx Imprégner de venin. empoisonner. Envenimer une pointe de flèche.
2(1400) Infecter (une blessure), la rendre plus difficilement curable. enflammer, infecter, irriter. Il a envenimé cette écorchure en la grattant. Pronom. Faute de soins, la blessure s'est envenimée.
3(1662) Rendre plus virulent, plus pénible. Envenimer une querelle. aggraver, attiser, aviver, exaspérer (cf. Jeter de l'huile sur le feu). « L'amour-propre — il envenime tout, [...] il engendre la rancune, la haine » (M. Jacob). Pronom. Le conflit s'est envenimé.
⊗ CONTR. Désinfecter, soigner; apaiser, calmer.

envenimer verbe transitif (de venin) Infecter une blessure, une plaie ou produire une inflammation. Aggraver une situation, rendre des rapports difficiles, tendus ; détériorer : Son intervention maladroite a envenimé leurs relations.envenimer (synonymes) verbe transitif (de venin) Infecter une blessure, une plaie ou produire une inflammation.
Contraires :
- désinfecter
Aggraver une situation, rendre des rapports difficiles, tendus ; détériorer
Synonymes :
- aviver
- détériorer
- enflammer
- exaspérer
Contraires :
- apaiser
- calmer

envenimer
v. tr.
d1./d Infecter (une blessure, une plaie).
d2./d Fig. Aviver, rendre virulent. Envenimer un conflit.
|| v. Pron. La discussion s'est envenimée.

⇒ENVENIMER, verbe trans.
A.— [Le compl. dir. n'est pas contaminé antérieurement à l'action exercée par le verbe]
1. Rare. Infecter de venin. Envenimer une flèche, un dard. Synon. empoisonner; anton. désenvenimer. La peau de certains batraciens secrète un poison qui peut envenimer les herbes (Ac. 1835-1932).
2. Au fig.
a) Imprégner de haine, rendre odieux. Envenimer des paroles, un récit. Synon. enfieller. Une grâce perfide Envenime ses yeux (Lebrun ds VARINOT, Dict. métaph. fr., 1819). Ces gens du monde (...) dès qu'ils se mettent à écrire (...) enveniment si aisément leur plume (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 2, 1863-69, p. 14).
Emploi pronom. Dans ces sortes de drames, l'imagination s'envenime vite (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 233).
b) [Le compl. met en jeu des rapports sociaux] Faire prendre une tournure mauvaise, malsaine. Envenimer une discussion, un débat. Synon. empoisonner, détériorer. Mais j'écarte tout ce qui pourrait envenimer le débat (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 251). Les Grecs n'enveniment rien (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 44) :
1. ... il pensait qu'elle serait interprétée en France et à l'étranger comme une manifestation belliqueuse susceptible d'envenimer les conversations diplomatiques; ...
JOFFRE, Mémoires, t. 1, 1931, p. 213.
Emploi pronom. Les relations soudain s'envenimèrent. Synon. se détériorer. Et la discussion continua, s'envenimant lentement, acharnée sur le même sujet (MAUPASS., Contes et nouv. t. 1, Épreuve, 1889, p. 1126). Il existe de la sorte, (...) des points cancéreux où la discussion s'éternise, s'envenime (MARROU, Connaiss. hist., 1954, p. 142).
B.— [Le compl. dir. est contaminé antérieurement à l'action exercée par le verbe]
1. Rendre plus difficilement curable. Envenimer une blessure, une plaie. Synon. infecter, aviver, irriter; anton. désinfecter, soigner, curer. Et nous avons eu cette chance que le paludisme n'ait pas envenimé la fièvre (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 255).
P. métaph. Et puis il envenime ces égratignures, il les infecte (MAURIAC, Bloc-notes, 1958, p. 127).
Emploi pronom. Il s'agit de créer des plaies, puis d'y jeter constamment du sel, pour que ces plaies s'avivent et s'enveniment (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 566).
Rem. La métaph. porte sur le compl. d'obj., non sur le verbe proprement dit.
2. Au fig. [Le compl. dir. met en jeu des rapports sociaux] Rendre plus virulent. Envenimer une dissidence; ces événements ont envenimé la crise. Synon. aggraver, attiser; anton. apaiser, calmer. Quelques mots aigre-doux sur Joseph Quesnel avaient encore envenimé les choses (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 369). Pourtant la crise s'apaisa (...) Ni Thugut (...) ni le directoire (...) ne tenaient à l'envenimer (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 524) :
2. ... ils [les deux grands] se doivent tous deux d'éviter toute aggravation du conflit que l'intervention du troisième partenaire risquerait d'envenimer au-delà des limites de sécurité admissibles.
BEAUFRE, Dissuasion et stratégie, 1964, p. 92.
Emploi pronom. Le conflit s'est envenimé. Synon. s'aggraver, s'attiser; anton. se calmer, s'apaiser. Le mieux est que l'affaire continue à s'envenimer, désagrège l'armée et scandalise l'Europe (Affaire Dreyfus, 1898, p. 221). S'envenimant ainsi, le conflit menaçait de s'éterniser (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963 p. 553).
Rem. On rencontre ds la docum. envenimement, subst. masc. Envenimement de la plaie (BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 164).
Prononc. et Orth. :[], (j')envenime []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1121-35 « empoisonner » (PH. DE THAON, Bestiaire, 1356 ds T.-L.); 2. 1400 soi envelimer « s'enflammer (d'une plaie) » (ds DU CANGE, s.v. venenare); de nouv. en 1660 envenimer (OUDIN Fr.-Esp.). Dér. de venim, forme anc. de venin; préf. en-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :123.

envenimer [ɑ̃vnime] v. tr.
ÉTYM. V. 1119; de en-, et venin.
1 Vx. Imprégner de venin. Empoisonner. || Envenimer une pointe de flèche.
2 (V. 1190, envelimé). Fig. (vx). Marquer de haine, d'un caractère odieux. || Envenimer l'esprit de qqn, y développer le poison de la méfiance, de la haine, de l'amertume. Aigrir, exaspérer, irriter. || Envenimer un fait, un récit, le présenter, le rapporter de façon à le rendre odieux. Enfieller.
1 Ne vous est-il jamais arrivé qu'on ait envenimé vos discours les plus innocents ?
Massillon, Pardon, 1.
2 (…) c'est là-dessus que Zosime fonde le récit si propre à envenimer les motifs de la conversion de Constantin (…)
Montesquieu, l'Esprit des lois, XXIV, XIII.
3 (1400, pron.; trans., 1660). Mod. Infecter (une blessure), la rendre plus difficilement curable. Aggraver, enflammer, infecter, irriter. || Il a envenimé cette écorchure en la grattant.Pron. || Faute de soins, la blessure s'est envenimée.
4 (1662). Mod. Rendre plus virulent. || Envenimer une discussion, une querelle, les passions. || Envenimer la colère de qqn. Aggraver, attiser, aviver, enfieller, enflammer, exaspérer, fomenter; → Jeter de l'huile sur le feu.Pron. || La discussion s'envenima et dégénéra en dispute.
3 (…) N'envenime point le cuisant souvenir
Que le commandement devait m'appartenir.
Corneille, Sertorius, I, 1.
4 Des deux princes, d'ailleurs, la haine est trop puissante (…)
Moi-même je saurai si bien l'envenimer,
Qu'ils périront tous deux plutôt que de s'aimer.
Racine, la Thébaïde, III, 6.
5 L'amour-propre, — il envenime tout, il fait qu'on ne cède pas à autrui, il engendre la rancune, la haine, — les blessures d'amour-propre sont les plus grands obstacles à l'amour du prochain (…)
Max Jacob, Conseils à un jeune poète, p. 105.
——————
envenimé, ée p. p. adj.
1 (Concret). Vx. || Flèche envenimée.
2 Fig. Plein de malveillance. || Langue envenimée. Affilé, venimeux. || Propos envenimés. Fielleux, hargneux, perfide, virulent. || Dispute envenimée (→ 1. Discord, cit. 2). || Blessure envenimée. Cuisant.
6 Amour, tu perdis Troie; et c'est de toi que vint
Cette querelle envenimée
Où du sang des dieux même on vit le Xanthe teint !
La Fontaine, Fables, VII, 13.
7 Et que reproche aux Juifs sa haine envenimée ?
Racine, Esther, III, 4.
8 (…) ces belles filles, avec leurs langues envenimées et irritées, serpentaient, glissaient et se tordaient autour de la danseuse des rues (…)
Hugo, Notre-Dame de Paris, VII, I.
Blessure, plaie envenimée.Par métaphore :
9 Ce peu de lignes semblait distiller un baume salutaire sur sa blessure envenimée : j'ai vu ses regards s'adoucir et ses yeux s'humecter (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, I, Lettre LXV.
CONTR. Désenvenimer; désinfecter, guérir, soigner. — Amortir, apaiser, calmer.
DÉR. Envenimation, envenimement.

Encyclopédie Universelle. 2012.