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CHAPELLE
CHAPELLE

CHAPELLE

Édifice religieux, généralement de dimensions restreintes, réservé au service particulier d’un souverain, d’un seigneur, d’un dignitaire de l’Église, ou bien au service d’un établissement hospitalier, éducatif ou pénitentiaire, desservi par un chapelain. Le terme de chapelle s’applique aussi à une partie d’église, dotée d’un autel, souvent distinguée par une disposition architecturale appropriée, et réservée à une fonction spéciale (baptême, mariage, funérailles), à une dévotion particulière (culte d’un saint, siège d’une confrérie) ou encore à une commémoration ou à une sépulture. On appelle enfin chapelle tous les édifices religieux très petits et servant irrégulièrement au culte. Ce n’est donc ni une forme ni une fonction précise qui définissent cet édifice. On peut pourtant dire que la chapelle n’est pas, en principe, destinée au culte paroissial et public, et qu’elle n’est pas, non plus, un oratoire, lieu de prière individuelle sans autel consacré. Le mot capella , chapelle, n’apparaît qu’au VIIIe siècle et ne désigne pas alors un édifice mais une institution. Il vient de cappa , chape, vaste manteau enveloppant tout le corps. Dès le VIe siècle, le manteau de saint Martin est devenu une sorte de relique royale accompagnant le roi franc et gardée par des clercs de sa cour. À l’époque carolingienne, capella désigne ce corps de prêtres; Fulrad, abbé de Saint-Denis, porte le titre de chapelain ou d’archichapelain de Pépin le Bref. L’église privée du souverain, érigée près de sa résidence, à l’imitation des églises impériales byzantines ou des églises privées des papes ou des évêques, devient ainsi chapelle, par extension du sens premier du mot. Celui-ci ne disparaît pourtant pas; les clercs au service d’un souverain, d’un prince, et plus tard aussi la réunion des choristes et des musiciens à son service, portent le nom de chapelle. Ce terme s’applique aussi à l’ensemble des ornements et des vases liturgiques affectés à ce service. On conserve encore, dans les trésors des églises ou des musées, des «chapelles» des princes de l’Église, papes, cardinaux, évêques, constituées d’objets liturgiques qui leur appartenaient.

Pour ce qui est de l’architecture, l’origine des petits édifices à usage religieux privé remonte aux aedicula païens consacrés au culte des notables ou des communautés de toutes sortes. Le christianisme a repris très tôt cet usage; un tel sanctuaire privé s’appelle cella ou oratorium par opposition à basilica qui est un lieu de culte public; très souvent les premiers martyria appartiennent à cette catégorie d’édifices, avant de devenir de grandes églises.

La plus remarquable série de chapelles médiévales et modernes est issue de la tradition carolingienne et apparaît auprès des résidences impériales et royales; elle est caractérisée par un double étagement, la tribune ou l’étage supérieur étant réservé au souverain et aux dignitaires, l’étage inférieur à la cour. Le plus célèbre modèle est ici la chapelle du palais de Charlemagne, l’actuelle cathédrale d’Aix-la-Chapelle (790/798), de plan octogonal. Des édifices de ce type ont été bâtis à Nimègue, à Thionville, plus tard à Liège. Un autre type, de plan carré ou cruciforme et à deux étages, a été employé pour les chapelles «palatines» romanes (Goslar, Nuremberg, Egger) et pour les chapelles épiscopales (Mayence, Wisby, Schwarzrheindorf). Un troisième type domine en France: les deux étages ne communiquent que par des escaliers et le plan est allongé; telles sont ou ont été les chapelles de Paris, de Laon (XIIe s.), de Reims (XIIIe s.) et surtout la Sainte-Chapelle du palais de Louis IX à Paris, accomplissement gothique de ce type, qui subsista dans les chapelles royales ou épiscopales jusqu’au XVIIIe siècle (château de Versailles par Jules Hardouin-Mansart, 1689-1710, palais épiscopal de Würzburg par Balthasar Neumann, 1747-1752). Il y eut, bien entendu, des chapelles de parti plus réduit, à un seul étage (Saint-Germain-en-Laye, Vincennes), surtout dans des résidences urbaines, comme les palais florentins, les grands hôtels parisiens, les grandes demeures nobles de Vienne, etc. Les édifices publics, municipaux, hospitaliers, éducatifs sont également munis de chapelles répondant à des fonctions diverses. Ainsi dans les hôpitaux (hôtel-Dieu de Bourges), le petit sanctuaire est ouvert largement sur les salles des malades qui peuvent assister à l’office de leur lit. Dans des collèges et universités du Moyen Âge, de la Renaissance et des temps modernes, des chapelles souvent fastueuses ont été bâties par les fondateurs des établissements (les collèges d’Oxford, King’s College de Cambridge). Souvent, comme à la chapelle de la Sorbonne de Paris par Jacques Lemercier (1635-1642) ou au collège des Quatre-Nations par Louis le Vau (1662-1688), une fonction funéraire s’est jointe à celle du service privé (Richelieu à la Sorbonne, Mazarin aux Quatre-Nations). Quant aux chapelles des collèges des Jésuites, elles ont tendu à devenir de véritables églises à nombreux autels et chapelles.

La typologie et l’histoire des chapelles faisant partie des églises ne sont pas moins complexes. Les sanctuaires paléochrétiens et du haut Moyen Âge comportaient souvent des autels secondaires qui pouvaient être placés dans des niches ou des absidioles. Mais c’est à l’époque de la réforme liturgique carolingienne que la fonction de ces autels se précise, que leur nombre augmente et qu’apparaissent des dispositions architecturales nouvelles. Un plan d’une grande abbaye du IXe siècle, comme le plan de Saint-Gall, montre la disposition de ces «chapelles» placées dans le transept, dans le vaisseau principal et dans les collatéraux; leur nombre est déjà considérable, et des séparations sont créées entre les parties de l’église pour les isoler. L’évolution ainsi commencée ne s’arrêtera plus et modifiera profondément le plan général des cathédrales, des abbayes ou même des églises plus petites. Pour multiplier les chapelles dans la région du chœur principal, on utilise surtout deux systèmes: adjonction à la face est du transept d’absidioles orientées (deux, quatre ou six) et contournement de l’abside par un déambulatoire sur lequel on ouvrira des chapelles rayonnantes, en nombre pair ou impair selon le cas. Au cours des XIIe et XIIIe siècles ces deux systèmes donnent l’essentiel des plans cisterciens à chapelles nombreuses sur le transept, et celui des grandes cathédrales à déambulatoire très développé. Bientôt, les chapelles ajoutées au corps de l’édifice s’allongent et prennent elles-mêmes la forme de petits édifices (cathédrale du Mans, cathédrale d’Amiens). Dès le XIIIe siècle aussi, pour satisfaire le zèle des fondateurs ou des corporations, on garnit les bas-côtés de la nef de chapelles latérales (Notre-Dame de Paris, cathédrale de Rouen). Sur le plan de la liturgie, cette évolution s’explique par le nombre de prêtres (chanoines, moines-prêtres) qui desservent l’église et doivent officier chaque jour. Le mouvement franciscain et dominicain contribue aussi à cette évolution. La mode des chapelles funéraires bâties spécialement au flanc des églises devient surtout très répandue au XVIe siècle (Capilla mayor de la cathédrale de Grenade, chapelle des Médicis à Saint-Laurent de Florence, chapelle des Valois à Saint-Denis). L’église de la Contre-Réforme et plus particulièrement l’église jésuite rendent aussi nécessaire, tant en raison des dévotions nouvelles qu’en raison du nombre des prêtres officiants, un grand nombre de chapelles qui s’alignent le long du vaisseau principal, supprimant ainsi les collatéraux.

chapelle [ ʃapɛl ] n. f.
chapele 1080; lat. pop. capella « lieu où l'on gardait la chape de saint Martin », de cappa ( chape)
I
1Lieu consacré au culte dans une demeure, un établissement. 1. oratoire. La chapelle d'un collège, d'une communauté religieuse, d'un château.
2Église n'ayant pas le titre de paroisse. Chapelle commémorative. La chapelle Sixtine. La Sainte-Chapelle.
3Archit. Enceinte ménagée dans une église, contenant un autel secondaire. La chapelle de la Vierge. Chapelle des fonts baptismaux. baptistère . Chapelles du chevet, du chœur. Chapelles latérales, rayonnantes.
4Ensemble des objets du culte employés pour célébrer la messe. Chapelle portative.
5Chanteurs et instrumentistes d'une église. Maître de chapelle, des chants et de la musique sacrée. ⇒ cantor.
6Spécialt Chapelle ardente : pièce éclairée par des cierges où est exposé un mort avant d'être enterré.
7Fig. Groupe très fermé. clan, coterie. Avoir l'esprit de chapelle. Querelles de chapelle.
IIPar anal. Techn. Voûte d'un four.

chapelle nom féminin (latin populaire capella, diminutif de cappa, manteau à capuchon) Autrefois, église ou oratoire sans qualification paroissiale. Aujourd'hui, édifice religieux comportant généralement un autel, mais autre qu'une église paroissiale ou monastique. Pièce réservée au culte dans un lieu privé (collège, lycée, hôpital, séminaire, château…). Enceinte ménagée dans les bas-côtés ou dans les absidioles d'une église, et comportant un autel. Réunion en un lieu de statuettes de piété, etc. : Avoir une petite chapelle dans sa chambre. Ensemble des ornements et des objets nécessaires pour dire la messe : Une chapelle portative. Corps des ecclésiastiques desservant une chapelle : La chapelle du roi. Ensemble des musiciens et des chanteurs qui assurent la partie musicale d'un office religieux. Petit groupe très fermé ; cercle, coterie : Avoir l'esprit de chapelle. Automobile Forme de la culasse d'anciens moteurs à explosion, telle que les soupapes d'admission et d'échappement sont disposées latéralement au cylindre et la tête en haut. ● chapelle (citations) nom féminin (latin populaire capella, diminutif de cappa, manteau à capuchon) Robert Burton Lindley, Leicestershire, 1577-Oxford 1640 Là où Dieu a un temple, le diable aura une chapelle. Where God hath a temple, the Devil will have a chapel. The Anatomy of Melancholy, IIIchapelle (expressions) nom féminin (latin populaire capella, diminutif de cappa, manteau à capuchon) Chapelle ardente, salle tendue de noir et éclairée de cierges, où l'on dépose un mort avant de l'ensevelir. Maître de chapelle, musicien qui dirige la musique d'une chapelle ou d'une église. Enfourner en chapelle, introduire dans un four les pièces à cuire sans les enfermer dans des cazettes. ● chapelle (synonymes) nom féminin (latin populaire capella, diminutif de cappa, manteau à capuchon) Petit groupe très fermé ; cercle, coterie
Synonymes :
- camarilla
- cercle
- clan
- clique (familier)
- coterie

chapelle
n. f.
rI./r
d1./d Lieu de culte privé. La chapelle d'un collège.
d2./d Partie d'une église comprenant un autel secondaire.
d3./d Petite église qui n'a pas rang d'église paroissiale.
d4./d Ensemble des chanteurs et des musiciens d'une église.
|| Maître de chapelle: celui qui dirige la musique et les chants dans une église.
d5./d Chapelle ardente: V. ardent.
rII./r Groupement fermé de personnes ayant les mêmes idées; coterie, clan. Une chapelle littéraire.

I.
⇒CHAPELLE1, subst. fém.
A.— Anc. Lieu consacré dans lequel on conservait les reliques des saints ou les trésors des églises. La sainte Chapelle.
P. compar. :
1. ... la merveille, c'est l'espèce de chapelle que la ville a bâtie pour ses archives, sombre, boisée de chêne noir avec barreaux de fer, portes de fer, coffres de fer; je dis chapelle, car elle contient de véritables reliques.
MICHELET, Journal, 1838, p. 256.
Spéc., usuel. Chapelle ardente :
2. On n'avait pas eu besoin de transformer un des salons en chapelle ardente car le vestibule était assez vaste. On ne voyait plus l'escalier, ni les portes, rien que du noir où des cierges brûlaient autour d'un riche cercueil, avec une profusion de fleurs blanches.
SIMENON, Les Vacances de Maigret, 1948, p. 100.
B.— P. ext.
1. Petite église secondaire dépendant d'une paroisse. Chapelle catholique, protestante; se rendre à la chapelle du village. Delacroix avait d'abord dressé dans la plaine la chapelle avec son clocher (HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, p. 232).
Par personnification :
3. ... la chapelle nous dit : — Visiteurs de la prairie, apportez-moi vos rêves pour que je les épure, vos élans pour que je les oriente. C'est moi que vous cherchez, que vous voulez à votre insu.
BARRÈS, La Colline inspirée, 1913, p. 342.
Vieilli. [Le suj. désigne un enfant] Jouer à la chapelle. Imiter par jeu les cérémonies de l'église :
4. Dans sa jeunesse il [M. Bouchard] avait servi et regardait les officiers de l'âge de Lucien comme des enfants qui jouent à la chapelle.
STENDHAL, Lucien Leuwen, t. 1, 1836, p. 63.
Au fig. S'occuper avec sérieux de choses futiles. Notre école, dissidente de celle d'Enfantin qui joue à la chapelle et tombe dans le ridicule (VIGNY, Le Journal d'un poète, 1830, p. 904).
[P. anal. de forme; p. réf. à la voûte d'une chapelle] TECHNOL.
a) BOULANGERIE. Voûte du four.
b) CHIM. Couvercle d'un alambic.
2. Lieu consacré au culte dans un domaine hors-paroisse, public ou privé (château, hôpital, collège, etc.). Entendre la messe à la chapelle de la prison.
a) Tenir chapelle. [En parlant du pape] Assister à l'office divin dans sa chapelle.
b) Être en chapelle. [En Espagne, en parlant d'un condamné à mort] Assister à une dernière messe avant l'exécution (cf. A. DAUDET, Les Rois en exil, 1879, p. 406).
3. Partie généralement adjacente d'une église dédiée à la Vierge ou à un saint, et où se trouve un autel secondaire. Chapelle Saint-Laurent. Il y eut une messe à Saint-Sulpice. Elle fut célébrée dans une chapelle latérale (ESTAUNIÉ, L'Empreinte, 1896, p. 302).
Au fig. Faire petite chapelle. Se mettre à part. Rester en chapelle :
5. ... elle [Paloma] trouva plus sage de rester « en chapelle » à la maison et de se remémorer les circonstances dans lesquelles elle avait connu Stéphanion.
L. DAUDET, Médée, 1935, p. 241.
Lieu de nature identique où sont conservées les hosties consacrées. Chapelle du Saint-Sacrement.
C.— P. méton.
1. [Ensemble de choses] Ensemble des objets (calice, bassin, burettes, etc.) nécessaires à la célébration du culte. Ce prélat a une belle et riche chapelle (Ac.), chapelle portative.
2. [Ensemble de pers.]
a) Ensemble des ecclésiastiques qui desservent une chapelle. La chapelle de ce prince [Charles le Téméraire] était composée de vingt quatre chantres, chapelains, clercs et demi-chapelains (L. GRILLET, Les Ancêtres du violon, t. 1, 1901, p. 253).
Au fig., péj. Synon. de coterie. Esprit de chapelle :
6. ... il n'y avait pas moins doctrinaire que ce libre groupement d'amis, très spécieusement qualifié de « chapelle » par ceux qui les jugeaient du dehors.
R. MARTIN DU GARD, Souvenirs autobiographiques, 1955, p. LXII.
Faire, former chapelle. Ce sont des milieux, me dit-il, où on fait tribu, où on fait congrégation et chapelle (PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 1022) :
7. Ils [une bande d'amis] avaient si grand-peur de former « chapelle », que, préventivement, ils s'appliquaient à se railler, et composaient ainsi une chapelle de blague admirative, plus « chapelle » qu'aucune autre.
R. MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, p. 27.
Spéc., TYPOGR., au XIXe s. Association entre les ouvriers pour secourir ceux d'entre eux qui, pour des raisons de santé, étaient dans l'impossibilité de travailler. Caisse de chapelle.
Exemplaire de chapelle. Exemplaires que les typographes, en vertu d'un ancien privilège, prélevaient sur tous les ouvrages imprimés et dont la vente permettait d'alimenter la caisse de chapelle.
b) Ensemble des musiciens et des chanteurs affectés à un lieu de culte. Maître de chapelle. Celui qui les dirige. Le maître de chapelle se révélait obsédé par l'amour d'une musique ignoble. (...) mais cette église était (...) un concert payant où la foi n'avait que faire (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 224).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Ca 1100 chapele « sanctuaire du Palais d'un souverain » ici du Palais de Charlemagne à Aix (Roland, éd. J. Bédier, 2917); 1671 tenir chapelle « tenir des assemblées solennelles dans les églises » (POMEY), syntagme repris et qualifié de ,,vieilli`` par DG; 1680 tenir chapele « (du pape) assister solennellement à la messe » (RICH.). B. 1. Début XIIe s. « lieu de culte dans une demeure particulière, église non pourvue des pleins droits paroissiaux » (Lois G. le Conquérant, éd. J. E. Matzke, 1, § 1); 2. ca 1461 « bénéfice attaché à une chapelle » (VILLON, Testament, éd. L. Thuasne, 1837); 3. 1753 droit de chapelle « rétribution payée par les magistrats lors de leur réception pour l'entretien de la chapelle » (Encyclop. t. 3); 4. p. anal. av. 1558 chapelle ardente (MELL. DE S. GEL., Œuv. poét., p. 172 ds GDF. Compl.); 5. fig. a) 1803 (WAILLY Vocab. : Jouer à la chapelle, s'occuper sérieusement de choses frivoles); b) 1803 imprim. (ibid. : chapelle concours des ouvriers à participer aux bénéfices accessoires [ce groupe, cette association d'ouvriers, formant comme une chapelle]); c) 1870 « coterie » (Th. GAUTIER, Journ. offic. feuilleton ds LITTRÉ). C. 1405 « autel secondaire dans une église » (Exéc. testam. de Richard Davesnes, A. Tournai ds GDF. Compl.). D. a) 1328 « série d'ornements liturgiques ou de parements d'autel » (Cpte de l'hôtel Mahaut. Arch. du Pas-de-Calais, A 474, Extr. J. M. Richard ds GAY); 1566 « vases sacrés » (Inv. du duc de Nevers, p. 32, ibid.); b) 1687 mar. « coffre contenant les objets de culte » (DESROCHES, Dict. ds JAL). E. 1527 « musique de la chapelle du roi » ici fig. « grand bruit » (CRETIN, Debat sur le passetemps des chiens et oyseaux, p. 90 ds HUG.); 1549 maistre de la chapelle (EST.); 1690 (FUR. : La Chapelle du Roy, est le corps de tous les Officiers qui servent à sa chapelle, et particulierement ceux de la Musique). F. P. anal. de forme avec la voûte de la chapelle 1. 1332 « voûte d'un four de boulanger » chappelle dou four (Compte de Odart de Laigny, Arch. KK 3a, f° 175 v° ds GDF.); 2. 1392-94 chim. « alambic » ou « son couvercle » (Ménagier, II, 252 ds T.-L.). Du lat. vulg. capella (dimin. de capa « manteau à capuchon »), attesté en lat. médiév. en 679 pour désigner le manteau de St Martin, relique conservée à la cour des rois francs (D. Merov. n° 49 ds NIERM. : In oraturio nostro super cappella domni Martine), v. NAZ, s.v. cape de St Martin, le mot ayant p. ext. désigné le trésor des reliques royales, puis l'oratoire du Palais royal où était conservée la relique (788 ds NIERM.; v. aussi NAZ, s.v. chapelle); d'où p. ext. d'une part, « oratoire rattaché à un domaine privé, église non pourvue des pleins droits paroissiaux » (801-810 ds NIERM.) d'où « bénéfice attaché à une chapelle » (av. 842 Dipl. Karoli M. ds Mittellat. W. s.v., 202, 62); d'autre part « chancellerie » (794 ds DU CANGE t. 2, p. 117c); enfin « objets de culte, vases, livres liturgiques » (811 ds NIERM.); « clercs chargés du culte au Palais royal » (972, ibid.). Bbg. GOUG. Mots t. 1, 1962, p. 21; t. 2, 1966, p. 20. — SCHILEY (P.). A Chappelle in the Miracles de Nostre Dame. Mod. Lang. Notes 1943, t. 58, pp. 493-497 (s.v. chappelle).
II.
CHAPELLE2, subst. fém.
MAR. [En parlant d'un navire à voiles] Faire chapelle. ,,On dit que le navire « fait chapelle » quand ses voiles sont masquées par suite d'une erreur du barreur ou d'une saute de vent`` (LE CLÈRE 1960).
P. métaph., vieilli, pop. [En parlant d'une femme] Faire chapelle, faire la petite chapelle. Relever ses jupes devant le feu pour se chauffer :
Il y avait là sans cesse des femmes bavardes qui prenaient un air de feu devant la mécanique, leurs jupes troussées jusqu'aux genoux, faisant la petite chapelle.
ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 552.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1835 et 1878 s.v. Chapelle1. Étymol. et Hist. 1643 mar. faire chapelle (G. FOURNIER, Hydrographie, Paris d'apr. FEW, t. 2, 1, s.v. cappella); 1678 faire chappelle (G. GUILLET, Les Arts de l'homme d'épée, Paris, 3e part.); 1866 faire chappelle (d'une femme) (Lar. 19e). Plus prob. p. ext. de sens de chappelle1 (FEW, t. 2, 1, s.v. cappella) en raison de la forme voûtée que présentent les voiles sous l'action du vent, qu'interprétation plaisante de faire capot (EWFS2).
STAT. — Chapelle1 et 2. Fréq. abs. littér. :2 879. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 4 375, b) 3 810; XXe s. : a) 5 322, b) 3 267.
BBG. — LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 250, 251, 280.

1. chapelle [ʃapɛl] n. f.
ÉTYM. 1080, Chanson de Roland, chapele « oratoire royal »; du lat. pop. cappella (679) désignant d'abord la cape ou chape (cappa) de saint Martin, relique notoire, puis le trésor des reliques de la cour, enfin l'oratoire du palais des Francs où les reliques étaient conservées.
———
I
1 (Déb. XIIe). Lieu consacré au culte dans certaines maisons particulières. Oratoire. || La chapelle d'un collège, d'un hospice, d'une communauté religieuse, d'un château.
1 A Crouy, la petite chapelle du pénitencier était comble.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 265.
Tenir chapelle : (le sujet désigne le pape) assister à un office solennel, sans le célébrer.
(XVe). Vx. Bénéfice attaché à une chapelle.
Loc. Chapelle ardente (cit. 4).
2 Petite église n'ayant pas le titre de paroisse. || Chapelle commémorative (d'un événement). || Les ex-voto d'une chapelle ( Martyrium).
Faire bâtir une chapelle. || La chapelle Sixtine, au Vatican, à Rome (ellipt la Sixtine). || Les castrats de la chapelle Sixtine. || La Sainte-Chapelle, à Paris.
2 Ah, les charitables églises du moyen âge, les chapelles moites et enfumées, pleines de chants anciens, de peintures exquises et cette odeur des cierges qu'on éteint, et ces parfums des encens qu'on brûle.
Huysmans, En route, p. 36.
3 (1405). Partie secondaire d'une église où se dresse un autel, et qui est généralement située dans les bas-côtés. || Chapelles s'ouvrant sur l'enceinte du chœur. || La chapelle de la Sainte Vierge. || La chapelle des fonts baptismaux. Baptistère. Archit. || Chapelles du transept, du chœur; chapelles rayonnantes; chapelles absidiales. Absidiole.
3 (…) une église ravissante où se trouvent le long des bas-côtés une quantité de petites chapelles d'époques différentes jusqu'à la Renaissance.
Sainte-Beuve, Correspondance, 11 oct. 1829.
4 (1328). Ensemble des objets du culte employés pour célébrer la messe. || Une chapelle de vermeil.Chapelle portative : réunion dans une mallette portative des ornements et objets cultuels nécessaires à la célébration de la messe.
5 a (1527). Ensemble des ecclésiastiques desservant une chapelle.Ensemble des chanteurs et musiciens d'une église. || La chapelle Pontificale.Maître de chapelle : celui qui est chargé de la direction des chants et de la musique sacrée dans une église. Cantor; chantre (→ aussi Chorale).
b Fig. Groupe de personnes soucieuses de demeurer entre soi. Clan, coterie. || La chapelle des romantiques.Un esprit de clan et de petite chapelle (→ Avant-garde, cit. 2).(Au XIXe s.). Association mutuelle de secours entre ouvriers.
———
II Techn. Objet dont la forme rappelle la voûte d'une chapelle.
1 (1392). Couvercle d'un alambic. Chapiteau.
2 (1332). Techn. Voûte (d'un four de boulanger).Enfourner, mettre en chapelle : enfourner des pièces de poterie sur des plaques de terre cuite disposées en étages.
3 Techn. Bâti d'un métier à tisser.
DÉR. Chapelain.
————————
2. chapelle [ʃapɛl] n. f.
ÉTYM. 1643; de chapel. → Chapeau.
Mar. (vx). || Faire chapelle : se dit d'un navire obligé brusquement de virer de bord. → Navire, cit. 5.

Encyclopédie Universelle. 2012.