ère [ ɛr ] n. f.
• here 1537; lat. æra « nombre, chiffre »
1 ♦ Vx Point de départ (d'une chronologie particulière). ⇒ époque (1o). Ère des Séleucides (312 av. J.-C.). L'ère des musulmans est l'hégire.
2 ♦ Cour. Espace de temps, généralement de longue durée, qui commence à un point fixe et déterminé (l'ère, 1o). L'ère chrétienne débute avec la naissance du Christ. Le cinquième siècle avant notre ère, le quinzième siècle de l'ère chrétienne. L'hégire (622) marque le début de l'ère musulmane.
3 ♦ Époque qui commence avec un nouvel ordre de choses. ⇒ âge, époque, période. L'ère des croisades. L'ère de la liberté, de l'affranchissement des peuples. Une ère nouvelle. L'ère industrielle, atomique. Selon Auguste Comte, « l'ère positiviste qui succéderait nécessairement à l'ère métaphysique et à l'ère théologique devait marquer l'avènement d'une religion de l'humanité » (Camus). L'ère stalinienne.
4 ♦ Géol. Division la plus grande des temps géologiques. Ère archéenne ou azoïque; ère primaire ou paléozoïque; ère secondaire ou mésozoïque; ères tertiaire et quaternaire ou ère cénozoïque. Subdivision de chaque ère géologique en périodes, époques et âges.
⊗ HOM. Air, aire, erre, ers, haire, hère, 1. r.
● ère nom féminin (bas latin aera, nombre) Point de départ de chaque chronologie particulière. Période historique correspondant à cette chronologie particulière : Ère chrétienne. En l'an 1500 de notre ère. Période caractérisée par certains faits de civilisation ; âge, époque : Ère industrielle. Toute période marquée par un état particulier : Une ère de bonheur. Plus grande unité conventionnelle du temps géologique. (Venant après le précambrien, on distingue, dans l'ordre chronologique, le paléozoïque, ou primaire [durée : 340 millions d'années], le mésozoïque, ou secondaire [180 millions d'années], le cénozoïque, ou tertiaire [65 millions d'années], qui, selon les auteurs, englobe ou non le quaternaire.) ● ère (homonymes) nom féminin (bas latin aera, nombre) air nom masculin aire nom féminin aire forme conjuguée du verbe airer airent forme conjuguée du verbe airer aires forme conjuguée du verbe airer erre nom féminin erre forme conjuguée du verbe errer errent forme conjuguée du verbe errer erres forme conjuguée du verbe errer ers nom masculin haire nom féminin hère nom masculin r nom masculin invariable ● ère (synonymes) nom féminin (bas latin aera, nombre) Période caractérisée par certains faits de civilisation ; âge, époque
Synonymes :
- âge
- période
- siècle
- temps
ère
n. f.
d1./d époque fixe à partir de laquelle on commence à compter les années; la suite des années comptées à partir de cette période. L'ère chrÉtienne. L'ère de l'hégire.
d2./d Fig. époque où commence un nouvel ordre de choses. Pays qui entre dans une ère de prospérité.
d3./d GEOL Chacune des grandes divisions du temps (entre - 570 millions d'années et l'époque actuelle), elles-mêmes divisées en périodes puis en étages. L'ère primaire, secondaire, etc.
⇒ÈRE, subst. fém.
A.— Vx, rare. Événement, moment qui sert de point de départ à une période, à une chronologie particulière. Il dit (...) que la paix qu'il venait de conclure était l'ère du gouvernement républicain (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 498).
B.— Cour. Espace de temps.
1. Domaine du temps hist.
a) Période historique qui s'écoule depuis un point fixe généralement marqué par un événement important formant un tournant. Le début d'une ère. Méprises (...) qui résultent des zodiaques, des ères et des calendriers différents (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 125). Cf. aussi actien ex.
— Spécialement
♦ Ère chrétienne ou vulgaire, notre ère (cf. chrétien I B 1). Tant d'années, de siècles, telle année, tel siècle, tel millénaire avant notre ère; telle année, tel siècle, le premier millénaire de notre ère. Quelque cinq mille ans avant notre ère (ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 13). Cf. aussi auteur ex. 17.
♦ Ère française ou républicaine. Ère établie en France le 22 septembre 1792, jour de la fondation de la République et supprimée officiellement le 1er janvier 1806. La société des Droits de l'Homme (...) datait ainsi un de ses ordres du jour :« Pluviôse, an 40 de l'ère républicaine » (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 38).
b) Période plus ou moins longue marquée par certains faits de civilisation importants et caractéristiques en raison de leur nouveauté. L'ère industrielle; une ère s'ouvre; inaugurer, ouvrir une ère. L'ère de la liberté, de l'affranchissement d'un peuple (Ac. 1835-1932). Avec Henri VII, en 1485, commence l'ère de la centralisation politique (GUIZOT, Hist. civilisation, 1828, leçon 11, p. 17).
— [Avec un adj. dér. du nom ou du prénom d'un personnage important] Ère pastorienne. L'Angleterre de l'ère Victorienne (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 457).
— Domaine de la création artistique ou littér. Ère romantique :
• Cette chapelle (...) était toute dans ce goût charmant d'architecture délicate, de sculpture merveilleuse, de fine et profonde ciselure qui marque chez nous la fin de l'ère gothique...
HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 18.
— Domaine de la philos., de la crit. [À propos de la méfiance qui s'installe chez le lecteur à l'égard du romancier créant des personnages fictifs] Nous sommes entrés dans l'ère du soupçon. Et tout d'abord le lecteur, aujourd'hui, se méfie de ce que lui propose l'imagination de l'auteur (SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p. 59).
c) P. ext. [Dans la vie personnelle de qqn] Ère de bonheur, de prospérité. Une ère nouvelle commença donc pour Gilbert Cloquet (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 68).
2. GÉOLOGIE
a) Division de premier ordre des temps géologiques. Ère primaire, secondaire, tertiaire. L'ère quaternaire a été très courte (BOULE, Conf. géol., 1907, p. 177).
b) Division quelconque des temps géologiques. Ère glaciaire. La fin de l'ère pliocène (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 352).
Prononc. et Orth. :[]. Enq. : //. Ds Ac. 1718-1932. Homon. air, aire, erre (de errer), ers, haire, hère. Étymol. et Hist. 1. 1539 here « point de départ d'une chronologie » (GRUGET, Les Div. leçons de Pierre Messie, 459, édit. 1610 ds DELB. Notes mss); 2. 1678-80 ère « suite d'années (que l'on compte depuis un point fixe, ou marquant un nouvel ordre de choses) » (BOSS., Hist., I, 7 ds LITTRÉ). Empr. au b. lat. aera « nombre » puis « époque ». Fréq. abs. littér. :534. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 862, b) 619; XXe s. : a) 530, b) 884. Bbg. BLONDHEIM (D. S.). Essai d'un vocab. compar. des parlers rom. des Juifs au Moy. Âge. Romania. 1923, t. 49, p. 25.
ère [ɛʀ] n. f.
ÉTYM. 1537, here; lat. æra « nombre, chiffre ».
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1 Vx, didact. Point de départ (d'une chronologie particulière). ⇒ Époque (I., 3.). || Ère des Séleucides (312 av. J.-C.). || L'ère des musulmans est l'hégire.
1 L'ère des Mahométans est l'hégire, ou la fuite de Mahomet.
Dict. de Trévoux, art. Ère.
2 Son entrée (de Séleucus) à Babylone après une victoire devint une ère commune à presque toutes les nations de l'Asie; c'est ce qu'on nomme l'ère des Séleucides (…)
Condillac, Hist. ancienne, II, 11.
2 (1680). Mod. Cour. Espace de temps, généralement de longue durée, qui commence à un point fixe et déterminé. || L'ère est une division du temps selon des événements humains déterminants, choisis comme points de départ. || L'ère des Séleucides commence en 312 av. J.-C. || L'ère chrétienne, appelée aussi ère vulgaire (vx), ère de l'incarnation (relig.), débute avec la naissance du Christ. || Le cinquième siècle avant notre ère, le quinzième siècle de l'ère chrétienne (→ Architecture, cit. 2; aryen, cit. 2). || L'hégire marque le début de l'ère musulmane et correspond à l'année 622 de l'ère chrétienne.
3 Il est bon d'avertir ici que le mot ère signifie dénombrement d'années commencé à un certain point que quelque grand événement fait remarquer.
4 Son histoire (de la Chine) remonte, par lachronologie la plus sûre, jusqu'à une éclipse observée deux millecinquante-cinq ans avant notre ère vulgaire (…)
Voltaire, Essai sur les mœurs, 1.
3 (1792, l'ère des Français [22 sept. 1792]). Époque qui commence avec un nouvel ordre de choses. ⇒ Âge, époque, période. || L'ère des croisades. || L'ère de la liberté, de l'affranchissement des peuples. || Une ère de prospérité. || Avec l'invention de la machine à vapeur s'ouvrit une ère nouvelle. || L'ère industrielle. || L'ère républicaine commencée en 1792 (an I) n'a duré que douze ans.
5 Depuis que j'ai cette grande tranquillité matérielle, je suis bien malheureux au moral, je ne me crois plus libre, j'attends je ne sais quelle ère de délivrance qui ne viendra pas.
Sainte-Beuve, Correspondance, IV, p. 109.
6 Abd-ul-Hamid, à ce qu'il semble, est pressé de s'entourer du prestige des Khalifes; il se pourrait que son avènement ouvrît à l'Islam une ère nouvelle, et qu'il apportât à la Turquie un peu de gloire encore et un dernier éclat.
Loti, Aziyadé, II, XIII.
7 (Selon Auguste Comte) l'ère positiviste qui succéderait nécessairement à l'ère métaphysique et à l'ère théologique devait marquer l'avènement d'une religion de l'humanité.
Camus, l'Homme révolté, p. 242.
7.1 Voilà bien la part de l'Église dans l'ère atomique : tout ce que nie le matérialisme triomphant et dont il se moque mais qui demeure à nos yeux plus réel que la matière (…)
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 150.
♦ (Suivi d'un adj. formé sur un nom de personne). || L'ère mussolinienne. || L'ère stalinienne.
4 Didact. (géol.). Division la plus grande des temps géologiques. || Ère archéenne ou azoïque; ère primaire ou paléozoïque; ère secondaire ou mésozoïque; ère tertiaire ou cénozoïque; ère quaternaire ou anthropozoïque. || Subdivision de chaque ère géologique en périodes, époques et âges.
8 Les divisions de premier ordre des temps géologiques, introduites depuis longtemps dans la science (…) sont les ères (Primaire, Secondaire, etc., ou Paléozoïque, Mésozoïque, etc.). Leur valeur est universelle. Sauf pour l'opportunité d'introduire dans la chronologie une ère Quaternaire et une ère antérieure à l'ère Primaire, sous le nom d'ère Azoïque ou Agnotozoïque, tout le monde est d'accord sur leur nombre.
Émile Haug, Traité de géologie, t. II, p. 560.
9 Les grandes périodes ou ères de l'histoire de la Terre ont été établies tout d'abord (…) en partant de données purement lithologiques et stratigraphiques, mais les études paléontologiques n'ont pas tardé à fournir une quantité d'éléments (…)
Émile Haug, Traité de géologie, t. II, p. 544.
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Encyclopédie Universelle. 2012.