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exaspérer

exaspérer [ ɛgzaspere ] v. tr. <conjug. : 6>
• 1308 , repris 2e moitié XVIIIe; lat. exasperare « rendre rude, raboteux », de asper « âpre »
1vieilli ou littér. Rendre plus intense, plus pénible (un mal physique ou moral). aggraver, exacerber. Je t'aime trop pour « te dire de ces choses banales qui exaspèrent la souffrance » (Flaubert). « La pensée gâte le plaisir et exaspère la peine » (Valéry).
Par ext. Augmenter à l'excès. Exaspérer un désir, un besoin, un sentiment. affoler, exciter. « Je suis excédé par ce travail de pion. Il exaspère en moi ce besoin de logique verbale à quoi mon esprit n'est déjà que trop enclin » (A. Gide). Pronom. Souffrance, désir qui s'exaspère.
2Cour. Irriter (qqn) excessivement. agacer, crisper, énerver (II), fâcher, impatienter, irriter; fam. hérisser, horripiler (cf. Pousser à bout, mettre hors de soi, faire sortir de ses gonds) . « La mauvaise fortune, au lieu de l'abattre, l'exaspéra. Du soir au matin, ce fut une colère formidable » (A. Daudet). « on déteste ce qui nous est semblable, et nos propres défauts vus du dehors nous exaspèrent » (Proust). Il commence à m'exaspérer ! Elle m'exaspère, avec ses accusations ! excéder; assommer, fatiguer; fam. courir, gonfler. Pronom. « quand on songe à la quantité de ménages où deux êtres s'exaspèrent, se dégoûtent autour de la même table, du même lavabo » (F. Mauriac).
⊗ CONTR. Adoucir, affaiblir, atténuer, diminuer; calmer.

exaspérer verbe transitif (latin exasperare, irriter) Exciter une sensation, un sentiment, les rendre plus intenses : Cet échec exaspéra son dépit. Irriter vivement quelqu'un, le mettre en colère : Tu l'exaspères, avec tes critiques continuelles.exaspérer (difficultés) verbe transitif (latin exasperare, irriter) Conjugaison Attention à l'accent, tantôt grave, tantôt aigu : j'exaspère, nous exaspérons ; il exaspérera. ● exaspérer (synonymes) verbe transitif (latin exasperare, irriter) Exciter une sensation, un sentiment, les rendre plus intenses
Synonymes :
- accentuer
- accroître
- aggraver
- aiguiser
- allumer
- aviver
- enflammer
- exacerber
- intensifier
Contraires :
- adoucir
- affaiblir
- apaiser
- atténuer
- étouffer
- tempérer
Irriter vivement quelqu'un, le mettre en colère
Synonymes :
- agacer
- crisper
- énerver
- irriter
- surexciter
Contraires :
- calmer

exaspérer
v. tr.
d1./d Irriter violemment (qqn). Son attitude m'exaspère.
d2./d Augmenter l'intensité de (une douleur physique, un sentiment pénible). Exaspérer la haine de qqn.

⇒EXASPÉRER, verbe trans.
A.— [Le compl. désigne un inanimé]
1. [Le compl. désigne un mal physique ou moral] Rendre plus pénible. Cette allusion exaspère son chagrin; exaspérer une douleur; la trop grande chaleur exaspérait ses souffrances (Ac. 1932). (Quasi-)synon. aggraver; anton. apaiser, calmer. La nécessité où elle était de se contraindre, exaspérait son mal davantage (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 953). Pour exaspérer les blessures qu'elles [les femmes pratiquant le rite du deuil] se font, elles vont jusqu'à y appliquer des pointes de bâtons rougies au feu (DURKHEIM, Formes élém. vie relig., 1912, p. 560). Un garçon de café septuagénaire dont le service nocturne exaspérait les rhumatismes vint essuyer la table d'un torchon las (MORAND, Homme pressé, 1941, p. 9).
Emploi pronom. à valeur passive. Sa souffrance s'exaspère de jour en jour. (Quasi-)synon. s'aggraver. Les douleurs (...) s'exaspèrent à la fin de chaque miction par contraction du sphincter vésical (Hudelo ds Nouv. Traité Méd., fasc. 1, 1926, p. 524).
2. P. ext. [Le compl. désigne un inanimé concr. ou abstr., en partic. un sentiment, un état de conscience] Rendre plus intense. Exaspérer le désir de qqn. (Quasi-) synon. accroître, augmenter, aviver, exacerber; anton. apaiser, calmer, modérer. De mauvais maîtres qui malmenaient mon corps, exaspéraient mon orgueil (GIDE, Retour enf. prod., 1907, p. 484). Le soleil avait monté et ses rayons brûlants exaspéraient l'odeur qui sortait de ces caftans, de ces bottes (THARAUD, Ombre de la Croix, 1917, p. 16). Ce désir que l'angoisse exaspère au lieu de l'apaiser (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1428) :
1. Et son désespoir n'avait rien d'humain;
Pareil au foyer que l'huile exaspère,
Son courroux croissait, rouge, et l'on aurait
Dit d'une lionne à l'âpre forêt
Communiquant sa terrible colère,
Quand Marco pleurait.
VERLAINE, Poèmes saturn., Caprices Marco, 1866, p. 87.
Emploi pronom. à valeur passive. Devenir plus intense. (Quasi-)synon. s'accroître, augmenter, s'exacerber; anton. se calmer, s'apaiser. C'était comme une fureur qui s'exaspérait (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 130). C'est le moment où s'exaspère notre clairvoyance (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p. 272). Le grondement s'enfle, s'exaspère (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 52) :
2. Quand le crescendo de l'ode musicale s'accentue et s'exaspère, quand de tous les coins de l'orchestre les lignes convergent et culminent et que l'exhaussement graduel des soubassements prépare la fusée imminente de la colonne, alors l'agitation commence à la batterie.
CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 188.
B.— [Le compl. désigne une pers. ou p. méton. un attribut moral de la pers.] Mettre dans un état d'irritation ou d'impatience extrême. (Quasi-)synon. excéder; anton. apaiser, calmer.
1. [Le suj. désigne une pers.] Ses ennemis ont exaspéré son humeur (Ac.). Il tâcha d'exaspérer les esprits contre les projets qu'avait eus la Cour (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 205). Même les libéraux véritables trouvèrent que c'était (...) exaspérer inutilement le cœur du souverain (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 381). Vous m'exaspérez avec vos histoires et vos airs de princesse! (REIDER, Mlle Vallatin, 1862, p. 67). Quant à cette double influence nerveuse exercée par deux hommes, l'un l'exaspérant et l'autre l'apaisant, voilà qui est une merveille (FLAUB., Corresp., 1874, p. 129) :
3. ... il assommait Kohn, (...) il l'exaspérait par son insistance à lui prendre la main par-dessus la table et à la presser avec effusion. Et il mit le comble à son irritation, en voulant à la fin trinquer, à la mode allemande...
ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 657.
Emploi pronom.
réfl. Il s'exaspérait au souvenir enfiévrant des caresses passées (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 609). On s'exaspère contre le gouvernement absent, on s'épouvante du lendemain (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 245). La jeune fille, silencieusement, le regardait faire. Il ne se pressait pas. Visiblement, elle s'exaspérait (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 146).
réfl. indir. Je n'en fais rien, aimant mieux me passer d'argent que de m'exaspérer les nerfs (FLAUB., Corresp., 1873, p. 11).
réciproque. Et ils le maudissaient [Hamilcar], s'exaspérant les uns les autres par leur propre colère (FLAUB., Salammbô, t. 1, 1863, p. 11).
2. [Le suj. désigne un comportement, un fait] Ce nouvel outrage l'a fort exaspéré (Ac.). Le triomphe de Florine exaspéra Lucien au plus haut degré (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 514). Cette tentative désespérée de la victime, loin d'exaspérer Thénardier, l'avait calmé (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 947). Le mutisme de Renée acheva de l'exaspérer (ARLAND, Ordre, 1929, p. 381) :
4. Il se donnait un mal énorme pour sa comptabilité... Il devait la montrer à sa femme. Ce contrôle l'exaspérait... Ça le foutait en rogne infecte... Il transpirait pendant des heures...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 424.
Emploi abs. Ce sont des malheurs humiliants, qui exaspèrent par leur ridicule même (AMIEL, Journal, 1866, p. 197). Il pleut dans mon oreille gauche, sur mon nez, sur mon livre (...) Cela finit par exaspérer! (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 9).
Rem. La docum. atteste exaspérateur, trice, adj. Qui exaspère, qui porte à l'exaspération. Il y a eu, sous la première révolution, un fluide exaspérateur qui portait à commettre des cruautés (SAND, Corresp., t. 5, 1867, p. 194).
Prononc. et Orth. :[] ou [e-], (il) exaspère [] ou [e-]. Cf. é-1. Enq. : // (il) exaspère. Étymol. et Hist. 1291-95 [ms. XIVe s.] exasperant (GUIART DES MOULINS, Bible, Ezech., ms. Ste Gen. ds GDF.); av. 1502 s'exasperer (O. DE S. GEL., Eneid., B.N. 861, fol. 82 v° ds GDF. Compl.). Empr. au lat. class. exasperare proprement « rendre rugueux », fig. « irriter, exaspérer ». Fréq. abs. littér. :1 877. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 398, b) 3 214; XXe s. : a) 5 272, b) 2 747. Bbg. GOHIN 1903, p. 314. — QUEM. DDL t. 2. — RAT (M.). Il n'y a pas de synon. Vie Lang. 1966, pp. 165-167.

exaspérer [ɛgzaspeʀe] v. tr. [CONJUG. céder.]
ÉTYM. 1308 (exasperant dès 1294); lat. exasperare, au propre « rendre rude, raboteux », de asper « âpre ». — REM. Exaspérer (ainsi qu'exaspération) semble être sorti de l'usage de la fin du XVIe s. à celle du XVIIIe s. Repris dans la deuxième moitié du XVIIIe s. (Gohin, cité par Brunot, Histoire de la langue française, VI, p. 1298), il ne figure encore ni dans le dictionnaire de l'Académie, quatrième éd. (1762), ni dans Trévoux (1771). Littré n'en donne aucun exemple littéraire.
1 Rendre plus intense, plus pénible (un mal physique ou moral). Accroître, aggraver, aiguiser, aviver, envenimer, exacerber, exciter, irriter. || Exaspérer le mal, la douleur, la souffrance. || Ce souvenir exaspère son chagrin, ses remords.
1 J'ai autrefois été employé à consoler une dame vraiment affligée (…) On y procède mal quand on s'oppose à cette passion, car l'opposition les pique et les engage plus avant à la tristesse; on exaspère le mal par la jalousie du débat.
Montaigne, Essais, III, 4.
2 Je t'aime trop pour te donner des consolations et te dire de ces choses banales qui exaspèrent la souffrance.
Flaubert, Correspondance, t. III, p. 296.
3 Je suis un homme très malheureux et dont il ne faut pas exaspérer le chagrin (…)
Courteline, Boubouroche, Nouvelle, IV.
4 La pensée gâte le plaisir et exaspère la peine
Valéry, Mon Faust, p. 219.
Par ext. Augmenter à l'excès. || Exaspérer un désir, un besoin. Affoler, exciter.
5 (…) la stridente mélodie des flûtes exaspérait les désirs qui avaient couvé, tout le jour, dans les veines des mercenaires.
Louis Bertrand, le Livre de la Méditerranée, p. 108.
6 Je suis excédé par ce travail de pion. Il exaspère en moi ce besoin de logique verbale à quoi mon esprit n'est déjà que trop enclin.
Gide, Journal, 22 déc. 1917.
7 La pudeur, la réserve, exaspèrent une ardeur qu'une victoire trop rapide éteindrait aussitôt.
A. Maurois, Terre promise, p. 92.
2 Plus cour. Irriter (qqn) excessivement. Agacer, aigrir, crisper, énerver (II.), fâcher, impatienter, irriter (→ Faire bouillir; mettre, pousser à bout; mettre hors de soi, porter sur les nerfs, faire sortir de ses gonds). || Il commence à m'exaspérer ! Excéder; assommer, fatiguer.
8 (…) un tort, une injustice faite à un poète qui est vraiment un poète, l'exaspère à un degré qui apparaît (…) en complète disproportion avec l'injustice commise.
Baudelaire, Notes nouvelles sur E. Poe, IV, Pl., p. 1070
9 L'inanité de ces embûches exaspérait Hérodias.
Flaubert, Trois contes, « Hérodias », I.
10 La mauvaise fortune, au lieu de l'abattre, l'exaspéra. Du soir au matin, ce fut une colère formidable qui, ne sachant à qui s'en prendre, s'attaquait à tout, au soleil, au mistral (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, I.
11 Un seul dessein, en son esprit, se formulait avec netteté : exaspérer le père Soupe par le procédé habituel, le faire mousser peu à peu, jusqu'à ce que, l'ayant poussé à bout, il eût enfin obtenu de lui la libre jouissance du bureau (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 4e tableau, 1.
12 Habituellement, on déteste ce qui nous est semblable, et nos propres défauts vus du dehors nous exaspèrent.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XI, p. 134.
13 Plusieurs fois, j'ai exaspéré Christian par des querelles injustes et vaines. Hier soir, soudain, il s'est fâché et m'a fait une scène d'une extraordinaire violence.
A. Maurois, Terre promise, p. 318.
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s'exaspérer v. pron.
1 (Passif). || Souffrance, désir qui s'exaspère. Accroître (s'), augmenter, exacerber (s').
2 (Réfl.). S'énerver, s'irriter, se mettre en colère (cit. 10). || Il s'exaspère à la moindre remarque.
Fig. et littér. (Sujet n. de chose). Déchaîner (se).
14 Le jour luit, l'ouragan s'endort ou s'exaspère (…)
Hugo, la Légende des siècles, XII, VI.
15 Furieusement il fait rouler sur son cou sa tête aux longs cheveux épars, pendant que les tambourins s'exaspèrent et que les bêtes, dressées sur leur queue, suivent ses gestes frénétiques (…)
Jerôme et Jean Tharaud, Marrakech, V, p. 100.
3 (Récipr.). || S'exaspérer mutuellement.
16 (…) quand on songe à la quantité de ménages où deux êtres s'exaspèrent, se dégoûtent autour de la même table, du même lavabo, sous la même couverture, c'est extraordinaire comme on divorce peu !
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I.
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exaspéré, ée p. p. et adj.
1 D'une intensité extrême. || Douleur, souffrance exaspérée. Aigu, vif.Poussé à l'excès. Excessif, extrême. || Sensibilité exaspérée. Exacerbé. || Volonté exaspérée. || Aigreur (cit. 9) exaspérée. || Nationalisme exaspéré (→ Crise, cit. 14).
2 (Personnes). Très irrité. Courroucé, furibond, furieux, irrité; colère (en), fureur (en), rage (en); cran (à). || Il est exaspéré et ne veut plus rien entendre (cit. 64).
17 Ces gardes françaises (…) étaient furieux (sic) dès longtemps, exaspérés contre les journaux, les agitateurs démocrates, qui les appelaient mouchards de Lafayette.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., V, VIII, t. III, p. 209.
18 Exaspéré comme un ivrogne qui voit double, Je rentrai, je fermai ma porte, épouvanté, Malade et morfondu, l'esprit fiévreux et trouble (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Les sept vieillards ».
CONTR. Adoucir, affaiblir, atténuer, cicatriser (fig.), corriger (4.), diminuer; calmer; adoucir.

Encyclopédie Universelle. 2012.