expatrier [ ɛkspatrije ] v. tr. <conjug. : 7>
1 ♦ Rare Obliger (qqn) à quitter sa patrie. ⇒ bannir, exiler, expulser. — Par anal. Expatrier des capitaux, les placer à l'étranger. « Le rentier français ne craignait pas d'expatrier son argent » (Siegfried).
2 ♦ S'EXPATRIERv. pron. Quitter sa patrie pour s'établir ailleurs. ⇒ émigrer, s'exiler, se réfugier. « Il aima mieux sortir de Genève, et s'expatrier pour le reste de sa vie » (Rousseau). S'expatrier pour des raisons politiques.
⊗ CONTR. Rapatrier.
● expatrier verbe transitif Expulser quelqu'un ou l'envoyer loin de sa patrie ; exiler. Placer des capitaux à l'étranger. ● expatrier (synonymes) verbe transitif Expulser quelqu'un ou l'envoyer loin de sa patrie ; exiler.
Synonymes :
- bannir
- déporter
- exiler
- expulser
expatrier (s')
v. Pron. Quitter sa patrie.
⇒EXPATRIER, verbe trans.
A.— Emploi trans. Expatrier qqn. L'obliger à quitter sa patrie, l'exiler. On l'a expatrié (LITTRÉ). Un vieux mari expatrié dans sa jeunesse pour duel (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1784).
♦ P. métaph. Il m'expatrie, il me dépossède, il me débarrasse de moi-même (HUYSMANS, Ste Lydwine, 1901, p. 103).
— P. anal. Expatrier des capitaux. Les placer dans un autre pays. L'épargne existante est souvent (...) thésaurisée ou expatriée (Univers écon. et soc., 1960, p. 803).
B.— Emploi pronom. Quitter son pays pour vivre à l'étranger. S'expatrier pour échapper aux représailles, pour fuir la tyrannie. Son rêve était de s'expatrier, et d'aller s'établir à la Colombie, à Panama (BOREL, Champavert, 1833, p. 183). Mathurin résolut de s'expatrier. C'était le temps où beaucoup de jeunes Français s'embarquaient pour les Amériques (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 19) :
• L'exil ne m'effraye pas; j'en connais le chemin. Je partirai, je m'expatrierai une dernière fois. Je perdrai mes biens, mais je garderai mon nom sans tache.
SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 147.
♦ Expr. S'expatrier à demeure. L'évêque ne réussissait pas à découvrir un prêtre qui osât s'expatrier à demeure dans les bourrasques et les tempêtes (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 225).
— Au fig. S'expatrier dans. Fuir, se réfugier. S'expatrier dans d'immenses causeries (BAUDEL., Curios. esthét., 1867, p. 318). S'expatrier hors de. Quitter. Être homme, voilà sa profession; il n'a d'autre métier, n'approfondissant rien de trop particulier, de peur de se perdre, de s'expatrier hors de cette profession humaine et générale (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 408).
Prononc. et Orth. :[], (j')expatrie []. Cf. é-1. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1395 (BOUTILLIER, Somme rurale, p. 62 ds LA CURNE). Compos. de ex-, de patrie et de la dés. -er. Fréq. abs. littér. :58. Bbg. RITTER (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 420.
expatrier [ɛkspatʀije] v. tr.
ÉTYM. XIVe, au p. p. substantivé; à l'inf., 1731; de ex-, patrie, et suff. verbal.
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♦ Rare. Obliger (qqn) à quitter sa patrie. ⇒ Exiler, expulser. || « Expatrier des conspirateurs » (P. Larousse). — Passif (plus cour.). || Ils ont été expatriés par la misère. → ci-dessous Expatrié (p. p. adj.).
1 Il (le roi) ne se servira pas de son pouvoir pour expatrier, dans sa soixante et quinzième année, un malade qui n'a fait que du bien dans le pays sauvage qu'il habite.
Voltaire, Lettre à Mme du Deffand, 3350, 13 juil. 1768.
♦ Par anal. || Expatrier des capitaux, les placer à l'étranger.
2 Le rentier français ne craignait pas d'expatrier son argent. Pour y décider le rentier américain il a été nécessaire de renverser toute une tradition (…)
André Siegfried, les États-Unis d'aujourd'hui, p. 222.
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s'expatrier v. pron.
ÉTYM. (1743, Trévoux).
♦ Cour. Quitter sa patrie pour s'établir ailleurs. ⇒ Émigrer, exiler (s'), réfugier (se). || S'expatrier pour des raisons politiques. || Le manque de travail l'a forcé à s'expatrier.
3 (…) il aima mieux sortir de Genève, et s'expatrier pour le reste de sa vie, que de céder sur un point où l'honneur et la liberté lui paraissaient compromis.
Rousseau, les Confessions, I.
4 Maman, dit-elle un jour à sa mère, je veux quitter ce pays et m'expatrier.
Stendhal, Mina de Vanghel.
5 — « Non, non », poursuivit Jacques : « l'homme peut s'expatrier, mais il ne peut pas se dépatrier ».
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 24.
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expatrié, ée p. p. et adj. et n.
♦ Cour. Qui a quitté sa patrie ou qui en a été chassé. ⇒ Exilé, expulsé, réfugié; → Personne déplacée. || Jeune homme expatrié et sans ressources (→ Calviniste, cit. 3). || Soldats expatriés qui éprouvent le mal du pays.
♦ N. (XIVe). || Un expatrié, une expatriée. || Les expatriés d'Allemagne qui se sont établis aux États-Unis. || Les expatriés espagnols. || « Toutes les couches de la misère humaine, les expatriés et les excommuniés, les déshérités » (Hugo, Correspondance, 1856, in T. L. F.).
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CONTR. Rapatrier.
DÉR. Expatriation.
Encyclopédie Universelle. 2012.