faction [ faksjɔ̃ ] n. f.
• 1330 aussi « action de faire »; lat. factio « groupement », de facere « faire »
1 ♦ Groupe, parti se livrant à une activité factieuse dans un État, une société. ⇒ ligue. Factions révolutionnaires. — Machination subversive visant à faire prévaloir les intérêts d'un petit groupe. Pays en proie aux factions. ⇒ agitation, complot, conspiration, intrigue. La monarchie « s'efforcera de maintenir l'équilibre et de rester au-dessus des factions » (Bainville).
2 ♦ (XVIe; p.-ê. it. fazione) Service d'un soldat en armes (⇒ factionnaire, sentinelle) qui surveille les abords d'un poste. ⇒ 1. garde, guet. « les factions rudes et oisives, la vie somnolente des casernes » (Zola). — EN, DE FACTION. Être de faction, en faction : être chargé de monter la garde. « On plaçait chaque jour un soldat de faction dans le corridor qui conduisait aux appartements du ministre » (Maupassant). — Par ext. Surveillance, attente prolongée. Être, rester en faction au coin d'une rue (cf. Faire le guet).
● faction nom féminin (latin factio, -onis, ligue) Groupe qui cherche à renverser le pouvoir établi, ou qui se livre à une activité fractionnelle à l'intérieur d'un groupe : Parti politique divisé par des factions. ● faction (citations) nom féminin (latin factio, -onis, ligue) Benjamin Constant de Rebecque Lausanne 1767-Paris 1830 Les dépositaires du pouvoir ont une disposition fâcheuse à considérer tout ce qui n'est pas eux comme une faction. Ils rangent quelquefois la nation même dans cette catégorie. De la doctrine politique qui peut réunir les partis en France ● faction (synonymes) nom féminin (latin factio, -onis, ligue) Groupe qui cherche à renverser le pouvoir établi, ou qui...
Synonymes :
- chapelle
- clan
- clique (familier)
- coterie
- ligue
- parti
- secte
● faction
nom féminin
(de faction, avec l'influence de l'italien fazione)
Service de surveillance ou de garde, dont est chargé un militaire.
Chacune des trois tranches de huit heures entre lesquelles sont réparties les trois équipes assurant un travail industriel continu.
● faction (difficultés)
nom féminin
(de faction, avec l'influence de l'italien fazione)
Emploi
Être, demeurer en faction ou de faction sont également corrects.
● faction (expressions)
nom féminin
(de faction, avec l'influence de l'italien fazione)
Être en faction, attendre en surveillant, faire le guet.
● faction (synonymes)
nom féminin
(de faction, avec l'influence de l'italien fazione)
Service de surveillance ou de garde, dont est chargé un...
Synonymes :
- garde
- guet
- quart
- veille
faction
n. f.
d1./d Parti, cabale exerçant une activité factieuse dans un état. Un état déchiré par les factions.
d2./d Position de guet, d'attente. Je me suis mis en faction devant chez lui.
d3./d TECH Dans une entreprise travaillant en continu, chacune des trois tranches de huit heures.
⇒FACTION, subst. fém.
A.— [Désigne un ensemble de pers.]
1. ANTIQ. ROMAINE. Groupe de concurrents appartenant aux différentes écuries qui s'opposaient les unes aux autres lors des jeux du cirque. Faction blanche, rouge; factions du cirque. La passion pour les différentes factions et les diverses couleurs du cirque dans l'histoire romaine (AMPÈRE, Corresp., 1856, p. 300) :
• 1. À droite est la tribune de la faction bleue, à gauche celle de la verte (...). Les courses vont commencer, les chevaux s'alignent (...); et ils secouent, dans leurs bonds, des chars en forme de coquille...
FLAUB., Tentation, 1874, p. 25.
— P. ext. Groupe qui encourageait, soutenait les différentes factions du cirque. Justinien fit rétablir l'église de Sainte-Sophie, détruite par les factions du cirque (LENOIR, Archit. monast., 1852, p. 266).
2. a) Dans le domaine pol.
) Groupe se livrant à une activité fractionnelle subversive pour faire prévaloir ses intérêts. Faction clérico-militaire; factions qui déchirent, divisent un pays, une ville. Entre le parti et la faction, il y a toute la différence qui existe entre les intérêts généraux et les intérêts particuliers (BALZAC, Œuvres div., t. 2, 1832, p. 527) :
• 2. On sait l'admiration de toute une armée de « penseurs » de tous pays pour le gouvernement italien qui met simplement hors la loi tous ses concitoyens qui ne l'approuvent pas. Jusqu'à nos jours, les éducateurs de l'âme humaine (...) conviaient l'homme à flétrir un état qui serait une faction organisée; les élèves de MM. Mussolini et Maurras apprennent à révérer un tel état.
BENDA, Trahis. clercs, 1927, p. 143.
) Machination subversive visant à faire prévaloir les intérêts d'un petit groupe. Synon. complot, conspiration, intrigue, sédition. Les chefs réunis dans les villes (...) y excitaient les factions et les guerres civiles, opprimaient le peuple par des jugements iniques (CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p. 32).
b) Petit groupe de personnes unies par des idées, des goûts, des intérêts communs et qui mènent à l'intérieur d'un groupe plus important une action pour imposer leurs conceptions. Faction musicale. Une petite faction militaire qui s'arroge le droit de parler au nom de l'armée était en train d'englober tous les pouvoirs publics dans d'inextricables complicités (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 133). Deux factions divisaient la classe et divisaient tout le lycée : il y avait le parti des catholiques et le parti des protestants (GIDE, Si le grain, 1924, p. 419). Il se forme des factions dans la poésie, qui prennent les façons rudes et âpres des partis politiques (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 111).
Rem. On relève ds la docum. des attest. sans idée péj. Il ne risquait sa jambe gauche, et tout ce qui en dépendait, qu'après avoir assuré la droite et tout son système. Il appartenait à la faction des binaires (BALZAC, Théor. démarche, 1833, p. 632).
B.— [Désigne une action]
1. Dans le lang. milit. Surveillance exercée par un homme en armes aux abords d'un poste, dans un lieu déterminé. Être de, en faction; mettre, placer un soldat, une sentinelle en faction; monter, prendre la faction; relever de faction. Synon. garde, guet, quart (mar.). Trois gendarmes de faction se promenaient en faisant retentir leurs sabres sur le plancher (BALZAC, Chabert, 1832, p. 137). Il y a aussi les nuits de garde dans Paris, les postes dans les boutiques à louer, (...) les factions monotones aux postes des mairies devant la place mouillée (A. DAUDET, Contes lundi, 1873, p. 165) :
• 3. ... il [Polyte] avait essayé de vendre deux paires de draps presque neufs (...). Le brocanteur, feignant d'accepter, avait alerté l'agent en faction au coin de la rue et Polyte avait été appréhendé alors qu'il n'avait pas parcouru deux cents mètres.
SIMENON, Maigret, 1948, p. 29.
2. P. ext. Attente, surveillance prolongée en un même lieu. Faction assidue, longue; monter la faction. Si on le voyoit faire faction à l'un des guichets des Tuileries, il répondoit :« J'attends la sortie de tel ou tel prince » (BALZAC, Annette, t. 1, 1824, p. 44). Remi (...) ne quitta pas son poste d'observation et surveilla les abords de la place. Au bout de deux heures de faction, il vit le portier chargé d'une pyramide de malles (FRANCE, Chat maigre, 1879, p. 267). Toute la vie de cette femme lui passait [à Jean] en fuite d'égout sous les yeux (...) les factions de nuit devant les bouges ou sur le paillasson du poète (A. DAUDET, Sapho, 1884, p. 64).
Rem. 1. La docum. atteste des ex. où faction désigne le groupe de personnes qui montent la garde ou qui attendent dans un lieu. Des amants attendaient à la porte; c'était (...) le long de la rue de la Michodière (...) toute une faction d'hommes immobiles, guettant du coin de l'œil (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 515). La faction indolente des douaniers arpente le quai (LORRAIN, Heures Corse, 1905, p. 42). 2. On rencontre ds la docum. un emploi arch., synon. de action. Il ne manque pas d'esprits sérieux, (...) qui (...) voudraient (...) imposer à chaque écrivain une mission, une faction dans l'œuvre commune (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 5, 1852, p. 24).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1355 [ms.] faccion « parti séditieux dans un état, une société » (P. BERSUIRE, Tite-Live, ms. Ste-Gen., f° 2a ds GDF. Compl.); 2. 1616 faction « fonction d'un soldat armé qui surveille les abords d'un poste » (A. D'AUBIGNÉ, Hist. universelle, t. 2, p. 385). 1 empr. au lat. class. factio « action ou manière de faire » (v. façon), également attesté au sens de « groupe de gens qui agissent ensemble; ligue, parti ». Le sens 2 semble avoir été empr. à l'ital. fazione attesté dep. la fin XVe-début XVIe s. avec le sens de « service, tour de garde » (cf. BATT.). Fréq. abs. littér. :607. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 848, b) 635; XXe s. : a) 409, b) 416. Bbg. QUEM. DDL t. 11. — WIND 1928, p. 82, 133.
faction [faksjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1330, aussi « action de faire »; lat. factio « groupement, faction », de factum, supin de facere « faire ».
❖
———
1 Groupe, parti se livrant à une activité factieuse (dans un état, une société). ⇒ Brigue, cabale, ligue, parti. || La faction rassemble les partisans d'une action violente déterminée à changer ce qui existe. || Esprit de faction. || Pays en proie aux factions. ⇒ Agitation, complot, conspiration, intrigue, mutinerie, sédition. || Désordres, troubles excités par les factions. || Factions ennemies. || Pays partagé en factions. || Factions qui déchirent, divisent un état, une ville. || Fomenter les factions. || Abattre les factions (→ Brandon, cit. 3; bras, cit. 42). || La lutte de Robespierre contre les « factions » sous la Terreur.
Voltaire, Essai sur les mœurs, LXV.
2 Le terme de parti par lui-même n'a rien d'odieux, celui de faction l'est toujours.
Voltaire, Dict. philosophique, Faction.
3 La mortelle aversion pour tout ce qui s'appelait parti, faction, cabale, m'avait maintenu libre, indépendant, sans autre chaîne que les attachements de mon cœur.
Rousseau, les Confessions, X.
4 La monarchie, fidèle, même sous des princes débiles, à son rôle national, s'efforcera de maintenir l'équilibre et de rester au-dessus des factions.
J. Bainville, Hist. de France, IX, p. 157.
4.1 Homme d'aucun parti, craignant l'esprit de faction qui divise, il écrivait : « La pensée qui m'occupe le plus, c'est en quoi consiste notre communion d'idées, quels sont les points sur lesquels nous pourrions nous rencontrer, tous, de n'importe quelle tendance ».
Gide, Dostoïevski, p. 32.
2 (Sans idée péjorative). Groupe dont les membres, dans un milieu, combattent ceux qui ne partagent pas leurs conceptions. ⇒ Chapelle, coterie, secte. || « Au conclave, la faction de la France prévalut » (Académie). — (Antiq. rom.). Groupe de concurrents dans les jeux du cirque. || La faction des bleus.
———
II
1 (XVIe; p.-ê. de l'ital. fazione). Milit. Service de surveillance d'un soldat en armes (⇒ Factionnaire, sentinelle) aux abords d'un poste. ⇒ Garde, guet. — ☑ En, de faction. || Être de faction, en faction : être chargé de monter la garde. || Mettre, placer un homme de faction devant une porte. || Aller, entrer en faction; sortir de faction. || Tour de faction. || Relever un soldat de sa faction, le retirer du poste où il montait la garde.
5 (…) on plaçait chaque jour un soldat en faction dans le corridor qui conduisait aux appartements du ministre, avec mission d'éloigner du mur tous les passants.
Maupassant, la Vie errante, « La Sicile », p. 102.
6 Puis, c'étaient des habitudes de flâne, les factions rudes et oisives, la vie somnolente des casernes (…)
Zola, la Terre, II, I, p. 91.
♦ Par ext. Surveillance, attente prolongée. || Être, rester en faction au coin d'une rue. ⇒ Guet (faire le). Vx. || Faire faction. || Jaloux qui fait faction sous les fenêtres de sa maîtresse.
7 Ils suivront celui-ci ou celle-là des jours entiers, feront faction des heures à des coins de rue, sous des portes d'allées, la nuit, par le froid et par la pluie (…)
Hugo, les Misérables, I, V, VIII.
2 (XXe). Techn. Chacune des trois tranches de huit heures entre lesquelles sont réparties les trois équipes qui assurent un travail continu dans une entreprise.
❖
DÉR. Factionnaire, factionner.
Encyclopédie Universelle. 2012.