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feuilleton

feuilleton [ fɶjtɔ̃ ] n. m.
• 1790; de feuillet
Techn.
1Imprim. Vx Petit cahier contenant le tiers de la feuille d'impression.
Mod. Papier fort (carte) de qualité inférieure.
2(1811) Cour. Partie réservée au bas d'un journal pour une rubrique régulière. Article de littérature, de sciences, de critique, qui paraît régulièrement dans un journal, généralement au bas d'une page. article, 1. chronique, rubrique. « Un auteur écrivait pour dix mille lecteurs; on lui donne le feuilleton critique d'un hebdomadaire : il en aura trois cent mille » (Sartre).
3Fragment, chapitre d'un roman qui paraît régulièrement dans un journal. Lire le feuilleton du jour. Émission dramatique radiodiffusée ou télévisée dont l'histoire est fractionnée en épisodes généralement courts et de même durée. Regarder tous les soirs le feuilleton à la télévision. Séries et feuilletons.
Vx Feuilleton-roman; (1840) mod. ROMAN-FEUILLETON :roman populaire qui paraît par fragments dans un journal. Lire, suivre le roman-feuilleton d'un quotidien du soir. « Cette grande banlieue équivoque autour de Paris, cadre des scènes les plus troublantes des romans-feuilletons et des films à épisodes français » (Aragon). Fig. Histoire invraisemblable, très longue. C'est du roman-feuilleton !

feuilleton nom masculin (diminutif de feuillet) Article de critique littéraire paraissant régulièrement sous la signature du même auteur dans un journal. (Ainsi parurent les Lundis de Sainte-Beuve à partir de 1851.) Œuvre romanesque conçue pour paraître par fragments dans un journal. (C'est en 1842-1843 que parurent les Mystères de Paris, d'Eugène Sue. Dans ce genre nouveau s'illustrèrent Dumas père, Féval, Xavier de Montépin, Ponson du Terrail.) Film télévisé, histoire radiodiffusée en plusieurs épisodes de courte durée. Histoire pleine de rebondissements, souvent invraisemblable ; roman-feuilleton : Sa vie sentimentale est un vrai feuilleton.feuilleton (citations) nom masculin (diminutif de feuillet) Michel Butor Mons-en-Barœul 1926 Notre existence quotidienne est un mauvais feuilleton par lequel nous nous laissons envoûter. Répertoire II Éditions de Minuitfeuilleton (difficultés) nom masculin (diminutif de feuillet) Orthographe Les dérivés feuilletonesque et feuilletoniste s'écrivent avec un seul n. Roman-feuilleton, avec un trait d'union. - Plur. : des romans-feuilletons. ● feuilleton (homonymes) nom masculin (diminutif de feuillet) feuilletons forme conjuguée du verbe feuilleterfeuilleton (synonymes) nom masculin (diminutif de feuillet) Œuvre romanesque conçue pour paraître par fragments dans un journal.
Synonymes :
- roman-feuilleton

feuilleton
n. m.
d1./d Chronique régulière dans un journal. Feuilleton littéraire.
d2./d Chacun des fragments d'un roman publié dans un périodique.
|| Par ext. Roman ainsi publié. Un roman-feuilleton.
|| Par anal. Feuilleton radiophonique, feuilleton télévisé.

⇒FEUILLETON, subst. masc.
A.— IMPR. [Dans le format in-douze] Petit cahier de huit pages composé du tiers de la feuille imprimée. On donne (...) le nom de gros cahier à la partie la plus considérable de la feuille pour les in-12 (...). La plus petite partie s'appelle petit cahier ou feuilleton (MAIRE, Manuel biblioth., 1896, p. 298) :
1. On fait couramment deux espèces d'in-12 : dans l'in-12 dit à la française, le tiers inférieur de la feuille, coupé après l'impression et plié, forme un carton ou feuilleton qu'on encarte au milieu du cahier principal; dans l'in-12 dit à la hollandaise le feuilleton se place après le cahier.
R. LAUFER, Introd. à la textologie, Paris, Larousse, 1972, p. 111.
Rem. Certains dict. mentionnent un emploi de feuilleton dans le domaine de la papeterie et du cartonnage au sens de « carte lisse composée d'une mince feuille de carton ordinaire recouverte sur chaque face d'une feuille de papier ». On fait du feuilleton blanc ou en couleur (CHAM. 1969).
B.— P. anal.
1. [Dans un journal] Espace typographique réservé pour une rubrique régulière au bas d'une page, sur toute la largeur. J'ai de prêt les Paysans, qui serviront près d'un mois le feuilleton de la Presse (BALZAC, Corresp., 1840, p. 121). François le Champi a paru pour la première fois dans le feuilleton du Journal des Débats (SAND, F. le Champi, 1850, p. I).
P. méton. Article, généralement de critique, de littérature, de philosophie ou de sciences, paraissant régulièrement dans un journal, autrefois en bas de page. Feuilleton dramatique; le feuilleton des théâtres. Ils virent au bas d'un journal, un feuilleton intitulé : « De l'enseignement de la géologie ». Cet article (...) exposait la question comme elle était comprise à l'époque (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 93). Les théâtres fermés, le critique sans proie avait pris pour sujet de son feuilleton du jour la tragédienne Rachel (VALÉRY, Variété V, 1944, p. 122) :
2. C'est seulement quelques mois après la parution, que Paul Souday, l'arbitre officiel des lettres, (...) s'est occupé de moi. Son article était d'ailleurs tout farci de reproches : il me chicanait longuement sur mes imparfaits du subjonctif... Cependant, il me consacrait cinq colonnes de son feuilleton hebdomadaire.
MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p. LIX.
2. Dans le domaine de la production littér.
a) Passage, fragment d'un roman paraissant régulièrement dans un journal. Publication [d'un roman] en feuilleton. Les Travailleurs de la mer ne peuvent être morcelés en feuilletons (HUGO, Corresp., 1866, p. 531). Le sourire rétrospectivement captivé d'un abonné qui a lu le dernier roman d'une revue, par tranches, en feuilleton (PROUST, J. filles en fleurs, 1920, p. 454). V. aussi cape ex. 11 :
3. ... on est journaliste; on l'est, fût-on romancier, car c'est en feuilletons que paraissent vos livres même, et l'on s'en aperçoit; ils se ressentent des coupures, des attentes et des suspensions d'intérêt du feuilleton; ils en portent la marque et le pli.
SAINTE-BEUVE, Prem. lundis, t. 3, 1869, p. 68.
b) P. ext. Genre littéraire; tout récit d'aventures à rebondissements imprévus, récit sentimental, conventionnel et mièvre, de caractère populaire et souvent sans grande valeur. Lire un feuilleton; un héros de feuilleton. Melle Le Mire (...) surveillait son commerce (...) du fond de cette pièce où elle passait sa vie à lire des feuilletons (A. DAUDET, Fromont jeune, 1874, p. 39). V. aussi cape ex. 2 :
4. ... une aventure larmoyante comme on en voit au ciné ou dans les feuilletons lorsque des gars dépérissent pour l'amour d'une inaccessible, qu'à la fin on veut faire croire qu'ils épousent.
QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 103.
En appos. et en compos. Roman-feuilleton. Le drame et le roman-feuilleton saisissent le public et lui enseignent les rudiments plus ou moins authentiques de l'argot des voleurs et des forçats (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 169) :
5. ... les livres prohibés m'effrayaient moins qu'autrefois; souvent je laissais traîner mon regard sur les morceaux de journaux suspendus dans les W.-C. C'est ainsi que je lus un fragment de roman-feuilleton où le héros posait sur les seins blancs de l'héroïne des lèvres ardentes.
BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 102.
Rem. La docum. atteste la forme feuilleton-roman. Il était défendu aux journaux d'insérer ce que l'assemblée s'est plu à appeler le feuilleton-roman (NERVAL, Filles feu, Angélique, 1854, p. 506).
P. anal., dans le domaine de la radio-télév. Histoire, émission dramatique, généralement de caractère populaire, fragmentée en de nombreux épisodes. La télévision française, qui s'était longtemps contentée de présenter des feuilletons américains doublés (...) réalisa son premier feuilleton en 1957 (BAILLY-ROCHE 1967).
[P. réf. au caractère mièvre, conventionnel ou imprévu du feuilleton, supra C 2] Tout ça, c'est classique, (...) tout ça, c'est du feuilleton, du fait divers ou quelque chose d'aussi bête (DUHAMEL, Nuit St-Jean, 1935, p. 34). Je m'efforce seulement d'y voir clair... et de ne pas tomber dans le roman feuilleton (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 77) :
6. L'entrefilet de France-Soir rapportait que le docteur Baumal, suspect d'avoir travaillé avec la Gestapo et qui venait de bénéficier d'un non-lieu, avait été trouvé à l'aube assassiné dans sa maison d'Attichy (...). Ça sentait le roman-feuilleton, cette histoire...
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 149.
REM. 1. Feuilletonesque, adj. Qui a rapport au roman-feuilleton. Sa crainte un brin feuilletonesque de tout à l'heure (COLETTE, Cl. s'en va, 1903, p. 305). 2. Feuilleton(n)iser, (Feuilletoniser, Feuilletonniser)verbe. a) Emploi trans. Découper en séquences comme un feuilleton (avec l'idée de rebondissement dramatique imprévu, la séquence d'un feuilleton s'achevant généralement sur un moment de suspens). Il [le rideau] en rompt la durée [du drame], en fragmente le temps (...). L'emprise cesse, et généralement aux moments où elle est la plus forte. Toutes proportions gardées, le rideau feuilletonnise le drame (SERRIÈRE, T.N.P., 1959, p. 92). b) Emploi intrans. Faire le feuilleton (cf. supra B p. méton.) dans un journal (attesté par LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Lar. 20e).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1. 1790 « petit cahier de feuillets du format in-12 » (Encyclop. méthod. Manufactures, arts et métiers, Paris, 1784-1828, t. 3, p. 225); 2. 1811 « article de journal occupant la partie inférieure d'une page » (JOUY, Hermite, t. 1, p. 63). Dimin. de feuillet; suff. -on. Fréq. abs. littér. :576. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 961, b) 1 825; XXe s. : a) 713, b) 221. Bbg. Inform. (L.). par P. Albert ... Paris, 1977, p. 42. — MAT. Louis-Philippe. 1951, p. 103, 106. — MATTAUCH (H.). Ein früher Beleg für nfrz. feuilleton. Arch. St. n. Sp. 1963, t. 200, pp. 59-60. — QUEM. DDL t. 3, 14 (s.v. feuilleton(n)esque).

feuilleton [fœjtɔ̃] n. m.
ÉTYM. 1790; de feuillet.
1 Imprim., vx. Petit cahier de format in-douze contenant le tiers de la feuille d'impression.
Mod. Papier fort (carte) de qualité inférieure.
2 (1811). Cour. Partie réservée au bas d'un journal pour une rubrique régulière.Article (de littérature, de sciences, de critique…) qui paraît régulièrement dans un journal, généralement au bas d'une page. || Être chargé du feuilleton critique, cinématographique dans un quotidien. Article, chronique, rubrique.
1 (…) Vous ôtez une proie Au feuilleton méchant qui bondissait de joie Et d'avance poussait des rires infernaux Dans l'antre qu'il se creuse au bas des grands journaux.
Hugo, les Voix intérieures, XXII.
2 Un auteur écrivait pour dix mille lecteurs; on lui donne le feuilleton critique d'un hebdomadaire : il en aura trois cent mille, même si ses articles ne valent rien.
Sartre, Situations II, p. 269.
3 Fragment, chapitre d'un roman qui paraît régulièrement dans un journal. || Lire le feuilleton du jour. || Feuilleton illustré.
3 « Fortunio », qui date à peu près de cette époque, fut inséré d'abord au Figaro sous forme de feuilletons, qui se détachaient du journal et se pliaient en livre.
Th. Gautier, Portraits contemporains, p. 10.
4 Le mode de publication en feuilletons, qui obligeait, à chaque nouveau chapitre de frapper un grand coup sur le lecteur, avait poussé les effets et les tons du roman à un diapason extrême, désespérant, et plus longtemps insoutenable.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. II, M. de Balzac, p. 463.
4.1 Le feuilleton intoxique autant que le génie; mais pas de la même façon. Pour son lecteur, un tome de Rocambole en appelle un autre, et pour le lecteur de Dostoïevski, les Karamazov appelle Macbeth.
Malraux, l'Homme précaire et la Littérature, p. 263.
Histoire, narration fragmentée. || Écouter le feuilleton à la radio; regarder le feuilleton à la télé. || Séries et feuilletons.
Littérature narrative conventionnelle et sans valeur, ou tirant ses effets du sentiment d'imprévu. || En fait de chef-d'œuvre, c'est du feuilleton !Histoire invraisemblable par ses péripéties.(En parlant d'un récit non écrit et non littéraire, de faits réels). || Personne ne croira à son histoire, c'est un vrai feuilleton (→ ci-dessous, Roman-feuilleton).
(Vx, feuilleton-roman). || Roman-feuilleton : roman qui paraît par fragments dans un journal. || Lire, suivre le roman-feuilleton d'un quotidien du soir.Par ext. Roman d'aventures de caractère populaire, le plus souvent sans valeur littéraire. || Acheter un feuilleton, un roman-feuilleton dans un kiosque.
5 (…) l'homme qui n'aime pas la musique aime les romances ou les marches, l'homme qui n'aime pas la poésie aime les feuilletons, l'homme qui n'aime pas la peinture aime les photos de stars, le Rêve ou les chats dans les paniers.
Malraux, les Voix du silence, p. 276.
6 (…) cette grande banlieue équivoque autour de Paris, cadre des scènes les plus troublantes des romans-feuilletons et des films à épisodes français, où tout un dramatique se révèle.
Aragon, le Paysan de Paris, p. 167.
Fig. Histoire invraisemblable. || C'est du roman-feuilleton !
DÉR. Feuilletonesque, feuilletoniste, feuilletonner.
HOM. Forme du v. feuilleter.

Encyclopédie Universelle. 2012.