fiel [ fjɛl ] n. m.
• 1160; lat. fel « bile, fiel »
1 ♦ Vx Bile. — Mod. Bile des animaux de boucherie, de la volaille. Fiel de bœuf.
2 ♦ Métaph. Amertume qui s'accompagne de mauvaise humeur, de méchanceté. ⇒ acrimonie, aigreur, animosité, haine. Propos pleins de fiel. ⇒ fielleux. « le fiel que distille la critique sur les beaux-arts » (Lautréamont).
● fiel nom masculin (latin fel) Synonyme de bile. Littéraire. Amertume des sentiments, humeur caustique : Propos plein de fiel. ● fiel (citations) nom masculin (latin fel) Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux Paris 1636-Paris 1711 Tant de fiel entre-t-il dans l'âme des dévots ? Le Lutrin Plaute, en latin Maccius (ou Maccus) Plautus Sarsina, Ombrie, vers 254-Rome 184 avant J.-C. L'amour est très riche en miel comme en fiel. … amor et melle et felle est fecundissimus. La Cassette, I, 69 ● fiel (synonymes) nom masculin (latin fel) Littéraire. Amertume des sentiments, humeur caustique
Synonymes :
- âcreté
- haine
- hostilité
Synonymes :
- bile
fiel
n. m.
d1./d Bile de certains animaux.
d2./d Fig. Animosité engendrée par l'amertume. Des propos pleins de fiel.
⇒FIEL, subst. masc.
A.— Liquide amer, verdâtre, contenu dans la vésicule biliaire.
1. Vieilli. Synon. de bile. La bile subit, dans la vésicule du fiel, des altérations manifestes (CUVIER, Anat. comp., 1805, p. 37).
2. Bile des animaux de boucherie, de la volaille, etc. Le fiel du poisson de Tobie; enlever la poche de fiel. Ça sent l'amer, ça sent l'aubépine. C'est le foie. Du fiel vert gicle sur son pouce (GIONO, Regain, 1930).
— P. ext. Substance amère. Boire le vinaigre et le fiel. Et les clous, et la lance, et l'éponge de fiel (MÉNARD, Rêv. païen, 1876, p. 80).
— Spéc., PEINT. Fiel de bœuf. ,,Liquide vert qui (...) sert de fixatif pour les dessins au crayon que l'on veut enluminer`` (ADELINE, Lex. termes art, 1884, p. 209).
♦ Expr., fam. Comment, pas vrai? attends, fiel de corbeau (CLAUDEL, Violaine, 1892, I, p. 501).
B.— Au fig.
1. Sentiment d'amertume, de douleur. Le fiel des rancunes; boire à la coupe de fiel; goûter le fiel avant le miel. Vous m'abreuvez de fiel et d'absinthe, vous rouvrez toutes mes blessures (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 26) :
• 1. Dès ce moment, il fallait commencer avec cette femme la guerre odieuse dont lui avait parlé Derville, entrer dans une vie de procès, se nourrir de fiel, boire chaque matin un calice d'amertume.
BALZAC, Chabert, 1832, p. 128.
2. Animosité plus ou moins sourde, haine contre quelqu'un ou quelque chose. Le fiel des envieux; une âme, une satire pleine de fiel; des regards chargés de fiel; avoir le fiel à, dans la bouche; épancher son fiel. Synon. poison, venin. Je n'ai jamais senti dans mon cœur de fiel pour l'émigré (BALZAC, Lys, 1836, p. 59). Donnant libre cours au fiel qui l'étranglait (COURTELINE, Train de 8 h 47, 1888, 2e part., 3, p. 127) :
• 2. ... les notes de la vie de Senèque par Diderot, écrits pleins de fiel et dictés par l'envie...
MARAT, Pamphlets, Charlatans mod., 1791, p. 283.
— Expr. Sans fiel. Sans aucune méchanceté. Bon et tendre avec ses familiers, aimable, léger, sans fiel (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 257). N'avoir pas plus de fiel qu'un pigeon (le foie du pigeon ne contient pas de fiel). Elle avait le cœur sur la main et pas plus de fiel qu'un pigeon (SUE, Myst. Paris, t. 5, 1843, p. 178).
REM. Fieller, verbe trans. Écrire avec fiel. Il [le général] avait fiellé des articles nombreux contre les turpitudes et les hontes du règne (CÉARD, Soir. Médan, Saignée, 1880, p. 171).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin Xe s. fel « sécrétion du foie (spécialement en parlant d'animaux) » (Passion, éd. D'A. S. Avalle, 279); 2. 1160-74 fiel fig. « amertume qui s'accompagne de haine, d'animosité » (WACE, Le Roman de Rou, éd. A. J. Holden, I, 1104). Empr. au lat. class. fel de mêmes sens. Fréq. abs. littér. :401. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 931, b) 754; XXe s. : a) 424, b) 251.
fiel [fjɛl] n. m.
ÉTYM. 1160, au sens 2. (fig.); du lat. fel « bile, fiel ».
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♦ Littéraire ou style soutenu.
1 (XIIIe). Vx. Bile. — Mod. Bile des animaux de boucherie, de la volaille. || Fiel de bœuf (→ Canal, cit. 12). || Amer comme fiel.
1 Ou bien quand Juvénal, de sa mordante plume
Faisant couler des flots de fiel et d'amertume,
Gourmandait en courroux tout le peuple latin (…)
Boileau, Satires, VII.
2 Robespierre avait bu du fiel tout ce que contient le monde.
Michelet, Hist. de la Révolution française, XXI, X.
♦ (V. 1160). Plus cour. Amertume qui s'accompagne de mauvaise humeur, de jalousie ou d'hypocrisie. ⇒ Acrimonie, animosité, haine. || Paroles pleines d'aigreur et de fiel (→ Épancher, cit. 11). || Décharger son fiel en propos haineux. || Écrivain dont la plume est trempée dans le fiel. || Compliment plein de fiel (→ Clôturer, cit. 1; emmieller, cit. 1). ⇒ Hostilité, malveillance. || Une âme sans fiel (→ Apporter, cit. 25; courroucer, cit. 2).
3 Tant de fiel entre-t-il dans l'âme des dévots ?
Boileau, le Lutrin, I.
4 (…) en lançant un regard plein de fiel, de haine et de défi.
Balzac, Ursule Mirouët, Pl., t. III, p. 428.
5 Voyez. Cet homme est juste, il est bon; c'est un sage. Nul fiel intérieur ne verdit son visage (…)
Hugo, les Voix intérieures, XXVIII.
6 Et l'envie, l'envie amère, lui tombait dans l'âme goutte à goutte, comme un fiel qui corrompait toutes ses joies, rendait odieuse son existence.
Maupassant, Bel-Ami, II, 7.
7 (…) le fiel que distille la critique sur les beaux-arts, sur les sciences, sur tout. Si quelqu'un a du génie, on le fait passer pour un idiot; si quelque autre est beau de corps, c'est un bossu affreux.
Lautréamont, les Chants de Maldoror, I, p. 27.
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CONTR. Joie. — Bienveillance, bonté.
DÉR. et COMP. Fielleux. Enfieller.
Encyclopédie Universelle. 2012.