fléau [ fleo ] n. m. I ♦
1 ♦ Instrument à battre les céréales, composé de deux bâtons liés bout à bout par des courroies. Battre le blé avec le fléau, au fléau. « Un fléau, au long manche et au battoir de cornouiller, que des boucles de cuir reliaient entre eux » (Zola).
2 ♦ (XIVe) Anciennt FLÉAU D'ARMES : arme offensive composée d'un manche court terminé par une chaîne au bout de laquelle était attachée une boule hérissée de clous. ⇒ plombée, plommée.
3 ♦ (1549) Pièce rigide (d'une balance), mobile dans le plan vertical, aux extrémités de laquelle sont fixés les plateaux. ⇒ joug. « de tout petits phénomènes [qui] inclinaient de-ci de-là le fléau de la balance » (A. Gide).
II ♦ (flaiel Xe)
1 ♦ Personne ou chose qui semble être l'instrument de la colère divine. Attila, le fléau de Dieu.
2 ♦ Calamité qui s'abat sur une population. ⇒ cataclysme, catastrophe, désastre. Le fléau de la guerre, de la peste. Les fléaux de la nature : avalanche, inondation, raz de marée. Fléaux sociaux (alcoolisme, drogue...). « Le fléau n'est pas à la mesure de l'homme, on se dit donc que le fléau est irréel, c'est un mauvais rêve qui va passer » (Camus).
3 ♦ Personne, chose nuisible, funeste, redoutable. ⇒ plaie. L'ennui, fléau de la solitude. « Mon père était la terreur des domestiques, ma mère le fléau » (Chateaubriand). « Elle impatienta ses adversaires, ses partenaires, et devint le fléau de la société » (Balzac). — Par exagér. Quel fléau ce gosse ! ⇒ poison.
● fléau nom masculin (latin flagellum, fouet) Instrument pour battre les grains, formé d'un manche et d'un battoir en bois reliés l'un à l'autre par des courroies. Pièce oblongue, pivotant autour d'un axe horizontal, aux extrémités de laquelle sont suspendus les plateaux d'une balance. Grande calamité publique : La guerre est un fléau. Personne ou chose qui est une catastrophe par son caractère nuisible, importun : Ce bavard est un véritable fléau. Bascule chargée d'un contrepoids, qui sert à fermer une écluse. Armature sur laquelle les vitriers portent leur verre à vitres. ● fléau (expressions) nom masculin (latin flagellum, fouet) Littéraire. Le Fléau de Dieu, surnom donné à Attila. Fléau d'armes, arme offensive formée d'une masse hérissée de pointes et reliée à un manche par une chaîne (XIe-XVIe s.). ● fléau (synonymes) nom masculin (latin flagellum, fouet) Grande calamité publique
Synonymes :
- désastre
- malheur
- peste
Personne ou chose qui est une catastrophe par son caractère...
Synonymes :
- calamité
- chancre
- lèpre
- plaie
fléau
n. m.
rI./r
d1./d Instrument pour battre les céréales, constitué d'un manche et d'un battoir en bois reliés par une courroie.
d2./d Barre horizontale qui supporte les plateaux d'une balance.
d3./d (Viêt-nam) Palanche.
rII./r Fig.
d1./d Grande calamité. La peste et le choléra, fléaux de l'Europe médiévale.
— Par ext. (à propos d'une personne.) Attila, fléau de Dieu.
d2./d Ce qui est redoutablement nuisible, dangereux. Les criquets, fléau des récoltes. La corruption, fléau d'une société.
⇒FLÉAU, subst. masc.
I.— Domaines techn.
A.— AGRIC. Instrument servant à battre les céréales, formé d'un manche et d'un battoir reliés entre eux par des courroies. Battre le blé au fléau, avec le fléau. Inclinant cette gerbe [de folle-avoine] sur le bord de la pirogue, ils la frappoient avec un fléau léger; le grain mûr tomboit dans le fond du canot (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 327) :
• 1. Autrefois on décortiquait le blé soit au fléau, soit à la traîne et au rouleau. Pour le battre au fléau on apportait les gerbes sur l'aire, on les y étalait. On les disposait à la file, débordant les unes sur les autres, comme des écailles de poisson, de manière à ce que les grains seuls dépassent. Et quatre par quatre on abattait dessus les fléaux, les deux premiers frappant, tandis que les deux autres levaient l'outil.
PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 145.
— P. méton. Partie de cet instrument servant de battoir. Le manche et le fléau (LITTRÉ).
— P. métaph. (cf. aussi infra II). Dans l'immense grange de l'univers, le fléau implacable [la peste] battra le blé humain jusqu'à ce que la paille soit séparée du grain (CAMUS, Peste, 1947, p. 387).
B.— P. anal.
1. ARM., vx. Fléau d'armes. Arme contondante du moyen-âge, en forme de fléau, comprenant un manche court et une chaîne terminée par une masse métallique armée ou non de pointes. Votre parole rappelle le fléau d'armes que tiennent vos aïeux, aux bas-reliefs de Korsabad... (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 110).
2. TECHNOL. Barre mobile autour d'un axe. Des norias nous attirent — ou quel autre nom donner à ces appareils élévateurs, simple fléau, porteur à l'une de ses extrémités d'un récipient, à l'autre d'un contrepoids (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 871).
a) Levier d'une balance, fait d'une tige métallique horizontale oscillant autour d'un axe et aux extrémités de laquelle sont fixés les plateaux ou sur laquelle on fait avancer le contrepoids (comme dans la balance romaine). Et les deux plateaux restèrent de niveau. Le fléau ne penchait plus ni à droite ni à gauche et l'aiguille marquait l'égalité parfaite des deux poids (FRANCE, Puits ste Claire, 1895, p. 86).
b) Bascule à contrepoids servant à fermer une écluse. (Dict. XIXe et XXe s.).
c) Barre de fer mobile servant à fermer les deux battants d'une porte cochère ou les deux volets d'une persienne. [Le] fléau [est un] objet ayant la forme d'une poignée d'espagnolette et se manœuvrant de la même façon; il sert surtout à la fermeture des persiennes (E. ROBINOT, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 3, 1928, p. 71).
II.— Au fig.
A.— [Avec réminiscence du lat. flagellum « fouet » (instrument qui châtie)]
1. Fléau de Dieu, du ciel. Personne ou chose considérée comme l'instrument de la colère divine affligeant l'être humain ou l'humanité. Oublions les pins brûlés, les illusions perdues. Le fléau nettoie et purifie. Nous sommes délivrés de ce que Dieu a détruit (MAURIAC, Journal 3, 1940, p. 215) :
• 2. ... mais l'on peut, et l'on doit assurer en général, que tout mal physique est un châtiment; et qu'ainsi ceux que nous appelons les fléaux du ciel, sont nécessairement la suite d'un grand crime national, ou de l'accumulation des crimes individuels...
J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersbourg, t. 1, 1821, p. 310.
— Spéc. Le Fléau de Dieu. Attila. Une autre production de Werner, bien belle et bien originale, c'est Attila. L'auteur prend l'histoire de « ce fléau de Dieu » au moment de son arrivée devant Rome (STAËL, Allemagne, t. 3, 1810, p. 141).
♦ P. plaisant. Elle serait un fléau, un de ces beaux fléaux de Dieu, un de ces Attilas femelles qui ravagent le monde sans épée (BARB. D'AUREV., Memor. 1, 1836, p. 17).
2. Loc. Sous le fléau de. Sous le fouet, sous les coups répétés de. Chez eux [les commerçants en gros], la torsion physique s'accomplit sous le fouet des intérêts, sous le fléau des ambitions (BALZAC, Fille yeux d'or, 1835, p. 328) :
• 3. Qu'est-ce qu'une légère incommodité aux yeux de celui qui est tourmenté par d'horribles souffrances et qui est sous le fléau des derniers supplices?
SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 66.
B.— Dans la lang. cour.
1. Grand malheur d'origine naturelle ou humaine qui frappe et ravage une collectivité. Fléau cruel, terrible; le fléau de la guerre. La guerre est-elle moins fléau que l'émeute n'est calamité? (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 269). Les fléaux sociaux sont non seulement le résultat d'un agent pathogène, mais aussi de conditions de vie, de climat, d'habitation, de travail, de comportement, de possibilité ou d'habitude alimentaire... Ils se caractérisent par leur puissance d'extension et de multiplication (DEGUIRAL, Hyg. soc., 1953, p. 12) :
• 4. Le journal de Pepys fait revivre avec un réalisme simple et terrible, les deux fléaux qui ravagèrent Londres, à cette époque : la grande peste, le grand incendie.
MORAND, Londres, 1933, p. 23.
SYNT. Grand, horrible fléau; fléau dangereux, destructeur, funeste; fléaux naturels; le fléau de la famine, de la peste, de la petite-vérole; fléaux de l'humanité, du peuple.
— P. méton. Personne qui provoque une calamité publique. Philippe le Bel avoit marié sa fille Isabelle à Édouard II, roi d'Angleterre; elle fut mère d'Édouard III, autre fléau de la France (CHATEAUBR., Ét. ou Disc. hist., t. 3, 1831, pp. 352-353).
2. P. ext. Ce qui détruit, ravage quelque chose (matériel ou moral) ou quelqu'un. Lélia était son fléau, son démon, son génie du mal, le plus dangereux ennemi qu'il eût dans le monde (SAND, Lélia, 1833, p. 48). On sait dans quelles conditions ces vignes américaines véhiculèrent avec elles trois fléaux du vignoble, l'oïdium (1852), le phylloxéra (1868) et le mildiou (1878) (LEVADOUX, Vigne, 1961, p. 32) :
• 5. Ce qu'il faut défendre, c'est le dialogue et la communication universelle des hommes entre eux. La servitude, l'injustice, le mensonge sont des fléaux qui brisent cette communication et interdisent le dialogue.
CAMUS, Actuelles I, 1944-48, p. 177.
3. P. hyperb. Personne ou chose néfaste, pénible ou très désagréable. Fléau de la famille, de la maison; fléau de la littérature. Je n'avais jamais connu de coquette. Quel fléau! (CONSTANT, Journaux, 1814, p. 410). L'ennui était un fléau qui m'avait terrorisée dès l'enfance (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 180) :
• 6. ... ses manières rondes [de Jansoulet] (...) le reposaient [le duc] (...) de ce fléau administratif et courtisanesque dont il avait horreur, — la phrase, — si grande horreur qu'il n'achevait jamais la période commencée.
A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 40.
Prononc. et Orth. :[fleo]. Ds Ac. dep. 1694. Ac. 1694 et 1718 : fleau. Prononc. hésitante tant que la graphie ne l'a pas fixée, v. BUBEN 1935, § 75. ,,Observez la prononciation emphatique des mots comme monstrueux, fléau, géant, créer, Baal : on entend à peu près [], [fleho], [], [], [bahal]`` (NYROP Phonét. 1951, § 65). Étymol. et Hist. I. 1. 2e moitié Xe s. « peine » (St Léger, éd. J. Linskill, 179); 2. ca 1160 « arme du moyen âge » (Eneas, 5579 ds T.-L.); 3. 1178 « instrument qui sert à battre les céréales » flael (Roman de Renart, éd. M. Roques, I, 655). II. 1549 fleau « levier de la balance » (EST.). Du lat. flagellum « fouet », en lat. chrét. « punition » et spéc. « punition de Dieu » puis « peine »; a pris au IVe s. le sens d'« instrument pour battre les céréales ». Fréq. abs. littér. :843. Fréq. rel. littér. :XIXe s. . a) 1 973, b) 849; XXe s. : a) 812, b) 957.
fléau [fleo] n. m.
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1 Instrument à battre les céréales, composé de deux bâtons liés bout à bout par des courroies, l'un plus long servant de manche, l'autre plus court (⇒ Battoir) servant de battant. || Battre le blé avec le fléau, au fléau. || Battage (cit. 1) au fléau.
1 Elle prit un fléau, au long manche et au battoir de cornouiller, que des boucles de cuir reliaient entre eux. C'était le sien, poli par le frottement, garni d'une ficelle serrée, pour qu'il ne glissât pas. À deux mains, elle le fit voler au-dessus de sa tête, l'abattit sur la gerbe, que le battoir, dans toute sa longueur, frappa d'un coup sec. Et elle ne s'arrêta plus, le relevant très haut, le repliant comme sur une charnière, le rabattant ensuite, dans un mouvement mécanique et rythmé de forgeron (…)
Zola, la Terre, III, VI.
♦ Par métonymie. Le battoir de cet instrument.
2 (XIVe). Anciennt. || Fléau d'armes : arme contondante composée d'un manche court terminé par une chaîne au bout de laquelle était attachée une boule hérissée de clous (arme utilisée du XIIIe au XVe siècle). ⇒ Fouet (de guerre), plombée, plommée. || Le nunchaku, arme japonaise voisine du fléau d'armes.
3 (1549). Pièce rigide (d'une balance), mobile dans un plan vertical et qui joue le rôle de levier. ⇒ Joug, traversant, traversin, verge. || Le fléau est horizontal lorsque les deux plateaux sont en équilibre. || Le fléau de la balance oscille autour du couteau.
1.1 Il n'y a point de miracle si je dispose en étoile des fléaux de la balance tous égaux, et très proches les uns des autres.
Alain, Entretiens au bord de la mer, V, in les Passions et la Sagesse, Pl., p. 1303.
♦ Techn. Barre de fer mobile destinée à fermer les deux battants d'une porte cochère ou ceux d'une persienne. — Bascule à contre-poids qui sert à fermer une écluse. — Crochet sur lequel les vitriers portent leurs verres.
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II (Xe, flaiel). Fig.
1 Littér. Personne ou chose qui semble être l'instrument de la colère divine. || Fléau de Dieu, du ciel. — Spécialt. || Attila, le fléau de Dieu. || Dieu envoya un fléau pour châtier les Égyptiens et permettre l'exode des Hébreux. ⇒ Plaie (les dix plaies d'Égypte).
2 On me craint, on me hait; on me nomme en tout lieu
La terreur des mortels et le fléau de Dieu.
Corneille, Attila, III, 1.
3 Ô Dieu, que nous recevons mal les afflictions ! (…) notre faiblesse gémit sous les fléaux de Dieu, et notre cœur endurci ne se change pas.
Bossuet, 1er Sermon pour la Quinquagésime, 2.
4 J'ai bien vu un philosophe déifier aussi la gloire et diviniser ce fléau de Dieu. Je n'ai fait qu'en rire.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. III, p. 290.
♦ ☑ Loc., vx. Sous le fléau de… : sous les coups de…
2 Cour. Calamité qui s'abat sur un peuple. ⇒ Cataclysme, catastrophe, désastre, malheur. || Un terrible fléau qui désole (cit. 3), ravage une contrée. || Les pays où sévit ce fléau (→ Famine, cit. 3). || Victimes d'un fléau. || Le fléau de la guerre, de la peste. || Les fléaux de la nature : avalanche, inondation, raz de marée.
5 Un grand peuple assailli par la guerre n'a pas seulement ses frontières à défendre : il a aussi sa raison. Il lui faut la sauver des hallucinations, des injustices, des sottises, que le fléau déchaîne.
R. Rolland, Au-dessus de la mêlée, p. 1.
6 Nos concitoyens (…) ne croyaient pas aux fléaux. Le fléau n'est pas à la mesure de l'homme, on se dit donc que le fléau est irréel, c'est un mauvais rêve qui va passer. Mais il ne passe pas toujours et, de mauvais rêve en mauvais rêve, ce sont les hommes qui passent, et les humanistes, en premier lieu, parce qu'ils n'ont pas pris leurs précautions.
Camus, la Peste, p. 50.
3 (1580). Personne, chose nuisible, funeste, redoutable. || Mauvais sujet qui est le fléau de sa famille. || L'ennui (cit. 13), fléau de la solitude. || La vénalité, fléau de la société. ⇒ Chancre. || Le fléau des importuns. — Par exagér. || Ce type est un véritable fléau avec ses rodomontades.
7 La timidité a été le fléau de toute ma vie; elle semblait obscurcir jusqu'à mes organes, lier ma langue, mettre un nuage sur mes pensées, déranger mes expressions.
Montesquieu, Cahiers, p. 9.
7.1 O Messieurs ! m'écriai-je, en étendant les bras vers eux, daignez avoir pitié d'une malheureuse dont le sort est plus à plaindre que vous ne pensez; il est bien peu de revers qui puissent égaler les miens; que la situation où vous m'avez trouvée ne vous fasse naître aucun soupçon sur moi; elle est la suite de ma misère, bien plutôt que de mes torts; loin d'augmenter les maux qui m'accablent, veuillez les diminuer en me facilitant les moyens d'échapper aux fléaux qui me poursuivent.
Sade, Justine…, t. I, p. 67.
8 (…) avec de la douceur d'âme, elle grondait toujours : mon père était la terreur des domestiques, ma mère le fléau.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. I, p. 34.
9 Tracassière, geignant toujours quand elle perdait, d'une joie insolente quand elle gagnait, processive, taquine, elle impatienta ses adversaires, ses partenaires, et devint le fléau de la société.
Balzac, Pierrette, Pl., t. III, p. 676.
10 (…) les filles prostituées sont le plus grand fléau des mœurs publiques, auxquelles elles insultent, et l'opprobre de la société qu'elles flétrissent.
France, Les dieux ont soif, p. 212.
Encyclopédie Universelle. 2012.