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harangue

harangue [ 'arɑ̃g ] n. f.
• 1461; it. aringa, ou bas lat. harenga, frq. °hring
1Discours solennel prononcé devant une assemblée, un haut personnage. Harangue violente. catilinaire, philippique. Faire, prononcer une harangue. La tribune aux harangues d'Athènes.
2Discours pompeux et ennuyeux; remontrance interminable ( sermon).

harangue
n. f.
d1./d Discours solennel prononcé à l'intention d'un personnage officiel, d'une assemblée, d'une troupe.
d2./d Péjor. Discours ennuyeux, admonestation interminable.

⇒HARANGUE, subst. fém.
Discours solennel fait devant une personne d'un rang ou d'une dignité élevés, une assemblée ou une foule. Prononcer une harangue; une belle harangue; harangue militaire, politique. Cette allusion à la harangue de l'académicien reçu, qui, en dissertant des Césars, avait surtout critiqué Napoléon, fit sourire sa majesté (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 176). Pujol, chef de section aux ateliers nationaux, (...) donna le signal du soulèvement par une harangue aux ouvriers sur la place de la Bastille (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 192). L'héritage des prophètes, ce sont des recueils de harangues, directes ou allégoriques, véhémentes, sévères, attendries, consolantes (WEILL, Judaïsme, 1931, p. 120) :
1. Le peuple revoit en lui [Caïus] Tibérius, mais plus véhément, plus passionné. Sa pantomime était vive et animée, il se promenait par toute la tribune aux harangues. Sa voix puissante emplissait tout le forum, et il était obligé d'avoir derrière lui un joueur de flûte qui la ramenait au ton et en modérait les éclats.
MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 139.
SYNT. Écouter, lire, préparer, terminer une harangue; une brève, une pathétique harangue; harangue éloquente, officielle, pompeuse, solennelle, violente; harangue d'un ambassadeur, d'un chef militaire, d'un député, d'un magistrat, d'un maire, d'un sénateur; harangues de Cicéron, de Démosthène.
P. ext. Discours fait selon des règles, selon un protocole et dont on attend un résultat. Deux Indiens qui paraissaient avoir quelque autorité sur les autres, s'avancèrent; ils me firent très-gravement une assez longue harangue dont je ne compris pas un mot (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 121). Le tabellion s'avançait au trot de sa bête et repassait dans son esprit la harangue qu'il allait débiter à M. Levrault (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 22) :
2. ... je suis à vos ordres, moi, et mon esprit, et ma science, et mes lettres, prêt à vivre avec vous, damoiselle, comme il vous plaira, chastement ou joyeusement, mari et femme, si vous le trouvez bon, frère et sœur, si vous le trouvez mieux. Gringoire se tut, attendant l'effet de sa harangue sur la jeune fille. Elle avait les yeux fixés à terre.
HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 122.
Péj., cour. Discours ennuyeux. Une creuse, fastidieuse interminable, sotte harangue. Quand aura-t-il fini sa harangue? (LITTRÉ). Monsieur, trêve à tant d'insistance (...) d'absurdes on-dit vous ont mal avisé, veuillez donc m'épargner d'inutiles harangues (COURTELINE, Conv. Alceste, 1905, II, p. 30) :
3. J'en arrive, après avoir terminé ces volumes, à ne même plus me rappeler les incontinentes descriptions, les insipides harangues qu'ils renferment; il ne me reste que la surprise de penser qu'un homme a pu écrire trois ou quatre cents pages, alors qu'il n'avait absolument rien à nous révéler, rien à nous dire.
HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 9.
REM. Haranguerie, subst. fém. Mauvaise harangue. Les armes de Satan c'est la criaillerie, (...) Et l'avocasserie et la haranguerie (PÉGUY, Tapisserie Ste Geneviève et J. d'Arc, 1913, p. 87).
Prononc. et Orth. : [] avec init. asp. FÉR. 1787 ,,La harangue (...), et non pas l'harangue``. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1461 harangue (VILLON, Requête au Prince ds Lais Villon, éd. J. Rychner et A. Henry, p. 51, 38). Empr. à l'ital. ar(r)inga « discours public » (attesté dep. le XIIIe s., B. LATINI ds BATT.; également à l'orig. de l'a. prov. arengua et du cat. arenga « id. », tous deux attestés ca 1300, v. FEW t. 16, p. 246b et COR., s.v. arenga) prob. formé sur ar(r)ingo « arène » (dep. mil. XIIIe s., Novellino ds BATT.), aussi « place publique; lieu de rassemblement » (cf. lat. médiév. arengum attesté en 1328 à Padoue ds DU CANGE), lui-même issu, avec a intercalé, du got. hriggs (prononcé hrings) correspondant à l'a.b.frq. hring « cercle, anneau » (cf. rang; v. FEW t. 16, p. 246). Bien que dans cette hyp. le h initial du mot fr. fasse difficulté (BL.-W.4-5 l'explique par le fait que l'a.prov. connaissait arengua, et que l'anal. de nombreux mots qui ont un h en fr. en regard des formes prov. sans h aurait pu faire apparaître cette initiale en fr.), on ne peut admettre un empr. à l'a.b.frq. hari-hring « rassemblement de la foule, de l'armée » (EWFS1-2) car, en raison de l'ancienneté et de la polysémie du mot en italien, celui-ci est sans aucun doute à l'orig. du terme dans les autres lang. romanes. Fréq. abs. littér. : 227. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 637, b) 333; XXe s. : a) 190, b) 127.

harangue ['aʀɑ̃g] n. f.
ÉTYM. V. 1461, Villon; ital. aringa, du gotique hariggs, var. de hriggs; du francique hring « cercle, rang ».
1 (Déb. XVIe). Discours solennel prononcé devant une assemblée, un haut personnage. Allocution, discours (cit. 10), oraison (vx). → Écrivain, cit. 1. || Harangue véhémente, violente. Catilinaire, philippique. || Une courte harangue. || Harangue pompeuse, solennelle, emphatique. Prosopopée. || Faire, prononcer une harangue (→ Blandice, cit. 4). || Harangue d'un député (cit. 1), d'un sénateur, d'un tribun romain.La tribune aux harangues d'Athènes s'élevait sur le Pnyx.
1 (…) présenter des harangues ou des disputes de rhétorique à une compagnie assemblée pour rire et faire bonne chère, ce serait un mélange de trop mauvais accord.
Montaigne, Essais, t. I, XXVI.
2 Les harangues sont une autre espèce de mensonge oratoire que les historiens se sont permis autrefois. On faisait dire à ses héros ce qu'ils auraient pu dire.
Voltaire, Hist. de l'Empire de Russie, Préface, VII.
3 (…) ce jour-là, il trouva d'instinct l'éloquence militaire dont il est le modèle; il inventa la harangue à l'usage de la valeur française et faite pour l'électriser. Henri IV avait eu des traits d'esprit (…) mais, ici, il fallait une éloquence (…) à la mesure de ces armées sorties du peuple, la harangue brève, familière, monumentale. Du premier jour, au nombre de ses moyens de grande guerre, Napoléon trouva celui-là.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 17 déc. 1849, t. I, p. 184.
4 Il y a, dans nos races jacassières, des individus qui accepteraient avec moins de répugnance le supplice suprême, s'il leur était permis de faire du haut de l'échafaud une copieuse harangue, sans craindre que les tambours de Santerre ne leur coupassent intempestivement la parole.
Je ne les plains pas, parce que je devine que leurs effusions oratoires leur procurent des voluptés égales à celles que d'autres tirent du silence et du recueillement; mais je les méprise.
Baudelaire, le Spleen de Paris, XXIII.
4.1 C'est elle (Mascha) qui rédigeait nos proclamations, ces manifestes et ces tracts qui eurent une si grosse influence sur la masse et qui déclenchèrent tant de grèves et causèrent tant de ravages. Elle avait le génie de la harangue, et personne ne savait mieux qu'elle faire appel aux bas instincts de la foule.
B. Cendrars, Moravagine, Œ. compl., t. V, p. 114.
5 Il est rare qu'ils (les héros d'Homère) en viennent aux coups sans, préalablement, s'être adressé de longues harangues qui sont parfois poétiques et toujours instructives.
G. Duhamel, Refuges de la lecture, p. 30.
2 (V. 1530). Discours pompeux et ennuyeux; remontrance, réprimande interminable ( Sermon). → Après, cit. 70. || Épargnez-nous vos harangues.
6 — (Voici) de quoi te délier la langue.
— Elle ira faire encor quelque sotte harangue !
Molière, le Dépit amoureux, I, 4.
DÉR. Haranguer.
HOM. Formes du v. haranguer.

Encyclopédie Universelle. 2012.