1. importer [ ɛ̃pɔrte ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1382 t. de fin.; it. importare; repris 1669, angl. to import, lat. importare
1 ♦ Introduire dans un pays (des produits en provenance de pays étrangers). La France importe du café, des machines-outils. — Moto importée du Japon. Dédouaner des marchandises importées.
2 ♦ Par ext. Importer une technologie (⇒ brevet, licence) , de la main-d'œuvre (⇒ immigration) . L'inflation importée, résultant de la hausse des prix des produits étrangers. — Fig. « les deux mots importés par madame de Staël » (Hugo).
♢ Inform. Importer des données : transférer des données externes sur son propre ordinateur ou dans un nouveau logiciel.
⊗ CONTR. Exporter.
importer 2. importer [ ɛ̃pɔrte ] v. intr. et tr. ind. <conjug. : 1; seult à l'inf., au p. prés. et aux troisièmes pers.>
• 1536; it. importare; lat. importare « porter dans », et par ext. « causer, entraîner »
1 ♦ (Choses) IMPORTER À (qqn) :avoir de l'importance, présenter de l'intérêt pour qqn. ⇒ intéresser; importance, important. Le passé m'importe moins que l'avenir. Ton avis m'importe au plus haut point. — Absolt ⇒ compter. La seule chose qui importe. Cela importe peu. — Impers. Il importe de (et inf.). Il importe de ne pas se tromper. — Il importe que (et subj.). « il importe peu que vous l'appeliez [la maladie] peste ou fièvre de croissance » (Camus).
2 ♦ Dans des loc. interrog. ou négatives qui marquent l'indifférence à l'égard d'une chose sans importance, sans conséquence PEU IMPORTE. Peu importe le prix. « Peu importe les noms » (Vercors). Peu m'importe, lui importe : cela m'est, lui est indifférent (⇒ chaloir) . Peu m'importe(nt) leurs critiques ! « Peu m'importent les classes sociales » (A. Gide). « peu m'importe qu'elles me haïssent » (Rousseau). Absolt Peu importe ! — QU'IMPORTE. « Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ? » (Musset). « qu'importaient les paroles ? » (Maurois). « Que m'importe Tous vos autres serments ! » (Hugo). Absolt Je perdis tout « mais que m'importait ! » (Barbey). — N'IMPORTE : cela n'a pas d'importance. Avec ou sans glace ? N'importe, ça m'est égal.
3 ♦ Loc. pron. indéf. (mil. XVIIIe) N'IMPORTE QUI, QUOI [ nɛ̃pɔrtəki, kwa ]. Une personne, une chose quelconque, qui, quoi que ce soit. N'importe qui pourrait entrer. N'importe qui en est capable (cf. Tout un chacun). C'est à la portée de n'importe qui, du premier venu. ⇒ quiconque (cf. Monsieur tout le monde). « C'est dur, hein, de se sentir n'importe qui ? » (Sartre), une personne insignifiante. Un monsieur « qui n'a pas l'air de n'importe qui » (Romains). « Ils causaient de n'importe quoi » (Flaubert ). Péj. C'est vraiment n'importe quoi ! — N'importe lequel, laquelle d'entre nous. Donnez-moi des pommes, n'importe lesquelles.
♢ Loc. adj. indéf. N'IMPORTE QUEL, QUELLE (chose, personne) : une chose, une personne quelconque, quelle qu'elle soit. « des accents capables de convaincre [...] n'importe quel homme » (Romains). ⇒ tout. — Vieilli « elle rachèterait la maison n'importe à quel prix » (Zola). Mod. À n'importe quel prix.
♢ Loc. adv. N'IMPORTE COMMENT, OÙ, QUAND : d'une manière, dans un endroit, à un moment quelconque. Partons n'importe où. Travailler, s'habiller n'importe comment, mal. — N'importe comment, elle arrivera à ses fins, de toute façon.
⊗ CONTR. Indifférer.
● importer verbe transitif indirect (italien importare, du latin importare, susciter) Avoir de l'importance, présenter de l'intérêt (pour quelqu'un) : Votre opinion m'importe peu. Il lui importait peu de tenir sa parole. ● importer (citations) verbe transitif indirect (italien importare, du latin importare, susciter) André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 Que m'importe ce qui n'importe qu'à moi ? Antimémoires Gallimard ● importer (difficultés) verbe transitif indirect (italien importare, du latin importare, susciter) Construction 1. Ce qu'il importe. On emploie ce qu'il importe devant de (+ infinitif) ou devant que (+ subjonctif) : ce qu'il importe de faire ; ce qu'il importe que vous fassiez. 2. Ce qui importe. On emploie ce qui importe dans tous les autres cas : ce qui importe, c'est que vous ne tardiez pas ; être rapide, voilà ce qui importe. Accord 1. N'importe est invariable : il partirait avec n'importe quels compagnons de voyage ; n'importe quelles conditions lui sont bonnes. 2. Peu importe, qu'importe. Le plus souvent, importe s'accorde : peu importent ces questions de détail ; qu'importent ses motivations, s'il est sincère ? L'invariabilité est également admise : peu importe les promesses ; qu'importe les regrets. ● importer (expressions) verbe transitif indirect (italien importare, du latin importare, susciter) N'importe, indique qu'une circonstance n'influe en rien sur ce qui est décidé, fait : Il a plu sans arrêt ; n'importe, je suis sorti. Qu'importe, peu importe, indiquent que quelque chose est sans importance, sans conséquence : On nous critique ? Qu'importe ! Peu importe ! ● importer (synonymes) verbe transitif indirect (italien importare, du latin importare, susciter) Avoir de l'importance, présenter de l'intérêt (pour quelqu'un)
Synonymes :
- intéresser
● importer
verbe transitif
(anglais to import, du latin importare, porter dans)
Faire entrer dans son pays quelque chose qui vient de l'étranger et qui entre dans le cycle de l'économie : Importer des matières premières, de la main-d'œuvre, des brevets.
Introduire dans son pays, son milieu quelque chose qui vient de l'étranger, le faire adopter : Importer une mode.
Introduire et acclimater dans son pays, sa région un animal, un végétal originaires d'ailleurs : On a importé la pomme de terre au XVIIe siècle.
Informatique
Procéder à une importation.
● importer (synonymes)
verbe transitif
(anglais to import, du latin importare, porter dans)
Introduire dans son pays, son milieu quelque chose qui vient de...
Synonymes :
- amener
- apporter
Contraires :
- exporter
importer
v. tr. Introduire dans un pays, en vue de commercialisation (des biens, des services achetés à l'étranger).
|| Fig. Importer un style de vie. Ant. exporter.
————————
importer
v. tr. indir. et intr. (Empl. seulement à l'inf. et aux 3e pers.)
d1./d (Choses) être important, digne d'intérêt. Cela m'importe peu.
|| v. impers. Il importe de savoir manoeuvrer.
d2./d Loc. Qu'importe! Peu importe!: cela est indifférent.
d3./d Loc. Pron. indéf. N'importe qui, n'importe quoi: une personne, une chose quelconque.
|| Loc. adv. N'importe comment, où, quand.
I.
⇒IMPORTER1, verbe
I. A. — [Avec un suj. de 3e pers., qui peut être un subst., une complétive, une inf.] Être important, compter.
1. Importer à qqn. Les irrégularités et les invraisemblances de la pièce [Le Cid] importaient peu aux spectateurs (SAINTE-BEUVE, Tabl. poés. fr., 1828, p. 260). La politique m'importe moins de jour en jour; il y a longtemps que tu me vois marcher du mépris à l'indifférence (LAMART., Corresp., 1833, p. 344). Je suis ainsi fait, que de savoir, m'importe souverainement, m'importe au moins autant, sinon plus que guérir (DU BOS, Journal, 1927, p. 160). Vous concluez que le crime n'a pas dû germer là (...). Mais si vous apprenez que la vénérable gouvernante... Oh! l'amant ne m'importe guère, notez bien! D'autant qu'après... (BERNANOS, Crime, 1935, p. 843) :
• 1. ... nul critérium de conduite ne s'impose à lui. En sorte que, si ce qu'il fait lui importe peu, agir du moins, et encore agir, est la grande vertu, la source intarissable du sentiment...
BLONDEL, Action, 1893, p. 317.
2. Importer à qqc. [Des questions] dont l'analyse importe à l'éclaircissement de quelques parties encore obscures (RENOUVIER, Essais crit. gén., 3e essai, 1864, p. 7). Ces ébats enfantins n'importaient, en bien ou mal, ni à l'ordre ni à la propriété des citoyens de Claquebue (AYMÉ, Jument, 1933, p. 148) :
• 2. Sur les cadavres « très illustres » enfouis sous cette pompe, il [Bossuet] jette les paroles pompeuses qui disent leur néant; et cependant il leur refait une vie terrestre toute pleine de mérites et de vertus, car il le faut, car cela convient, car cela importe au bon ordre des choses humaines.
LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 191.
3. Importer pour. C'étaient de bons et tranquilles serviteurs. Cela importe pour ce que je vais dire (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Horla, 1886, p. 1088).
4. Emploi abs. Dans notre vie, continuel passage, l'avenir importe seul. Ce qui est arrivé disparaît, et le présent même nous échappe s'il ne sert de moyen (SENANCOUR, Obermann, t. 2, 1840, p. 236). Le soir, tout est fermé, et le dehors importe peu (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 35) :
• 3. — Ma santé, fit le prêtre amèrement. Ma santé n'importe pas du tout. Ou du moins il sera temps d'y songer plus tard... Ma santé!
BERNANOS, Crime, 1935, p. 784.
B. — [En tournure impers.]
1. Il importe de + inf. Allons, fit-elle, ne cherchez pas, il n'importe pas du tout de savoir qui je suis; les définitions trompent toujours (BERNANOS, Joie, 1929, p. 669).
2. Il importe que + subj. Il importe que la Convention nationale soit sans cesse sous les yeux du peuple, afin qu'il puisse la lapider si elle oublie ses devoirs (MARAT, Pamphlets, Aux amis de la Patrie, 1792, p. 340). Il ne lui importait guère [au peuple] qu'on eût tué trois ou quatre mille de ces Armagnacs qu'il avait eus en si grande haine (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 412).
II. — [Entre dans des loc. à valeur concessive; la loc. exprime le caractère indifférent, inopérant d'un fait par rapport à un autre fait posé comme prééminent]
A. — N'importe
1. N'importe + subst. Exprime la même valeur que quel(le) que soit, quel(le)s que soient, mais au négatif. Mais en parlant de la mort et de la vie, du temps passé, du temps à venir, nous atteignons, nous touchons aux intérêts de tous les êtres intelligens et sensibles, n'importe les lieux et les distances qui les séparent (STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 17). Ce sont mes plaisirs (...). Je veux les chercher où mon penchant les trouve, n'importe l'habit des gens et la dorure des lambris (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 204) :
• 4. Être attendu, quel bonheur! Être attendant n'est pas le moindre. Me voilà entre les deux jusqu'à mardi. Adieu; un beau jour, un beau soir, n'importe l'heure, ce sera une des belles de ma vie.
E. DE GUÉRIN, Lettres, 1838, p. 233.
2. Emploi abs. N'importe, il n'importe
— N'importe. Rencontre voluptueuse d'une dame endormie et allongée sur un banc : robe rose, chapeau et voile vert pendus aux arbres. Forte personne, peu distinguée. N'importe : c'était une femme et l'effet, sous ces arbres, était charmant (MICHELET, Journal, 1857, p. 338). [Les ennemis] reviendront; n'importe! nous avons le temps de respirer et de nous préparer à les recevoir (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 272) :
• 5. — (...) Il est possible que vous redoutiez un peu de coucher seule la nuit, dans une maison vide, madame? N'importe! Pour l'instant, nous vous demandons de vouloir bien nous accompagner jusqu'à la chambre occupée par M. le Curé de Mégère la nuit... la nuit du crime.
BERNANOS, Crime, 1935, p. 819.
— Il n'importe. Le trombone ayant insinué que la partie à jouer paraissait difficile, — « Il n'importe », dit le professeur en les tranquillisant d'un sourire (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 182). Tous [sont] inspirés par le souci, non de tels ou tels intérêts individuels, mais de l'intérêt corporatif, bien ou mal compris, il n'importe (DURKHEIM, Division trav., 1893, p. XV).
B. — Peu importe
1. Peu importe (à qqn) + subst. Savez-vous ce qui m'effraie pour l'avenir prochain de la France? C'est la réaction qui va se faire. Peu importe le nom dont elle se couvrira, elle sera anti-libérale (FLAUB., Corresp., 1871, p. 246). Peu leur importent les sarcasmes et les rires, ils y sont habitués, mais ils ont maintenant l'assurance de parler pour tous (ÉLUARD, Donner, 1939, p. 87).
2. Peu importe (à qqn) de, que. Peu importe à présent d'habiter chez les autres, peu importe le chaud, le froid, la fatigue ou la mort : j'ai le cœur en paix (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 386). [Le créateur] les rejette alors [les méthodes des prédécesseurs] sans hésiter et s'efforce d'en trouver de nouvelles, destinées à son propre usage. Peu lui importe qu'elles déconcertent ou irritent d'abord les lecteurs (SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p. 141).
3. Emploi abs. Peu importe :
• 6. Il est assis, en bras de chemise, devant son piano; il a un goût de fumée dans la bouche et, vaguement, un fantôme d'air dans la tête « Some of these days » (...). La main moite saisit un crayon sur le piano (...). Ça s'est passé comme ça. Comme ça ou autrement, mais peu importe. C'est comme ça qu'elle est née [la chanson].
SARTRE, Nausée, 1938, p. 220.
C. — Qu'importe
1. Qu'importe (à qqn) + subst. Que t'importe [homme de la nature] nos arts, notre luxe, nos villes? As-tu besoin de spectacle : tu te rends au temple de la nature, à la religieuse forêt (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 413). Eh! bien, pour un homme comme vous, M. Leuwen est un moyen. Qu'importe son mérite! (STENDHAL, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 337). Plus de contrainte, ma Marguerite, nous nous aimons! Que nous importe le reste? (DUMAS fils, Dame Cam., 1848, p. 188).
2. Qu'importe (à qqn) de + inf. :
• 7. Qu'importe d'économiser? Qu'importe de repriser le linge, d'entretenir les objets du ménage, puisqu'on ne pourra plus « rassortir » [réassortir]...
J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 142.
3. Qu'importe + complétive ou interr. Que m'importait, en effet, que les femmes fussent soumises, si d'autre part je ne savais comment aborder leur maître et seigneur? (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 228). Ah! Vieille idole de l'amour, qu'importe comment l'on t'adore! Dans les déréglements du corps, c'est toujours notre âme qui agit (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 249).
4. Emploi abs. Qu'importe (à qqn). Vous demandez s'il [le pouvoir exécutif] veut la guerre, quand il fera la guerre; que lui importe? que vous importe à vous-même? Il jouit déjà des avantages de la guerre; et il est vrai de dire, en ce sens, que la guerre est déjà commencée pour vous (ROBESP., Discours, Guerre, t. 8, 1792, p. 100) :
• 8. Il [le vrai rongeur, le ver] vit de vie, il ne me quitte pas
Amour, peut-être, ou de moi-même haine?
Sa dent secrète est de moi si prochaine
Que tous les noms lui peuvent convenir!
Qu'importe! Il voit, il veut, il songe, il touche!
Ma chair lui plaît, et jusque sur ma couche,
À ce vivant je vis d'appartenir
VALÉRY, Charmes, 1922, p. 151.
Rem. Dans les tours : n'importe, peu importe, qu'importe + subst., il y a flottement pour l'accord en nombre lorsque le subst. est au plur.; cf. supra : qu'importe les lieux (STAËL), peu importent les sarcasmes (FLAUB.), qu'importe nos arts (CHATEAUBR.); cf. aussi GREV. 1980, § 2015.
III. — [Entre dans la formation de loc. exprimant l'indéfinition]
A. — N'importe quel(le) (adj. indéf.). [Nous] aurions mis en pièces M. de Crébillon fils, ou La Harpe, ou Lafosse, ou n'importe quel autre partisan des unités (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 3). Tâchez avant tout, et par n'importe quels moyens, que Rachel prenne le rôle (FLAUB., Corresp., 1847, p. 77). C'est une négresse d'une trentaine d'années — c'est-à-dire qu'elle peut avoir n'importe quel âge entre vingt et quarante ans (CAMUS, Requiem, 1956, 1re part., 1er tabl., p. 824) :
• 9. Quelque part, je ne sais pas où, — d'une manière ou d'une autre, je ne savais pas comment, par n'importe quels êtres, je ne les connais pas, — une bataille, une lutte était livrée, — une agonie était subie, — qui se développait comme un grand drame ou un morceau de musique...
BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 434.
Rem. L'adj. indéf. n'importe quel reste extrêmement rare jusqu'à la 2e moitié du XIXe s. Cela explique que la constr. n'importe + prép. + quel(le) + subst. soit encore très répandue dans la 1re moitié du XIXe s., alors qu'ensuite elle sort peu à peu de l'usage au bénéfice de la séquence prép. + n'importe quel + subst. N'importe de quel côté vient le vent, il est nécessaire d'en avoir pour contenir les voiles (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 2, 1801, p. 317). Des figures tracées, n'importe sur quelle matière ni par quels moyens (DESTUTT DE TR., Idéol. 2, 1803, p. 277). Il faut avancer, n'importe vers quel abîme (QUINET, All. et Ital., 1836, p. 67). S'il y a des primeurs, tu les achèteras, n'importe à quel prix (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 15).
B. — N'importe + pron. rel. interr.
— [Est en appos. à un groupe nom. dont le pron. est le représentant] Faisons notre cour à une autre femme, n'importe qui, Mme Flot s'il le faut (CONSTANT, Journaux, 1814, p. 419). J'exige qu'il y ait du tabac, n'importe lequel, et des pipes, blanches ou culottées, je m'en fous pas mal (FLAUB., Corresp., 1842, p. 102).
— [Est un constituant obligatoire de la phrase] Et Stephen répondit n'importe quoi, et Hélène fut persuadée et convaincue (KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 228). Il fait semblant de s'occuper à n'importe quoi, dans ses plates-bandes (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 82) :
MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 69.
♦ Ce n'est pas n'importe qui. Ce n'est pas quelqu'un d'insignifiant, de peu important.
C. — N'importe + adv. interr. (loc. à valeur adv.)
— N'importe où. [La méditation] me vient par intervalles, à son heure, malgré moi, et n'importe où (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p. 117). On ne sait plus comment on vit; tout le temps dehors, trottant n'importe où, portant ou rapportant des roses (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 271).
— N'importe quand. Nous nous mîmes à marcher, décidés à aller n'importe où, pourvu que ce fût loin, et à rentrer n'importe quand, pourvu que ce fût tard (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 249). Même le patron peut n'importe quand lui donner un ordre (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 79).
— N'importe comment. [L'auberge] y est fort bonne, quoiqu'elle soit unique et qu'elle puisse par conséquent loger les passants n'importe comment, et leur faire manger n'importe quoi (HUGO, Rhin, 1842, p. 48). Elle se fardait, un peu n'importe comment (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 32).
♦ De toute façon. Si nous n'avons pas la guerre du fait de la France, le pays sera sauvé inévitablement et immanquablement, n'importe comment (LAMART., Corresp., 1831, p. 116) :
• 11. JESSICA : Nous ne pouvons rien vous offrir à boire. SLICK : N'importe comment nous ne buvons pas dans le service.
SARTRE, Mains sales, 1948, 3e tabl., 2, p. 81.
Rem. gén. 1. Nature de la relation sémantique entre le sujet et le verbe : Importer exclut un agent humain; certes un sujet désignant une personne est possible (supra I A 1, ex. de BERNANOS), mais la personne « subit » l'action, « n'agit pas volontairement ». Pour cette opposition qui concerne aussi des sujets « non humains » GROSS 1975, pp. 30-33, propose l'opposition sujet « actif », sujet « non actif ». 2. La comparaison des fréquences de importer (1 + 2), importance et important dans les corpus littéraires et techniques montre que importer appartient au vocabulaire littéraire :
Fonds littér. Fonds techn.
importance 5 400 4 500
important 6 100 7 800
importer 10 000 1 800
Importer ne figure ni à la nomenclature des mots fréq. du Vocab. gén. d'orientation sc., Paris, Didier, 1971, ni à celle du D.C.F.G. 1976.
Prononc. et Orth. : [], (il) importe []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1536 « exiger, nécessiter, comporter » (RABELAIS, Lettres [III, 353] ds HUG.). B. 1543 trans. « concerner, être de conséquence pour (qqn, qqc.) » (Amadis, IV, 21, ibid.); 1552 importer a (Corresp. de Cath. de Médicis, I, 552 ds BARB., Misc., VIII, n° 18); 1587 empl. abs. (LANOUE, 434 ds LITTRÉ); 1595 empl. impers. qu'importe que + ind. (MONTAIGNE, Essais, II, XXXVII, éd. A. Thibaudet, p. 738); 1611 il importe de « il y va de » (LARIVEY, Le Fidelle, II, 13 ds HUG.); 1636 il importe que (MONET); 1782 (J.-J. ROUSSEAU, Rêveries d'un promeneur solitaire, 3e promenade, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, Œuvres, t. 1, p. 1013 : un livre, n'importait quel). A réfection probable d'apr. l'ital. importare (« comporter, avoir pour conséquence, impliquer, entraîner » fin XIIIe-début XIVe s., DANTE; « nécessiter, réclamer » 1re moitié XIVe s. ds BATT.; du lat. importare « être à la source de, causer, entraîner » proprement « porter dans », v. importer2) de l'a. fr. emporter « comporter; entraîner, avoir pour conséquence » (1283 BEAUMANOIR, Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 257; cf. 1355, 14 nov. Trésor des chartes de Rethel, éd. G. Saige et H. Lacaille, t. 2, p. 149; encore au XVIe s. ds HUG.; cf. aussi le m. fr. emporter au sens de « importer » XVIe s. ibid.) lui même issu du lat. B empr. à l'ital. importare « concerner, être inhérent à, regarder étroitement » et « être d'intérêt, importer » (les 2 sens au XVe s. ds BATT.) cf. le dér. en -able, de sens actif, importable « qui a de l'importance » (dès 1509 Négoc. Fr.-Autriche, I, 259 ds BARB. Misc., X, n° 95 : [d'un point stratégique] lieu bien importable).
II.
⇒IMPORTER2, verbe trans.
A. — Acheter et faire pénétrer sur le territoire national des matières premières, des biens de consommation, d'autres pays. Importer des matières premières. Tout le monde est intéressé à exporter des marchandises, et à importer de l'argent (SAY, Écon. pol., 1832, p. 178).
— Vieilli. Transporter dans un pays des marchandises qui viennent d'un autre pays :
• 1. Quand je [Napoléon Bonaparte] pris le gouvernement, les Américains venaient chez nous à l'aide de leur neutralité, nous apportaient les matières brutes, et avaient l'impertinence de repartir à vide pour aller se remplir à Londres des manufactures anglaises (...). J'exigeai qu'aucun Américain ne pût importer aucune valeur, sans exporter aussitôt son exact équivalent.
LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 832.
B. — 1. Introduire (dans un pays, un continent) une plante, un produit, d'un autre pays, d'un autre continent. Synon. acclimater, transplanter. Des comestibles nouveaux ont été trouvés, les anciens ont été améliorés, les uns et les autres ont été combinés de mille manières. Les inventions étrangères ont été importées; l'univers entier a été mis à contribution et il est tel de nos repas où l'on pourrait faire un cours complet de géographie alimentaire (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 287).
2. Introduire (dans une civilisation, un domaine d'activité intellectuel) des idées, des mœurs d'autres civilisations, d'autres sphères d'activité. Ainsi va la France dans son ardent prosélytisme, dans son instinct sympathique de fécondation intellectuelle. La France importe, exporte avec ardeur de nouvelles idées, et fond en elle les unes et les autres avec une merveilleuse puissance (MICHELET, Introd. Hist. univ., 1831, p. 451). Cette douce obscurité que le romantisme importa d'Allemagne (MUSSET ds Le Temps, 1831, p. 25) :
• 2. [Les Anglaises] qui croient que l'amour suffit à l'amour, et qui importent le spleen dans les jouissances en ne les variant pas, dont l'âme n'a qu'une note, dont la voix n'a qu'une syllabe...
BALZAC, Lys, 1836, p. 228.
Rem. Rare, avec un compl. d'attribution. Pour l'honneur des dames françaises, nous supposerons qu'en temps de paix les autres pays nous importent une certaine quantité de leurs femmes honnêtes, principalement l'Angleterre, l'Écosse, l'Italie (ID., Physiol. mar., 1826, p. 80).
REM. Importable, adj. Qui peut être importé. Des modifications qu'apportent au « mécanisme des relations extérieures » les investissements directs quand ils sont importables (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 540).
Prononc. et Orth. : [], (il) importe []. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1382, 14 avr. « apporter (une certaine somme) dans une entreprise commerciale commune » (Arch. départ. Côte-d'Or, B 11306, fol. 79 v°, éd. L. GAUTHIER, Lombards ds deux Bourgognes, 1908, p. 267); 1396 « transporter dans un pays des marchandises provenant d'un autre pays » (Coutumes de Dieppe in FRÉVILLE, Mém. sur le comm. mar. de Rouen, II 226 ds BARB. Misc., X, n° 12 : marchans estranges... et ceulx de Dieppe important par mer hors de la ville); 1669 (COLBERT, Lettres VII, 230 ds KUHN, p. 33 : nos toiles qui sont importées dans les Indes); 1755 (Ess. mod. sur l'état du comm. d'Anglet., I, 16 ds BONN. : les bêtes-à-cornes qui peuvent être importées de l'île de Man); 1801 (S. MERCIER, Néol. : Ecrivains, ne craignez pas d'importer dans notre langue des loc. neuves et vigoureuses). Empr. au lat. importare proprement « porter dans », terme de comm. « importer », le terme fr. ayant eu au XVIIe s. une vitalité nouv. sous l'infl. de l'angl. to import, terme de comm. « introduire dans un pays une marchandise étrangère » (1548; dès 1508 « introduire quelque part une chose venue de l'extérieur » terme gén. ds NED), lui-même empr. au m.fr. terme de comm. supra et antérieurement ca 1200 soi emporter « s'introduire » (Job, 353, 3 ds T.-L.; v. FEW t. 9, p. 222a, note 6), 1345 soi importer a « se reporter à » (Arch. JJ 77, fol. 8 r° ds GDF.).
STAT. — Importer1 et 2. Fréq. abs. littér. : 10 193. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 10 175, b) 12 820; XXe s. : a) 14 496, b) 19 079.
BBG. — BARB. Infl. 1923, p. 5. - BONN. 1920, p. 76.
1. importer [ɛ̃pɔʀte] v. tr.
ÉTYM. 1369, en Normandie; 1382, t. de fin., puis 1396; ital. importare; repris 1669, Colbert, angl. to import (1508), du lat. importare.
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1 Introduire sur le territoire national (des produits en provenance de pays étrangers) → Fréter, cit. 1; importateur, cit. || La France importe du café, du coton, des machines… qu'elle achète à l'étranger. — Absolt. || Importer en contrebande. — Pron. (réfl.). || Les bois de Norvège s'importent en France. — Au p. p. :
1 Il va de soi que le commerçant qui importe des marchandises devra ajouter à la valeur d'origine de cette marchandise le montant des droits payés à la douane (…) si la majoration de prix ne portait que sur les marchandises importées, ce ne serait que peu de chose, mais cette même majoration se répercute nécessairement sur toutes les marchandises similaires produites dans le pays parce que naturellement leurs producteurs ne veulent pas les vendre à un prix inférieur à celui des marchandises importées.
Charles Gide, Cours d'économie politique, II, p. 37-38.
2 (1893). Introduire dans un pays (une race animale, une espèce végétale pour l'y acclimater). || Le crosne a été importé du Japon.
3 Introduire qqch. d'étranger. || Importer un brevet de fabrication, de la main-d'œuvre. — Fig. || Importer une habitude, une mode dans son pays. ⇒ Rapporter. — Au p. p. || L'anglo-normand, idiome importé en Angleterre par Guillaume le Conquérant (→ Français, cit. 14). || La habanera, danse importée de La Havane.
2 (…) les deux mots importés par madame de Staël (classique et romantique…)
Hugo, Odes et ballades, Préface de 1824.
3 Elle fut accusée (…) de vouloir importer sur des habitudes d'outre-Rhin et d'outre-Pyrénées, des castagnettes, des éperons, des talons de bottes (…)
Baudelaire, la Fanfarlo.
4 Inform. (Réempr. à l'angl.). || Importer des données : transférer des données externes sur son propre ordinateur ou dans un nouveau logiciel.
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importé, tée p. p. adj.
♦ (Au p. p. → ci-dessus, cit. 1 et 2). Adj. || Marchandises importées. → D'importation. — Espèces, plantes importées et autochtones. || Habitude importée, mal acclimatée. — Inform. || Données importées.
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CONTR. Exporter.
DÉR. Importable, importateur.
COMP. Réimporter.
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2. importer [ɛ̃pɔʀte] v. intr., tr. ind. et impers.
ÉTYM. 1536, Rabelais « nécessiter, comporter »; ital. importare, du lat. importare « porter dans », de im- (→ 2. In-), et portare, et, par ext. « causer, entraîner ».
REM. Importer ne s'emploie qu'à l'infinitif, au participe présent et aux troisièmes personnes.
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1 (Choses). || Importer à (qqn, ou, vieilli ou littér., qqch.) : avoir de l'importance, présenter de l'intérêt pour qqn ou pour qqch. ⇒ Intéresser. || Cette affaire (cit. 7) t'importe. || Une chose qui nous importe si fort (→ Âme, cit. 29). || Le passé m'importe moins que le futur (cit. 2). || Cela ne nous importait guère (→ Hâle, cit. 4).
1 Allez : cet ordre importe au salut de l'Empire.
Racine, Britannicus, II, 1.
2 (…) la nature se moque des individus. Pourvu que la grande machine de l'univers aille son train, les cirons qui l'habitent ne lui importent guère.
Voltaire, Lettre à Mme du Deffand, 3278, 8 févr. 1768.
3 Nymphes ! si vous m'aimez, il faut toujours dormir ! (…)Votre sommeil importe à mon enchantement (…)
Valéry, Poésies, « Charmes », Fragm. du Narcisse, I, p. 135-136.
♦ Intrans. ⇒ Compter; important (être). || La seule chose qui importe (→ Affranchissement, cit. 2). || Ce qui importe avant tout (→ Borne, cit. 16). || Cela importe peu (→ Cohérence, cit. 3).
4 La pureté du dessin, la force ou la finesse du modelé, l'harmonie de la couleur, l'imitation de la nature, idéalisée par le style, importent autrement que la curiosité ou le choix du fait.
Th. Gautier, Portraits contemporains, p. 295.
5 Qu'est-ce qui importe en ce monde, sinon de faire naître le bonheur sur un beau visage ?
A. Maurois, Bernard Quesnay, XXXI.
♦ (1611). Impers. || Il importe de, suivi d'un inf. || Il importe de ne pas heurter (cit. 16) la vérité. || Les femmes (cit. 2) dont il lui importait d'être aimé. — (1636). || Il importe que, suivi d'un subj. (→ Fonder, cit. 26). || Il importait qu'il vînt seul.
6 Il m'importe qu'on soit une fois éclairci à fond de vos déportements.
Molière, George Dandin, III, 6.
7 Tout cela nous est inutile à savoir pour en sortir; et tout ce qu'il nous importe de connaître est que nous sommes misérables, corrompus, séparés de Dieu, mais rachetés par Jésus-Christ (…)
Pascal, Pensées, VIII, 560.
8 Il n'importe pas que le czar se soit enivré (…) il importe de connaître un pays qui a vaincu les Suédois et les Turcs (…)
Voltaire, Lettre à d'Argental, 1493, 19 août 1757.
9 (…) elle (la maladie) risque de tuer la moitié de la ville avant deux mois. Par conséquent, il importe peu que vous l'appeliez peste ou fièvre de croissance. Il importe seulement que vous l'empêchiez de tuer la moitié de la ville.
Camus, la Peste, p. 62.
♦ Il importe, suivi d'une interrogative indirecte. || Il m'importe assez peu par qui je suis gouverné (cit. 31, Renan).
REM. En ce cas, la construction avec le subjonctif est vieillie. On ne dirait plus comme || Montesquieu (Dissertation sur la politique des Romains, XI) : « À un homme qui n'a rien, il importe assez peu, à certains égards, en quel gouvernement il vive. »
♦ Cet emploi impersonnel a donné naissance dans la langue populaire du XIXe s. à un pronominal aberrant : || « Je m'importe peu que tu tombes ou que tu ne tombes pas » (Henri Monnier, Scènes populaires, t. I, p. 112).
2 (Dans des locutions interrogatives ou négatives de valeur ou de forme marquant l'indifférence à l'égard d'une chose, le peu de cas qu'on en fait).
♦ ☑ Qu'importe ? loc. interrog.; qu'importe ! loc. exclam.; peu importe (loc. affirmative de forme mais où l'adv. peu prend un sens négatif). || Qu'importe l'avenir ? (→ Assouvir, cit. 16). || Qu'importe la gloire ? (→ Embaumer, cit. 1, et aussi à quoi bon ?). || « Qu'importe le flacon (cit. 6), pourvu qu'on ait l'ivresse » (Musset). || Que lui importent ces querelles ? (→ Éterniser, cit. 9). || Peu m'importe son avis. ⇒ Chaloir (peu me chaut). || Peu m'importent les classes sociales (→ Bourgeois, cit. 12, Gide). — REM. Qu'importe et peu importe peuvent rester invariables, même devant un sujet pluriel.
10 Qu'importe sa pitié, sa joie, et sa vengeance ?
Voltaire, Mérope, IV, 1.
11 Vous n'êtes pas à lui, mais à moi. Que m'importe
Tous vos autres serments !
Hugo, Hernani, V, 6.
12 Que m'importe le jour ? Que m'importe le monde ?
Je dirai qu'ils sont beaux quand tes yeux l'auront dit.
A. de Vigny, Poèmes philosophiques, « La maison du berger », I.
13 (…) mais qu'importent toutes les choses qu'on possède, si l'on n'a pas la seule qu'on souhaite ?
Th. Gautier, le Roman de la momie, p. 60.
14 (…) que m'importe un bonheur édifié sur l'ignorance ?
Gide, Nouvelles nourritures, I, IV.
15 (…) et d'ailleurs qu'importaient les paroles ? Il jouissait de cette présence harmonieuse (…)
A. Maurois, Chateaubriand, X, III.
16 Peu importe les noms. Il ne s'agit pas du tout de noms, ni de personnes.
Vercors, le Sable du temps, I, L'art et l'imposture.
♦ (1595). Avec une complétive introduite par que au subjonctif (→ Après, cit. 85; hasard, cit. 29). || Qu'importe; qu'importe et pron. compl. (que m'importe, que nous importe, etc.). || « Qu'importe que ce soit un sabre… qui vous gouverne ! » (cit. 30, Gautier). || Que ce soit lui ou vous, peu m'importe (→ Ça m'est égal). — Avec une interrogative indirecte à l'indicatif, au conditionnel, ou (vx) au subjonctif. || Peu importe où nous irons. || Qu'importe ce qui m'arrive ! (→ Exiler, cit. 4). || Peu lui importait si elle vous verrait ou non. || Que m'importe combien vous gagnez !
17 Et que m'importe donc, dit l'âne, à qui je sois ? (…)
Notre ennemi, c'est notre maître (…)
La Fontaine, Fables, VI, 8.
18 (…) peu m'importe qu'elles (les femmes) me haïssent, si je les force à m'estimer.
Rousseau, Émile, V.
19 Que m'importe après tout que depuis six années
Ce roi fût retranché des têtes couronnées,
Hugo, les Voix intérieures, II, III.
♦ Absolt. || La foule (cit. 15) raille le penseur. || Qu'importe ! ⇒ Faire (qu'est-ce que cela peut faire ?). || D'ailleurs, peu importe (→ Détenir, cit. 4).
20 (…) vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? — Pas toujours; mais qu'importe ?
La Fontaine, Fables, I, 5.
21 Je jouai et je perdis à peu près tout ce que je possédais, en quelques heures (…) mais que m'importait !
Barbey d'Aurevilly, Une vieille maîtresse, I, VII.
♦ ☑ Littér. Il n'importe (→ Cavalier, cit. 10), et ellipt, cour., n'importe : cela a peu d'importance (→ Falloir, cit. 23; gouverneur, cit. 5). || Quand voulez-vous partir ? N'importe, j'ai tout mon temps. || Lequel préfères-tu ? Oh ! n'importe. → Cela m'est égal.
22 Tourmentés, déchirés, assassinés, n'importe (…)
Corneille, Polyeucte, III, 3.
23 Mais il n'importe, il faut suivre ma destinée (…)
Molière, le Misanthrope, IV, 3.
24 Soit qu'ainsi l'ordonnât mon amour ou mon père,
N'importe (…)
Racine, Andromaque, IV, 3.
25 Des conciliateurs se sont présentés avec de sages paroles entre les deux fronts d'attaque. Ils seront peut-être les premiers immolés, mais n'importe !
Hugo, Odes et ballades, Préface de 1824.
♦ (Il) n'importe, exprimant l'opposition (→ Malgré cela, n'empêche que…). || Ce film est un peu long; n'importe, il m'a bien plu.
26 (…) ma fille ne comprend pas qu'ayant de la santé, vous n'ayez point eu la pensée de nous venir voir (…) J'ai beau lui représenter que nous n'en sommes pas là (…) il n'importe, elle veut que je hasarde de vous en faire la proposition.
Mme de Sévigné, Lettres, 1421, 29 juin 1695.
3 ☑ Loc. pron. indéf. (Mil. XVIIIe). N'importe qui, quoi. Une personne, une chose, qui que ce soit, quoi que ce soit. || Les sentiments qu'aurait n'importe qui. || N'importe qui : le premier venu. || N'importe qui pourrait entrer. || Ce n'est pas n'importe qui. || Il achète n'importe quoi. || N'importe quoi de lourd. || Il raconte n'importe quoi. || Mais tu dis n'importe quoi !
♦ ☑ Loc. pron. indéf. N'importe lequel, laquelle. || N'importe lequel d'entre nous.
♦ ☑ Loc. adj. indéf. N'importe quel, quelle (chose, personne) : une chose, une personne quelconque. || N'importe quel genre. || N'importe quelle autre femme.
♦ ☑ Loc. adv. N'importe comment, où, quand. || Je te suivrai n'importe où. || Avion qui atterrit n'importe où. ⇒ Partout. || Il travaille n'importe comment. || Il peut arriver n'importe quand. — REM. N'importe, suivi d'un interrogatif au pluriel, reste invariable. || « Quelles fleurs dois-je lui offrir ? N'importe lesquelles. »
27 N'importe, ancien verbe, est devenu une formule qui s'ajoute à quel, suivi d'un nom, ou bien à qui, quoi, nominaux, pour les indéterminer. On se rappelle la fameuse formule donnée à une certaine politique française : Mettre n'importe qui n'importe où, pour n'importe quoi.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 140.
28 Enfin, mon âme fait explosion, et sagement elle me crie : « N'importe où ! pourvu que ce soit hors de ce monde ! »
Baudelaire, le Spleen de Paris, XLVIII.
29 De tous les mouvements désordonnés qu'elle soulevait en moi, le plus fougueux, le plus irrésistible était de répondre, n'importe comment, à cet air de défi qui respirait en toute sa personne (…)
Barbey d'Aurevilly, Une vieille maîtresse, I, VII.
30 Autant celui-là, du moment qu'elle n'en aimait pas d'autre et qu'elle en prenait un, n'importe lequel, pour qu'il la défendît et pour que Buteau enrageât. Elle aussi aurait un homme à elle.
Zola, la Terre, IV, VI.
31 Il voudrait trouver des accents capables de convaincre, d'émouvoir (…) n'importe quel homme, même un ennemi de son idéal, qui se serait égaré dans ce meeting.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XXIII, p. 255.
32 — C'est dur, hein, de se sentir n'importe qui ?— On s'y fait, dit Odette.
Sartre, le Sursis, p. 26.
REM. D'autres constructions sont attestées, certaines dans l'usage populaire ancien : || « Ça leur est bien égal que vous soyez n'importe avec qu'est-ce » (Henri Monnier, Scènes populaires, t. I, p. 14); on dirait : avec n'importe qui.
♦ (Avec une préposition placée devant la locution). || Gagner (cit. 46) à n'importe quel prix; sortir à n'importe quelle heure (→ Galant, cit. 18). || Il y a de braves gens sous n'importe quels costumes (→ Étage, cit. 17). — REM. On rencontre encore la tournure vieillie avec préposition intercalée entre importer et le pronom, adjectif ou adverbe régime. || Foncer (cit. 2, Taine) n'importe sur qui, sur quoi. || Nuire n'importe à qui (→ Haine, cit. 33, Hugo).
33 Un jour, dit un auteur, n'importe en quel chapitre (…)
Boileau, Êpître, II.
34 (…) ils causaient de n'importe quoi, de choses qu'ils savaient parfaitement, de personnes qui ne les intéressaient pas, de mille niaiseries.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, III.
35 Chacune des deux sœurs jurait qu'elle rachèterait la maison n'importe à quel prix, quitte à y laisser sa dernière chemise.
Zola, la Terre, IV, VI.
36 Dans la lueur des réverbères, il voit deux messieurs en chapeau haut de forme, décorés, encadrant un monsieur barbu qui fume une cigarette et qui n'a pas l'air de n'importe qui.
J. Romains, les Copains, p. 163.
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CONTR. Indifférent (être).
Encyclopédie Universelle. 2012.