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investir

investir [ ɛ̃vɛstir ] v. tr. <conjug. : 2>
envestir « mettre en possession (d'un fief) » 1241; lat. investire « revêtir, garnir », spécialisé en lat. médiéval
I
1Revêtir solennellement d'un pouvoir, d'une dignité, par la remise symbolique d'un attribut.
2Mettre en possession (d'un pouvoir, d'un droit, d'une fonction). Investir un ministre de pouvoirs extraordinaires. Être investi d'un droit, être habilité à en user. — Investir qqn de sa confiance. « l'héritage paternel l'avait investi d'une puissance inattendue : l'argent » (Martin du Gard).
Spécialt Conférer l'investiture à.
II(v. 1410; repris it. investire) Entourer avec des troupes (un objectif militaire). cerner, encercler. Investir une place forte, une ville. assiéger. Les gendarmes investirent la maison. III(1922; repris angl. to invest)
1Employer, placer (des capitaux) dans une entreprise. Il a investi beaucoup d'argent dans cette affaire. engager, 1. placer. Somme investie en bons du Trésor. Absolt Acquérir des biens d'investissement. Investir dans de nouvelles machines.
2Psychan. Mettre son énergie psychique dans (une activité, un objet). Il a trop investi dans cet enfant, dans sa vie professionnelle. surinvestir. V. pron. Cour. S'investir dans (une personne, une activité), y attacher beaucoup d'importance. Elle s'investit trop dans cette relation amoureuse. s'impliquer.

investir verbe transitif (latin investire, de vestire, vêtir) Mettre solennellement, officiellement quelqu'un en possession de quelque chose (droit, pouvoir, dignité) : On a investi le président de tous les pouvoirs. Encercler une place, une position militaire dont on veut faire le siège en coupant ses communications : L'ennemi a investi Sedan. Se répandre en un lieu au point de l'occuper ou de paraître l'occuper complètement : La police a investi tout le quartier.investir (expressions) verbe transitif (latin investire, de vestire, vêtir) Investir quelqu'un de sa confiance, lui accorder sa pleine confiance. ● investir (synonymes) verbe transitif (latin investire, de vestire, vêtir) Encercler une place, une position militaire dont on veut faire...
Synonymes :
- assiéger
- bloquer
- cerner
- encercler
Investir quelqu'un de sa confiance
Synonymes :
- conférer
- doter
- revêtir
investir verbe transitif (anglais to invest) Placer des fonds dans quelque chose en vue d'en tirer un bénéfice : Investir son argent dans des actions. Mettre toute son énergie dans une action, une activité : Investir son temps libre dans le sport.investir verbe intransitif s'investir verbe pronominal Attacher une grande valeur affective à quelque chose : Il investit beaucoup dans son travail.

investir
v.
rI./r v. tr.
d1./d Investir qqn de..., lui conférer avec certaines formalités (un titre, un pouvoir). Investir un général des fonctions de commandant en chef.
d2./d Entourer de troupes (un objectif militaire).
d3./d ECON Acquérir des moyens de production.
|| Placer (des capitaux) pour en tirer un profit. Investir des millions dans l'immobilier.
|| (S. comp.) Il a tendance à trop épargner au lieu d'investir.
rII./r v. intr. PSYCHAN Reporter une certaine quantité d'énergie psychique sur une représentation ou sur un objet.
|| v. Pron. Cour. S'investir totalement dans son travail.

I.
⇒INVESTIR1, verbe trans.
A. — Qqn investit qqn
1. HIST. Mettre en possession d'un fief, d'une juridiction par une cérémonie solennelle consistant en la remise d'un symbole (de juridiction, du pouvoir, de la dignité concédée). Autrefois les rois investissaient les évêques en leur donnant la crosse et l'anneau (Ac. 1935).
Investir qqn de + subst.
[Le subst. désigne un symbole]. Il est constitué le maître de toute la terre d'Égypte. Pharaon l'investit de l'anneau, d'une robe de lin et d'un collier d'or (CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 77).
[Le subst. désigne une juridiction, un pouvoir] L'empereur l'avait investi de cet électorat, de ce duché (Ac. 1935). Il remit son bâton de frère au saint homme Budoc, l'investissant ainsi du gouvernement de l'abbaye (FRANCE, Île ping., 1908, p. 22). Don Rodrigue va être solennellement investi de son commandement d'Angleterre (CLAUDEL, Soulier, 1929, p. 909).
2. P. ext. Mettre en possession d'un droit, d'un pouvoir, d'une dignité; installer officiellement dans des fonctions. Investir un magistrat, un évêque. Attribuer à une seule assemblée tous les droits sans exception, lui donner qualité pour investir et fournir les ministres (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 156).
Investir qqn de qqc. Investir qqn d'une autorité, d'une puissance, de la juridiction suprême. Le Roi investit du commandement de Paris le duc de Raguse (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 591). J'ai investi le général Catroux, Délégué général et plénipotentiaire au Levant, des pouvoirs exercés par le Haut-commissaire français dans les États du Levant (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 572) :
Et cette sorte de fonction dont elle était investie pour une fois dans l'année — telles certaines magistratures du monde antique — de personne qui donnera le lendemain la plus considérable garden-party de la saison lui conférait une autorité momentanée.
PROUST, Sodome, 1922, p. 671.
Emploi pronom. réfl. Chercher un prétexte pour (...) se déclarer attaqué, s'investir de la dictature (GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1850, p. 141). L'Assemblée [les États-Généraux] s'enhardissait, s'investissait du pouvoir et faisait acte de souveraineté (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 8, 1864, p. 362).
Être investi d'un droit, du droit de. Être habilité à user d'un droit, du droit de. Synon. jouir. Ceux qui sont investis momentanément du droit d'envoyer le coupable à la mort ont une sympathie naturelle avec les habitudes de sa vie (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 318). Ce corps de noblesse privilégiée (...), investie d'une foule de droits lucratifs et honorifiques (LAMENNAIS, Religion, 1825, p. 24). Autour de Rome, se trouvait d'abord une ceinture de villes municipales, investies du droit de suffrage et égales en droits à Rome elle-même (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 119).
3. Investir qqn de sa confiance. Lui accorder une confiance totale. Être investi de la confiance publique. Et il s'obstina, (...) invoquant (...) la crise économique, la fuite de l'argent, la confiance dont ses clients l'avaient investi, des raisons de banquier (DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 44). À force de se voir investi de tant de confiance, on finirait par s'en sortir accablé, offensé (ARNOUX, Solde, 1958, p. 132).
DR. CONSTIT. (sous la IVe République). Confier par un vote à un homme politique la mission de constituer un nouveau gouvernement. Synon. conférer l'investiture à. L'Assemblée nationale investit qqn, le Président du Conseil (de sa confiance). À les croire [les dirigeants socialistes], investir un président du Conseil n'engagerait à rien (L'Humanité, 19 janv. 1952, p. 1, col. 4). « Investi » par 401 voix contre 101 M. Edgar Faure interroge les socialistes avant de constituer son ministère (Le Monde, 19 janv. 1952, p. 1, col. 1-2-3). En conformité de l'article 45, paragraphe 3, de la Constitution, l'Assemblée nationale investit M. X de sa confiance (LIDDERDALE, Parlement fr., 1954, p. 246).
B. — Au fig. Qqn/qqc. investit qqn/qqc. de qqc. Doter (d'un pouvoir ou d'une qualité). L'abandon auquel j'étais condamné, l'habitude de refouler mes sentiments et de vivre dans mon cœur ne m'ont-ils pas investi du pouvoir de comparer, de méditer? (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 94). L'intelligence humaine a pu (...) faire légitimer par la science et investir ainsi d'une autorité incontestée son habitude de tout voir dans l'espace, de tout expliquer par la matière (BERGSON, Deux sources, 1932, p. 334). L'acte catégorial par lequel la pensée investit le sujet du sens qui s'exprime dans le prédicat (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 150).
Prononc. et Orth. : [], (il) investit []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1241 envestir (de) « mettre en possession (d'un fief, etc.) » (Charte de la Haute-Marne, 8, 6 ds Doc. ling. France, série fr., t. 1, p. 10); 1580 investir « mettre en possession (d'un bien) » (Vente par P. Jeannin à E. Dodun, 13 avril, Étude de Me Canet, notaire à Autun, minutes de Chastel, vol. V, f° 415 ds GDF. Compl.); av. 1615 « charger solennellement d'un pouvoir, d'une dignité » (E. PASQUIER, Les Recherches de la France, p. 747 ds IGLF). Empr. au lat. « revêtir, garnir », qui prit en lat. médiév. jur. le sens de « mettre en possession d'un fief, d'une charge, etc. » (dep. fin VIIIe s. ds NIERM.), un élément du costume étant le symbole de la dignité, du pouvoir conférés.
II.
⇒INVESTIR2, verbe trans.
A. — Qqn investit qqc. Entourer de troupes, de façon à couper toute communication avec l'extérieur. Synon. assiéger, cerner, encercler.
1. [L'obj. désigne un objectif milit.] Investir une citadelle, une place forte. Sighebert envoya d'abord une partie de ses troupes investir la place de Tournai et en commencer le siège (THIERRY, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 51). Les corps d'armée de Larminat et de Monsabert achèvent d'investir Toulon (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 287) :
Cette armée nouvelle avait pour mission de couvrir le flanc droit de la 3e armée contre les forces pouvant déboucher du camp retranché de Metz, en investissant progressivement cette place par l'ouest.
JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 276.
2. P. anal. [L'obj. désigne un lieu d'habitation ou de travail] Envahir par la force. Les gardes du commerce investirent mon domicile. Je fus épié, surveillé, saisi à l'improviste, et conduit à la prison de Clichy (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 427).
B. — Au fig. Entourer, cerner de toutes parts. Synon. assaillir, envahir.
1. Qqc. investit qqc. L'épidémie investit la ville. Alors éclatait la « zone », le grand camp de la misère qui, de partout, investit la ville illustre et magnifique (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 37). À trois cents mètres au-dessous d'eux, les buissons brûlaient. Une bande de feu, de quelque cinquante mètres de large, investissait le village (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p. 1434).
2. Qqc. investit qqn. Les idées d'épouvante, de solitude, d'isolement absolu, vous investissent de toutes parts et vous font frissonner (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1820, p. 104).
Investir qqn de. Les déchirures plus profondes de son dos et de ses reins l'investissaient d'une flamme intolérable (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 152). Dans les rues de ma ville, partout assailli, investi de sensations réveillées, je découvre dans quelle masse de poésie, presque à mon insu, j'ai respiré et me suis mû (MAURIAC, Écrits intimes, Commenc. d'une vie, 1932, p. 49).
3. Qqn investit qqn. Essayer de gagner, de circonvenir, par toutes sortes de stratagèmes. Il arrive aussi que, plus on est persécuté par l'amour de ces sortes de femmes, plus on les hait. Celle-ci m'obsède, m'investit, m'assiège (HUGO, L. Borgia, 1833, I, part. 2, 2, p. 67).
Prononc. et Orth. : [], (il) investit []. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. Début XIVe s. envestir « encercler (pour attaquer) » (Chiprois, éd. G. Raynaud, p. 225); 2. ca 1410 investir « entourer, cerner (dans un but de conquête) » (Chron. de Boucicaut, II, 31 ds GDF. Compl.). Empr. à l'ital. investire « mettre en possession d'une charge, d'un bien, etc. » (dep. XIIe s. ds BATT.), aussi « attaquer » (dep. 1304, trad. de Plutarque, ibid.) et « assiéger » (début XVIe s., SANUDO, ibid.), empr. au lat. investire (investir1) proprement « entourer étroitement (comme un vêtement) ». Bbg. HOPE 1971, p. 42.
III.
⇒INVESTIR3, verbe trans.
A. — ÉCON. Qqn investit qqc. (dans qqc.). Employer, placer (de l'argent, des capitaux) dans un secteur de l'économie ou dans une entreprise, pour en tirer des revenus. Elle se constituait une cagnotte, l'investissait en petits placements personnels, boursicotait à la petite semaine (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 241). Immenses sommes d'argent (...) que les nations européennes ont investies, dès le début du XIXe siècle, dans le machinisme et l'industrie lourde (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 184). Au lieu d'investir dans leurs propres firmes, les entrepreneurs décident d'investir dans une grande firme (industrie) nouvelle (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 215) :
Dès 1950, les gouvernements américain et britannique investissent une cinquantaine de millions de livres sterling en Afrique du Sud pour créer une industrie de récupération d'uranium dont la première usine fonctionne dès 1952...
GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 92.
En emploi abs. Incitation à investir; épargner et investir. Enfin, pour amener l'économie nouvelle à investir, c'est-à-dire à prélever sur le présent afin de bâtir l'avenir, le « Haut-Commissariat au Plan d'équipement et de modernisation » sera créé pendant cette même année (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 96). La capacité d'innover et d'investir d'un petit nombre de grandes firmes est remarquable (PERROUX, Écon. XXe s., 1964p. 20).
B. — P. anal. Investir qqc. dans qqc. Employer une somme d'argent à l'achat ou à l'aménagement d'un bien meuble ou immeuble. Il se crut prudent d'investir la somme dans une villa qu'il acheta à sa fiancée près de Nüremberg (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 317).
Prononc. et Orth. Cf. investir1. Étymol. et Hist. 1922 « placer (des fonds) » (Lar. univ.). Empr. à l'angl. to invest, attesté dans ce sens dep. 1613 (T. ALDWORTH ds NED), lui-même empr. à l'ital. investire, attesté comme terme de fin. dep. début XIVe s. (CAVALCA ds BATT.; déjà au fig. chez IACOPONE DA TODI, ibid.); cf. investir2.
IV.
⇒INVESTIR4, verbe
A. — 1. PSYCHANAL. Qqn investit qqc. Conférer une charge d'énergie psychique à (une activité, un objet, une représentation). [L'état de narcissisme primaire absolu] persiste jusqu'au moment où le moi commence à investir libidinalement ses représentations objectales, à transformer en libido objectale la libido narcissique (FREUD, Abr. psychanal., trad. par A. Bermann, 1949, p. 10). Beaucoup préfèrent investir leur souffrance, leurs malheurs, leurs ennuis, qui sont les seuls moyens permis par leur névrose de continuer à jouir du sentiment d'exister (A. BERGE ds FOULQ. 1971, s. v. investissement).
2. Qqn investit dans. Mettre son énergie psychique dans. Il a beaucoup investi dans cet enfant, dans sa vie professionnelle (ROB.) Investir dans son travail (ROB. Suppl. 1970, Lexis 1975).
Emploi pronom. réfl. Des expressions comme « Je m'assume » ou « Tu t'investis » et un mot d'argot comme « l'herbe » rempliront de la même nostalgie des millions de septuagénaires (L'Express, 30 janv. 1978, p. 41, col. 3).
B. — PSYCHOL. Qqn investit qqc. Donner une signification personnelle à, attacher des valeurs affectives à (quelque chose). La « réalité humaine » surgit en tant qu'elle est investie par l'être (SARTRE, Être et Néant, 1943, p. 53).
Prononc. : [], (il) investit []. Étymol. et Hist. 1943 psychol. (SARTRE, loc. cit.); 1949 psychanal. (FREUD, loc. cit.). Calque de l'all. besetzen « occuper (militairement) », employé au fig. par S. Freud.
STAT. — Fréq. abs. littér. Investir1, 2, 3 et 4 : 157. Investi1, 2, 3 et 4 : 306. Fréq. rel. littér. Investi1, 2, 3 et 4 : XIXe s. : a) 578, b) 277; XXe s. : a) 303, b) 476.

investir [ɛ̃vɛstiʀ] v. tr.
ÉTYM. XVIe; envestir « mettre en possession (d'un fief) », 1241; sens étendu, 1580; lat. médiéval investire, au sens I; lat. class. « revêtir, entourer »; de 2. in-, et vestire « habiller », de vestis « vêtement ».
———
I
1 (Av. 1615, Pasquier). Revêtir solennellement d'un pouvoir, d'une dignité par la remise symbolique d'un attribut, d'une pièce de vêtement… ( Investiture).
1 (…) des princes profanes investissent les évêques par la crosse et l'anneau.
Voltaire, Essai sur les mœurs, XLVI.
2 (1764). Mettre en possession (d'un pouvoir, d'un droit, d'une autorité, d'une fonction…). Doter; et aussi conférer (à). || Investir un ministre, un ambassadeur de pouvoirs extraordinaires.Passif et p. p. || Magistrat, juge investi d'un pouvoir discrétionnaire. || Dictateur investi d'un pouvoir absolu. Dr. || Héritiers (cit. 7) investis de la saisine. || Être investi d'un droit, en jouir, être habilité à en user.
2 (…) Dieu ne saurait exister avec les attributs dont il est investi par l'homme (…)
Balzac, Séraphîta, Pl., t. X, p. 537.
3 Il y a des hommes que Dieu a marqués au front, au sourire, aux paupières, d'un signe et comme d'une huile agréable; qu'il a investis du don d'être aimés !
Sainte-Beuve, Volupté, XXI.
Sujet n. de chose :
4 Brusquement, l'héritage paternel l'avait investi d'une puissance inattendue : l'argent.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 168.
(1903). || Investir qqn de sa confiance, la lui accorder, la lui donner.
(Sans compl. second). Dr. constit. Conférer l'investiture à. || Sous la quatrième République, l'Assemblée nationale investit le président du Conseil ( Investiture). || Être investi par une majorité, par tant de voix.
5 Le Président du Conseil et les ministres ne peuvent être nommés qu'après que le Président du Conseil ait été investi de la confiance de l'Assemblée au scrutin public et à la majorité absolue des députés (…)
Constitution du 27 oct. 1946, art. 45.
———
II (V. 1320; repris à l'ital. investire). Entourer avec des troupes (un objectif militaire). Cerner, encercler; disposer (autour). || Investir une place forte, une forteresse, une ville. Assiéger, bloquer; siège; → 1. Enceindre, cit. 1; et, par métaphore, asseoir, cit. 6, La Fontaine. || Investir l'arrière-garde ennemie par un mouvement tournant. Envelopper. || Les gendarmes investirent la maison où il s'était réfugié (Académie). || Défenseurs investis dans une forteresse.
6 On commençait à investir l'aile droite où était Alexandre (…)
Vaugelas, Quinte-Curce, V, 11.
7 (…) la ville se trouvait donc entièrement investie, par le sud comme par le nord.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Avènement de l'Empire, XXII.
(1690). Par métaphore. (Sujet n. de chose). || Le feu, l'épidémie investit la ville. Environner.
8 L'été, venu des campagnes radieuses, investit Paris, puis l'emporta d'assaut.
G. Duhamel, Salavin, V, VIII.
9 Une bande de feu, de quelque cinquante mètres, investissait le village (…)
Montherlant, les Lépreuses, II, XII.
Abstrait. || Investir qqn, l'entourer, le presser de toutes parts (→ Écrivain, cit. 14).Au p. p. || Une retraite investie, menacée… (→ Coriace, cit. 2).
———
III (1922; repris à l'angl. to invest, fin XVIe, lui-même repris à l'ital. où ce sens est attesté en 1333).
A
1 Employer, utiliser (des capitaux) dans une entreprise. Engager, placer; investissement; → Boule, cit. 3. || Il a investi tous ses capitaux, tous ses biens disponibles dans cette affaire. || De gros capitaux ont été investis dans cette entreprise (Académie). || Investir des capitaux dans un pays étranger. Exporter. || Le revenu peut être consommé ou investi, employé en investissement.
10 L'épargnant apporte ou prête à l'entrepreneur des capitaux que celui-ci investit.
Dieterlen, in J. Romeuf, Dict. des sciences économiques, art. Investissement.
Absolt. || Il n'investit pas assez. || Incitation à investir.
Pron. || L'argent qui s'est investi dans cette entreprise.
2 Employer (une somme) à qqch. || Il a tout investi, il a investi tout son argent, son capital, son héritage en… || Investir une somme dans un immeuble.
B Intrans. (Adapt. du v. all. besetzen « investir militairement, occuper », employé au fig. par Freud). Psychan. Mettre son énergie psychique dans (une activité, un objet). || Il a beaucoup investi dans cet enfant, dans sa vie professionnelle.
V. pron. || S'investir : se mettre dans (une représentation, un objet), en parlant d'une énergie psychique.
11 C'est une erreur, selon nous, de réduire le Ça à des besoins instinctuels de nature purement biologique, et il semble plus correct d'admettre que les besoins instinctuels en cause, s'ils peuvent s'investir sur des objets réels, visent, dans les profondeurs inconscientes, des objets et des buts étrangers à la réalité et à proprement parler phantasmatiques.
Daniel Lagache, la Psychanalyse, p. 35.
Cour. (emploi à la mode). Sujet n. de personne. Syn. de investir. Il s'investit (dans le travail).
Au p. p. Qui est l'objet d'un investissement. || Objet investi.
12 La thèse (du narcissisme) est qu'une partie de l'égoïsme, de l'amour de soi, est de la même nature que la libido investie sur les objets extérieurs; la libido est l'énergie générale des instincts sexuels investie sur le Moi, sur autrui ou sur les choses.
Daniel Lagache, la Psychanalyse, p. 27.
Par extension :
13 Dès que les adversaires sont sur le Ring, le public est investi par l'évidence des rôles.
R. Barthes, Mythologies, p. 15.
REM. Ces emplois du p. p. supposent un emploi actif trans. (investir qqn), qui ne semble pas normal en psychologie.
CONTR. Désinvestir.
DÉR. Investissement, investisseur.
COMP. Désinvestir, réinvestir, surinvestir.

Encyclopédie Universelle. 2012.