1. placer [ plase ] v. tr. <conjug. : 3>
• 1564; de place
I ♦
A ♦ (Concret )
1 ♦ Mettre (qqn) à une certaine place, en un lieu déterminé; conduire à sa place. ⇒ installer; fam. caser. Placer qqn à table. Personne qui place les spectateurs dans une salle de cinéma, un théâtre. ⇒ 2. ouvreur, placeur (2o). « il avait suffi de placer des sentinelles aux quatre portes d'entrée » (Camus). ⇒ 1. poster.
2 ♦ Mettre (qqch.) à une certaine place, en un certain lieu; disposer d'une certaine façon. Placer une pendule sur une cheminée. ⇒ 1. déposer, mettre, poser. Placer son bureau à l'entresol (⇒ établir ) . Placer un vaisseau spatial en orbite, sur orbite. Placer une chose contre une autre (⇒ adosser, appliquer, coller) , au-dessus d'une autre (⇒ couvrir) . Placer plus bas (⇒ baisser) , plus haut (⇒ élever, monter) , verticalement (⇒ dresser, ériger, planter) , plus près (⇒ approcher, rapprocher) , plus loin (⇒ éloigner, séparer) , à plat (⇒ 1. coucher, étendre) , entre (⇒ interposer) , ensemble (⇒ joindre) , en face (⇒ opposer) . Placer les choses bien en ordre. ⇒ arranger, classer, disposer, ordonner, 1. ranger. — Fig. Placer sa voix, la poser dans son registre le plus naturel. — Placer la balle, la lancer de manière qu'elle touche un point déterminé. Boxe Placer un direct, son gauche : lancer un coup qui atteint son but.
B ♦ (Abstrait)
1 ♦ (1665) Mettre (qqn) dans une situation déterminée. ⇒ mettre. Placer un employé sous l'autorité d'un chef de bureau. — « toute l'équipe placée sous ses ordres » (Mac Orlan).
♢ Spécialt (1690) Placer qqn, lui procurer une place, un emploi. Placer un apprenti chez un boucher. — Placer un enfant, le retirer à sa famille pour le mettre dans une institution ou une famille d'accueil.
2 ♦ Mettre (qqch.) dans une situation, à une place; faire consister en. « Je place le tact au premier rang des qualités humaines » (Duhamel). Placer ses espérances en qqn. ⇒ fonder.
3 ♦ Faire se passer en un lieu (un récit). ⇒ localiser, situer. « les lieux où Rousseau avait placé la Nouvelle Héloïse » (Maurois).
♢ Situer (un événement) en un point du temps.
4 ♦ Introduire dans un récit, une conversation. Placer une anecdote, une histoire. Mme de Genlis « ne perdra aucune occasion de placer un précepte, une recette, soit de morale, soit de médecine » (Sainte-Beuve). Il n'a pas pu placer un seul mot, (fam.) il n'a pas pu en placer une : il n'a rien pu dire, on l'a empêché de parler.
5 ♦ S'occuper de vendre. Démarcheur qui place des valeurs financières. Placer des aspirateurs.
6 ♦ Employer (un capital) afin d'en tirer un profit, une plus-value ou d'en conserver la valeur. ⇒ investir. Placer son argent à la caisse d'épargne, chez un agent de change. Placer ses économies en bons du Trésor. Elle avait « placé tout son petit avoir en viager » (Duhamel).
II ♦ SE PLACER v. pron.
1 ♦ Se mettre à une place. — (Personnes) ⇒ s'installer. « Les autres convives se placèrent à leur goût » (Zola). — (Choses) Être placé. Le fauteuil se place devant la cheminée. ⇒ se mettre.
2 ♦ (Abstrait) Se placer sous la protection de qqn. Se placer dans la situation la plus favorable. Cela dépend du point de vue où l'on se place. — Loc. Chercher à se placer : se mettre en frais, se faire valoir auprès de qqn.
3 ♦ Prendre une place, un emploi (apprenti, domestique). Domestique qui se place.
⊗ CONTR. Déplacer, déranger.
placer 2. placer [ plasɛr ] n. m.
• 1846; mot esp. « banc de sable »
♦ Gisement d'or. Les placers de Californie, d'Australie.
● placer verbe transitif (de place) Poser quelque chose quelque part, l'y mettre : Placer un vase sur la table. Mettre quelque chose dans telle position, à telle place et, en particulier, dans la position adéquate, à la place convenable, adéquate : Apprendre à placer ses doigts sur le clavier. Attribuer à quelqu'un une place quelque part, lui indiquer l'endroit où il doit se mettre ; installer : Placer quelqu'un à table. L'ouvreuse va vous placer. Déterminer ; localiser la position de quelqu'un, sa situation dans l'espace ou le temps : Dans quel département placez-vous cette ville ? Le romancier place l'action au XVIIe s. Attribuer à quelqu'un ou à quelque chose telle place, tel rang, le situer à tel niveau : Le jury l'a placé en tête de liste. Placer la générosité avant l'intelligence. Attribuer un poste à quelqu'un : On l'a placé à la direction de l'établissement. Mettre quelqu'un, quelque chose dans tel état, telle situation : Votre démarche m'a placé dans une situation impossible. Dire ou écrire une expression, une phrase, etc. : Il place toujours quelques anecdotes dans ses comptes rendus. Obtenir un emploi pour quelqu'un : Cette agence place les employés de maison. Réussir à faire entrer quelqu'un dans une famille par le mariage, réussir à lui obtenir une situation avantageuse : Parti qui essaie de placer son candidat. Faire entrer quelqu'un dans un établissement spécialisé, à caractère collectif : Placer ses enfants à l'Assistance publique. Vendre quelque chose (à quelqu'un) ou le lui faire adopter : Il n'arrive pas à placer ses fins de stocks. Mettre quelque chose dans quelque chose : Il place tous ses espoirs dans ce projet. Mettre son argent en dépôt ou l'investir dans quelque chose de telle sorte qu'il rapporte. Émettre au cours d'une discussion une réflexion, une idée, etc. : J'ai réussi à placer que ces déductions étaient hasardeuses. En chorégraphie, faire exécuter les exercices appropriés pour donner au jeune élève de bonnes assises et des attitudes justes. ● placer (difficultés) verbe transitif (de place) Conjugaison Le c devient ç devant a et o : je place, nous plaçons ; il plaça. ● placer (expressions) verbe transitif (de place) Placer sa balle, au tennis, au tennis de table, l'envoyer à l'endroit désiré. Placer un mot ou, familièrement, en placer une, parvenir à dire quelques mots dans une conversation. Placer sa voix, déterminer le registre qui lui correspond. ● placer (homonymes) verbe transitif (de place) placé adjectif placet nom masculin ● placer (synonymes) verbe transitif (de place) Poser quelque chose quelque part, l'y mettre
Contraires :
- déplacer
- déranger
Déterminer ; localiser la position de quelqu'un, sa situation dans l'espace...
Synonymes :
Dire ou écrire une expression, une phrase, etc.
Synonymes :
- glisser
- mettre
Obtenir un emploi pour quelqu'un
Synonymes :
- caser (familier)
- établir
- pourvoir
Vendre quelque chose (à quelqu'un) ou le lui faire adopter
Synonymes :
- liquider
Mettre son argent en dépôt ou l'investir dans quelque chose de...
Synonymes :
- investir
● placer
nom masculin
(anglais placer)
Gîte sédimentaire détritique, le plus souvent alluvionnaire.
● placer (homonymes)
nom masculin
(anglais placer)
placèrent
forme conjuguée du verbe placer
placer
v.
aA./a v. tr.
rI./r (Concret) Mettre (qqch ou qqn) à une certaine place.
d1./d Assigner une certaine place à (qqn). Placer les convives autour de la table.
d2./d Mettre (qqch) à une certaine place, à un certain endroit, et, spécial., d'une certaine façon. Placer sa main sur l'épaule de qqn.
rII./r (Abstrait)
d1./d Mettre (qqn) dans une certaine situation. Placer qqn devant le fait accompli, le mettre dans telle situation sans qu'il ait pu choisir ou décider quoi que ce soit.
|| Procurer une place, un emploi à (qqn). Placer qqn comme apprenti.
d2./d Assigner une place, un rang à (qqch). Placer le courage au-dessus des autres qualités.
d3./d Situer (dans le temps ou dans l'espace). Il a placé son roman au XVIIIe siècle.
d4./d Placer bien, mal son amitié, sa confiance, la donner à des gens qui en sont dignes, indignes.
— Placer en qqn tous ses espoirs.
d5./d Introduire (dans le cours d'un récit, d'une conversation). Placer une anecdote.
d6./d Trouver preneur pour (une marchandise); vendre, écouler pour le compte d'autrui. Placer des billets de tombola.
d7./d Employer (un capital) pour lui conserver sa valeur ou en tirer un bénéfice. Placer ses économies à la caisse d'épargne.
aB./a v. Pron.
d1./d (Personnes) Prendre une place. Placez-vous où vous voulez.
|| Prendre un emploi (d'employé de maison). Il s'est placé comme boy.
|| (Abstrait) Se mettre (dans un état, une position). Se placer sur un terrain favorable pour négocier.
d2./d (Choses) Se mettre à une place. Le couteau se place à droite de l'assiette.
|| COMM Se vendre. Un produit qui se place facilement.
I.
⇒PLACER1, verbe trans.
A. —[Corresp. à place I A]
1. a) Qqn place qqn (une pers. ou p.anal. un animal) + compl. circ. de lieu. Mettre ou conduire à un endroit déterminé, à une place assignée. Synon. caser (fam.), installer. Placer les invités à table, autour d'une table; placer qqn au cinéma, au théâtre; placer qqn à côté de qqn, auprès de qqn, devant, derrière qqn/qqc., en face de qqn. Après avoir été lui-même (...) placer la vieille meute à l'entrée de la forêt, il était revenu aux écuries faire seller les chevaux (JOUY, Hermite, t.4, 1813, p.171). Derrière les convives, Julien et François servaient, aidés de Zoé (...). Elle avait placé Muffat à sa droite et Vandeuvres à sa gauche (ZOLA, Nana, 1880, p.1365).
♦Loc. verb. fig. Placer qqn sur le trône.
♦Empl. pronom. réfl. Synon. s'installer, prendre place. Il se place au milieu des fillettes et lit son invocation (GIRAUDOUX, Intermezzo, 1933, III, 1, p.160).
— [Avec un compl. circ. indiquant une situation pour exercer une fonction déterminée] Disposer d'une certaine façon. Être placé en faction, en sentinelle (quelque part):
• 1. Quand un de ses fils atteignait l'âge de deux ans, il avait coutume de placer le petit bonhomme à cheval sur le dos d'un coursier de son écurie...
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.218.
♦Empl. pronom. réfl. Le vieux vit arriver sur lui les quatre miliciens musclés. (...) il ne savait pas (...) comment se placer pour recevoir avec le moins de douleur possible cette tournée de justice (CÉLINE, Voyage, 1932, p.193).
Abs., SPORTS. L'avant-centre (...) doit constamment être attentionné au jeu, et se placer pour attaquer favorablement les balles centrées par les ailiers (J. MERCIER, Football, 1966, p.60)
b) Qqn place qqc. (le plus souvent une chose concr. ou une partie du corps) + compl. circ. de lieu. Mettre à une place déterminée; disposer d'une certaine façon. Synon. disposer; caser (fam.), ficher (fam.), flanquer (fam.), foutre (vulg.). Placer un fauteuil près de la fenêtre, les mains devant les yeux, qqc. devant, derrière, sous, sur qqc., devant qqn, sous les yeux de qqn. Dans le milieu de la nef sont placés les tombeaux de don Juan II et de la reine Isabelle (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p.54):
• 2. ... deux étages que je devrai descendre et monter sans cesse, attendu que madame, qui se tient dans un petit salon près de la salle à manger, a eu l'ingénieuse idée de placer la lingerie, où je dois travailler, sous les combles...
MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.23.
♦Placer en, sur orbite.
♦Placer un nom sur un visage. Synon. de mettre un nom sur un visage. Ceux qui liront ces souvenirs sauront bien sur quel visage sérieux ils doivent placer son nom de guerre donné par les soldats (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p.133).
— [Avec un compl. de manière] Mettre (quelque part) dans une certaine position ou selon une certaine disposition. Synon. poser. Le photographe (...) condamna la vieille porte en y plaçant une autre planche en travers (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.133).
2. Spécialement
a) MUS. VOC. Placer la/sa voix. [Dans le chant] Poser sa voix dans le registre le plus naturel de sa tessiture, ou l'ajuster dans le timbre le plus plein. Mme Baudoin leur avait appris à chanter. Elle avait une manière personnelle (...) d'incliner la tête, d'ouvrir la bouche, de former les sons, de placer la voix, de reprendre le souffle (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p.122).
♦[Dans la parole] Je la regarde piétiner dans sa loge, navrée de constater que Jadin marche en poule, comme tout le monde, ventre rentré et jabot sorti, qu'elle place sa voix en parlant et qu'elle n'a pas encore dit «Mange!» depuis que nous sommes arrivés (COLETTE, Vagab., 1910, p.125).
b) SPORTS, JEUX (de plein air, comportant une balle, un ballon, notamment au tennis, à la pelote basque, au football)
— Placer la/sa balle. Envoyer, lancer la balle avec adresse à l'endroit visé (et hors de portée de l'adversaire).
♦BALIST., CHASSE. Ajuster son tir. Bientôt il devint si adroit, que Teresa (...) s'amusa à voir son jeune compagnon placer la balle de son fusil où il voulait la mettre, avec autant de justesse que s'il l'eût poussée avec la main (DUMAS père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.436).
♦Au fig. V. balle1 I A 1.
— Placer un/son coup (escr. et boxe). Frapper au bon endroit, ajuster (d'apr. PETIOT 1982). Il se relève assez frais et termine le round en plaçant quelques gauches (Écho Sport, 10 févr. 1941).
— Placer sa pointe de vitesse. Produire un effort au bon moment dans une compétition (d'apr. PETIOT 1982).
c) ÉQUIT. Placer un cheval. ,,Placer un cheval, pour le présenter ou l'examiner, consiste à le laisser reposer également sur ses membres, l'encolure et la tête libre (...) l'ensemble ayant une attitude naturelle`` (TONDRA Cheval 1979).
♦Empl. subst. masc. Le placer, très proche du ramener (...) résulte du relèvement de l'encolure, obtenu par des vibrations subtiles sur la rêne du filet (...). Le placer correct demande beaucoup de tact et d'expérience (TONDRA Cheval 1979).
3. Qqn place qqc. + compl. circ. de lieu ou de temps. Situer, localiser (réellement ou en esprit)
a) [Dans l'espace] Savoir placer une localité sur une carte, une rue sur un plan. Le journal place la montagne et le cap [d'une île] par 57 degrés 2 minutes de latitude (Voy. La Pérouse, t.1, 1797, p.131). J'ai envie de placer mon prochain roman à Guérande, que Balzac a déjà choisi pour sa Béatrix (ZOLA, Corresp., t.2, 1876, p.452).
b) [Dans le temps] Tieck (...) l'auteur d'un roman, Sternbald, (...) place son héros dans le beau siècle des arts (STAËL, Allemagne, t.3, 1810, p.267). L'âge d'or que nous entrevoyons à l'horizon de l'avenir, ils [les Grecs] le plaçaient loin derrière eux dans le recul des temps (RODIN, Art, 1911, p.280).
— Empl. pronom. passif. Synon. se situer. Ainsi, un jour (qui se place d'ailleurs après cette première période) où le baron revenait avec Charlie et moi d'un déjeuner chez les Verdurin (PROUST, Sodome, 1922, p.1063).
4. Qqn place qqc. (un mot, un discours, etc.) + dans qqc. (discours oral ou écrit, conversation, récit). Introduire. Synon. caser (fam.), loger. Placer un dialogue dans un récit, un jeu de mots dans une conversation. [En revenant de l'Escurial] À propos de voleurs, plaçons ici une histoire dont nous avons bien failli être les héros (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p.134). Le petit Barfleur savait qu'un homme du monde doit toujours placer dans toute conversation, et sur n'importe quel sujet, un mot quelconque (GYP, Mariage Chiffon, 1894, p.53).
— [Sans compl. circ.] Introduire (dans la conversation). Le banquet était achevé. On avait desservi (...). Chacun fumait (...) Justinien, qui voulait placer un discours, la fit presque aussitôt refermer [la fenêtre] «pour l'acoustique» (GIDE, Faux-monn., 1925, p.1166).
♦(Ne pas pouvoir) placer un mot, une parole, une phrase, une syllabe (fam.), (ne pas pouvoir) en placer une (pop.). Intervenir dans la conversation. Synon. mettre son grain de sel (dans la conversation) (fam.). L'aigre manière de Vitet qui ne me laisse jamais placer une syllabe sans lancer quelque mordant «je ne suis pas du tout de ton avis» (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p.183).
B. —[Corresp. à place I B]
1. a) Qqn place qqn/qqc. + compl. circ. Mettre dans un rang déterminé, dans une série ordonnée, dans un ensemble. Placer dans une catégorie; placer qqn très haut dans son estime (v. haut1 II F); placer qqn sous l'autorité, la dépendance, la protection, les ordres de qqn. L'usufruitier est placé sous la surveillance de la société, soumis à la condition du travail et à la loi de l'égalité (PROUDHON, Propriété, 1840, p.189):
• 3. ... j'organisai (...) la 6e armée que je plaçai aux ordres du général Maunoury disposant de l'état-major de l'armée de Lorraine.
JOFFRE, Mém., t.1, 1931, p.320.
♦Placer qqn devant qqc. (subst. abstr.). Mettre en face d'une certaine réalité, d'une certaine situation. Être mis, placé devant le fait accompli (v. fait B 1 a), devant un dilemme.
— [Plus rare, le suj. désigne un subst. abstr.] L'art est comme intermédiaire entre la science et la matière, ont dit les saints-simoniens, et cette vérité (...) place les artisans dans une position plus intéressante que celle où le monde antique les reléguait (GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1843, p.53). Ce tact parfait d'homme du monde qui sait se trouver à l'aise en quelque situation que le hasard le place (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p.243).
b) Empl. pronom. réfl. Se placer à un certain point de vue; se placer sur le terrain de qqn/qqc. (au fig.), dans une situation favorable, sous la protection de qqn. Il y avait dans les avances du diplomate un effet de ce point de vue tout individuel où chacun se place pour décider de ses sympathies (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p.436).
2. [Corresp. à place «emploi»] Procurer un emploi, un poste (souvent modeste, notamment dans le monde du service tertiaire, employés, gens de maison). Synon. caser (fam.), établir, mettre. Placer qqn chez qqn, comme domestique, en apprentissage. Il m'avait même promis de me placer dans sa marine, si nos affaires de France tournaient mal (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.316).
♦Absol. [Sans compl. précisant la condition ou la profession] Il commença petit pâtre. Chez lui le pain était cher: on le plaça de bonne heure. En revenant du pacage ou avant d'y aller, il portait la pâtée aux cochons, coupait les herbes pour la volaille, retournait les litières (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p.89).
— Empl. pronom. réfl. + attribut de l'obj. avec ou sans comme, vieilli. Entrer au service de quelqu'un. Synon. pop. se mettre en condition (v. mettre 2e section III A 2 b). Se placer comme concierge, comme domestique, chez/auprès de qqn. Elle se désolait, les mains inertes s'irritait contre son éducation imbécile de demoiselle, qui lui laissait la seule ressource de se placer un jour domestique (ZOLA, L'OEuvre, 1886, p.271).
♦Absol. [Sans compl. précisant la condition ou la profession] Elle avait quitté l'Alsace pour venir se placer à Paris, chez un pasteur (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p.176). Yvonne n'était pas du pays. Une fille de Douarnenez qui avait fui l'industrie des sardines à dix-huit ans pour se placer. (...) Elle avait travaillé dans un restaurant à Orléans, elle avait été fille de cuisine dans une grande ferme beauceronne (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.294).
3. Qqn place qqn + compl. de lieu désignant une famille ou une institution.
a) Mettre (quelqu'un) pensionnaire, confier à la garde de. Synon. mettre. Placer un enfant en nourrice, en internat, dans une famille. [Beethoven] plaça le jeune Karl à l'institution (PROD'HOMME, Symph. Beethoven, 1921, p.383):
• 4. M. Bellaguet s'était offert plusieurs fois à la placer dans une maison de vieillards, mais elle s'y était refusée avec tant de force qu'il avait dû y renoncer.
A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p.139.
b) Spéc. [Corresp. à placement B 2 b]
— PSYCHOPÉDAG. MÉDICO-SOC. Effectuer un placement d'enfant. Placer un jeune en internat (spécialisé). Lorsqu'un enfant n'a plus de famille ou ne peut plus y vivre, il ne peut être placé qu'en internat ou dans une famille (BLEAND. 1976).
— MÉD., PSYCH. Effectuer le placement d'un malade dans un établissement psychiatrique.
4. Qqn place qqn/qqc. + compl. circ.
a) Qqn place qqc. (subst. abstr.) + dans, sur, parmi + subst. abstr. Faire consister en, situer, mettre en esprit. Montesquieu plaçait la destruction du stoïcisme au nombre des malheurs du genre humain (P. LEROUX, Humanité, 1840, p.69).
b) Placer son/sa/ses + subst. abstr. (d'ordre affectif) + dans/en qqn. Accorder. Synon. fonder, mettre. Placer sa confiance, ses espoirs en qqn. Une nièce de Madame Rechteren (...) qu'elle appelait sa fille, et sur laquelle elle avait placé toutes ses affections (KARR, Sous tilleuls, 1832, p.202).
♦Vx. Bien, mal placer son affection, ses amitiés, ses aumônes, ses charités, sa confiance. Accorder. Il y a des entrepreneurs de charité qui nous évitent le souci de bien placer les offrandes que l'on adresse aux malheureux du monde entier, qu'on soulage ainsi sans les connaître (DELACROIX, Journal, 1854, p.208).
c) Qqn place qqn + prép. de lieu. Situer, estimer. Synon. mettre. Placer qqn au-dessus de tout, au premier rang, parmi les plus grands. Parmi les auteurs qui sont restés fidèles à l'imitation des anciens il faut placer Collin au premier rang (STAËL, Allemagne, t.3, 1810, p.179). [Sébastien del Piombo] (...) son talent de coloriste le place parmi les grands maîtres de l'école vénitienne (MÉNARD, Hist. Beaux-Arts, 1882, p.132).
5. [Corresp. à la loc. verb. faire la place] Qqn place qqc. (désignant une marchandise, un stock). Vendre, écouler, réussir à faire acheter ou à faire adopter quelque chose. Placer des billets de loterie, de tombola, des livres, du vin. En apprenant que j'étais secrétaire d'un marquis, il a voulu que je place quelques tonneaux de cidre chez lui (A. DAUDET, Pt Chose, 1868, p.120):
• 5. Pluchart, désolé des méfiances que l'Internationale rencontrait chez les mineurs de Montsou, espérait les voir adhérer en masse, si un conflit les obligeait à lutter contre la compagnie. Malgré ses efforts, Étienne n'avait pu placer une seule carte de membre...
ZOLA,Germinal, 1885, p.1285.
6. Qqn place qqc. (désignant de l'argent, un capital + compl. circ. de lieu (désignant une pers. ou un organisme financier)). Employer, déposer afin de faire fructifier, d'en augmenter la valeur ou d'en tirer des bénéfices. Synon. investir (v. investir3). Placer son argent, sa fortune à la banque, dans une caisse d'épargne, chez un notaire, à l'étranger, à intérêt, à fonds perdu, en viager, en gage; placer un capital dans une entreprise. Beethoven chercha à placer ses épargnes. Il songea d'abord à l'achat d'une maison (ROLLAND, Beethoven, t.1, 1937, p.40):
• 6. Crevel, pour consoler l'amie de sa Valérie, en prit les économies, les doubla largement, et plaça ce capital en cinq pour cent, en lui donnant l'usufruit et mettant la propriété au nom de Célestine.
BALZAC, Cous. Bette, 1846, p.316.
— Absol. J'ai dans l'idée, dit Zélie, que depuis trois ans il ne plaçait plus, il aimait à thésauriser (BALZAC, U. Mirouët, 1841, p.177).
REM. Plaçoter, verbe trans., rare. Placer sou par sou et à faible taux une modeste somme d'argent. Concert général d'éloges donnés à ce mort, pour avoir tenu le pain sous la clef, pour avoir plaçoté ses économies, mis sou sur sou (BALZAC, Ptes mis., 1846, p.118).
Prononc. et Orth.:[plase], (il) place [plas]. Homon. forme conjuguée (ils) placèrent et placer2. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. : prend une cédille devant a et o: plaçant, plaçons. Étymol. et Hist. 1. a) 1564 «mettre quelque chose ou quelqu'un en un certain endroit déterminé, disposer» (THIERRY: se placer en un lieu convenable, id. est, se mettre, et y prendre sa place. Son contraire est desplacer); 1718 emploi abs. (Ac.: On dit qu'Un Officier place, pour dire, qu'Il donne des places, etc.); spéc. b) av. 1662 jeu de paume placer la balle (PASCAL, Pensées, éd. L. Lafuma, OEuvres, Seuil, 1972, 696-22, p.592); 1694 id. placer son coup (Ac.); 1718 escr. placer son coup (Ac.); c) 1671 «situer, faire au moment choisi» (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettres, éd. Grands Écrivains de la France, t.2, p.178); 1690 mot, passage bien placé «dits ou cités fort à propos» (FUR.); 1763 placé «pertinent» (CAZOTTE, Ollivier, p.33); 1784 plaisanteries placées ou déplacées (DIDEROT, Jacques le Fataliste, p.698); d) 1696 ne pas trouver où placer un mot (LA BRUYÈRE, Les Caractères ou les moeurs de ce siècle, VII, éd. Grands Écrivains de la France, OEuvres, t.2, p.189); e) 1835 placer un cheval «le maintenir en équilibre ou le mettre dans une certaine position pour le faire voir» (Ac.); f) 1910 placer sa voix (COLETTE, loc. cit.); g) 1931 danse bien placé (MEUNIER, Danse class., p.136); 2. 1582 «faire entrer dans une famille, notamment par le mariage» (GARNIER, Bradamante, 1916, éd. W. Foerster, Tragédies, IV, 751 ds IGLF); 1928 placé «marié, en ménage ou en concubinage» (LACASSAGNE, Arg. «milieu», p.160); 3. 1629-30 «donner, accorder» (CORNEILLE, Mélite, III, 3, éd. M. Roques et M. Lièvre, vers 931: ô faveurs indignement placées); 4. 1665 «assigner une place de choix, un rang, à quelque chose ou quelqu'un» (RACINE, Alexandre, III, 2, éd. R. Picard, OEuvres, La Pléiade, I, p.206); cf. aussi 1652 coeur (bien, mal) placé (ROTROU, Don Lope de Cardone, I, 4, OEuvres, 1820, t.5, p.507 ds IGLF); 1833 (personne) bas placée (dans un rang social) (HUGO, L. Borgia, II, 2, p.83); 1835 (ici, âme) haut placée (STENDHAL, L. Leuwen, t.1, p.296); 1867 cheval placé (PAZ, Dict. des courses ds PETIOT); 5. a) 1676 «mettre en pension hors du milieu familial (un enfant)» (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettre à Mme de Grignan, 17 mai, II, 96, éd. Gérard-Gailly ds QUEM. DDL t.13); b) 1690 «pourvoir d'un poste, d'un emploi» (FUR.: On dit [...] qu'un garçon est bien placé, quand il a quelque bon employ, ou quelque charge. Ce domestique est placé en une bonne maison); 6. 1680 «investir (de l'argent)» (RICH. t.2); 7. 1719 «situer dans l'espace ou dans le temps» (VERTOT, Hist. révol. Rom., t.2, p.191); 8. 1727 «faire résider dans, assimiler à» (RAMSAY, Voyages Cyrus, t.1, p.33); 9. 1755 «vendre, écouler» (MONTESQUIEU, Esprit des lois, t.3, p.56); 10. 1868 pronom. turf «prendre une bonne position dans le peloton» (Le Sport, 11 mars ds PETIOT). Dér. de place; dés. -er. Dans le lang. des courses (10) empr. à l'angl. to place, att. en ce sens dep. 1831 (NED). Fréq. abs. littér.:5972. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 11480, b) 8168; XXes.: a) 7031, b) 6993.
DÉR. 1. Plaçage, subst. masc., admin. Assignation, moyennant une taxe, des places des forains, marchands dans une foire, un marché; p.méton. cette taxe (synon. usuel droit de place). Halles et marchés. De même que pour les droits de plaçage et de mesurage, les droits perçus sur les halles et marchés doivent être autorisés par le préfet (BARADAT, Organ. préfect., 1907, p.215). — []. — 1res attest. a) ) 1315-55 plassages «droits sur les emplacements de marchés et foires» (Revenus perçus par les dauphins du Viennois, Arch. mun. Bourg. ds GDF.), 1325 plazezage (Arch. JJ 65, pièce 278, ibid.), ) 1600 plaçage «emplacement attribué à un marchand» (Ord. du prév. de Paris, 22 sept., Code de la Voyerie, II, ibid.); ) 1819 (BOISTE: plaçage, s. m. distribution des places d'un marché, d'une foire, t.de police), b) 1832 (RAYMOND: Plaçage, s. m. Distribution des places dans [...] un spectacle, etc.); de placer1, suff. -age. 2. Plaçure, subst. fém. a) Reliure. ,,Ensemble des opérations précédant la couture d'un livre: débrochage des cahiers, réparation, placement des couvertures, des hors-textes, des gardes, mise en presse, ébarbage, collationnement`` (COMTE-PERN. 1974). La reliure de volumes énormes et sans marges (...), d'ouvrages sur feuilles volantes gonflés de dépliants mobiles en carton (...) pose des problèmes de plaçure, de montage (Civilis. écr., 1939, p.12-4). b) Brochure. ,,Préparation des différentes feuilles d'un livre (y compris le pliage), en vue de la couture`` (COMTE-PERN. 1974). Plaçure (...). Action de disposer dans leur ordre rigoureusement exact les planches et feuilles d'un ouvrage avant de le coudre (MAIRE, Manuel biblioth., 1896, p.138). — []. — 1re attest. 1896 id.; de placer1, suff. -ure.
BBG. —QUEM. DDL t.13.
II.
⇒PLACER2, subst. masc.
MINÉR. Gisement secondaire de roches sédimentaires, le plus souvent d'origine alluvionnaire, produisant des métaux et des minéraux lourds, notamment de l'or et des pierres précieuses. Placers de Californie, d'Australie. Au mont Alexandre, l'or se recueille plus spécialement dans les couches argileuses et dans l'interstice des roches ardoisiennes. (...) là, le mineur heureux a souvent mis la main sur le gros lot des placers (VERNE, Enf. cap. Grant, t.2, 1868, p.151). M. Hamoche était allé (...) à la conquête de l'or. Il avait fait le rêve de ces placers à fleur de terre (A. FRANCE, P. Nozière, 1899, p.21).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. placèrent (de placer1). Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1846 sing. placer, plur. placeres (G. FERRY, Les Gambusinos ds R. des Deux Mondes, 15 août, p.650 et 651); 1849 (A. LIREUX, Assemblée nationale comique, p.561-2 ds QUEM. DDL t.12). Empr., soit directement soit par l'intermédiaire de l'anglo-amér. (1842,DAE, Americanisms), à l'esp. placer, placel «banc de sable, bas-fond», lui-même empr. au cat. placer «plaine sous-marine, lieu de peu de profondeur au fond de la mer», dér. de plaça corresp. à l'esp. plaza «place, arènes» et de même orig. que place; de tels lieux sont réputés poissonneux en Méditerranée, d'où l'expr. placer de perlas pour désigner un endroit riche en huîtres perlières en Californie et l'ext. en esp. sud-amér. et en anglo-amér. de l'usage du mot placer aux gisements aurifères (COR.-PASC.). Fréq. abs. littér.:11.
1. placer [plase] v. tr.
CONJUG. prend un ç devant a et o : il plaçait, plaçons.
ÉTYM. 1564; de place.
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1 Mettre (qqn) à une place, en un lieu (→ Attacher, cit. 94); conduire (qqn) à la place qu'il doit occuper. ⇒ Caser (fam.), colloquer (péj.), installer, nicher (fam.). || Il plaça son fils sur le devant du bât. ⇒ Asseoir (→ Bride, cit. 1). || Placer qqn à table. || Personne qui place les spectateurs dans une salle de cinéma, un théâtre. ⇒ Ouvreuse, placeur. || Placer un soldat en faction (cit. 5), en sentinelle. ⇒ Aposter, poster (→ Fois, cit. 21).
1 (…) il avait suffi de placer des sentinelles aux quatre portes d'entrée pour rendre l'évasion difficile.
Camus, la Peste, p. 259.
♦ Disposer (qqn) d'une certaine manière (→ 2. Pair, cit. 1). || Placer des soldats sur trois rangs. — Manège. || Placer un homme à cheval, le faire mettre à cheval dans la position correcte.
2 Mettre (qqch.) à une place, en un lieu; disposer d'une certaine façon. ⇒ Bouter (régional), déposer, disposer, mettre (cit. 1), poser; fam. ficher, flanquer, foutre (→ Coupure, cit. 6; couteau, cit. 11; exposant, cit. 2; magasin, cit. 1). || Placer une marchandise sur un camion (⇒ Charger), ses vêtements dans une armoire (⇒ Loger), une voiture sous une remise (⇒ Remiser). || Placer son bureau à l'entresol (⇒ Établir; → Magasin, cit. 1). || Placer un tableau bien en vue (⇒ Exposer; → Cimaise, cit. 1), à contre-jour. || Placer une chose contre une autre (⇒ Adosser, appliquer, coller), au-dessus d'une autre (⇒ Coiffer, couvrir). || Placer plus bas (⇒ Baisser), plus haut (⇒ Élever, monter), verticalement (⇒ Camper, dresser, ériger, planter). || Placer plus près (⇒ Approcher, rapprocher), plus loin (⇒ Éloigner, séparer), de distance en distance (⇒ Échelonner), autour de qqch. (⇒ Entourer), à plat (⇒ Coucher, étendre), entre deux choses (⇒ Interposer), ensemble (⇒ Joindre), en face (⇒ Opposer), à côté (⇒ Flanquer), en changeant l'ordre (⇒ Transposer). || Placer les choses bien en ordre. ⇒ Agencer, ajuster, arranger, classer, disposer, ordonner, ranger, serrer. || Placer sans soin. ⇒ Fourrer (fam.).
2 (…) ils sont allés (…) feindre cette sotte image, triste, querelleuse (…) et la placer sur un rocher, à l'écart, emmy (parmi) des ronces, fantôme à étonner les gens.
Montaigne, Essais, I, XXVI.
3 Déjà elle avait déplacé les meubles du salon, brisant la symétrie qui existait dans la disposition des fauteuils, les plaçant contre les murs au lieu de les laisser en rond au milieu du tapis, de façon à dégager un peu le centre de la pièce et à la faire paraître plus grande.
J. Green, Adrienne Mesurat, II, II.
♦ (Sans complément de lieu ou de manière). ⇒ Place (mettre en place). || Placer ses bagages (→ Dunette, cit. 1). || Général qui place sa droite, son corps de réserve (→ Armée, cit. 6).
♦ Par métaphore. || Placer un nom (cit. 2) sur un visage.
♦ Fig. || Placer sa voix. ⇒ Voix.
♦ (Jeux et sports). || Placer la balle, la lancer de manière qu'elle touche un point déterminé (→ Même, cit. 2, Pascal). — Escr. || Bien placer son coup. — Boxe. || Placer un direct, son gauche.
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II (Abstrait).
1 Mettre (qqn) dans une situation déterminée, assigner à (qqn) un rang dans une hiérarchie, faire entrer dans un groupe, classer dans une catégorie. ⇒ Place (III.). || Placer qqn à un poste. ⇒ Constituer, mettre (supra cit. 23). || Placer qqn sur le trône, ou, vx, au trône (→ Brigue, cit. 5). || Le personnel du navire est placé sous l'autorité du capitaine (→ 2. Marin, cit. 8). || Placer un enfant dans un collège. || Placer un romancier dans la catégorie des écrivains mondains (cit. 7). || Placer qqn trop haut (cit. 122).
4 (…) un vieux monsieur de Plassans leur demanda Claude, l'aîné des petits, pour le placer là-bas au collège (…)
Zola, l'Assommoir, IV, t. I, p. 121.
5 Son ascendant sur les hommes était immense car ils savaient que Gilieth était fort (…) Son sang-froid répondait du salut de toute l'équipe placée sous ses ordres.
P. Mac Orlan, la Bandera, XIII.
♦ (1676, in D. D. L.). Spécialt. || Placer une personne, lui procurer une place, un emploi. ⇒ Placement (4.), placeur. || Placer un domestique chez qqn. || Placer qqn auprès de soi comme adjoint. ⇒ Attacher.
♦ Effectuer le placement (d'un malade mental) dans un établissement psychiatrique. || « Un certificat du médecin constatant l'état mental de la personne à placer » (Loi du 30 juin 1838, art. 8).
♦ Spécialt, vx. Installer qqn dans une place importante. — P. p. adj. || Un homme placé (cf. La Bruyère, les Caractères, VIII, 51).
2 a Mettre (qqch.) dans telle situation. || Placer un village sous l'invocation (cit. 2) d'un saint. || Il place très haut l'idée qu'il se fait de l'intelligence (→ Idéologie, cit. 10).
b Faire consister en… ⇒ Mettre (supra cit. 37). || Placer l'absolu en Dieu (cit. 30), le bonheur dans la sagesse. || Placer ses espérances (cit. 37) en qqn. ⇒ Fonder. || Il a mal placé ses affections, son amitié, sa confiance. ⇒ Accorder.
6 (…) fonder la société sur un devoir, c'est l'élever sur une fiction; la placer dans un intérêt, c'est l'établir dans une réalité.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. IV, p. 116.
7 Je place le tact au premier rang des qualités humaines.
G. Duhamel, Cri des profondeurs, III.
3 Mettre à une place déterminée, dans une série, un ensemble ordonné; faire se passer en un lieu (récit). ⇒ Localiser, situer (→ Endroit, cit. 10, Molière; falsification, cit. 4). || Les lieux où Rousseau avait placé la Nouvelle Héloïse (→ Littéraire, cit. 2). — Par ext. Situer un événement en un point du temps. || Il faut en placer le commencement vers la fin de la 76e olympiade (→ Approchant, cit. 12).
♦ Situer (un événement) dans un ensemble, une suite. || Placer une scène à un certain moment d'un récit (→ Agencement, cit. 3). || Placer la conclusion avant les prémisses (→ 1. Logique, cit. 7).
4 Introduire dans un récit, une conversation. || Placer une anecdote, une histoire (→ Héros, cit. 37). || Placer un mot dans la conversation. ☑ Il n'a pas pu placer un seul mot (ou, fam., en placer une) : il n'a pu rien dire, on l'a empêché de parler. — ☑ Placer son mot (supra cit. 25).
8 Ainsi plus tard, en écrivant, elle (Mme de Genlis) ne perdra aucune occasion de placer un précepte, une recette, soit de morale, soit de médecine.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 14 oct. 1850.
9 Cette fois, il s'irrita de ne pouvoir placer un mot, et de la façon, quoique flatteuse, dont Anne lui coupait la parole.
R. Radiguet, le Bal du comte d'Orgel, p. 63.
5 S'occuper de vendre (le sujet désigne souvent une personne qui vend pour le compte d'autrui). || Démarcheur qui place des valeurs financières. ⇒ aussi Placeur. || Placer des marchandises, des billets de loterie (cit. 3).
10 Son utilité sociale semble incontestable à voir les bonnets armés de fleurs qu'elle porte, les tours tapés sur ses tempes, et les robes qu'elle choisit. Où les marchands placeraient-ils ces produits s'il n'existait pas des madame Latournelle ?
Balzac, Modeste Mignon, Pl., t. I, p. 359.
6 Employer (un capital constitué par de l'argent liquide) afin d'en tirer un revenu ou d'en conserver la valeur. ⇒ Investir. || Placer son argent (cit. 50) en reports, en fonds d'État. || Placer son avoir dans une huilerie (→ Appréciable, cit.), sa fortune dans un immeuble. ⇒ Mettre (supra cit. 42). → Entrepreneur, cit. 6. || Placer ses économies à la caisse d'épargne. — (Passif). || Tout son argent est placé.
11 Le ménage, malgré la charge des deux enfants, plaçait des vingt francs et des trente francs chaque mois à la Caisse d'épargne.
Zola, l'Assommoir, IV, t. I, p. 137.
12 La vieille servante Séraphine avait, sur les conseils de son maître, placé tout son petit avoir en viager.
G. Duhamel, Salavin, Journal, 25 déc.
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se placer v. pron.
1 (Concret; personnes). Se mettre à une place, en un lieu spécifique. ⇒ Mettre (se), ranger (se). → Espada, cit.; hôtel, cit. 15. || Se placer de telle ou telle manière. ⇒ Attitude, position. || La loge (cit. 9) où se plaça le roi. ⇒ Asseoir (s'). — (Choses). Être placé. ⇒ Appliquer (s'). → Forme, cit. 82. || Ce fauteuil se place devant la cheminée.
13 Les autres convives se placèrent à leur goût, parce que ça finissait toujours par des jalousies et des disputes, lorsqu'on indiquait les couverts.
Zola, l'Assommoir, III, t. I, p. 104.
14 Le moment du souper est venu et les rassemble tous dans la cuisine. Frère Martin et frère Hubert se sont placés modestement au bas bout de la table. Léopold a mis à sa droite sœur Thérèse, à sa gauche la sœur Euphrasie (…)
M. Barrès, la Colline inspirée, V.
2 (Abstrait). Se mettre, se situer (dans un état, une situation). || Se placer sous la protection de qqn. || Se placer dans la situation la plus favorable à ses intérêts (→ Fraude, cit. 2). — (Par métaphore. du sens 1). ☑ Se placer sur un bon, un mauvais terrain. || Se placer à un certain point de vue (→ Palinodie, cit. 2). — (Choses). Être placé. || Le véritable orgueil d'une femme ne devrait-il pas se placer dans l'énergie (cit. 6) du sentiment qu'elle inspire ? — Se situer (dans le temps). → Magasin, cit. 7.
15 D'ailleurs, dans les guerres civiles, il se forme souvent de grands hommes, parce que dans la confusion ceux qui ont du mérite se font jour, chacun se place et se met à son rang; au lieu que dans les autres temps on est placé, et on l'est souvent tout de travers.
Montesquieu, Grandeur et Décadence des Romains, XI.
16 La cité antique se plaçait sous la protection divine, mais ne croyait nullement qu'elle fût elle-même divine et nécessairement éternelle.
Julien Benda, la Trahison des clercs, p. 140.
3 (Personnes). Prendre une place, un emploi, en parlant d'apprentis, de domestiques. || Bonne (→ Former, cit. 26) qui se place. ⇒ Condition (se mettre en condition), entrer (au service de qqn). || Se placer comme chauffeur, jardinier.
16.1 Les services d'un enfant comme vous sont peu utiles dans une maison, me répondit Dubourg; vous n'êtes ni d'âge ni de tournure à vous placer comme vous le demandez.
Sade, Justine…, t. I, p. 21.
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placé, ée p. p. adj.
1 Situé. || Manière d'être placé. ⇒ Assiette, position, situation. || Être placé devant (⇒ Précéder), derrière (⇒ Suivre), au-dessus (⇒ Surmonter), tout près (⇒ Voisiner). || Château fort placé en haut d'une colline. ⇒ Campé, juché. — (En parlant d'une partie du corps, d'un organe). || L'iris, placé en avant du cristallin (→ Chambre, cit. 15).
♦ Avoir les épaules bien placées. || Seins haut (cit. 95) placés.
17 (…) la gorge est bien placée et d'une bonne forme, la ligne serpentine est assez ondoyante, les épaules sont grasses et d'un beau caractère.
Th. Gautier, Mlle de Maupin, IX.
2 Qui est dans telle ou telle situation. || Chacun dès sa naissance se trouvait placé dans le rang qu'occupaient ses parents (→ Caste, cit. 3; exercer, cit. 33; frange, cit. 7). || Un lord placé dans la plus haute (cit. 42) situation. — Haut placé. || Personnage haut placé. N. || L'élite de la bourgeoisie a rejoint les plus haut placés (→ Échelle, cit. 13). — (Choses). → Échelle, cit. 12.
♦ Bien, mal placé : qui est, qui n'est pas à sa place. || « C'est un homme qui serait bien placé partout » (Académie). — ☑ Être bien placé pour… : être en situation de…, en bonne position pour… (→ Approximatif, cit. 5). — (Choses). ⇒ Convenable (→ Enchâsser, cit. 6).
♦ ☑ Avoir le cœur bien placé : avoir des sentiments nobles, honnêtes. ☑ Avoir l'amour-propre mal placé, hors de propos.
18 Avec ça tu sais bien que tu avais l'amour-propre mal placé
Tu ne serais pas revenu sur une phrase prononcée (…)
Aragon, le Roman inachevé, p. 94.
3 (1854). || Cheval placé, qui se classe dans les deux premiers, s'il y a de quatre à sept partants, et dans les trois premiers, s'il y a plus de sept partants. || Jouer un cheval gagnant et placé. — ☑ Par métaphore. Jouer (cit. 39), miser (cit. 3) placé. — N. m. Somme que rapporte un cheval placé. || Toucher un placé.
19 Et par fiche de consolation, Jacques, qui avait touché un placé dans la première, l'avait emmené (Edmond) à la Cascade, où, tout à l'heure à Longchamp, le jeune Gilson-Quesnel lui avait dit qu'il serait, après les courses, avec ses amis.
Aragon, les Beaux Quartiers, II, XVII.
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CONTR. Déplacer, déranger.
DÉR. et COMP. Placement, placeur, plaçure. Replacer.
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2. placer [plasɛʀ] n. m.
ÉTYM. 1846; empr., par l'angl. des États-Unis (1842 en Californie, au plur. placeres comme en franç. en 1846), à l'esp. du Mexique placer (var. de placel) « banc de sable », spécialt « gisement d'huîtres perlières » (1791), empr. au catalan placer, de plaça (cf. esp. plaza). → Place.
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♦ Gisement d'or, et, par ext., de métaux précieux, de minerais lourds, de pierres précieuses. || Les placers de Californie, d'Australie. || Les placers indochinois (→ Hyacinthe, cit. 3).
1 Cinquante kilomètres avant d'arriver, un « placer » sur la route. Délirante activité d'un peuple grattant le sol (…) Par places, des puits profonds de 8 à 10 mètres. La fièvre ne s'est déclarée que depuis quatre ou cinq jours. Le peuple afflue (…) la teneur en or est trop faible et le placer est abandonné aux indigènes.
Gide, Journal, 9 févr. 1938.
♦ Par ext. Exploitation des mines (d'or).
2 « J'ai été ouvrier; j'ai soigné les caoutchoucs, et j'ai été mineur sur les placers… De la boue jusqu'au ventre et l'ombre puante de la Forêt qui donne la fièvre dix jours par mois (…) », ainsi écrira, en 1919, Jean Galmot (…)
B. Cendrars, Rhum, p. 51.
3 Des femmes, il y en a des femmes qui travaillent sur les placers, de rudes gaillardes, qui n'ont pas froid aux yeux et qui triment et qui crèvent à la peine tout comme les hommes.
B. Cendrars, l'Or, Œ. compl., t. II, p. 204.
Encyclopédie Universelle. 2012.