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ménagement

ménagement [ menaʒmɑ̃ ] n. m.
• 1551; de 1. ménager
1Vx Administration, conduite, soin. « laissez-moi le ménagement de notre fortune » (abbé Prévost).
2(1655) Mesure, réserve dont on use envers qqn (par respect, par intérêt). « Je ne connais plus ni respect, ni ménagement, ni bienséance » (Rousseau). Traiter qqn sans ménagement, brutalement.
3(Souvent au plur.) Procédé dont on use envers qqn que l'on veut ménager. attention, égard, précaution. Avertir qqn avec de grands ménagements. « Répondre avec d'adroits ménagements » (Michelet).
⊗ CONTR. Brusquerie, brutalité.

ménagement nom masculin Mesure, modération dans sa conduite à l'égard des autres : Dites-le-lui avec ménagements.ménagement (difficultés) nom masculin Orthographe On écrit le plus souvent au singulier : beaucoup de ménagement, plus de ménagement, sans ménagement, trop de ménagement ; on écrit au pluriel : avec ménagements. Remarque Quelques grammairiens préconisent d'écrire sans ménagements comme avec ménagements, au pluriel. ● ménagement (synonymes) nom masculin Mesure, modération dans sa conduite à l'égard des autres
Synonymes :
- attention
- circonspection
- égard
- précaution
- prévenance
- prudence

ménagement
n. m. Réserve, précaution avec laquelle on traite qqn.

⇒MÉNAGEMENT, subst. masc.
A. Vx. Art de bien diriger, de bien conduire quelque chose. Il soutenait la guerre par le simple fruit des économies, et le ménagement habile du crédit (STAËL, Consid. Révol. fr., t.1, 1817, p. 63).
B. —[Correspond à ménager1 I C]
1. Attitude, manière d'agir avec beaucoup d'égards, de réserve envers quelqu'un. Parler avec/sans ménagement; dire, exposer, raconter qqc. sans ménagement; céder par ménagement aux vues de qqn; gouverner qqn sans ménagement. Je suis donc pamphlétaire? Je ne vous l'eusse pas dit par égard, ménagement, compassion du malheur; mais c'est la vérité (COURIER, Pamphlets pol., Pamphlet des pamphlets, 1824, p. 210). «Ne gratte pas tes boutons, ne tourne pas ton nez», me répétait mon père. Sans méchanceté, mais sans ménagement, il faisait sur mon teint, mon acné, ma balourdise, des remarques qui exaspéraient mon malaise et mes manies (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 103):
1. ... par excès de précaution pour la sensibilité d'Emma, Charles avait prié M. Homais de lui apprendre avec ménagement cette horrible nouvelle. Il avait médité sa phrase, il l'avait arrondie, polie, rythmée; c'était un chef-d'oeuvre de prudence et de transition, de tournures fines et de délicatesse...
FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 96.
P. anal. [En parlant d'un inanimé concr.] Il arrive, salue tout le monde et cherche une place pour son chapeau melon qu'il traite avec ménagement, comme un attribut sacré de la personne joséphienne (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 171).
2. Au plur. Actes, procédés, attentions particulières dont on use envers quelqu'un afin de ne pas le choquer, le peiner, de ne pas lui déplaire. Répondre sans ménagements; être traité sans ménagements; user de ménagements. Les droits de la critique sont de dire nettement et clairement son avis; de juger impitoyablement un livre, sans considérations aucunes, sans ménagements, sans égards aux réclamations de l'auteur (CHATEAUBR., Martyrs, t. 1, 1810, p. 110). Il parlait vivement et sans retenue, disant toute sa pensée avec ignorance des ménagements (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Ami Jos., 1883, p. 1263):
2. Les femmes citaient monsieur le premier président comme un des hommes les plus délicats, le plaignaient et allaient jusqu'à souvent accuser la douleur, la passion d'Eugénie, mais comme elles savent accuser une femme, avec les plus cruels ménagements.
BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 254.
En partic. [En parlant d'une pers. âgée ou malade] Soins particuliers, attentions particulières destinées à éviter des soucis, de la fatigue à quelqu'un. Santé qui demande des ménagements. Le froid est si vif que je gèle sous ma couverture. Je suis arrivée à un âge où j'ai besoin de ménagements (BALZAC, E. Grandet, 1834p.189). Laura était très fatiguée et (...) son état (elle commence son troisième mois de grossesse) exigeait beaucoup de ménagements (GIDE, Faux-monn., 1925, p.1067):
3. Les deux médecins répétèrent une fois encore qu'il fallait de grands ménagements. On ne pouvait trop prendre de précautions avec ces affections chloro-anémiques, qui favorisent le développement de tant de maladies cruelles.
ZOLA, Page amour, 1878, p. 950.
Prononc. et Orth.: []. Ac. 1694, 1718 mesnagement; dep. 1740 ménagement. Étymol. et Hist. 1. 1551 «gouvernement de la maison» mesnagement de notre mestairie [COTEREAU, trad. de COLUMELLE, XI, 1 ds HUG.); en partic. a) 1587 «bon exercice de l'administration domestique» bon mesnagement (LA NOUE, Disc. polit. et milit., XX, p. 429, ibid.); b) début XVIIe s. «mesure et économie dans la gestion et le comportement» (D'AUBIGNÉ, Lettres Familieres, X ds Œuvres, éd. Réaume et de Caussade, I, 361); 2. 1665 «mesure, réserve dont on use envers quelqu'un» un ménagement réciproque d'intérêts (LA ROCHEFOUCAULT, Réflexions ou sentences et maximes morales, LXXXIII ds Œuvres, éd. M. D. L. Gilbert, I, 66). Dér. de ménager1; suff. -(e)ment1. Fréq. abs. littér.: 538. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a)1131, b) 809; XXe s.: a) 579, b) 540.

ménagement [menaʒmɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1551; de ménager.
1 (1587). Vx. Administration domestique.Fig. Conduite, direction.Spécialt (av. 1615). Action de régler, d'organiser avec mesure, soin.
1 (…) laissez-moi pour quelque temps le ménagement de notre fortune.
Abbé Prévost, Manon Lescaut, I, in Brunot, Hist. de la langue franç., p. 1346.
(Fin XIXe). Littér. Mesure, soin. || « Lumière filtrée (cit. 2) avec ménagement » (Gautier).
2 (1655). Mesure, réserve dont on use envers qqn (par égard, par respect ou par intérêt). Circonspection, prudence, réserve. || Avec beaucoup d'honnêteté (cit. 17) et de ménagement. || Ne plus connaître ni ménagement ni respect (→ Impétuosité, cit. 3). || Traiter sans ménagement, avec brutalité, d'une manière cavalière. Abruptement, crûment (cf. Comme en pays conquis; heurter de front).
2 (…) tâchez de parler de votre maître avec un peu plus de ménagement.
Marivaux, le Jeu de l'amour et du hasard, II, 10.
3 (…) le père Barbeau, quoiqu'il eût une préférence secrète pour Landry, montrait à Sylvinet plus de complaisance et de ménagement.
G. Sand, la Petite Fadette, VII.
3 (1655). Procédé dont on use envers qqn que l'on veut ménager. Attention; égard, précaution, scrupule. || Adroits (cit. 6) ménagements. || La franchise se perd par les ménagements (→ Discrétion, cit. 8). || Devoir des ménagements à qqn (→ Expliquer, cit. 20). || Traiter qqn avec trop de ménagements. Douceur (avec douceur). || Excès de ménagements (→ Créer, cit. 22). || Avertissez-le avec de grands ménagements. Préparer (→ Prendre des gants). || Il a abordé la question sans ménagements, brutalement (cf. À brûle-pourpoint). || Une lettre sans ménagements. Cheval (à cheval). || Manifester sa colère sans ménagements (cf. fig. Casser les vitres). || N'avoir aucun ménagement à garder (→ Gâterie, cit. 4).
4 — Quoi ! vous êtes assez bête pour croire qu'un poète vient chercher la vérité chez vous ? — Oui. — Et pour la lui dire ? — Assurément ! — Sans ménagement ? — Sans doute : le ménagement le mieux apprêté ne serait qu'une offense grossière; fidèlement interprété, il signifierait, vous êtes un mauvais poète; et comme je ne vous crois pas assez robuste pour entendre la vérité, vous n'êtes encore qu'un plat homme.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 534.
5 Toute sa conduite (du pape Alexandre III) avec Henri (II) fut pleine de timides et honteux ménagements; il ne cherchait qu'à gagner du temps par de misérables équivoques, par des lettres et des contre-lettres, vivant au jour le jour, ménageant l'Angleterre et la France (…)
Michelet, Hist. de France, IV, V.
CONTR. Brusquerie, brutalité.

Encyclopédie Universelle. 2012.