métamorphoser [ metamɔrfoze ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1571; de métamorphose
1 ♦ Faire passer (un être) de sa forme primitive à une autre forme. ⇒ changer, transformer. Des charmes « Qui métamorphosaient en bêtes les humains » (La Fontaine). Pronom. Jupiter se métamorphosa en taureau pour enlever Europe. ⇒ s'incarner.
2 ♦ SE MÉTAMORPHOSERv. pron.Zool. Larves de coléoptères qui se métamorphosent.
3 ♦ Fig. Changer complètement (qqn, qqch.), modifier profondément l'aspect, la nature de. ⇒ transfigurer. « J'ai métamorphosé Louis, il est devenu charmant » (Balzac). P. p. adj. Elle est revenue métamorphosée de ses vacances. — Pronom. « L'art se métamorphose, s'adapte aux circonstances » (R. Rolland).
● métamorphoser verbe transitif Changer la forme, la nature ou l'individualité d'un être : Mercure métamorphosa Argus en paon. Changer complètement la forme, l'extérieur, l'apparence de quelqu'un, de quelque chose : Les rideaux ont métamorphosé le salon. Changer profondément l'aspect, le caractère de quelqu'un : Les malheurs l'ont métamorphosé : il a perdu son intransigeance. ● métamorphoser (synonymes) verbe transitif Changer la forme, la nature ou l'individualité d'un être
Synonymes :
- changer
Changer profondément l'aspect, le caractère de quelqu'un
Synonymes :
- muer (littéraire)
métamorphoser
v.
rI./r v. tr.
d1./d Opérer la métamorphose de. Zeus métamorphosa Niobé en rocher.
d2./d Fig. Modifier profondément l'apparence, l'état, la nature de (qqn, qqch). Son succès l'a métamorphosé.
|| v. Pron. Hypothèses qui se métamorphosent en affirmations.
rII./r v. Pron. ZOOL Subir une métamorphose.
⇒MÉTAMORPHOSER, verbe trans.
A. —Faire passer un être de sa forme naturelle ou actuelle à une autre forme par l'effet de la métamorphose.
1. [Le suj. désigne un dieu, une déesse de la mythol. gréco-romaine, un personnage mythique ou imaginaire de la légende, des contes, etc.] Latone métamorphosa des paysans en grenouilles. Narcisse fut métamorphosé en la fleur qui porte son nom (Ac.). Les sept soeurs moqueuses de Schoenberg furent métamorphosées en rochers (HUGO, Rhin, 1842 p. 117). Ce lieu est fort; on n'y est pas impunément. Quelques-uns y perdent l'esprit; tels y furent métamorphosés et se virent pousser les oreilles qui vinrent à Bottom, dans la forêt de Windsor (MICHELET, Insecte, 1857, p. XXVI).
♦P. métaph. C'est une conviction chevillée au coeur des hommes (...) qu'à force de désirer quelque chose vertigineusement, cette chose sera: soit que notre malheur présent nous donne des droits sur le bonheur, (...) soit même que nos voeux aient la force de métamorphoser ce monstre en princesse (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 143).
2. Emploi pronom.
a) Se métamorphoser (en arbre). Jupiter se métamorphosa en cygne (Ac.). Les délicieuses créatures qui s'étaient amusées à se métamorphoser en légumes (PROUST, Swann, 1913, p. 121).
♦P. anal. [Le suj. désigne un paysage] À peine est-elle rassurée par cette présence humaine que le paysage se métamorphose et se revêt de splendeur, comme dans les rêves (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 232).
b) ZOOL. [Le suj. désigne certains organismes au cours de leur développement post-embryonnaire] Subir des modifications morphologiques et structurales. Une chenille qui s'est métamorphosée en papillon (Ac). Un grand nombre de cellules (...) où les petits têtards croissent et se métamorphosent (CUVIER, Anat. comp., t. 5, 1805, p. 163). Des larves qui, par la suite, se métamorphosoient en mouches (LAMARCK, Philos. zool., t.2, 1809, p. 64).
B. —P. anal. et au fig. Changer complètement un être ou une chose, en modifier profondément l'aspect, le caractère ou la nature.
1. Qqn métamorphose qqn ou qqc.
a) Qqn métamorphose qqn
— Avoir une telle influence sur quelqu'un que son caractère, sa personnalité s'en trouvent modifiés. J'ai métamorphosé Louis, il est devenu charmant. Sûr de me plaire, il déploie son esprit et révèle des qualités nouvelles (BALZAC, Mém. jeunes mariées, 1842, p. 219).
♦Emploi pronom. Changer de telle manière que le comportement, la personnalité se trouvent visiblement modifiés. En deux ans, elle se métamorphosa. En 1811, la paysanne fut une assez gentille, une assez adroite et intelligente première demoiselle (BALZAC, Cous. Bette, 1847, p. 28). Après une vie débauchée et violente, souvent même au plus fort de ses vices, l'homme se métamorphose tout d'un coup (TAINE, Philos. art, t. 1, 1865, p. 190):
• 1. Cette femme si aimante, si nonchalante tout à l'heure venait de se métamorphoser tout à coup. Le sang demi-sauvage qui coulait dans ses veines s'était allumé soudain. Elle vint sur Don José, le poignard levé, le regard en feu...
PONSON DU TERR., Rocambole, t. 4, 1859, p. 178.
Se métamorphoser en. Moi, si doux et si paisible, j'avais à peine entendu la ritournelle, que je me métamorphosai en héros, je devins un vrai lion (MURGER, Scènes vie jeun., 1851, p. 140). Je m'étais définitivement métamorphosée en enfant sage (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 34).
— Qqn (ou qqc.) métamorphose qqc. (ou qqn). [La cause de la métamorphose a sa source dans l'imaginaire, le rêve, la poésie] La poésie métamorphose le monde. L'artiste métamorphose tout en or (COCTEAU, Potomak, 1919, p. 22). Tous les poètes d'Orient et d'Occident ont métamorphosé le corps de la femme en fleurs, en fruits, en oiseaux (BEAUVOIR, Deux. sexe, t. 1, 1949, p. 254):
• 2. L'âme humaine est une fée, elle métamorphose une paille en diamants; sous sa baguette, les palais enchantés éclosent comme les fleurs des champs sous les chaudes inspirations du soleil...
BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 141.
b) Qqn métamorphose qqc. (p. exagér.). Apporter des modifications qui transforment l'aspect de quelque chose. Métamorphoser un jardin. En deux ans et demi, Harry Grant et ses matelots métamorphosèrent leur îlot. Plusieurs acres de terre, cultivés avec soin, produisaient des légumes d'une excellente qualité (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 237). En quelques mois, sous la conduite d'un architecte entreprenant, la maison paternelle avait été métamorphosée (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 120).
2. Qqc. métamorphose qqn ou qqc. Transformer quelqu'un ou quelque chose.
a) Qqc. métamorphose qqn
— [La cause de la métamorphose est extérieure] Cette coiffure le métamorphose (GIDE, Feuilles de route, 1896, p. 74).
• 3. Quand il eut essayé ses habits du soir, il remit sa nouvelle toilette du matin qui le métamorphosait complètement. — Je vaux bien Monsieur de Trailles, se dit-il. Enfin j'ai l'air d'un gentilhomme!
BALZAC, Goriot, 1835, p. 133.
— [La cause de la métamorphose est d'ordre affectif] Maintenant, je ne suis plus le même qu'autrefois. Le bain de jouvence de ton amour m'a métamorphosé. Dans moi, hors moi, tout est changé (...). Je renais à la lumière du jour, pur comme un enfant; je salue la vie comme une bonne chose que j'ai longtemps maudite, dédaignée (MURGER, Scènes vie jeun., 1851, p. 61).
b) Qqc. métamorphose qqc. Le jardin, métamorphosé par les phares, était féerique et théâtral (MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1923, p. 923):
• 4. Sur la paroi éclairée ruisselait en cascade de feu une lumière aveuglante comme celle qui émane des métaux en fusion. Chaque plan de roche, métamorphosé en miroir ardent, la renvoyait plus brûlante encore.
GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 160.
— P. ext. Tourner (en). La plus affreuse tyrannie est celle qui impose silence à la patrie, pour métamorphoser en crimes de simples opinions (MARAT, Pamphlets, Dénonc. Malouet, 1790, p. 214).
— Emploi pronom. Se métamorphoser en. Les monastères s'étaient métamorphosés en des usines d'apothicaires et de liquoristes (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 286).
REM. 1. Métamorphosable, adj. Susceptible d'être métamorphosé. a) [Le suj. désigne qqc.] Est-ce bien la langue française, la grande langue humaine? La voilà prête à entrer en scène et à donner au crime la réplique, (...) béquille métamorphosable en massue (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 193). b) [Le suj. désigne qqn] Je suis (...) une nature de Protée, essentiellement métamorphosable, polarisable et virtuelle, qui aime la forme et n'en prend aucune définitive, esprit subtil et fugace (BOURGET, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 273). 2. Métamorphoseur, adj., hapax. Qui métamorphose, qui transforme. Hier c'était le divorce dont nous parlions, le divorce, ce tueur du mariage catholique, ce radical métamorphoseur de la vieille société (GONCOURT, Journal, 1887, p. 710).
Prononc. et Orth.: []. Ac. 1694, 1718 metamorphoser, dep. 1740 mé-. Étymol. et Hist. 1. Verbe trans. a) 1571 «faire passer un être de sa forme naturelle à une autre par l'effet de la métamorphose» (Ant. MIZAULD, Secrets de la lune, Epistre nuncupatoire ds DELB. Notes mss); b) 1690 «changer l'extérieur ou le caractère d'une personne» (FUR.); 2. verbe pronom. 1671 «changer d'apparence, d'extérieur» (LA FONTAINE, Contes et Nouvelles, Troisième partie, La Mandragore, 213 ds Œuvres, éd. Ad. Regnier, t. 5, p. 47). Dér. de métamorphose; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 263. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 403, b) 523; XXe s.: a) 289, b) 318.
métamorphoser [metamɔʀfoze] v. tr.
ÉTYM. 1571; de métamorphose.
❖
1 Faire passer (un être) de sa forme primitive à une autre forme. ⇒ Changer, transformer. || Fée qui métamorphose une fille en truie (→ Grogner, cit. 1). — Pron. (sens réfl.). || Jupiter se métamorphosa en taureau pour enlever Europe. ⇒ Incarner (s').
1 (Des charmes) Qui métamorphosaient en bêtes les humains.
La Fontaine, Fables, XII, 1.
2 (…) un point presque imperceptible devient un ver, ce ver devient papillon; un gland se transforme en chêne; un œuf en oiseau; l'eau devient nuage et tonnerre; le bois se change en feu et en cendre; tout paraît enfin métamorphosé dans la nature.
Voltaire, Dict. philosophique, Métamorphose.
3 (…) il fut pris (…) de la manie singulière (…) de se croire métamorphosé en toton. Vous auriez crevé de rire à le voir tourner.
Baudelaire, Trad. E. Poe, Histoires grotesques et sérieuses, Syst. Dr Goudron.
2 (1665). Zool. || Se métamorphoser, v. pron. : subir une métamorphose. || Têtards qui se métamorphosent en grenouilles. || Larves (cit. 3) de coléoptères qui se métamorphosent.
3 Fig. Changer complètement (un être, une chose), modifier profondément l'aspect, le caractère, la nature de… || Les honneurs l'ont métamorphosé (Académie). — V. pron. (XIXe); sens réfléchi. Changer de caractère, d'aspect. || L'art se métamorphose, s'adapte (cit. 2, Rolland) aux circonstances.
4 Louis a repris sa jeunesse, sa force, sa gaieté. Ce n'est plus le même homme. J'ai, comme une fée, effacé jusqu'au souvenir des malheurs. J'ai métamorphosé Louis, il est devenu charmant. Sûr de me plaire, il déploie son esprit et révèle des qualités nouvelles.
Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées, Pl., t. I, p. 186.
5 Henri Monnier est pour lui la toile blanche sur laquelle il peint son personnage. Son individualité propre disparaît alors tout à fait sous les couleurs dont il la recouvre. Il se métamorphose des pieds à la tête; il a la chaussure et la coiffure, le linge et l'habit, la figure et les yeux, la voix et l'accent du type qu'il veut rendre; la ressemblance est extérieure et intérieure, c'est l'homme même.
Th. Gautier, Portraits contemporains, « H. Monnier ».
6 Il (l'argent) change, en une seconde, toutes les habitudes, bouleverse toutes les idées, métamorphose les passions les plus têtues, en un clin d'œil.
Huysmans, Là-bas, I.
7 Toutes les victoires de la République étaient métamorphosées en défaites, et si par hasard on doutait d'une restauration immédiate, on était déclaré Jacobin.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 87.
❖
DÉR. Métamorphosable.
Encyclopédie Universelle. 2012.