mondain, aine [ mɔ̃dɛ̃, ɛn ] adj. et n.
• fin XIIe; lat. ecclés. mundanus « du monde, du siècle »
1 ♦ Relig. Qui appartient au monde, au siècle (opposé à religieux, sacré).⇒ profane. Vie mondaine et vie monastique.
♢ Vx Attaché aux vanités du siècle, du monde. — Subst. « Le Mondain », poème de Voltaire.
2 ♦ (fin XVIIe) Cour. Relatif à la société des gens en vue, aux divertissements, aux réunions de la haute société. Vie mondaine et brillante. Carnet mondain. Leurs « obligations mondaines priment la mort d'un ami » (Proust). Conversation mondaine, superficielle (cf. Conversation de salon). Alcoolisme mondain, dû à une vie mondaine. — Romancier, écrivain mondain, qui écrit sur la vie de la haute société, des salons, et pour un public mondain (souvent péj.).
3 ♦ (XIXe) Qui aime les mondanités, sort beaucoup dans le monde. Il est très mondain. Danseur mondain. N. Un mondain, une mondaine : un homme, une femme du monde. ⇒aussi demi-mondain.
4 ♦ Anciennt Police, brigade mondaine, et ellipt (1925) la Mondaine : policiers en civil spécialisés dans la répression du trafic de la drogue.
5 ♦ (1945) Philos. Qui appartient, a rapport à l'univers matériel.
♢ Sémiol. Qui appartient au monde (opposé au langage). Discours mondain et discours métalinguistique.
⊗ CONTR. Religieux.
● mondain, mondaine adjectif (latin mundanus, de mundus, monde) Qui est relatif à la vie sociale des gens en vue, à leurs divertissements, à leurs réunions : La chronique mondaine. Qui relève des habitudes sociales attribuées à la bourgeoisie, et dans lesquelles les relations, la conversation se limitent à ce qu'il y a de plus superficiel : Soirée mondaine. Se dit de différentes races de pigeons d'agrément. ● mondain, mondaine (expressions) adjectif (latin mundanus, de mundus, monde) Brigade mondaine ou, familièrement, la mondaine (nom féminin), ancienne dénomination de la brigade des stupéfiants et de la brigade de répression du proxénétisme de la Préfecture de police. Portraitiste mondain, portraitiste à la manière flatteuse, apprécié par une clientèle mondaine. ● mondain, mondaine adjectif et nom Qui adopte les manières en usage dans la société des gens en vue ; qui sort beaucoup dans ce milieu, qui aime les mondanités : C'est un mondain. ● mondain, mondaine (synonymes) adjectif et nom Qui adopte les manières en usage dans la société des...
Synonymes :
- homme (femme) du monde
- snob
mondain, aine
adj. et n.
d1./d Qui concerne la haute société, ses divertissements. Vie mondaine.
d2./d Qui fréquente, qui aime le monde, la haute société. Femme très mondaine.
⇒MONDAIN, -AINE, adj.
A. — PHILOS., RELIG. [P. oppos. à sacré] Qui appartient au monde. Quand on a cette intuition immédiate [de Dieu], on a la vraie science; et fût-on d'ailleurs ignorant en physique et en métaphysique, et dans toutes les sciences mondaines et profanes, fût-on faible d'esprit et même idiot, on est un vrai philosophe (COUSIN, Hist. philos. mod., t.2, 1846, p.254). Notre insubordination en substituant au Dieu de la foi un Dieu mondain ne fait qu'affirmer notre propre maîtrise et notre propre déification (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p.145).
♦Ère mondaine. Ère de la création du monde. (Dict. XIXe et XXe s.).
— PHILOS. EXISTENTIALISTE, hapax. Relatif à l'univers. Synon. intra(-)mondain. Husserl reproche à la philosophie kantienne d'être une philosophie «mondaine» parce qu'elle utilise notre rapport au monde (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p.VIII).
B. — [P. oppos. à religieux, mystique] Qui est attaché aux biens et aux plaisirs de ce monde, qui témoigne de cet attachement. En dépit de cette éducation claustrale, Gérard était mondain jusqu'aux moelles, et sa vertu lui pesait lourdement (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p.4). Don Juan est méchant, sensuel, irréligieux, indiscipliné, mondain (MORAND, Chron. homme maigre, 1941, p.11).
C. — 1. En partic. Qui est propre à la société des gens en vue, à ses habitudes et à ses divertissements. Aisance, alcoolisme, ambition, convenance, conversation, corvée, grâce, habitude, manifestation, obligation, réunion, relation, soirée, succès mondain(e):
• ♦ Il semble que dans la vie mondaine, reflet insignifiant de ce qui se passe en amour, la meilleure manière qu'on vous recherche, c'est de se refuser.
PROUST, Prisonn., 1922, p.369.
2. Qui adopte les usages en vigueur dans la société des gens en vue; qui fréquente le monde et aime les mondanités. Je suis assez mondain, au moins les soirs; car je travaille très exactement toutes les journées (SAINTE-BEUVE, Corresp., t.3, 1839, p.167).
♦Emploi subst. Tu viendras nous voir et tu seras rassuré (...). Par hasard, la vie nous donne une figure de misanthrope ou de mondain, qui ne veut rien dire (CHARDONNE, Romanesques, 1937, p.29).
♦(Chroniqueur, journaliste) mondain. (Chroniqueur, journaliste) dont les écrits relatent les événements et les potins concernant cette société. La prose était un langage fabriqué, de chroniqueur mondain chez les meilleurs, de feuilletonniste vulgaire chez les pires (ROLLAND, J.-Chr., Amies, 1910, p.1158).
♦Danseur mondain.
♦Demi-mondaine.
3. Police mondaine et subst. La Mondaine. Section spéciale de la police chargée des affaires de drogue et de moeurs. (Dict. XXe s.).
REM. Mondain, subst. masc., zool. Pigeon d'élevage de forme allongée et très élégant. Le mondain barré, au dessin particulier, propose à votre regard trois couleurs (Rustica, 15-21 oct. 1980, n°564, p.10, col.2).
Prononc. et Orth.:[], fém. [-]. Pour la liaison au masc. v. lointain et mon. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1225 adj. «qui concerne la vie séculière» (p. oppos. à la vie monastique) (RECLUS DE MOLLIENS, Miserere, 173, 4 ds T.-L.); b) ca 1480 subst. «personne attachée aux plaisirs du monde» (Myst. du v. Testament, éd. J. de Rothschild, 7272); 2. a) 1839 adj. «qui aime les mondanités» (SAINTE-BEUVE, loc. cit.); b) 1844 «qui concerne la vie de la haute société» (ID., Portr. femmes, p.72); c) 1868 subst. «personne qui fréquente le grand monde» (LITTRÉ); d) 1925 La Mondaine «brigade de police» (ESN.). B. 1. Ca 1225 adj. «du monde terrestre» (RECLUS DE MOLLIENS, op. cit., 133, 3, ibid.); 1840 ère mondaine «ère ayant pour point de départ la création du monde» (Ac. Compl. 1842). Empr. au lat. eccl. mundanus «de ce monde, séculier, terrestre» (IXe s. ds NIERM.), en lat. signifiait «du monde, de l'univers» Fréq. abs. littér.:1254. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 862, b)1143; XXe s.: a) 2261, b) 2624.
DÉR. 1. Mondainement, adv. D'une manière mondaine, à la mode. Tu me parais t'habiller beaucoup trop mondainement et trop délicieusement, tu tiens trop à servir le monde (MONTALEMBERT, Ste Élizabeth, 1836, p.253). — []. Att. ds Ac. 1694 puis 1762-1878. — 1reattest. fin XIIIe s. mundainement (JEAN DE MEUN, Testament ds Roman de la rose, éd. M. Méon, t.4, 738); de mondain, suff. -(e)ment2. — Fréq. abs. littér.: 10. 2. Mondaniser, verbe trans. a) [Correspond à supra A] Rendre mondain. Les rationalistes anti-chrétiens (...) qui veulent dissoudre l'Église ou la mondaniser choquent ma probité (AMIEL, Journal, 1866, p.490). b) Mettre à la portée des gens du monde. De la huitième à la philosophie, tout y obéissait à la même force motrice: une pédagogie très forte et toujours identique. C'était l'heure de choix durant laquelle les maîtres, mondanisant la science, livraient le secret de réussir avec un mince acquis (ESTAUNIÉ, Empreinte, 1896, p.78). — [], (il) mondanise []. — 1res attest. 1510 trans. «rendre mondain» et intrans. «agir ou parler en homme du monde» (GRINGORE, L'Espoir de paix, éd. A. de Montaiglon et Ch. d'Héricault, I, 170, 181), 1511 part. prés. «se conduire conformément aux coutumes du monde» (LEMAIRE DE BELGES, La Concorde des deux langages ds Œuvres, éd. A.J. Stecher, t.3, p.122); dér. sav. de mondain, suff. -iser.
mondain, aine [mɔ̃dɛ̃, ɛn] adj. et n.
ÉTYM. V. 1225; lat. mundanus « de l'univers », en lat. chrét. « de la Terre, du monde séculier ».
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1 (Fin XIIe). Relig. Qui appartient au monde (III., 1.), au siècle (par oppos. à religieux, sacré). || La science mondaine. ⇒ Profane. — Vie mondaine et vie monastique.
1 Le sentiment qui a fait de « mondain » l'antithèse de « chrétien » a, dans les pensées du maître, sa pleine justification.
Renan, Vie de Jésus, Œ. compl., t. IV, p. 165.
2 Sur ces têtes pleines de soucis mondains et de désirs profanes, le Dies Iræ grondait comme un orage (…)
France, Hist. comique, X.
2 Vx ou didact. Qui est attaché (cit. 97, La Bruyère) aux vanités du siècle, aux liens, aux choses de ce monde; qui participe de cet attachement. || Divertissements mondains (Bourdaloue). || Ce qu'il y avait de mondain dans ses habits (cit. 7). — Vx. Qui est « vain, glorieux, fastueux, qui aime le luxe » (Trévoux). ⇒ aussi Frivole, futile.
♦ N. (1480). → Large, cit. 10. || Les mondains et les dévots (→ Hypocrite, cit. 3). — Le Mondain, poème de Voltaire, suivi de Défense du Mondain, ou Apologie du luxe.
3 Nous ne voyons point de mondains contents du monde, et nous voyons des serviteurs et des servantes de Dieu contents de Dieu auquel ils se sont dévoués.
Bourdaloue, Sermons, « 1er avent, Sur la récomp. des saints », II.
3 (Fin XVIIe). Cour. Relatif à la société des gens en vue, aux divertissements, aux réunions de la haute société (⇒ Mondanité). || Société mondaine. || Vie mondaine et brillante. || Conventions (cit. 10), obligations, élégances mondaines (→ Allègre, cit. 4). || Soirées, manifestations mondaines. || Carnet mondain. || Le Bottin (cit. 3) mondain.
4 Dans les relations mondaines, on cache sa pensée, on est poli et hypocrite, et on a bien raison.
J. Chardonne, l'Amour du prochain, p. 133.
5 Une grande société mondaine (c'est-à-dire, comme disait Byron, les quatre mille personnes qui sont debout quand tout le monde est couché) est toujours sujette à de rapides mouvements d'admiration et de dégoût; parmi ces hommes et ces femmes qui se voient chaque jour, chaque soir, une gloire nouvelle fait son chemin avec une foudroyante vitesse.
A. Maurois, la Vie de Byron, II, XV.
6 (…) maintenant je peux mourir d'un jour à l'autre (…) Mais surtout je ne veux pas que vous vous retardiez, vous dînez en ville, ajouta-t-il (Swann) parce qu'il savait que, pour les autres, leurs propres obligations mondaines priment la mort d'un ami, et qu'il se mettait à leur place, grâce à sa politesse.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. VIII, p. 258.
♦ Littér. || L'observation sentimentale et mondaine (→ Intéresser, cit. 21). || Romancier, écrivain mondain, qui écrit sur la vie de la haute société, des salons, généralement pour un public mondain (l'expression a une nuance dépréciative).
7 Les premiers classements obscurs de l'opinion (…) avaient placé Marcel Proust dans la catégorie des écrivains « mondains ». Les mille noms de princesses et de duchesses qu'il cite dans n'importe lequel de ses livres avaient encore confirmé sa réputation de snobisme.
Léon-Pierre Quint, Marcel Proust, III, I.
4 (1839, Sainte-Beuve). Qui aime les mondanités, qui sort beaucoup dans le monde. || Il est très, trop mondain. — Par ext. || Un cercle « dont le recrutement était fort mondain » (→ Cotisation, cit.). — ☑ Loc. Danseur mondain. — N. || Un mondain (→ Battre, cit. 10), une belle mondaine (→ Élégance, cit. 6) : un homme, une femme du monde. ⇒ aussi Boulevardier; demi-mondaine.
5 Spécialt. Fam. || Police, brigade mondaine. — N. f. (1925). || La Mondaine : le service de policiers en civil chargé de la répression du trafic de drogue et, secondairement, de celle des délits contre les mœurs, ainsi que de la surveillance des lieux publics tels que cabarets, bars de nuit, etc.
6 (1945, Merleau-Ponty). Philos. Qui appartient, qui a rapport à l'univers matériel. (On emploie aussi intramondain).
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CONTR. Religieux, sacré. Mystique. Asocial. Solitaire.
DÉR. Mondainement, mondaniser, mondanité.
COMP. Demi-mondaine, intramondain.
Encyclopédie Universelle. 2012.