mourre [ mur ] n. f.
• 1534; it. dial. morra, lat. mora « retard »
♦ Anciennt Jeu de hasard dans lequel deux personnes se montrent simultanément un certain nombre de doigts dressés en criant un chiffre pouvant exprimer ce nombre (celui qui donne le chiffre juste gagne). « La mourre jeu du nombre illusoire des doigts » (Apollinaire).
● mourre nom féminin (italien dialectal morra) Jeu dans lequel deux joueurs étendent la main simultanément, en montrant un ou plusieurs doigts et en annonçant la somme présumée des doigts montrés.
⇒MOURRE, subst. fém.
Jeu de hasard ancien qui consistait soit pour un joueur à montrer rapidement sa main à un partenaire, certains doigts étant repliés, les autres dressés, afin de donner à deviner le nombre de doigts levés; soit pour deux joueurs à montrer rapidement et simultanément un certain nombre de doigts dressés en criant un chiffre correspondant au nombre de doigts levés. Le duc (...) jouait (...) à la mourre en se laissant rafler son argent (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 61). Ils ne crient pas, ni les doigts de la moure, ni leur bonne opinion de celui-ci, ni leur rage contre celui-là (SUARÈS, Voy. Condottière, t. 3, 1932, p. 41).
Prononc. et Orth. :[]. Att. ds Ac. 1694-1740, 1835, 1878. Étymol. et Hist. Av. 1527 Morre (C. MAROT, Epitaphe VI ds Œuvres diverses, éd. C. A. Mayer, p. 195); 1534 mourre (RABELAIS, Gargantua, chap. 20, éd. R. Calder, M. A. Screech, V. L. Saulnier, p. 136). Empr. à l'ital. mor(r)a, att. comme terme de jeu dep. le XIVe s. (d'apr. DEI), prob. issu de l'ital. dial. du sud morra « troupeau » (parce que les doigts levés par les joueurs font penser aux membres d'un petit troupeau) lui-même à rapprocher de l'ital. mor(r)a, sicilien murra « tas de pierres, grand rocher », du type prérom. - (cf. moraine et G. ROHLFS ds R. Ling. rom. t. 2, p. 294). V. FEW t. 6, 3, p. 237. Bbg. HOPE 1971, p. 44.
mourre [muʀ] n. f.
ÉTYM. Empr. de l'ital. dial. morra, ital. littér. mora, du lat. mora « retard ».
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♦ Anciennt. Jeu de hasard dans lequel deux personnes se montrent rapidement et simultanément un certain nombre de doigts dressés en criant un chiffre pouvant exprimer ce nombre (celui qui donne le chiffre juste gagne).
1 (…) quand l'un disait oui, l'autre disait non, ce qui dura si longtemps qu'on était sur le point de les renvoyer, lorsque, comme des joueurs à la mourre, qui ne s'accordent que par hasard, ils dirent tous deux oui en même temps (…)
Furetière, le Roman bourgeois, II, p. 235.
2 Les humains savent tant de jeux l'amour la mourre
L'amour jeu des nombrils ou jeu de la grande oie
La mourre jeu du nombre illusoire des doigts
Apollinaire, Alcools, p. 93.
Encyclopédie Universelle. 2012.