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museler

museler [ myz(ə)le ] v. tr. <conjug. : 4>
• 1372; de museau
1Empêcher (un animal) d'ouvrir la gueule, de mordre, en lui emprisonnant le museau ( muselière). Museler un chien. Taureau muselé.
2Fig. Empêcher de parler, de s'exprimer; réduire au silence. bâillonner, garrotter. Museler l'opposition. Museler la presse par la censure. Museler ses passions, les refréner.

museler verbe transitif (ancien français musel, museau) Mettre à un animal, à un chien, un appareil ou un lien qui l'empêche d'ouvrir la gueule et de mordre. Réduire quelqu'un, un groupe au silence par des mesures de coercition : Museler la presse par la censure.museler (difficultés) verbe transitif (ancien français musel, museau) Conjugaison Attention à l'alternance -ll-/-l- : il muselle, nous muselons ; il muselait ; il musela ; il musellera. ● museler (homonymes) verbe transitif (ancien français musel, museau) muselet nom masculinmuseler (synonymes) verbe transitif (ancien français musel, museau) Réduire quelqu'un, un groupe au silence par des mesures de...
Synonymes :
- asservir
- bâillonner
- enchaîner
- garrotter

museler
v. tr.
d1./d Mettre une muselière à (un animal).
d2./d Fig. Empêcher de s'exprimer. Museler la presse.

MUSELER, verbe trans.
A. —Mettre une muselière à un animal pour l'empêcher d'ouvrir la gueule. Anton. démuseler. Museler un cheval, un ours; chien solidement muselé. Un grand taureau noir muselé, portant un cercle de fer à la narine (FLAUB., Mme Bovary, t.1, 1857, p.157). C'est au milieu du XVIe siècle qu'on va commencer à utiliser les cochons muselés pour la recherche des truffes (Gdes heures cuis. fr., Éluard-Valette, 1964, p.252):
♦ ... des affiches couvraient les murs du quartier dans lesquelles il était écrit que tout chien ne devait sortir que muselé et tenu en laisse...
Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p.260..
P. anal. Munir quelque chose d'un appareil qui bâillonne comme une muselière. (Dict. XIXe et XXe s.).
B. — Au fig.
1. Museler qqn. L'empêcher de s'exprimer ou d'agir librement. Synon. faire taire. Museler un calomniateur. Cet homme de génie, muselé par la nécessité, se condamnant lui-même, offrait un spectacle vraiment tragique qui eût touché l'homme le plus insensible (BALZAC, Rech. absolu, 1834, p.284). Atteindre le quota en avance (...), c'est aussi museler le contremaître et l'on peut même s'offrir le luxe de défier ouvertement le règlement (Traité sociol., 1967, p.469).
2. Museler qqc. Réduire au silence et à l'impuissance. Synon. bâillonner, enchaîner, étouffer. Museler l'opposition, la presse. Les événements ont prouvé que l'on ne pouvait se flatter de sauver le roi qu'en muselant et non en attaquant la faction (STAËL, Lettres L. de Narbonne, 1792, p.13). La CGT repoussait tout aménagement qui laissât subsister le régime capitaliste et y dénonçait une tentative pour museler ou réduire la contestation syndicale (REYNAUD, Synd. Fr., 1963, p.223).
Museler les passions, les sentiments. Synon. contenir, contraindre, maîtriser, réfréner, réprimer, retenir. Ce n'est pas trop d'une soirée entière pour dérouler un peu largement tout un homme d'élite (...) avec (...) ses habitudes qui disciplinent ses goûts, musellent ses passions (HUGO, Préf. Cromw., 1827, p.42). Antony: (...) je saurai comprimer des élans! qui... je tâcherai de museler mes sentiments... Enfin, je me tairai! (LABICHE, Garçon Very, 1850, 13, p.309).
Prononc. et Orth.: [myzle], (il) muselle []. Att. ds Ac. dep. 1762. Conjug. v. jeter. Étymol. et Hist. 1. 1387-91 «garnir d'une muselière la gueule d'un animal» (GASTON PHÉBUS, Chasse, éd. G. Tilander, 51, 7, var. ms. D [ca 1440 d'apr. l'éd.; fin XIVe s. d'apr. le Catalogue des mss de la Bibl. nat.]); 2. 1740-55 fig. «empêcher de parler, d'agir» (SAINT-SIMON, Mémoires, éd. Chéruel et A. Régnier, t.11, p.287). Dér. de musel, museau; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 83.
DÉR. 1. Museleur, -euse, subst. a) Subst. masc., rare. Personne qui muselle quelqu'un ou quelque chose (supra B). Alfred de Musset (...) protestait contre l'exigence de ceux qui demandaient à la rime une lettre d'appui de plus qu'on ne l'avait fait avant eux. Il les considérait comme des ennemis de la liberté, comme des museleurs de la pensée. Plût au ciel qu'il n'y eût pour museler cette dame de pierre qui surmonte le poète des Nuits, place du Théâtre-Français, que les éplucheurs de rimes! (ARAGON, Crève-coeur, 1941, p.80). b) Subst. fém., technol. Appareil vinicole servant à poser des muselets. On fixe (...) les bouchons sur les bouteilles [de champagne] au moyen d'une agrafe en fil de fer en forme d'U (...) mise en place au moyen d'une museleuse (BRUNET, Matér. vinic., 1925, p.528). [], fém. [-ø:z]. 1res attest. a) 1873 (CORBIÈRE, Amours jaunes, Rondels pour après. Sonnet posthume, 9 ds Œuvres, éd. P. O. Walzer, p.849: Museleur de voilette! un baiser sous le voile T'attend... on ne sait où), ex. isolé, b) 1941 (ARAGON, loc. cit.); de museler, suff. -eur2. 2. Musellement, subst. masc., rare. a) [Correspond à museler A] Action de museler un animal; résultat de cette action. Musellement d'un chien. Je signalais parmi les moyens qui semblaient les plus efficaces [pour prévenir la rage] le musèlement permanent de tous les chiens qui ne sont pas tenus à l'attache ou enfermés (RENAULT ds Ac. des sciences, Comptes rendus, t.LVI, 12 janv. 1863, p.73). b) Au fig. [Correspond à museler B] Musellement de l'opposition, de la presse. (Dict. XIXe et XXe s.). []. R. comique, 1848, 118 ds QUEM. DDL t.12: musèlement. 1res attest. a) 1848 fig. (R. comique, ibid.: le préfet de police fait afficher une ordonnance sur le musèlement, appliqué à tous les citoyens, pour les empêcher de parler politique), b) 1863 le musèlement des chiens (RENAULT, supra)); de museler, suff. -(e)ment1.

museler [myzle] v. tr. [CONJUG. appeler.]
ÉTYM. 1372; de musel, museau.
1 Empêcher (un animal) d'ouvrir la gueule, de mordre en lui emprisonnant le museau. Muselière. || Museler un chien, un cheval, un furet (cit. 1).Au p. p. || Taureau muselé (→ 1. Lice, cit. 5).
1 Les chiens sont muselés à Hambourg toute la semaine, excepté le dimanche, où ils peuvent mordre à gueule que veux-tu.
Th. Gautier, Voyage en Russie, II.
2 (Mil. XVIIIe). Fig. Empêcher de parler, de s'exprimer; réduire au silence. Bâillonner, dompter, enchaîner, garrotter, soumettre, taire (faire). || Museler un calomniateur. || Museler l'opposition, le peuple, les masses (→ Anarchie, cit. 4). || Museler la presse par une censure rigoureuse.Museler les passions, refréner les passions.
2 (…) la Restauration finira par avoir raison de la Presse, la seule puissance à craindre. On a déjà trop attendu, elle devrait être muselée. Profitez de ses derniers moments de liberté pour vous rendre redoutable.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 795.
3 Supprimer lois, tribune et presse; museler
La grande nation comme une bête fauve (…)
Hugo, les Châtiments, VI, XI.
4 Des passions, il y en a ici, dans l'air, comme ailleurs. Mais, tu comprends, des passions qui se laissent si quotidiennement museler, ça n'offre pas grand danger… Ça n'est pas très contagieux…
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 71.
CONTR. et COMP. Démuseler.
DÉR. Musellement.

Encyclopédie Universelle. 2012.