nausée [ noze ] n. f.
• 1495; lat. nausea; gr. nautia « mal de mer », de nautês « navigateur »
1 ♦ Envie de vomir. ⇒ malaise, haut-le-cœur. « Et elle fut prise d'une nausée si soudaine qu'elle eut à peine le temps de saisir son mouchoir » (Flaubert). Avoir la nausée, des nausées : avoir mal au cœur.
2 ♦ Sensation de dégoût insurmontable. ⇒ écœurement. Rien que d'y penser, j'en ai la nausée. « c'est à donner la nausée de vous voir ici » (P. Benoit),c'est écœurant. Jusqu'à la nausée : jusqu'à la saturation, jusqu'au dégoût. — « La Nausée », roman de Sartre.
● nausée nom féminin (latin nausea, du grec nausia) Envie de vomir. Profond dégoût moral, extrême répulsion provoqués par la conduite particulièrement condamnable de quelqu'un, par quelque chose d'écœurant : Ce livre me donne la nausée.
nausée
n. f.
d1./d Envie de vomir. Avoir des nausées.
d2./d Fig. Dégoût, écoeurement profond. Ce spectacle me donne la nausée. J'en ai la nausée.
⇒NAUSÉE, subst. fém.
A. —1. Vieilli. Mal de mer. Synon. méd. naupathie:
• 1. Il était bien un peu malade, mais qu'importe! Il ne comptait pas ses nausées, et, quand son corps se tordait sous le mal de mer, son esprit s'ébaudissait d'une immense satisfaction.
VERNE, Tour monde, 1873, p.95.
2. Envie de vomir, suivie ou non de vomissements. Synon. haut-le-coeur, mal au coeur, mal de coeur (fam.). Nausées atroces; avoir la nausée, des nausées (synon. avoir le coeur sur le bord des lèvres, avoir le coeur qui chavire); douleurs, migraines, vertiges accompagnés de nausées. Elle fut prise d'une nausée si soudaine, qu'elle eut à peine le temps de saisir son mouchoir sous l'oreiller (FLAUB., Mme Bovary, t.2, 1857, p.170). Au moment d'avaler la première bouchée d'une côtelette appétissante, une nausée, un étourdissement m'arrêtèrent (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p.495). V. épigastre ex. et haut-le-coeur ex.:
• 2. Une nausée lui serra tout à coup les entrailles et fermant les yeux il s'appuya un instant au dossier d'un meuble dans la pièce sans lumière qu'il traversait (...). Tout son visage était baigné d'une sueur dont il sentait les gouttes rouler sur son cou.
GREEN, Chaque homme, 1960, p.1327.
B. —Au fig. Sensation de dégoût insurmontable, sentiment de profonde répugnance (dans l'ordre intellectuel ou moral). Synon. écoeurement, horreur, répulsion. Comme tu dois être punie, pauvre mère, par le remords! Et cet être, quelle nausée de lui, tu dois éprouver maintenant que tu vois clair! (H. BATAILLE, Maman Colibri, 1904, IV, 5, p.29). Est-ce que jamais vous n'avez eu la nausée en regardant le calendrier, à voir les semaines passer, passer toujours sans un changement (MONTHERL., Songe, 1922, p.178):
• 3. Une nausée universelle devant les insuffisances de ce monde soulève le coeur des Slaves, des Germains et des Latins. Elle se manifeste, chez les premiers par le nihilisme, chez les seconds par le pessimisme, chez nous-mêmes par de solitaires et bizarres névroses.
BOURGET, Essais psychol., 1883, p.10.
— Locutions
♦Donner la nausée, des nausées à qqn. Synon. lever le coeur. Leurs propos et leurs rires lui donnaient la nausée (ROLLAND, J.-Chr., Adolesc., 1905, p.365). Pour unique perspective, cette rentrée scolaire, cet internat de Normale, qui lui donnaient la nausée (MARTIN DU G., Thib., Sorell., 1928, p.1238).
♦C'est à donner la nausée, des nausées. C'est écoeurant, exaspérant. Les Trois Mousquetaires sont exécrables. On est fâché d'avoir lu cela (...). C'est vulgaire; c'est à donner des nausées! (BALZAC, Lettres Étr., t.3, 1845, p.163).
♦Jusqu'à la nausée. Jusqu'à la saturation, jusqu'au dégoût. Ma chambre. Hideux petit univers, dont tous les détails me sont archiconnus, jusqu'à la nausée (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p.990). L'on parle volontiers du mystère de la poésie et des lettres. L'on en parle jusqu'à la nausée (PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p.9).
REM. Nauséen, -éenne, adj. De nature à provoquer des nausées. Synon. nauséeux. Que peut avoir avalé Jacques-Émile Blanche, quelle coloquinte, quelle herbe nauséenne, pour avoir cette crampe buccale dans ce visage pâle (L. DAUDET, Salons et journaux, 1917, p.194).
Prononc. et Orth.:[noze]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1495 «envie de vomir» (B. DE GORDON, Pratiq., V, 8 ds GDF. t.3, p.725); 1573 «envie de vomir due au mal de mer» (GUILLAUME PARADIN, Mém. de l'histoire de Lyon, Lyon, A. Gryphius, A Monseigneur Françoys de Mandelot [2]: ... endurent mesmes agitations, elancemens et nausees en temps de tempestes); 2. 1752 fig. (Trév.). Empr. au lat. nausea «mal de mer; nausée»; fig. «dégoût», v. aussi noise. Fréq. abs. littér.:374. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 184, b) 500; XXe s.: a) 643, b) 778. Bbg. ARNOLD (W.). Ennui, spleen, nausée, tristesse. N. Spr. 1966, t.15, pp.166-169.
nausée [noze] n. f.
ÉTYM. 1495; lat. nausea « mal de mer »; grec nautia, rac. naus « navire ». → aussi Noise.
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1 Envie de vomir, sensation de malaise accompagnée de contractions involontaires du pharynx, de l'œsophage, des parois abdominales; ces contractions. ⇒ Cœur (mal au cœur), haut-le-cœur (cit. 3, par métaphore), mal (de l'air, de mer… infra cit. 18), naupathie, soulèvement (de cœur). || Avoir la nausée, des nausées : avoir mal au cœur. Cf. Avoir le cœur sur le bord des lèvres. || Velléités de nausées (→ 2. Fin, cit. 11). || Nausées de dégoût. || Odeur qui lève le cœur, donne la nausée. ⇒ Nauséabond.
1 Et elle fut prise d'une nausée si soudaine, qu'elle eut à peine le temps de saisir son mouchoir sous l'oreiller.
Flaubert, Mme Bovary, III, VIII.
2 Elle eut plusieurs nausées, mais elle ne vomit pas, elle fut à peine soulevée par elles (…)
P. Nizan, le Cheval de Troie, p. 170.
2 (1752). Sensation ou sentiment de dégoût. || « La bonne société qui a des nausées devant le peuple qui peine » (→ Élite, cit. 5). || Ce livre, ce récit est ignoble, donne la nausée. — Par hyperb. || Avoir la nausée d'une chose trop connue, trop répétée. — La Nausée, roman de Sartre (1938).
3 (…) Grenoble, la personnification du genre bourgeois et de la nausée exactement parlant (…)
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 33.
4 Il oublia tout, — et ce qu'elle était, et ce pour quoi il était venu, et cette maison, et cet appartement dont il avait eu presque, en y entrant, la nausée.
Barbey d'Aurevilly, Les Diaboliques, « Vengeance d'une femme », p. 386.
5 Ne sentez-vous pas que c'est à donner la nausée de vous voir ici, dans la maison de cette intrigante ?
Pierre Benoit, Mlle de la Ferté, p. 276.
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DÉR. Nauséeux.
Encyclopédie Universelle. 2012.