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nourriture

nourriture [ nurityr ] n. f.
XIVe; nurture « bétail » fin XIe; norreture « éducation » XIIe; bas lat. nutritura, avec infl. de nourrir
IVx
1Éducation.
2(XVIe) Allaitement.
II(1530) Mod.
1Ce qui entretient la vie d'un organisme en lui procurant des substances à assimiler ( alimentation, nutrition, subsistance). Produits destinés à la nourriture des hommes. 2. vivres. Nourriture des animaux ( pâtée, pâture) . Ces substances. aliment. Bouchées, morceaux, fragments de nourriture. aussi portion, ration. Absorber, prendre de la nourriture : manger, se nourrir. Se jeter sur la nourriture. Se priver de nourriture ( jeûner) . Refuser toute nourriture. Nourriture préparée, accommodée, apprêtée, gastronomique. cuisine; traiteur. Nourriture congelée, surgelée, sous vide. Nourriture pauvre; riche. Une nourriture saine, équilibrée. Nourriture solide; liquide (potages, soupes, etc., à l'exclusion des boissons sans valeur nutritive).
Ce qu'on mange habituellement aux repas. chère, mangeaille, 2. manger, pitance, soupe(fig.); fam. bectance, 2. bouffe, bouffetance, boustifaille, croûte. Comment est la nourriture dans cette cantine ? Médiocre, mauvaise nourriture. tambouille. Une nourriture abondante, variée. « Il rêvait à des nourritures gargantuesques » (Goncourt). La nourriture et la boisson.
2Fig. et littér. Nourriture de l'esprit. « La nourriture de l'impulsion créatrice » (Rimbaud). « Les Nourritures terrestres », œuvre de Gide.

nourriture nom féminin (bas latin nutritura, refait sur nourrir) Action de nourrir un être vivant : Assurer la nourriture du bétail. Toute substance qui sert à l'alimentation des êtres vivants : Oiseau qui cherche sa nourriture. Une nourriture saine. Littéraire. Ce qui nourrit le cœur, l'esprit : Les nourritures intellectuelles. Composition grasse appliquée au cuir pour l'assouplir ; opération par laquelle on nourrit le cuir. Action d'élever des vers à soie ; les vers à soie que l'on élève ensemble. ● nourriture (citations) nom féminin (bas latin nutritura, refait sur nourrir) Jean Giono Manosque 1895-Manosque 1970 Les joies du monde sont notre seule nourriture. La dernière petite goutte nous fait encore vivre. Que ma joie demeure Grassetnourriture (synonymes) nom féminin (bas latin nutritura, refait sur nourrir) Toute substance qui sert à l'alimentation des êtres vivants
Synonymes :
- alimentation
- bouffe (populaire)
- bouffetance (vieux)
- boustifaille (populaire)
- croûte (populaire)
- mangeaille
- mets
- pain
- pâtée
- pâture
- pitance
- repas
- victuaille
- vivres

nourriture
n. f.
d1./d Ce dont on se nourrit. Ne pas avoir assez de nourriture.
d2./d Fig. Ce qui forme, enrichit. Les nourritures de l'esprit.

⇒NOURRITURE, subst. fém.
A. —Action ou moyen de nourrir.
1. Action de nourrir. La première nourriture de cette femme n'a pas réussi, elle avait trop peu de lait (Ac. 1835-1935).
P. anal. Faire des nourritures. Élever du bétail. (Dict. XIXe et XXe s.).
2. a) Ce qui entretient la vie d'un organisme. Des gens curieux de nourriture délicate, raffinée, originale, des mangeurs, enfin, qui ont l'imagination de l'estomac (GONCOURT, Journal, 1885, p.419). On sait à quel point le poisson entre aujourd'hui comme nourriture principale dans l'alimentation japonaise (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p.67):
1. ... près d'un million de nos petits enfants ont péri faute de nourriture suffisante, (...) le peuple français tout entier vit sous un régime effroyable de famine, de délation et d'oppression.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p.530.
SYNT. Nourriture abondante, convenable, exquise, insuffisante, lourde, naturelle, pauvre, riche, saine, substantielle, suffisante; nourriture habituelle, quotidienne; nourriture liquide, solide; nourriture du corps, de l'homme, du pauvre, du peuple; absorber, prendre de la nourriture; se jeter sur la nourriture; tirer sa nourriture de; priver de nourriture; besoin, défaut, excès, manque, privation de nourriture; qualité, quantité de la nourriture.
b) P. méton. Entretien alimentaire d'une personne. Pourvoir, subvenir à la nourriture de; assurer la nourriture de; dépenser pour la nourriture. Partout où c'est que je passe, j'ai coutume de gagner mon sel, puis le beurre pour mettre dedans. Je vous ai offert de me garder moyennant asile et nourriture (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p.44).
RELIG. Nourriture miraculeuse. Aliment fourni par Dieu aux hommes. Synon. manne. Dieu (...) a envoyé plusieurs fois une nourriture miraculeuse: manne au désert (...), pains multipliés (MARCEL 1938).
3. Vx, rare. Ce qui sert à entretenir, à faire durer quelque chose. (Dict. XIXe et XXe s.).
PEAUSS. ,,Liquide épais employé en tannerie pour imprégner les peaux, fait d'huiles, de suif (...) et de dégras`` (DUVAL 1959).
B.Au fig.
1. Ce qui enrichit l'esprit, le coeur. Nourriture de l'esprit:
2. Delacroix disait: «Il ne faut jamais compter comme un dérangement le temps donné à un concert, pourvu qu'il y ait seulement un bon morceau. C'est pour l'âme la meilleure nourriture
POURTALÈS, Vie Liszt, 1925, p.107.
RELIG. Nourriture de l'âme; nourriture céleste. ,,La vérité révélée de Dieu, les enseignements et les exemples de Jésus dans l'Évangile`` (MARCEL 1938). La nourriture de l'âme qu'elle y [dans ces ravissements] avait reçue suffisait à sa subsistance (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p.263).
2. Vieilli. Éducation ou enseignement. C'est par ces travaux domestiques que la bourgeoisie éleva ses fils (...). Hélas! nous n'avons pas gardé le secret de ce que nos pères appelaient «les fortes nourritures». Nous n'élevons plus très bien nos enfants (A. FRANCE, Vie littér., t.2, 1890, p.248):
3. ... Bertin s'efforça de démontrer combien l'intelligence des gens du monde, même les plus instruits est sans valeur, sans nourriture et sans portée, combien leurs croyances sont pauvrement fondées, leur attention aux choses de l'esprit faible et indifférente, leurs goûts sautillants et douteux.
MAUPASS., Fort comme la mort, 1889, p.77.
P. méton. Celui qui a été élevé, formé. Sa chère nourriture (Ac. 1835-1935).
Proverbe. Nourriture passe nature. Une bonne éducation corrige un mauvais naturel. (Dict. XIXe et XXe s.).
REM. Nourrement, subst. masc., hapax. Le mangement et le buvement, c'est-à-dire le nourrement (RENARD, Journal, 1906, p.1064).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. 1121-34 «éducation, action d'élever, d'instruire» nureture (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1978); 2. id. «animal qu'on élève» id. (ID., ibid., 1961); 1170 «enfant qu'on élève» norreture (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec et Enide, éd. M. Roques, 1444); 3. av. 1630 «action de nourrir un enfant de son lait» (A. D'AUBIGNÉ, Tragiques, Misères, éd. E. Réaume et De Caussade, IV, p.33). II. 1. Ca 1370 «ce qui sert à l'alimentation des gens» nourreture (JEAN LE FEVRE, Lament. de Matheolus, I, 1382, éd. Van Hamel); 1549 en parlant des végétaux (EST.); 2. 1555 fig. (RONSARD, Continuation des Amours, XXVII, 8, éd. P. Laumonier, VII, p.145: De ses yeus, dont mon coeur prenoit sa nourriture); 1681 (PATRU, Plaidoié 1 ds RICH. t.2: l'honneur est la nourriture et le plus ardent désir des ames bien nees); 3. 1562 «entretien d'une personne du point de vue alimentaire» (Fr. BONIVARD, Advis et devis de noblesse et de ses offices, 172 d'apr. FEW t.7, p.254b). Empr. du lat. nutritura «action de nourrir», refait d'apr. nourrir. Fréq. abs. littér.:2533. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 3274, b) 3564; XXe s.: a) 3710, b) 3837. Bbg. GOHIN 1903, p.308.

nourriture [nuʀityʀ] n. f.
ÉTYM. XIVe, Oresme; nurture « bétail qu'on élève », fin XIe; nourreture « éducation », XIIe; du bas lat. nutritura, avec infl. de nourrir.
———
I Vx.
1 (Encore cour. au XVIIe). Éducation (A., 1.). — ☑ Prov. Nourriture passe nature : l'éducation corrige la nature.Par ext. (vx). Celui qu'on a élevé; élève, disciple (Corneille, Nicomède, II, 3).
2 (XVIe, D'Aubigné). Action de nourrir un enfant de son lait. Nourrir (II., 1.); allaitement.Temps de l'allaitement.
———
II (1530). Mod.
1 Ce qui entretient la vie d'un organisme en lui procurant des substances à assimiler ( Alimentation, subsistance); ces substances ( Aliment; et aussi le suff. -phagie et le préf. tropho-). || Produits destinés à la nourriture des hommes ( Vivres; victuailles). || Cultivateur qui produit sa propre nourriture (→ Endurcir, cit. 16). || L'État (cit. 112) doit la nourriture à tous les citoyens. || Nourriture des animaux. Pâtée, pâture. || La viande, chair (cit. 64) préparée pour la nourriture des hommes et des animaux. || Le lait (cit. 2), nourriture de l'enfant. || Apporter la nourriture à ceux qui meurent de faim (→ Famine, cit. 3). || Priver ( Affamer), se priver de nourriture (→ S'ôter les morceaux de la bouche).Bouchées, morceaux, fragments (cit. 2) de nourriture ( Portion, ration).Absorber, prendre de la nourriture. Manger, nourrir (se), soutenir (se), sustenter (se).
Bourrer (cit. 3), gorger (cit. 2) de nourriture. || S'empiffrer (cit. 2) de nourriture. || Voulez-vous prendre un peu de nourriture ? (→ Prendre quelque chose [8.].)Nourriture fruste, grossière. || Nourriture préparée, accommodée, apprêtée. Cuisine, mets (→ Gastronomie, cit.). || Nourriture pauvre; riche, substantielleNourriture solide; liquide (potages, soupes, etc., à l'exclusion des boissons sans valeur nutritive).
Ce qu'on mange habituellement aux repas. Chère, 2. fripe (vx), manger (n. m.), pain (fig.), pitance, soupe (fig.), viande (vx); fam. becquetance, 2. bouffe, bouffetance, boustifaille, briffe, croûte, mangeaille. || Comment est la nourriture dans ce restaurant, cette pension… ? || Nourriture appétissante (cit. 1), choisie, saine (→ Développer, cit. 4). || Médiocre, mauvaise nourriture. Tambouille.(En parlant d'une substance particulière). || Le gibier (cit. 3), nourriture de haut goût. || Le lait, nourriture naturelle, complète.(Au plur.). || Digestion des nourritures (→ Ébriété, cit. 1). || Nourritures épicées (→ Échauffer, cit. 3).
1 (…) notre propre corps s'épuise sans cesse, il a besoin d'être sans cesse renouvelé. Quoique nous ayons la faculté d'en changer d'autres (corps) en notre propre substance, le choix n'est pas indifférent : tout n'est pas aliment pour l'homme; et des substances qui peuvent l'être, il y en a de plus ou de moins convenables (…) Nous mourrions affamés ou empoisonnés, s'il fallait attendre, pour choisir les nourritures qui nous conviennent, que l'expérience nous eût appris à les connaître et à les choisir (…)
Rousseau, Émile, II.
2 (…) un verre de porto épicé, dont l'action réparatrice fut merveilleuse sur un estomac vide qui n'aurait pu d'ailleurs supporter aucune nourriture solide.
Baudelaire, les Paradis artificiels, « Mangeur d'opium », II.
3 (…) il rêvait (…) les yeux demi-fermés, à des nourritures gargantuesques.
Ed. de Goncourt, les Frères Zemganno, IV.
4 Le vieillard découpait sa viande en menus morceaux avec cette déférence des gens qui trouvent une dernière passion dans la nourriture (…)
J. Green, Adrienne Mesurat, I, III.
4.1 (…) en prévision d'éventuels assauts livrés par une meute de corsaires frénétiques, pouilleux et affamés, capables en un clin d'œil de tout emporter et dévorer, non seulement ce qui pouvait être normalement mangé, mais jusqu'au mobilier, acier, moleskine et crin compris — la nourriture elle-même (les barquettes pleines de crevettes, de calamars, de salamis, de cornets de jambons, de piments, de tranches de melon ou de rosbif, les poulets rôtis, les oranges, les bananes et les gluantes pâtisseries) exposée derrière le comptoir (…)
Claude Simon, le Palace, p. 17.
Être porté sur la nourriture. 2. Bouffe, gueule. || La nourriture et la boisson.Dépenser, mettre (cit. 41) tant par mois pour la nourriture. || Nourriture et habillement, et logement. || Avoir nourriture et logement chez qqn (→ Le gîte et le couvert, et la table).
5 (…) le bourgeois dépense moins — proportionnellement — que l'ouvrier pour sa nourriture; beaucoup plus pour son vêtement et son logement.
Sartre, Situations II, p. 204.
Spécialt. || La nourriture céleste, divine : la manne (cit. 2).
2 Entretien matériel d'une personne (nourriture proprement dite, logement, habillement…). || Bail (cit. 7) à nourriture. || Il a sa nourriture assurée.
3 Nutrition. || La nourriture des tissus (→ Circulatoire, cit.). || Manque de nourriture. Atrophie, dénutrition, inanition.
4 Vx ou littér. Ce qui entretient, fait durer. Aliment. || « Ce flambeau sans nourriture » (Voltaire, in Littré). || Nourriture d'une flamme (→ Incessamment, cit. 1, Ronsard).Par métaphore :
6 C'est un feu (l'amour) qui s'éteint, faute de nourriture.
Corneille, le Cid, I, 2.
5 Littér. || Nourriture de l'esprit (cit. 111), de l'âme… Enrichissement, substance, suc (fig.). || Cet écrivain est pour moi une nourriture (→ Aiguiser, cit. 7). || La nourriture de l'impulsion créatrice (cit. 12, Rimbaud). || Nourriture insuffisante (→ Viande creuse).L'Eucharistie, nourriture de l'âme.
7 Savoir est un viatique; penser est de première nécessité; la vérité est nourriture comme le froment. Une raison, à jeun de science et de sagesse, maigrit.
Hugo, les Misérables, IV, VII, IV.
8 (…) le ciboire renferme les saintes hosties, la nourriture de l'âme.
France, l'Orme du mail, Œ., t. XI, XI, p. 112.
9 L'esprit emprunte à la matière les perceptions d'où il tire sa nourriture, et les lui rend sous forme de mouvement, où il a imprimé sa liberté.
H. Bergson, Matière et Mémoire, p. 280.
10 L'amour de Chimène et de Rodrigue pour l'honneur est une des nourritures les plus profondes de leur propre amour. Et leur amour est une nourriture profonde et une offrande perpétuelle qu'ils font à l'honneur. Et l'honneur qu'ils rendent à l'amour est encore une nourriture de leur amour.
Ch. Péguy, Note conjointe, Sur Descartes, p. 169.
Allus. littér. || Les Nourritures terrestres (1897), œuvre de Gide (suivie en 1935 des Nouvelles nourritures).
11 Nourritures !
Je m'attends à vous, nourritures !
Ma faim ne se posera pas à mi-route;
Elle ne se taira que satisfaite (…)
Par tout l'espace, je vous cherche,
Satisfactions de tous mes désirs.
Gide, les Nourritures terrestres, p. 39.

Encyclopédie Universelle. 2012.