piédestal, aux [ pjedɛstal, o ] n. m. ♦ Support assez élevé sur lequel se dresse une colonne, une statue ou un élément décoratif (vase, candélabre, etc.). ⇒ piédouche, socle. Base, dé, corniche d'un piédestal. « douze piédestaux de cuivre portaient chacun une grosse boule de verre » (Flaubert).
♢ Fig. Ce qui élève, présente à l'admiration de tous. « le magnifique piédestal que le Théâtre fait à une femme » ( Balzac). Loc. Mettre, placer qqn sur un piédestal, lui vouer une grande admiration, l'idéaliser (cf. Porter qqn au pinacle). Tomber, descendre, dégringoler de son piédestal : perdre tout son prestige.
● piédestal, piédestaux nom masculin (italien piedestallo, de piede, pied, et stallo, support) Socle ou soubassement isolé et mouluré d'une colonne, d'une statue, d'un vase décoratif, formé d'une base, d'un dé et d'une corniche, ou cimaise. Situation où quelqu'un est en vedette, est proposé à l'admiration de tous ; situation où quelqu'un est idéalisé : Mettre son père sur un piédestal. ● piédestal, piédestaux (difficultés) nom masculin (italien piedestallo, de piede, pied, et stallo, support) Orthographe Plur. : des piédestaux.
piédestal, aux
n. m. Massif de maçonnerie qui supporte une colonne.
— Support élevé formant le socle d'une statue, d'un vase, etc.
|| Loc. fig. Mettre qqn sur un piédestal, lui vouer de l'admiration (souvent excessive).
— Tomber de son piédestal: perdre son prestige.
⇒PIÉDESTAL, -AUX, subst. masc.
A. —ARCHIT., SCULPT., DÉCOR. Support isolé d'une statue, d'une colonne, d'un élément décoratif. Piédestal carré, circulaire; piédestal en bois, en marbre, en pierre, en plâtre; corniche, socle d'un piédestal. Une horloge du Boule, sur un piédestal d'écaille incrusté d'arabesques en cuivre, étincelait au milieu d'un panneau (BALZAC, Fille Ève, 1839, p.119). Il y avait là (...), sur un piédestral de stuc blanc, un oiseau de bronze dont le plumage était figuré par une série de coques gravée (JACOB, Cornet dés, 1923, p.135):
• 1. Tout autour, n'attendant qu'une fausse réponse
Pour vous pomper le sang,
Sur leurs grands piédestaux semés d'hiéroglyphes,
Des sphinx aux seins pointus, aux doigts armés de griffes,
Roulent leur oeil luisant.
GAUTIER, Comédie mort, 1838, p.32.
♦P. anal. (d'aspect). On croyait voir (...) d'autres [monts] dentelés blanc fixe, d'une immobilité parfaite, portés sur des piédestaux de nuages et pareils à un épaississement de la lumière (MALÈGUE, Augustin, t.1, 1933, p.220). Avignon! L'immense harpe brillait dans le ciel de toutes ses longues cordes, tendues, luisantes, posée sur un piédestal de maisons se confondant dans un clair gris d'argile sèche (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.54).
B. —Au fig. Action, situation qui donne du prestige à quelqu'un, qui le propose à l'admiration. Le théâtre est le piédestal des femmes. Plus une danseuse est célèbre et usée, plus elle vaut (STENDHAL, Amour, 1822, p.47). Le noble lord, tranquillement installé sur le piédestal du pouvoir (MAUROIS, Disraëli, 1927, p.118):
• 2. ... le comte songea que l'homme qui tombe, dans l'opinion d'une femme, du piédestal chevaleresque sur lequel il était monté, et ose convenir qu'il a menti, est perdu à tout jamais...
PONSON DU TERR., Rocambole, t.2, 1859, p.355.
♦Dresser, établir, mettre qqn sur un piédestal. Lui vouer une grande admiration. [Degas] dresse Ingres sur un inaccessible piédestral (DU BOS, Journal, 1921, p.39).
♦Choir, tomber, etc. de son piédestal. Perdre tout son prestige. Il fit le tour de la maison pour (...) montrer (...) aux domestiques (...) comme Henriette était renversée de son piédestal (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p.1054). Il m'arrivait (...) de faire trébucher de son piédestal, d'un trait méchant, quelqu'une de ses idoles aristocratiques (GRACQ, Syrtes, 1951, p.40).
REM. Piédestaliser, verbe trans. Mettre sur un piédestal. [Le prince Dolgoroukow] a fait un livre énergique contre Louis Bonaparte. Il m'y piédestalise (HUGO, Corresp., 1865, p.493). Une atmosphère d'épouvante et de beauté enveloppe toujours l'homme qui a tué (...) et ce sont encore les cadavres qui piédestalisent le mieux les héros (LORRAIN, Phocas, 1901, p.275).
Prononc. et Orth.:[], [-de-], masc. plur. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1694. Au plur. des piédestaux. Selon LITTRÉ hésitation au XVIIe s. entre -aux et -als (intégration encore récente du mot). Piédestral chez JACOB et DU BOS, loc. cit. Étymol. et Hist. 1. 1526-37 pedestal «support d'une colonne, d'un vase, d'une statue, etc.» (D. DE SAGREDO, Raison d'archit. antique [trad. anonyme d'un texte esp.], 28 r° d'apr. M. CAGNON et S. SMITH ds Cah. Lexicol. t.19, 1971, p.100); id. pied destal (ID., ibid., 44 r°, ibid.); 1545 piedestal (Le Second Livre de perspective, de Sebastian Serlio Bolognois [trad. de l'ital. par J. Martin], 40 r°, ibid.); 2. 1784 au fig. placer (qqn) sur un piédestal (STAËL, Lettres jeun., p.27). Empr. à l'ital. piedestallo, att. au sens 1 au XVIes. (D. BARBARO), aussi piedistallo «id.» (dep. la 1re moit. du XVes., BURCHIELLO d'apr. DEI), comp. de piede (pied) et de stallo «séjour», d'orig. germ. (v. étal). Fréq. abs. littér.:366. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 747, b) 928; XXes.: a) 282, b) 251. Bbg. Archit. 1972, p.88. — Sculpt. 1978, p.512. — WIND 1928, p.122.
piédestal, aux [pjedɛstal, o] n. m.
ÉTYM. 1547; pedestal, 1520-1537; piedestrat, 1528; pied d'estrail, XVe; ital. piedestallo, comp. de piede « pied », et stallo « support », proprt « demeure », même mot que étal.
❖
1 Support assez élevé sur lequel se dresse une colonne, une statue ou un élément décoratif (vase, candélabre, etc.). || Base, dé, corniche d'un piédestal à plan carré. || Piédestal à base étroite. ⇒ Gaine. || Petit piédestal. ⇒ Piédouche, socle. || Piédestal cylindrique, à pans coupés. || Piédestal continu portant plusieurs colonnes (soubassement ou stylobate).
1 Comme on donne un piédestal à une statue, il faut en donner un à un édifice, et surtout aux temples, qui doivent, pour ainsi dire, être placés sur un autel.
Joseph Joubert, Pensées, XX, XXII.
2 Il y avait des troncs d'arbre barbouillés de cinabre, qui ressemblaient à des colonnes sanglantes. Au milieu, douze piédestaux de cuivre portaient chacun une grosse boule de verre, et des lueurs rougeâtres emplissaient confusément ces globes creux (…)
Flaubert, Salammbô, I.
2 (1762). Littér. ou dans des expr. fig. Ce qui élève, ce qui présente à l'admiration des hommes. ☑ Mettre qqn sur un piédestal, lui vouer une grande admiration (→ aussi Madone, cit. 3). ☑ Tomber de son piédestal : perdre son prestige, son autorité; tomber dans l'oubli.
3 Il (Voltaire) en veut à tous les piédestaux (…) Il aura beau faire, beau dégrader; je vois une dizaine d'hommes chez la nation qui, sans s'élever sur la pointe du pied, le passeront toujours de la tête. Cet homme n'est que le second dans tous les genres.
Diderot, Lettre à Mlle Volland, 12 août 1762.
4 Beaucoup de gens, séduits par le magnifique piédestal que le Théâtre fait à une femme, la supposent menant la joie d'un perpétuel carnaval.
Balzac, Une fille d'Ève, Pl., t. II, p. 106.
5 Tout ce que nous venons de dire ici n'est pas pour écorner le piédestal de Molière; nous ne sommes pas assez fou pour aller secouer ce colosse de bronze avec nos petits bras (…)
Th. Gautier, Mlle de Maupin, Préface.
6 Vous faites du passé votre piédestal sombre (…)
Hugo, la Légende des siècles, XX, II.
❖
DÉR. Piédestaliser.
Encyclopédie Universelle. 2012.