piétiner [ pjetine ] v. <conjug. : 1>
• 1621; de piéter
I ♦ V. intr.
1 ♦ S'agiter sur place en frappant vivement du pied contre le sol. Enfant qui piétine de colère. ⇒ trépigner. « quatre messieurs qui piétinaient pour s'échauffer les pieds » (Maupassant). — Plus cour. Remuer les pieds sans avancer ou en avançant péniblement (cf. Marquer le pas). Piétiner dans une file d'attente. « piétiner derrière un corbillard » (Courteline).
♢ Fig. Avancer bien peu, ne pas progresser (cf. Faire du surplace). « Edmond a l'impression de piétiner, de perdre son temps, de ne pas avancer » (Maurois). L'enquête, la négociation piétine. ⇒ 2. patiner, stagner.
II ♦ V. tr. (XVIIIe)
1 ♦ Frapper avec les pieds de façon répétée, fouler aux pieds. Ils « piétinent le sol en cadence » (Tharaud). Le taureau « fit voler en l'air l'innocente étoffe qu'il piétina avec rage » (Gautier). Il a été piétiné par la foule. ⇒ écraser.
2 ♦ Fig. Ne pas respecter, malmener. Piétiner qqn, la mémoire de qqn. « en piétinant leurs convictions religieuses » (Romains). ⇒ fouler (aux pieds).
⊗ CONTR. Avancer, progresser.
● piétiner verbe intransitif (de piéter) Frapper le sol des pieds à plusieurs reprises tout en restant sur place : Piétiner de rage. Avancer très lentement, à petits pas, ou rester sur place en ébauchant des mouvements de marche : La foule piétinait à l'entrée du cinéma. Ne faire aucun progrès, stagner : Les discussions piétinent. ● piétiner (synonymes) verbe intransitif (de piéter) Frapper le sol des pieds à plusieurs reprises tout en...
Synonymes :
- piaffer
- trépigner
Avancer très lentement, à petits pas, ou rester sur place...
Synonymes :
Ne faire aucun progrès, stagner
Synonymes :
- languir
- patauger
- stagner
- végéter
● piétiner
verbe transitif
Fouler le sol, quelque chose, quelqu'un aux pieds, l'écraser avec ses pieds, frapper avec le pied à coups redoublés : Les enfants ont piétiné les fleurs du jardin.
S'acharner sur quelque chose, quelqu'un : Piétiner les droits des peuples à l'indépendance.
● piétiner (synonymes)
verbe transitif
Fouler le sol, quelque chose, quelqu'un aux pieds, l'écraser avec ses...
Synonymes :
- fouler
- marcher sur
S'acharner sur quelque chose, quelqu'un
Synonymes :
- contrevenir à
piétiner
v.
rI./r v. intr.
d1./d Remuer, frapper des pieds sur place. Piétiner d'impatience.
d2./d Remuer des pieds sans avancer ou en avançant très peu. File d'attente qui piétine.
|| Fig. Ne pas progresser. Les tractations piétinent.
rII./r v. tr. Fouler aux pieds.
— Fig. Son honneur a été piétiné.
|| (Afr. subsah.) Marcher sur (qqch, les pieds de qqn). Attention, tu me piétines!
⇒PIÉTINER, verbe
A. —Empl. intrans.
1. [Le suj. désigne une pers., un animal] Frapper vivement des pieds sur place; marteler le sol avec un bruit sourd. Synon. piaffer, trépigner. Piétiner de colère, d'énervement, d'impatience. Florentine s'était mise à piétiner pour se réchauffer (ROY, Bonheur occas., 1945, p.46):
• 1. Il y avait l'éditeur Pelet, du quai Voltaire, à l'aspect d'un tortionnaire moyenâgeux, et toujours escorté de deux grands chiens qui piétinaient toute la nuit sur la tête du ménage Toudouze.
GONCOURT, Journal, 1895, p.852.
— P. métaph. Et vous avez piétiné sur sa douleur, et vous lui refusiez l'éternité qu'il mendiait (CUREL, Nouv. idole, 1899, II, 6, p.229).
2. P. ext. Avancer difficilement, à petit pas; aller et venir en marquant de nombreux arrêts.
a) [Le suj. désigne une pers., un animal] Claude, déjà en redingote, piétinant d'ennui, eut l'idée d'aller prendre Mahoudeau (ZOLA, L'OEuvre, 1886, p.240). Vous auriez piétiné toute votre journée dans des rues à tramways (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p.141). Un troupeau de vaches sortait de l'étable ou y rentrait, piétinant dans la neige (MALÈGUE, Augustin, t.2, 1933, p.480).
b) P. méton., [le suj. désigne un véhicule attelé] Les voitures légères piétinaient longtemps derrière les lourds attelages avant de pouvoir passer (GIONO, Bonheur fou, 1957, p.308).
3. Au fig. Ne pas progresser, rester dans le même état, la même situation.
a) [Le suj. désigne une pers.] François avait donné sa démission du poste de courtier où il piétinait (VIALAR, Bon Dieu, 1953, p.30).
b) [Le suj. désigne une réalité abstr.] Engagée à l'aube (...) la bataille piétinait encore vers trois heures [de l'après-midi] (DAUDET, Ciel de feu, 1934, p.182). De temps en temps, je reprends le livre depuis son début, j'entends par là que je le feuillette de manière à revoir en quelques secondes le contenu de chaque page. Je vois ainsi si cela avance, si cela bouge, ou si au contraire cela piétine (GREEN, Journal, 1954, p.276).
B. —Empl. trans.
1. Piétiner qqn, qqc. Fouler aux pieds, écraser. Piétiner la terre, des grappes de raisin. J'ai piétiné le chapeau de ce monsieur bourgeois devant le café des officiers (HUGO, Misér., t.1, 1862, p.241). Faites un saint Michel piétinant Satan (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p.100):
• 2. Tous nos invités étaient d'une civilité parfaite et pourtant ils ont écrasé les branches des arbres, cueilli, pour les emporter, les fleurs qui poussent au hasard et qui nous ravissent quand même. Ils ont, en se promenant, piétiné le potager...
DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p.186.
— P. métaph. Piétiner l'âme, le coeur de qqn. M'ont-ils assez piétiné, m'ont-ils assez craché au visage, les immondes pauvres! (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p.118). Il a piétiné un peu de sa conscience, un peu de son amour-propre, un peu de l'avenir (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p.273).
♦Piétiner un cadavre, un mort. Insulter, trahir la mémoire de quelqu'un après sa mort. Des prudences pour n'être pas vue, parce qu'on est en grand deuil, parce qu'on piétine joyeusement le cadavre de son cher petit papa (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p.1410).
2. Au fig. Violer, transgresser (des lois, des règles). La force renverse la loi, piétine la liberté de la presse et celle des individus (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Reeve], 1851, p.128). Ces profiteurs cosmopolites, qui piétinaient joyeusement les traditions du pays (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p.761).
REM. 1. Piétinant, -ante, part. prés. en empl. adj. a) Qui piétine, frappe vivement du pied sur le sol. Notre meute bavarde et piétinante traverse la cour et entre à l'école maternelle (COLETTE, Cl. école, 1900, p.49). Le piétinant troupeau pressé des brebis passe Dans la lumière du couchant (Ch. GUÉRIN, Coeur solit., 1904, p.79). b) Au fig. Qui ne progresse pas. Il ne s'amuse pas aux menues querelles d'à côté, nigaudes, piétinantes, qui laissent la vraie question intacte (BREMOND, Poés. pure, 1926, p.33). 2. Piétineur, -euse, subst. Celui, celle qui piétine quelque chose. À moins qu'il ait été lui-même le piétineur et que cette fatigue muette qui le laissait maintenant debout mais sans gestes (...) soit tout simplement la fin de sa colère (GIONO, Batailles ds mont., 1937, p.30).
Prononc. et Orth.:[pjetine], (il) piétine [pjetin]. Ac. 1694, 1718: pietiner; dep. 1740: piétiner. Étymol. et Hist. 1. Verbe intrans. a) 1621 «frapper des pieds à terre, trépigner» (OUDIN, Thresor des deux langues françoise et espagnolle); b) 1821-24 «remuer les pieds en avançant péniblement» (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.4, p.68); c) 1866 p. métaph. «ne pas avancer» (AMIEL, Journal, p.481); d) 1899 fig. (CLEMENCEAU, Iniquité, p.376: C'est un juif qui parle, piétinant, pour être élu, sur le cadavre de son coreligionnaire); 2. verbe trans. a) av. 1784 «frapper avec les pieds de façon répétée» (DIDEROT, Opin. des Anciens philosophes ds LITTRÉ); b) 1851 fig. (TOCQUEVILLE, loc. cit.). Dér. de piéter; suff. -iner. Fréq. abs. littér.:604. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 88, b) 729; XXes.: a) 1398, b) 1258.
piétiner [pjetine] v.
ÉTYM. 1621; pietonner, pieteler, en anc. franç.; de piéter.
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I V. intr.
1 S'agiter sur place en frappant vivement du pied contre le sol. || Enfant qui piétine de colère. ⇒ Trépigner. || Piétiner pour se réchauffer. || Piétiner d'impatience après une longue attente. ⇒ Piaffer.
1 Mais il aperçut au bout d'une clairière une autre voiture arrêtée et quatre messieurs qui piétinaient pour s'échauffer les pieds (…)
Maupassant, Bel-Ami, I, VII.
♦ (1857). Remuer les pieds sans avancer ou en avançant péniblement; marquer le pas. ⇒ Immobile. || Piétiner dans la boue. ⇒ Patauger (→ Hagard, cit. 2). || Foule, cortège qui piétine, piétine sur place (→ Fameux, cit. 5; gloire, cit. 31).
2 Il devenait indécent, vraiment, à célébrer ainsi une journée qu'il avait en partie occupée à piétiner derrière un corbillard.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, VIe tableau, II.
♦ Par métaphore. Sports. Arriver désuni sur un obstacle, dans une course de haies.
2.1 À la première haie, Viel et lui qui arrivaient sur le mauvais pas, piétinèrent tous deux.
Jean Prévost, Plaisirs des sports, p. 192.
2 (1884). Par métaphore ou fig. Avancer bien peu ou pas du tout, faire peu ou point de progrès. || Piétiner dans de vieilles ornières (→ Muet, cit. 3). || L'affaire piétine, en est toujours au même point.
3 Voilà ce que j'ai fait, moi; et pour en arriver à quoi, je vous le demande ? à piétiner sur place, dans l'attente du poste de sous-chef qui m'est promis depuis deux ans !
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, IIe tableau, II.
4 L'armée d'Italie piétinait depuis quatre ans, dans une incohérente inaction sur la corniche méditerranéenne.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Ascension de Bonaparte, IV.
5 Edmond a l'impression de piétiner, de perdre son temps, de ne pas avancer.
A. Maurois, le Cercle de famille, II, X.
6 Nous piétinons, nous trébuchons, mais nous avançons quand même, la science avance, presque malgré elle.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VI, XI.
3 (En parlant d'un grand nombre de personnes, d'animaux). Frapper le sol du pied, à coups multipliés et répétés, en marchant ou en courant. || Troupeau de moutons piétinant avec un bruit d'averse (→ Engouffrer, cit. 6).
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II V. tr. (Av. 1784).
1 Frapper avec les pieds de façon répétée, fouler aux pieds. || Piétiner le sol, la terre (→ Dévaster, cit. 4). || Taureau qui piétine avec rage une cape de torero (→ Intempestif, cit. 2). || Être piétiné par une foule prise de panique. || Piétiner les plates-bandes, l'herbe. ⇒ Froisser.
7 Les plus grands au milieu, les plus petits aux ailes, ils (les Aïssaoua) forment comme un croissant de lune, et se tenant eux aussi par la main, piétinent le sol en cadence, projettent imperceptiblement leurs corps en avant et en arrière, puis sautent brusquement en l'air, en poussant un cri rauque, une sorte de han ! qui se traduit par Allah.
Jérôme et Jean Tharaud, Rabat, VIII.
8 Les hôtes de l'Yseult piétinèrent les plates-bandes et cassèrent par divertissement les basses branches des arbres fleuris.
Claude Farrère, la Bataille, XVII.
2 Par métaphore et fig. Ne pas respecter, malmener. ⇒ Fouler (aux pieds, fig.). || Piétiner un cadavre : s'acharner sur qqn après sa mort, insulter sa mémoire. — Transgresser avec mépris, violer (des principes, des règles, etc.). || Piétiner les préjugés, les convenances. || Illusions, rêves piétinés.
9 Les roses jonchaient la terre. De marcher sur ces pétales encore frais, il me semblait piétiner des rêves.
Loti, les Désenchantées, IV, XXIV.
10 (…) pour faire tout simplement une bonne affaire, en piétinant leurs convictions religieuses (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, VI, p. 55.
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piétiné, ée p. p. adj.
♦ || Plates-bandes piétinées. — N. || « La piaillerie des piétinés ! » (Céline, Guignol's band, p. 16).
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CONTR. Avancer, courir, évoluer, progresser. — Respecter.
DÉR. Piétinant, piétinement, piétineur.
Encyclopédie Universelle. 2012.