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fouler

fouler [ fule ] v. tr. <conjug. : 1>
• fin XIIe; foler XIe; lat. pop. °fullare « fouler une étoffe », d'apr. fullo « foulon »
1Techn. Presser (qqch.) en appuyant à plusieurs reprises, avec les mains, les pieds, un outil. Fouler du drap ( foulage) . Tissus foulés (feutres, draps). Fouler des peaux, le cuir. corroyer. Cuis. Vieilli Fouler la pâte.
2Littér. Presser (le sol) en marchant dessus. Fouler le sol natal après une longue absence. « Et le pied des coursiers n'y foulait de poussière Que la cendre de tes cités ! » (Hugo).
(1538) Fouler aux pieds : marcher avec violence, colère ou mépris sur (qqn, qqch.). ⇒ piétiner. Fig. Traiter avec le plus grand mépris. bafouer, braver, mépriser, piétiner. Fouler aux pieds les convenances, les lois (cf. Faire litière de). Des « saints au cœur plus ferme qui n'hésitèrent jamais à fouler intrépidement aux pieds leurs affections et celles des autres » (R. Rolland).
3Blesser en donnant une foulure. Se fouler la cheville, le pied. luxer; foulure. « Je sautai, je me fis mal [...] je m'étais un peu foulé le pied et je fuyais en boitant » (Stendhal). Avoir la cheville foulée.
(1808) Fig. et fam., vieilli Se fouler la rate : se donner du mal, de la peine. — Mod. Pronom. Ne pas se fouler : ne pas se donner beaucoup de peine. Elle ne s'est pas foulée. se casser, se fatiguer. Tu ne t'es pas foulé pour écrire cette lettre.

fouler verbe transitif (bas latin fullare, fouler une étoffe, de fullo, -onis, foulon) Soumettre quelque chose à des pressions répétées avec les mains, les pieds ou par un moyen mécanique : Fouler du linge. Littéraire. Marcher sur un sol, dans un lieu : Fouler le sol natal. Provoquer la distension des ligaments de l'articulation, faire une foulure : Un faux mouvement lui a foulé le poignet. Battre les céréales, en faisant tourner des chevaux ou des mules sur les gerbes étalées sur l'aire de battage. Écraser les raisins par une pression modérée pour en libérer la pulpe. Traiter les peaux dans un foulon. Donner à un tissu de laine de la compacité et de l'épaisseur, en produisant un feutrage plus ou moins poussé. En parlant des chiens, mordre l'animal de chasse après l'avoir renversé. ● fouler (expressions) verbe transitif (bas latin fullare, fouler une étoffe, de fullo, -onis, foulon) Fouler quelque chose aux pieds, piétiner des objets sous l'effet de la colère, du mépris, du dépit ; mépriser une opinion, un sentiment, etc. : Fouler aux pieds les préjugés.fouler (homonymes) verbe transitif (bas latin fullare, fouler une étoffe, de fullo, -onis, foulon)fouler (synonymes) verbe transitif (bas latin fullare, fouler une étoffe, de fullo, -onis, foulon) Provoquer la distension des ligaments de l'articulation, faire une foulure
Synonymes :
- déboîter
- démettre
Traiter les peaux dans un foulon.
Synonymes :
- foulonner
Donner à un tissu de laine de la compacité et...
Synonymes :
- foulonner

fouler
v. tr.
d1./d Presser (un corps, une substance) avec les pieds, les mains ou un outil. Fouler du raisin, des cuirs, du drap.
d2./d Litt. Marcher sur (le sol). Fouler le sol natal.
|| Fouler aux pieds: piétiner, et, par ext., fig., traiter avec mépris. Fouler aux pieds la Constitution.
d3./d v. Pron. Se blesser par foulure. Se fouler le pied.
|| Fig., Fam. Se donner de la peine. Elle ne s'est pas foulée.

⇒FOULER, verbe trans.
A.— TECHNOL. Comprimer, presser quelque chose en appuyant de façon répétée avec les mains, les pieds ou par un moyen mécanique.
1. AGRICULTURE
a) Fouler la terre, le sol. La/le tasser :
1. On place ainsi sur toute la longueur de la couche un lit de fumier de 40 centimètres d'épaisseur environ. puis on le foule avec les pieds, ou plutôt avec les sabots, seule chaussure propre à fouler convenablement une couche. On verse encore quelques arrosoirs d'eau en foulant le fumier; il se tasse mieux...
GRESSENT, Créat. parcs et jardins, 1891, p. 687.
b) Vx. Fouler une récolte. Écraser avec les pieds, sous les pattes d'animaux ou avec un outil, pour extraire le grain. Denise, ma mère et ma sœur les foulent [les pavots coupés] les pieds nus (LAMART., Tailleur pierre, 1851, p. 519). L'odeur d'Olivier quand il foulait à l'aire, debout au milieu des mulets tourneurs (GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 152). Ils [les paysans] continuent à travailler la terre, à faire la moisson et à fouler le blé avec les moyens primitifs (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 8).
2. ART CULIN., vieilli. Écraser. Purée (...) vous la foulerez bien avec une cuillère de bois (VIARD, Cuisin. roy., 1831, p. 239). Délayez la pâte faite de 1 litre de farine (...) pétrissez la pâte sans la fouler, abaissez-la (AUDOT, Cuisin. campagne et ville, 1896, p. 464).
3. BRIQUET. — La fabrication mécanique de la brique substitue aux marcheurs qui foulent l'argile, des tonneaux malaxeurs ou des cylindres broyeurs (BOURDE, Trav. publ., 1928, p. 135); cf. aussi foulage ex.
4. IMPR. Presser sur les feuilles qui reçoivent l'impression. Cette presse foule bien, foule également, régulièrement (Ac. 1932).
En partic. Laisser une empreinte en relief au verso d'un papier lorsque la pression a été excessive. (Ds BESCH. 1845, Lar. 19e, LITTRÉ, DG, GUÉRIN 1892).
5. PEAUSS. Fouler les peaux, les cuirs. Les apprêter, les préparer. Les corroyeurs, les hongroyeurs foulent le cuir avec les pieds pour l'amollir (Ac. 1835).
Spéc. Tonneau à fouler :
2. ... — foulonnage au tonneau à fouler (...), gros tonneau cylindrique de 2 à 3 mètres de diamètre, placé horizontalement et tournant autour de son axe horizontal à une vitesse d'environ 10 tours par minute, où les peaux sont brassées par la rotation en même temps qu'elles sont rincées par un courant d'eau intérieur...
BÉRARD, GOBILLIARD, Cuirs et peaux, 1947, p. 37.
6. TEXT. Fouler les étoffes. Les apprêter, les travailler dans un foulon. On foule le drap pour le rendre plus ferme, plus serré (Ac. 1835). Les noms d'Argile smectique, Smectite ou Terre à foulon sont appliqués aux argiles qui servent à fouler les draps (LAPPARENT, Minér., 1899, p. 480). Fouler le feutre, fouler les chapeaux.
Au part. passé en emploi adj. Certains tissus reviennent des apprêts excessivement foulés; les fils (...) sont soudés les uns aux autres et recouverts d'un duvet assez épais qui empêche de voir le dessin (ARAUD, Ch. THOMAS, Fabric. drap, 1921, p. 239).
7. VINIFICATION. Fouler le raisin. Écraser, presser les raisins pour en faire sortir le jus. Ils [les Égyptiens] ne cultivent plus la vigne et ne foulent plus en chantant les grappes mûres dans les cuviers débordants (DU CAMP, Nil, 1854, p. 313) :
3. ... à l'entour des villages déjà des capiteuses senteurs de moût emplissaient l'air. Parmi les rires et les chants, de jeunes hommes, pieds nus, jambes nues, foulaient les raisins dans les cuves...
GIDE, Feuillets d'automne, 1949, p. 1108.
B.— P. ext., littér.
1. Marcher sur. La poussière de marbre que nous foulons en sait plus que nous, mais ne peut rien nous dire (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 179). Nous foulons un trottoir arrosé de printemps ... (ROMAINS, Vie unan., 1908, p. 242). Pourquoi ai-je acheté ce tapis art-nouveau de quinze cents francs, si je dois être seul à le fouler? (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 12).
Spéc., VÉN. Fouler une enceinte. ,,Faire battre ou parcourir un terrain par le limier ou par la meute`` (Ac. 1932).
2. Fouler (aux pieds/du pied/ sous les pieds). Marcher avec violence sur (quelque chose ou quelqu'un); écraser sous ses pieds. Synon. piétiner. Notre cheval foulera, en passant, de la corne de son pied, ton Ahasvérus sur les dalles (QUINET, Ahasvérus, 1833, 3e journée, p. 279). Il lui semblait que son père et sa mère allaient s'élancer sur elle et la fouler aux pieds (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p. 201). Je le vis un jour fouler aux pieds une Bible ancienne qu'il n'avait pas réussi à vendre à un riche amateur (GREEN, Journal, 1946, p. 30) :
4. Durant les longues heures du déménagement, Riquet errait tristement dans l'appartement dévasté. Ses plus chères habitudes étaient contrariées. Des hommes inconnus, mal vêtus, injurieux et farouches troublaient son repos et venaient jusque dans la cuisine fouler aux pieds son assiette à pâtée et son bol d'eau fraîche.
FRANCE, Riquet, 1904, p. 79.
3. Au fig.
a) Fouler (du pied/aux pieds/ sous les pieds). Traiter avec un très grand mépris; dédaigner. Gloire, honneur et vertu, je foulerai du pied Ce que l'homme et le ciel révèrent, sans pitié, Sans honte!... (LECONTE DE LISLE, Poèmes ant., 1852, p. 95). J'ai foulé le bon goût et l'ancien vers françois Sous mes pieds, et, hideux, j'ai dit à l'ombre : « Sois! » (HUGO, Contempl., t. 1, 1856, p. 48). Dans cette course aux prébendes, était oublié, foulé aux pieds, le souvenir de Gaure et de Théverand (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 494) :
5. Quand un être a été maltraité à ce point, il n'a plus qu'un rire d'enfer sur sa lèvre dédaigneuse, tout ce qui est, lui fait pitié, et provoque son dégoût; plus une chose est sainte et sacrée, plus elle est révérée de tous, plus il trouve de joie à la profaner, à la fouler aux pieds. Pour le malheureux le blasphème est une volupté!
BOREL, Champavert, 1833, p. 29.
b) Opprimer, accabler, torturer; en partic., vieilli ,,accabler par des mesures vexatoires, des impôts trop lourds, des exactions`` (Ac. 1798-Ac. Compl. 1842). Les tailles foulent le peuple; cette province a été extrêmement foulée (Ac. 1798). Et le seul bien à mes yeux qu'il pût faire au peuple, c'était de le fouler un peu moins (MARAT, Pamphlets, Dénonc. Necker, 1790, p. 77). — Ô ces foules, ces foules, Et la misère et la détresse qui les foulent! (VERHAEREN, Villes tentac., 1895, p. 125). Le beau de leur royauté, c'est qu'ils ne s'en servirent jamais pour fouler personne (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 145) :
6. ... On peut régner par l'épouvante
Et la fraude, (...)
On peut courber les grands, fouler la basse classe;
Mais à la fin quelqu'un dans la foule se lasse,
Et l'ombre soudain s'ouvre, et de quelque manteau
Sort un poing qui se crispe et qui tient un couteau.
HUGO, Légende, t. 6, 1883, p. 133.
C.— P. anal.
1. Presser de manière à froisser, endommager. Un fils de chien de chasse qui (...) foulait rythmiquement, de ses pattes onglées, un ventre soyeux qu'il eût déchiré, si... si ma mère n'eût taillé et cousu pour lui (...) des mitaines (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 81) :
7. ... elle s'habillait longuement, choisissait ses plus fines broderies, sa robe la plus neuve, afin que, dans un emportement, dans un éclat, Henry arrachât ce fichu, cassât ce nœud avec ses dents et foulât toute cette toilette édifiée pour lui, sacrifiée par avance, qu'elle se procurait l'occasion de faire pour en sentir plus tard tout le plaisir.
FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 122.
En partic.
a) [En parlant d'un animé] Emploi pronom. Être pressé, serré par la foule. Sur cet escalier, du haut en bas, se heurtait, se pressait et se foulait une cohue d'ombres surchargées de silhouettes bizarres (HUGO, Rhin, 1842, p. 149). Les cellules, dans leur multiplication les unes des autres, se poussaient, se foulaient, se casaient (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 39).
b) [En parlant de la végétation] Presser, tasser, endommager. Fouler l'herbe. Son joli pied se posait sur la mousse si légèrement qu'il ne la foulait même pas (DURAS, Édouard, 1825, p. 176). Les pauvres frères Hubert et Martin (...). Leurs biens étaient saccagés. Si quelque étranger se détournait pour ne pas fouler leurs récoltes (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 212).
2. MÉD. Provoquer la distension des ligaments d'une articulation. Synon. luxer. Le fils de ma crémière a foulé le poignet de son maître Leboucher dans un assaut de chausson (GONCOURT, Journal, 1856, p. 231).
Emploi pronom. réfl. indir. Se fouler (qqc.). Le fils de la Marguerite se foula juste un peu le poignet parce que, son coup de poing, c'est le marbre du comptoir qui le reçut (GIONO, Regain, 1930, p. 69). Je ne réussis qu'à me fouler la cheville de l'autre jambe. Je me traînai jusqu'à la grange : cette fois, Lando était réveillé (...). — Tu en as pour deux ou trois jours, me dit-il en me bandant le pied (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 392).
Au part. passé en emploi adj. Qui a une foulure, une entorse, une luxation; dont les ligaments de l'articulation sont distendus. Main foulée, enflée. Le lendemain, tout a disparu (MICHELET, Journal, 1843, p. 502). Les deux poignets foulés, sinon démis ou cassés tellement il avait tapé dur (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 262).
Loc. verbale, au fig., pop., gén. dans un cont. nég. Se fouler la rate; se fouler le tempérament; se la fouler ou absol., se fouler (fam.). Se donner beaucoup de mal, faire un gros effort. Synon. se fatiguer, s'éreinter (fam.), se (la) casser (pop.). Mon examen même commence à m'inquiéter un peu, un peu, mais pas plus qu'un peu et je ne m'en foulerai pas la rate davantage pour cela (FLAUB., Corresp., 1842, p. 100). « ... on ferait mieux de placer ce capital dans une maison de banque. Au bout de quinze ans, (...) on aurait le double sans s'être foulé le tempérament » (FLAUBERT, Bouvard, t. 1, 1880, p. 43). Donc, inutile de nous la fouler (ARNOUX, Gentilsh. ceinture, 1928, p. 37) :
8. — Rien de ce que j'écrirais facilement ne me tente. C'est parce que je fais bien mes phrases que j'ai horreur des phrases bien faites. Ce n'est pas que j'aime la difficulté pour elle-même; mais je trouve que vraiment, les littérateurs d'aujourd'hui ne se foulent guère.
GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1149.
REM. 1. Foulement, subst. masc., rare. Action de fouler; résultat de cette action. Le foulement de l'air naturel condensé sous des vitesses différentes (MAIZIÈRE, Nouv. archit. nav., 1853, p. 39). Au fig. Il [Pascal] a mis celui qu'il dirige dans la disposition de les [les preuves directes et positives] recevoir avec plaisir et de les désirer. Ç'a été de sa part une préparation, une pression morale, un foulement dans tous les sens (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 374). 2. Foulaison, subst. fém., rare. Action de fouler (en partic. du blé); résultat de cette action. Synon. foulage. « ... fais-leur la foulaison. Le patron a le bras cassé, on va venir leur acheter le blé sur gerbe et ça rendra pas. Fais-leur un peu de sous » (GIONO, Baumugnes, 1929, p. 77).
Prononc. et Orth. :[fule], (il) foule [ful]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. XIe s. foler (RASCHI, Gl., éd. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 69); 1. ca 1135 « écraser » au fig. : « les mauvaises actions », (Couronnement Louis, 181 ds T.-L.); 1260 spéc. les draps (E. BOILEAU, Métiers, 286, ibid.); 1690 terre foulée (FUR.); 2. 1160-74 fig. « piétiner, maltraiter » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 9123); 3. 1280 leur anemi ... si foulé de la bataille « fatigué » (PH. DE BEAUMANOIR, Jehan et Blonde, 4421 ds T.-L.); 1842 ne pas se fouler la rate (FLAUB., loc. cit.). Du b. lat. des gloses fullare (TLL s.v.) se rattachant à fullo, -onis, v. foulon. Fréq. abs. littér. Fouler : 818. Foulé : 428. Fréq. rel. littér. Fouler : XIXe s. : a) 1 694, b) 1 222; XXe s. : a) 1 003, b) 770. Foulé : XIXe s. : a) 742, b) 635; XXe s. : a) 537, b) 527. Bbg. QUEM. DDL t. 2.

fouler [fule] v. tr.
ÉTYM. Fin XIIe; foler, XIe; du lat. pop. fullare « fouler une étoffe », d'après fullo « foulon ».
1 Techn. Presser (qqch.) en appuyant à plusieurs reprises, avec les mains, les pieds, un outil.(1723). || Fouler du drap. Apprêter, foulonner; foulage. || Fouler du feutre, fouler un chapeau avec un roulet. || Fouler des peaux, le cuir. Corroyer.Fouler l'herbe. || Fouler du raisin, la vendange. Écraser, presser.Cuis. || Fouler la pâte.
1 (…) ceux qui foulaient les raisins ne chanteront plus leurs chansons ordinaires.
Bible (Sacy), Jérémie, XVLIII, 33.
2 Mais des voisins se trouvaient moins avancés : un, en train de vendanger encore, foulait depuis le matin, tout nu; un second armé d'une barre, surveillait la fermentation (…)
Zola, la Terre, IV, IV.
3 C'est le plateau où, toute la nuit, la pluie a foulé l'herbe.
J. Giono, Regain, II, II.
2 (1690). Littér. Presser (le sol) en marchant dessus. || Le bonheur de fouler un sol qui vous appartienne (→ Chérir, cit. 12). || Fouler le sol de la patrie.
4 Hélas ! tu te souviens des jours de ta misère !
Des flots de sang baignaient tes sillons dévastés,
Et le pied des coursiers n'y foulait de poussière
Que la cendre de tes cités !
Hugo, Odes et Ballades, Odes, I, II, 1.
5 (…) et quelles suspicions tiendraient contre ma danse soudaine, mon allégresse de chienne-enfant qui foule les décombres sans les voir ?
Colette, la Paix chez les bêtes, « Poucette ».
(1778). Par anal. Vén. Faire battre un terrain par un chien ou par une meute. || Fouler une enceinte.
(1538). Fouler (qqch., qqn) aux pieds : marcher avec violence, colère ou mépris sur (qqch., qqn). Piétiner (→ Étouffer, cit. 51; faiblir, cit. 4).(Passif). || Être foulé aux pieds dans une panique.
6 Sous les pieds des chevaux cette reine foulée (…)
Racine, Athalie, I, 1.
7 On vantait la générosité de son cœur; mais il (le duc de Guise) n'en avait pas donné un grand exemple quand il foula aux pieds, dans la rue Bétisi, le corps de l'amiral Coligny, jeté à ses yeux par les fenêtres.
Voltaire, Essai sur les mœurs, CLXXIII.
8 (…) la colère de l'empereur était telle en ce moment qu'il foulait le manuscrit sous sa botte (…)
France, le Crime de S. Bonnard, IV, in Œ., t. II, p. 386.
(XIIe). Fig. Traiter avec le plus grand mépris, avec cynisme; ne tenir aucun compte, ne faire aucun cas de (qqn, une valeur). Bafouer, braver, mépriser, piétiner. || Fouler aux pieds qqn pour arriver (→ Marcher, passer sur le corps de…). || Fouler aux pieds les devoirs, les bienséances, les convenances, les lois. Litière (faire litière de); → Cynique, cit. 4.
9 (…) qu'y a-t-il de plus révoltant que l'orgueil d'une femme infidèle, qui, foulant ouvertement aux pieds tous ses devoirs, prétend que son mari soit pénétré de reconnaissance de la grâce qu'elle lui accorde de vouloir bien ne pas se laisser prendre sur le fait !
Rousseau, les Confessions, IX.
10 Certes, il ne manque pas, dans les fastes chrétiens, de saints au cœur plus ferme qui n'hésitèrent jamais à fouler intrépidement aux pieds leurs affections et celles des autres.
R. Rolland, Vie de Tolstoï, p. 189.
(Fin XVe). Vx. || Fouler le peuple, une province (→ Abhorrer, cit. 3). Accabler, opprimer, pressurer, tyranniser (→ Étranger, cit. 38).
11 La veuve, l'orphelin, tous ceux qu'on foule, ou qu'on opprime (…)
Massillon, Petit carême, Sur l'humanité des grands envers le peuple, in Littré.
3 (1600). Blesser, endommager en pressant, en serrant… || Une selle neuve foule le dos du cheval. Meurtrir. || Fruits foulés dans le transport. Taler.Vén. || Les chiens foulent la bête, la mordent après l'avoir renversée.
Spécialt. Vieilli. Presser, serrer (qqn) lorsqu'il y a foule.
11.1 Il y a même des audacieux qui vont jusqu'à glisser des billets doux dans un gant, dans une poche, sous une collerette, et une femme est trop foulée alors pour avoir la faculté d'empêcher ces choses-là.
Ch. Paul de Kock, la Grande Ville, t. I, p. 149.
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se fouler v. pron.
1 (1549). Se faire une entorse. || Se fouler la cheville, le pied, le poignet. Disloquer, distendre, luxer; entorse, foulure.
12 Je sautai, je me fis mal, je m'enfuis vers Z. Je m'étais un peu foulé le pied et je fuyais en boitant; l'excellent Corbeau me poursuivit, me prit et me porta sur ses épaules jusqu'aux Échelles.
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 13.
2 (Fin XIIIe; repris XIXe). Fig. et fam. Se fouler la rate : avoir une sorte de point de côté après une course rapide.Par ext. (presque toujours sous une forme négative).Il ne s'est pas foulé la rate : il ne s'est pas donné beaucoup de peine. — ☑ (1838; cf. anc. franç. se foler « se fatiguer »). Fam. Il ne se la foule pas, il ne s'est rien foulé, ou, absolt, il ne se foule pas, il a fait ça sans se fouler, on ne peut pas dire qu'il se soit beaucoup foulé. Éreinter (s'); → Il ne s'est pas cassé pour…
13 Mon examen même commence à m'inquiéter un peu, un peu, mais pas plus qu'un peu et je ne m'en foulerai pas la rate davantage pour cela.
Flaubert, Correspondance, 57, 15 mars 1842, t. I, p. 100.
14 Il dépend de l'Académie que nous nous foulions la rate le jeudi, et que nos savants confrères dissèquent des rattes, lesquelles ne pourront plus être confondues avec l'organe qui était en train de se désopiler, tandis que nous écoutions ces propos.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 33.
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foulé, ée p. p. adj.
|| Herbe foulée.Techn. || Cuirs foulés. || Tissus foulés : feutres, draps.Fig. || Des valeurs bafouées, foulées aux pieds.
(Du sens 1. de se fouler). || Avoir le pied foulé.
DÉR. Foulage, foulant, 1. foule, foulée, foulerie, fouleur, fouloir, foulure.
HOM. Foulée.

Encyclopédie Universelle. 2012.