plainte [ plɛ̃t ] n. f.
• v. 1100 dr.; de plaindre
1 ♦ ( plaint v. 1160) Expression vocale de la douleur (par des paroles ou des cris, des gémissements). ⇒ geignement, gémissement, hurlement, lamentation, pleur, soupir. Exhaler, pousser des plaintes déchirantes. Souffrir sans une plainte. « quelques plaintes mêlées de beaucoup de sanglots » (Molière).
♢ Fig. Chant, cri ou son qui évoque la plainte ou que l'on compare à une plainte. La plainte du vent, d'une source.
2 ♦ (1538) Expression du mécontentement que l'on éprouve. ⇒ blâme, doléance, grief, murmure, protestation, réclamation, reproche. « de justes plaintes et des revendications trop bien fondées » (France). Plaintes continuelles, injustifiées. ⇒ criaillerie, jérémiade, récrimination. Adresser une plainte collective à la direction. Sujet, motif de plainte.
3 ♦ (v. 1100) Dénonciation en justice d'une infraction par la personne qui affirme en être la victime. Plainte en faux. Déposer une plainte contre un agresseur, contre X. ⇒ accuser , dénoncer; plaignant. Retirer sa plainte. — Loc. Porter plainte contre qqn, contre X.
⊗ HOM. Plinthe.
● plainte nom féminin (de se plaindre) Parole, cri, gémissement qui exprime la douleur, la peine : Les plaintes d'un blessé. Littéraire. Bruit long, monocorde et triste : Les plaintes du vent. Expression de mécontentement : Cette mesure a suscité des plaintes. Dénonciation d'une infraction par la personne qui en a été la victime. ● plainte (citations) nom féminin (de se plaindre) Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné Paris 1626-Grignan 1696 Je comprends qu'il y a quelque sorte de plaisir dans la plainte, plus grand qu'on ne pense. Correspondance, à Mme de Grignan, 14 mai 1686 ● plainte (expressions) nom féminin (de se plaindre) Porter plainte contre quelqu'un, demander l'intervention de la justice contre quelqu'un en raison du préjudice subi de son fait. ● plainte (homonymes) nom féminin (de se plaindre) plinthe nom féminin ● plainte (synonymes) nom féminin (de se plaindre) Parole, cri, gémissement qui exprime la douleur, la peine
Synonymes :
Expression de mécontentement
Synonymes :
- doléances
- jérémiade
- murmure
- réclamation
- récrimination
plainte
n. f.
d1./d Gémissement, cri de souffrance. Les plaintes d'un blessé.
d2./d Récrimination, expression de mécontentement.
d3./d DR Dénonciation, par la victime, d'une infraction pénale. Porter plainte contre qqn.
⇒PLAINTE, subst. fém.
A. —Expression de la douleur d'un être humain.
1. Expression de la peine, de la douleur par des cris, des gémissements. Exhaler une plainte; plainte déchirante, sourde, étouffée:
• 1. ... on empilait les hommes ramassés par les ambulances volantes de premiers secours, pansés à la hâte. C'était un déchargement affreux de pauvres gens les uns d'une pâleur verdâtre, les autres violacés de congestion; beaucoup étaient évanouis, d'autres poussaient des plaintes aiguës...
ZOLA, Débâcle, 1892, p.326.
— P. anal. [S'agissant d'un animal] De plus en plus éperonné par le froid, le nourrisson hurle sans trêve, et de sa niche le chien lui répond maintenant par une plainte modulée, qui s'achève en une gamme ascendante d'abois aigus, insupportables (BERNANOS, Mouchette, 1937, p.1313):
• 2. [La chatte dont on a noyé les petits] pleurait à la manière terrible des mères privées de leur fruit, sans arrêt, sur le même ton, respirant à peine entre chaque cri, exhalant une plainte après l'autre plainte pareille.
COLETTE, Mais. Cl., 1922, p.241.
2. Vieilli, littér. Expression souvent écrite de la douleur qu'inspire l'amour ou la mort d'un être cher, d'un héros. Plaintes funèbres:
• 3. —Comment faut-il prier vers le soir des batailles?
—Le soir il faut pleurer ainsi qu'aux funérailles;
Car les chevaux d'Assur ne mordront plus leur mors;
Car les lions du Nil ont perdu leur crinière;
Car le turban de Misr est souillé de poussière.
Femmes, chantez la plainte et l'éloge des morts.
QUINET, Napoléon, 1836, p.207.
— P. anal. [S'agissant d'animaux] Sous le bois, un silence, mais un silence murmurant de toutes les petites et caressantes voix de la vie et de l'amour, que domine, comme une dièse profonde, la plainte amoureuse du ramier (GONCOURT, Journal, 1858, p.496). V. chardonneret ex.
3. P. anal. Bruit prolongé et doux; son peu modulé, émis par un inanimé et rappelant un gémissement. Plainte du ruisseau, de la fontaine; plainte mélodieuse, monotone. J'ai entendu quelque chose, comme un gémissement (...). Sans doute la plainte du vent qui pleure dans les corridors (DUMAS père, Reine Margot, 1847, IV, 8, p.157). L'Océan qui palpite en sa plainte infinie, Pour saluer Hélios murmure un chant plus doux (LECONTE DE LISLE, Poèmes ant., 1852, p.210).
4. Au fig. On ne peut attendre que les Alliés récompensent, en leur octroyant les territoires d'où s'élève depuis des siècles la plainte de leurs frères opprimés, les peuples qui, suivant la politique de moindre effort, n'auront pas mis leur épée au service des Alliés (PROUST, Temps retr., 1922, p.784). La croissance du socialisme (...) articulait en une voix bien sonore l'immense plainte anonyme des pauvres (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p.245).
B. —Expression de mécontentement par des paroles, des écrits. Synon. doléances, protestation, récrimination. Plaintes amères; se répandre en plaintes; plaintes continuelles. Dès qu'elle entrait dans l'antichambre, c'était aussitôt parmi nous, comme une sorte de plainte irritée qui, vite, se changeait en récriminations insultantes et s'achevait en grognements (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.304):
• 4. La Perrine vint. Elle commença par des plaintes. Son petit bien lui aurait permis de tenir une vache, mais cette vache, elle ne l'avait pas. Elle avait toujours été si honnête! «Deux fois j'ai trouvé de l'argent sur le chemin et je l'ai fait crier à la porte de l'église.» À présent comment ferait-elle pour vivre?
POURRAT, Gaspard, 1931, p.193.
— Vieilli. Faire ses plaintes; porter des/ses plaintes; rendre plainte. Exposer ses doléances, ses griefs à une personne compétente, à la personne intéressée. Un de ses domestiques fit l'insolent (...). Madame de Vaudreuil qui le sut, en porta ses plaintes à son mari. Elle exigea que ce domestique fût renvoyé (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p.91). Mlle Bobinet (...) me porta plainte à propos d'une cheminée qui fumait et d'un plomb du quatrième qui l'incommodait au passage. Je pris note de ses réclamations (JOUY, Hermite, t.3, 1813, p.281). V. débouter ex.
— DR. Acte par lequel une personne, qui s'en prétend victime, porte une infraction (à la loi pénale) à la connaissance de la Justice afin de mettre en mouvement l'action publique. Porter plainte; déposer une plainte; plainte en escroquerie; retirer sa plainte. V. affirmer ex. 38:
• 5. ... le ministère public décide s'il y a lieu ou non de donner suite à une affaire dont il connaît ou à une plainte qui lui est transmise. Mais (...) la victime peut mettre indirectement en mouvement l'action publique soit par citation directe devant les tribunaux (...) soit par plainte avec constitution de partie civile devant le juge d'instruction qui est obligé d'ouvrir une information.
BELORGEY, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p.47.
♦Plainte contre X. Le maire de Montauban (Tarn-et-Garonne) a déposé, le 26 novembre, une plainte contre X... après la pollution du Tarn qui prive la ville d'eau potable (Le Monde, 28-29 nov. 1971, p.17, col. 6).
♦P. plaisant. Passant d'un concombre à un autre, choisissant d'abord les plus gras, et finissant par les moins rebondis, nous dévastâmes lestement une couche, objet des sollicitudes du jardinier (...). Le jardinier porta plainte, et nous fûmes punis (SAND, Hist. vie, t.2, 1855, p.360).
REM. Plaignotterie, subst. fém., fam. Petite plainte exprimée pour un motif banal ou futile. Ambitieuse pour lui seul: elle [sa mère] se sacrifiait (...) Pas de tendresse, point de gâteries, ni surtout de plaignotteries!... (ROLLAND, Âme ench., t.2, 1925, p.260).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol et Hist.1. Fin XIes. plonte «expression de la douleur» (RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t.1, 823); 1606 «complainte» (NICOT); 1743 «genre littéraire» (Trév.); 2. ca 1150 «expression du mécontentement» (Lois G. le Conquérant, éd. J. E. Matzke, 43, p.28); 1668 faire ses plaintes à qqn (MOLIÈRE, Georges Dandin, I, 3); 3. 1160-74 «exposé en justice de ses griefs» (WACE, Rou, éd. H. Andresen, III, 841); 1176 faire plainte «id.» (CHRÉTIEN DE TROYES, Cliges, 6675 ds T.-L.). Dér. de plaindre. Fréq. abs. littér.:2768. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 4230, b) 3302; XXes.: a) 5152, b) 3297.
plainte [plɛ̃t] n. f.
ÉTYM. XIIe; plonte, fin XIe; de plaindre.
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1 Expression vocale de la douleur, de la peine (par des paroles ou des cris, des gémissements…). ⇒ Cri (de douleur), geignement, gémissement, hurlement, lamentation, pleur, soupir (→ Gémir, cit. 4; monotone, cit. 2). || Exhaler des plaintes. || Plaintes lamentables (cit. 3), déchirantes (→ Lamentation, cit. 4). || Plaintes amères (→ Là, cit. 37). || Plaintes affectées, hypocrites, injustifiées. ⇒ Girie, jérémiade. — Se laisser aller à des plaintes. || Molles (cit. 16) plaintes, plaintes de femme (→ Eunuque, cit. 5). || Souffrir sans une plainte. — « La douleur fut toujours moins forte que la plainte » (→ 1. Faste, cit. 2). — Par ext. || « La plainte éternelle… qui fait le fond des lamentations (cit. 2) humaines ».
1 (…) quelques plaintes mêlées de beaucoup de sanglots.
Molière, les Fourberies de Scapin, I, 2.
2 Ce n'est pas au médecin à écouter les plaintes quand la plaie demande le fer.
Racine, Livres annotés, Sophocle, Notes sur Ajax.
3 Il y a une autre hypocrisie, qui n'est pas si innocente, parce qu'elle impose à tout le monde : c'est l'affliction de certaines personnes qui aspirent à la gloire d'une belle et immortelle douleur. Après que le temps, qui consume tout, a fait cesser celle qu'elles avaient en effet, elles ne laissent pas d'opiniâtrer leurs pleurs, leurs plaintes et leurs soupirs (…)
La Rochefoucauld, Maximes, 233.
4 Comme le premier état de l'homme est la misère et la faiblesse, ses premières voix sont la plainte et les pleurs.
Rousseau, Émile, I.
4.1 (…) aurais-je pu me croire capable d'attendrir un homme, qui trouvait déjà dans ma propre douleur un véhicule de plus à ses horribles passions ! Le croirez-vous, Madame, s'enflammant aux accens aigus de mes plaintes, les savourant avec inhumanité, l'indigne se disposait lui-même à ses criminelles tentatives !
Sade, Justine…, t. I, p. 26.
5 C'est à toi qu'il convient d'ouïr les grandes plaintes
Que l'humanité triste exhale sourdement.
A. de Vigny, Poèmes philosophiques, « Maison du Berger », III.
6 La plainte continuait. D'inarticulée et confuse qu'elle était, elle était devenue claire et presque vibrante (…) Un gémissement humain flottant dans l'invisible (…)
Hugo, l'Homme qui rit, I, III, II.
7 C'était un cri effrayant, un long soupir hurlé, pareil à la plainte de mort d'une bête qu'on égorge.
Zola, la Terre, III, IV.
♦ Spécialt. Vieilli. || Plainte amoureuse. ⇒ Complainte (vx). || Des bergers amoureux qui viennent faire leurs plaintes (→ Bémol, cit. 3). — Plaintes d'un poète, à propos de peine amoureuse (→ Épigramme, cit. 2) ou de regrets (après la mort de qqn…). || Plainte élégiaque (→ aussi Gémissement, cit. 8; iambe, cit. 3).
♦ (Mil. XVIe). Chant, cri ou son qui évoque la plainte ou que l'on compare à une plainte, à un gémissement. || La plainte des oiseaux (→ Gazouillis, cit. 2). || La plainte du vent (→ Bruit, cit. 20), d'une source (→ Incessant, cit. 3; et aussi éternel, cit. 31). — La longue plainte du premier violon (→ Couleur, cit. 30).
8 (…) la plainte des muezzins commençait de bouger sur la ville, pareille au monotone désir qui de sa poitrine s'exhalait dans le ciel vide (…)
M. Barrès, Un jardin sur l'Oronte, p. 119.
9 Fidèle à ses habitudes, le sommier lâcha d'abord une plainte stridente, puis un des ressorts fit entendre une véritable détonation, prolongée par le sanglot vibrant de tous les ressorts voisins.
G. Duhamel, Salavin, II.
2 (1538). Expression du mécontentement que l'on éprouve à l'égard de qqch. ou de qqn. ⇒ Blâme, clameur, doléance (cit. 1), grief, murmure, réclamation, reproche, revendication. || Justes plaintes (→ Fulminer, cit. 8). || Plaintes frivoles (cit. 4), injustifiées. ⇒ Criaillerie, récrimination. || Adresser une plainte collective (→ Généralité, cit. 7). — Sujet de plainte (→ Calomniateur, cit. 4; enfant, cit. 12). || Avoir des sujets de plainte. — On n'a pas écouté, on a étouffé ses plaintes (Académie).
10 Avant de porter à vos oreilles de justes plaintes et des revendications trop bien fondées, laissez-moi (…)
France, l'Anneau d'améthyste, XXVI, Œ., t. XII, p. 269.
3 (V. 1100). Dr., cour. Dénonciation en justice d'une infraction par la personne qui affirme en être la victime. || Plainte en faux (→ Homme, cit. 114). Vx. || Rendre plainte (→ Civil, cit. 8; intention, cit. 15), former (cit. 17) sa plainte. — Faire sa plainte au commissaire (cit. 1), au juge d'instruction, au procureur de la République (→ aussi Insulaire, cit. 2). — Mod., cour. || Porter plainte. || Déposer une plainte contre qqn. ⇒ Accuser, dénoncer; plaignant. — Plainte assortie de constitution de partie civile. ⇒ aussi Procès. || Retirer sa plainte.
11 Ce qui rendait grave la situation de Morin, c'est que l'oncle avait porté plainte. Le ministère public consentait à laisser tomber l'affaire si cette plainte était retirée.
Maupassant, les Contes de la Bécasse, « Ce cochon de Morin », II.
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DÉR. Plaintif.
HOM. Plinthe; p. p. fém. du v. plaindre.
Encyclopédie Universelle. 2012.