poignard [ pwaɲar ] n. m.
• pougnart 1512; a. fr. poignal, lat. pugnalis, de pugnus « poing »
♦ Arme blanche à lame courte et assez large, pointue du bout. ⇒ couteau, criss, kandjar; surin. Frapper qqn d'un coup de poignard, à coups de poignard. Plonger, planter un poignard dans le cœur de qqn.
● poignard nom masculin (ancien français poignal, du latin populaire pugnalis, du latin classique pugnus, poing) Arme de poing à lame aiguë et courte. Nom usuel du brochet, lorsqu'il est de petite taille. ● poignard (citations) nom masculin (ancien français poignal, du latin populaire pugnalis, du latin classique pugnus, poing) Théodore Agrippa d'Aubigné près de Pons, Saintonge, 1552-Genève 1630 Quand la vérité met le poignard à la gorge, il faut baiser sa main blanche, quoique tachée de notre sang. Histoire universelle Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Il l'atteignit si furieusement de son poignard qu'il le manqua. La Femme de trente ans Georges Colomb, dit Christophe Lure 1856-Nyons 1945 La vie, hélas ! n'est qu'un tissu de coups de poignard qu'il faut savoir boire goutte à goutte. Les Facéties du sapeur Camember Armand Colin Théophile de Viau Clairac 1590-Paris 1626 Ah ! voici le poignard qui du sang de son maître S'est souillé lâchement : il en rougit, le traître ! Pyrame et Thisbé, V, 2, Thisbé ● poignard (expressions) nom masculin (ancien français poignal, du latin populaire pugnalis, du latin classique pugnus, poing) Coup de poignard dans le dos, trahison qui cause ou risque de causer la perte de quelqu'un.
poignard
n. m. Arme de main, couteau à lame courte et large, à l'extrémité pointue.
|| Fig. Coup de poignard dans le dos: attaque lâche ou traîtresse.
⇒POIGNARD, subst. masc.
A. —1. Arme blanche à lame courte, assez large, tranchante et effilée à son extrémité, garnie d'un manche. Garde, lame, manche, fourreau d'un poignard; dégainer son poignard; donner un coup de poignard; frapper qqn d'un coup de poignard, à coups de poignard. Ils se tailladent les bras avec leurs poignards (FLAUB., Tentation, 1849, p.470). Mais qu'il garde encore une fois le silence, celui qui, sous le poignard de Brutus, n'aurait même pas dit: «Toi aussi!» (MONTHERL., Olymp., 1924, p.274):
• ♦ Hier, il voit sa femme entrer dans la chambre du capitaine, pour lui remettre quelque linge qu'on avait lavé; il la suit, et lui porte trois coups de poignard.
COURIER, Lettres Fr. et Ital., 1805, p.694.
♦En compos. Couteau-poignard. Couteau à lame aiguë et tranchante des deux côtés. Une sorte de couteau-poignard dont je me servais pour couper les feuillets des livres (MAUPASS., Contes et nouv., t.2, Un Fou? 1884, p.975).
— MÉD. Douleur en coup de poignard. ,,Douleur vive et soudaine en un point du corps`` (Lar. Méd. t.3 1972). Le début est soudain, brutal: une douleur atroce en «coup de poignard», dans la fosse iliaque droite (WIDAL, LEMIERRE, ABRAMI ds Nouv. Traité Méd. fasc. 3 1927, p.119).
2. Au fig.
a) (Coup de) poignard. Tout ce qui peut blesser, offenser d'une manière profonde. Il est des moines qui ruinent leurs corps par des abstinences indiscrètement prolongées. On peut dire de ceux-ci qu'ils se plongent le poignard dans le sein (A. FRANCE, Thaïs, 1890, p.272).
b) Locutions
♦Mettre le poignard sur la gorge. V. gorge I A 2 d. Synon. de mettre le couteau sur/sous la gorge.
♦(Donner) un coup de poignard dans le dos. Trahir. Dans ce champ clos [Le Palais Bourbon], le croc-en-jambe, la chausse-trape et le coup de poignard dans le dos, sont choses fort appréciées des vainqueurs (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p.343).
♦Retourner le poignard (dans la plaie). Synon. de retourner le fer dans la plaie. Ces sortes de plaisanteries, quand surtout elles portaient sur les maladies de ses enfants, retournaient le poignard dans le coeur de Mme de Rênal (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p.37). Un élève qui lui en veut [à mon père] a retourné le poignard dans la plaie. Le soir du même jour où l'on apprit que j'étais refusé, on lisait sur notre porte: À la boule noire Auberge des retoqués Agrégation et baccalauréat (VALLÈS, J. Vingtras, Enf., 1879, p.376).
B. —P. anal.
1. COST. ,,Dans le langage des tailleurs, toute espèce de retouche au vêtement, soufflet, pince rétrécissement`` (LELOIR 1961).
— P. méton. ,,Vêtement qui revient au tailleur, à la couturière pour être retouché`` (RIGAUD, Dict. jargon paris., 1878, p.272).
2. ICHTYOL. Jeune brochet (d'apr. SCHREINER 1975).
Prononc. et Orth.:[]. V. poignée. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1460 poignart «sorte d'arme» (VILLON, Ballade de fortune, 34 ds Le lais Villon et les poèmes variés, éd. J. Rychner et A. Henry, t.1, p.65, v. aussi note, t.2, p.103); 1611 coups de poignard «paroles blessantes» (LARIVEY, Constance, III, 6 ds Anc. théâtre fr., éd. Viollet-le-Duc, t.6, p.253). Réfection, par changement de suff. (et peut-être par infl. de termes comme hansart «couperet», v. FEW t.16, p.140), de l'a. m. fr. poignal, poignel adj. «qu'on tient dans la main, qu'on manie avec le poing (d'armes, de projectiles)» (ca 1165, BENOÎT DE SAINTE-MAURE, Troie, 20073 ds T.-L. —1498 pierre poignal, v. GDF.), et subst. «poignée d'une épée» (XIIIes., ROBERT DE BORON, Merlin, éd. A. Micha, p.275 —1358, v. GDF.), att. dep. le XIVes. au sens de «poignard» (1364 poing[n]al dans un texte lat., 1412 poingnel, v. GDF.); poignal remonte à un adj. lat. pop. pugnalis «qu'on manie avec le poing» dér., sur le modèle de manualis «qu'on tient dans la main», de pugnus «poing». Fréq. abs. littér.:1250. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 3029, b) 3040; XXes.: a) 600, b) 740. Bbg. QUEM. DDL t.14, 22, 27 (s.v. poignard à glace).
ÉTYM. 1538; pouagnart, 1512; réfection de l'anc. franç. poignal (v. 1160), poingnal (1410); empr. lat. pugnalis, dér. de pugnus « poing ».
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1 Arme blanche à lame courte et assez large (à la différence de la dague, du stylet), pointue du bout. ⇒ Couteau, kriss, kandjar; surin (argot). || Le poignard, arme de poing, d'estoc… || Lame, manche d'un poignard (→ aussi Étui, cit. 3). — (1869). || Couteau-poignard. — Poignard baïonnette : poignard pouvant servir de baïonnette (comme le sabre-baïonnette ou coupe-chou…). || Un éperon (cit. 2) aigu comme un poignard. — Un poignard à la main (→ Animer, cit. 9). || Poignard passé à la ceinture (cit. 1). || Ceintures hérissées de poignards (→ Majesté, cit. 18). || Poignard d'une panoplie (cit. 3). || Poignard dans sa gaine (⇒ Dégainer, engainer); poignard nu (1. Nu, cit. 11). || Tirer son poignard (→ Fulminer, cit. 7). — Coup (cit. 3) de poignard (→ Perdre, cit. 76). || Frapper, blesser, tuer avec un poignard (→ Jeter, cit. 13). — Littér. || Plonger, planter un poignard dans le cœur, le sein. ⇒ Fer (poét.). || Poignard qui perce le cœur, le sein (poét.; → Écouter, cit. 29). || Se percer le sein d'un poignard (→ 2. En, cit. 4). — Quand la nation se trouve sous le poignard des traîtres (→ 1. Canon, cit. 2).
1 Veut-on voir au contraire combien une pensée fausse est froide et puérile ? Je ne saurais rapporter un exemple qui le fasse mieux sentir que deux vers du poète Théophile (de Viau), dans sa tragédie intitulée Pyrame et Thisbé, lorsque cette malheureuse amante ayant ramassé le poignard encore tout sanglant dont Pyrame s'était tué, elle querelle ainsi ce poignard :
Ah ! voici le poignard qui du sang de son maître
S'est souillé lâchement. Il en rougit, le traître !
Boileau, l'Art poétique, Préface de 1701.
2 Et, sans respect pour une robe neuve dont la pauvre femme venait de se parer, il écarta violemment le voile qui couvrait sa poitrine et lui posa son poignard sur le cœur.
A. de Musset, Nouvelles, « le Fils du Titien », III.
3 Les trois vieilles mettent dans sa ceinture plusieurs poignards dont les manches d'argent sont incrustés de corail, et les lames damasquinées d'or (…)
Loti, Aziyadé, I, X.
♦ ☑ Loc. (1690). Mettre le poignard (le couteau) sous (sur) la gorge de qqn. — ☑ Enfoncer, retourner le poignard (le couteau) dans la blessure, dans la plaie (cit. 7). — ☑ Enfoncer, plonger un poignard dans le cœur : causer une douleur, une peine très vive. — ☑ (1671). Coup de poignard : tout ce qui provoque une peine brutale. (1839) || Coup de poignard dans le cœur (→ Moqueur, cit. 4), dans le dos. ⇒ Poignarder. — Coup de poignard (méd.) : douleur soudaine et forte (notamment dans le lumbago).
4 (…) il me tient, le scélérat, le poignard sur la gorge.
Molière, l'Avare, II, 1.
5 Ces sortes de plaisanteries, quand surtout elles portaient sur les maladies de ses enfants, retournaient le poignard dans le cœur de madame de Rênal.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, VII.
6 « Je suis peut-être un égoïste. Mais lui ? Est-ce assez de dire lâche, de dire vil, de dire (…) » Il cherchait des invectives. Autant de poignards dont il était lui-même transpercé.
G. Duhamel, Salavin, III, XXIX.
2 (1847). Techn. Pièce (à l'origine pièce triangulaire, en pointe), mise à un vêtement pour l'agrandir, l'élargir.
7 (…) monsieur Pons est millionnaire ou fou ! — Ça m'en a l'air, répliqua Cibot en laissant tomber une manche d'habit où il faisait ce que, dans l'argot des tailleurs, on appelle un poignard.
Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 565.
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DÉR. Poignardant, poignarder, poignardeur.
Encyclopédie Universelle. 2012.