pouce [ pus ] n. m.
• v. 1150 mesure de longueur; lat. pollicem, accus. de pollex
1 ♦ (XIIIe) Le premier doigt de la main de l'homme, le plus gros, formé de deux phalanges, opposable aux autres doigts. Enfant qui suce son pouce. Saisir entre le pouce et l'index.
♢ Loc. (1829) Mettre les pouces : s'avouer vaincu, céder (cf. infra l'interj. Pouce !). — Fam. Manger un morceau sur le pouce, sans assiette et debout. « Dans ces cas-là, Gambaroux mange sans assiette, sur le pouce » (Romains). Par ext. Manger à la hâte. — Fam. Se tourner, se rouler les pouces : rester sans rien faire, être oisif. « Tu ne me feras pas croire qu'on vous paie uniquement pour que vous vous tourniez les pouces ? » (Courteline). — COUP DE POUCE. Donner le coup de pouce, la dernière main à un ouvrage. « Un jour viendra où il n'y aura plus qu'un coup de pouce à donner » (Aragon). Donner un coup de pouce à l'histoire : déformer légèrement la réalité. Donner un coup de pouce à qqn, favoriser son avancement. ⇒ pistonner. — Y mettre les quatre doigts et le pouce. — (Canada) Faire du pouce, de l'auto-stop. Partir en pouce. « Nous y étions allés depuis l'île Perrot, sur le pouce » (Godbout) .
♢ Pouce ! interjection qu'emploient les enfants (en tenant la main fermée et le pouce levé) pour indiquer qu'ils se mettent momentanément hors du jeu, pour demander une trêve. « Quand elle disait “pouce” le jeu s'arrêtait aussitôt » (Aymé). Fig. « Je voudrais pouvoir crier : “pouce !” à la vie » (A. Gide). — Pouce cassé ! le jeu reprend.
2 ♦ (1690) Le gros orteil. « L'un de ses bas était troué et l'on voyait son pouce » (Mac Orlan).
3 ♦ (v. 1150) Ancienne mesure de longueur, équivalant à 2,7 cm. — Mod. (au Canada; apr. 1760) Douzième partie du pied, subdivisée en huit lignes, soit 2,54 cm (abrév.po). Mesurer cinq pieds six pouces. « une éraflure de quatre ou cinq pouces » (P. Villeneuve).
♢ Loc. Ne pas reculer, bouger, avancer d'un pouce : rester immobile. « Nous ne céderons ni un pouce de notre territoire, ni une pierre de nos forteresses » (J. Favre).
4 ♦ (1813) Fam. Et le pouce : encore plus, avec quelque chose en plus. « La location devait bien coûter cent francs par mois et le pouce » (Triolet).
⊗ HOM. Pousse.
● pouce nom masculin (latin pollex, -icis) Le plus gros et le plus court des doigts de la main, opposable aux autres doigts chez l'homme et les primates. Le gros orteil. Douzième partie du pied, soit environ 27,07 mm. (Ce mot sert parfois à tort pour la traduction du mot anglais inch. L'inch du Royaume-Uni vaut 25 mm ; celui des États-Unis vaut 25,4 mm ; une entente industrielle leur attribue la valeur commune de 25,4 mm exactement.) ● pouce (expressions) nom masculin (latin pollex, -icis) Coup de pouce, toute action visant à infléchir dans le sens voulu l'évolution des choses. Faire du pouce, au Québec, faire de l'auto-stop. Manger sur le pouce, à la hâte, sans s'asseoir et sans assiette. Mettre les pouces, se rendre, céder après une résistance plus ou moins longue. Ne pas bouger d'un pouce, rester sur place, ne pas progresser, rester sur ses positions. Pas un pouce de quelque chose, pas la moindre parcelle de. Pouce !, trêve, interruption momentanée du jeu demandée en levant le pouce. Se tourner les pouces, rester sans rien faire, paresser. ● pouce (homonymes) nom masculin (latin pollex, -icis) pousse nom féminin pousse forme conjuguée du verbe pousser poussent forme conjuguée du verbe pousser pousses forme conjuguée du verbe pousser pousse nom féminin pousse forme conjuguée du verbe pousser poussent forme conjuguée du verbe pousser
pouce
n. m.
d1./d Le plus court et le plus puissant des doigts de la main, opposable aux autres.
d2./d Par ext. Gros orteil.
d3./d Loc. fig. Manger sur le pouce, sans s'asseoir, à la hâte.
— Donner un coup de pouce: intervenir discrètement pour faire aboutir une affaire, avantager qqn, etc.
— Fam. Se tourner les pouces: ne rien faire.
d4./d Anc. unité de mesure de longueur équivalant au douzième du pied, soit 27 mm.
|| Mesure de longueur anglo-saxonne (25,4 mm).
|| Loc. (Au sens de très petite quantité.) Ne pas perdre un pouce de sa taille: se tenir très droit.
d5./d (Québec) Auto-stop. Faire du pouce. Voyager sur le pouce.
⇒POUCE, subst. masc.
I.— ANATOMIE
A.— 1. Premier doigt de la main ou du pied, le plus court, le plus gros et le plus fort, chez les vertébrés tétrapodes, opposable aux autres doigts chez les primates, et comportant deux phalanges chez les mammifères :
• 1. ... c'est un « paresseux ». Il n'a que quatre doigts aux pattes de devant, l'index restant atrophié; les pattes de derrière sont prenantes, les pouces nettement opposés au reste des doigts.
GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 770.
2. Doigt postérieur isolé chez certains oiseaux. Le pouce devient libre chez les Goëlands (E. PERRIER, Zool., t. 4, 1931, p. 3124).
3. Partie double de la pince des crustacés. (Dict. XXe s.).
B.— 1. [Chez l'homme]
a) Premier doigt de la main, le plus court, le plus gros et le plus fort, à deux phalanges, opposable aux autres doigts et jouant, grâce à cette aptitude, un rôle essentiel dans la préhension. Son pouce ne trembla pas, lorsqu'il le trempa doucement dans les Saintes Huiles et qu'il commença les onctions sur les cinq parties du corps où résident les sens (ZOLA, Rêve, 1888, p. 190). C'était un beau violon rouge. D'un grattement du pouce il en fit vibrer toutes les cordes (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 64) :
• 2. Mathieu prit l'ouvre-boîte (...); il l'appuya sur le rebord de fer-blanc et pesa dessus de toutes ses forces. Mais la lame glissa sans mordre, sauta hors de la rainure et vint heurter son pouce gauche.
SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 172.
SYNT. Pouce carré, épais, plat, écarté, enflé; pouce droit, de la main droite; ongle, gras du pouce; gros, haut, long comme le pouce, de la grosseur du pouce; saisir qqc. entre le pouce et l'index; faire claquer son pouce; empreintes de pouce, du pouce gauche; blessure, écorchure au pouce; fracture du pouce; coup de pouce, geste, pression du pouce.
b) P. anal. Pouce (du pied). Gros orteil. Sa façon de guérir les entorses en faisant une croix dessus avec le pouce du pied gauche (CLAUDEL, Otage, 1911, II, 1, p. 250).
c) P. méton.
— Endroit de pièce de vêtement recouvrant cette partie de la main. Je me retourne, (...) vois le pauvre homme mettant ses gants. Ils étaient (...) décousus au pouce (MUSSET, Il ne faut jurer, 1840, I, 1, p. 105).
— Trace, marque de pouce. Pages les plus usées, noires de crasse, marquées çà et là d'un pouce énorme, au chapitre sans doute lu et relu (BERNANOS, Nuit, 1928, p. 37).
2. Loc. fam.
— Manger (un morceau), déjeuner, dîner sur le pouce. Prendre un repas debout et sans couvert; p. ext., consommer à la hâte. Est pris d'une rage de tout apprendre, soupant sur le pouce et courant à tous les cours du quartier (GONCOURT, Journal, 1858, p. 513). Après un court repas froid, avalé sur le pouce (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 130). Sur le pouce, loc. adv., vieilli. Rapidement. Je me mis à parler sur le pouce, comme ça, de la campagne de 1816 (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 432). Tout de suite, sur le pouce, pour vider l'affaire en cinq-secs et qu'il n'en soit plus question (DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 41).
— Mettre les quatre doigts et le pouce (vx). Se servir de façon impolie à table; au fig., manquer de délicatesse et de ménagement; agir carrément, sans hésiter. (Dict. XIXe et XXe s.).
— Mettre, coucher (vx) les pouces. Cesser de résister, céder. Synon. capituler, se rendre, venir à jubé (vieilli, v. ce mot B). On se déteste, mais on se craint et chacun met les pouces, parce qu'on pense à mille circonstances où il serait fâcheux d'être brouillés (GONCOURT, Journal, 1860, p. 851). Oh! dans trois mois la Société aura couché les pouces. Nous en sommes à dix mille francs près (MAUPASS., Mt-Oriol, 1887, p. 229).
— Jouer du pouce. V. jouer I F 2.
— Malade du pouce. V. malade I A 1.
— Se tourner les pouces, tourner ses pouces (vx). Ne rien faire; vivre dans l'oisiveté. Synon. être les bras ballants, les bras croisés, se croiser les bras, ne rien faire de ses dix doigts (s.v. doigt). Grandet tourna ses pouces pendant quatre heures, abîmé dans des calculs dont les résultats devaient, le lendemain, étonner Saumur (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 119). Non, je ne resterai pas longtemps à me tourner les pouces ici, pendant qu'ils continuent à torturer et à tuer (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 304).
— Serrer les pouces à qqn (vieilli). Contraindre par force à avouer. D'abord, il entendait savoir ce qu'il y avait eu entre Pauline et ce jeune homme. Et si elle avait été tant soit peu imprudente, il lui serrerait les pouces (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 153).
— S'en mordre les pouces. V. mordre I A 3 a loc.
— Donner un/le coup de pouce
♦ à la balance. Donner une chiquenaude au plateau de la balance pour falsifier le poids. P. métaph., p. ell. Le délit pesé en une seconde, avec un coup de pouce dans la balance (GONCOURT, Journal, 1853, p. 97).
♦ Au fig.
Aider discrètement et efficacement, en particulier en faveur d'un avancement, d'une réussite. Synon. pistonner. Il paraît que c'est lui [Félix Faure] qui a donné le dernier coup de pouce à Zurlinden pour le mettre en ligne contre Brisson (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 176). P. ell. coup de pouce. V. coup B synt.
Donner une impulsion favorisant le développement de quelque chose. Et il sembla que la divinité qui réglementait le climat du lieu donnât soudain à la marche naturelle des saisons un coup de pouce auguste (...) la chaleur arriva soudain (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 66). Et voilà. Maintenant le ressort est bandé. Cela n'a plus qu'à se dérouler tout seul. C'est cela qui est commode dans la tragédie, on donne le petit coup de pouce pour que cela démarre, rien, un regard pendant une seconde à une fille qui passe et lève les bras dans la rue, une envie d'honneur un beau matin, au réveil, comme de quelque chose qui se mange, une question de trop qu'on se pose un soir... C'est tout (ANOUILH, Antigone, 1946, p. 165).
Donner le coup de pouce (à un ouvrage). Achever (un ouvrage). Depuis quatre jours, je ne fais pas autre chose que de relire mes douze pages, auxquelles je trouve un coup de pouce à donner, si bien que je me trouve en retard d'une semaine (FLAUB., Corresp., 1876, p. 380).
Déformer légèrement la réalité de quelque chose. Donner un coup de pouce à l'histoire, à un texte. J'aurais pu donner, çà et là, dans mon récit, un coup de pouce pour produire l'effet, mais je respectais trop mon sujet pour chercher rien d'autre que la justesse de sentiment (BARRÈS, Serv. All., 1905, p. XIII).
♦ Arg. Étrangler Marius songeait à ces mots de Thénardier dont il entrevoyait la signification sanglante :Si vous me faites arrêter, mon camarade donnera le coup de pouce à l'Alouette (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 957).
— BEAUX-ARTS. Coup de pouce (d'un artiste, d'un artisan). Manière d'exécuter une œuvre picturale ou sculpturale à l'aide du pouce. Sa face, maigre et allongée, semblait creusée par le coup de pouce d'un sculpteur puissant (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 11). Chaque artiste a donc sa manière de peindre comme il a sa taille et son coup de pouce, et Rembrandt pas plus qu'un autre n'échappe à cette loi commune (FROMENTIN, Maîtres autrefois, 1876, p. 324).
3. JEUX. Crier, demander, faire pouce et p. ell., pouce! interj. Lever le pouce pour demander à sortir momentanément du jeu ou à suspendre le jeu; au fig., abandonner la partie. Léo : Pouce! Pas de disputes (COCTEAU, Parents, 1938, III, 4, p. 283).
— Pouce cassé! [Pour marquer la reprise du jeu] Jessica : Tu joues? Hugo : Oui. Jessica : Alors, pouce : je ne joue plus. Ouvre la valise. Hugo : Pouce cassé : je ne l'ouvrirai pas (SARTRE, Mains sales, 1948, 3e tabl., 1, p. 68).
II.— MÉTROLOGIE
A.— MÉTROL. ANC.
1. Avant l'établissement du système métrique, mesure de longueur équivalent au douzième du pied de roi, soit 2,7 cm. Autrefois, quand les hommes vivaient trois cents ans et plus, et avaient huit pieds de haut... — Avocat, passez au déluge; le pied n'avait alors que six pouces (KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 74).
2. Pouce d'eau, (de) fontainier (rare). Quantité d'eau s'écoulant, par une ouverture d'un pouce de diamètre, d'un réservoir situé un pouce au-dessus du niveau de l'eau, et équivalant à quatorze pieds environ par minute. Le nouveau pouce d'eau généralement adopté (...) fournit vingt mères cubes en vingt-quatre heures (Ac. 1878). Des robinets coulant toujours, qui versent sur le plancher de marbre environ un demi-pouce d'eau (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 196).
B.— Unité de longueur anglo-saxonne (traduisant « inch ») équivalent à 25,4 mm. Le pouce se fractionne par 2, 4, 6, 8, 16, 24, etc. (DEW. Mes. 1973). Dans les annonces de journaux, chacun d'eux indique sa taille, 5 pieds 9 pouces 1/2 (TAINE, Notes Anglet., 1872, p. 53).
C.— Loc. verb., surtout à la forme nég.
♦ Ne pas perdre un pouce de sa taille. Se tenir très droit. J'avais un mètre soixante-neuf de taille, il y a dix ans (...). Je me tiens droit et ne perds pas un pouce de cette taille honorable et médiocre (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 10).
♦ Ne pas perdre un pouce de terrain, ne pas céder un pouce de. Ne pas céder sur un seul point; rester ferme dans ses convictions. Puisqu'on le prend avec moi sur ce ton-là, je ne céderai pas un pouce de mes prétentions. Je veux cinq cent mille francs, je les aurai (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 56).
♦ Ne pas avancer, bouger, céder, reculer d'un pouce. Rester sur place; au fig., se maintenir sur ses positions. Chassebœuf (...) n'était nullement disposé à céder d'un pouce de son système, ni à répondre aux interruptions (NERVAL, Fayolle, 1855, p. 38). Je ne bougerais pas d'un pouce jusqu'à ce que la lumière revienne; je ne suis pas faite pour marcher à tâtons. J'ai besoin de savoir où je pose le pied (BERNANOS, Joie, 1929, p. 678).
♦ Ne pas... d'un pouce/un pouce de. Ne pas... du tout, ne pas... d'une semelle. Ne pas quitter qqn d'un pouce. Te connaissant depuis toujours, je ne m'y suis pas trompé : tu n'as pas changé d'un pouce (ESTAUNIÉ, Ascension M. Baslèvre, 1919, p. 139). Il a fallu que je promette (...) de ne plus obéir aux voyous... de plus quitter ma mère d'un pouce (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 136).
♦ (N'avoir) pas un pouce de + subst. concr. ou abstr. N'avoir pas la moindre quantité de. Synon. pas un brin de, une miette de, une once de, une parcelle de. Eva : Il était pauvre? Il n'avait pas de maison à la campagne, pas un pouce du sol français n'était le sien? (GIRAUDOUX, Siegfried, 1928, III, 5, p. 145). Un grand voyou, lui-même tellement tatoué sur toute la peau qu'il ne lui en restait plus un pouce de libre (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 164).
— Loc. adv. Pouce à/par pouce. Progressivement et de façon opiniâtre. Synon. pied à pied, d'arrache-pied. Il émit (...) une quantité d'ordres catégoriques. Pouce à pouce, la Notre-Dame avança, comme un coin émoussé dans un bois dur (HAMP, Marée, 1908, p. 12). On fouilla pouce par pouce la métairie et le château des Chapioux : rien, rien (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 120).
III.— Au fig. pop. Et le pouce (!) [Dans la lang. parlée, pour rectifier une sous-estimation] Et encore plus, et bien davantage, bien plus que vous ne croyez. La mère Bavoureau a soixante ans? — Oui, et le pouce! (FRANCE 1907). [La durée] s'éternise. 8h.50, et le pouce (ARNOUX, Double chance, 1958, p. 198).
Prononc. et Orth. :[pus]. Homon. pousse, formes de pousser. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1 a) Ca 1130 pouz « le plus fort des doigts » (Lois G. le Conquérant, éd. J. E. Matzke, 10, § 1); b) loc. 1718 y mettre les quatre doigts et le pouce « se servir avidement et malproprement d'un plat » (Ac.); 1790 coucher les pouces « s'avouer vaincu, céder » (Jugement de M. Necker in BRAESCH, Le Père Duchesne d'Hébert, p. 205 ds QUEM. DDL t. 19); 1790 mettre les pouces « id. » (Jean Bart, numéro 80, p. 5, ibid.); 1829 prendre un petit verre sur le pouce (VIDOCQ, Mém., t. 3, p. 244); 1834 tourner ses pouces (BALZAC, E. Grandet, p. 11); 1893 se tourner les pouces (COURTELINE, Boubouroche, p. 277); 1847 donner le coup de pouce « étrangler » (BALZAC, Cous. Pons, p. 232); 1872 donner le coup de pouce à balance (LARCH., p. 104); 1862 donner le coup de pouce « arranger, forcer, exagérer légèrement la réalité » (FLAUB., Corresp., p. 66); 1853 coup de pouce dans la balance (GONCOURT, loc. cit.); 1874 donner le coup de pouce à un roman, à un dessin « donner la dernière main à un ouvrage, le finir, le parachever » (Lar. 19e); 1883 pouce! interj. (empl. par les enfants) servant à se mettre momentanément hors du jeu (DELVAU Suppl.); 2. a) fin XIIIe s. peuce « premier orteil du faucon » (trad. du Traité de fauconnerie de l'emp. Frédéric II ds Z. rom. Philol. t. 46, p. 276); 1845 « doigt postérieur des oiseaux » (BESCH.); b) 1549 le poulce du pied (EST.); 3. a) ca 1140 pouz « mesure de longueur, 1/12 du pied » (Pèlerinage Charlemagne, éd. Favati, 811); b) loc. av. 1654 pas un pouce de terre « pas la moindre propriété territoriale » (GUEZ DE BALZAC, Le Romain ds LITTRÉ); 1831 ne pas céder un pouce de terre (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, p. 192); 1836 ne pas reculer d'un pouce (STENDHAL, L. Leuwen, t. 1, p. 248); c) 1842 et le pouce! (BALZAC, Début vie, p. 314). Du lat. pollicem, acc. de pollex « pouce »; les formes sans e final en 1 a et 3 a étant dues à une syncope précoce de la pénultième atone. Coucher (var. mettre) les pouces, peut-être p. allus. à la coutume antique de diriger le pouce vers le bas pour signaler la défaite acceptée ou la sanction de la défaite par la mise à mort. Sur le pouce, l'expr. fait sans doute réf. au rôle des pouces dans le maniement du couteau et du pain tranché ainsi qu'à la nourriture rapidement « poussée ». Tourner ses pouces, cf. 1611 les poulces à la ceinture « oisif » (COTGR.); 1862 malade du pouce « fainéant qui refuse le travail sous prétexte de maladie » (LARCH., p. 259). Donner le coup de pouce, par suite de l'infl. homon. du verbe pousser. 3 c en raison de son domaine d'application (prix, commerce en partic.), doit peut-être être rapproché de certaines expr. de l'anc. lang. du commerce telles que poulce sur aune (1606, NICOT, s.v. fust), pouce et aune (1723, SAVARY, s.v. bon d'aunage), (marché fait) au pouce de la chandeille « vente aux enchères limitée en durée par une marque faite sur une chandelle, qui devait se consumer jusqu'à une pouce de sa base » (1450 a un poch de candeille alumée, Cartulaire de l'Abbaye de Flines, f° 504 r°). Fréq. abs. littér. :1 511. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 646, b) 2 294; XXe s. : a) 1 653, b) 1 944.
DÉR. Poucier, subst. masc. a) Doigtier qui protège le pouce; spéc., doigtier servant à protéger le pouce dans certaines professions. Les pastourelles du XIIIe siècle (...) les montrent [les bergers] en des accoutrements ridicules (...) avec (...) des moufles sans poucier (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 121). b) Serr. Pièce de loquet servant à ouvrir une porte, sur lequel on appuie avec le pouce pour soulever la clenchette (d'apr. MARTELLIÈRE, Gloss. Vendômois, 1893, p. 252). Loquet à poucier (CHABAT 1881). — [pusje]. Homon. poussier. Att. ds Ac. dep. 1835. — 1res attest. a) 1530 « doigtier pour préserver le pouce, dans certains métiers » (PALSGR., p. 220); b) 1765 serr. (Encyclop.); de pouce, suff. -ier.
BBG. — QUEM. DLL t. 2, 14, 19, 27 (s.v. appui du pouce).
pouce [pus] n. m.
ÉTYM. XIIe, pouz, mesure de longueur; polz, déb. XIIe; pouce, XIIIe; du lat. pollicem, accusatif de pollex.
❖
1 (XIIIe). a Le premier doigt de la main de l'homme, le plus gros et le plus court, opposable aux autres doigts. || Opposabilité du pouce. || Le pouce ne comprend que deux phalanges. || Pouce plat (→ Cannelé, cit. 2), carré, épais… || Ongle (cit. 8) du pouce. || Enfant qui suce son pouce. || Entre le pouce et l'index (→ 1. Geste, cit. 8). || Peintre qui applique la touche, sculpteur qui modèle la pâte à coups de pouce (→ Excentrique, cit. 3). || Fourreau qui sert à protéger le pouce. ⇒ Poucier. || Attacher les pouces d'un prisonnier avec des poucettes.
1 C'est une bonne petite main (…) Elle a les ongles taillés ras, le pouce retroussé volontiers en queue de scorpion (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 62.
2 Naguère encore, François Durtain suçait son pouce avec beaucoup d'assiduité, beaucoup de science, pour tout dire.
G. Duhamel, les Plaisirs et les Jeux, p. 57.
♦ ☑ (1790, in D. D. L., mais la var. anc. coucher les pouces, 1790, suggère une ellipse de « mettre en bas »). Mettre les pouces (p.-ê. par allus. au prisonnier qui met les pouces dans les poucettes) : cesser de résister, de lutter, s'avouer vaincu. ⇒ Céder.
2.1 Négocier, c'est pour les deux adversaires avouer qu'ils consentiront à mettre les pouces sur tel ou tel point.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 347.
♦ ☑ (1835). Fam. Sur le pouce. || Manger un morceau sur le pouce, sans assiette, en restant debout. — Par ext. || Prendre un léger repas (→ Coltiner, cit. 2), déjeuner (→ Friand, cit. 3), manger sur le pouce. ⇒ Hâte (à la hâte), rapidement.
3 (…) la halte que nous ferons pour déjeuner, en vrais chasseurs et chasseresses, sur le pouce (…)
Balzac, Modeste Mignon, Pl., t. I, p. 594.
4 Dans ces cas-là, Gambaroux mange sans assiette, sur le pouce, son morceau de pain dans la main gauche, avec la viande ou le fromage par-dessus, son couteau à grande lame pointue dans la main droite.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. VIII, XIV, p. 182.
♦ ☑ (Fin XIXe). Fam. Tourner ses pouces, ou, plus cour., se tourner les pouces : rester sans rien faire, vivre dans l'oisiveté.
5 Se lever tard, tourner ses pouces, se moquer du chaud et du froid, n'avoir pas un souci, ah ! ça les changeait rudement, ils étaient dans le paradis, pour sûr.
Zola, la Terre, II, IV.
6 Tu ne me feras pas croire qu'on vous paie uniquement pour que vous vous tourniez les pouces ?
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 4e tableau, II.
♦ ☑ (XXe). Coup de pouce. || Donner le coup de pouce : donner la dernière main à un ouvrage, le finir, le parachever. — Commerçant qui donne le coup de pouce à la balance, qui heurte légèrement le plateau où se trouve la marchandise pour qu'il l'emporte sur celui des poids. Fam. (souvent avec une idée de mauvaise foi, d'irrégularité). || Donner (le) un coup de pouce à… : déformer, gauchir légèrement la réalité; intervenir pour modifier le cours des événements dans le sens qu'on désire, pour faciliter l'apparition de ce qu'on veut voir se produire (→ Magistral, cit. 5). || « Il a fallu qu'il donne un coup de pouce à ce texte pour lui faire dire ce qu'il en a tiré » (Académie). — Donner un coup de pouce à qqn, favoriser son avancement, sa réussite (→ Pistonner).
7 Donc, il faut que je me débrouille sans le secours de personne. C'est impossible. Un petit coup de pouce, presque rien. Pour retrouver l'équilibre, il suffit parfois de toucher le mur, une seconde, avec l'ongle du petit doigt.
G. Duhamel, Salavin, Journal, 1er déc.
8 Peu à peu, nous nous destituons nous-mêmes. Un jour viendra où il n'y aura plus qu'un coup de pouce à donner.
Aragon, les Beaux Quartiers, II, IV.
REM. Un sens argotique de donner le coup de pouce « tuer », est attesté chez Hugo :
8.1 Si vous me faites arrêter, mon camarade donnera le coup de pouce à l'Alouette. (C'est un malfaiteur qui parle).
Hugo, les Misérables, II, VIII, XX.
c Pouce !, interjection qu'emploient les enfants (en tenant la main fermée et le pouce levé) pour indiquer, au cours d'une partie, qu'ils se mettent pour un instant en dehors du jeu. || Demander pouce. || J'avais pouce, ça ne compte pas. || Pouce cassé ! : le jeu reprend.
8.2 Quand elle disait « pouce », le jeu s'arrêtait aussitôt, car ses amies savaient que ses raisons étaient toujours sérieuses.
M. Aymé, Maison basse, p. 93.
♦ Figuré :
9 (…) en dehors de ces fatigues soudaines qui parfois m'accablent et durant lesquelles je voudrais pouvoir crier : « pouce ! » à la vie, je ne sens guère mon âge (…)
Gide, Journal, 17 janv. 1943.
9.1 (…) il s'imagine qu'il lui suffit de « faire pouce », qu'il peut en un clin d'œil changer les rôles, jouer à autre chose, effacer comme d'un coup d'éponge avec sa voix mouillée ce qu'il a gravé en elle, en moi (…)
N. Sarraute, Martereau, p. 48.
10 L'un de ses bas était troué et l'on voyait son pouce qui se recroquevillait devant la flamme comme un tout petit personnage indépendant.
P. Mac Orlan, Quai des brumes, V.
b Zool. Chez les simiens, doigt qui correspond au pouce de l'homme.
♦ Doigt postérieur des oiseaux, quand il est isolé. — Élément mobile de la pince des crustacés.
3 Mesure de longueur usitée autrefois en France et encore de nos jours dans certains pays. || Le pouce, qui valait la douzième partie du pied de roi, était lui-même subdivisé en douze lignes. || Cinq pieds et quelques pouces (→ Appas, cit. 19). || Cinq pieds dix pouces (→ Obésité, cit.).
♦ Mod. (Au Canada, après 1760). Douzième partie du pied, subdivisée en huit lignes, soit 2,54 cm (abrév. : po). || « Il (…) fit voir une éraflure de quatre ou cinq pouces » (P. Villeneuve).
11 M. Fauvel me faisait remarquer çà et là des morceaux de sculpture qui servaient de bornes, de murs ou de pavés : il me disait combien ces fragments avaient de pieds, de pouces et de lignes (…)
Chateaubriand, Itinéraire…, I, p. 184.
♦ ☑ Loc. Ne pas perdre un pouce de sa taille : se tenir très droit (→ Nain, cit. 5). — (Le pouce étant considéré comme le symbole d'une quantité, d'une distance, d'une surface très petite). ☑ Ne pas reculer, bouger, avancer… d'un pouce : rester absolument immobile (→ Grouiller, cit. 2; hypnose, cit. 6). — ☑ Ne pas céder un pouce de son territoire. ⇒ Rien. — Chaque pouce de terrain est utilisé.
12 Il était fort petit, et quand il vint au monde, il n'était guère plus grand que le pouce, ce qui fit qu'on l'appela le petit Poucet.
Charles Perrault, Contes, « Le Petit Poucet ».
13 Nous ne céderons ni un pouce de notre territoire, ni une pierre de nos forteresses (…)
14 Chaque pouce de ces petites pièces à l'aspect antiseptique a été utilisé : il y a des armoires dans les murs et des tiroirs sous le lit.
Sartre, Situations III, p. 95.
4 ☑ (1857, H. Monnier, in D. D. L.; p.-ê. d'après des expressions de l'ancienne langue du commerce, telles que : pouce sur aune [1606], pouce et aune [→ Treize à la douzaine]). Fam. Et le pouce : encore plus, avec quelque chose en plus. || Ça revient bien à mille francs. — Oui, et le pouce.
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HOM. Pousse; formes du v. pousser.
DÉR. Poucettes, poucier. V. Poucette.
Encyclopédie Universelle. 2012.