mordre [ mɔrdr ] v. <conjug. : 41>
• 1080; lat. mordere
I ♦ V. tr.
1 ♦ Saisir et serrer avec les dents de manière à blesser, à entamer, à retenir. ⇒ croquer, déchiqueter, mâchonner, mordiller; morsure. Son chien a mordu le facteur. Mordre qqn à la jambe, jusqu'au sang. Mordre une pomme à belles dents. — Pronom. (récipr.) Bêtes qui cherchent à se mordre. — Loc. Se mordre les doigts, les lèvres. Mordre la poussière : tomber de tout son long (dans un combat); essuyer un échec, une dure défaite.
♢ Par ext. Mordre son crayon. ⇒ mordiller. Mordre son mouchoir pour ne pas crier.
2 ♦ Absolt Avoir l'habitude d'attaquer, de blesser avec les dents. Mettre une muselière à un chien pour l'empêcher de mordre. — Plaisant Vous pouvez approcher, je ne mords pas.
3 ♦ Blesser au moyen d'un bec, d'un crochet, d'un suçoir. Insecte, tortue qui mord. Être mordu, se faire mordre par un serpent. ⇒ piquer.
4 ♦ Par anal. ⇒ entamer, user; attaquer, détruire, ronger. La lime mord le métal. — Grav. Mordre, faire mordre une planche, lui faire subir l'action corrosive d'un mordant, après avoir enlevé le vernis à certains endroits au moyen d'une pointe.
♢ S'accrocher, trouver prise. « Les clous de leurs fers mordent la surface glissante » (Gautier). Absolt Pignon qui mord. ⇒ engrener.
5 ♦ Fig. Provoquer une sensation douloureuse sur (qqn, qqch.). ⇒ pincer. « Le froid mouillé mordait si fort les mains » (Genevoix ). — L'inquiétude lui mordait le cœur.
II ♦
1 ♦ V. tr. ind. MORDRE À : saisir avec les dents une partie d'une chose. « il avait fini par mordre au fruit défendu » (Hugo).
♢ Poisson qui mord à l'appât, et absolt qui mord, qui se laisse prendre. — Impers. « Ça n'a pas mordu, ce soir, mais je rapporte une rare émotion » (Renard). — Fig. Il n'a pas mordu à ton histoire. ⇒ gober. Mordre à l'appât, à l'hameçon.
♢ Vx Prendre goût à (un travail), s'y mettre, y faire des progrès (⇒ mordu). « Mords-tu ferme aux mathématiques ? » (Balzac).
2 ♦ V. intr. MORDRE DANS : enfoncer les dents dans. ⇒ croquer. « Comme font les enfants qui mordent dans des pommes » (Noailles).
♢ S'enfoncer, pénétrer. Vis qui mord profondément dans le bois.
3 ♦ V. intr. MORDRE SUR (une chose, et par ext. une personne),agir, avoir prise sur elle, l'attaquer. Faire mordre un acide sur le cuivre.
♢ Empiéter sur (qqch. dans l'espace ou dans le temps). Vacances qui mordent sur le début du mois. ⇒ déborder. Automobiliste qui mord sur la ligne continue. ⇒ dépasser. « Un professeur est autorisé à traiter beaucoup plus librement les sujets qui l'intéressent, à mordre sur l'actualité » (Beauvoir).
● Mordre en athlétisme, dépasser la ligne d'appel dans certains sauts (longueur, triple saut) ou dans les lancers ; au tennis, poser le pied sur la ligne de fond pendant le service (une des fautes de pied).
mordre
v.
rI./r v. tr.
|| Loc. fig. Mordre la poussière: être terrassé dans un combat; subir une défaite.
— v. Pron. Se mordre les doigts (d'une chose): se repentir (de l'avoir faite). Se mordre les lèvres, pour s'empêcher de parler ou de rire, ou par dépit.
d2./d Piquer, blesser, en parlant d'un insecte, d'un serpent, etc. être mordu par un insecte.
d3./d Entamer, pénétrer (en rongeant, en creusant, etc.). Lime qui mord un métal.
— Fig. Froid qui mord.
d4./d Avoir prise, s'engrener. Foret, engrenage qui mord.
rII./r v. tr. indir. Mordre à: prendre avec les dents, avec la bouche. Poisson qui mord à l'appât ou, absol., qui mord.
— Fig. Mordre à l'appât, à l'hameçon: se laisser prendre (à des propositions, à des flatteries, etc.).
rIII/r v. intr.
d1./d Teinture qui mord, qui prend, qui se fixe bien.
— étoffe qui mord, qui prend la teinture.
d2./d Mordre dans: enfoncer les dents dans; pénétrer, entamer.
d3./d Mordre sur: attaquer en corrodant.
d4./d Empiéter. Les coureurs ne doivent pas mordre sur la ligne de départ.
⇒MORDRE, verbe
I. — Emploi trans.
A. — 1. Saisir avec les dents.
a) Serrer fortement de manière à entamer. Il se jeta sur le pain, mordit une bouchée, puis le reposa lentement sur la table (HUGO, Misér., t.1, 1862, p.302). Christophe prit un tram électrique, en mordant à belles dents un petit pain (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p.540).
— Absol. Mordre à même (qqc.). Mordre directement dans (quelque chose). Il (...) se mit à mordre à même les oeufs, faisant tomber sur sa vaste barbe des parcelles de jaune clair qui semblaient, là dedans, des étoiles (MAUPASS., Contes et nouv., t.2, Boule de suif, 1880, p.152). J'avais accoutumé de mordre à même les victuailles, les portant à ma bouche avec mes doigts (GIDE, Thésée, 1946, p.1425).
♦Mordre sur une (certaine) dent. Mordre avec une (certaine) dent. En ce moment le cardinal et le maréchal s'empiffrent vis-à-vis, tout en prenant soin de ne pas mordre sur leurs dents qui branlent (AUDIBERTI, Mal court, 1947, II, p.171).
b) Locutions
— Mordre son frein. V. frein A 1.
— [Dans un combat] Mordre la poussière
♦Être jeté à terre, battu, tué. [Pégase] Cheval sauvage et peu commode. Si on le dompte, il ne tarde pas à vider le dompteur, à l'envoyer mordre la poussière (COCTEAU, Poés. crit. II, 1960, p.147).
♦Subir un échec. Si les 106 députés socialistes (...) avaient voté contre lui (...) Edgar Faure, réduit à 295 suffrages, aurait mordu la poussière (L'Humanité, 19 janv. 1952, p.1, col. 4):
• 1. Grâce à ces restes, qui procureraient un supplément d'élus, chaque parti serait assuré de faire passer tels de ses chefs qui auraient mordu la poussière en province ou même ne se seraient présentés nulle part.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p.266.
2. [Avec l'idée d'une blessure]
a) Serrer fortement de manière à blesser. Se faire mordre par un chien enragé. Étudiant mordu d'une vipère en trois endroits (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p.516). Si tu bouges, je te tordrai le cou. Regarde: tu m'as mordu jusqu'à l'os (BERNANOS, Nuit, 1928, p.22).
♦Vx. Mordre le sein de sa nourrice. Être ingrat (REY-CHANTR. Expr. 1979, s.v. sein).
— À l'impér. [Pour exciter deux personnes à se quereller ou à se battre] Mords-le (CAR. Argot 1977).
— Proverbe. Il vaut mieux être mordu d'un chien que d'une chienne. V. chien1 II B 4 b.
b) Absol. Avoir l'habitude, avoir pour naturel d'attaquer, de blesser avec les dents. Ce chien mord (Ac. 1798-1878).
— Attaquer, se défendre en saisissant avec les dents. Ce chien mord bien serré (Ac. 1798-1878). Ce chien mord cruellement (Ac. 1935).
— Proverbe. Chien qui aboie ne mord pas. V. chien1 II B 4 b.
c) [En parlant de certains animaux] Blesser, piquer. Être mordu par des puces. Eh, vieux con, tu n'as jamais été mordu par un pou? (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p.57).
3. Serrer fortement entre ses dents au point de se couper, de se blesser.
a) [Le compl. désigne une partie du corps] De ses dents, plus pures que des perles, il mordait jusqu'au sang sa lèvre inférieure (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.299). Gustave reprend haleine. Il regarde la truie. Il regarde Julia; il mord sa moustache (GIONO, Gd troupeau, 1931, p.150).
— Emploi pronom. réfl. indir.
♦Se mordre (la joue). Il se mordit nerveusement la lèvre inférieure (MALÈGUE, Augustin, t.1, 1933, p.312). Il arpentait le long couloir, pendant l'opération, en même temps qu'un jeune homme qui attendait, lui, la délivrance de sa femme, et qui se mordait les ongles jusqu'au sang (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p.19).
♦Se mordre la langue (d'avoir parlé). V. langue I B 1 a.
♦En partic. [En parlant de certains animaux] Se mordre la queue. Tenir sa queue dans la bouche, dans la gueule. Le morceau principal, qui devait figurer un dragon se mordant la queue, rata complètement (FLAUB., Mme Bovary, t.1, 1857, p.174). Le serpent qui se mord la queue était adoré à Hiérapolis en Phrygie, par les Naasséniens, secte gnostique à peine chrétienne (BERTHELOT, Orig. alchim., 1885, p.62).
♦Se mordre les doigts (de qqc.). Se repentir vivement (de quelque chose). Il a pris Auguste dans ses bureaux, c'est vrai; mais je m'en mords joliment les doigts aujourd'hui. Si j'avais mis Auguste dans l'industrie, il gagnerait déjà le double (ZOLA, E. Rougon, 1876, p.306). Je te conseille de parler du doyen! Tu t'es ingénié à lui déplaire et maintenant tu te mords les doigts de ton imprudence (A. FRANCE, Mannequin, 1896, p.18). J'ai tergiversé: peur de me voir supprimer ma bourse, de ne pouvoir passer ma licence, etc... des bêtises, quoi. Puis c'était trop tard. Maintenant je me mords les doigts (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p.345).
P. anal. Se mordre les pouces (de qqc.). Élias Magus fit un geste, il se mordit les pouces en pensant qu'il aurait pu avoir le tableau pour cent sous (BALZAC, P. Grassou, 1840, p.443).
b) P. exagér. [La petite vieille] était ridée comme une vieille pomme, sa peau avait une teinte de safran, son menton mordait son nez, sa bouche était une ligne à peine indiquée (BALZAC, Confid. Ruggieri, 1837, p.316).
♦Emploi pronom. réfl. indir. [Un vrai laideron] une bouche à se mordre les oreilles (RICHEPIN, Pavé, 1883, p.329).
— Arg. et pop.
♦Péj. [Dans une loc. adv.] À la mords-moi le doigt, à la mords-moi-le-jonc, à la mords-moi-le-nez, à la mords-moi-le-noeud. Pas sérieux, extravagant. En voilà une répétition à la mords-moi-le-jonc! (COLETTE, Vagab., 1910, p.83). Je me fous de (...) votre sole à la mords-moi-le-nez (...). Je veux de la tête de veau (ESNAULT, Notes compl. Poilu, [1919], 1956):
• 2. Profitez de l'occasion pour retrouver votre liberté (...) sinon un de ces requins qui vous ont fait signer des papiers à la mords-moi le doigt, traitera l'affaire et vous n'aurez pas un sou du cinéma comme pour les traductions et les reproductions.
CENDRARS, Homme foudr., 1945, p.182.
♦Pop., emploi pronom. réfl. indir., loc. C'est à se les mordre. ,,C'est extravagant, ridicule, insupportable`` (REY-CHANTR. Expr. 1979).
c) [Le compl. désigne un objet quelconque] M. Ducrocq mordait l'anche de la clarinette (CHAMPFL., Souffr. profess. Delteil, 1855, p.212). Elle avait saisi l'oreiller dans ses bras convulsifs, elle le mordait pour étouffer ses sanglots (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p.1044).
B. — P. anal. [Le suj. désigne des objets, des éléments divers]
1. S'enfoncer dans, s'accrocher à (quelque chose). Le peigne d'écaille, qui mord les cheveux noirs (GONCOURT, Journal, 1862, p.1177).
— Prendre, trouver prise (sur). Le crampon, lancé d'une main sûre, vint mordre l'appui du balcon (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.398).
♦Absolument:
• 3. Il glissa la photographie entre les chemises, rabattit le couvercle qui résistait à cause de l'enflure des linges, appuya sur les fermoirs (...). Deux bruits secs de ressorts qui mordent.
ARNOUX, Nuit St-Avertin, 1942, p.34.
2. Entamer en coupant. Tous les vendeurs n'étaient occupés qu'à métrer de cette soie (...); on entendait le bruit des ciseaux mordant le tissu (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p.489). Dans les intervalles où la scie ne mordait pas le bois, on entendit le timbre mat d'une ambulance (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p.1605).
3. [Le suj. désigne des agents, des phénomènes érosifs, corrosifs]
a) [En parlant du feu, d'intempéries] Porter atteinte, attaquer en usant, en consumant. Pour la première fois je laissais la flamme mordre sur les arbustes, les gazons voisins (GIRAUDOUX, Suzanne, 1921, p.144). En soufflant par un tuyau de pipe, on darde la flamme d'une chandelle et on lui fait mordre le bois (POURRAT, Gaspard, 1922, p.13). Le feu mordait ardemment les bûches (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p.22).
— Au part. passé. Les briques tombées ou mordues par le temps, le ciment qui manquait dans les joints, avaient été remplacés (BALZAC, Paysans, 1844-50, p.183). Bras maigres, tout mordus par le soleil (SAND, Pte Fad., 1849, p.131). La vieille Berthe, (...) la peau mordue par le froid, était arrivée à l'école (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.111).
b) GRAV., IMPR., LITHOGR. (Faire) mordre. (Faire) subir l'action d'une substance corrosive. [P. ell. du compl.] Pour exécuter une eau-forte (...) on commence par tracer le premier grisé puis on fait mordre à l'acide (CHELET, Lithogr., 1933, p.80).
— Au part. passé. Grisés mordus. Depuis quelque temps on exécute (...) des clichés mordus très profondément, qui permettent d'imprimer une trame fine sur n'importe quel papier (Arts et litt., 1935, p.28-15).
c) Absol., TEINT. Prendre la teinture. Étoffe qui mord mal.
C. — Au fig.
1. [Le suj. désigne des sentiments] Ronger, faire profondément souffrir, tourmenter. Elle n'avait pas avoué à Micheline l'inquiétude qui lui mordait le coeur (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.232).
2. Absol. [Le suj. désigne une pers.] Attaquer de façon désagréable, avec agressivité, ironie. Chez lui [Le Sage], point de rancune ni d'amertume (...). Par là surtout il se distingue de Voltaire, qui mord et rit d'une façon âcre (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t.2, 1850, p.364).
D. — Argot
a) À l'impér. Regarder, voir. Synon. pop. viser. Mords un peu cette frangine, si elle est gironde! (Pt Simonin ill., 1957, p.199).
b) Absol. Comprendre. Synon. pop. piger. Tu mords? (CAR. Argot 1977).
c) SPORTS. Mordre le guidon. ,,Se courber en avant pour un pédalage forcé`` (ESN. 1966). Sur 866 cyclistes inscrits dimanche dans la région parisienne (...), il en est seulement 123 qui se trouvent désormais autorisés à continuer à mordre leur guidon (Auto, 26 déc. 1941).
II. — Emploi trans. indir.
A. — [Avec les dents, la bouche, la gueule]
1. Mordre à (qqc.)
a)) [En parlant du poisson qu'on pêche] Venir à l'appât et se faire prendre. Les poissons mordent à l'hameçon (Ac. 1798-1878).
— Absol. Heureusement, le poisson mordait (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p.108).
♦Ça mord. Le poisson vient à l'appât. Ça me gênerait rudement si ça mordait. Je ne viens pas pour pêcher, moi, je viens parce qu'on est très bien ici; on est secoué comme en mer; si je prends une ligne, c'est pour faire comme les autres (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p.303).
) Au fig. [En parlant d'une pers.] Mordre à l'appât, à l'hameçon. Se laisser leurrer, se laisser séduire par une proposition qui cache un piège (d'apr. Ac. 1935).
♦Ça mord (fam.). La ruse réussit, la personne se laisse prendre. Lucy: S'il y a confusion, il n'y a plus caractère!... Et je vais plus loin!... Elle s'assied. Paul, à Jeanne: Ça a mordu! (PAILLERON, Monde où l'on s'ennuie, 1869, III, 4, p.148). (Il lui baise la main, fausse sortie.) Éva: Monsieur Rabagas, encore un mot! Rabagas, à part; Ça mord! (Revenant et haut.) Bien vite! Je vous en prie! (SARDOU, Rabagas, 1872, III, 7, p.129).
b) P. métaph. Il avait, disait-on, goûté successivement toutes les pommes de l'arbre de l'intelligence, et, faim ou dégoût, il avait fini par mordre au fruit défendu (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.188). Homme à grandes conquêtes, Maxime n'avait connu que des femmes titrées; et, à cinquante ans, il avait bien le droit de mordre à un petit fruit soi-disant sauvage (BALZAC, Homme d'affaires, 1845, p.409).
c) Fam. Comprendre (quelque chose) et s'(y) adonner avec plaisir, (y) prendre goût. Mordre aux études. Eh bien! Gabriel, (...) te défends-tu vaillamment contre les thèmes, les versions? mords-tu ferme aux mathématiques? (BALZAC, Rech. absolu, 1834, p.170). L'instituteur ajoutait: — Monsieur Paturot, envoyez-moi donc votre cadet; nous le ferons mordre à la version latine (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.422).
2. Mordre dans (qqc.). Entamer (quelque chose) à coups de dents. L'enfant assis près de moi mordait dans une tartine de confitures (SANDEAU, Sacs, 1851, p.51). Ils mordaient à pleine bouche dans une tartine de raisiné et buvaient à la régalade à même une grande bouteille (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p.329). Ils mordaient à grandes bouchées dans deux sandwiches jumeaux (MARTIN DU G., Thib., Consult., 1928, p.1131).
♦Mordre à même dans. Elles avaient des dents brillantes qui mordaient à même dans les grenades (FLAUB., Tentation, 1849, p.438). Nous les mangions toutes vivantes, en mordant à même dans nos tartines (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p.110).
B. — P. anal., TECHNOL.
1. Mordre dans (qqc.). Trouver prise dans (quelque chose) en s'y enfonçant, en entamant. Scie, vis qui mord dans le bois. [Dans] les parachutes à arc-boutement (...) le ressort moteur agit sur deux bras (...) inclinés (...) armés de pointes qui viennent, au moment de la rupture, mordre dans les bois de guidage en tendant à les écarter de la cage (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p.102).
2. Mordre sur (qqc.). Avoir prise sur, pénétrer dans (quelque chose). Les dents d'une roue ne mordent pas assez sur les ailes d'un pignon (Ac. 1798). L'ancre n'a pas pu mordre sur ce fond de rocher (Ac. 1835-1935).
— Au part. passé. On dit qu'une manoeuvre est mordue (...) lorsqu'elle se trouve étroitement serrée entre le réa et la joue d'une poulie (...), de sorte qu'elle ne peut plus courir (GRUSS 1952).
— Absol. Et comme presque toujours le vaisseau sera plus éloigné du rivage (...), les ancres mordront moins, seront plus sujettes à chasser (MAIZIÈRE, Nouv. archit. nav., 1853, p.65).
C. — P. anal. ou au fig. Mordre sur qqc., qqn
1. Empiéter sur quelque chose. Mordre sur l'accotement de la route. Un autre vilain admis au paradis, bien que le soc de sa charrue ait quelquefois mordu de quelques sillons sur le champ de son voisin (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p.124).
— Entamer, réduire légèrement (l'importance d'une collectivité, d'un groupe). Là où une gauche nouvelle et dynamique s'est présentée à côté du P.C., elle a mordu sur l'électorat communiste (L'Express, 29 mars 1971 ds GILB. 1980).
2. Avoir prise sur. Sans que la politique économique et monétaire arrive à mordre sur la réalité (La Croix, 8 oct. 1969 ds GILB. 1980).
— Mordre sur qqn. Avoir prise sur quelqu'un en l'attaquant, en le diminuant. Synon. entamer, porter atteinte à. [L'Empereur] nous disait l'autre jour qu'il avait été de marbre pour tous les grands événements, qu'ils avaient glissé sur lui sans mordre sur son moral ni sur ses facultés (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.607). L'âge ne mordait pas sur sa petite personne, ses cinquante ans n'en paraissaient guère que trente-huit, il gardait une maigreur, une vivacité de jeune homme (ZOLA, Argent, 1891, p.12).
♦En partic. [En parlant de sentiments] Les calomnies mordent difficilement sur l'amitié (ALAIN, Propos, 1921, p.332).
Prononc. et Orth.:[], (il) mord []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 «entamer avec les dents» (Roland, éd. J. Bédier, 727); b) ca 1165 au fig. (BENOÎT DE SAINTE-MAURE, Troie, 17568: Pinciez sera d'Amors et mors); 2. a) 1205-50 mordre à qqc. «se laisser prendre à» (Renart, éd. E. Martin, XIII, 1708); b) 1669 mordre à l'hameçon (LA FONTAINE, Psyché, II ds Œuvres, éd. Régnier, t.8, p.169); 3. 1er qart XIIIe s. «critiquer, blâmer» (RECLUS DE MOLLIENS, Charité, 112, 7 ds T.-L.); 4. 1268 «avoir prise sur» (Claris et Laris, 51, ibid.); 5. 1314 «saisir et retenir (en parlant de tenailles)» (HENRI DE MONDEVILLE, Chirurgie, éd. A. Bos, § 636, t.1, p.158); 6. 1532 mordre à qqc. «comprendre» (RABELAIS, Pantagruel, chapitre IX bis, éd. V. L. Saulnier, p.57); 7. emploi techn. 1560 impr. «être empêché par la frisquette de recevoir l'impression» (CHAIX, Recherches sur l'imprimerie à Genève de 1550 à 1564 dsWOLF (L.) Buchdruck, p.186); 1690 (FUR.: La lime ne mord point sur le diamant... L'eau forte commune ne mord point sur l'or... On dit en coûture qu'il faut mordre bien avant dans l'estoffe... Cette rouë ne mord pas assez avant dans ce pignon pour le faire tourner); 1723 mordre la teinture (d'une étoffe) (SAVARY). Du lat. pop. (cf. ital. mordere, cat., esp., port. morder), class. «entamer avec les dents», p. ext. en parlant du froid ou de paroles «tourmenter, piquer, chagriner». Fréq. abs. littér.:1969. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1689, b) 4104; XXe s.: a) 3413, b) 2680.
DÉR. Mordeur, -euse, adj. a) [En parlant d'un animal] Qui a l'habitude de mordre, qui mord, qui a mordu. ) [En parlant du chien] Par une éducation perverse, il avait rendu ce chien mordeur, si bien que la duchesse (...) lui ordonnait de le tenir enchaîné (BOURGET, Némésis, 1918, p.124). Tout chien mordeur revu en bonne santé, dix jours après avoir mordu, peut être considéré comme non enragé (GARCIN, Guide vétér., 1944, p.213). P. méton. [En parlant de la maladie qui incite à, qui se traduit par le fait de mordre] Les deux premiers chiens ont eu une rage paralytique et le troisième une rage furieuse, aboyeuse et mordeuse (PASTEUR ds Travaux, 1884, p.386). ) [En parlant d'autres animaux] Qui mord, qui blesse. Cheval mordeur (TONDRA Cheval 1979). Les morsures de serpents venimeux produisent des effets très différents suivant l'espèce du serpent mordeur (CALMETTE ds Nouv. Traité Méd. fasc. 7 1924, p.97). b) P. anal. ) Qui provoque une sensation vive. De voir cette belle poitrine dans l'air du matin, un peu mordeur, Albin demanda: — Vous n'avez pas froid, demoiselle? (GIONO, Baumugnes, 1929, p.203). ) Emploi subst., p. métaph. Les villages appauvris envahissaient le bourg riche (...). Les trous de misère, les cachettes à meurt-de-faim ne tenaient plus un homme abrité; ils venaient à course allègre, les mordeurs de tranquillité (HAMP, Champagne, 1909, p.166). — [], fém. [-ø:z]. — 1res attest. a) 1263-65 mordeor «caustique (d'une personne)» (RUTEBEUF, Dict. des Jacobins, 36 ds Œuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t.1, p.316), b) 1486 «qui mord (d'un animal)» (BOUT., Somme rur., 1° p., f° 69c ds GDF.); de mordre, suff. -eur2.
mordre [mɔʀdʀ] v. [CONJUG. rendre.]
ÉTYM. 1080; du lat. mordere.
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I V. tr.
1 Saisir et serrer (qqch.) avec les dents de manière à blesser, à entamer, à retenir. ⇒ Croquer, déchiqueter, mâchonner, mordiller. || Action de mordre qqch. ⇒ Morsure. || Il cherchait à mordre la main qui le flattait (cit. 2). — Mordre qqn, lui infliger une morsure, des morsures. || Ce chien l'a mordu à la main. ☑ Mordre qqn avidement, à belles dents, jusqu'au sang.
♦ ☑ Prov. Autant vaut être mordu d'un chien que d'une chienne. — Mordre la main, le bras… de qqn.
0.1 J'ai mordu Lucien jusqu'au sang. J'espérais le faire hurler, son insensibilité m'a vaincu; mais je sais que j'irais jusqu'à déchiqueter la chair de mon ami, à me perdre dans un carnage irréparable où je conserverais la raison, où je connaîtrais l'exaltation de la déchéance. « Que m'en croissent les marques, me disais-je, des ongles et des cheveux longs, des dents aiguës, la bave, et sous mes morsures que Lucien conserve son visage indifférent, car les signes d'une trop grande douleur aussitôt me feraient desserrer les mâchoires et lui demander pardon. » Quand mes dents mordaient sa chair, mes mâchoires se serraient jusqu'au tremblement dont tout mon corps frissonnait.
Jean Genet, Journal du voleur, p. 153.
♦ ☑ Loc. fig. Mordre la main qui protège, qui nourrit. ⇒ Déchirer (4.). ☑ Mordre le sein de sa nourrice : se montrer ingrat envers un bienfaiteur. — ☑ Se mordre les doigts, la langue, les lèvres.
♦ ☑ Loc. (Déb. XVIIe). Mordre la poussière : tomber de tout son long. — Fig. Essuyer un échec, une défaite.
♦ ☑ Fig. et fam. Mords-y (mords-lui) l'œil. ☑ À la mords-moi-le doigt, à la mords-moi-le nœud, le chose. ⇒ Mords-moi-le-doigt (à la).
2 Absolt. Avoir l'habitude d'attaquer, de blesser avec les dents. || Bêtes qui mordent. ⇒ Mordant. || Mettre un bâillon, une muselière à un chien pour l'empêcher de mordre. ⇒ Museler. — ☑ Loc. prov. Tous les chiens qui aboient ne mordent pas. || Les loirs mordent violemment. || Gueules prêtes à mordre. — Par plais. || Vous pouvez approcher, je ne mords pas.
1 François n'eut pas sitôt lâché le chien, qu'il se mit à japper et à mordre.
G. Sand, François le Champi, XXI.
3 Blesser au moyen d'un bec, d'un crochet, d'un suçoir. || Insecte, oiseau qui mord. || Être mordu par un serpent. ⇒ Piquer.
2 (…) Dirai-je qu'un géant
Est moins fort qu'une puce ? Elle le mord, pourtant.
La Fontaine, Fables, IX, 7.
3 Quand quelqu'un me vante une femme aimable, et l'amour qu'il a pour elle, je crois voir un frénétique qui me fait l'éloge d'une vipère, qui me dit qu'elle est charmante, et qu'il a le bonheur d'en être mordu.
Marivaux, la Surprise de l'amour, I, 2.
4 (1314). Serrer fortement (Sujet n. de chose). || Tenailles qui mordent le fer. ⇒ Serrer.
4 Le Thénardier éprouva ce qu'éprouve le loup au moment où il se sent mordu et saisi par la mâchoire d'acier du piège.
Hugo, les Misérables, II, III, X.
5 (1690). Par anal. (Sujet n. de chose). a Entamer en usant, en rongeant. || La lime mord le métal. ⇒ Entamer, user. || La rouille mord le fer. || « Mais la légère meurtrissure, mordant le cristal chaque jour… » (Sully-Prudhomme, le Vase brisé). ⇒ Attaquer, détruire, ronger. — Gravure. || Mordre, faire mordre une planche, lui faire subir l'action corrosive d'un mordant (eau-forte, perchlorure de fer), après avoir enlevé le vernis à certains endroits au moyen d'une pointe à graver.
b (1762). Absolt. S'accrocher, trouver prise. || Le rabot glisse (cit. 7) et ne mord point. || Faire mordre le soc (→ 2. Mancheron, cit. 1). || Navire dont l'ancre ne mord pas (→ Chasser sur ses ancres). || Pignon qui mord (→ Engrener).
5 (…) une croûte de quelques pouces où la culture pouvait mordre (…)
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 677.
♦ S'accrocher à (qqch.).
6 Les clous de leurs fers mordent la surface unie et glissante (…)
Th. Gautier, Voyage en Russie, IX.
c Spécialt. (Automobiles). || Mordre une ligne continue, une bande blanche : empiéter sur la voie interdite par le tracé de la ligne, de la bande. Syn. : mordre sur… (→ II., 2.).
6 Fig. Provoquer une sensation douloureuse sur… || Le froid mord la peau.
7 Le froid mouillé mordait si fort les mains qu'on ne pouvait pas tricoter.
M. Genevoix, Forêt voisine, X.
♦ (XIIIe). Par métaphore. ⇒ Inquiéter, tourmenter. || L'inquiétude (cit. 18) lui mordait le cœur (→ aussi Cœur, cit. 166; démon, cit. 26; envie, cit. 9).
8 Dès son entrée, la comtesse l'épiait, mordue par le désir de savoir ce qui se passait dans son cœur.
Maupassant, Fort comme la mort, II, V.
7 (Fin XIIe). Fig. et vx. Attaquer d'une manière envieuse, par des méchancetés, des médisances. || Mordre ses ennemis (→ Donner un coup de dent à…, déchirer à belles dents). — Absolt. (Mod. et littér.). || Qui aime à mordre. ⇒ Mordant. || Les fanatiques ne pourront plus mordre (→ Grincer, cit. 6). || Une causticité (cit. 2) naturelle qui piquait et ne mordait jamais.
9 (…) esprits du dernier ordre,
Qui, n'étant bons à rien, cherchez surtout à mordre.
La Fontaine, Fables, V, 16.
10 (…) tels n'approuvent la satire, que lorsque commençant à lâcher prise et à s'éloigner de leurs personnes, elle va mordre quelque autre.
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, Discours.
———
II
1 V. tr. indir. Littér. || Mordre à… : saisir avec les dents une partie de… || Mordre à un fruit. — Par métaphore (→ 2. Idéal, cit. 13, Mallarmé).
11 Il avait, disait-on, goûté successivement toutes les pommes de l'arbre de l'intelligence, et, faim ou dégoût, il avait fini par mordre au fruit défendu.
Hugo, Notre-Dame de Paris, IV, V.
12 Il y avait des amoureux qui mordaient à de beaux fruits en se tenant par la taille.
France, le Crime de S. Bonnard, Œ., t. II, p. 304.
REM. Dans les emplois syn. : mordre à même qqch. (→ Jambon, cit. 4), mordre dans qqch., le verbe est intransitif
13 Mes livres, je les fis pour vous, ô jeunes hommes,
Et j'ai laissé dedans,
Comme font les enfants qui mordent dans des pommes,
La marque de mes dents.
Anna de Noailles, Éblouissements, « Offrande ».
♦ (1694). || Mordre à l'appât, le happer. || Poisson qui mord à l'appât, et, absolt, qui mord, qui se laisse prendre facilement. — Impers. || Ça mord ? : vous attrapez des poissons ? || « Ça n'a pas mordu, ce soir, mais je rapporte une rare émotion » (Renard, Histoires naturelles, « Martin-pêcheur »). — Par métaphore. ☑ Mordre à l'appât, à l'hameçon.
14 En reconduisant la patronne (…) il rencontra encore une fois son œil caressant et fuyant, qui semblait troublé. Il pensait : « Bigre, je crois qu'elle mord »; et il souriait en reconnaissant qu'il avait vraiment de la chance auprès des femmes (…)
Maupassant, Bel-Ami, II, III.
15 Ça ne mord plus du tout. Depuis midi je n'ai rien pris. On ne devrait jamais pêcher qu'entre hommes; les femmes vous font embarquer toujours trop tard.
Maupassant, Pierre et Jean, I.
♦ (1532). Fig. et fam. Prendre goût à (une activité, un travail), y faire des progrès. ⇒ Comprendre, mettre (se; supra cit. 70).
16 Elle a (…) la grossièreté de ne pouvoir mordre aux subtilités de la métaphysique (…)
17 Hé bien ! Gabriel… dit-il à son fils aîné en lui prenant l'oreille et la lui tortillant, te défends-tu vaillamment contre les thèmes, les versions ? mords-tu ferme aux mathématiques ?
Balzac, la Recherche de l'absolu, Pl., t. IX, p. 522.
18 (…) comme la moisson commençait, il donna un coup de main, resta six semaines encore; de sorte que, le voyant si bien mordre à la culture, le fermier finit par le garder tout à fait.
Zola, la Terre, II, I.
2 V. intr. || Mordre sur (une chose) et, par ext., sur (une personne), agir, avoir prise sur elle, l'attaquer. || Faire mordre un acide sur le cuivre. ⇒ Dissoudre; mordant. — Empiéter. ⇒ Avancer, dépasser. || Mordre sur la ligne : dépasser la ligne d'appel (en athlétisme); poser le pied sur la ligne de fond pendant le service (au tennis). || Concurrent disqualifié pour avoir mordu sur la ligne de départ. || Lignes d'écriture qui mordent les unes sur les autres. ⇒ Chevaucher (se). — Mordre sur une ligne continue. ⇒ ci-dessus, I., 5.
19 C'est vainement que les plus sages conseils, depuis trois ans, tentent de mordre sur vous.
A. de Musset, Il ne faut jurer de rien, I, 1.
20 (…) il est vif, il est alerte, la chaleur l'excite, le soleil qui ne mord pas sur lui l'agite à la façon des reptiles.
E. Fromentin, Une année dans le Sahel, III, p. 190.
21 Mais Andrée, lorsqu'elle dut faire un travail qui mordait sur sa vie intérieure, se crispa.
Montherlant, les Jeunes Filles, p. 77.
21.1 Un professeur est autorisé à traiter beaucoup plus librement les sujets qui l'intéressent, à mordre sur l'actualité.
S. de Beauvoir, Tout compte fait, p. 232.
♦ Empiéter. || Les voitures mordent sur les trottoirs.
♦ Diminuer, réduire l'importance numérique de (un groupe, une collectivité, etc.). || Mordre sur l'électorat du parti adverse.
3 V. intr. || Mordre dans : enfoncer les dents dans. || Mordre dans un fruit (→ ci-dessus, cit. 13 et supra). — S'enfoncer, pénétrer. || Vis qui mord profondément dans le bois.
22 De gros os pâles, que l'on dirait épouvantés de voir le jour, et dans lesquels on mord avec des instruments de menuisier. Le chirurgien et son aide peinent, poussent de grands soupirs.
G. Duhamel, Salavin, VI, VIII.
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se mordre v. pron.
♦ Réfl. Se blesser soi-même avec les dents. || Il s'est mordu en mangeant. — Récipr. Se donner mutuellement des coups de dents. || Ces chiens se sont mordus cruellement (Littré).
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mordu, ue p. p. adj.
ÉTYM. (XVIe; a remplacé l'anc. p. p. mors).
1 Qui a subi une morsure, qui a été mordu ou serré. || Chairs mordues. || Bois mordu par la flamme (→ Fleurer, cit. 3). — Par métaphore. || « Mordu du chien de la métromanie » (cit.). — Loc. ⇒ Tarentule. — Fig. || Mordu de haine, de désir…
23 Ce soir, j'ai l'âme un peu mordue du chagrin de n'être pas préfet.
Stendhal, Journal, p. 426.
24 L'après-midi, quelques visites arrivèrent, des voisines mordues de curiosité, qui se présentaient soupirant, roulant des yeux éplorés (…)
Zola, l'Assommoir, t. II, IX, p. 88.
♦ Techn. (mar.). || Manœuvre mordue, qui est serrée entre le réa et la joue d'une poulie, de sorte qu'elle ne peut plus courir.
2 (1844). Absolt. Amoureux. || Il est mordu, bien mordu.
♦ N. (1927, Sports). Fam. Personne qui a un goût extrême (pour qqch.). ⇒ Fou (être fou de). || C'est un mordu de football, de jazz. ⇒ Fervent. → Fanatique, fondu, toqué. || Une mordue de parachutisme.
3 (1868). || Couture mordue, dans laquelle un bord de l'étoffe dépasse l'autre (⇒ Mordre, II., 2.).
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CONTR. Démordre.
DÉR. Mordage, mordant, mordelle, mordette, mordeur, mordiller.
COMP. Amorce, démordre, remordre; mords-moi-le-doigt (à la). — Morgeline. — Morpion.
Encyclopédie Universelle. 2012.