référer [ refere ] v. tr. <conjug. : 6>
• 1559; « rapporter » 1370; lat. referre
1 ♦ SE RÉFÉRER À v. pron. S'en rapporter, recourir à, comme à une autorité. ⇒ attester, consulter. Se référer à qqn, à son avis. Se référer à une définition, à un texte, les prendre comme référence. « Si les hommes ne peuvent pas se référer à une valeur commune » (Camus). — (Sujet chose) Observations qui se réfèrent à un passé déjà ancien. ⇒ se rapporter.
♢ Ling. Avoir pour référent.
2 ♦ V. tr. ind. (1636) EN RÉFÉRER À : faire rapport, en appeler. En référer au juge. — En référer à son chef, à un supérieur, lui rapporter et soumettre le cas, en lui laissant le soin de décider. ⇒ 1. reporter. « j'ai longuement hésité si je n'en référerais pas à l'Autorité Directoriale » (Courteline).
♢ Ling. Référer à : avoir pour référent. « Centaure » réfère à un être mythique. Le nom commun réfère à une classe d'items.
● référer verbe transitif indirect (latin referre) Se rapporter à quelque chose, y faire référence : Cette note réfère à un passé déjà ancien. En parlant d'un signe linguistique, avoir tel élément pour référent. ● référer (difficultés) verbe transitif indirect (latin referre) Sens et construction 1. En référer à = en appeler à. En référer à ses supérieurs hiérarchiques. 2. Se référer à = se rapporter à. Je me réfère à votre lettre du mois dernier. 3. Référer à = avoir pour référent, désigner. Terme technique des sciences du langage. Conjugaison Attention à l'accent sur le deuxième e, tantôt grave, tantôt aigu : je réfère, nous référons ; il référera. ● référer (expressions) verbe transitif indirect (latin referre) En référer à, avoir recours, faire appel à quelqu'un, à un groupe pour trancher une question. ● référer (homonymes) verbe transitif indirect (latin referre) référant référent nom masculin
référer
v.
rI./r v. tr. indir.
d1./d DR En référer à: faire rapport à. Recueillir un témoignage et en référer au juge d'instruction.
d2./d Cour. En référer à: en appeler à. En référer à un juge, un supérieur.
d3./d LING (En parlant d'un signe linguistique.) Référer à: renvoyer à (l'objet qui constitue son référent).
rII./r v. Pron.
d1./d S'en rapporter à (qqn ou qqch) pour fonder ou appuyer ce que l'on avance. Je me réfère à vos propres arguments. Se référer à un ouvrage.
d2./d Se rapporter, renvoyer à. Article qui se réfère à une controverse récente.
⇒RÉFÉRER, verbe trans.
A. — Empl. trans.
1. Vieilli ou littér.
a) Référer qqn/qqc. à qqn/qqc. Rapporter au compte de; établir ou mettre en valeur un lien entre une personne et quelqu'un ou quelque chose dont elle tire son origine, sa ressemblance.
— [Le compl. prépositionnel désigne une époque] Synon. de reporter. Tout cela nous réfère au Moyen Âge, dit-il (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 187).
— [Le compl. prépositionnel désigne qqc.] Faire découler, (s')inspirer de, aligner sur. Hier, en séance publique, quelques-uns des honorables députés ont référé leurs opinions à ces discours mêmes (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 183).
— Situer par rapport à; attribuer. Aux yeux du chrétien, la culture et la civilisation, étant ordonnées à une fin terrestre, doivent être référées et subordonnées à la vie éternelle qui est la fin de la religion (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 107):
• 1. Rien dans le monde entier n'arrive plus que par rapport au Christ. C'est à Lui seul que tous les peuples ensemble demandent l'élément essentiel de leur attitude. C'est par rapport à Lui qu'ils se réalisent (...). C'est à Lui que toutes choses vont être référées.
CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 45.
b) DR. Référer le serment à qqn. Déférer le serment en retour à la partie qui l'avait déféré la première (v. déférer1). Celui auquel le serment est déféré, qui le refuse ou ne consent pas à le référer à son adversaire, ou l'adversaire à qui il a été référé et qui le refuse, doit succomber dans sa demande ou dans son exception (Code civil, 1804, art. 1361, p. 247).
— P. anal. Déférer en retour. Ces organismes régionaux devront s'efforcer d'arranger les disputes locales avant qu'elles soient portées devant le Conseil de sécurité. À son tour le Conseil peut référer ces différends à ces agences régionales (Charte Nations Unies, 1946, p. 39).
— Vieilli. Référer à qqn le choix d'une chose. ,,Lui laisser le choix de la même chose dont il nous donnait le choix`` (Ac. 1798-1878).
c) Synon. rare de référencer. Si le complexe sonore était particulièrement hermétique (...), il suffisait de le représenter par un symbole et de le référer par une lettre (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 82).
2. Référer à qqn. Soumettre une difficulté, un litige à quelqu'un qui a autorité pour trancher, décider. L'excellent Meurice, à qui La Rochelle devait référer, en dernier ressort, pour tout (GONCOURT, Journal, 1873, p. 942). C'est le Ministre de l'Intérieur qui est compétent, son arrêté d'expulsion, non motivé, n'est pas susceptible d'être référé au Conseil d'État, statuant en contentieux (BARADAT, Organ. préfect., 1907, p. 282).
3. Empl. pronom.
a) [Le suj. désigne une pers.] Se tourner vers (quelqu'un, quelque chose) qui représente la source, l'origine, l'autorité sur laquelle on s'appuie, on se fonde. Mais le Dieu de Jean-Jacques n'était qu'en lui (...). Se référer à Dieu n'était encore que se référer à soi, et la vie intérieure devenait un délire d'orgueil à faire éclater la cervelle (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 220). L'œuvre d'Adam Smith (...) a eu une portée considérable: c'est à elle que se sont référés la plupart des grands doctrinaires libéraux (LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., 1968, p. 155).
b) [Le suj. désigne un inanimé] Se rapporter à (quelque chose) qui l'explique, le précède, l'inspire. C'est à Boucher que se réfèrent [dans les toiles de Renoir] ces chairs riantes et polies (...) ces attitudes vives, ces modelés d'émail cernés par des linéaments sobres (MAUCLAIR, Maîtres impressionn., 1923, p. 107). V. avent ex. 3.
B. — Empl. trans. indir.
1. En référer à qqn. Informer quelqu'un en lui soumettant un cas, un litige, une difficulté afin qu'il prenne une décision. En référer au juge, au tribunal; en référer à son supérieur, à ses chefs. Le général Pershing crut devoir m'en référer, et me demanda s'il n'y aurait pas lieu de modifier mes décisions (FOCH, Mém., t. 2, 1929, p. 232):
• 2. ... le colonel K..., homme fougueux, poussa les choses à l'extrême en octroyant une calotte retentissante au directeur de la Voix de Saint-Mihiel. L'abbé (...) en référa à l'évêque de Verdun, son supérieur hiérarchique, lequel en référa lui-même à son métropolitain.
COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 3e part., II, pp. 227-228.
♦ Absol. En référer. Faire un rapport à quelqu'un qui a autorité au sujet de quelque chose. Un exécutif qui conserve le droit d'initiative, peut décider rapidement sans avoir à en référer, et prend la responsabilité de ses actes (REYNAUD, Syndic. en Fr., 1963, p. 223).
— En tournure impers., au passif. Dans les trois jours, il sera par lui référé du tout au tribunal en la chambre du conseil, sur les conclusions par écrit du commissaire du Gouvernement (Code civil, 1804, art. 288, p. 54). Des accords de cette nature sont des affaires générales au sujet desquelles il doit m'être référé (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 359).
2. En référer à qqc. Se tourner vers quelque chose, se servir de quelque chose comme appui, repère, inspiration; faire référence à. Il est toujours inutile, pour les questions de langue ou de littérature, d'en référer à la Grèce, puisque rien ne nous est venu de là que par l'intermédiaire de Rome (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 220).
3. LING. Référer à. Avoir pour référent. On ne dit plus comme naguère qu'un mot nomme ou signifie une chose, on dit qu'un mot réfère à une chose (D. D. L. 1976, s.v. référence).
REM. 1. Référable, adj., rare. Référable à. Qui peut être référé à. Apparition également décisive, entre éléments, de véritables forces de rapprochement ou d'éloignement (sympathie et antipathie) (...), référables, semble-t-il, les unes et les autres, à de simples réactions aux courbures de l'espace-temps et de la biosphère, respectivement (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 337). 2. Référer, verbe intrans. Se référer à. Aujourd'hui la publicité radiophonique occupe une « place » sur le marché de la publicité. Nous tâcherons de la déterminer en référant à deux critères (WEINAND, Public. radioph., 1964, p. 35).
Prononc. et Orth.:[], (il) réfère [-]. Ac. 1694, 1718: refe-; dep. 1740: réfé-. Conjug. v. abréger. Étymol. et Hist. 1370 trans. « rapporter, mettre en rapport » (ORESME, Ethiques, éd. A.-D. Menut, I, 18, 20b); spéc. a) ca 1485 se refférer a « se rapporter à » (Myst. V. Testament, éd. J. de Rothschild, 48605); 1636 an a referé (MONET); b) 1559 referer (à) « attribuer (à) » (AMYOT, P. Aem., 39 ds LITTRÉ); c) 1615 dr. referer un serment (Coutume de Bourbourg ds Nouv. Coutumier gén., éd. A. Bourdot de Richebourg, t. 1, p. 484b). Empr. au lat. referre « rapporter », dér. de ferre « porter ». Fréq. abs. littér.:349. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 133, b) 189; XXe s.: a) 211, b) 1 139. Bbg. KLEIBER (G.). Probl. de référence... Paris, 1981, pp. 11-14. — LYNE (A. A.). A Lexicometric approach to the description of a language variety. Thèse, Sheffield, 1981, p. 328.
référer [ʀefeʀe] v. [CONJUG. céder.]
ÉTYM. 1559; « rapporter (une chose à une autre) », 1370; lat. referre « rapporter ».
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1 V. tr. (Vx). ⇒ Attribuer, rapporter (II.). || Je vous en réfère tout l'honneur (Académie). || Référer un cataclysme (cit. 2) aux conjonctions des planètes maléfiques.
1 La critique littéraire classique entrave cet essor divergent. Dans ses prétentions à une connaissance psychologique instinctive, à une intuition psychologique native, qui ne s'apprend pas, elle réfère les œuvres littéraires à une expérience psychologique désuète, à une expérience ressassée, à une expérience fermée.
G. Bachelard, l'Eau et les Rêves, p. 81.
♦ Dr. || Référer un serment : le déférer (cit. 5) en retour à la partie qui l'avait elle-même déféré.
2 V. pron. (Fin XVe). || Se référer à… : s'en rapporter, recourir à… (comme à une autorité). ⇒ Attester, consulter. || Se référer à qqn, à ses paroles, à son avis. || Se référer à une définition, à un texte : s'y reporter en s'y appuyant, les invoquer, les prendre comme référence (→ Essentialiste, cit.; expressionnisme, cit. 1). — (Sujet n. de chose). || Notes qui se référaient au passé. ⇒ Rapporter (se), viser.
2 Si les hommes ne peuvent pas se référer à une valeur commune, reconnue par tous en chacun, alors l'homme est incompréhensible à l'homme.
Camus, l'Homme révolté, p. 39.
♦ Math. Prendre pour système de référence. — Ling. Avoir pour référent.
3 V. tr. indir. || En référer à : faire rapport, en appeler à. ⇒ Compromettre. || En référer au juge. || Il en sera référé. — En référer à son chef, à un supérieur, lui rapporter et lui soumettre la chose, en lui laissant le soin de décider. — Ling. || Référer à : avoir pour référent.
3 (…) en aucun tribunal, à cette époque, le Parquet n'eût accueilli sans un long examen, et sans peut-être en référer au Procureur-Général, une plainte en faux contre le fils aîné de l'une des plus nobles familles du royaume.
Balzac, le Cabinet des antiques, Pl., t. IV, p. 438.
4 (…) j'ai longuement hésité si je n'en référerais pas à l'Autorité directoriale de ce cas tout particulier (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 3e tableau, I.
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II (Angl. to refer). || Référer à… : renvoyer à (la réalité)…, en tant que signe. ⇒ Référence II., référent. — La forme se référer à… est plus normale.
Encyclopédie Universelle. 2012.