remordre [ r(ə)mɔrdr ] v. tr. <conjug. : 41> ♦ Mordre de nouveau. Remordre à l'hameçon.
♢ Fig. Il ne veut plus remordre au travail, s'y remettre.
● remordre verbe transitif Mordre de nouveau : Se faire remordre par un chien.
⇒REMORDRE, verbe trans.
A. — Empl. trans. dir.
1. Mordre de nouveau. Son chien l'a mordu et remordu:
• Oui! Grande mer de délires douée (...)
Hydre absolue, ivre de ta chair bleue,
Qui te remords l'étincelante queue
Dans un tumulte au silence pareil...
VALÉRY, Charmes, 1922, p. 151.
— GRAV. ,,Exposer une deuxième fois, à l'action de l'acide, une planche métallique afin d'accentuer les traits déjà creusés ou d'en creuser de nouveaux`` (MAIRE, Manuel biblioth., 1896, p. 309).
2. Au fig.
a) Vieilli
— Causer une douleur morale par de vifs reproches. Sa conscience le remord sans cesse. Rien ne nous semble si beau, et ne nous remord si amèrement que les occasions manquées! (VALÉRY, Eupalinos, 1923, p. 130). Les dédains d'antan remordent ici-bas l'âme d'Alcimadure qui fut si dédaigneuse sur la terre (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 48).
— Attaquer de nouveau. Ce régiment a tant souffert de l'attaque de la contrescarpe, qu'on n'a pu l'obliger à remordre (Ac. 1798-1878). Ce chien a été si maltraité, qu'il ne veut plus remordre (LITTRÉ).
b) Être remordu de/par qqc. Être repris par. Un peintre, un nommé Delort (...) est remordu du désir de se battre (GONCOURT, Journal, 1885, p. 509). Il avait été remordu par l'idée de ce fusil ne servant plus à rien, tandis qu'il aurait eu maintenant tout le temps qu'il fallait pour s'en servir (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 147).
— P. métaph. Le serpent de la défiance m'a remordu au cœur; non défiance d'autrui, mais de moi-même (AMIEL, Journal, 1866, p. 150).
B. — Empl. trans. indir.
1. Mordre à nouveau à. Remordre à un fruit; remordre à l'hameçon. (Dict. XIXe et XXe s.).
2. Au fig. Remordre à qqc. S'y remettre. Remordre au latin; il ne veut plus remordre au travail. Il n'y veut plus remordre, il a bien de la peine à y remordre (Ac.).
Prononc. et Orth.: [], (il) remord [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Ca 1170 « causer du remords » (Rois, éd. E. R. Curtius, I, 25, p. 51). II. 1. 1538 « mordre de nouveau » (EST.); 2. 1690 fig. remordre à l'hameçon « se remettre à un travail dont on est dégoûté » (FUR.). I du lat. remordere « fig. mordre à son tour », « ronger du remords ». II dér. de mordre; préf. re-.
remordre [ʀ(ə)mɔʀdʀ] v. tr.
ÉTYM. 1170; de re-, et mordre.
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I V. tr. Vx. Faire souffrir par un vif reproche de conscience, causer du remords à.
1 Songe à souffrir pour moi, si rien ne te remord.
Corneille, Imitation de J.-C., III, 4622.
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II (V. 1530).
1 V. tr. Mordre de nouveau.
2 Hydre absolue, ivre de ta chair bleue,
Qui te remords l'étincelante queue.
Valéry, Poésies, « Charmes », Cimet. marin.
♦ Gravure. Faire subir de nouveau l'action de l'acide à, pour accentuer les tailles. || Remordre une planche.
2 V. tr. ind. (1538). || Remordre à l'hameçon. Fig. || Il ne veut plus remordre au travail, s'y remettre.
3 Comme un petit enfant (…) l'homme qui dort avec un grand soupir remord à la terre profonde (…) c'est l'heure où la terre donne à boire et nul de ses enfants en vain ne s'est repris à son sein libéral (…)
Claudel, Connaissance de l'Est, p. 72.
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DÉR. Remords.
Encyclopédie Universelle. 2012.