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river

river [ rive ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1170; de rive « bord »
1Attacher solidement et étroitement, au moyen de pièces de métal. enchaîner. « C'est ainsi qu'ils croupissaient ensemble, rivés au même fer » (A. Daudet).
Fig. Assujettir, attacher. « On eût dit qu'un lien invisible et tout-puissant les rivait l'un à l'autre » (Pergaud). Au p. p. ÊTRE RIVÉ, immobilisé, fixé. Il est rivé à son travail, il ne le quitte jamais. Rester rivé sur place. « Ces yeux méchants rivés sur lui » (F. Mauriac).
2(XIIIe) River un clou, une pointe, en recourber l'extrémité en la rabattant sur le bord de la pièce assujettie. — Loc. Fig. RIVER SON CLOU à qqn,le réduire au silence par une critique, une réponse (cf. Clouer le bec).
Par ext. Fixer, assujettir par des clous que l'on rive, par des rivets. riveter. River deux plaques de tôles, les assembler par rivets.

river verbe transitif (de rive) Rabattre et aplatir la pointe d'un clou, d'un rivet, etc., sur l'autre côté de l'objet qu'il traverse. Assembler deux ou plusieurs éléments par écrasement d'une partie de l'un d'eux dans une partie adéquate de l'autre. Assembler au moyen de rivets. Littéraire. Attacher étroitement quelqu'un à quelque chose, à un lieu, à un groupe : Tout cela l'avait rivé à son village.river (expressions) verbe transitif (de rive) Familier. River son clou, le clou à quelqu'un, le réduire au silence par une réplique péremptoire. ● river (homonymes) verbe transitif (de rive) rivet nom masculinriver (synonymes) verbe transitif (de rive) Assembler au moyen de rivets.
Synonymes :
- riveter
Littéraire. Attacher étroitement quelqu'un à quelque chose, à un lieu, à un...
Synonymes :
- coller
- enchaîner
- ficher (littéraire)

river
v. tr.
d1./d Assujettir (un rivet, une pièce métallique oblongue) par matage.
|| River un clou, en rabattre la pointe sur l'objet traversé.
Loc. fig. River son clou à qqn, le faire taire par un argument irréfutable.
d2./d Riveter. River des tôles.
|| Fig. Immobiliser. La maladie l'a rivé au lit.

⇒RIVER, verbe trans.
A. — 1. Aplatir la pointe d'un clou en la rabattant sur la surface qu'elle traverse. On ne peut arracher ce clou, il est rivé (Ac. 1935). L'habileté des ouvriers de cette époque qui arrivaient à enfoncer des clous et à les river sans abîmer leurs délicates ciselures (FILLON, Serrurier, 1942, p. 13). Empl. pronom. à sens passif. De courtes pointes en fil d'acier bleu, minces et aiguës comme des épines (...). On les emploie parce qu'elles se rivent aisément (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 212).
Loc. verb.
River en goutte de suif. ,,Façonner avec le marteau appelé rivoir, l'extrémité d'une cheville en tête de champignon`` (CHABAT t. 2 1876).
Au fig. River le clou à qqn.
2. Assembler deux ou plusieurs éléments par écrasement d'une partie de l'un dans une partie appropriée de l'autre. River les anneaux d'une chaîne. Enfin, à la dernière scène, il était dans la cour de Bicêtre, parmi soixante forçats, et attendait son tour pour aller faire river ses fers (BALZAC, Melmoth, 1835, p. 347).
[P. méton. de l'obj.] Les chaînes, ces bras pendants, et les carcans, ces mains ouvertes, prenaient ces misérables [condamnés aux galères] par le cou. On les rivait, et on les laissait là (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 202).
Au fig., littér. River les fers de qqn. Rendre son esclavage plus assuré, plus durable. (Ds Ac.). Et vous rivez les fers, quand l'homme est asservi (PÉGUY, Ève, 1913, p. 740).
3. Assujettir par des rivets ou des pièces de métal. Synon. riveter. Les tôles ne sont pas rivées, mais soudées (CHAPELAIN, Techn. automob., 1956, p. 290).
P. ext. Fixer à demeure. Il lui passa autour des reins une large et épaisse ceinture de fer, fixée par une chaîne à trois immenses anneaux rivés dans le mur (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 795).
P. anal., surtout au part. passé. Appuyé sur un coude, sa pipe blanche rivée au coin de sa grande bouche mobile (MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p. LXVII).
B. — 1. Au fig., surtout au passif. Fixer, attacher étroitement quelqu'un à quelqu'un ou à quelque chose. Synon. enchaîner. Être rivé à son travail, sur place. L'absurde dépend autant de l'homme que du monde. Il est pour le moment leur seul lien. Il les scelle l'un à l'autre comme la haine seule peut river les êtres (CAMUS, Sisyphe, 1942, p. 37). Je trouvais gênant que des époux fussent rivés l'un à l'autre par des contraintes matérielles: le seul lien entre des gens qui s'aiment aurait dû être l'amour (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 325).
2. Au part. passé. Rivé à, sur. Fixé à, sur. Je suis resté dix minutes les pieds sur le bord du trottoir, les yeux rivés à cette croisée (COURTELINE, Boubouroche, 1893, II, 2, p. 61).
Prononc. et Orth.:[], (il) rive []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1165 « attacher solidement (une personne) au moyen de chaînes, de fers » (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 29914 ds T.-L.: Là fu si fort emprisonez E en si forz buies rivez); 1269-78 (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 19243: sera pris e mis en fer, Rivez en aneaus pardurables); 2. ca 1200 « aplatir la pointe d'un clou de manière à la rabattre sur le bord de l'élément où il est fiché » (RAIMBERT DE PARIS, Ogier le Danois, 8555 ds T.-L.: Si li leva tres tos les quatre piés [de son destrier] Là où n'ot clau, li bers li a fichié, Si l'a defors rivé et reploié); fin XVe s. fig. river le clou (à qqn) « lui répliquer vertement » (COMMYNES, Mém., éd. J. Calmette, t. 2, p. 80); 3. 1433, août-nov. « fixer, assujettir par des clous que l'on rive » (doc. Arch. Tournai ds GDF. Compl.: avoir rivé et tempré .XVIII. paires d'estenelles); 4. river une chaîne, v. empl. fig. infra B 3. B. Fig. 1. Ca 1270 « maintenir fermement, maîtriser (?) » (RUTEBEUF, Ste Marie l'Égyptienne, 578 ds Œuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 2, p. 38: Zozimas, moult as estrivé Et moult as ton cuer fors [lire: fort?] rivé; v. la note de l'éd.); 2. 1721 « attacher fermement (une personne) » (MONTESQUIEU, Lettres persanes, XXXIV ds Œuvres, éd. R. Caillois, t. 1, p. 181: [l'eunuque] rivé [...] à la porte où il est attaché); 3. 1751 river les chaînes (de qqn) « le rendre dépendant » (Abbé PRÉVOST, Lettres angloises, t. 3, p. 136). Dér. de rive pris au sens de « bord », le clou étant rabattu au marteau sur les bords de l'élément qu'il traverse; dés. -er; à rapprocher du terme dial. river « replier sous le matelas les couvertures d'un lit » (Normandie, Centre, FEW t. 10, p. 412a et 414a, note 28), dér. de rive au sens de « bord d'un lit ». Fréq. abs. littér.:379. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 252, b) 681; XXe s.: a) 642, b) 641.
DÉR. 1. Riveur, -euse, subst. a) Subst. masc. Ouvrier qui pose des rivets, qui fait des assemblages par rivetage. Synon. riveteur (dér. s.v. riveter). Riveur de charpente en fer, de chaudières, de coques de navires. Une équipe (...) comprenant un riveur, un ou deux frappeurs (...) peut poser à la main 200 rivets de 16 [mm] (...) en dix heures de travail (CHAMPLY, Nouv. encyclop. prat., t. 1, 1927, p. 192). En partic. Riveur en maroquinerie. ,,Ouvrier spécialisé dans le montage des fermoirs sur des sacs et la pose des clapets, (...) initiales, etc.`` (Mét. 1955). b) Subst. fém. Machine à river. Synon. riveteuse (dér. s.v. riveter). En principe, la riveuse hydraulique se compose d'une mâchoire dont les deux parties se rapprochent par le jeu d'un piston hydraulique (CRONEAU, Constr. nav. guerre, t. 1, 1892, p. 75). [], fém. [-ø:z]. 1res attest. a) 1507-11 [date de l'impression] masc. « ouvrier qui rive » (DIGULLEVILLE, Trois pelerin., fol. 39a, impr. Institut ds GDF. [texte qui modifie les vers 4040-42 de l'éd. J. J. Stüzinger]), 1877 fém. (Gaz. des trib., 8-9 oct., p. 977, 2e col. ds LITTRÉ Suppl. Add.); b) 1890 fém. « machine servant à river » (F. LAUR, Les Mines et usines en 1889, p. 346); de river, suff. -eur2. 2. Rivoir, subst. masc. a) Rivoir (ou rivois). Marteau dont on se sert pour river. En appos. On peut river entièrement à la main: les outils employés dans ce cas sont: le tas (...), le marteau rivoir pour forger la deuxième tête (GORGEU, Machines-outils, 1928, p. 51). b) Rivoir, subst. masc., rivoire, subst. fém. Machine à river. (Ds Lar. Lang. fr., Hachette 1980, ROB. 1985). []. 1res attest. a) 1769 rivois « petit marteau servant à river » (Encyclop., Pl., t. 7, pl. 6, fig. 3), 1923 rivoir (BOISTE), b) 1904 id. « machine à river » (Nouv. Lar. ill.); de river, suff. -oir altéré en -ois pour [-oi], le -r étant autrefois muet dans qq. subst. polysyllabiques en -oir (NYROP t. 1, § 364, 5 °).

river [ʀive] v. tr.
ÉTYM. V. 1160; dér. de rive (II.), au sens fig. de « bord », selon Wartburg, qui écarte le moyen néerl. wrîven, et le provençal ribar; le premier emploi du mot pourrait aussi être une métaphore du bateau attaché à la rive. REM. Un autre verbe river « aborder », dér. de rive, I., a existé en anc. français.
1 Attacher solidement et étroitement, au moyen de pièces de métal. Enchaîner, lier. || River un bagnard, un galérien à sa chaîne (→ Galère, cit. 5).Au p. p. || Rivés au même fer (→ Croupir, cit. 3).
1 Il connaissait bien déjà ce lendemain inévitable des grandes nuits de plaisir : être rivé à la barre par une boucle, pour des jours entiers !
Loti, Mon frère Yves, VI.
(XIVe). || River les anneaux d'une chaîne. || La chaîne rivée à la manille (2. Manille, cit.).(Fin XVIIIe). Fig., vx. || River les fers, les chaînes de qqn, rendre son esclavage plus assuré (Académie, 1835, Bescherelle, Littré).
2 (XIIIe). Techn. a Recourber ou aplatir la pointe d'un clou, de manière à la rabattre sur le bord de la pièce qu'il traverse. || Outil pour river. Rivoir.
Loc. fig. (Commynes, in Littré). River son clou à qqn : faire en sorte de le réduire au silence (par une critique, une réponse. Répondre). Cf. Clouer le bec à…
2 Vous avez fort bien fait de lui river son clou.
C'est bien à faire à lui de vous appeler fou;
Et vous deviez encor lui mieux laver la tête.
J.-F. Regnard, le Distrait, IV, 7.
2.1 Il serait dur de la décourager. « Et pourtant, j'en ai le devoir. Il faut lui river son clou, une fois pour toutes ».
F. Mallet-Joris, le Jeu du souterrain, p. 268.
b Fixer, assujettir par des clous (des chevilles, des goupilles…) que l'on rive; par des rivets. Riveter. || River deux plaques de tôle, les assembler par rivets (après avoir foré des trous), et mater (2. Mater) l'assemblage.
Par métaphore. || « Il y a des choses qu'il faut river dans la tête des hommes à coups redoublés », enfoncer (Voltaire, in Littré).
3 (1721). Fig. Assujettir, attacher; immobiliser. || Un lien invisible et tout-puissant les rivait l'un à l'autre (→ Puissant, cit. 2).
3 (…) jamais il ne s'était senti davantage le prisonnier de sa terre, chaque jour l'argent engagé, le travail dépensé l'y avaient rivé d'une chaîne plus courte.
Zola, la Terre, V, IV.
Passif et p. p. || Être rivé : être immobilisé, fixé. || Il est rivé à son travail. || Rester rivé sur place. || Nos souvenirs rivés aux lieux… (→ Casanier, cit. 2). — ☑ Le regard, l'œil rivé sur… (→ Quand, cit. 6), fixé.Avoir l'espérance rivée au corps, chevillée.
4 (…) rien n'éteindrait ces yeux méchants rivés sur lui qui le rendaient conscient à la fois de sa maigreur, de ses genoux sales, de ses chaussettes retombées (…)
F. Mauriac, le Sagouin, p. 97.
5 (…) pour consentir à une chose pareille, il faut avoir l'amitié vraiment rivée au corps (…)
J. Romains, Volpone, II, I, V.
DÉR. Rivet, riveur, riveuse, rivoir, rivure.

Encyclopédie Universelle. 2012.