transfiguration [ trɑ̃sfigyrasjɔ̃ ] n. f.
• 1265; lat. transfiguratio
1 ♦ Relig. chrét. Changement miraculeux dans l'apparence du Christ transfiguré. Fête de la Transfiguration (6 août).
2 ♦ Action de transfigurer, état de ce qui est transfiguré. « À partir de ce moment [...] il fut un autre homme. Ce fut plus qu'une transformation, ce fut une transfiguration » (Hugo).
● transfiguration nom féminin (latin transfiguratio) Littéraire. Changement d'une figure, d'une forme, d'un aspect en un autre : Cette réussite a opéré chez lui une véritable transfiguration. ● transfiguration (citations) nom féminin (latin transfiguratio) Emmanuel Mounier Grenoble 1905-Châtenay-Malabry 1950 Toute révolution qui ne s'accompagnera pas d'une transfiguration mourra de sa mort. Intervention à l'Union pour la Vérité, in revue Esprit avril 1933 ● transfiguration (expressions) nom féminin (latin transfiguratio) Transfiguration de Jésus-Christ, épisode symbolique de la vie de Jésus, où le Christ apparaît à trois de ses apôtres, Pierre, Jacques et Jean, dans l'éclat de sa divinité ; fête célébrée le 6 août ; représentation de cet épisode. (Une tradition ancienne place la scène de la Transfiguration sur le mont Thabor.)
transfiguration
n. f.
d1./d Action de transfigurer; son résultat.
d2./d RELIG (Avec une majuscule.) Forme glorieuse sous laquelle Jésus apparut à trois apôtres sur le mont Thabor.
⇒TRANSFIGURATION, subst. fém.
A. — RELIG. CHRÉT.
1. Changement d'apparence du Christ qui se montra revêtu de gloire à trois de ses disciples sur le mont Thabor; état du Christ ainsi transfiguré. La transfiguration du Seigneur. Au Thabor, qui vit la transfiguration et où Pierre dit: « Maître, nous sommes bien sur cette montagne; dressons-y trois tentes » (CHATEAUBR., Mém., t. 2,1848, p. 352). Pierre, Jacques et Jean ont vu la transfiguration, ils ont vu Moïse et Élie ressuscités, et en descendant ils se demandent ce que cela veut dire de ressusciter d'entre les morts (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1917, p. 303).
2. P. méton. [Gén. avec une majuscule] Épisode de la vie du Christ au cours duquel il fut transfiguré. Jour, récit de la Transfiguration. Nous n'avons parcouru encore que la moitié du chemin qui mène à la montagne de la Transfiguration. Nous ne nous sommes occupés, jusqu'ici, que de la portion active de nos vies (TEILHARD DE CH., Milieu divin, 1955, p. 63).
♦ Fête de la Transfiguration ou, p. ell., Transfiguration. Fête commémorant cet événement le 6 août. Les moines Maronites célèbrent une messe solemnelle le jour de la Transfiguration (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 414).
— BEAUX ARTS. Tableau, œuvre d'art représentant la transfiguration du Christ. La Transfiguration de Raphaël. Un moment, l'image du petit possédé de la Transfiguration la traversa de son épouvante: elle vit sa bouche à son enfant! (GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 132).
3. P. anal.
a) Transformation du corps après la résurrection. Image de leur transformation présente par la nouvelle naissance, la transfiguration du Sauveur est encore l'image et le gage de la transfiguration future de ses rachetés (MONOD, Sermons, 1911, p. 284).
b) Au fig. Transformation spirituelle du chrétien par le Christ. Notre défaite apparente et sa transfiguration: avec Dieu comme allié, nous sommes assurés de toujours sauver notre âme (TEILHARD DE CH., Milieu divin, 1955, p. 87).
B. — Action de transfigurer, d'être transfiguré.
1. Transformation d'une personne humaine dont la physionomie, l'expression prennent un éclat, un rayonnement inhabituel. Transfiguration par l'amour; opérer, subir une transfiguration. Elle avait étonné ses intimes par sa transfiguration dans le rôle de Martha, en y faisant jaillir la fougue de passion qu'on attendait si peu de cette fine vierge de missel (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 155). C'était moins un sourire qu'une transfiguration. Tout à coup ses traits s'animèrent; ce fut comme un éclairement subit (GIDE, Symph. pastor., 1919, p. 889).
2. Transformation d'un inanimé qui prend une apparence supérieure, qui est vu sous un jour surnaturel ou nouveau. Transfiguration du monde, de la nature, de la réalité. Une autre fois, je soignerai un peu ma copie en parlant, pour justifier au moins un peu la magnifique transfiguration que vous lui faites subir (VILLIERS DE L'I.-A., Corresp., 1885, p. 82). Nous aspirons à cette transfiguration du quotidien que célèbre Inès dans La reine morte de Montherlant: « C'est toujours la même chose et il me semble que c'est toujours la première fois (...) » (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 299).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1231 « forme glorieuse sous laquelle Jésus-Christ parut à ses disciples au Mont Thabor » (ERNOUL, Estat de la cité de Jerus. ds GDF. Compl.); b) 1690 « fête religieuse » (FUR.); 2. 1834 « action de transfigurer, état de ce qui est transfiguré » (BALZAC, E. Grandet, p. 206). Empr. au lat. transfiguratio « métamorphose, transformation ». Fréq. abs. littér.:193. Bbg. RENSON 1962, pp. 384-385.
transfiguration [tʀɑ̃sfigyʀɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1265; du lat. transfiguratio, du supin de transfigurare. → Transfigurer.
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1 Relig. Changement miraculeux dans l'apparence du Christ transfiguré. || Fête de la Transfiguration. Par métonymie. || La Transfiguration de Raphaël, le tableau de Raphaël représentant la Transfiguration (→ Sulpicien, cit. 1). — Mort et transfiguration, poème symphonique de Richard Strauss.
2 (Mil. XIXe). Action de transfigurer, état de ce qui est transfiguré. || C'était moins un sourire qu'une transfiguration (→ Animer, cit. 35).
1 À partir de ce moment, on l'a vu, il fut un autre homme. Ce que l'évêque avait voulu faire de lui, il l'exécuta. Ce fut plus qu'une transformation, ce fut une transfiguration.
Hugo, les Misérables, I, VII, III.
2 (…) expliquer comment, par un simple coup de baguette de cette miraculeuse fée : la bonté, il arriva, instantanément que c'en fut fini du souvenir de mes humiliations passées, et que je conçus tous les devoirs auxquels m'astreignait cette dignité d'être humain, enfin conférée, je ne le puis… Ce que je puis dire, c'est que, véritablement, je connus la magie de la transfiguration… Non seulement le miroir attesta que j'étais devenue subitement plus belle, mais mon cœur me cria que j'étais réellement meilleure…
O. Mirbeau, le Journal d'une femme de chambre, p. 142.
3 (…) d'où ce style qu'il est impossible de comprendre aussi longtemps qu'on veut voir en lui une poursuite du réel, car il est toujours une recherche de la transfiguration.
Malraux, les Voix du silence, p. 210.
Encyclopédie Universelle. 2012.