vous [ vu ] pron. pers. ♦ Pronom personnel de la deuxième personne du pluriel (réel ou de politesse). REM. Vous peut être sujet (comme tu), apposition ou attribut (comme toi) et complément direct ou indirect (comme te, toi).
1 ♦ (Plur.) Représente un groupe de personnes dont le locuteur est exclu. « Ceux que vous oubliez ne vous oublieront pas » (Hugo). Elle et toi, vous resterez. — (Avec prép.) « Soldats, je suis content de vous » (Bonaparte). Entre vous, parmi vous.
♢ Dans un verbe pronominal (réfl., récipr.) Je crois que vous vous connaissez. — « Pour un mot quelquefois vous vous étranglez tous » (La Fontaine).
2 ♦ Sing. (remplaçant tu, toi, dans le vouvoiement) S'il vous plaît. « Je viens à vous, Seigneur, père auquel il faut croire » (Hugo). Il ne tient qu'à vous. Vous semblez pressé. — Loc. De vous à moi. Eux ont accepté, vous pas (ou pas vous). Si j'étais vous... : à votre place. — Répété « Vous êtes seul, vous, vous pouvez vous serrer le ventre » (Balzac). Vous, je vous retrouverai !
♢ (Renforcé) VOUS-MÊME(S). « Messieurs, tirez vous-mêmes » (Taine). Vous devriez lui en parler vous-même. — VOUS AUTRES. — VOUS DEUX, VOUS TROIS... À vous deux, vous y arriverez bien.
3 ♦ (Indéf.) Remplace on, en fonction de complément. « Enfin “vous”... je veux dire tout le monde, tous les gens comme moi » (Sarraute). « Les gens qui vous refusent les choses qu'on désire, vous en donnent d'autres » (Proust).
♢ (Explétif pour renforcer un verbe) « Ce Lenoir, avec ses stupides bavardages vous compromettait n'importe qui » (Aragon) (⇒ me, te) .
4 ♦ (Nominal) Dire vous à qqn. ⇒ vouvoyer. « Tu me dis “vous” tout d'un coup » (Maurois). Employer le vous en parlant à ses parents. « le vous ne perd jamais tout à fait son sens pluriel. Si je dis vous à quelqu'un, j'entends m'adresser à travers lui à sa famille, son clan, sa nation » (Tournier).
● vous pronom personnel de la deuxième personne du pluriel des deux genres (latin vos) Représente un groupe de personnes à qui l'on s'adresse ou bien la personne à qui l'on s'adresse et une ou plusieurs autres personnes constituant avec elle un groupe ; forme atone avant le verbe, il peut être sujet, objet direct, indirect : Vous êtes mes amis. Je vous vois. Je vous parle (vous, complément d'un impératif affirmatif, se place après le verbe auquel il est joint par un trait d'union : Taisez-vous) ; forme accentuée, il peut être apposé (emphase), complément après une préposition, attribut du sujet, sujet inversé : Nous irons avec vous. C'est vous. Resterez-vous longtemps ? Représente la personne à qui l'on parle dans l'emploi dit de politesse, en dehors des relations familiales ou de camaraderie où on emploie tu (le verbe est au pluriel, mais le participe, l'attribut ou l'apposition sont au singulier : Vous êtes arrivée). S'emploie en apostrophe : Vous, là-bas, venez ici ! S'emploie comme objet indirect fictif pour intéresser le lecteur ou l'auditeur à l'action racontée : Et ces chenapans vous le mettent en pièces en deux temps, trois mouvements. Représente comme complément une ou des personnes indéterminées : Ce monument a un air de grandeur qui vous ravit. Peut être renforcé par même, auquel il est lié par un trait d'union, ou autre : Faites le vous-même, vous autres les artistes. ● vous (citations) pronom personnel de la deuxième personne du pluriel des deux genres (latin vos) Marie de France 1154-1189 Mais si l'on veut les séparer, Le coudrier meurt promptement, Le chèvrefeuille mêmement. Belle amie, ainsi est de nous ; Ni vous sans moi ni moi sans vous. Lais, Lai du chèvrefeuille Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 Et Phèdre au Labyrinthe avec vous descendue Se serait avec vous retrouvée, ou perdue. Phèdre, II, 5, Phèdre Petrus Augustus De Genestet Amsterdam 1829-Rozendaal 1861 « Soyez vous-même ! » dis-je à quelqu'un ; mais il ne le pouvait : il n'était personne. Individualités ● vous (difficultés) pronom personnel de la deuxième personne du pluriel des deux genres (latin vos) Accord 1. Quand vous représente une seule personne (vous de courtoisie), l'accord du participe et de l'adjectif se fait au singulier : madame, je vous ai rencontrée le mois dernier ; vous êtes très beau dans ce costume ; vous seule, chère amie, savez ce qu'il lui faut. 2. Vous-même, vous-mêmes. On écrit vous-même, au singulier, lorsque l'on s'adresse à une seule personne (vous avez vous-même demandé ces responsabilités) et vous-mêmes, au pluriel, lorsque l'on s'adresse à plusieurs : vous avez vous-mêmes, chers amis, évoqué cette question. 3. Certains d'entre vous, la plupart d'entre vous, etc. Vous est en fonction de complément dans des expressions telles que certains d'entre vous, la plupart d'entre vous, etc. L'accord du verbe se fait à la 3e personne : certains d'entre vous ont été admis (et non certains d'entre vous avez été admis). De même pour quelques-uns d'entre vous, combien d'entre vous, beaucoup d'entre vous, etc. Emploi Vous reprend, en fonction de complément, le pronom on déjà exprimé en fonction de sujet lorsque celui-ci a valeur d'indéfini : on ne saurait refuser une occasion qui s'offre ainsi à vous. Lorsque on est mis pour nous, il est repris par nous en fonction de complément : on le rencontrera s'il veut bien nous recevoir. Registre 1. C'est à vous que je parle / à qui je parle. On dit aujourd'hui c'est à vous que je parle. C'est à vous à qui je parle, courant à l'époque classique, appartient aujourd'hui au registre soutenu, de même que c'est vous à qui je parle. 2. Si j'étais vous / de vous / que de vous. On dit aujourd'hui si j'étais vous. Si j'étais de vous est vieilli, si j'étais que de vous est sorti de l'usage. 3. C'est à vous à /c'est à vous de. → à ● vous (homonymes) pronom personnel de la deuxième personne du pluriel des deux genres (latin vos) voue forme conjuguée du verbe vouer vouent forme conjuguée du verbe vouer voues forme conjuguée du verbe vouer
vous
Pron. et n. m.
rI./r Pron. pers. unique de la deuxième personne du pluriel.
d1./d (Pour s'adresser à plusieurs personnes ou à une seule personne que l'on vouvoie.) Amis, m'entendez-vous? Devant vous tous. Vous, Pierre, vous resterez ici.
|| Vous-même, vous-mêmes (désignant expressément une ou plusieurs personnes). Vous jugerez vous-même.
|| Loc. De vous à moi: confidentiellement.
d2./d (Emploi explétif, dans une phrase narrative.) "On lui lia les pieds, on vous le suspendit" (La Fontaine).
d3./d (Avec le sens de on.) Elle est si belle que vous l'admirerez.
rII./r n. m. Le vous de politesse.
⇒VOUS, pron. pers.
I. — Pron. pers. de la 2e pers. du plur. ou du sing. (forme de politesse)
A. — Valeurs sém.
1. [Vous, pron. pers. du plur., additionne une 2e pers. et une pers. autre que la 1re]
a) [Vous est une somme de 2es pers.]
— [Chacune des pers. composant le groupe est déterminée individuellement et chacune d'elle est un interlocuteur: vous = tu (vous de politesse) + tu (vous de politesse) + tu (vous de politesse)] Cette population grouillante, crasseuse, prolifique et sordide qui a été maintes fois décrite sur le mode tragique et comique, ô amis Tharaud, qu'attendez-vous pour lui rendre visite? (MORAND, New-York, 1930, p. 83):
• ... quand Laure arriva au premier étage, le petit Raphaël passa la tête par la porte de la chambre d'enfants. — Vous êtes là, dit-elle, stupéfaite qu'on eût laissé les trois petits dans cette maison.
DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 200.
— [Le groupe, déterminé collectivement, peut toujours inclure une nouvelle pers.; chaque membre du groupe est un interlocuteur possible] Il disait aux paysans: « Vous êtes menacés du retour des dîmes, des privilèges, des droits féodaux. Je viens vous arracher à la glèbe et au servage... » (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 146). À la classe ouvrière comme à la classe bourgeoise ils ont dit: organisez-vous, devenez les plus forts, emparez-vous du pouvoir ou efforcez-vous de le garder si vous l'avez déjà (BENDA, Trahis. clercs, 1927, p. 142).
♦ [À la limite, vous peut représenter tout le genre humain] Je n'ai pas cessé de tremper dans votre cœur à vous, les hommes (JOUVE, Trag., 1922, p. 86).
b) [Vous est une somme de 2e(s) et de 3e(s) pers.; les pers. sont déterminées individuellement et sont toutes concernées par le procès mais elles ne jouent pas nécessairement le rôle d'interlocuteur; il suffit qu'il y en ait une: vous = tu (vous de politesse) + il] Mêlant à la vanité du logicien qui croit avoir pleinement raison le despotisme du maître qui ne souffre pas qu'on lui résiste, il prit le premier la parole, et dit d'un ton brusque: « Je veux que vous croyiez cela, toi et les autres docteurs de l'église » (THIERRY, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 310). Je veux que vous sachiez, toi, ton fils, ta fille, ton gendre, tes petits- enfants, quel était cet homme qui vivait seul en face de votre groupe serré (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 19).
— En partic. [Lorsqu'un homme s'adresse à une femme, vous peut désigner toutes les femmes; lorsqu'une femme s'adresse à un homme, vous peut représenter tous les hommes; on considère un trait de la personnalité de l'interlocuteur pour l'appliquer à tous ceux de son sexe: vous = tu (vous de politesse) + ils/elles (les hommes/les femmes)] Le sentiment est quelque chose qui nous appartient [à nous les femmes] que vous ne comprenez pas bien, vous autres, car il vous obscurcit tandis qu'il nous éclaire (MAUPASS., Notre cœur, 1890, p. 28 ds SANDF. t. 1 1965,32).
2. [Vous, forme allocutive de politesse, fonctionne comme nom.]
a) [Vous = tu déterminé]
— [Vous désigne la pers. à laquelle on s'adresse] « Vous êtes un monstre! » dit-elle à Jacques comme il refermait ses bras autour d'elle (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 36). Entrez, dit-elle. Vous êtes mon oncle Van Bergen (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 9).
— [Vous = Dieu] Seigneur, je viens à vous comme un enfant; comme l'enfant que vous voulez que je devienne, comme l'enfant que devient celui qui s'abandonne à vous (GIDE, Journal, 1916-19, p. 588). Un mot de sa mère lui revint (...). — Oh! mon Dieu, s'il n'y avait pas Vous! Il s'entendit murmurer presque à voix haute: « S'il y a Lui, il est bien caché » (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 314).
Rem. Dans les nouv. formules liturg. on emploie de préférence tu.
— [Le passage de tu à vous peut marquer différentes nuances de sentiment, comme l'ironie, la plaisanterie ou le respect] — Mais, maman, j'ai peur aussi, moi. — Comment? répond madame Lepic, un grand gars comme toi! c'est pour rire. Dépêchez-vous, s'il te plaît! (RENARD, Poil Carotte, 1894, p. 2). Ah! tu es sémina... Tiens!... Tiens!... (Un silence). Ainsi vous êtes un sac-au-dos? (LAVEDAN, Beaux dimanches, 1898, p. 151ds SANDF. t. 1 1965, § 23).
b) [Vous désigne l'auditeur ou le lecteur et équivaut à tu indéterminé] Et c'est d'après cette liaison des angles, que je voudrais comprendre, moi, et que vous devez comprendre, vous, comment les trois angles d'un triangle font toujours ensemble un angle plat (ALAIN, Propos, 1922, p. 359). Allô, allô, avant de vous donner les résultats définitifs des élections législatives, nous allons vous transmettre les cours de clôture de la bourse de Madrid (CAMUS, Révolte Asturies, 1936, I, 2, p. 405).
c) [Avec valeur indéf.; on prend à témoin un interlocuteur réel ou fictif qui pourrait bien, à l'occasion, faire l'expérience lui-même de ce dont on lui fait part]
— [À la différence de on qui concerne le moi anonyme, vous concerne directement l'interlocuteur, même fictif, pris pour exemple; c'est le vous de généralité, les indices de généralité devant apparaître dans le cont.: prés. de l'ind. ou gnomique, forme impers.] Porter la boutonnière trop jeune vous déconsidère dans la Ville Basse (MORAND, New-York, 1930, p. 57). C'est une espèce de poussière. Vous allez et venez sans la voir, vous la respirez, vous la mangez, vous la buvez, et elle est si fine, si ténue qu'elle ne craque même pas sous la dent (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1032).
— [Vous, par son caractère indéf., peut servir de régime à on] Ce village minuscule, il l'eût accepté: après avoir choisi on se contente du hasard de son existence et on peut l'aimer. Il vous borne comme l'amour (SAINT-EXUP., Vol nuit, 1931, p. 82). Les livres, c'est comme les amis, on ne les choisit pas librement. Ils s'imposent à vous (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 386).
B. — Fonctionnement synt.
1. [Vous atone, non prédicatif, en fonction de]
a) [suj.] « Vous êtes une mauvaise nature! » s'écrie parfois Madame (BERNANOS, Mouchette, 1937, p. 1281).
b) [compl. d'obj. dir.] Je vous aime d'avoir été utile par votre beau livre (BARRÈS, Cahiers, t. 12, 1919, p. 12). V. rendez-vous.
c) [Vous, compl. d'obj. indir., avec valeur d'indéf.] Il n'y a pour me rappeler un peu à moi que le thé, le thé divin qui donne la fièvre et qui rend la mémoire; le thé qui vous rend de vieilles images pour vous calmer, de belles images pour vous donner la fièvre (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1905, p. 207). Toute cette vie exotique vous demeure tellement étrangère qu'elle arrive à vous apparaître non plus comme la vie même, mais comme une image, un tableau (THARAUD, Fête arabe, 1912, p. 31).
d) [Vous, compl. d'attrib.] Il vous le rendra. Le joli portefeuille que vous avez là! — Prenez-le, je vous le donne en souvenir (PROUST, Sodome, 1922, p. 738). V. s'il vous plaît.
e) [Vous, datif éthique ou datif d'intérêt; la pers. désignée par vous est parfaitement déterminée; marquant fictivement le datif, vous se borne à souligner l'intérêt ou l'importance qu'a pour cette pers. l'action exprimée par le verbe: c'est un faux datif d'attribution] Et elle vous lui détacha un coup de sabot si terrible, si terrible, que de Pampérigouste même on en vit la fumée, un tourbillon de fumée blonde où voltigeait une plume d'ibis (A. DAUDET, Lettres de mon moulin, Paris, Gallimard, 1984 [1869], p. 80).
2. [Vous tonique, prédicatif]
a) [En fonction d'appos.] Plus tard, avec les cheveux gris, vient l'habitude et avec elle l'indifférence. Alors on ne souffre plus, mais à ce moment, cher ami, croyez-moi, on n'est plus qu'un vieux monsieur. Mais, vous, vous souffrez, n'est-ce pas? (GREEN, Journal, 1935, p. 24).
b) [En prop. ell.] Puis, après une pause qui sembla trop longue, il ajouta, plus bas: « Et vous non plus! » (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 317).
c) [Déterminé par une rel.] Il faisait le tour de ville avec sa cloche: Réveillez-vous, vous qui dormez! Priez pour Jean Clod trépassé (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 11). [Déterminé par une appos.] On dirait bien que vous êtes si raisonnables, vous les hommes! (CLAUDEL, Ours et lune, 1919, p. 593). [Déterminé par même(s), seul, autres, tous, toutes, aussi] Vous autres de France, en généreux hurluberlus, vous êtes toujours les premiers à manifester contre toutes les injustices (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1261). En provoquant en même temps, et d'abord en vous-mêmes, une rénovation de la vie spirituelle et de la vie morale (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 132). [Déterminé par un numéral] Restez tranquilles, vous deux! (SALACROU, Terre ronde, 1938, I, 1, p. 134).
d) [Après prép.] Je m'adresse à vous, parce que mon tigre est superbe et japonais (GONCOURT, Journal, 1885, p. 410). Enseignez-moi à différer, à reculer jusqu'à Vous mon bonheur (GIDE, Porte étr., 1909, p. 583).
e) [Dans diverses loc. ou expr.] De vous à moi. En confidence. « Tout ceci de vous à moi », me dit Bergotte en me quittant devant ma porte (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 572). Chez vous. Là où vous habitez. Votre valet de pied courra chez le grand homme et l'amènera chez vous (ABOUT, Nez notaire, 1862, p. 80). Dire vous. Vouvoyer. Pourquoi ne me dis-tu pas tu comme d'habitude? interrompit la jeune Grecque; ai-je donc commis quelque faute? En ce cas il faut me punir, mais non pas me dire vous (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 719). Garde à vous. V. garde1.
II. — Empl. subst.
A. — [Vous de politesse] Donner du vous. Ici le vous s'échange, et la discussion acquiert un ton aigre de part et d'autre. Votre femme veut bien vous affliger du vous, mais elle se blesse de la réciprocité (BALZAC, Ptes mis., 1846, p. 39). Passer du tu au vous.
B. — [La pers. qui est vous] Vous avez tous une âme qui vous cherche, une pensée qui vous comprend, un autre vous qui est associé de souvenir ou d'intérêt ou d'espérance à votre passé, à votre présent ou à votre avenir (NODIER, Trilby, 1822, p. 148).
REM. Vousaille(s),(Vousaille, Vousailles) pron. pers., pop. Vous. Gavroche haussa les épaules et répondit:— Un môme comme mézig est un orgue, et des orgues comme vousailles sont des mômes (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 184).
Prononc. et Orth.:[vu]. Liaison [vuz-] devant voy. ou h muet: vous êtes jeune []; vous habitez près []. Att. ds Ac. 1694 et dep. 1798. Étymol. et Hist. I. Cas régime A. indir. 1. atone a) représente plusieurs pers. ) précède le verbe 937-952 (Jonas, éd. G. de Poerck, 201: si vos avient qe...); fin Xe s. précédé du pron. pers., cas régime dir. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 83: Que m'en darez vos tradrai? 447); id. placé entre le part. passé et le verbe auxil. (ibid., 466: u mont [...] Que Holivet nummat vos ai); ) suit le verbe 2e moit. Xe s. (St Léger, éd. J. Linskill, 7: Primes didrai vos dels honors; 9); ) fin XIVe s. explétif (FROISSART, Chron., éd. S. Luce et G. Raynaud, II,322, t. 11, p. 23: Ces gens d'armes vous commencerent à reculer ces Flamans); b) représente une seule pers. [plur. de politesse] précède le verbe ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 198: Jo vos cunquis e Noples e Commibles); 2. tonique a) représente une seule pers. ) ca 1050 associé à la particule ez « voici » pour former la loc. présentative associant l'allocutaire à l'action [datif éthique]; annonce un subst. (St Alexis, éd. Chr. Storey, 182: Est vus l'esample par trestut le païs [graph. est, v. note corresp.]); ca 1100 annonce un pron. qui s'intercale entre les deux élém. de la loc. (Roland, 263: as les vus aquisez; 1187); ) id. suit le verbe placé en tête de prop. (ibid., 204: Nuncerent vos cez paroles meïsme); ca 1179 dans la formule consacrée foi que doi vos (Renart, éd. M. Roques, 2124); ) ca 1100 précède le verbe; expr. styl. (Roland, 1866: vos ne dei jo faillir); ) id. après une prép. (ibid., 697: De vos tendrat Espaigne le regnet); b) représente plusieurs pers. fin Xe s. après une prép. (Passion, 263: per vos et per vostres filz Plorez assaz); ca 1165 a vos meïsme (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 3425). B. Dir. 1. atone a) représente une pers. ca 1050 (St Alexis, 109: E! chers amis, si pou vus ai oüt; 483); ca 1100 régime d'un inf. régi par un verbe, précède ce verbe (Roland, 476: En Sarraguce vus vendrat aseger; 521); b) représente plusieurs pers. ) ca 1100 (ibid., 1177: Pur Deu vos pri); ca 1100 régime d'inf. régi par un verbe (ibid., 1864); ) ca 1100 pronom. sens réfl. (ibid., 1176: Seignors baruns, el camp vos retenez!); ca 1100 sens réciproque (ibid., 1741: ne vos cuntralïez!); 2. tonique a) plusieurs pers. ca 1100 suit le verbe placé en tête de phrase (ibid., 1133: Asoldrai vos); ca 1100 id. prop. optative (ibid., 1865: Aït vos Deu!); b) une seule pers. ca 1100 (ibid., 206: Loerent vos alques de legerie); ca 1100 prop. optative (ibid., 2004: veied vus Damnedeu!); ca 1100 prop. impér. réfl. (ibid., 1793: Adubez vos). II. Cas sujet 1. atone a) plusieurs pers. 2e moit. Xe s. (St Léger, 113: vos cio aurez Cum ill edrat por mala fid); ca 1100 (Roland, 336); b) une seule pers.; dans une interr. ca 1100 (ibid., 2000: faites le vos de gred? 2402); 2. tonique a) plusieurs pers. ) fin Xe s. précède l'impér. (Passion, 410: A sos fidels tot annuncaz Mas vos Petdrun no i oblidez); ) 1225-29 précisé par un numéral cardinal vous doi (GERBERT DE MONTREUIL, Violette, éd. D. L. Buffum, 609); b) une seule pers. ) ca 1100 précède l'impér. (Roland, 508: E vos l'i ameneiz); ) id. dans une exclam. (ibid., 1697: E! reis, amis, que vos ici nen estes); ) ca 1100 en coord. (ibid., 260: Ne vos ne il n'i porterez les piez; 881: e jo e vos i irum). III. Empl. nom. 1. 1673 cet autre vous-même (RACINE, Mithridate, III, 5); 2. 1794 (A. VALCOUR, Le Vous et le toi, opéra-vaudeville [titre ds Catal. impr. Bibl. nat., s.v. Plancher de Valcour]). Du lat. vos, pron. pers. 2e pers. du plur., tonique et atone. Relevé à basse époque au plur. de politesse s'adressant au pape (Ve s., SIDOINE APOLLINAIRE ds BLAISE Lat. chrét.). Cet usage s'est développé sur le modèle du nous de majesté. En a. fr. le vouvoiement est répandu entre personnages bien élevés; en règle gén. on vouvoie ceux auxquels on veut manifester sa déférence ou quelques égards: ses supérieurs, les dames, ses pairs; la politesse médiév. n'ayant cependant rien de figé, le tutoiement reste possible s'adressant à ses supérieurs; il est de règle s'adressant à Dieu; dans une même phrase apparaît chez certains aut. l'alternance du tutoiement et du vouvoiement, v. MOIGNET, pp. 262-263. Fréq. abs. littér.:411 759. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 669 714, b) 712 823; XXe s.: a) 548 386, b) 467 929. Bbg. BRYAN (A.-M.). Le Tu et le vous. Fr. R. 1972, t. 45, pp. 1007-1010. — BUSTIN-LEKEY (Fr.). Tutoiement et vouvoiement chez les lycéens fr. Fr. R. 1973, t. 46, pp. 773-782. — CALVET (L.-J.). À tu et à vous. Fr. Monde. 1976, n° 118, pp. 14-18. — GEFFROY (A.). La Désignation socio-politique. Hist. mod. et contemp. et informat. 1984, n° 4, pp. 96-118. — GÖTZFRIED (L.). Zum gebrauch von tu und vous in der Umgangssprache. Neuphilol. Mitt. 1933, t. 4, pp. 44-46. — IBRAHIM (A. H.). Dis-moi vous. Fr. Monde. 1984, n° 186, pp. 89-91. — JUCQUOIS (G.). Variantes socialectiques du syst. pronom. de la deuxième pers. en fr. contemp. Cah. Inst. Ling. Louvain. 1977, t. 4, pp. 115-118. — LAMBERT (W.E.), TUCKER (G.R.). Tu, vous, usted. Rouley, 1976, 228 p. — MALEY (C.A.). Historically speaking, tu or vous Fr. R. 1972, t. 45, pp. 999-1006. — POLGE (H.). Le Tu et le vous. Grammatica. Suppl. 1976, t. 12, pp. 13-32. — SCHOCH (M.). Prob. socioling. des pron. d'allocution: tu et vous. Linguistique Paris. 1978, t. 14, pp. 55-73. — SPITZER (L.). Vous et nous régimes atones de on. Fr. mod. 1940, t. 8, pp. 323-343.
ÉTYM. Xe; du lat. vos.
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♦ Pron. pers. de la deuxième personne du pluriel, réel ou de politesse développé sur le modèle de nous de majesté (selon Bloch-Wartburg).
REM. 1. (Fonction). Vous peut être sujet (comme tu), apposition ou attribut (comme toi), compl. direct ou indirect (comme te, toi).
2. (Sens et valeur). Vous peut représenter un groupe de personnes (précis ou vague) dont le locuteur est exclu, ou une seule personne (→ Tu, toi).
1 (Plur.). Sujet. || « Jeunes amours… vous êtes l'aube (1. Aube, cit. 9) et le matin du cœur ». || Vous n'irez pas. — Attribut. || C'est vous. — Compl. direct. || On vous tond, vous dites merci (→ Mouton, cit. 15). || Vous voici, vous voilà.
REM. Quand vous est juxtaposé à un pronom de la troisième pers., l'accord se fait avec vous. Vous et elle, vous resterez les derniers.
♦ Compl. indirect (sans prép. : « à vous »). || En vérité je vous le dis (→ Livrer, cit. 7). — (Avec prép.). || Malheur à vous (→ Malédiction, cit. 1). || Insensés (cit. 5)… tous vos maux vous viennent de vous. || Soldats, je suis content (cit. 13) de vous. || Quant à vous, les hommes (→ Séance, cit. 5). || Parmi vous (→ Finir, cit. 4). || Entre vous. || De vous. || « En vous voyant (cit. 40), ils sont pleins de vous (…) » || Pour vous tous.
1 Vous êtes papa et maman ! Vous êtes bien vous ! Alors pourquoi faites-vous comme si vous n'étiez pas vous ?
G. Duhamel, les Plaisirs et les Jeux, IV, VII.
2 (Sing., remplaçant tu, toi). Sujet. || Vous dites, vous pensez… (→ Authenticité, cit. 8). || Vous seul, Seigneur, vous seul, vous m'avez arrachée… (→ Attacher, cit. 95). || Vous êtes… (→ Reclore, cit. 2; sergent, cit. 1). || Vous devriez vous marier (cit. 8). || Vous me comblez (→ Maison, cit. 33). || Vous aussi… (cit. 49). — Ni vous, ni moi, nous… (→ Misère, cit. 6). — En interrog. || Savez-vous ?… (→ 1. Savoir, cit. 30 et 31). — Attribut. || Si j'étais vous, de vous… || C'est vous, malhonnête (cit. 4) que vous êtes ! — Compl. direct. || Vous attendre (cit. 23) sous l'orme. || Pour vous servir (→ Quinola, cit.; et aussi atteinte, cit. 1; excepter, cit. 2; force, cit. 73; manant, cit. 5; souhaiter, cit. 1).
REM. Place de vous, complément, avant le verbe, sauf avec un impératif positif. → Nous (I., 3., rem.); te, II. Sauvez-vous (→ Prévenir, cit. 20). Armez-vous d'une loupe (2. Loupe, cit. 4), vous découvrirez… — N. B. Dans la langue classique, avec deux impératifs, dont le second est réfléchi, on pouvait mettre vous avant le verbe.
2 (…) Puis-je espérer encore
Que vous accepterez un cœur qui vous adore ?
En combattant pour vous, me sera-t-il permis
De ne vous point compter parmi mes ennemis ?
Racine, Andromaque, I, 4.
♦ Compl. indirect. — À vous. || Tout vous sourit (1. Sourire, cit. 9). || S'il vous plaît. || Tout ce qu'il vous plaira (→ Auprès, cit. 17). — Avec le verbe être. Pour vous. || Ce qu'ils vous sont… — Avec prép. || Je viens à vous, Seigneur (→ Morceau, cit. 7). || Il ne tient (cit. 69, 74 et 75) qu'à vous. || Le service qu'on attend (cit. 77) de vous. || Être aimé de vous (→ 2. Mal, cit. 22). — ☑ Loc. De vous à moi (cit. 38)… — Je voudrais bien lire qqch. de vous. || En vous (→ Persuasif, cit. 1); envers (cit. 5) vous. || Pour vous (→ Autre, cit. 65; regarder, cit. 8). || Auprès de vous (→ Soin, cit. 11). || Avec vous (→ Prémunir, cit. 1). || Après vous, Monsieur (→ Priorité, cit.). || Chez vous : dans votre maison, votre famille.
3 Je ne sais s'ils me blâment de vous aimer; mais sûrement ils ne me blâmeront pas d'être dévouée à vous.
Mme de Staël, Corinne, VIII, I.
4 — Thérèse, je souffre, dans mon bonheur, de tout ce qui est de vous et qui m'échappe.
France, le Lys rouge, XIX.
3 Pron. (réfl., récipr.). || « Vous vous trouveriez parjure en renonçant à Cinq-Mars ? (…) vous vous êtes plus qu'acquittée envers lui » (→ Lier, cit. 32). || Je veux que vous vous réjouissiez (→ Auparavant, cit. 3). || Pour un mot quelquefois vous vous étranglez tous (→ Loup, cit. 6). || Vous vous êtes attiré des haines implacables (→ 1. Garde, cit. 37).
4 Répété ou renforcé. || Vous êtes seul, vous, vous pouvez vous serrer (cit. 7) le ventre. — (Placé en vedette, en tête ou en fin de phrase). || Vous, je vous retrouverai ! || Vous, toute cette paperasse (cit. 3) vous gêne. || Je vous ai surpris allant à la messe, vous ! (→ Raison, cit. 64). || Dites donc, vous !
♦ Vous-même(s). — Plur. || Messieurs, tirez (cit. 18.1) vous-mêmes (→ aussi Complaisance, cit. 14). — Sing. || Soyez-vous à vous-même un sévère critique (2. Critique, cit. 25). || Vous les jetterez (cit. 20) à la poste vous-même. || « Vous-même de vos soins craignez la récompense » (cit. 4).
4.1 — Pierre, dit-elle à son Mari, excusez si je suis si émue : c'est mon fils, c'est un second vous-même.
Restif de La Bretonne, la Vie de mon père, p. 115.
♦ Vous autres (→ Autre, cit. 32.7). || Marque une distinction. || Vous autres, vous êtes différents. — En appos. || Vous autres les vieux; vous autres bourgeois, vous… — REM. Vous autres [vuzotʀ] ou, pop., vous aut' [vuzot] est plus fréquent dans certains usages régionaux qu'en français central.
♦ Vous (précisé par un numéral cardinal). || En vous deux (→ Préparer, cit. 6). || Entre vous deux (→ Sauce, cit. 5). || À vous trois, vous y arriverez.
5 (…) les gens qui vous refusent les choses qu'on désire vous en donnent d'autres.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. V, p. 117.
6 Le canal passé, on entrait dans le bois et la fraîcheur vous tombait sur les épaules comme un manteau humide.
R. Dorgelès, les Croix de bois, VIII.
7 (…) on lâche tout. On va se promener du côté du Luxembourg; ou bien la visite d'un camarade vous délivre.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XIII, XXVIII, p. 268.
7.1 « Avec lui, j'ai toujours envie de lever la tête tant il a l'air (…) de vous considérer avec condescendance… » Elle fronce les sourcils :
— Vous ? — Enfin « vous »… je veux dire tout le monde, tous les gens comme moi (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 305.
♦ (En s'adressant à un lecteur, à un auditeur éventuel ou un groupe). || Vous, lecteur… (→ Questionner, cit. 1). || Une sonnerie (cit. 2), c'est une vrille qui vous transperce. || « Vous, moi, quiconque passe » (→ Pante, cit. 1).
8 Voulez-vous qu'on croie du bien de vous ? n'en dites pas.
Pascal, Pensées, I, 44.
♦ Explétif. ⇒ Te (A., 2., c). || « Le fidèle émoucheur vous empoigne un pavé » (→ Aussitôt, cit. 12). || Elle savait vous tenir (cit. 19) un homme, celle-là. || Avez-vous vu comme je te (cit. 2) vous lui ai craché à la figure ?
9 Alors Napoléon vous enveloppe ces généraux allemands qui ne savaient où se fourrer pour être à leur aise, les pelote très bien, leur chipe quelquefois des dix mille hommes d'un seul coup en vous les entourant de quinze cents Français qu'il faisait foisonner à sa manière.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 454.
10 — C'est drôle comme une barbe et un bonnet pointu vous changent un homme !
Mérimée, Colomba, XI.
11 (…) sur mon âme,
Cela vous a la peau plus blanche qu'une femme !
Hugo, la Légende des siècles, XV, II, VI.
11.1 Père Pontcharrat, il y a des femmes brunes qui n'ont jamais quarante ans… et celle-ci vous a des yeux !
E. Labiche, le Club champenois, 3.
12 Wisner avait l'air assez fâché. Ce Lenoir, avec ses stupides bavardages vous compromettait n'importe qui.
Aragon, les Beaux Quartiers, II, VI.
6 Nominal. || Dire vous à qqn (⇒ Vouvoyer). || Tu me dis « vous » tout d'un coup (→ Sensible, cit. 12).
13 — (…) observe-toi, je t'en prie, observe-toi. Je te dis encore toi parce que nous sommes seuls, mais tout à l'heure, devant le monde, ce sera : vous, tout le temps : vous !
Éd. Pailleron, le Monde où l'on s'ennuie, I, 2.
14 — Taisez-vous, gonzesse, je vais vous corriger. D'un coup, le cercle attentif se resserra : gare ! il lui avait dit « vous », les choses allaient se gâter (…)
R. Dorgelès, les Croix de bois, X.
15 La femme marche près de lui à petits pas, le flatte de petites phrases, lui dit vous et tu, tour à tour.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XV, p. 158.
♦ N. || Un vous (→ ci-dessous, cit. 16, Maupassant) : un être qui est vous.
16 J'aime en vous quelqu'un que seule j'ai découvert, un vous qui n'est pas celui du monde (…) un vous qui est le mien, qui ne peut plus changer (…)
Maupassant, Fort comme la mort, II, II.
♦ Par ext. Vouvoiement. || Employer le vous en parlant à ses parents. || « Ils se tutoyaient, puis ils reprenaient le “vous” » (M. Barrès, Leurs figures, p. 73).
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DÉR. Vouvoyer.
COMP. Garde-à-vous.
HOM. Formes du v. vouer.
Encyclopédie Universelle. 2012.