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SARCOPHAGE
SARCOPHAGE

SARCOPHAGE

L’épithète sarkophagos , qui signifie «mange-chair», était attribuée aux animaux carnivores et à certaines divinités, telle Hécate. Par une dérivation curieuse, elle semble s’attacher un jour à la pierre d’Assos en Troade, dont la particularité est de consumer rapidement les corps. En fait, le nom de sarcophage paraît désigner dans l’Antiquité tous les réceptacles funéraires, indépendamment de leur matière et de leur forme. Actuellement, ce terme désigne une cuve plus ou moins allongée, fermée par un couvercle mobile. Le type primitif de ces cuves semble avoir été réalisé dans un tronc d’arbre creusé, mais les œuvres conservées sont en pierre, en terre cuite ou en bronze.

À l’époque archaïque, la cité grecque de Clazomènes en Asie Mineure paraît avoir été un important centre de production de sarcophages en terre cuite dont le décor, fait de motifs inspirés du répertoire oriental, s’apparente à celui de la céramique. La nécropole royale de Sidon, au Liban, a livré de nombreux sarcophages réalisés en pierre, généralement en marbre (conservés au Musée archéologique d’Istanbul), dont l’étude permet de conclure qu’il s’agit vraisemblablement de pièces commandées par des Orientaux à des artistes grecs qui, après les grands travaux du Parthénon et à la suite de la guerre du Péloponnèse, sont partis ou repartis à la périphérie du monde grec pour trouver du travail. Le Sarcophage du satrape , le plus ancien de la série, est antérieur à \SARCOPHAGE 450. Il est décoré d’une scène en relief représentant une chasse à la panthère. Ce thème de la chasse n’apparaîtra dans les autres documents de l’art grec qu’au cours du \SARCOPHAGE IVe siècle, alors qu’il semble faire partie de l’iconographie orientale courante, de même que la scène d’hommage qui s’y trouve également sculptée. Le Sarcophage des pleureuses , exécuté environ un siècle plus tard, fut certainement destiné au roi de Sidon, Straton, mort en \SARCOPHAGE 358. Les pleureuses sont placées dans les travées de la colonnade ionique suivant le schéma du Monument des Néréides de Xanthos, en Lycie. Le Sarcophage d’Alexandre , sculpté pour le dernier roi de Sidon, Abdalonymos (\SARCOPHAGE 333-\SARCOPHAGE 311), achève, s’il en est besoin, de démontrer la dépendance de la série sidonienne par rapport au répertoire oriental. La forme générale est celle d’un temple dont les riches moulurations sont proches de celles de Didymes. Sur les quatre côtés de la cuve, sur le couvercle, se distribuent des scènes de chasse et de bataille au schéma très dense où s’opposent des personnages vêtus à la grecque et à la perse. Tous ces sarcophages, comme les œuvres de la grande plastique du \SARCOPHAGE IVe siècle, étaient peints. Leur décoration sculptée se déroule sur les quatre faces et les différencie par là de la multitude des sarcophages d’époque romaine (le côté lissé était appuyé à la paroi de la tombe), ornés de reliefs sur un ou trois côtés seulement, à moins qu’ils ne s’inspirent toutefois des modèles grecs.

Les sarcophages romains peuvent être classés en trois catégories principales selon leur ornementation. Le premier type possède un relief de guirlandes plus ou moins riches, retenues par des bucranes, tel le Sarcophage d’Actéon (musée du Louvre); cette œuvre, qui date de la première moitié du IIe siècle, représente toutefois une élaboration plus poussée de son décor: des figures allégoriques et des scènes champêtres viennent combler les zones vides. Les sujets mythologiques constituent la deuxième catégorie. D’autres sarcophages sont ornés de thèmes marins, d’autres de cortèges dionysiaques. D’inspiration nettement grecque, ces sarcophages se romanisent cependant par la présence dans une coquille du portrait du défunt ou de la défunte. Une dernière catégorie de décor se rapporte à la vie réelle, liée à des degrés divers à des allusions mythologiques d’influence hellénistique. Les différents sarcophages romains évoquent la brièveté de la vie ou associent le défunt en une sorte d’héroïsation à un grand sujet mythologique, ou bien encore idéalisent les qualités d’un personnage et de son époque. Parfois même, ces trois thèmes principaux peuvent être illustrés sur les différentes parties d’une même œuvre. L’iconographie païenne demeurera très vivace dans la sculpture des sarcophages chrétiens de la fin du IIIe siècle et de la première moitié du IVe siècle. Elle sera particulièrement en vogue à l’époque de la Renaissance et durant le néo-classicisme.

sarcophage [ sarkɔfaʒ ] n. m. et f.
• 1496, rare av. 1669; aussi adj. XVIIe et XVIIIe; du lat. sarcophagus, gr. sarkophagos « qui mange, détruit les chairs »
I N. m. (1496; gr. sarkophagos [ cercueil], d'apr. la pierre des tombeaux antiques qui, dans les croyances, détruisait les cadavres non incinérés) Cercueil de pierre. Sarcophages égyptiens. Représentation du cercueil dans une cérémonie funèbre, sur un monument funéraire (cénotaphe, tombeau). II N. f. (1872; lat. sarcophagus) Zool. Grosse mouche qui pond sur les matières organiques en décomposition.

sarcophage nom masculin (grec sarkophagos, qui mange de la chair) Cercueil de pierre de l'Antiquité et du haut Moyen Âge. Cercueil ou représentation d'un cercueil dans une grande cérémonie funèbre. Partie qui, dans un tombeau, simule un cercueil. Forme de sac de couchage qui enserre la tête. ● sarcophage nom féminin (latin sarcophagus, qui consume les chairs) Grosse mouche vivipare (calliphoridé), des maisons, qui pond sur la viande et sur les cadavres.

sarcophage
n.
d1./d n. m. Cercueil de pierre.
|| Par ext. Cercueil de bois, à forme humaine, des momies égyptiennes.
d2./d n. f. ENTOM Mouche grise de la viande.

⇒SARCOPHAGE, subst. masc.
A. — 1. Cercueil de pierre dans lequel étaient placés les corps qui n'avaient pas été brûlés. Au milieu de la salle se dressait massif et grandiose le sarcophage creusé dans un énorme bloc de basalte noir que fermait un couvercle de même matière, taillé en dos d'âne (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 176).
P. ext. Tombeau quelconque, ou sa représentation dans une cérémonie funèbre, sur un monument funéraire. Synon. cénotaphe. L'arc de triomphe porterait pour couronnement le sarcophage de Napoléon (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 573).
SYNT. Sarcophage antique, carolingien, égyptien, gallo-romain, mérovingien, romain; sarcophage peint, sculpté; sarcophage en/de granite, grès, marbre, pierre, porphyre.
2. Vx, MÉD., souvent adj. Qui ronge les chairs. Emplâtre sarcophage; médicaments sarcophages (Ac. 1835, 1878).
B. — ZOOL. Grosse mouche grise qui pond ses larves sur de la viande altérée, sur les cadavres. (Dict. XIXe et XXe s.).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. a) 1495 subst. sacrophague « cercueil (en pierre), tombeau » (JEAN DE VIGNAY, Miroir hist., livre 25, chap. 6, éd. 1531, f ° 91 v °), attest. isolée jusque Trév. 1752; b) 1762 « le cercueil ou sa représentation dans les cérémonies funéraires » (Ac.); 2. a) 1653 adj. sarcophages yeux « (au fig.) anthropophage » (Th. CORNEILLE, Berger extravagant, IV, 5, éd. F. Bar, p. 172); b) 1752 « qui consume les chairs » (Trév.); c) 1874 subst. « mouche à viande » (BOUILLET). Empr. au lat. sarcophagus adj. « qui consume les chairs » cf. lapis sarcophagus « pierre sarcophage (servant de cercueil parce qu'elle avait la réputation de consumer les chairs) », et comme subst. masc. ou neutre « tombeau, sarcophage (de différentes matières) », gr. « qui consume les chairs », v. cercueil; au sens 2 c cf. lat. sc. sarcophaga dep. 1826 (MEIGEN d'apr. NEAVE t. 4). Fréq. abs. littér.:135. Bbg. BORN. 1967, p. II, 63. — ROHLFS (G.). Romanische Philologie. Heidelberg, 1950, p. 64.

sarcophage [saʀkɔfaʒ] n. m.
ÉTYM. 1496, rare av. 1669; du lat. sarcophagus, grec sarkophagos « qui mange, détruit les chairs » (→ Cercueil); aussi adj. en méd. et archéol., XVIIe et XVIIIe (médicament sarcophage; pierre sarcophage).
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I (D'après la pierre des tombeaux antiques qui, dans les croyances, détruisait les cadavres non incinérés). Cercueil de pierre. || Sarcophages égyptiens, phéniciens (→ Lotus, cit. 5).
0 Mes fouilles vont bien, je trouve force sarcophages vides; j'en pourrai choisir un pour moi, sans que ma poussière soit obligée de chasser celle de ces vieux morts que le vent a déjà emportée.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 115.
Représentation du cercueil dans une cérémonie funèbre (Hugo écrit dans ce sens faux sarcophage, Choses vues, I, p. 20), sur un monument funéraire (cénotaphe, tombeau).
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II (1659). Vx. Anthropophage.Vx. Qui ronge les chairs.
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III (1872). Zool. Mouche à viande.

Encyclopédie Universelle. 2012.