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abondance

abondance [ abɔ̃dɑ̃s ] n. f.
• 1119; lat. abundantia « affluence », de unda « flot »
1Grande quantité, quantité supérieure aux besoins. pléthore , profusion, surabondance. L'abondance des légumes sur le marché. PROV. Abondance de biens ne nuit pas, se dit quand on accepte, par mesure de prévoyance, une chose dont on a déjà suffisamment. L'abondance des textes cités ( multiplicité) , de la documentation ( richesse) . Loc. adv. EN ABONDANCE : abondamment. ⇒ foison (à), profusion (à). Il y a des fruits en abondance. « Vos pleurs compatissants coulent en abondance » (M.-J. Chénier).
2Absolt Ressources supérieures aux besoins. Vivre dans l'abondance. aisance, fortune, luxe, opulence, prospérité. Année d'abondance, où les produits sont abondants. CORNE D'ABONDANCE, d'où s'échappent des fruits, des fleurs, emblème de l'abondance. — Écon. Situation économique où la quantité de biens et de services répondent aux besoins. Société d'abondance. Doctrine de l'abondance : théorie préconisant l'abandon du malthusianisme économique, et l'instauration d'une économie distributive, dans laquelle la production serait soutenue par le débouché.
3Richesse d'expression, d'élocution. Parler avec abondance. Loc. Parler d'abondance, avec aisance et en improvisant.
4Loc. (expr. tirée de la Bible) D'ABONDANCE DE CŒUR : en s'épanchant avec confiance.
⊗ CONTR. Absence, rareté. Disette, pénurie. Dénuement, indigence, pauvreté.

abondance nom féminin (latin abundantia, affluence) Grande quantité de quelque chose : L'abondance de la récolte. Aisance procurée par des ressources importantes : Vivre dans l'abondance. Astronomie Paramètre qui décrit la proportion des divers éléments entrant dans la composition chimique d'un astre. Botanique Proportion de plantes d'une espèce déterminée observée sur une certaine surface de sol. ● abondance (citations) nom féminin (latin abundantia, affluence) Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux Paris 1688-Paris 1763 On s'accoutume à tout dans l'abondance, il n'y a guère de dégoût dont elle ne console. La Vie de Marianne abondance (expressions) nom féminin (latin abundantia, affluence) En abondance, en grande quantité ; beaucoup. Parler avec abondance, s'exprimer avec une grande facilité, en usant d'un vocabulaire riche. Littéraire. Parler d'abondance, sans préparation, sans notes. Société d'abondance, type de société que l'on estimait, dans les années 1970, caractéristique des pays développés, et qui se définissait par une multiplication extrême des biens et services mis à la disposition du public, et, à la limite, par des consommations exagérées voire inutiles. ● abondance (synonymes) nom féminin (latin abundantia, affluence) Grande quantité de quelque chose
Synonymes :
- pléthore
Contraires :
- pénurie
- rareté
Aisance procurée par des ressources importantes
Synonymes :
Contraires :
- dénuement
- gêne
- misère
- pauvreté

abondance
n. f.
d1./d Grande quantité. Une abondance de marchandises à l'étalage.
(Prov.) Abondance de biens ne nuit pas.
|| En abondance: en grande quantité, à foison.
d2./d Profusion de biens matériels; richesse. Vivre dans l'abondance. Société d'abondance: situation d'un pays caractérisée par le bien-être matériel et le haut niveau de vie de la population.
|| Corne d'abondance, débordant de fruits et de fleurs, symbole de la richesse.
|| Parler d'abondance, en improvisant avec brio.

⇒ABONDANCE, subst. fém.
Ce qui est disponible en très grande quantité (ressources, richesses, choses nécessaires ou utiles à la vie, etc.).
I.— Emploi absolu. [Avec réf. à la notion de production naturelle ou intellectuelle]
A.— [Réf. à la production naturelle] :
1. Le pillage et le désordre, suite ordinaire de la rapidité des mouvements, cessèrent; on rétablit la discipline, et chaque jour l'armée changea de face, au milieu de l'abondance et des ressources qu'offrait ce beau pays.
E.-D. LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 354.
2. On voit des peuples, comme les genevois, dont le territoire ne produit pas la vingtième partie de ce qui est nécessaire à leur subsistance, vivre néanmoins dans l'abondance. L'aisance habite dans les gorges infertiles du Jura, près de Neufchâtel, parce qu'on y exerce plusieurs arts mécaniques.
J.-B. SAY, Traité d'économie politique, 1832, p. 77.
3. On ne peut, je crois, compter sur des réserves suffisantes, faites dans les années d'abondance pour les années de disette, que lorsqu'elles sont faites et conduites par des compagnies de négocians, jouissant d'une grande consistance et disposant de tous les moyens ordinaires du commerce, qui veuillent se charger de l'achat, de la conservation et du renouvellement des blés, suivant des règles convenues et moyennant des avantages qui balancent pour eux les inconvéniens de l'opération.
J.-B. SAY, Traité d'économie politique, 1832 p. 209.
4. Alors il (le pain) est devenu l'aliment unique, également comestible pour tous : l'enfant, l'homme en son plein, le vieillard; celui qui accompagne tous les autres, accuse leur saveur, les empêche de lasser, dont on ne saurait se priver, qui prime dans la nourriture de l'homme, au point qu'il symbolise l'abondance et le dénuement public et privé : on dit cette maison n'a pas son pain, cette nation a son pain; il est devenu l'aliment sacré.
J. DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, t. 2, 1928, p. 250.
5. La grandeur demande à la fois l'abondance et la pauvreté; rien de grand ne se fait sans une certaine abondance, rien de grand ne se fait que par une certaine pauvreté. Peut-on rien comprendre à la vie humaine, si l'on ne commence pas par comprendre que toujours c'est la pauvreté qui surabonde en grandeur?
J. MARITAIN, Humanisme intégral, 1936, p. 205.
6. La bible nous apprend en effet que pendant que Joseph dirigeait l'économie du pharaon au travers de l'abondance et de la pénurie, il mit au monde deux fils dont l'un s'appelait oubli et le second accroissement.
P. CLAUDEL, Le Poète regarde la croix, 1938, p. 78.
7. Il savait d'expérience qu'il ne peut y avoir pour l'homme de dignité, passé certain degré de misère. Était-ce au luxe, à l'abondance, à la richesse, comme l'avait dit Voltaire, à créer pour tous les hommes le nouveau climat de l'honneur?
J. GUÉHENNO, Jean-Jacques, En marge des « Confessions », préf., 1948, p. 148.
8. Une tentation horrible s'empare du cœur d'Eudore, Cymodocée aux lieux infâmes! Cymodocée dans les bras d'Hiéroclès! La poitrine du martyre se soulève; l'appareil de ses plaies se brise, et son sang coule en abondance. Le peuple, saisi de pitié, tombe lui-même à genoux, et répète avec les soldats : « sacrifiez! Sacrifiez! »
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Les Martyrs, t. 3, 1810, p. 188.
9. ... la route du Cannet circulait à travers les bois d'oliviers; où finissait la ville, la campagne aussitôt commençait; à l'ombre des oliviers, narcisses, anémones, tulipes, croissaient en abondance; à profusion dès que l'on s'éloignait.
A. GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, p. 436.
10. Pourtant, si grande était la satisfaction des français de retrouver en liberté les idées et les informations que les journaux et les revues se vendaient en abondance. On assistait à une extraordinaire floraison de publications.
Ch. DE GAULLE, Mémoires de guerre, Le Salut, 1959, p. 113.
Rem. Ces ex. ne semblent pas infirmer les rem. de LAF. 1858, p. 91, à propos des différences d'emploi entre abondamment (cf. ce mot) et en abondance, rem. que citent ROB., LITTRÉ.
♦ Autres syntagmes usuels : corne d'abondance, symbole de la richesse (A. CHÉNIER, Bucoliques, La Liberté, 1794, p. 188; cf. aussi V. HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 457); pays d'abondance (J. DE CRÈVECŒUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'état de New-York, t. 1, 1801, p. 52); grenier d'abondance (J. et J. THARAUD, La Fête arabe, 1912, p. 178; Ch. PÉGUY, Ève, 1913, p. 882); nager dans l'abondance, vivre dans l'abondance (L. BLOY, Journal, 1894, p. 148; V. LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, p. 11).
Proverbe. Abondance de biens ne nuit pas :
11. Les explications proposées furent nombreuses; mais en pareille matière on ne peut pas dire qu'abondance de biens ne nuit pas; tant que l'une d'elles n'aura pas triomphé des autres, nous ne pourrons pas être sûrs qu'aucune d'entre elles soit bonne.
H. POINCARÉ, La Valeur de la science, 1905, p. 198.
B.— [Réf. à la production intellectuelle] :
12. Qui ne sait pas se taire n'obtient point d'ascendant. S'il faut agir, prodigue-toi; s'il faut parler, ménage-toi; en agissant, crains la paresse, et en parlant, crains l'abondance, l'ardeur, la volubilité.
J. JOUBERT, Pensées, essais, maximes et correspondance, t. 1, 1824, p. 249.
13. La prodigalité des paroles et des pensées décèle un esprit fou. Ce n'est pas l'abondance, mais l'excellence qui est richesse. L'économie en littérature annonce le grand écrivain. Sans bon ordre et sans sobriété, point de sagesse, sans sagesse, point de grandeur.
J. JOUBERT, Pensées, essais, maximes et correspondance, t. 2, 1824, p. 146.
14. FABRICE. — Pourquoi l'avons-nous aimé : une discipline et une sensibilité. Nous avons eu besoin de cela. L'abondance devenait de la faconde. Je veux bien monter dans la barque, mais pour avoir de là une vue générale de l'univers et cette vue même qui est celle de ma génération.
M. BARRÈS, Mes cahiers, t. 2, 26 févr.-1er sept. 1898, p. 28.
Parler d'abondance ou simplement d'abondance. Parler de mémoire, en improvisant :
15. De là la conversation a conduit à faire savoir que je venais de donner à mon fils sa première leçon de mathématiques : c'est une partie que l'empereur aime beaucoup, dans laquelle il est très fort. Il s'est étonné que je montrasse à mon fils d'abondance, sans livre et sans cahier; il ne me savait pas de cette force, disait-il, et m'a menacé alors de le voir parfois, à l'improviste, examiner le maître et l'écolier.
E.-D. LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 308.
16. On m'a forcé à relire ce matin, à l'ouverture de la séance, le discours que j'avais déjà lu hier : même enthousiasme, mêmes cris... au reste, j'ai parlé deux ou trois fois d'abondance avec assez de clarté et de succès... Enfin, j'espère par cet apprentissage que je mènerai un peu messieurs les pairs...
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 699.
Rem. D'abondance peut s'employer, p. anal., pour tout autre moyen d'expr. :
17. Les grands peintres de Venise furent heureux, qui peignaient d'abondance, sans disputer avec eux-mêmes. Mais quelle angoisse, celle de l'artiste divisé en deux hommes, dont l'un crée, tandis que l'autre, pour la juger, se penche sur l'œuvre en train de naître!
M. BARRÈS, Huit jours chez Monsieur Renan, 1888, p. 109.
Parler d'abondance de cœur. Avec une entière confiance; var., avec abondance :
18. Faisons du moins un écho fidèle, en redisant sans réserve et avec abondance de cœur ces paroles que rien ne désavouera : ...
Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 380.
19. Il n'y aurait que demi-mal, si j'avais mis un peu d'ordre dans mes idées, mais je crains d'avoir brouillé certaines choses. Ce n'est pas tout que de parler d'abondance de cœur.
A. FRANCE, La Vie littéraire, 1888-1892, p. 376.
II.— [Suivi d'un compl. introd. par de] Très grande quantité :
20. On arrive à la politesse, dans les arts, par l'abondance des détails et le soin qu'on leur donne.
STENDHAL, Rome, Naples et Florence, t. 1, 1817, p. 67.
21. Ce n'est que chez les grecs gâtés par la vie romaine, que vous trouverez cette abondance de discours opposée à la pureté. Jamais une expression oratoire ne se présente dans leurs meilleurs historiens; et l'éloquence, dans leurs grands orateurs, est plus voisine de l'histoire que, dans leurs bons conteurs, l'histoire n'est voisine de l'éloquence.
J. JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 405.
22. ... quelle que soit l'abondance ou la rareté du numéraire, comme on a besoin d'une certaine somme pour consommer tous les échanges, le numéraire augmente en valeur à mesure qu'il décline en quantité, et décline en valeur à mesure qu'il augmente en quantité.
J.-B. SAY, Traité d'économie politique, 1832, p. 162.
23. D'ailleurs, le voisinage de l'Atlantique et le vent d'ouest qui y règne en maître rendaient le climat de cette contrée particulièrement humide. On le voyait bien à sa fertilité, à la grasse abondance de ses pâturages et à leur sombre verdeur.
J. VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, t. 1, 1868, p. 205.
24. On n'avait pas rencontré, depuis des années, une pareille puissance d'idées générales mariée à une telle ampleur d'érudition, ni une si riche abondance de points de vue unie à un si audacieux nihilisme.
P. BOURGET, Le Disciple, 1889, p. 19.
25. ... il la fatiguait, par tout ce qu'elle aimait en lui, par ce trop-plein d'intelligence, par cette abondance de vie accumulée pendant des années et qui débordait : sa quiétude en était troublée. Et il la fatiguait aussi, peut-être, parce qu'elle sentait toujours la menace de cet amour, beau et touchant, mais obsédant, contre lequel il fallait rester en éveil; ...
R. ROLLAND, Jean-Christophe, La Nouvelle journée, 1912, p. 1465.
26. Mais, avant ces périodes, tant de fois troublées et qui ont entassé tant de ruines, c'est dans la fécondité naturelle, l'abondance exubérante de ce qui est nécessaire à la vie que réside le secret de l'attrait qui a rassemblé ici les hommes.
P. VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géographie humaine, 1921, p. 89.
Arg. scol., vieilli. Dans la terminol. des collégiens [internes]. Vin fortement coupé d'eau. (Lar. 20e) :
27. Je dois citer encor les murs du réfectoire
.....
L'abondance emplissant la classique timbale.
A. POMMIER, Océanides et fantaisies, 1839, p. 243.
III.— Sens techn.
BOTANIQUE :
28. L'abondance, la dominance, la quantité, la sociabilité sont des qualités de l'espèce dans une population végétale; ce sont des caractères analytiques.
Encyclopédie de la Pléiade, Botanique, 1960, p. 1355.
29. Dans la pratique, l'abondance et la dominance se combinent dans une notion complexe : d'un coup d'œil en effet on reconnaît dans un groupement, non le nombre des individus de chaque espèce, ni la place prise par chacun d'eux, mais l'espace occupé par tous les individus de l'espèce; on lui donne le nom de quantité.
Encyclopédie de la Pléiade, Botanique, 1960, p. 1355.
ÉCON. POL. L',,abondancisme ou socialisme de l'abondance`` (SUAVET 1963) : ,, théorie optimiste de Jacques Duboin, née en réaction contre le malthusianisme économique de l'âge capitaliste. (Il préconise l'instauration d'une économie distributive sur la base des besoins [on produit trop; on ne vend pas assez], la création d'une monnaie « entièrement nouvelle », l'institution d'un service obligatoire du travail et d'un revenu « social » [somme dont chaque habitant serait crédité chaque année, selon son âge])``. (SUAVET 1963).
MÉD. ,,Pathol. méd., abondance est synon. de pléthore, et signifie le trop-plein du sang, de la bile, des humeurs, etc.`` (BESCH. 1845).
Stylistique — Les rem. faites à propos de abonder valent pour le subst. abondance. Cependant lorsque l'abondance s'applique à une production naturelle, les expr. telles que nager dans l'abondance, pays d'-, corne d'- sont fam. et si cour. qu'elles ne parlent plus à l'imagination. Mais dès que abondance s'applique à une production intellectuelle les expr. appartiennent à une lang. recherchée ainsi parler d'abondance. L'exp. parler d'abondance de cœur pourrait être d'orig. biblique. On la rencontre, en effet, dans les Évangiles, où elle signifie que les paroles de l'homme sont l'expr. des sent. dont son cœur déborde. Cf. : Race de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, étant méchants vous-mêmes! car la bouche parle de l'abondance du cœur. Math., XII, 34, trad. Le Maistre de Sacy (Vulgate : Ex abundantia enim cordis os loquitur), cf. aussi Luc, VI, 45.
Prononc. :[].
Étymol. — Corresp. rom. : a. prov. abondantia; n. prov. aboundànci; ital. abbondanza; esp., port. abundancia; cat. abundança; roum. abundentà.
I.— 1119 empl. comme synon. de embolisme « intercalation d'un mois complémentaire de 30 jours utilisée chez les Grecs pour faire concorder les années lunaire et solaire » [jours en excédent] terme chronol. (PH. DE THAUN, Comput, éd. Mall, 2386 : Embolisme est creissance, Sulunc nus abundance).
II.— 1. Début XIIe « quantité plus que suffisante de biens » emploi abs., ds trad. (Ps. Oxford éd. F. Michel, XXIX, 7 : Je acertes dis en la meie abundance); 1165 « id. » même emploi (CH. DE TROYES, Guill. d'Angl., éd. Wilmotte, 902 : En tel torment est coveiteus K'en abondance est souffraiteus Tout ausi comme Tantalus); 2. début XIIe « quantité plus que suffisante (d'un bien non matériel) » ds trad. (Ps. Oxford, LXXI, 7 : Naistra es suens jurz justise, e abundance de pais); fin XIIe-début XIIIe « id. » (d'un obj. matériel) » (Brut, ms. Munich 4050 ds GDF. Compl. : L'abundance de l'herbage); en abondance « en quantité plus que suffisante (d'un obj. matériel) » ds trad. (Ps. Oxford, LXXVII, 29 : viandes enveia a els en abundance); 1307 d'abondance « avec aisance, sans peine » (G. GUIART, Br. des royaux lignages, éd. Buchon, I, 729 : Et saisi Gisorz d'abondance).
III.— Fin XIVe s. « qualité de celui qui prodigue des dons; générosité » (FROISSART, Chron., X, 344 ds GDF. Compl. : auquel mariage le jones rois de France vint e fut de grant abondance).
Empr. au lat. abundantia, au sens II 1, emploi abs. dep. Cicéron (TLL s.v., 228, 21 sq.); cf. Vulg., Ps., 2917, ibid., 68 : ego dixi in abundantia mea; emplois analogues en lat. médiév. ds Mittellat. W. s.v., 66, 50-56; au sens II 2 dep. Cicéron : soit d'un bien matériel (De leg. arg., 1, 18, ibid., 227, 37; fréq. à propos des fruits de la terre), soit d'un bien immatériel (Lucullus sive Acad. prior., 1,18, ibid., 228, 10), cf. Vulg., Ps., LXXI, 7 : orietur in diebus ejus justitia et abundantia pacis; in abundantia : Vulg., Ps. LXXVII, 25 : cibaria misit eis in abundantia. I, emploi sans ex. en lat., utilisé pour trad. embolisme (cf. ce mot) : cf. PH. THAUN, ibid., 2415 : Une lunaisun tient plus cil ans, quant l'avum, Dunt embolisme a num; Kar c'est abundement Sulunc la griue gent; cf. aussi Li Compos, Bibl. nat. 2021, fol. 147a ds GDF. Compl. : cis sorescroissement vient, qui a nom embolismes; au sens III « générosité, prodigalité » dep. TACITE, Ann., 4, 62 ds TLL, (ibid., 229, 3). — Berger, s.v.
HIST. — Présente la même évolution que abonder (cf. ce mot, hist., introd.).
I.— Sens disparus av. 1789. — A.— « embolisme », attesté uniquement au XIIe s. (cf. étymol. I). B.— « générosité », 1 attest. isolée à la fin du XIVe s. (cf. étymol. III). C.— Abondance du propre sens, expr. qui apparaît comme une création d'auteur au début du XVIIIe s., sans doute p. anal. avec abonder dans son propre sens (cf. abonder, hist. II C 1), mais qui ne semble pas avoir été empl. ailleurs (cf. Trév. 1752, 1771) : Si l'abondance du propre sens, ou l'ennui de la dépendance l'avoit porté à quelques sentiments contre l'obéissance et son aveugle simplicité, vous allez tout régler et tout réformer. BOURDALOUE, Exhort., t. I, p. 249 (Trév. 1752).
II.— Hist. des sens et accept. attestés apr. 1789. — A.— Sém. I, attesté dep. le début du XIIe s. (cf. étymol. II 1), perman. B.— Sém. II, attesté dep. le début du XIIe s. (cf. étymol. II 2), perman. C.— Au fig., « richesse de style, d'élocution », 1re attest. lexicogr. ds BESCH. 1845, résulte en fait d'une application partic. du terme au domaine de la langue dep. le XVIIe s. : L'abondance n'est pas toujours la marque de la perfection des langues. BOUHOURS (FUR. 1701). Parler avec abondance, pour, Etre fertile en pensées, en expressions, en tournures. Ac. 1798. Cette dernière expr. est toujours usitée (cf. DUB.). D.— Loc. diverses : 1. corne d'abondance, mentionnée dep. FUR. 1690, elle désigne d'abord la corne de la chèvre Amalthée, et, peut-être par suite de son utilisation fréq. comme élément décoratif en peint. et en sculpt., elle perd rapidement (début du XVIIIe s.) cette signif. propr. myth. pour prendre le sens plus gén. et actuel d'une corne remplie de fleurs et de fruits, qui est le symbole de l'abondance (cf. sém. I); 2. grenier d'abondance « magasin servant à tenir en réserve des grains pour les temps de disette », imaginé par Napoléon Ier et signalé dep. BESCH. 1845; ne continue plus à être empl. de nos jours qu'avec une valeur hist. ou comme formule stéréotypée (cf. sém. B); 3. de l'abondance du cœur la bouche parle, signifiant par là qu'« on s'empêche difficilement de parler des choses dont le cœur est plein » (Ac. 1718), s'est dit proverbialement dep. FUR. 1690 jusqu'au mil. du XIXe s., date à partir de laquelle l'expr. se maintient, légèrement modifiée toutefois dans sa formulation et sa signification, parler d'abondance de cœur « parler avec épanchement, avec effusion » (cf. aussi, en ce qui concerne son orig., styl.); 4. en abondance, pour abondamment, citée dep. NICOT 1606. Sur leur synon., cf. LAF. 1858, p. 91; 5. d'abondance : a) « à cœur joie, de prime-saut », attestée pour la 1re fois au XIVe s. (cf. étymol. II 2 in fine) ne réapparaît ensuite que dans l'expr. parler d'abondance « parler sur le champ et sans précautions », dont la 1re mention lexicogr. est Ac. 1798, seul à la considérer comme fam. : Il n'y a que les sujets pathétiques sur lesquels il soit possible de parler d'abondance. MARMONTEL (Besch. 1845). Désormais la loc. y trouvera son seul emploi jusqu'à nos jours. b) « en outre, de plus », attesté dès le XIVe s. : Atant finablement ilh ont rendut Damiete et ilh furent delivreit de cel aighe, et furent les prisoniers lassies fours d'abondarche. J. D'OUTREMEUSE, Myreur des hist., V, 105 (Gdf. Compl.). Parallèle à la loc. d'abondant qui, davantage usitée (cf. hist), la supplante aussitôt, elle disparaît pour reparaître seulement dans un ex. du XVIIIe s. donné par DG qui, au reste, la qualifie de vieillie : Remarquons, d'abondance, que la comtesse se plaît avec mon maître. MARIVAUX, Legs, sc. 3 (DG). E.— Accept. partic., arg. scolaire « vin étendu de beaucoup d'eau, servant de boisson dans les collèges », 1re attest. lexicogr. ds Trév. 1752, tend à perdre de sa vitalité peut-être en raison d'une sensible amélioration des conditions de vie dans les internats dep. le début du XXe s.; cf. Lar. encyclop., Lar. 3 qui parlent d'une boisson servie autrefois. F.— Emplois techn. (sém.). 1. Bot., récent. 2. Méd., attesté au mil. du XIXe s., il disparaît des dict. spécialisés contemp. 3. Econ. pol., apparu au mil. du XIXe s. et surtout usité au XXe s., en raison du développement des études écon.
STAT. — Fréq. abs. litt. :1 383. Fréq. rel. litt. : XIXe s. : a) 2 755, b) 1 357; XXe s. : a) 1 668, b) 1 799.
BBG. — Ac. Gastr. 1962. — BAUDHUIN 1968. — CHARLES 1960. — DEM. 1802. — Gramm. 1789. — LAVEDAN 1964. — MONT. 1967. — MUSSET-LLORET 1964. — Nucl. 1964. — PLAIS.-CAILL. 1958. — ROMEUF t. 1 1956. — SUAVET 1963.

abondance [abɔ̃dɑ̃s] n. f.
ÉTYM. Déb. XIIe; lat. abundantia « affluence ».
———
I
1 Grande quantité; quantité supérieure aux besoins. Quantité; profusion, surabondance; les métaphores : avalanche, déluge, flot, flux, fourmillement, mer, pluie, pullulation. || L'abondance des récoltes. || L'abondance des matières dans un journal. Profusion; foisonnement, pléthore (→ ci-dessous cit. 3, 4, 5, 7). || L'abondance des textes cités. Masse, multiplicité (→ cit. 6). || L'abondance de la documentation. Luxe, richesse. — ☑ Prov. Abondance de biens ne nuit pas : alors même que l'abondance et le choix peuvent embarrasser, ils ne nuisent pas.
Loc. adv. En abondance : abondamment. Foison (à), profusion (à). → ci-dessous cit. 1, 2.
1 Heureux, dit-on, le peuple florissant
Sur qui ces biens coulent en abondance !
Racine, Esther, II, 8, 790.
2 Vos pleurs compatissants coulent en abondance.
M.-J. Chénier, Fénelon, II, 3, in Littré.
3 Parcourez les maisons et les familles distinguées par les richesses et par l'abondance des biens, je dis celles qui se piquent le plus d'être honorablement établies, celles où il paraît de la probité et même de la religion; si vous remontez jusqu'à la source d'où cette opulence est venue, à peine en trouverez-vous où l'on ne découvre dans l'origine et dans le principe des choses qui font trembler.
Bourdaloue, Œ., t. I, p. 259.
4 C'est l'abondance et la rareté relative des monnaies des divers pays qui forment ce qu'on appelle le change.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XXII, 10.
5 L'abondance du seul nécessaire ne peut dégénérer en abus, parce que le nécessaire a sa mesure naturelle, et que les vrais besoins n'ont jamais d'excès.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, V, 2.
6 Il nous explique, avec une abondance folle de détails et d'exemples, comment se gagnent les fortunes.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, III, XIII.
7 Ce pouvoir délirant d'extase et de désespoir, cette abondance d'amour et de haine, cette ivresse perpétuelle de vie (…)
R. Rolland, Musiciens d'aujourd'hui, p. 34.
2 Absolt. Ressources supérieures aux besoins. Aisance, fortune, luxe, opulence, prospérité.
8 Le seul bonheur, dit-il (Marat) dont les dix-neuf vingtièmes des (…) citoyens peuvent jouir est l'abondance, le plaisir et la paix.
Jaurès, Hist. socialiste…, t. I, p. 379.
9 L'abondance est le fruit d'une bonne administration (Saint-Just).
Jaurès, Hist. socialiste…, t. VI, p. 163.
Vivre dans l'abondance : ne manquer de rien. || Nager dans l'abondance : être comblé de richesses.Pays d'abondance, où les richesses, les biens abondent (→ Pays de Cocagne, Eldorado). || Année d'abondance, où les produits sont abondants.
10 Voici que du fleuve montaient sept vaches grasses (…) Et voici qu'après elles montaient sept autres vaches maigres (…) Voici, sept années de grande abondance vont venir dans tout le pays d'Égypte. Sept années de famine, viendront ensuite (…)
Bible, Genèse, XLI, 18-19, 29-30.
Loc. Vx. Grenier d'abondance, où l'on met en réserve les excédents de récolte en prévision de la disette.
Mod. Corne d'abondance, d'où s'échappent à profusion des produits de la terre (fruits, épis, fleurs) ou, plus rarement, des pièces d'or et d'argent, emblème de l'abondance. || Diplôme de concours agricole orné de palmes, de feuilles de chêne et de cornes d'abondance.
Écon. État de l'économie d'un pays lorsque l'offre est supérieure à la demande. || Société d'abondance, caractérisée par ce type d'économie. || Doctrine, théorie de l'abondance : théorie économique qui considère que, les moyens techniques permettant de produire une quantité de biens toujours supérieure aux moyens économiques des consommateurs, les problèmes économiques essentiels concernent la distribution des biens en tenant compte des besoins, et que la production doit être soutenue par les débouchés. Abondanciste.
Phys. || Abondance d'un isotope, par rapport aux autres isotopes d'un même élément.
3 Fig. et littér. Richesse d'expression, d'élocution. || Parler avec abondance.
11 Souvent trop d'abondance appauvrit la matière.
Boileau, l'Art poétique, III.
12 Fuyez de ces auteurs l'abondance stérile,
Et ne vous chargez pas d'un détail inutile.
Boileau, l'Art poétique, I.
13 En de certains jours, elle bavardait avec une abondance fébrile.
Flaubert, Mme Bovary, I, IX.
Loc. Parler d'abondance, avec aisance et en improvisant, sans citer ni réciter.REM. Cette loc. est plutôt comprise aujourd'hui au sens de parler beaucoup (abondamment) et facilement.
4 D'abondance de cœur (expr. tirée de la Bible) : en s'épanchant avec confiance.
14 Car la bouche parle de l'abondance du cœur.
Bible, Évangile selon saint Matthieu, XII, 34.
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II (1752, Trévoux). Vx. Boisson où l'eau abonde, mêlée d'un peu de vin, et que l'on servait dans les communautés.
CONTR. (De I., 1.) Absence, disette, manque, pénurie, rareté. — (De I., 2.) Dénuement, indigence, misère, pauvreté.
DÉR. Abondanciste.

Encyclopédie Universelle. 2012.