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aigreur

aigreur [ ɛgrɶr ] n. f.
XIVe; de aigre
1Saveur aigre. acidité. L'aigreur du lait tourné.
Au plur. Sensation d'acidité dans la région épigastrique accompagnant une régurgitation, une éructation. Avoir des aigreurs (d'estomac). brûlure.
2(XVIe) Fig. Mauvaise humeur se traduisant par des remarques désobligeantes ou fielleuses. acrimonie, amertume, animosité. Répliquer avec aigreur, non sans aigreur.
⊗ CONTR. Douceur. Aménité, sérénité.

aigreur nom féminin État, caractère de ce qui est aigre : L'aigreur du lait tourné. L'aigreur d'une critique. Sentiment d'amertume mêlée d'irritation : Il évoque avec aigreur cet échec peu glorieux. Sensation aigre ou amère ressentie au niveau de la bouche et provenant souvent d'une hyperacidité. ● aigreur (synonymes) nom féminin État, caractère de ce qui est aigre
Synonymes :
- acidité
Contraires :
- douceur
- suavité
Sentiment d'amertume mêlée d'irritation
Synonymes :
- âcreté
- acrimonie
- amertume
- animosité
- humeur
Contraires :
- affabilité
- aménité
- bienveillance

aigreur
n. f.
d1./d Caractère de ce qui est aigre. Aigreur d'un vin.
|| Fig. Répondre avec aigreur.
d2./d Aigreurs d'estomac: régurgitations acides après les repas.

⇒AIGREUR, subst. fém.
Qualité, état de ce qui est aigre.
A.— Au propre
1. Ce qui produit une impression piquante, désagréable sur les organes des sens.
a) [En parlant d'une des substances : boisson fermentée, aliment, etc. parfois altéré(es)] Saveur aigre.
Rem. Synon. acerbité, acescence, acidité, âcreté. Anton. douceur, exquisité, suavité.
En partic. [En parlant d'un fruit naturellement acide ou encore vert] :
1. Autour de chaque colosse, des rejets sauvages faisaient des taillis, ajoutaient l'emmêlement de leurs jeunes tiges, dont les petites baies avaient une aigreur exquise.
É. ZOLA, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, p. 1361.
b) [En parlant d'une odeur] Senteur aigre :
2. Barois emplit les verres de bière fraîche; l'aigreur fermentée se mêle à la fumée des cigarettes.
R. MARTIN DU GARD, Jean Barois, 1913, p. 326.
Au plur. :
3. À chaque marche qu'il montait, le musc des poudres, les aigreurs de vinaigre de toilette le chauffaient, l'étourdissaient davantage.
É. ZOLA, Nana, 1880, p. 1222.
c) [En parlant d'un son] Timbre aigre :
4. On n'a jamais su si cette défaveur venait de l'aigreur particulière de cet instrument ou du jeu volontiers discordant de l'interprète.
J. DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, t. 1, 1925, p. 121.
5. Ce fut le thème de l'inexaucement. Comme on se cache en un coin pour mourir, la mélodie choisit l'extrémité du clavier, les touches hautes, et s'y tordit les mains devant l'inexorable, en d'acides notes d'agonie dont le pianiste goûtait l'aigreur avec ses doigts.
J. MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, t. 2, 1933, p. 193.
Rem. Synon. acuité, sifflement, stridence.
d) [En parlant d'une teinte ou d'une forme] Coloris aigre, dessin sec :
6. Ses yeux bridés, et dont le bleu léger et profond avait pris avec l'âge la sécheresse et l'aigreur de la faïence, avaient encore des battements de vingt ans, des coquetteries et des langueurs.
E. et J. DE GONCOURT, Charles Demailly, 1860, p. 53.
7. « Tenez », cria-t-il en arrachant le torchon mouillé qui couvrait la maquette, « vous avez vu le modèle; voilà comment mon pouce le traduit. Voyez-vous les gracilités, les aigreurs, les acidités de forme, l'élancement maigre des lignes, les seins presque pectoraux; le ventre et les hanches effacés, la croupe petite.
J. PÉLADAN, Le Vice suprême, 1884, p. 99.
Rem. Dans ce dernier ex., aigreur retrouve peut-être le sens premier du lat. acer.
e) [En parlant d'un phénomène atmosphérique] Violence aigre :
8. « Il fait chaud », me dit-il pour rire, car le vent soufflait en tempête et l'on sentait l'aigreur des premiers froids.
A. FRANCE, Le Petit Pierre, 1918, p. 148.
Rem. Synon. âpreté, dureté.
2. Domaines techn.
a) MÉD. et usuel (gén. au plur.). Sensation pénible d'acidité, régurgitation aigre provenant de troubles gastriques :
9. C'est ainsi que les gargottes des fronts de guerre, au scandale de la médecine, guérissaient parfois des dyspeptiques rebelles! Ils avaient trouvé dans les bombardements une compensation suffisante à leurs aigreurs d'estomac.
E. MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 704.
Rem. Syntagmes aigreurs d'estomac; avoir, causer, donner, éprouver des aigreurs.
b) MÉTALL. Défaut d'un métal aigre, peu ductile, cassant. Aigreur du fer.
Rem. 1. Synon. rigidité, sécheresse. 2. Attesté ds CHESN. 1857, Lar. 19e, LITTRÉ, DG et Journal de chimie et de physique 1903-1904, p. 605.
P. ext., GRAV. Au sing. ,,Défaut d'harmonie dans le degré du fini.`` (Lar. 19e, Lar. Lang. fr.). Au plur. ,,Touches noires à l'excès dans les gravures en taille douce et les eaux fortes; elles sont causées par l'inégalité des tailles du burin ou une morsure trop accentuée de l'eau-forte.`` (Ch.-L. CARABELLI, [Langue populaire]).
Rem. Attesté ds Ac. 1798-1932, WAILLY Vocab. 1818, BOISTE 1834, LAND. 1834, BESCH. 1845, POIT. 1860, Lar. 19e-Lar. Lang. fr., LITTRÉ, GUÉRIN 1892, DG, QUILLET 1965.
B.— Au fig.
1. [En parlant d'une pers., de son caractère, humeur, mode d'être, etc.] Disposition d'esprit qui conduit à un comportement déplaisant, à des paroles désobligeantes :
10. [À Victor Hugo] J'ai d'affreuses, de mauvaises pensées (...) j'analyse tout avec perfidie et une secrète aigreur. Quand on est ainsi, il faut se cacher, tâcher de s'apaiser; laisser déposer son fiel sans trop remuer le vase...
Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Correspondance générale, t. 1, 1818-1869, p. 198.
11. L'imagination travaille continuellement à boucher toutes les fissures par où passerait la grâce. Tout vide, (non accepté) produit de la haine, de l'aigreur, de l'amertume, de la rancune.
S. WEIL, La Pesanteur et la grâce, 1943, p. 26.
12. ... des querelles violentes et douloureuses éclatèrent entre prisonniers quand la monotonie des mois eut fait de ces étroites communautés, après quoi nous avions soupiré d'abord, des mondes sans espoir et sans échappée où l'aigreur et l'ennui corrodaient les âmes.
F. AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, p. 57.
13. ... en beaucoup de diocèses français, la médiocrité des moyens de vie cause une naturelle aigreur chez les clercs; entre intégristes et progressistes, la distance est plus grande et surtout l'antipathie plus militante qu'entre chacun de ces groupes et ses voisins, radicaux de droite ou communistes; entre les anciens et les cadets de l'action catholique, la mésintelligence est patente.
Philosophie, Religion, 1957, p. 4403.
Rem. 1. Synon. acrimonie, agressivité, amertume, animosité, antipathie, colère, dépit, fiel, haine, humeur, irritation, perfidie, pique, rancœur, rancune, ressentiment, rudesse, sécheresse, sévérité. Anton. affabilité, amabilité, aménité, apaisement, attrait, bienveillance, bonté, calme, charme, civilité, complaisance, humanité, paix, sérénité, tendresse. 2. ,,On dit, qu'Il y a de l'aigreur, quelque aigreur, un peu d'aigreur entre deux personnes pour dire, qu'Il y a quelque commencement de brouillerie entre l'une et l'autre.`` (Ac. 1798-1932; cf. également LAND. 1834, BESCH. 1845, POIT. 1860, Lar. 19e, LITTRÉ, GUÉRIN 1892, QUILLET 1965).
Loc., rare. Tourner quelqu'un à l'aigreur :
14. Les tiraillements d'estomac, l'attente du dîner, puis le vin reiche, mirent les convives dans une disposition nerveuse, et les tournèrent à l'aigreur. Les esprits étaient à l'humeur, la parole était pointue. Chacun se boudait et boudait les autres. Tous, d'ailleurs, avaient un fond de noir et d'irritation.
E. et J. DE GONCOURT, Charles Demailly, 1860, p. 326.
2. Gén. au plur. Propos déplaisants en raison de leur caractère heurté, voire méchant :
15. (6 h. s.) Relu Le Lys dans la vallée (de Balzac). Souvenir de mon adolescence, avec quelles impressions mélangées et contradictoires! À la moitié du premier volume, ma patience était à bout. Ce déluge de crudités, d'aigreurs et de dissonances dans le style, m'avait agacé les nerfs.
H.-F. AMIEL, Journal intime, 14 juin 1886, p. 319.
16. Le véritable homme d'État ne se laisse jamais conduire par le sentiment. Il est au-dessus de la haine comme de l'amour. Mais quel repos pour nos oreilles, fatiguées d'injures, de griefs, d'aigreurs et de rodomontades!
J.-R. BLOCH, Destin du siècle, 1931, p. 88.
Prononc. :[]. — Rem. GATTEL 1841 transcrit le mot avec [e] fermé.
Étymol. ET HIST. — 1. XIe s. judéo-fr. aigror, « saveur, odeur piquante » (DARMESTETER-BLONDHEIM, Gloses fr. dans les comment. talmudiques de Raschi, II, Johns Hopkins Studies in Romance lit. and lang., vol. XI, 1937, art. 17 cité par LÉVY Trésor 1964, p. 8 b); 2e moitié XIVe s. aigreur « id. » (Gloss. Aalma, éd. M. Roques, Rec. gén. des lexiques fr. du Moy.-Age, t. 2, p. 8, gl. 109 : accetosus, -sa, -sum : plain d'aigreur); XIVe s. arreur [lire acreur?] « id. » (Secrés de Salerne, ms. Modène Este 28, p. 273 ds GDF. Compl. :[Pistacee] ont ung poy de arreur en ponticité, et pour ce confortent le foye et destoupent ses vaines); 2. 1492, 10 oct. « sentiment d'amertume » fig. (Ord., XX, 347, ibid. : Les Anglois ont conceu tel despit et aigreur à l'encontre de nous que ...).
Dér. de aigre, adj.; suff. -eur; le judéo-fr. aigror XIe s. est prob. issu du lat. acror « saveur piquante » sens propre, Diosc., 1, 137 ds TLL s.v., 434, 36.
STAT. — Fréq. abs. litt. :394. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 607, b) 793; XXe s. : a) 438, b) 467.
BBG. — BAR 1960. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BOISS.8. — CHESN. 1857. — DAIRE 1759. — DARM. Vie 1932, p. 132. — DUP. 1961. — FÉR. 1768. — GUIZOT 1864. — Lar. méd. 1970. — Lar. mén. 1926. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — NOTER-LÉC. 1912. — NYSTEN 1814-20. — PRIVAT-FOC. 1870.

aigreur [ɛgʀœʀ] n. f.
ÉTYM. XIVe; de aigre.
1 Qualité de ce qui est aigre. || L'aigreur du lait tourné. || Ce vin a de l'aigreur, un peu d'aigreur. Acidité.
1 L'aigreur est souvent (…) le résultat d'une altération, comme ce qui arrive au lait et au vin, par exemple, quand ils tournent.
Lafaye, Dict. des synonymes, Aigre, acide…
Vx. || Aigreur de la bile (dans la médecine des humeurs). → ci-dessous, au fig., le sens 3. et la cit. 8.
2 (Au plur.). || Aigreurs (d'estomac) : sensation d'acidité dans la région épigastrique accompagnant une régurgitation, une éructation. Hyperchlorhydrie; acidité. || Le bicarbonate de soude combat les aigreurs.
3 (XVIe). Fig. Disposition d'esprit et d'humeur qui porte à blesser les autres par des actions ou des paroles offensantes. Âcreté, acrimonie, amertume, animosité, irritation, pique, rancœur, rancune, ressentiment. || L'aigreur d'une remarque, d'une réplique. || L'aigreur de son caractère. || Répondre avec aigreur et colère, et dépit. || Je n'y mets aucune aigreur. || Avoir de l'aigreur à l'égard de qqn, pour qqch.; (vx) à qqch. (→ ci-dessous, cit. 4).
2 Ce qui nous donne tant d'aigreur contre ceux qui nous font des finesses, c'est qu'ils croient être plus habiles que nous.
La Rochefoucauld, Maximes, 350.
3 Il n'y a que les personnes qui ont de la fermeté qui puissent avoir une véritable douceur : celles qui paraissent douces n'ont d'ordinaire que de la faiblesse; qui se convertit aisément en aigreur.
La Rochefoucauld, Maximes, 479.
4 (…) l'aigreur de la dame à ces sortes d'outrages (…)
Molière, l'École des maris, I, 6.
5 Je ne m'attendais pas à cette repartie,
Madame, et je vois bien, par ce qu'elle a d'aigreur,
Que mon sincère avis vous a blessé au cœur.
Molière, le Misanthrope, III, 4.
6 (Je vous demande) de répondre sans nulle aigreur aux choses que je pourrai vous dire.
Molière, le Malade imaginaire, III, 3.
7 Je ne garde pour lui, Monsieur, aucune aigreur;
Je lui pardonne tout (…)
Molière, Tartuffe, IV, 1.
8 (Sa morale) sur l'aigreur de sa bile opère comme rien.
Molière, les Femmes savantes, II, 9.
9 Cependant des lettres s'échangeaient entre les adversaires du Consul, chargées d'amères ironies. Julie Talma se distinguait par ses railleries acérées (…) On citerait vingt témoignages de l'aigreur exaspérée qui s'exprimait en des ricanements analogues.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, t. IV, p. 138.
10 L'aigreur empreinte sur son visage suffirait pour faire tourner une vendange (…)
Francis Ponge, le Parti pris des choses, p. 112-113.
CONTR. Douceur, calme, suavité. — Aménité. — Apaisement, paix.

Encyclopédie Universelle. 2012.