ardeur [ ardɶr ] n. f.
• 1130; lat. ardor
1 ♦ Chaleur vive. Ardeur du soleil. Littér. Les ardeurs de l'été.
2 ♦ Fig. Énergie pleine de vivacité. ⇒ activité, force, vie, vigueur, vitalité. Ardeur juvénile.
♢ (Dans l'action) Ardeur au travail. Son ardeur à travailler. « l'ardeur avec laquelle je me mis à cette étude » (Renan). ⇒ cœur, courage, énergie, entrain, zèle. Quelle ardeur ! ⇒ 1. fougue, impétuosité.
♢ (Dans les sentiments) ⇒ 1. élan, emballement, exaltation, ferveur, 1. feu, passion, véhémence. Soutenir une opinion avec ardeur. « brûlant de toutes les ardeurs, [...] celles de l'amour et celles de la haine » (Madelin). L'ardeur de sa passion, de son zèle. Fam. Modérez vos ardeurs !
♢ Spécialt L'ardeur des sens : le désir. Absolt Vx « Il sait mes ardeurs insensées. De l'austère pudeur les bornes sont passées » (Racine).
⊗ CONTR. Indifférence, indolence, mollesse, nonchalance, relâchement. Tiédeur. Froideur.
● ardeur nom féminin (latin ardor, de ardere, brûler) Vivacité, fougue qui porte ou que l'on met à faire quelque chose ; impétuosité : L'ardeur au travail. Acharnement avec lequel quelque chose est fait : L'ardeur de la lutte. Chaleur extrême : L'ardeur du soleil. ● ardeur (synonymes) nom féminin (latin ardor, de ardere, brûler) Vivacité, fougue qui porte ou que l'on met à faire...
Synonymes :
- élan
- énergie
- entrain
- ferveur
- fougue
- impétuosité
- pétulance
- vitalité
Contraires :
- ataraxie
- froideur
- inertie
- mollesse
Acharnement avec lequel quelque chose est fait
Synonymes :
- fureur
- impétuosité
- véhémence
- vigueur
- violence
Contraires :
- douceur
- modération
- retenue
- tiédeur
Chaleur extrême
Contraires :
- fraîcheur
- froid
- tiédeur
ardeur
n. f.
d1./d Chaleur vive. Les ardeurs de la canicule.
d2./d Fig. Vivacité, entrain. Travailler avec ardeur. Ant. indolence, inertie.
⇒ARDEUR, subst. fém.
A.— Chaleur très vive. L'ardeur du feu :
• 1. ... plus loin de jeunes garçons, les bras attachés ensemble, s'essayoient à qui supporteroit plus long-temps l'ardeur d'un charbon enflammé; ...
CHATEAUBRIAND, Les Natchez, 1826, p. 111.
• 2. La chaleur humide de ce printemps faisait souhaiter les ardeurs de l'été.
CAMUS, La Peste, 1947, p. 1239.
SYNT. Ardeur brûlante; ardeur du brasier, de la canicule, de la flamme, du soleil.
— MÉD. Sentiment de chaleur ressenti lors de certaines maladies :
• 3. J'avais à peine la force de parler, madame la Comtesse, et les larmes inondaient mon visage. Il m'a tendu sa main brûlante de l'ardeur de la fièvre, et m'a dit : Je suis touché de vos sentimens.
SÉNAC DE MEILHAN, L'Émigré, 1797, p. 1663.
SYNT. Ardeur fiévreuse; ardeur de la soif.
♦ Ardeur d'estomac. Pyrosis.
♦ Ardeur d'urine. ,,Sentiment de chaleur ardente que l'on éprouve, dans certaines maladies, au col de la vessie ou dans le canal de l'urèthre, lors de l'émission de l'urine.`` (LITTRÉ-ROBIN 1865).
— VÉTÉR. (méd.). Ardeurs. Maladies prurigineuses de la peau du cheval.
B.— Au fig.
1. Vivacité ou vigueur que l'on apporte à faire quelque chose :
• 4. Il est impossible de ne pas apercevoir un fond de mélancolie chez les femmes écossaises. Cette mélancolie est surtout séduisante au bal où elle donne un singulier piquant à l'ardeur et à l'extrême empressement avec lesquels elles sautent leurs danses nationales.
STENDHAL, De l'Amour, 1822, p. 158.
• 5. Moins il venait de notables, moins de notables avaient envie de venir. Quelques-uns, pourtant, furent tout de suite à mes côtés et apportèrent aux devoirs qu'ils assumaient à l'improviste une ardeur et une activité grâce auxquelles, en dépit de tout, le navire prit et tint la mer.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, p. 84.
• 6. Je voulais rester au cours Désir et pourtant je ne m'y plaisais plus. Je continuai à travailler avec ardeur, mais ma conduite s'altéra. La directrice des classes supérieures, Mademoiselle Lejeune, une grande femme sèche et vive à la parole facile m'en imposait; mais je me moquais avec Zaza et quelques camarades des ridicules de nos autres professeurs.
S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 124.
SYNT. Ardeur agressive, batailleuse, belliqueuse, conquérante, créatrice, extrême, furieuse, guerrière, juvénile, patriotique, religieuse, sauvage; une âpre, belle, excessive, généreuse, infatigable, noble, nouvelle ardeur; ardeur de l'adolescence, de l'âge, de la discussion, de la jeunesse, de la poursuite; ardeur au combat, au travail.
2. Ardeur de + subst. ou inf., ardeur à + subst. ou inf. et plus rarement ardeur pour + subst. ou inf. Désir violent de quelque chose :
• 7. L'ardeur du butin était si grande, surtout parmi les Bretons, qu'en ce moment tout leur désir était de traiter de la même sorte la riche ville de Bruges.
BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 1, 1821-24, p. 266.
3. Passion
— Fréquemment au plur. Passion amoureuse, désir. Il lui cachait son ardeur; il n'avait plus pour elle ces ardeurs insensées (Ac. 1835-1932) :
• 8. ... cependant ces symptômes disparaissent; mais ils laissent après eux ce feu dévorant que la nature a allumé, et que le plaisir seul peut éteindre. Victime d'un besoin qu'elle ignore, une secrète ardeur la consume; à des jours inquiets, succèdent des nuits plus agitées encore; ...
LACLOS, De l'Éducation des femmes, 1803, p. 439.
• 9. Car elle [Geneviève] se montra finalement cruelle aux ardeurs qu'elle avait attisées. Ardeurs d'autant plus dangereuses qu'elles avaient embrasé un homme rude, plein de bonne foi et d'un tempérament téméraire.
BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, p. 33.
• 10. ... alors j'ai la ressource de fourrager en pensée dans les nichons de Gerty; je peux même, de longues heures durant, entretenir en moi cette volonté formelle de ne pas les fourrager qu'en pensée, et de les peloter réellement, ce soir, au nom de Dieu qui créa la beauté, et l'ardeur des mâles, et le besoin de viol des femelles, ce soir, à la première occasion, quand elle sera en train de vérifier les épingles de mon bandage.
ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 307.
— [Dans le lang. des mystiques] :
• 11. ... que le cœur humain puisse battre pour son prochain d'une charité véritable : ceci paraît à bien des gens que je connais simplement impossible, — et presque monstrueux. (...). N'est-ce pas un fait positif que, depuis vingt siècles, des milliers de mystiques ont puisé à sa flamme des ardeurs tellement passionnées qu'elles laissent loin derrière elles, en éclat et en pureté, les élans et les dévotions de n'importe quel amour humain?
TEILHARD DE CHARDIN, Le Phénomène hum., 1955, p. 329.
♦ Ardeur des sens, du tempérament. Propension aux plaisirs de l'amour.
SYNT. Ardeur charnelle, sensuelle, voluptueuse.
4. [En parlant d'un animal] Activité, fougue :
• 12. Ce sont des râles, des cris gutturaux, comme ceux qu'on pousse à la chasse pour exciter l'ardeur des chiens.
T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, p. 153.
5. MAR. ,,Qualité d'un bateau ardent`` (SOÉ-DUP. 1906) :
• 13. L'ardeur ou la mollesse d'un bateau peuvent dans certaines limites se corriger par une meilleure disposition de ses voiles. On rend un bateau plus ardent en bordant davantage les voiles d'arrière. Il devient au contraire moins ardent en bordant davantage les focs.
SOÉ-DUP. 1906.
C.— Ardeurs. Anges occupant un certain rang dans la hiérarchie céleste. (Attesté ds LITTRÉ) :
• 14. Les puissances célestes les plus sublimes (...) toutes ces hautes Ardeurs ne pourroient cependant entrer dans les espaces du Père sans être anéanties...
CHATEAUBRIAND, Fragments du Génie du Christianisme primitif, 1800, pp. 231-32.
Rem. ,,Les poètes disent ardeur au singulier et au pluriel, pour dire amour. (...). Au propre, on le met au pluriel dans les phrases suivantes : Les ardeurs du soleil, les ardeurs de la canicule, les ardeurs de l'été.`` (LAV. Diffic. 1846). Les ex. attestent que cet emploi se rencontre également au singulier.
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1120-50 « chaleur brûlante » (Gd mal fit Adam, éd. H. Suchier, I, 105 ds T.-L. : Senz repos ardor aux enfers); 2. au fig. a) 1170-91 « désir charnel » (BÉROUL, Tristan, éd. E. Muret, 1195, ibid. : Sire, en nos les lépreux a si grant ardor, Soz ciel n'a dame qui un jor Pëust sofrir nostre convers); b) 1203 « passion amoureuse » (Chastelain de Coucy, éd. Crapelet, 239, ibid. : Moult souvent souspiroit d'ardour); c) mil. XIVe s. « désir violent » (Li Batard de Bouillon, éd. A. Scheler, Bruxelles 1877, 170, ibid. : de combattre as Turs avoient grant ardour). Rem. Nombreuses attest. au masc., au XVIe s. (HUG.).
Empr. au lat. ardor attesté dep. Accius au sens 1 (Trag. 581 ds TLL s.v., 489, 48); dep. Lucrèce au sens 2 b (4, 1086 ds OLD, I, 165) et dep. Cicéron au sens 2 c (Orat., 108, ibid.).
STAT. — Fréq. abs. littér. :2 815. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 4 953, b) 3 675; XXe s. : a) 4 269, b) 3 207.
BBG. — BRUANT 1901. — GOUG. Mots t. 2 1966, p. 20. — LACR. 1963. — LEW. 1960, p. 170. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — NOTER-LÉC. 1912. — NYSTEN 1824. — Sexol. 1970. — SOÉ-DUP. 1906.
ardeur [aʀdœʀ] n. f.
ÉTYM. 1130; lat. ardor, de ardere « brûler ».
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1 Vx ou littér. Chaleur vive. || L'ardeur du feu, des flammes. || Les ardeurs éternelles. ⇒ Enfer. || L'ardeur du soleil, les ardeurs de l'été. — Sensation de chaleur, de brûlure. — Vx. || Les ardeurs de la fièvre. ⇒ Brûlure, échauffement, feu. || Ardeur de la soif. || Ardeur brûlante.
1 Des contraires saisons le froid ni les ardeurs (…)
Corneille, Poésies diverses, 3.
2 La fièvre a ses frissons et ses ardeurs (…)
Pascal, Pensées, t. II, VI, 354.
3 Là, jamais on ne ressentit les ardeurs de la furieuse canicule (…)
Fénelon, Télémaque, XIV.
4 On sent que le soleil les brûle (les brumes), les ronge, les écrase, de toutes ses ardeurs (…)
Maupassant, la Vie errante, p. 28.
5 On l'appelle (la soif) adurante, parce qu'elle est accompagnée de l'ardeur de la langue, de la sécheresse du palais, et d'une chaleur dévorante dans tout le corps.
A. Brillat-Savarin, Physiologie du goût, Méd., VIII, p. 49.
2 Méd. Vx. || Ardeur d'estomac. ⇒ Brûlure. — Ardeur d'urine. — Vétér. || Ardeurs : prurit de la peau de cheval.
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II (Abstrait).
1 Vieilli ou littér. Énergie pleine de vivacité. || L'ardeur de la constitution. ⇒ Force, vie, vigueur, vitalité. || Une ardeur juvénile. || On n'a jamais tant d'ardeur que lorsqu'on est jeune.
6 Cette ardeur que dans les yeux je porte (…)
Sais-tu que c'est son sang ? le sais-tu ?
Corneille, le Cid, II, 2.
7 Heureux si, averti par ces cheveux blancs du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie les restes d'une voix qui tombe et d'une ardeur qui s'éteint.
Bossuet, Oraison funèbre du prince de Condé.
8 M. de Lagrange est jeune, et je suis presque vieux; son ardeur est naissante, et la mienne décline.
D'Alembert, Lettre au roi de Prusse, 11 juil. 1766.
9 (…) l'ardeur d'un être qui commence à vivre (…)
Maupassant, Fort comme la mort, p. 311.
10 La nature pénétrait en moi par tous les sens et m'embrasait d'une ardeur délicieuse.
France, le Petit Pierre, XXX.
2 (V. 1170, Béroul). Vx ou littér. (Souvent par métaphore du sens I.; → Feu, flamme). Désir. || Ardeur du tempérament : propension aux plaisirs de l'amour. ⇒ Chaleur, salacité. || Les ardeurs de l'amour, de la passion. ⇒ Brasier, embrasement, effervescence, incandescence. || Une amoureuse ardeur. — REM. Ardeur, au sens d'« amour » (attesté en 1203), est très fréquent dans la langue classique, notamment au XVIIe s. (→ Amour, feu, flamme). Cet emploi est vieux (→ ci-dessous, cit. 15). — Constante ardeur. || Ardeur éphémère, fugitive.
11 Ses ardeurs (de l'amour) sont des ardeurs de feu, une flamme de l'Éternel.
Bible, Cantique des cantiques, VIII, 6.
12 De la même ardeur dont je brûle pour elle,
Elle brûle pour moi (…)
Malherbe, V, 21.
13 Mais si vous connaissez l'amour et ses ardeurs (…)
Corneille, Médée, II, 5.
14 Et des mêmes ardeurs dont il fut embrasé (…)
Corneille, Cinna, IV, 5.
15 Hé quoi ? vous me jurez une éternelle ardeur,
Et vous me la jurez avec cette froideur ?
Racine, Bérénice, II, 4.
16 (…) Cette ardeur que j'ai pour ses appas (…)
Racine, Bérénice, II, 2.
17 Ce n'est plus une ardeur dans mes veines cachée :
C'est Vénus tout entière à sa proie attachée.
Racine, Phèdre, I, 3.
18 (…) Il sait mes ardeurs insensées.
De l'austère pudeur les bornes sont passées.
Racine, Phèdre, III, 1.
19 (…) ses belles qualités avaient (…) commencé à fondre une partie de cette glace qui avait résisté jusques alors à toutes les ardeurs de l'amour (…)
Molière, la Princesse d'Élide, II, Argument.
20 Il a brûlé deux ans d'une constante ardeur (…)
Molière, les Femmes savantes, IV, 2.
21 Si l'ardeur de mes feux a pu vous émouvoir.
Molière, le Misanthrope, V, 2.
22 Cette amoureuse ardeur qui dans les cœurs s'excite
N'est point, comme l'on sait, un effet du mérite (…)
Molière, les Femmes savantes, V, 1.
23 Je vous le dis encor, ces bouillants mouvements,
Ces ardeurs de jeunesse et ces emportements
Nous font trouver d'abord quelques nuits agréables;
Mais ces félicités ne sont guère durables (…)
Molière, l'Étourdi, IV, 4 (cf. Alentir).
REM. Le mot, au sing. et au plur. (les ardeurs), reste souvent métaphorique (→ Feu).
24 (…) l'amour véritable est un feu dévorant qui porte son ardeur dans les autres sentiments et les anime d'une vigueur nouvelle
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, I, Lettre XII.
REM. Les emplois plus récents sont littéraires; ils comportent en général un compl. (l'ardeur, les ardeurs de la passion, etc.).
25 Et il vivait près d'elles, partagé entre les deux, inquiet, trouble, sentant pour la mère ses ardeurs réveillées et couvrant la fille d'une obscure tendresse.
Maupassant, Fort comme la mort, p. 161.
26 (…) un garçon de vingt-trois ans (…) chez lequel des convictions tout idéologiques avaient comprimé, jusqu'ici, les ardeurs du cœur et des sens.
Paul Bourget, Un divorce, III, p. 107.
3 Vx ou littér. || Les ardeurs de l'âme. ⇒ Mouvement, passion. || L'ardeur des ambitions humaines. || Ardeur de posséder, de s'enrichir. ⇒ Avidité, convoitise, désir. || L'ardeur de l'enthousiasme. ⇒ Élan, emballement (fam.), emportement, empressement, exaltation, feu (feu sacré), flamme, fougue, lyrisme, véhémence. || Ardeur généreuse, passionnée. || Ardeur patriotique (→ Marraine, cit. 3). || Noble, pieuse, sainte ardeur. ⇒ Ferveur. || Une ardeur frénétique. ⇒ Agitation, excitation, frénésie, surexcitation. || L'ardeur d'une passion. || Ardeur de la colère. ⇒ Échauffement, fureur, transport, violence. || Ardeurs de l'imagination. ⇒ Impétuosité, vivacité, volcan. — Vx. || Ardeur du style, de l'expression. ⇒ Fougue.
27 Il me faudrait non l'ardeur de ma rime
Mais l'enthousiasme, aiguillon de Pontus (…)
28 Quelquefois, le dirai-je ? un remords légitime
Au fort de mon ardeur vient refroidir ma rime.
Boileau, Au roi, Épître VIII.
29 L'ambition déplaît quand elle est assouvie;
D'une contraire ardeur son ardeur est suivie (…)
Corneille, Cinna, II, 1.
REM. Dans la langue classique, où cet emploi est usuel, le mot garde souvent une valeur métaphorique (« feu »), attestée par les contextes (emploi de verbes comme attiser, éteindre, refroidir, allumer, brûler, consumer, etc., cet emploi restant vivant dans la langue littéraire moderne; → ci-dessous, cit. 35 et 38).
30 Votre ardeur vous séduit, mais quoi qu'elle vous die,
Quand vous la sentirez une fois refroidie (…)
Corneille, Polyeucte, V, 4.
31 Une si juste ardeur devrait être attiédie (…)
Corneille, Cinna, I, 2.
32 Vous me connaissez mal; la même ardeur me brûle,
Et le désir s'accroît quand l'effet se recule (…)
Corneille, Polyeucte, I, 1.
33 Qu'il vous est cher d'avoir sans cesse devant vous
Ce tableau de l'objet de vos vœux les plus doux
(…) D'y sentir redoubler l'ardeur de vos désirs (…)
Molière, la Gloire du Val-de-Grâce.
34 Déjà pour commencer, dans l'ardeur qui m'enflamme (…)
Molière, Sganarelle, 17.
4 Plus cour. Énergie active (d'une personne). || L'ardeur de qqn, son ardeur. ⇒ Allant (n. m.). || Désirer, poursuivre, rechercher, souhaiter qqch. avec ardeur. ⇒ Ardemment. || Affaiblir, amortir, attiédir, calmer, diminuer, éteindre, modérer, ralentir, refroidir, tempérer l'ardeur de qqn. || Perdre de son ardeur. ⇒ Faiblir. || Attiser, aviver, exalter, exciter, enflammer, galvaniser, ranimer, raviver, réveiller l'ardeur de qqn. || Remplir qqn d'ardeur. || Ardeur pour qqch., à faire qqch.
35 L'Espoir, dont l'éperon attisait ton ardeur (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, 80.
36 L'ardeur des citoyens à se régénérer tiédit avec le temps (…)
France, Les dieux ont soif, p. 33.
37 L'élan patriotique de 1792 avait, jusqu'à la fin de 1793, exalté les âmes; mais, peu à peu, cette superbe ardeur était tombée (…)
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, t. III, V.
38 Âme de feu dans un corps débile, volonté de fer, esprit qu'agitait un cœur effréné, fortifiant son génie naturel de ses passions mêmes, brûlant de toutes les ardeurs, — les plus hautes et les pires, — celles de l'amour et celles de la haine (…)
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, t. V, XIII.
39 En général, rien n'était mieux fait pour galvaniser son ardeur que la défaillance des autres.
Martin du Gard, les Thibault, VI, 6.
♦ (Dans une activité physique). || Danser avec ardeur.
♦ L'ardeur d'une opinion, d'une conviction. ⇒ Force, vigueur.
♦ Vieilli ou littér. || Ardeur dans l'action. ⇒ Acharnement, activité, animation, chaleur, cœur, courage, empressement, énergie, entrain, feu (feu sacré), gaieté, intérêt, joie, zèle. || S'adonner, s'appliquer, s'attacher, se porter avec ardeur à qqch. — Mod. et cour. (Avec travail, travailler). || Montrer de l'ardeur au travail. || Travailler avec ardeur. ⇒ Cœur. || Redoubler d'ardeur au travail. — Vieilli. || Ardeur fugitive (cf. Feu de paille, feu follet). || L'ardeur du combat, de la dispute. — L'ardeur impétueuse du combattant. ⇒ Courage, furie, impétuosité. || Quelle ardeur ! ⇒ Fougue.
40 Je n'ai connu d'ardeur que celle des combats.
Rotrou, Bélisaire, I, 6.
41 Cette ardeur qui des chefs passe aux moindres soldats
Anime tous les cœurs, fait agir tous les bras.
Corneille, Victoires du Roi.
42 (…) l'ardeur de la chicane.
Boileau, le Lutrin, I.
43 L'ardeur de leurs disputes insensées (…)
Bossuet, Oraison funèbre de la Reine d'Angleterre.
44 Il est temps de montrer cette ardeur et ce zèle
Qu'au fond de votre cœur mes soins ont cultivés.
Racine, Athalie, IV, 2.
45 L'ardeur de l'étude avait ruiné sa constitution aussi faible que vive, et l'excès du travail l'empêcha d'en recueillir les fruits.
d'Alembert, Éloges, Testu.
46 (…) l'ardeur avec laquelle je me mis à cette étude (…)
Renan, Souvenirs d'enfance, IV.
47 Plusieurs commencent avec ardeur, et puis ils se rebutent, avant d'être arrivés au temps de la moisson.
F. de Lamennais, Paroles d'un croyant, p. 156.
5 (Chasse). Vx ou emplois spéciaux (animaux). || Ce chien a trop d'ardeur; il s'attache avec ardeur à sa proie, il s'échauffe sur la voie. ⇒ Acharnement, opiniâtreté.
48 Ses superbes coursiers, qu'on voyait autrefois
Pleins d'une ardeur si noble obéir à sa voix (…)
Racine, Phèdre, V, 6.
49 Le chevreuil laisse des impressions plus fortes et qui donnent aux chiens plus d'ardeur et plus de véhémence d'appétit que l'odeur du cerf (…)
Buffon, Hist. nat. des animaux, Le chevreuil.
6 Mar., rare. Caractère d'un bateau ardent; tendance à lofer. || La gîte accroît l'ardeur d'un bateau.
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CONTR. Calme, engourdissement, fainéantise, fraîcheur, frigidité, froideur, inaction, indifférence, indolence, inertie, lâcheté, mollesse, nonchalance, relâchement, tiédeur.
Encyclopédie Universelle. 2012.