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assujettir

assujettir [ asyʒetir ] v. tr. <conjug. : 2>
• v. 1440; de 1. a- et sujet
I V. tr.
1Vx ou littér. Rendre sujet, mettre dans sa dépendance. Les peuples que Rome avait assujettis. asservir, dominer, soumettre; opprimer, subjuguer. « Il s'agit pour chaque cité d'assujettir ou d'abaisser les autres » (Taine).
Maintenir (qqn) dans l'obéissance. « la mainmise de l'État sur le travail et la pensée de tous les êtres qu'il assujettit » (Duhamel). Spécialt Dominer par un ascendant moral, tenir (qqn) sous son empire. captiver, conquérir, dompter, subjuguer. « Enfin l'aimable Agnès a su m'assujettir » (Molière).
2Mod. ASSUJETTIR À : soumettre, astreindre à. Assujettir qqn à des règles. Être assujetti à l'impôt. assujetti. « une doctrine qui prétend assujettir le langage d'aujourd'hui à des formes d'autrefois » (Brunot).
3Rendre (qqch.) fixe, immobile, stable. assurer, attacher, 2. caler, clouer, coincer, fixer, lier, maintenir, river. Assujettir un chargement ( arrimer) , un sac à dos. « Les charpentiers assujettissaient à grands coups de maillet les fermes des baraques » (France). Techn. Assujettir une manœuvre, un cordage. amarrer, frapper.
II ♦ S'ASSUJETTIR v. pron. Littér.
1Assujettir à soi. conquérir, dompter. « une puissante individualité, que la foi s'était assujettie, mais que la règle ecclésiastique n'avait pas domptée » (Renan).
2Se soumettre. se plier. S'assujettir à une règle.
⊗ CONTR. Affranchir, délivrer, dispenser, exempter, libérer.

assujettir verbe transitif (de sujet) Littéraire. Placer un peuple, un pays sous sa domination, dans un état de dépendance politique : Un conquérant qui a assujetti tous ses voisins. Astreindre quelqu'un à une obligation, le soumettre à l'application d'une loi, d'un règlement : Assujettir les conducteurs à un contrôle médical périodique. Soumettre, plier quelqu'un, quelque chose à une règle, à une norme : Assujettir ses journées à un strict emploi du temps. Fixer quelque chose pour le maintenir dans une position stable : Assujettir un portail avec une barre.assujettir (difficultés) verbe transitif (de sujet) Orthographe Avec deux s et deux t. ● assujettir (synonymes) verbe transitif (de sujet) Littéraire. Placer un peuple, un pays sous sa domination, dans un...
Synonymes :
Contraires :
- délivrer
- libérer
Astreindre quelqu'un à une obligation, le soumettre à l'application d'une...
Synonymes :
- réduire
Contraires :
- décharger
- dégager
- exonérer
Soumettre, plier quelqu'un, quelque chose à une règle, à une norme
Synonymes :
Fixer quelque chose pour le maintenir dans une position stable
Synonymes :
Contraires :
- décoincer
- délier
- détacher
- ébranler

assujettir
v.
rI./r v. tr.
d1./d Asservir, ranger sous sa domination. Assujettir un peuple.
|| ôter toute liberté à. Cette tâche l'assujettit entièrement.
d2./d Assujettir à: soumettre à. Il l'assujettit à ses caprices. Assujettir des contribuables à un impôt.
d3./d Fixer solidement, immobiliser (qqch). Assujettir un chargement sur un camion.
rII./r v. Pron. S'astreindre, se soumettre. S'assujettir à une règle.

⇒ASSUJETTIR, verbe trans.
Imposer quelque chose soit en obligeant ou en contraignant, soit simplement en assurant l'immobilité et la stabilité de l'objet.
I.— [L'idée d'obligation domine]
A.— [Le suj. désigne une pers. ou un groupe de pers.] Avec soumission aliénante, le plus souvent pénible.
1. [Le compl. désigne un pays ou un peuple] :
1. Aucune des classes [de la société européenne] n'a pu vaincre ni assujétir les autres; la lutte, au lieu de devenir un principe d'immobilité, a été une cause de progrès; ...
GUIZOT, Hist. gén. de la civilisation en Europe, 1828, p. 29.
2. « Alexandre à Persépolis, sur son trône d'or, au milieu de ses quatre cents femmes, de ses gitons et des rois prosternés, cet Alexandre qu'on salue alors vrai fils de Jupiter, ne connaît pas les joies du jeune guerrier qui tranchait le nœud gordien, s'élançait le premier dans la bataille ou mesurait, de l'œil d'un aigle, l'empire qu'il lui fallait assujettir. »
ARLAND, L'Ordre, 1929, p. 16.
a) De même. [Avec un compl. indir. d'obj. second.] Assujettir qqn à qqc. ou qqn. Assujettir un peuple à un autre, à une influence :
3. S'il y avait en face l'une de l'autre deux races d'hommes, l'une civilisée, l'autre incivilisable, la seule politique devrait être d'anéantir la race incivilisable, ou de l'assujettir rigoureusement à l'autre.
RENAN, L'Avenir de la sc., 1890, p. 339.
b) De même. Emploi pronom. [Avec valeur d'obj. second. du pron.] S'assujettir un peuple, un groupe social, une province :
4. Un groupe [social] ne peut se défendre contre un autre groupe ou se l'assujettir qu'à condition d'agir avec ensemble.
DURKHEIM, De la Division du travail soc., 1893, p. 170.
2. [Le compl. désigne une pers.] Assujettir une personne. L'accaparer, la priver de, ou limiter sa liberté :
5. Madame Gérard, triomphante, exaltée d'avoir conquis et assujetti Madame Baudouin, trouva sa fille dans les larmes.
DURANTY, Le Malheur d'Henriette Gérard, 1860, p. 175.
Fréq. [Avec un compl. indir. d'obj. second.] Assujettir une pers. à qqc. :
6. Elle croyait deviner, sous chaque parole d'Albert, les vues étroites et despotiques du mari qui entend borner sa femme à lui-même, l'assujettir à ses goûts, la cacher au monde.
CHARDONNE, L'Épithalame, 1921, p. 391.
SYNT. Fig. Assujettir le Saint-Esprit à ses heures, ou à la forme pronom. de l'obj. second. s'assujettir un homme, une femme, ou inv. assujettir son cœur à une femme, à un homme.
3. Rare. [Le compl. désigne un animal] Synon. domestiquer. L'homme assujettit et adapte la bête (PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1932, p. 133).
4. P. anal. [L'obj. désigne une chose abstr.] Assujettir le monde, la terre. Diriger, dominer les éléments naturels.
Rem. Inversement, on rencontre des expr. illustrant la condition philos. de l'homme : l'homme est assujetti au temps, aux maux inévitables, etc.
De même. S'assujettir qqc. :
7. En revanche, ce nain, en cheminant toujours et en accumulant son travail, fait le tour de son globe, escalade les plus hauts sommets, construit la science, s'assujettit par la pensée l'espace et le temps, réalise des choses colossales, et maîtrise les éléments et les forces de cette même planète, pour laquelle il n'est qu'un point imperceptible.
AMIEL, Journal intime, 1866, p. 216.
B.— [Le suj. désigne indifféremment qqn ou qqc. qui contraint] Avec simple obéissance à la loi (physique ou morale) commune ou aux conventions sociales. Assujettir qqn ou qqc. à qqc. (ou à suivi de l'inf.). Cf. se plier, se conformer (à).
1. [L'obj. désigne une pers., un groupe soc., ou un corps de métier] Synon. de astreindre. Assujettir qqn à un exercice journalier, à un travail, à une corvée :
8. (651). La loi assujettit les propriétaires à différentes obligations l'un à l'égard de l'autre, indépendamment de toute convention.
Code civil, 1804, p. 119.
9. Ces fonctions nouvelles qui vous assujettiront sans relâche vous ont donc fait oublier mes montagnes et la promesse que vous m'aviez faite?
SENANCOUR, Obermann, t. 2, 1840, p. 144.
P. anal. [L'obj. désigne une chose concr.] :
10. Le gérant (directeur de la publication) qui s'apprête à faire paraître un journal ou une revue doit accomplir un certain nombre de formalités auxquelles est assujettie la publication d'un périodique.
G. et H. COSTON, L'A. B. C. du journ., 1952, p. 148.
Rem. On rencontre également des expr. du type ,,la prose (...) assujettit (...) la parole écrite aux seules règles d'une grammaire...`` (OZANAM, Essai sur la philos. de Dante, 1838, p. 28).
2. DR. (impôts). Assujettir qqn (pers. ou groupe soc. ou ethnique) à un (l') impôt, à une redevance, à un tribut.
3. Forme pronom. de l'obj. premier Se plier. S'assujettir à une autorité, un devoir, un exercice, une loi, une règle. Se conformer, suivre à la lettre. S'assujettir à une convention, une méthode, un plan; s'assujettir à faire qqc.
P. anal., dans la lang. abstr. :
11. ... c'est que la nature ne s'assujettit point aux règles logiques qui président à la coordination systématique de nos idées.
COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances, 1851, p. 237.
II.— [L'idée d'immobilité, de stabilité domine]
A.— Assujettir un objet concret. Le caler, l'attacher :
12. Le hublot resté ouvert vint battre soudain contre la paroi, comme si le navire eût viré brusquement; et, en me retournant pour l'assujettir, je vis que le ciel avait pâli légèrement au ras de la mer.
GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, p. 220.
SYNT. Assujettir une étiquette sur une bouteille, une fenêtre, ses lunettes, une porte, une table, un volet. De même (avec un pron. obj. second.) s'assujettir un chapeau sur la tête avec une ficelle.
P. anal., rare. [L'obj. désigne une pers.] :
13. — Je m'en fais une fête, dit la marquise en s'assujettissant doucement sur sa causeuse, comme quelqu'un qui se met à l'aise pour mieux jouir d'une circonstance agréable.
O. FEUILLET, Monsieur de Camors, 1867, p. 234.
B.— MÉD. VÉTÉR. Assujettir un animal. Le contenir dans la position la plus favorable pour l'opérer, le panser ou faciliter la guérison de quelque partie malade (cf. assujetti ex. 5).
MÉD. Assujettir un membre malade. Le maintenir au moyen d'instruments ou d'objets rudimentaires :
14. Leur conduite m'a paru un peu mieux raisonnée dans le traitement des fractures; ils mettent les bouts des os fracturés en contact, et les y maintiennent par un bandage, en assujettissant le membre dans une écorce d'arbre qui l'emboîte par le moyen de lisières de peau : le malade garde le repos jusqu'à la parfaite consolidation des parties.
Voyage de La Pérouse, t. 4, 1797, p. 59.
C.— P. anal. [Le suj. désigne une chose] Assujettir qqn. Synon. attacher, retenir prisonnier :
15. Quand Jean Valjean fut seul avec Javert, il défit la corde qui assujettissait le prisonnier par le milieu du corps, et dont le nœud était sous la table.
HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 477.
D.— Spéc., MAN.
Assujettir un cheval. Le conduire de manière que les épaules et les hanches ne sortent point de la piste.
Rem. Attesté ds Lar. 19e-Nouv. Lar. ill., LITTRÉ, GUÉRIN 1892; ne figure pas ds Ac.
Assujettir la croupe d'un cheval. La fixer avec la rêne de dedans et la jambe de dehors.
Rem. Attesté ds Lar. 19e-Nouv. Lar. ill., LITTRÉ, GUÉRIN 1892.
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[] ou [-], j'assujettis [] ou [-]. PASSY 1914 (qui note une durée mi-longue pour la 2e syll.) et DUB. transcrivent la 3e syll. du verbe avec [] ouvert, Harrap's 1963, Pt ROB. et Pt Lar. 1968 avec [e] fermé. WARN. 1968 donne deux possibilités de prononc. : l'une avec [] pour le lang. soutenu, l'autre avec [e] pour le lang. cour. V. BUBEN, Influence de l'orth. sur la prononc. du fr. mod., Bratislava, 1935, pp. 59-60, § 50 écrit à ce sujet : ,,Pour ceux qui distinguent l'e ouvert de l'e fermé en syllabe protonique, la prononciation de l'e suivi d'une lettre géminée pose une [...] question importante; à savoir quel timbre il faut lui attribuer dans ce cas-là. Puisque le redoublement est purement graphique, la lettre double étant prononcée comme une lettre simple, l'e se trouve phonétiquement en syllabe ouverte et devrait prendre le timbre fermé. Mais sous l'influence de l'écriture et par analogie avec les mots savants qui ont une consonne géminée prononcée on en vient à considérer comme fermée la syllabe en question et on y introduit un e ouvert, favorisé aussi par l'analogie des formes accentuées sur le radical.`` V. Buben compare la graph. assujettir avec la prononc. par [] ouvert avec la graph. assujétir avec la prononc. par [e] fermé. À noter cependant que Pt ROB. et Pt Lar. 1968 écrivent assujettir (infra 3) mais donnent la prononc. par [e] fermé. 2. Forme graph. — Ac. et la majorité des dict. mod. écrivent assujettir. QUILLET 1965 donne cependant assujettir ou assujétir (cf. aussi Ortho-vert 1966 : ,,on écrit aussi assujétir``). 3. Hist. : assujettir ds Ac. 1835, 1878 (qui mentionnent aussi assujétir). Cf. également FÉR. 1768, GATTEL 1841, NOD. 1844 et GUÉRIN 1892. Assujettir ou assujétir en vedette ds Ac. 1798 (cf. également Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Pt Lar. 1906, LITTRÉ et DG); FÉR. Crit. t. 1 1787 écrit : ,,assujettir ou mieux assujétir`` et LAND. 1834 : ,,assujétir et non pas assujettir`` quoique l'Ac. écrive ce mot de deux manières (cf. Ac. 1798) et presque tous les lexicographes avec elle. LAND. 1834 ajoute à cela : ,,L'opinion qui a fait mettre deux t s'appuie sans doute sur l'étymologie de ce verbe qui est sujet, dont le fém. est sujette. Mais on n'a point fait attention que l'adj. sujette est terminé par un e muet, et que c'est cet e muet qui forme le redoublement de la consonne, car il est de principe général qu'on ne double les lettres l, n, t, que dans le cas où l'on entend un e muet après ces lettres; dans toutes les autres occasions on n'écrit le mot qu'avec une seule consonne : j'appelle, nous appelons. Il est d'ailleurs tellement raisonnable d'écrire assujétir, avec un accent aigu sur e, et par un seul t, que tous les dictionnaires et l'Académie elle-même, écrivent sujétion, mot qui est également dérivé de sujet, sujette; nulle part nous n'avons trouvé sujettion : il est bien certain que si ce mot se présentait ainsi, il serait considéré à bon droit comme barbarisme. C'est principalement l'orthographe de ce mot qui nous a frappés et nous a décidés à écrire assujétir et non assujettir.`` BESCH. 1845 donne la forme assujétir comme vedette unique et complète la rem. de LAND. 1834 : ,,Ce verbe ne devrait s'écrire que d'une seule manière, assujétir avec l'accent comme sujétion, non par cela seulement, comme le prétend Landais, que le t ne se trouve que devant l'e muet, mais parce-que ce verbe ne signifie pas Devenir ou rendre sujette, mais sujet. Il n'est pas plus permis d'écrire assujettir par double t que completter avec deux t.`` Pour le doublement de t dans le suff. -ette, cf. THIM. 1967, p. 256. En ce qui concerne la prononc., l'on trouve [] ouvert ds FÉR. 1768 et NOD. 1844 correspondant chez eux à la graph. -ettir. L'on a [e] fermé ds FÉR. Crit. t. 1 1787 et LAND. 1834 avec la graph. -étir (pour [e] cf. aussi FÉL. 1851). GATTEL 1841 transcrit [e] alors qu'il écrit -ettir (supra). LITTRÉ et DG donnent [] dans le cas des deux graphies.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. a) 1440-48 trans. « soumettre, rendre esclave, ranger sous sa domination » (Martin Le Franc ds Romania, t. 16, p. 418 : Hors de sa terre et hors de France Fortune fort l'assugetty); b) 1539 pronom. « se rendre sujet de, se soumettre à » (EST., p. 43 : S'assoubiectir aux commandemens des victorieux [...] L'opinion de Lucullus s'assoubiectit a la superstition & scrupule des uers de la Sibyle, qui defendent qu'on ne remeine point le roy avec une armee); c) av. 1654 id. « soumettre à soi-même, dompter, maîtriser » (BALZAC, Dissertations critiques, II ds Dict. hist. Ac. fr. : Il [l'orateur] s'assujétira l'intellect par la force du raisonnement); 2. 1694 « attacher, fixer, rendre stable » (CORNEILLE).
Dér. de sujet; préf. a-1; dés. -ir.
STAT. — Fréq. abs. littér. :225. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 493, b) 293; XXe s. : a) 254, b) 225.
BBG. — NOTER-LÉC. 1912. — NYSTEN 1814-20. — WILL. 1831.

assujettir [asyʒetiʀ] v. tr.
ÉTYM. 1694; assujetir, 1654; s'assoubiectir, 1539; assugetty, v. 1445; de 1. a-, sujet, et -ir.
1 Vx ou littér. Rendre sujet, ranger sous sa domination, sous ses lois; mettre dans sa dépendance. || Assujettir un pays, une nation. || Les peuples que Rome avait assujettis. Dominer, soumettre; conquérir, maître (se rendre), occuper; asservir (cit. 1); courber, plier (sous sa loi); opprimer, subjuguer. || Assujettir une classe, un groupe social.
1 Ils (les Romains) établirent comme une loi qu'il ne serait permis à aucun roi d'Asie d'entrer en Europe, et d'y assujettir quelque peuple que ce fût.
Montesquieu, Grandeur et Décadence des Romains, 6.
2 Il s'agit pour chaque cité d'assujettir ou d'abaisser les autres, d'acquérir des vassaux, de conquérir ou d'exploiter autrui.
Taine, Philosophie de l'art, I, 2, 5.
2 Littér. ou techn. (concret). Maintenir (un être vivant, une partie du corps) dans une position déterminée ou dans l'immobilité.
Vx. || Assujettir qqn, l'empêcher de bouger. Attacher, contenir, enchaîner, immobiliser, maintenir, tenir. || Assujettir qqn par des liens. Lier.
Vétér. || Assujettir un cheval, le maintenir dans la position requise pour une intervention (→ aussi ci-dessous, infra cit. 7).
Méd. || Assujettir un membre, le maintenir en place ou immobile.
(Sujet n. de chose). || Des liens l'assujettissaient étroitement.
3 Littér. Maintenir (qqn) dans la dépendance, l'obéissance, restreindre la liberté de (qqn). || Assujettir qqn en lui imposant une autorité, une discipline, une volonté. Commander, discipliner, maîtriser. || Assujettir qqn par la violence, la force. Contraindre, forcer.
Dominer par un ascendant moral, tenir (qqn) sous son empire. || Assujettir qqn par son ascendant. Captiver, charmer, conquérir, dompter, envoûter, gagner, séduire, subjuguer.
3 Et, si l'on m'obéit, ce n'est qu'autant qu'on m'aime.
— Et votre empire en est d'autant plus dangereux
Qu'il rend de vos vertus les peuples amoureux,
Qu'en assujettissant vous avez l'art de plaire,
Qu'on croit n'être en vos fers qu'esclave volontaire.
Corneille, Sertorius, III, 2.
4 Enfin l'aimable Agnès a su m'assujettir.
Molière, l'École des femmes, I, 4.
5 Je n'entends pas que vous soumettiez votre créance (confiance, foi…) sans raison, et ne prétends pas vous assujettir avec tyrannie (…)
Pascal, Pensées, VII, 430.
6 (…) la mainmise de l'État sur le travail et la pensée de tous les êtres qu'il assujettit.
G. Duhamel, le Temps de la recherche, XI, p. 151.
Littér., vx. Maintenir (un animal) dans la dépendance humaine. Domestiquer. || Les animaux que l'homme a assujettis.
7 Considère combien tu as d'avantage sur le reste des animaux, combien tu en assujettis de plus forts que toi (…)
Malherbe, Trad. de Sénèque, Bienfaits, II, 29.
Spécialt (manège). || Assujettir un cheval, le contraindre à marcher sans que les épaules et les hanches ne dévient (→ aussi ci-dessus, sens 2, emploi techn. en méd. vétérinaire).
Littér. (complément n. de chose : tendance, activité humaine, etc.). Contraindre. || Assujettir l'ambition, les passions, les désirs de qqn. || Assujettir l'activité, les travaux de qqn.Assujettir la main, le bras de qqn (par métaphore).
8 Il faut que Dieu, par sa puissance, assujettisse et lie, pour ainsi dire, cette convoitise indocile, pour arrêter ses contrariétés et ses répugnances (…)
Fléchier, Panégyriques des saints, t. II, p. 501.
9 Par des mesures successives, par des empiétements calculés, l'État assujettit le travail des chercheurs; non seulement il en oriente l'application, mais il le sollicite et le détermine à l'origine.
G. Duhamel, le Temps de la recherche, XI, p. 149.
10 (Le) travail de l'imprimerie qui nous réunissait et qui, s'il assujettissait nos mains, nous laissait au moins quelque chance de palabre.
G. Duhamel, le Temps de la recherche, V.
4 Assujettir (qqn, qqch.) à… Soumettre; astreindre. || Assujettir une personne ou une chose à une autre.
Vx (langue class.). Soumettre (une personne, une tendance) à qqch., en imposant.
11 Je sais qu'ils se sont fait une superbe loi
De ne point à l'hymen assujettir leur foi.
Racine, Bajazet, I, 3.
12 Corneille nous assujettit à ses caractères et à ses idées, Racine se conforme aux nôtres; celui-là peint les hommes comme ils devraient être, celui-ci les peint tels qu'ils sont.
La Bruyère, les Caractères, I, 54.
Vx. Soumettre (un être vivant) à (une action pénible, contraignante…).
13 Ses expériences n'avaient pu être faites sans assujettir un grand nombre d'animaux à des douleurs cruelles (…)
Condorcet, Éloges des académiciens…, Haller.
Mod. (compl. n. de chose). Soumettre (à un ordre, une règle).
14 L'administration, au contraire, détruit le ressort des âmes en les assujettissant à une tutelle continue.
Renan, Questions contemporaines, II, 3.
15 (…) tout vaut mieux qu'une doctrine qui prétend assujettir le langage d'aujourd'hui à des formes d'autrefois.
Brunot, la Pensée et la Langue, p. 785.
(Compl. n. de personne). || Assujettir qqn à des règles, à un travail.Par extension :
16 Il avait (…) rêvé de remodeler Cécile, de l'assujettir à ses songeries d'intellectuel inquiet (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VII, 13.
Mod. (dr.). || Assujettir qqn à l'impôt. Imposer.
5 (Compl. n. de chose concrète). Rendre fixe, immobile, stable. Assurer, attacher, caler, clouer, coincer, fixer, lier, maintenir, river. || Assujettir une table. || Les Grecs assujettissaient la chlamyde sur l'épaule droite au moyen d'une agrafe. Agrafer. || Assujettir un navire au moyen d'accores. Accorer. || Assujettir une manœuvre, un cordage. Amarrer, frapper.
17 Les charpentiers assujettissaient à grands coups de maillet les fermes des baraques.
France, M. Bergeret à Paris, p. 432.
18 Et tout à coup, Athman, pris de lyrisme, quitte son burnous, assujettit sa gandourah et fait la roue au clair de lune.
Gide, Journal 1889-1939, Feuilles de route, Biskra, 1896.
——————
s'assujettir v. pron.
1 Assujettir à soi (qqn, qqch.). || S'assujettir un peuple, une nation. Conquérir, dompter, gagner, subjuguer.
19 Grande Reine, de qui les charmes
S'assujettissent tous les cœurs (…)
Racine, la Nymphe de la Seine, À la Reine.
20 On sentait une puissante individualité, que la foi s'était assujettie, mais que la règle ecclésiastique n'avait pas domptée.
Renan, Souvenirs d'enfance…, IV, 2.
2 (Réfl.). Se soumettre à. Plier (se), soumettre (se). || Il est trop indépendant pour s'assujettir à de telles règles. || On s'assujettit à un usage, à une mode, aux heures de qqn, quand on s'y accommode sans cesse (Lafaye).
21 Il est vrai qu'à la mode il faut m'assujettir (…)
Molière, l'École des maris, I, 1.
22 Les hommes (…) qui s'assujettissent aux règles de la vertu, ne sauraient jamais être aussi agréables aux princes que leurs passions dominent.
Fénelon, Télémaque, 13.
3 (Récipr.). || Ils cherchaient à s'assujettir réciproquement.
——————
assujetti, ie p. p. adj. et n.
1 Asservi, soumis. Soumis.
REM. Les dict. de synonymes du XIXe s. voulaient établir une distinction entre la contrainte acceptée (assujetti, soumis) et la contrainte imposée. Le vieillissement de assujetti rend ces distinctions inopérantes :
23 Soumis et assujetti, on obéit, on ne résiste guère, on est gagné; subjugué et asservi, il faut de nécessité qu'on obéisse, on ne saurait résister, on est forcé.
Lafaye, Dict. des synonymes, Soumettre, assujettir, p. 962.
2 Passif et p. p. || (Être) assujetti à… || Assujetti à qqn, à une règle. || Être assujetti à un travail ingrat. Attelé, condamné.
24 (…) on ne veut être assujetti qu'à la raison ou à la justice.
Pascal, Pensées, V, 325.
25 Dans ce que nous venons de voir, c'est-à-dire dans les opérations sensuelles, l'âme est assujettie au corps (…)
Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu…, II, 12.
26 Toute la terre reconnaît sa puissance et vous voyez que les dieux même sont assujettis à son empire (de l'Amour).
Molière, la Princesse d'Élide, II, 1.
27 De libre et indépendant qu'était auparavant l'homme, le voilà, par une multitude de nouveaux besoins, assujetti pour ainsi dire à toute la nature, et surtout à ses semblables, dont il devient l'esclave (…)
Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, II.
28 L'homme peut bien dompter la nature, mais il est assujetti à sa pensée.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, p. 149. (→ Croyance).
29 L'admission dans les écoles spéciales était assujettie à certaines conditions (…)
Renan, Œ. compl., t. I, p. 80.
Dr. || Assujetti à l'impôt : soumis à l'impôt. || Matière assujettie à l'impôt.Être assujetti à la Sécurité sociale. Affilié, inscrit.
3 Rendu fixe, immobile.(En parlant d'un animal). Attaché.(En parlant d'un objet). Fixé.
4 N. Dr., admin. || Un assujetti, une assujettie : une personne qui est soumise à un impôt, une taxe, une prestation. Contribuable, débiteur, imposable, prestataire, redevable.
Personne qui est affiliée à la Sécurité sociale.
Par anal. || Un assujetti à un examen : un candidat anonyme à un examen.
CONTR. Affranchir, décharger, dégager, délivrer, dispenser, exempter, exonérer, libérer. — Indépendant, libre.
DÉR. Assujettissant, assujettissement.

Encyclopédie Universelle. 2012.