attraper [ atrape ] v. tr. <conjug. : 1> I ♦ Attraper qqn, un animal.
1 ♦ Prendre (un animal) à un piège, prendre comme dans un piège (un ennemi, etc.). Un vieux renard « Fut enfin au piège attrapé » (La Fontaine). Attraper un poisson.
2 ♦ (v. 1200) Rejoindre (qqn, un animal) et s'en saisir. REM. Cet emploi est surtout du langage enfantin. La police a fini par attraper le voleur. ⇒ s'emparer de. L'escroc s'est fait attraper. ⇒ arrêter, prendre. Gare à toi si je t'attrape ! Il fut impossible d'attraper le chat.
3 ♦ (XIIIe) Fig. Tromper par une ruse, un artifice. ⇒ abuser, duper. Il m'a bien attrapé (cf. fam. Il m'a eu). ⇒ attrape-nigaud. Elle s'y est laissé attraper.
♢ Être attrapé, bien attrapé : avoir subi une déception, une surprise désagréable (qu'on ait été trompé ou non).
4 ♦ (1564) Fig. Attraper qqn à (et l'inf.) , le prendre sur le fait. ⇒ surprendre. Que je t'attrape encore à voler mes cerises !
5 ♦ (1866) Faire de vifs reproches, de vives critiques à. ⇒ gronder, réprimander. Il s'est fait attraper par ses parents (⇒ attrapade) .
II ♦ Attraper qqch.
1 ♦ (XVIIe) Arriver à prendre, à saisir (une chose, un animal). ⇒ saisir. Attraper une balle, un ballon. Attraper des papillons. « Goinfre, elle [la chienne] attrape au vol tout ce qui tombe » (Colette). ⇒ happer. Je n'arrive pas à attraper les livres du haut. ⇒ atteindre. — Fig. Attraper quelques bribes de conversation. ⇒ saisir, surprendre.
2 ♦ (1618) Vx Obtenir adroitement ou par chance.
3 ♦ (1694) Cour. Recevoir, subir (une chose fâcheuse). Attraper un coup, un mauvais coup. ⇒ recevoir. Tiens, attrape ça ! (coup, gifle).— Spécialt Attraper un rhume, une maladie. ⇒ 1. contracter, gagner; fam. choper. « Attrapé un fameux coup de soleil sur presque tout le corps » (A. Gide). Fam. On va attraper la crève. — Pronom. Cette maladie s'attrape facilement (⇒ contagieux) . « Votre manie [...] s'attrape comme une maladie » (Martin du Gard).
4 ♦ Réussir à atteindre (un véhicule qui part); arriver à temps pour prendre. Attraper le train, l'autobus de justesse. ⇒ 1. avoir.
5 ♦ (1666) Arriver à saisir par l'esprit, l'imitation. ⇒ imiter, rendre, reproduire. Attraper un style, une manière, un genre.
⊗ CONTR. 1. Lâcher, relâcher; manquer.
● attraper verbe transitif (de trappe) Prendre un animal avec un piège : Attraper des oiseaux avec de la glu. Rejoindre quelqu'un, un animal en mouvement et se saisir d'eux, les capturer : Attends que je t'attrape ! Saisir, prendre quelqu'un, quelque chose par une de ses parties : Attraper quelqu'un par le bras, une bouteille par le goulot. Réussir à saisir quelque chose en mouvement : Le gardien de but a attrapé le ballon. Arriver juste à temps pour prendre un moyen de transport, pour ne pas le rater. Recevoir un coup, subir quelque chose de fâcheux : Attraper une gifle. Être atteint d'une maladie, la contracter : Attraper un rhume. Tromper quelqu'un, le duper par ruse, ou lui causer une surprise désagréable : Il m'a bien attrapé en ne venant pas au rendez-vous. Familier. Gronder quelqu'un, le réprimander : Se faire attraper par son professeur. Saisir une manière de faire et pouvoir la reproduire, l'imiter : Attraper le style d'un auteur. Parvenir à entendre, à comprendre au passage ce qui est dit : Je n'ai pu attraper que quelques mots de leur conversation. ● attraper (difficultés) verbe transitif (de trappe) Orthographe Avec deux t et un seul p. Emploi Attraper un rhume, une maladie. Langue familière. Recommandation Dans l'expression soignée, surtout à l'écrit, préférer : prendre un rhume, contracter une maladie. ● attraper (expressions) verbe transitif (de trappe) Familier. Attrape !, se dit à quelqu'un qui vient d'être l'objet d'une plaisanterie ou d'une réprimande. Familier. Si je t'attrape à + infinitif, si je te surprends à faire cela. ● attraper (synonymes) verbe transitif (de trappe) Prendre un animal avec un piège
Contraires :
- lâcher
- relâcher
Rejoindre quelqu'un, un animal en mouvement et se saisir d'eux...
Synonymes :
Saisir, prendre quelqu'un, quelque chose par une de ses parties
Contraires :
- lâcher
- relâcher
Réussir à saisir quelque chose en mouvement
Synonymes :
- saisir
Contraires :
- lâcher
Arriver juste à temps pour prendre un moyen de transport...
Synonymes :
Contraires :
- manquer
- rater (familier)
Tromper quelqu'un, le duper par ruse, ou lui causer une...
Synonymes :
- abuser
- leurrer
Familier. Gronder quelqu'un, le réprimander
Synonymes :
- admonester (littéraire)
- gourmander (littéraire)
- gronder
- morigéner (littéraire)
- passer un savon à (populaire)
- réprimander
- secouer (familier)
Contraires :
- féliciter
- flatter
- louanger
- louer
- récompenser
Saisir une manière de faire et pouvoir la reproduire, l'imiter
Synonymes :
- chiper (familier)
- pénétrer
Parvenir à entendre, à comprendre au passage ce qui est...
Synonymes :
- accrocher (familier)
attraper
v.
rI./r v. tr.
d1./d Prendre à une trappe, à un piège. Attraper un oiseau avec de la glu.
d2./d Atteindre et saisir. Attraper un papillon.
d3./d Surprendre. Je l'ai attrapé à me voler.
d4./d Duper. C'est un filou qui m'a attrapé.
|| Fam. être attrapé: éprouver un mécompte, une déception.
d5./d Mystifier, faire une attrape, par plaisanterie. Je t'ai bien attrapé!
d6./d Obtenir par hasard. J'ai attrapé le meilleur lot.
d7./d Fam. Recevoir de manière imprévue. Attraper des coups. Attraper un rhume.
d8./d Fig., Fam. Saisir et reproduire avec exactitude; maîtriser (un savoir-faire). Il a bien attrapé le tour de main.
d9./d Fam. Réprimander vivement. Son père l'a attrapé. Se faire attraper par son patron.
rII./r v. Pron. (Récipr.) Fam. Se disputer gravement. Ils se sont attrapés et sont restés brouillés.
⇒ATTRAPER, verbe trans.
I.— Arriver à prendre (littéralement dans une trappe ou comme dans une trappe), saisir rapidement, d'un mouvement brusque.
A.— [Le compl. d'obj. désigne un être animé, homme ou animal]
1. Prendre (un animal) à une trappe, à un piège :
• 1. Celui qui a inventé le nœud du mariage a trouvé un bel et spécieux expédient, pour se venger des humains, une chausse-trappe ou un filet pour attraper les bêtes; et puis les faire languir à petit feu.
P. BOREL, Champavert, Dina, la belle juive, 1833, p. 116.
— Emploi pronom. passif. Se laisser prendre, être pris à un piège :
• 2. Voilà, elle s'était arrêtée à cette place, la Marie, et n'en bougeait plus. Au milieu de cette immensité de choses fluides, qui, par ces temps mous, semblaient n'avoir même pas de consistance, elle avait été saisie par je ne sais quoi de résistant et d'immuable qui était dissimulé sous ces eaux; elle y était bien prise, et risquait peut-être d'y mourir. Qui n'a vu un pauvre oiseau, une pauvre mouche, s'attraper par les pattes à de la glu?
LOTI, Pêcheur d'Islande, 1886, p. 133.
♦ P. métaph. :
• 3. Plutarque déjà disait, avant Machiavel, que l'occasion s'attrape par les cheveux (arpazein). La conscience à l'affût court à la rencontre des occasions, ou fait le guet sur leur passage, ou se place dans les conditions les plus favorables pour les saisir.
JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 119.
2. Prendre, arriver à prendre une personne, un animal, qui cherche à s'échapper et que l'on poursuit :
• 4. — Attends seulement que je l'attrape, tu vas voir si je vais te le caloter.
C'était le seul moment de la journée où l'Adélaïde prît le temps de jouer avec ses enfants. Elle courait après Gustave, lui barrait la porte en donnant la main à Clotilde. Quand il était pris, on faisait semblant de le fesser ou de lui tirer les oreilles.
AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 229.
— Proverbe. On n'attrape pas les mouches avec du vinaigre (mais avec du miel). Pour obtenir quelque chose de quelqu'un, il faut utiliser des moyens doux.
— P. métaph. :
• 5. J'ai voulu que les moments de ma vie se suivent et s'ordonnent comme ceux d'une vie qu'on se rappelle. Autant vaudrait tenter d'attraper le temps par la queue.
SARTRE, La Nausée, 1938, p. 60.
3. Fam. Attraper qqn à faire qqc. Surprendre quelqu'un en train de faire quelque chose. Je vous y attrape!
4. Emploi pronom. S'attraper à, dans.
a) S'accrocher à, s'agripper à, adhérer à. S'attraper à un clou :
• 6. Car les vertus salutaires de la terre consolatrice,
Pour l'homme alors on prononce qu'elles se
changent en un trésor de poisons.
C'est un assaut de mâchoires féroces qui
s'attrapent à la chair,
Un ulcère qui dévore l'ancienne nature,
Et le malade apparaît avec sa tête toute blanche!
CLAUDEL, Les Choéphores, trad. d'Eschyle, 1920, p. 923.
b) Se heurter à (contre) :
• 7. ... ils [les curieux] donnaient dans une rame de papier trempé chargée de ses pavés, ou s'attrapaient la hanche dans l'angle d'un banc...
BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, p. 11.
— Absol., MAN. Ce cheval s'attrape. ,,Il se donne des atteintes en marchant`` (Ac. 1932).
c) Emploi réciproque. S'attraper aux cheveux, à la gorge, etc. Se prendre, se saisir, s'empoigner.
B.— [Le compl. désigne une chose]
1. [Une chose concr.] La prendre d'un mouvement rapide, brusque et de telle sorte qu'elle ne peut plus s'échapper.
a) [Se dit surtout quand l'obj. se déplace, en partic. quand il vole] Arriver à prendre en l'arrêtant brusquement dans sa course. Attraper une balle, un ballon (avec les mains, une raquette, etc.). Attraper au vol, au hasard.
b) P. ext. Se saisir de, empoigner :
• 8. Mais je ne me sens pas uniquement dévouée aux bambins, mon attendrissement trop féminin et pas assez maternel, s'envole au delà de l'école. J'attrape alors mes torchons, je cherche mes cuivres à frotter, les taches à enlever aux parquets du préau, des classes, de l'escalier. Ah! quand la poésie vous lancine, quand votre substance voudrait s'éparpiller en amour et recevoir le baiser de la nature entière, du soleil, des arbres — le bon remède : frotter par terre, à genoux, brosser avec rage, les bras nus! Va, rêve donc, sale bête!
FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, p. 244.
— Attraper le train, l'autobus, etc. Arriver juste à temps pour le prendre.
— Prendre résolument (une rue, une voie, etc.) :
• 9. Après la place, j'avais le choix entre deux rues également attirantes. J'ai pris celle de droite, qu'illustrent deux épiceries exubérantes, l'une en face de l'autre. Puis j'ai attrapé ce que j'appelle la grand'rue, et j'ai continué avec ravissement jusqu'à la place Saint-François.
ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, p. 42.
— Attraper une somme d'argent. La prendre (pour soi), l'obtenir, l'acquérir.
— Vieilli. Attraper l'argent de qqn, attraper de l'argent à qqn. Prendre par des moyens peu délicats ou que l'on réprouve de l'argent à quelqu'un. Synon. soutirer.
2. Au fig.
a) Saisir quelque chose qui s'échappe vite, saisir au vol. Attraper quelques mots d'une conversation; attraper qqc. du coin de l'œil :
• 10. Je m'accuse, enfin, non-seulement d'avoir couru après la gloire, mais d'avoir cru l'attraper.
JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 5, 1814, p. 305.
b) Rare. Saisir (par l'esprit) certains caractères, certaines qualités :
• 11. Bien sincèrement, je n'attendais pas et je ne croyais pas mériter autant de louanges [pour Rarahu]. Mais comme ils les donnent de travers (...). À part M. Paul de Saint-Victor, ils n'ont guère compris. Chacun d'eux [des critiques littéraires] a attrapé, par-ci par-là, les quelques bribes que son genre d'intelligence lui permettait de s'assimiler. En général, le charme polynésien leur a échappé, et il n'y avait que cela dans le livre...
LOTI, Journal intime, t. 1, 1878-81, p. 162.
c) P. ext.
— [En parlant d'une manière d'écrire ou de peindre] Saisir, s'assimiler le caractère d'une œuvre afin de le reproduire, de l'imiter :
• 12. ... les murs tapissés de soie rouge ou jaune ont toute leur ampleur, et leur grand air n'est point déparé par les tableaux modernes, si tourmentés, si minutieux, d'une sentimentalité ou d'un pittoresque si cherché et attrapé avec tant de peine.
TAINE, Notes sur Paris, Vie et opinions de M. F.-T. Graindorge, 1867, p. 125.
♦ En partic., B.-A. Attraper la ressemblance. Reproduire fidèlement. P. ext. méton. (Bien) attraper qqn, la figure de qqn. (Bien) saisir le caractère particulier d'un visage, d'une physionomie, et le traduire avec exactitude; reproduire (très) fidèlement :
• 13. ... Mme de Vernon (dans Delphine), l'idéal de la femme des sociétés perfectionnées, la figure la plus fine qui ait jamais été tracée de main de femme ou d'homme, et qui était autrement difficile à attraper qu'une physionomie passionnée, primitive, forte, saisissable en gros et surtout par le mouvement.
BARBEY D'AUREVILLY, 1er Memorandum, 1836, p. 48.
— [En parlant d'une manière d'agir] Expr. Attraper le chic pour faire qqc.
— [En parlant d'une manière de parler] Attraper un accent, attraper une certaine voix.
C.— [Le compl. d'obj. désigne un but, un moment pris comme terme, etc.]
1. Fam. Parvenir à toucher, atteindre :
• 14. [Antoine à Courteline] Seulement, voilà : (...) nous finirions à onze heures, c'est-à-dire beaucoup trop tôt. Tout le monde me blaguerait (...). Tandis qu'avec Lidoire (...), nous attrapons minuit moins cinq et alors la route est belle.
COURTELINE, La Conversion d'Alceste, Les Joyeuses commères de Paris, 1892, p. 99.
— [Le suj. est un subst. désignant une arme, un projectile, la mort; le compl. d'obj. désigne une pers.] :
• 15. La mort l'attrapa sur l'arrondissement d'une période, et l'an climactérique l'avoit surpris délibérant si erreur et doute étoient masculins ou féminins.
SAINTE-BEUVE, Tabl. hist. et crit. de la poésie fr. et du théâtre fr. au XVIe s., 1828, p. 152.
2. Vieilli. [Le suj. est une lettre] Parvenir à joindre, rattraper :
• 16. À M. de Staël. 18 janvier 1794, Nyon. J'ai eu la fièvre depuis huit jours, mon cher ami, ce qui m'a fait manquer un courrier pour t'écrire. Je n'avais d'ailleurs jamais calculé qu'une lettre de moi t'attrapât dans ta route.
Mme DE STAËL, Lettres diverses, 1794, p. 550.
3. MAR. Attraper le mouillage. L'atteindre, y arriver.
— Pop. Attraper à + inf. Se porter à, agir pour.
II.— Au fig. [Avec une idée de surprise ou de violence]
A.— [Avec une idée de surprise]
1. [La surprise s'exerce sur l'obj.] Attraper qqn. Tromper, duper :
• 17. Je ne suis cependant pas de ces capacités supérieures, enfants et génies à la fois : bon homme sans bonhomie, je vois qu'on m'attrape et je me laisse attraper : il est plus commode d'être dupe que de s'évertuer à ne pas l'être.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 240.
— Rare. Attraper qqn à (une farce) :
• 18. ... on me dit : Poisson d'avril. Or, imaginez que la veille j'expliquais à ces bonnes gens, à ceux mêmes qui m'ont joué ce tour-là, ce que c'est chez nous que poisson d'avril; et ils ne comprenaient pas qu'on y pût être attrapé, sachant d'avance le jour.
COURIER, Lettres de France et d'Italie, 1811, p. 844.
— Emploi pronom. (réciproque). Se tromper, s'abuser l'un l'autre.
2. [La surprise s'exerce sur le suj., en bonne ou en mauvaise part] Attraper qqc.
— Fam. Gagner, obtenir, recevoir (une chose bonne ou mauvaise).
♦ [En parlant d'une chose heureuse : une prime, un bon numéro, le gros lot, etc.] :
• 19. ... cette fois, au lieu d'attraper la prime de cinquante livres, le gueux reçut une fameuse semonce...
ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, t. 2, 1870, p. 152.
♦ [En parlant de choses fâcheuses : coup, maladie, etc.] Recevoir, subir; être atteint (de), contracter :
• 20. ... il y a des gens qui, au milieu des galeux, n'attrapent pas la gale. Il y a des gens qui, au milieu des risques de mort, n'attrapent pas la mort. Moi je n'attrape pas la mort.
MONTHERLANT, Malatesta, 1946, IV, 7, p. 525.
SYNT. Attraper mal; attraper un coup, une maladie, un rhume. Attraper une cuite. S'enivrer, se soûler. Pop. Attraper un enfant, — le ballon. Être enceinte.
♦ Attrape! ,,Exclamation familière que l'on adresse à une personne qui vient d'être l'objet d'une plaisanterie, qui vient d'éprouver un mécompte, ou à un enfant que l'on vient de châtier`` (QUILLET 1965).
Rem. Ac. 1835 et 1878, BESCH. 1845 et LITTRÉ : ,,Fig. et fam. Attrape-toi cela, se dit à une personne à laquelle il est arrivé quelque accident par sa faute. On ne l'emploie guère qu'en parlant aux enfants``. Expr. attestée aussi ds ROB. qui cite LITTRÉ.
— Emploi pronom. [Le suj. désigne gén. une chose fâcheuse, un coup, une maladie, etc.]
♦ [En parlant d'un coup] Être reçu, arriver :
• 21. Mais cette année-là on commençait de penser qu'outre les revenants, les démons, il devait y avoir du mauvais monde dans le pays. On ne disait cela qu'à voix de confesse. C'est que sous ces sapins un coup de fusil s'attrape aisément. La balle arrive, et cherchez l'homme.
POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 25.
♦ [En parlant d'une maladie ou d'une chose considérée comme telle] Être contracté :
• 22. Les habitudes s'attrapent plus vite que le courage et surtout l'habitude de bouffer.
CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 349.
— Absol. Être contracté par contagion, être contagieux. Cette maladie s'attrape.
B.— [Avec une idée de violence] Attraper qqn. S'en prendre à quelqu'un.
— Fam. Faire des reproches, réprimander, gronder. Se faire attraper. Synon. fam. enguirlander, vulg. engueuler :
• 23. — Ça doit être terriblement émouvant, mon cher maître l'attente des résultats? dit Inès Sandoval, la poétesse.
— Moi, chère madame, le jour de mon élection, j'étais comme un fou, dit l'historien qui s'empifrait de gâteaux secs. J'attrapais ma femme, j'attrapais mes enfants, j'étais hors de moi.
DRUON, Les Grandes familles, t. 2, 1948, p. 31.
— Spéc., dans le milieu du journ. ,,Éreinter quelqu'un`` (A. DELVAU, Dict. de la lang. verte, 1866, p. 15).
— Dans le milieu du théâtre. Siffler, huer un acteur (cf. Ch. DE BUSSY, L'Art dramatique, dict. à l'usage des gens du monde, 1866, p. 20).
— Emploi pronom. (réciproque), fam. En venir aux injures ou aux mains.
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[], j'attrape []. Enq. :// (il) attrape. 2. Forme graph. — Ortho-vert 1966, p. 97, fait, s.v. attrape, la rem. suiv. : ,,Trappe et trappeur prennent deux p, les autres mots de la famille n'en prennent qu'un : attrape et ses composés, attraper, attrapeur, rattraper (et chausse-trape qui n'appartient pas à la même famille).``
ÉTYMOL. ET HIST.
I.— 1165-70 atraper « prendre (qqn) à une trappe, à un piège » (CHR. DE TROYES, Erec et Enide, éd. W. Foerster, Halle 1909, vers 5099-5100 : Comant il dut estre antraper [var. atrapez] Et comant il est eschapez); XIVe s. attraper « se saisir de (qqn) » (J. FROISSART, Chron., liv. I, 1re part., c. 135 ds Dict. hist. Ac. fr.); apr. 1350 « id. (qqc.) » (Le Loyal serviteur, c. 40, ibid.).
II.— Fig. 1. 1465 « attirer, allécher » (Pathelin, p. 31, Jacob ds GDF. : Or vrayement j'en suis attrapé; Car je n'avoye intention D'avoir drap, par la passion De Nostre Seigneur! quand je vins); 1592 « surprendre artificieusement, tromper » (MONTLUC, Commentaires, IV ds Dict. hist. Ac. fr.); 1656 « occasionner une surprise désagréable » (PASCAL, Provinciales, V, ibid.); 2. 1666 « arriver à saisir par l'esprit » (FUR., Rom. Bourg., I, 18 ds BRUNOT t. 4, p. 613 : les gens du commun ne peuvent jamais attraper ce bel air); 3. « arriver à prendre, à saisir (qqc.) » 1669 attraper son but (RACINE, II, 142, 143, Plaid., au lect., ibid. : jamais comédie n'a mieux attrapé son but); 1690 attraper des coups (FUR.); 1694 attraper un rhume, une fièvre (Ac.); 4. 1866 fam. « faire des reproches très vifs » (Lar. 19e : son chef de bureau l'a attrapé d'importance); 1866 crit. fam. (A. DELVAU, Dict. de la lang. verte, p. 15 : attraper quelqu'un, éreinter quelqu'un dans l'argot des gazetiers).
STAT. — Fréq. abs. littér. :964. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 811, b) 1 595; XXe s. : a) 1 752, b) 1 496.
BBG. — AUBERT DE LA RUE (E.). Le Fr. parlé aux îles Saint-Pierre-et-Miquelon. Vie Lang. 1969, p. 248. — BRUANT 1901. — DUCH. 1967. § 17, 29, 62, 71. — ÉD. 1967. — ESN. 1966. — FRANCE 1907. — GUIRAUD (P.). Le Ch. morpho-sém. du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, n° 1, p. 100. — JAL 1848. — LARCH. 1880. — LARCH. Suppl. 1880. — LE ROUX 1752. — MAT. Louis-Philippe 1951, p. 104. — MICHEL 1856. — PIERREH. Suppl. 1926. — SOÉ-DUP. 1906. — SPR. 1967. — WILL. 1831.
attraper [atʀape] v. tr.
ÉTYM. XIVe; atraper, 1165; de 1. a-, trappe, et -er.
❖
———
1 Vx. Chasse. Prendre (un animal) à un piège, prendre comme dans un piège (un ennemi, etc.).
1 De là naîtront engins à vous envelopper,
Et lacets pour vous attraper (…)
La Fontaine, Fables, I, 8.
2 Quand reginglettes et réseaux
Attraperont petits oiseaux (…)
La Fontaine, Fables, I, 8.
3 (Un vieux renard) Fut enfin au piège attrapé.
La Fontaine, Fables, V, 5.
REM. Ce sens, qui évoque l'étymologie (trappe), n'est plus motivé, et l'emploi est compris aujourd'hui au sens 2.
2 (XIVe). Rejoindre (qqn, un animal) et s'en saisir. || Les gendarmes, les policiers ont fini par attraper le voleur. ⇒ Emparer (s'). — ☑ Prov. Il courra bien si on ne l'attrape : on finira par le prendre. — L'escroc s'est fait attraper. ⇒ Prendre; empoigner; fam. agrafer, choper, paumer, piquer, poisser, sauter. || Gare à toi si je t'attrape ! || Elle court plus vite que toi, tu ne l'attraperas pas. ⇒ Rattraper. — REM. Lorsqu'il s'agit de personnes ou de véhicules en mouvement, on emploie normalement rattraper, s'il n'y a pas de prise de possession. Pour la prise de possession sans idée de mouvement, de poursuite, → ci-dessous, II., 1.
3 (XIIIe). Fig. Surprendre par artifice ou tromperie; tromper par une ruse, « prendre au piège ». ⇒ Abuser, duper, leurrer, surprendre, tromper. || Attraper qqn par une fausse apparence. ⇒ Change (donner le). || Attraper qqn par des flatteries. ⇒ Séduire; embabouiner (vx), enjôler, enquinauder (vx), piper (vx)… || Il m'a bien attrapé (→ fam. Il m'a eu). || Se laisser attraper comme un sot. ⇒ Mordre (à l'hameçon), gober (le morceau). || Bien fin qui pourrait l'attraper. || Moyen pour attraper les nigauds. ⇒ Attrape-nigaud (et syn.). || Se faire attraper, être attrapé par qqn, par une ruse (vx), à une ruse. || Il s'y est fait attraper, il s'y est laissé attraper.
4 J'appréhende furieusement le distinguo; j'y ai déjà été attrapé.
Pascal, les Provinciales, 4.
5 Un mariage ne lui coûte rien (…) Il ne se sert point d'autres pièges pour attraper les belles.
Molière, Dom Juan, I, 1.
6 Le stratagème dont il s'est servi pour attraper sa dupe (…)
Molière, les Fourberies de Scapin, III, 3.
♦ Par ext. Séduire, attirer à soi (de manière plus ou moins insincère). ⇒ Conquérir, séduire.
7 Larmes de crocodile, jeux lascifs, doux langage,
Soupirs, souris (sourires) flatteurs, tout est mis en usage,
Quand il s'agit d'attraper un amant.
8 (…) c'était un minois à piper les plus fins; j'y aurais moi-même été attrapé.
A. R. Lesage, Gil Blas, IV, 5.
♦ (1656). || Être attrapé, bien attrapé : avoir subi une déception, un mécompte, une surprise désagréable (qu'on ait été trompé ou non). || En arrivant au théâtre, je fus bien attrapé : il y avait relâche. || Vous le prenez pour un ami ? Vous seriez bien attrapé si vous saviez ce qu'il dit de vous.
9 Je dis que vos ennemis seront bien attrapés.
Molière, les Fourberies de Scapin, III, 2.
9.1 Si on venait t'annoncer que ce projet est à l'eau, tu serais bien attrapée.
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 173.
♦ Spécialt. Être la victime d'une attrape, d'une farce.
4 (1564). Fig. || Attraper qqn à (et l'inf.), le prendre sur le fait. ⇒ Surprendre. || Que je vous y attrape encore à venir voler mes raisins (Académie). — Ellipt. || Ah ! je vous y attrape ! vous lisez en cachette. ⇒ Prendre.
5 (1866). Fam. Faire de vifs reproches, de vives critiques à. ⇒ Réprimander, gronder. || Il, elle s'est fait attraper par ses parents. || Je suis arrivé en retard et me suis fait attraper. || Attraper qqn de la belle manière. ⇒ Éreinter.
9.2 Anatole se trouvait blessé du ton de Garnotelle à son égard, et il était bien rare que sous l'excitation du vin, de la causerie, il n'attrapât pas son ancien camarade.
Ed. et J. de Goncourt, Manette Salomon, p. 333.
REM. Ce sens, qui apparaît dans les dictionnaires en 1866 (P. Larousse) dans un contexte d'adultes (« son chef de bureau l'a attrapé d'importance »), est aujourd'hui caractéristique du vocabulaire familial (rapports parents-enfants), comme gronder; il est à peine familier par rapport à enguirlander, engueuler.
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1 Arriver à prendre, à saisir; s'emparer de (qqn, qqch.). ⇒ Saisir. || Il attrape avidement tout ce qu'il voit. ⇒ Agripper, gripper. || L'hirondelle attrape les insectes au vol. ⇒ Happer. || Attraper une balle, un ballon à la volée. || Vite, attrape ! || Attraper qqch. au vol. || Les cancres qui attrapent les mouches (→ Bâcler, cit. 3). — Attraper qqn, s'en saisir, le maîtriser (si l'idée de mouvement n'est pas exprimée par le contexte, ce sens peut se confondre avec I., 2.).
10 Çà qu'on l'attrape, qu'on le grippe (agrippe),
Çà qu'on le châtre, qu'on l'étripe (…)
Scarron, Virgile travesti, IV.
11 Si jamais je l'attrape, je saurai me venger de lui.
Molière, les Fourberies de Scapin, II, 7.
12 Laisse-moi faire, je t'attraperai sans courir.
Molière, le Sicilien, 8.
13 La cigogne au long bec n'en put attraper miette (…)
La Fontaine, Fables, I, 18.
14 (Le pâtre) Voulut à toute force attraper le larron.
La Fontaine, Fables, VI, 1.
15 Goinfre, elle attrape au vol tout ce qui tombe. Elle avale — plouc ! — les gros morceaux (…)
Colette, la Paix chez les bêtes, « La chienne Bull ».
♦ Fam. || Attrape qui peut ! : que le plus adroit s'en saisisse. || Je leur ai jeté une poignée de pièces, et puis attrape qui peut !
2 (1618). Vx. Obtenir adroitement. || Attraper l'argent de qqn. ⇒ Dérober, escamoter, subtiliser, voler; (fam.) chauffer, chiper, choper, faucher, piquer.
16 Un tour qui vient d'être joué par un fils à son père, pour en attraper de l'argent.
Molière, les Fourberies de Scapin, III, 3.
3 a Gagner, obtenir (une chose heureuse), soit après des efforts (idée de « rattraper à la course »), soit par chance et par habileté (→ ci-dessous, II., 1. : attraper au vol). || Il a attrapé la prime, le gros lot. || Il a fini par attraper la place.
16.1 — Il paraît qu'il a attrapé une position magnifique, ce gaillard-là !
Labiche, les Petites Mains, III, 4.
b (1694). Plus cour. Recevoir, subir (une chose fâcheuse). || Attraper un coup, un mauvais coup. ⇒ Recevoir. — Spécialt. || Attraper un rhume, une maladie. ⇒ Contracter, gagner. || Attraper un coup de soleil.
17 Attrapé un fameux coup de soleil sur presque tout le corps, à me laisser rissoler hier sur la plage.
Gide, Journal, 6 juin 1908.
17.1 Marc, qui a dû attraper un coup de soleil, est assez souffrant.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 773.
17.2 Il ne semble pas que les uns aient pensé le bouddhisme, les autres, le communisme : ils ont attrapé le bouddhisme, le communisme, le nationalisme, comme ils auraient attrapé le paludisme.
— Pour les grandes religions, et même pour le communisme russe ou chinois, des millions d'hommes y sont nés. Ils n'ont rien eu à attraper.
Malraux, Antimémoires, Folio, p. 469.
4 Fig. Saisir, percevoir par surprise, par hasard. || Attraper quelques bribes de conversation. || Attraper qqch. du coin de l'œil.
18 (…) en passant devant les derniers groupes de bourgeois fermant leurs portes, il attrapait quelque lambeau de leurs conversations (…)
Hugo, Notre-Dame de Paris, II, 4.
5 Réussir à atteindre (un véhicule qui part); arriver à temps pour prendre. || Attraper le train, l'autobus. || J'ai couru pour attraper mon train, je l'ai attrapé à la dernière minute, de justesse. || Je n'ai pas pu attraper le dernier métro, je l'ai manqué, raté.
19 Mais il était trop tard pour attraper le train.
Martin du Gard, les Thibault, III, 13.
6 (1666). Fig. Arriver à saisir par l'esprit, l'imitation. ⇒ Exprimer; rendre, reproduire. — Attraper une ressemblance. || Il l'a bien attrapé. ⇒ Contrefaire, imiter.
20 Je vois bien que vous voulez attraper ce genre d'écrire.
Racine, Lettre à l'auteur des « Hérésies imaginaires ».
21 Il n'y en a point (d'acteurs) qu'on ne pût attraper par quelque endroit, si je les avais bien étudiés (…)
Molière, l'Impromptu de Versailles, 1.
22 (…) il dessine correctement et attrape la ressemblance (…)
A. R. Lesage, le Diable boiteux, XI.
♦ Par métaphore des sens I., 1. (« prendre au piège ») et I., 2. (« rattraper, se saisir ») :
23 Quand on court après l'esprit, on attrape la sottise.
Montesquieu, Variétés.
24 Et moi, dit le poète, pour attraper les images et les idées, il me suffit de cet appât de papier blanc, les dieux n'y passeront point sans y laisser leurs traces comme les oiseaux sur la neige.
Claudel, Feuilles de saints, p. 113.
7 (1669). Fam. Atteindre (un but). || Il a attrapé le but, c'est un excellent tireur. — (Choses). || Une pierre l'a attrapé à la tête. ⇒ Frapper, heurter.
♦ Fig. || Attraper le bout de l'année, y parvenir.
25 (…) je n'entasse guère
Un jour sur l'autre : il suffit qu'à la fin
J'attrape le bout de l'année.
La Fontaine, Fables, VIII, 2.
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s'attraper v. pron.
1 (Réfl.). Se faire prendre au piège. || On ne s'attrape pas deux fois au même piège.
♦ S'accrocher, adhérer. || Les capitules de la bardane s'attrapent aux vêtements.
2 (Récipr.). || S'attraper à la gorge : se saisir à la gorge.
♦ Fam. Échanger de vifs reproches. || Ils se sont sérieusement attrapés. — Se battre. || Elles se sont attrapées aux cheveux. ⇒ Battre (se), crêper (se crêper le chignon).
26 Votre manie de discuter rationnellement toutes les choses, elle s'attrape comme une maladie.
Martin du Gard, les Thibault, VII, 9.
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attrapé, ée p. p. adj. (→ ci-dessus, I., 3.).
♦ Désagréablement surpris. ⇒ Déçu, dépité.
27 (…) l'œil avec dedans ce regard doux, triste, enfantin, attrapé comme celui d'une petite fille, à laquelle on aurait abîmé sa poupée.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 19 nov. 1863.
28 L'air stupide, mauvais, jobard ou dupe, narquois et attrapé des morts.
Valéry, Cahiers, t. II, Pl., p. 586.
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CONTR. Échapper (laisser), lâcher, relâcher. — Louper (fam.), manquer. — Satisfaire (l'attente de quelqu'un).
DÉR. Attrapable, attrapade, attrapage, attrape, attrapeur, attrapoire.
COMP. Attrape-couillon, attrape-gogo, attrape-mouche, attrape-nigaud. — Rattraper.
Encyclopédie Universelle. 2012.