bagatelle [ bagatɛl ] n. f.
• 1547; it. bagatella « tour de bateleur »; du lat. baca « baie »
1 ♦ Vx Objet de peu de valeur et de peu d'utilité. ⇒ bibelot. « de la croisée, deux étagères montrent leurs mille bagatelles précieuses » (Balzac).
♢ Mod. Somme d'argent peu importante. Acheter qqch. pour une bagatelle (cf. Une bouchée de pain). — Par antiphr. Somme considérable. Il a dépensé en une soirée la bagatelle de 10 000 francs.
2 ♦ Fig. Chose frivole, futile, sans importance. ⇒ broutille. S'amuser à des bagatelles. ⇒ bêtise, fadaise, futilité, rien. Perdre son temps à des bagatelles. Ils se sont brouillés pour une bagatelle. ⇒ vétille. — Vx En exclamation exprimant le peu de cas que l'on fait de qqch. « — Je vous dis que cela sera. — Bagatelles » (Molière). ⇒fam. foutaise.
3 ♦ Mod. Fam. La bagatelle : l'amour physique, le sexe. Il est très porté sur la bagatelle (cf. Être porté sur la chose).
● bagatelle nom féminin (italien bagatella, tour de bateleur, du latin baca, baie) Occupation futile, dénuée de sérieux ; fadaise : Perdre son temps à des bagatelles. Somme insignifiante ou, ironiquement, très importante : Sa voiture lui a coûté la bagatelle de 200 000 francs. Chose, action sans gravité ; vétille : Se fâcher pour une bagatelle. Composition de caractère léger (Beethoven en a composé trois cahiers). ● bagatelle (citations) nom féminin (italien bagatella, tour de bateleur, du latin baca, baie) Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 Ceux qui se moquent des penchants sérieux aiment sérieusement les bagatelles. Réflexions et Maximes Martial, en latin Marcus Valerius Martialis Bilbilis, Espagne, vers 40 après J.-C.-Bilbilis, Espagne, vers 104 Des bagatelles laborieuses. Difficiles nugae. Épigrammes, II, 86, 9 Commentaire Des plaisanteries forcées, un langage d'un raffinement affecté. ● bagatelle (expressions) nom féminin (italien bagatella, tour de bateleur, du latin baca, baie) Familier. La bagatelle, l'amour physique. ● bagatelle (synonymes) nom féminin (italien bagatella, tour de bateleur, du latin baca, baie) Occupation futile, dénuée de sérieux ; fadaise
Synonymes :
- fadaise
- futilité
- rien
Chose, action sans gravité ; vétille
Synonymes :
- bricole (familier)
- vétille
bagatelle
n. f.
d1./d Objet de peu de prix, sans utilité. Offrir une bagatelle. Syn. babiole, bricole.
|| Acheter un objet pour une bagatelle, pour une somme d'argent très peu élevée.
— (Par antiphrase.) Cela m'a coûté la bagatelle de trois mille francs.
d2./d Fig. Chose futile et sans importance. Se disputer pour une bagatelle.
d3./d Fam. La bagatelle: l'amour, le plaisir physique.
⇒BAGATELLE, subst. fém.
A.— Vieilli. Objet de peu de valeur ou de peu d'utilité.
1. Objet futile, bibelot, babiole :
• 1. Bien que la loi sur les accidents ne soit à ses yeux qu'une bagatelle, un bibelot de carton, il y voit une reconnaissance première de la pensée socialiste : ...
JAURÈS, Ét. socialistes, 1901, p. 68.
♦ Bagatelles de bouche. Amuse-gueules il touche du bout du doigt une de ces pâtisseries, puis une autre, et il fait envelopper ces bagatelles de bouche dans une feuille de papier(A. FRANCE, L'Orme du mail, 1897, p. 37).
— Spéc. (Canada). ,,Entremets composé de biscuits ou de morceaux de gâteau, et de crème. Manger de la bagatelle`` (Canada 1930).
Rem. Attesté ds BÉL. 1957.
2. [Gén. au plur.] Parures, frivolités féminines. Synon. colifichets, fanfreluches :
• 2. — Mon cher père, dit-elle [Modeste] ... allez savoir des nouvelles de monsieur de La Brière et reportez-lui, je vous en prie, son cadeau. Vous pouvez alléguer que mon peu de fortune autant que mes goûts m'interdisent de porter des bagatelles qui ne conviennent qu'à des reines ou à des courtisanes.
BALZAC, Modeste Mignon, 1844, p. 256.
SYNT. Coûteuses bagatelles (BALZAC, Autre étude de femme, 1842, p. 391); bagatelles les plus riches (BALZAC, Une fille d'Ève, 1839, p. 83); riche bagatelle (MURGER, Les Nuits d'hiver, 1861, p. 93).
3. Somme d'argent dérisoire. Bagatelle de + indication de prix. Le tout pour la bagatelle de deux sous (JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 1, 1811, p. 283).
— Souvent par antiphrase et iron. Somme fabuleuse :
• 3. — Je suis au bord de la ruine et vous me parlez de construire! une bagatelle qui me coûtera trois cent mille francs. Ma chère, vous devenez folle.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Passion de Joseph Pasquier, 1945, p. 146.
B.— P. ext. et cour. [Gén. au plur.] Acte, parole, écrit de faible valeur, et plus généralement toute chose frivole ne méritant pas qu'on lui accorde une grande importance.
1. Préoccupations légères, divertissements futiles, propos souvent oiseux et dépourvus d'intérêt. S'arrêter, s'intéresser, s'occuper à des bagatelles. Synon. futilité, jeu, rien, vétille; baliverne, billevesée, fadaise, plaisanterie, sornette :
• 4. À quoi diantre s'en vont mes journées et mes saisons? Elles se consument en choses de néant, lectures sans trace, causeries sans objet, hésitations sans nécessité, visites sans nombre, commencements sans suite, rêveries sans profit, en somme bagatelles, fariboles, vanités, nugae de toutes sortes. Tout mon temps est donné à l'imprévu, aux sottises quotidiennes et, au bout d'un hiver, je me trouve plus vieux, mais non plus sage ni plus avancé.
AMIEL, Journal intime, 1866, p. 199.
— Spéc., au sing. et absol. La bagatelle. Ensemble des petits riens de l'existence qui ne méritent pas qu'on s'y arrête :
• 5. Je suis toute à votre service : il s'agit seulement de savoir, si vous êtes pour la bagatelle ou pour le solide!
— Je n'entends pas cela? — Je veux dire, si vous êtes pour le plaisir ou pour l'argent?
N.-E. RESTIF DE LA BRETONNE, Les Contemporaines par gradation, 1783, p. 154.
♦ S'amuser à la bagatelle. Perdre son temps à des riens.
Rem. Expr. attestée ds presque tous les dict. depuis l'Ac. 1798.
2. LITT. et B.-A. Composition légère, petite pièce agréable et facile, destinée à plaire plutôt qu'à édifier. Synon. badinage, badinerie.
a) LITT., vieilli. Bagatelle littéraire. D'agréables madrigaux, de faciles et ingénieuses bagatelles (SAINTE-BEUVE, Portraits littér., t. 2, 1844-64, p. 100).
b) MUS. ,,Morceau de musique de caractère léger et de courte durée, sans forme précise`` (Lar. encyclop.). L'intérêt musical de cette bagatelle est dans la mobilité perpétuelle des rythmes (R. ROLLAND, Beethoven, t. 2, 1928, p. 509).
c) PEINT. Un dessin, une bagatelle (E. DELACROIX, Journal 2, 1856, p. 232).
3. Au sing. Chose facile à accomplir, qui ne nécessite aucun effort. C'est pure bagatelle, c'est une bagatelle de... :
• 6. Cette issue était sans doute fermée à clef, mais pour lui c'était un détail de mince importance. Enfoncer une porte, crocheter une serrure, fausser un verrou, étaient pure bagatelle pour un homme que les pick-pockets de Londres avaient nommé jadis leur capitaine et qui avait fait merveille à New-York.
PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 3, Le Club des Valets de cœur, 1859, p. 215.
— En partic. elliptiquement ou interjectivement. Bagatelle que cela, bagatelle!
a) P. iron. [Souvent pour exprimer que l'on ne croit pas ce qui vient d'être dit ou qu'on y attache seulement une importance relative] Bagatelles tout cela, (...), crottes de bique... (A. ARNOUX, Roi d'un jour, 1956, p. 131).
b) [Fonctionnant comme un adv. à valeur de négation] :
• 7. ... Vous savez ce qu'il en coûte à l'esprit pour se plier à des formes vulgaires, pour déroger, pour s'amoindrir.
— Bagatelle! môsieur, bagatelle pure! Quand vous aurez fait un feuilleton avec cette couleur, cela coulera comme de source; vous en ferez vingt, trente, sans le moindre effort.
REYBAUD, Jérôme Paturot, 1842, p. 65.
4. Vieilli. Les bagatelles de la porte.
a) Boniments que débitent les forains à l'entrée de leur baraque pour inciter les gens à assister au spectacle :
• 8. Le spectacle des bagatelles de la porte n'était-il pas le seul spectacle des pauvres gens, la consolation de leur soirée, l'attrait tout puissant qui les empêchait de porter leur dernier sol au cabaret?
NERVAL, Bohème galante, 1853, p. 245.
b) Au fig. et fam. Choses accessoires, dont on peut très bien se passer ou du moins sur lesquelles il n'est pas besoin d'insister. S'amuser, s'arrêter, s'attarder aux bagatelles de la porte (cf. BALZAC, Lettres à l'étrangère, t. 1, 1850, p. 193; ZOLA, Contes à Ninon, 1864, p. 272; G. COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, p. 159).
— P. anal., créations d'aut. Bagatelles du seuil (P. LOTI, Quelques aspects du vertige mondial, 1917, p. 15); bagatelles du vestibule (GIDE. Journal, 1917, p. 615).
— Spéc., très fam. et avec une nuance de trivialité. Préliminaires de l'amour ou ébats amoureux. S'amuser, s'arrêter, s'attarder aux bagatelles de la porte (cf. CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 66) :
• 9. Les jupons ne le dérangeaient guère. Quand le sang lui montait à la tête, parbleu! Il était comme tous les hommes, il aurait crevé une cloison d'un coup d'épaule, pour entrer dans une alcôve. Il n'aimait pas à s'attarder aux bagatelles de la porte. Puis, lorsque c'était fini, il redevenait bien tranquille.
ZOLA, Son Excellence E. Rougon, 1876, p. 112.
Rem. Ce sens n'est attesté que ds G. DELESALLE, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., 1896 et par G. Antoine ds Mél. Delbouille (M.), t. 1, 1964, p. 27 qui relève comme une audace d'aut. l'utilisation qu'en fait A. M. Schmidt dans son Avant-propos de l'Amour noir : ,,Comme il est trop timide pour pousser ses avantages au-delà des bagatelles de la porte, un cuisant échec conclut chacune de ses téméraires initiatives.`` Monsieur Antoine ajoute que ce ,,sous-entendu galant (...) n'était nullement dans l'esprit de Balzac, ni, semble-t-il, d'aucun écrivain de son époque``. L'ex. 9 paraît infirmer cette hypothèse.
C.— P. euphém., fam., domaine du sentiment et de l'amour.
1. Vieilli. [Gén. au plur.] Galanteries, amourette :
• 10. Ne refusez pas ce que j'ai de meilleur, ma façon de faire la cour à une femme, de lui prodiguer les tendresses fugitives, les menus soins, les petits cadeaux, les galanteries, les bagatelles nécessaires, et de lui parler une langue inconnue d'elle.
J. RENARD, Comédies, Le Pain de ménage, 1899, p. 78.
2. Très fam. [Toujours au sing., et absol.] La bagatelle. L'amour physique :
• 11. ... la maîtresse actuelle de Jocquelet était tout bonnement une de ses camarades du Conservatoire, ... qui se destinait à l'emploi tragique et ne permettait à son amant de songer à la bagatelle qu'après lui avoir infligé le songe d'Athalie, ...
F. COPPÉE, Prose, t. 4, Toute une jeunesse, 1890, p. 168.
♦ S'amuser à la bagatelle. Comment voulez-vous que j'arrive à élever mon petit monde, si je m'amuse à la bagatelle (ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 403).
— Arg. Faire la bagatelle. Faire l'amour.
Rem. 1. Attesté ds Ch. VIRMAÎTRE, Dict. d'arg. fin-de-s., 1894 et L. RIGAUD, Dict. du jargon parisien, 1878 et dans le composé amour-bagatelle chez COLETTE, La Jumelle noire, 1938, p. 118. 2. Ce sens bien attesté n'est mentionné que sporadiquement par les dict., en partic. par ceux du XIXe s. (les Ac. l'ignorent, Lar. 19e précise : ,,L'introduction de cette nouvelle acception doit faire éviter d'employer le mot dans le sens ci-dessus (galanterie, amourette) qui est devenu fort équivoque``, DG le définit comme une ,,Galanterie légère``). Les dict. qui le mentionnent lui donnent les nuances suiv. : BESCH. 1845 : ,,fig. et fam.``, GUÉRIN 1892 : ,,fam.``, Lar. 19e : ,,dans un sens plus vulgaire et plus libre``, Lar. encyclop. : ,,avec une nuance de trivialité``, DUB. : ,,fam.`` et ,,nuance triviale``.
PRONONC. ET ORTH. :[]. FÉR. Crit. t. 1 1787 propose la graph. bagatèle.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1548 fig. « chose frivole, de peu d'importance » (NOËL DU FAIL, Prop. rustiques, 32, Guichard d'apr. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 4, p. 137 : Et au soir, aux rais de la lune, jasant librement ensemble sur quelque bagatelle) ce sens fig. est signalé comme étant le ,,plus grand usage`` du mot dep. Ac. 1718; 2. 1611 au propre « chose de peu de prix et peu nécessaire » (COTGR.); 3. p. ext. 1691 « amusement galant » (REGNARD, Coquette, II, 12 ds LIVET, t. 1, p. 200 : Depuis deux ans ... j'ai obligé le Comte à faire lit à part, car je suis présentement bien revenue de la bagatelle).
Empr. à l'ital. bagatella (KOHLM., 29; SAR., 14; WIND, 171; BRUNOT, t. 3, p. 220); attesté au sens 2 dep. 1554 (BANDELLO, I, 3 ds BATT.); au sens 1 dep. av. 1565 (B. VARCHI [1503-1565] Opere, vol. II, Trieste, 1858, 161, ibid.). L'ital. bagatella est prob. un dimin. du lat. (baie) avec assourdissement de -c- en -g- caractéristique de l'Italie septentr. (DEVOTO, Avviamento alla etimol. ital.) par double dér. au moyen des suff. -atto, -ello, (DEI; DEVOTO-OLI, Vocab. ill. della ling. Ital.).
STAT. — Fréq. abs. littér. :318. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 667, b) 460; XXe s. : a) 409, b) 289.
BBG. — ANTOINE (G.). Babiole, brimborion, bagatelle. In : [Mél. Delbouille (M.)]. 1964, t. 1, p. 27. — DUCH. 1967, § 57. — FLUTRE (L.-F.). Termes comm. des XVIIe et XVIIIe s. R. Ling. rom. 1961, t. 25, p. 277. — GALL. 1955, p. 92. — LAMMENS 1890, p. 39. — WIND 1928, p. 171, 205.
bagatelle [bagatɛl] n. f.
ÉTYM. 1547, N. du Fail; ital. bagatella « tour de bateleur »; du lat. baca « baie ».
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1 Concret. (Vieilli). Objet de peu de valeur et de peu d'utilité. ⇒ Amusette, babiole, bibelot, bricole, brimborion, colifichet, fanfreluche, frivolité, rien…
1 L'achat de quelque bague, ou telle bagatelle
Que tu trouveras bon.
Molière, l'Étourdi, I, 6.
2 Il ne lui manque aucune de ces curieuses bagatelles que l'on porte sur soi, autant pour la vanité que pour l'usage (…)
La Bruyère, les Caractères, II, 27.
3 De chaque côté de la croisée, deux étagères montrent leurs mille bagatelles précieuses, les fleurs des arts mécaniques écloses au feu de la pensée.
Balzac, Une fille d'Ève, Pl., t. II, p. 61.
♦ Mod. Somme d'argent peu importante, ou, par antiphrase, somme considérable. || Acheter quelque chose pour une bagatelle. || Il a dépensé en une soirée la bagatelle de 10 000 francs. ⇒ Misère.
4 Tout ce qu'il a touché jusqu'ici n'est rien que bagatelle au prix de ce qui reste.
Molière, l'Impromptu de Versailles, IV.
2 (Abstrait). Chose (acte, écrit, parole, préoccupation) futile, insignifiante, sans importance. ⇒ Amusement, amusoire, badinerie (cit. 3), broutille, futilité, jeu, plaisanterie, rien, sornette. || S'amuser à des bagatelles. || Perdre son temps à des bagatelles, à enfiler des perles. || Dire, écrire des bagatelles. ⇒ Baliverne, bêtise, fadaise, sornette. || C'est une bagatelle, il n'y a pas de quoi se fâcher. → Il n'y a pas de quoi fouetter un chat. || Ils se sont fâchés pour une bagatelle. ⇒ Vétille.
5 Sur de pareilles matières, ce qui n'est qu'une bagatelle devient fort criminel lorsqu'il est défendu.
Molière, le Sicilien, XVI.
6 Vous voilà bien embarrassés tous deux pour une bagatelle ! C'est bien là de quoi se tant alarmer !
Molière, les Fourberies de Scapin, I, 2.
7 Il s'impute à péché la moindre bagatelle (…)
Molière, Tartuffe, I, 6.
8 Mais de ce mariage on m'a dit la nouvelle,
Et j'ai traité cela de pure bagatelle.
Molière, Tartuffe, II, 1.
9 Il y a une grande différence de toutes ces bagatelles à la beauté des pièces sérieuses.
Molière, Critique de l'école des femmes, VI.
10 Ce qu'en français on nomme bagatelle,
Un jeu dont je voudrais Voiture pour modèle (…)
La Fontaine, Clymène.
11 Entre amants tel dépit n'est qu'une bagatelle;
Je veux dès aujourd'hui vous remettre avec elle (…)
J.-F. Regnard, les Ménechmes, IV, 4.
12 Il est (…) difficile d'exprimer la bagatelle qui les a fait rompre, qui les rend implacables l'un pour l'autre.
La Bruyère, les Caractères, V, 47.
13 (…) c'est l'attention qu'on donne aux bagatelles qui seule en fait des objets importants.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, I, 35.
14 Des bagatelles légères comme l'air semblent à un jaloux des preuves aussi fortes que celles que l'on puise dans les promesses du saint Évangile.
Stendhal, De l'amour, XXXV, p. 135.
15 Je dois chercher à me donner beaucoup de temps pour le travail; pour cela, m'appliquer à en perdre le moins possible en bagatelles.
Stendhal, Journal, p. 23.
♦ Allus. littér. || Bagatelles pour un massacre, texte de Céline.
♦ Absolt, vx. || La bagatelle : les frivolités qui occupent le monde.
16 Je me jette à corps perdu dans la bagatelle pour me dissiper.
Mme de Sévigné, 164, 6 mai 1671.
17 Jusqu'à quand le charme de la bagatelle nous fascinera-t-il les yeux ?
Bourdaloue, Pensées, Sermon sur le bonheur du ciel, I.
♦ (1687). Vx. Amourette, galanterie.
18 Pour moi, madame, je ne m'amuse point à la bagatelle.
♦ Mod., fam. || La bagatelle : l'amour physique, le sexe. ☑ Être porté sur la bagatelle.
18.1 Et son cœur saigne encore lorsqu'elle voit sa fille Florette traîner ses yeux cernés sur la braguette de tous les hommes. Enfant de vieux, Florette montre de remarquables dispositions pour ce que Mme Pic appelle le vice et Meussieu Pic la bagatelle.
R. Queneau, le Chiendent, p. 263.
♦ Vx. Sous forme d'exclamation exprimant le peu de cas que l'on fait de quelque chose.
19 Je vous dis que cela sera — Bagatelles. — Il ne faut point dire bagatelles.
Molière, les Fourberies de Scapin, I, 6.
♦ ☑ Vx. Les bagatelles de la porte : les choses accessoires, sans importance, par allusion au boniment des parades foraines.
3 Littér. Petite pièce agréable et superficielle.
♦ Mus. Œuvre courte, généralement pour piano. || Une bagatelle de Beethoven.
Encyclopédie Universelle. 2012.