biche [ biʃ ] n. f.
• 1160; bisse v. 1135; lat. pop. °bistia, pour bestia « bête »
♦ Femelle du cerf. ⇒ cerf. La biche brame. Le petit de la biche. ⇒ faon. La biche n'a pas de bois. Une troupe de biches. ⇒ harpail. — T. d'affection Ma biche. — Meuble à pieds de biche, à pieds légèrement recourbés en dehors (⇒aussi pied-de-biche) .
♢ Ventre de biche, se dit d'une couleur blanc roussâtre comme le ventre de la biche.
● biche nom féminin (ancien français bisse, du latin bestia, bête) Femelle du cerf et des espèces voisines. (La biche n'a pas de cornes.) En Afrique, gazelle ou antilope. Nom parfois donné à la femelle du lucane. Vieux. Femme entretenue. ● biche (citations) nom féminin (ancien français bisse, du latin bestia, bête) Ivan Sergueïevitch Tourgueniev Orel 1818-Bougival 1883 On n'attelle pas au même timon le cheval fougueux et la biche craintive. Scènes de la vie russe, les Deux Amis ● biche (expressions) nom féminin (ancien français bisse, du latin bestia, bête) Familier. Ma biche, terme d'affection adressé à une femme. Yeux de biche, grands yeux doux. ● biche (homonymes) nom féminin (ancien français bisse, du latin bestia, bête) biche forme conjuguée du verbe bicher bichent forme conjuguée du verbe bicher biches forme conjuguée du verbe bicher
biche
n. f.
d1./d Femelle du cerf.
— Par ext. Femelle d'autres cervidés.
— (Afr. subsah.) Antilope ou gazelle mâle ou femelle de petite ou moyenne taille. Biche royale: antilope royale.
d2./d Ventre de biche: couleur d'un blanc roussâtre.
⇒BICHE, subst. fém.
A.— Femelle du cerf :
• 1. Ces yeux-là [d'Eva] lui avaient rappelé des yeux de bête (...) des yeux de biche, peureux et tendres. C'était même cette animalité, cette franchise sans défense (...) qui l'avaient d'abord ému (...) quelque chose avait fondu en lui.
GENEVOIX, Eva Charlebois, 1944, p. 81.
SYNT. Une biche blessée, craintive, légère; une biche aux abois; un troupeau de biches; dépecer, forcer, poursuivre, sacrifier une biche.
B.— P. anal.
1. TECHNOLOGIE
— Table à pieds de biche. Dont les pieds (en forme de pieds de biche ou non) sont par le bas recourbés en dehors.
— Poignée d'un cordon de sonnette en forme de pied de biche :
• 2. — Du courage, dit Pillerault en tirant le pied-de-biche pendu par un cordon à la porte grise et propre de Gigonnet.
BALZAC, César Birotteau, 1837, p. 339.
— Spéc., ART DENT. Pied de biche. Instrument de dentiste dont l'extrémité ressemble au pied de la biche.
— ÉCON. DOMESTIQUE. Pied-de-biche ou presseur. Pièce de la machine à coudre faisant pression sur les griffes pendant la piqûre (cf. Lar. encyclop.).
— TEINTURE. Couleur de biche. Couleur d'un blanc roussâtre (cf. C.-L. et A.-B. BERTHOLLET, Éléments de l'art de la teinture, t. 2, 1804, p. 183).
2. Domaine hum.
a) [En parlant de parties du corps ou de la manière d'être d'une femme] Avoir un cou, des yeux de biche; à pas de biche; être légère, timide, douce, vive comme une biche; bondir, courir comme une biche; s'élancer, se sauver comme une biche. Des yeux de biche, peureux et tendres (supra ex. 1).
b) Fam. Terme d'affection adressé à une femme, à une jeune fille. Ma belle, ma chère, ma pauvre, ma petite biche :
• 3. — Mais tu n'es pas raisonnable, ma biche. Est-ce à trente-sept ans, fraîche et jolie comme tu l'es, que tu peux aller t'enfermer à Chinon?
BALZAC, César Birotteau, 1837, p. 21.
— Arg., vieilli. Femme entretenue. Avoir l'air (de) biche. La biche est une apprentie lorette (H. FRANCE, Dict.-journal, 1907) :
• 4. À trois pas de moi, dans ma chapelle, une jeune femme, mantelet noir, robe à queue (...) et l'air assez biche, m'offrait un profil chiffonné sortant d'un gros chignon, et ratatiné par son odieux petit chapeau rond.
BARBEY D'AUREVILLY, Memorandum pour l'A... B..., 1864, p. 425.
• 5. Tandis que les femmes comme il faut s'évertuent à avoir l'air de biches, les biches s'évertuent à avoir l'air de femmes comme il faut...
E. AUGIER, La Contagion, 1866, V, p. 356.
Rem. On rencontre dans la docum. le dér. bichard, subst. masc., vx. ou région. Le faon d'une biche. Casquettes en poil de bichard (GIONO, Un de Baumugnes, 1929, p. 76).
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[]. Enq. ://. 2. Forme graph. — Pour le terme de blason Lar. 19e signale : ,,on dit aussi bisse``. Cf. aussi Nouv. Lar. ill.; cf. également LITTRÉ et DG qui renvoient à bisse.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Ca 1135 bisse « animal (sauvage), biche? » (Peler. de Charl., éd. E. Koschwitz, 599 : Nule bisse salvage, ne chevroels ne golpilz), forme fréq. aux XIIe et XIIIe s. (GDF. Compl.); ca 1160 biche « femelle du cerf » (Eneas, 287, ibid.); p. anal. 1835 ébénisterie table à pieds de biche (Ac.); id. dentaire pied-de-biche (ibid.); 2. a) fin XVIe s. fig. p. métaph., péj. destourner la biche « attirer les femmes » (BEROALDE DE VERVILLE, Le Moyen de parvenir, Article — I, 308 — dans HUG.); puis 1730-65 « femme entretenue » (CAYLUS, Œuvres badines, p. 29), attest. isolée, le mot ne devenant usuel qu'au cours du XIXe s. où il concurrence le mot lorette; b) 1837 hypocoristique fam. ma biche, ma petite biche, appellation affectueuse envers une pers. de sexe féminin (BARBEY D'AUREVILLY, 1er Memorandum, p. 142).
Bisse, du lat. vulg. bistia « bête », VIe s. (Grégoire de Tours dans TLL s.v., 1935, 34) plus vraisemblablement issu de avec devenu sous l'action combinée de s implosif et de y (BL.-W.5; FOUCHÉ t. 2, p. 417) sur le modèle de ostium, (huis) que forme dial. osque du lat. bestia (bête) (Brüch, v. bbg.). La forme biche fait difficulté; l'explication traditionnelle (DG; FEW t. 1, p. 343a; BL.-W.5) est d'y voir une forme normanno-pic. qui aurait gagné Paris d'où elle se serait ensuite généralisée; il faut cependant noter que ces dial. connaissent aussi bisse (cf. bise, AMBROISE, Estoire de la Guerre sainte, 10548 dans T.-L. et Ch. T. GOSSEN, Gramm. de l'anc. pic., Paris, 1970, p. 93) tandis que biche est anc. dans les autres dial. (cf. Ch. Bruneau, v. bbg.). La tradition manuscrite de Chr. de Troyes révèle que bisse est la forme la plus courante jusqu'au milieu du 13e s., à partir duquel la forme biche (déjà dans le ms. Guiot des œuvres de Chrétien, Erec et Enide, éd. M. Roques, 3917) tend à se généraliser d'abord dans les manuscrits pic., puis dans la lang. littér. commune. — La vraie difficulté procède du traitement du groupe -sty- entre voyelles, qui sur tout le domaine d'oïl, picard compris, aboutit à -ys- (angustia > angoisse, bistia > bisse). On pourrait supposer, dans ces conditions, que bistia est entré tardivement dans la lang. comme terme de chasse, et qu'il a alors suivi l'évolution gén. du groupe (consonne +) ty (+ voyelle), qui en francien, en champenois, etc., aboutit à -ts-, puis à -s- (fortia > force, tertia > tierce, mais en picard et au nord de la Normandie à -ch- (fortia > forche, tertia > tierche). D'où bistia > bische > biche. — Il resterait que même dans cette hyp. l'amuissement précoce de s fait problème. On peut dès lors émettre une 3e hyp. : -isse aura été compris comme un suff. et il aura été remplacé par le suff. dimin. affectif -iche (MEYER-L. t. 2, 1966, § 169); d'où l'opposition bisse/biche, qu'on retrouvera un peu plus tard dans les couples génisse/géniche (cf. GDF. Compl., s.v. genisse), cornisse/corniche. Cf. encore caniche, pouliche.
STAT. — Fréq. abs. littér. :382. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 707, b) 627; XXe s. : a) 296, b) 506.
BBG. — BARBIER (P.). Étymol. et hist. de qq. mots fr. In : [Mél. Haust (J.)]. Liège, 1939, pp. 38-42. — BRÜCH (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, pp. 305-306. — BRUNEAU (C.). A.fr. biche. Romania. 1922, t. 48, pp. 270-272. — DARM. Vie 1932, p. 68. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 42. — HUBSCHMID (J.). Haustiernamen und Lockrufe als Zeugen vorhistorischer Sprach- und Kulturbewegungen. Vox. rom. 1954/55, t. 14, p. 194. — MAT. Louis-Philippe 1951, p. 70, 206. — RÉTIF (A.). Affiquets et falbalas. Vie Lang. 1971, p. 453. — RIGAUD (A.). La Biche et le serpent. Vie Lang. 1965, pp. 573-578. — ROMMEL (A.). Die Entstehung des klassischen französischen Gartens im Spiegel der Sprache. Berlin, 1954, p. 98. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 260. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], t. 2 1972 [1925], t. 3 1972 [1930], passim. — WEXLER (P.-J.). Pour l'ét. du vocab. des vaudevilles. In : [Mél. Cohen (M.)]. The Hague-Paris, 1970, p. 213.
biche [biʃ] n. f.
ÉTYM. V. 1160, biche en concurrence avec bisse, du lat. pop. bistia (lat. class. bestia) « bête », forme la plus courante jusqu'au XIIIe; la forme biche viendrait de la confusion de -isse avec le suff. diminutif -iche qu'on retrouve dans pouliche, caniche…; Guiraud rapproche le mot de bique, bisque par un lat. pop. bisicore « marcher de travers ».
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1 Femelle du cerf. ⇒ Cerf. || La biche brame. || Le petit de la biche. ⇒ Faon. || La biche n'a pas de bois. || Pied, sabot de biche. || Une biche craintive. || Une biche aux abois (cit. 2). → Précipiter, cit. 10. || Une biche blessée. || Une troupe de biches. ⇒ Harpail. || Une biche bréhaigne (cit. 2).
1 Le premier, de son arc, avait mis bas un daim.
Un faon de biche passe, et le voilà soudain
Compagnon du défunt (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 27.
2 Pendant ce trouble, je courais errant çà et là dans le sacré bocage, semblable à une biche qu'un chasseur a blessée (…)
Fénelon, Télémaque, IV.
3 Suivrons-nous le chasseur sur les monts escarpés ?
La biche le regarde; elle pleure et supplie;
Sa bruyère l'attend; ses faons sont nouveau-nés;
Il se baisse, il l'égorge, il jette à la curée
Sur les chiens en sueur son cœur encor vivant.
A. de Musset, la Nuit de mai.
♦ (1835). Par anal. de forme. || Pied de biche : meuble à pieds de biche légèrement recourbés en dehors, à pieds. — (Instruments recourbés). ⇒ Pied-de-biche.
♦ (1609, in D. D. L.). || ventre de biche : couleur blanc roussâtre comme l'est le ventre de la biche.
4 (…) ce qu'aujourd'hui nous appelons ventre de biche, qui est la couleur des livrées de Condé (…)
Retz, Mémoires, IV, p. 14.
➪ tableau Désignations de couleurs.
♦ Fam., vx. || Ventre de biche ! (juron bénin).
➪ tableau Principales interjections.
♦ (En compar.). Souvent employé pour exprimer la féminité par comparaison ou par métaphore, en termes de douceur, de finesse, de timidité, de vivacité. || Un cou, des yeux (un regard) de biche. || Douce, timide comme une biche. || Courir, s'élancer, se sauver comme une biche.
2 (En franç. d'Afrique). Antilope. || Biche-cochon : céphalophoe. || Biche de paille ou cob des roseaux. || Biche royale.
1 (1837). Fig., fam. Terme d'affection envers une femme, une petite fille. ⇒ Bibiche, bichette. || Ma petite biche, ma biche.
3 Argot. Prisonnier évadé.
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DÉR. Bibiche, bicherie, bichette.
COMP. Pied-de-biche.
Encyclopédie Universelle. 2012.