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dessaler

dessaler [ desale ] v. <conjug. : 1>
• 1393; dessaléXIIIe; de des- et saler
I V. tr.
1Rendre moins salé ou faire cesser d'être salé. Dessaler de la morue en la faisant tremper. Intrans. (1680) Mettre des harengs à dessaler. Pronom. L'eau de mer se dessale par distillation.
2(1880) Fig. et fam. Rendre moins niais, plus déluré. dégourdir, déniaiser. Pronom. Il commence à se dessaler. P. p. adj. (1565) Elle est bien dessalée. affranchi, dégourdi, déluré.
II V. intr. (arg. des plaisanciers 1935; de l'arg. parisien « boire » v. 1830; « noyer » 1878; cf. boire la tasse) Se renverser (en parlant du bateau); renverser son bateau chavirer; dessalage (2o). ⊗ CONTR. Saler. (Du p. p.) Empoté, niais.

dessaler verbe transitif Débarrasser une matière, un aliment de tout ou partie de leur sel ; les rendre moins salés : Dessaler une morue. Familier. Faire perdre à quelqu'un sa naïveté, son innocence ; déniaiser, dégourdir : Le service militaire l'a dessalé. Procéder au dessalage du pétrole, au dessalement de l'eau. ● dessaler verbe intransitif (de dessaler, au sens argotique de « jeter à l'eau ») En parlant d'un voilier, se renverser ; en parlant de quelqu'un, chavirer avec son bateau.

dessaler
v.
d1./d v. tr. Enlever, en partie ou en totalité, le sel de. Dessaler un jambon.
|| v. intr. Mettre du porc à dessaler.
d2./d v. tr. Fig., Fam. Rendre moins niais, dégourdir (notam. en matière sexuelle).
v. Pron. Il s'est rapidement dessalé.
d3./d v. intr. MAR Chavirer, en parlant d'un petit voilier.
|| Tomber à l'eau à la suite d'un chavirement.

⇒DESSALER, verbe trans.
A.— [L'obj. désigne un inanimé concr.] Débarrasser, tout ou partie, de son sel. Dessaler de la morue, des harengs (Ac. 1798-1932). La pluie tiède dessalait les prés de mer (COLETTE, Belles saisons, 1945, p. 43) :
1. Mais les régions dont je parlais ne sont pourtant pas inhabitées; ce sont celles sujettes à d'importantes évaporations, qui réduisent la quantité de l'eau par rapport à la proportion de sel, ou celles au contraire où un rapport constant d'eau douce dilue le sel et, pour ainsi dire, dessale la mer...
GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, p. 1052.
Emploi factitif. Après avoir paré et fait parfaitement dessaler un jambon (Gdes heures cuis. fr., Carême, 1833, p. 140).
Emploi pronom. L'eau devra se dessaler dans le bocal (BERNARD, Notes, 1860, p. 199).
B.— Au fig. [L'obj. désigne une pers.]
1. Fam. Faire perdre à quelqu'un sa naïveté, son innocence, sa timidité. Elle [Cécile] n'a pas besoin d'être dessalée, celle-là (BOURGET, Drame, 1921, p. 228).
Emploi pronom. réfl. La petite Lola (...) c'est à cause d'elle que je me suis tout à fait dessalé (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 62).
2. Argot
a) Jeter quelqu'un à l'eau, noyer. C'est moi qui vas vous foutre à dessaler ensemble dans la mare, pour vous mettre d'accord (ZOLA, Terre, 1887, p. 307).
b) Se dessaler. Boire :
2. La mer! Qu'est-ce que vous voulez? ...
Rien comme ça n'altère...
Et nos bons mathurins salés
Se dessalent à terre.
PONCHON, La Muse au cabaret, Éloquence perdue, 1920, p. 23.
c) Se dessaler. S'acquitter d'un travail payé en salé (cf. CARABELLI, [Lang. impr.]).
Prononc. et Orth. :[desale], (je) dessale [desal]. LITTRÉ transcrit [-] (cf. dé-). Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 dessalés « sans sel » (Antioche, éd. P. Paris, t. 2, V, II, vers 7); ca 1393 dessaller « faire perdre son sel à » (Ménagier, II, 188 ds T.-L.); 2. 1585 part. passé adj. au fig. « déluré » (Félicien Valentin ds CHOLIÈRES, Matinées, p. XII ds HUG.). Dér. de saler, salé; préf. dé-. Fréq. abs. littér. :10.
DÉR. Dessalement, subst. masc. Action de dessaler; résultat de cette opération. En partic. ,,Opération qui consiste à enlever les sels de sodium et de potassium contenus dans un sol afin de le rendre propre à la culture`` (FÉN. 1970). Rem. Le synon. dessalage, subst. masc. est attesté par Ac. 1932 (dessalage de la morue) et la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe s.; le synon. dessalaison, subst. fém. (moins usuel) est attesté par la plupart des dict. gén. — sauf Ac. — du XIXe et du XXe siècle. []. LITTRÉ transcrit [-] (cf. dé-). 1re attest. 1764 (Journal de Verdun ds Trév. 1771); de dessaler, suff. -(e)ment1.
BBG. — CHAUTARD (E.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 242.

dessaler [desale] v.
ÉTYM. 1393; dessalé, 1200; de dés- (→ 1. Dé-), et saler.
———
I V. tr.
1 Rendre moins salé ou faire cesser d'être salé. || Dessaler une soupe en y ajoutant de l'eau (→ Apport, cit. 1). || Dessaler ou faire dessaler du jambon en le faisant tremper. || Dessaler de la morue.Pron. || L'eau de mer se dessale par distillation.
2 (1880). Fam. (Compl. n. de personne). Rendre moins niais, plus déluré. Dégourdir, déniaiser. || Son séjour à la ville l'a dessalé.Pron. || Il commence à se dessaler.
———
II V. intr.
1 (1680). || Mettre des harengs à dessaler.
2 (1935, argot des plaisanciers; de l'argot parisien « boire », v. 1830; « noyer », 1878; → Boire la tasse). Se renverser (en parlant d'un bateau); renverser son bateau (→ Faire capot, faire chapeau).
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dessalé, ée, p. p. adj.
1 (1585). Débarrassé de son sel. || Morue dessalée.
2 (Personnes). Qui a perdu sa naïveté. Dégourdi, déluré, déniaisé, égrillard, gaillard. || Un gamin dessalé. || Elle est bien dessalée.
1 Moi qui suis dessalé, je ne risque rien.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, p. 9.
N. || C'est un dessalé !Spécialt (au fém.; vieilli). Femme de mœurs légères.
2 Vous faites la sournoise; mais je vous connais il y a longtemps, et vous êtes une dessalée.
Molière, George Dandin, I, 6.
CONTR. Saler. — Empoté, naïf, niais; maladroit.
DÉR. Dessalement.

Encyclopédie Universelle. 2012.