dessaler [ desale ] v. <conjug. : 1> I ♦ V. tr.
1 ♦ Rendre moins salé ou faire cesser d'être salé. Dessaler de la morue en la faisant tremper. Intrans. (1680) Mettre des harengs à dessaler. Pronom. L'eau de mer se dessale par distillation.
2 ♦ (1880) Fig. et fam. Rendre moins niais, plus déluré. ⇒ dégourdir, déniaiser. — Pronom. Il commence à se dessaler. — P. p. adj. (1565) Elle est bien dessalée. ⇒ affranchi, dégourdi, déluré.
II ♦ V. intr. (arg. des plaisanciers 1935; de l'arg. parisien « boire » v. 1830; « noyer » 1878; cf. boire la tasse) Se renverser (en parlant du bateau); renverser son bateau ⇒ chavirer; dessalage (2o).
⊗ CONTR. Saler. (Du p. p.) Empoté, niais.
● dessaler verbe transitif Débarrasser une matière, un aliment de tout ou partie de leur sel ; les rendre moins salés : Dessaler une morue. Familier. Faire perdre à quelqu'un sa naïveté, son innocence ; déniaiser, dégourdir : Le service militaire l'a dessalé. Procéder au dessalage du pétrole, au dessalement de l'eau. ● dessaler verbe intransitif (de dessaler, au sens argotique de « jeter à l'eau ») En parlant d'un voilier, se renverser ; en parlant de quelqu'un, chavirer avec son bateau.
dessaler
v.
d1./d v. tr. Enlever, en partie ou en totalité, le sel de. Dessaler un jambon.
|| v. intr. Mettre du porc à dessaler.
d2./d v. tr. Fig., Fam. Rendre moins niais, dégourdir (notam. en matière sexuelle).
— v. Pron. Il s'est rapidement dessalé.
d3./d v. intr. MAR Chavirer, en parlant d'un petit voilier.
|| Tomber à l'eau à la suite d'un chavirement.
⇒DESSALER, verbe trans.
A.— [L'obj. désigne un inanimé concr.] Débarrasser, tout ou partie, de son sel. Dessaler de la morue, des harengs (Ac. 1798-1932). La pluie tiède dessalait les prés de mer (COLETTE, Belles saisons, 1945, p. 43) :
• 1. Mais les régions dont je parlais ne sont pourtant pas inhabitées; ce sont celles sujettes à d'importantes évaporations, qui réduisent la quantité de l'eau par rapport à la proportion de sel, ou celles au contraire où un rapport constant d'eau douce dilue le sel et, pour ainsi dire, dessale la mer...
GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, p. 1052.
— Emploi factitif. Après avoir paré et fait parfaitement dessaler un jambon (Gdes heures cuis. fr., Carême, 1833, p. 140).
— Emploi pronom. L'eau devra se dessaler dans le bocal (BERNARD, Notes, 1860, p. 199).
B.— Au fig. [L'obj. désigne une pers.]
1. Fam. Faire perdre à quelqu'un sa naïveté, son innocence, sa timidité. Elle [Cécile] n'a pas besoin d'être dessalée, celle-là (BOURGET, Drame, 1921, p. 228).
— Emploi pronom. réfl. La petite Lola (...) c'est à cause d'elle que je me suis tout à fait dessalé (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 62).
2. Argot
a) Jeter quelqu'un à l'eau, noyer. C'est moi qui vas vous foutre à dessaler ensemble dans la mare, pour vous mettre d'accord (ZOLA, Terre, 1887, p. 307).
b) Se dessaler. Boire :
• 2. La mer! Qu'est-ce que vous voulez? ...
Rien comme ça n'altère...
Et nos bons mathurins salés
Se dessalent à terre.
PONCHON, La Muse au cabaret, Éloquence perdue, 1920, p. 23.
c) Se dessaler. S'acquitter d'un travail payé en salé (cf. CARABELLI, [Lang. impr.]).
Prononc. et Orth. :[desale], (je) dessale [desal]. LITTRÉ transcrit [-] (cf. dé-). Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 dessalés « sans sel » (Antioche, éd. P. Paris, t. 2, V, II, vers 7); ca 1393 dessaller « faire perdre son sel à » (Ménagier, II, 188 ds T.-L.); 2. 1585 part. passé adj. au fig. « déluré » (Félicien Valentin ds CHOLIÈRES, Matinées, p. XII ds HUG.). Dér. de saler, salé; préf. dé-. Fréq. abs. littér. :10.
DÉR. Dessalement, subst. masc. Action de dessaler; résultat de cette opération. En partic. ,,Opération qui consiste à enlever les sels de sodium et de potassium contenus dans un sol afin de le rendre propre à la culture`` (FÉN. 1970). Rem. Le synon. dessalage, subst. masc. est attesté par Ac. 1932 (dessalage de la morue) et la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe s.; le synon. dessalaison, subst. fém. (moins usuel) est attesté par la plupart des dict. gén. — sauf Ac. — du XIXe et du XXe siècle. — []. LITTRÉ transcrit [-] (cf. dé-). — 1re attest. 1764 (Journal de Verdun ds Trév. 1771); de dessaler, suff. -(e)ment1.
BBG. — CHAUTARD (E.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 242.
dessaler [desale] v.
ÉTYM. 1393; dessalé, 1200; de dés- (→ 1. Dé-), et saler.
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I V. tr.
1 Rendre moins salé ou faire cesser d'être salé. || Dessaler une soupe en y ajoutant de l'eau (→ Apport, cit. 1). || Dessaler ou faire dessaler du jambon en le faisant tremper. || Dessaler de la morue. — Pron. || L'eau de mer se dessale par distillation.
2 (1880). Fam. (Compl. n. de personne). Rendre moins niais, plus déluré. ⇒ Dégourdir, déniaiser. || Son séjour à la ville l'a dessalé. — Pron. || Il commence à se dessaler.
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II V. intr.
1 (1680). || Mettre des harengs à dessaler.
2 (1935, argot des plaisanciers; de l'argot parisien « boire », v. 1830; « noyer », 1878; → Boire la tasse). Se renverser (en parlant d'un bateau); renverser son bateau (→ Faire capot, faire chapeau).
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dessalé, ée, p. p. adj.
1 (1585). Débarrassé de son sel. || Morue dessalée.
2 (Personnes). Qui a perdu sa naïveté. ⇒ Dégourdi, déluré, déniaisé, égrillard, gaillard. || Un gamin dessalé. || Elle est bien dessalée.
1 Moi qui suis dessalé, je ne risque rien.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, p. 9.
2 Vous faites la sournoise; mais je vous connais il y a longtemps, et vous êtes une dessalée.
Molière, George Dandin, I, 6.
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DÉR. Dessalement.
Encyclopédie Universelle. 2012.