détendre [ detɑ̃dr ] v. tr. <conjug. : 41>
• déb. XIIe; lat. detendere
I ♦
1 ♦ Relâcher (ce qui était tendu). Détendre un arc, un ressort (⇒ 1. débander) . « il contractait et détendait les jambes comme une grenouille de dissection » (Martin du Gard). Pronom. Corde, ressort qui se détend brusquement.
2 ♦ Faire cesser l'état de tension de (cf. ci-dessous, 3o). Ses plaisanteries ont détendu l'atmosphère. Sortons un peu, cela nous détendra. ⇒ décontracter, désénerver. Détendre son esprit. ⇒ relâcher.
3 ♦ V. pron. (1870) SE DÉTENDRE : se laisser aller, se décontracter. L'esprit se détend après un tel effort. Son visage se détend. Ces enfants ont besoin de se détendre. ⇒ se délasser, se distraire, se reposer. Détendez-vous ! ⇒ se relaxer. « lui se détendait, s'abandonnait » (F. Mauriac).
4 ♦ (1907) Phys. Détendre un gaz, en diminuer la pression (⇒ détente) .
5 ♦ Chim. Étendre ou diluer (une solution).
6 ♦ Cuis. Assouplir (une pâte, un appareil) en ajoutant du liquide.
II ♦ (1501) Vieilli Défaire, détacher (ce qui forme tenture). Détendre un baldaquin.
♢ Par ext. Dégarnir des tentures. « Partout les salles étaient détendues » (Chateaubriand).
⊗ CONTR. 2. Contracter, raidir, 1. tendre. Comprimer . Attacher, poser.
● détendre verbe transitif (latin detendere) Faire en sorte que quelque chose ne soit plus (aussi) tendu, étiré, en diminuer la tension : Détendre les cordes de la guitare. Faire cesser un état de tension intellectuelle ou nerveuse, un état de préoccupation ; décontracter, délasser : Le cinéma me détend. Faire disparaître l'agressivité, les conflits, les oppositions, les désaccords à l'intérieur d'un groupe : Détendre l'atmosphère en racontant des histoires. Diminuer la pression (en parlant d'un fluide), par le moyen d'un détendeur. ● détendre (difficultés) verbe transitif (latin detendere) Conjugaison Comme tendre. Emploi Ne pas confondre ces deux verbes. 1. Détendre = diminuer la tension de, relâcher (ce qui était tendu). Détendre les cordes d'un violon. 2. Distendre = tendre sans rompre, en allongeant de manière irréversible. Distendre un ressort. ● détendre (synonymes) verbe transitif (latin detendere) Faire cesser un état de tension intellectuelle ou nerveuse, un...
Synonymes :
- décontracter
- délasser
- égayer
- relâcher
- relaxer
- reposer
Faire disparaître l'agressivité, les conflits, les oppositions, les désaccords à...
Synonymes :
- dégeler
- délasser
détendre
v. tr.
d1./d Faire cesser la tension de (qqch). Détendre un ressort.
|| v. Pron. Cesser d'être tendu. Le piège se détendit brusquement.
d2./d Fig. Faire cesser la tension mentale de. Allez faire un tour, cela vous détendra. Détendre l'atmosphère par une plaisanterie.
|| v. Pron. Je me détends en lisant.
d3./d TECH Diminuer la pression (d'un fluide).
|| v. Pron. La vapeur se détend dans le cylindre.
d4./d Détacher (ce qui était tendu). Détendre une tapisserie.
⇒DÉTENDRE, verbe.
I.— Emploi trans.
A.— Vieilli. [L'obj. désigne une matière textile] Détacher un tissu qui était tendu. Détendre des tapisseries, des rideaux. La femme détendait la tente et la relevait (STENDHAL, Amour, 1822, p. 194). Le grand lit fut, tour à tour, tendu et détendu, à tous les coins de l'appartement (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 304).
— P. ext. ,,Détendre une chambre, un appartement, ``(Ac. 1798-1932) ,,en ôter les tapisseries, le lit, les rideaux`` (Ac. 1798-1932).
— Absol. On détend dans toutes les rues quand le Saint Sacrement est passé (Ac. 1798-1932).
B.— Usuel
1. Relâcher ce qui était tendu. Détendre l'arc, les cordes, les liens, un ressort. Détendre [la corde d'un instrument de musique] qui rend des sons trop hauts (JOUBERT, Pensées, t. 2, 1824, p. 87). L'ancre fut mouillée, toute la chaîne filée, puis on se mit à virer au cabestan pour détendre les amarres du chalut (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, En mer, 1883, p. 96).
♦ Proverbial et fig. Il faut quelquefois détendre l'arc, (Ac. 1835, 1878)il faut donner quelquefois du relâche à l'esprit (Ac. 1835, 1878), il faut donner de temps en temps un peu de détente à l'esprit (Ac. 1932).
— [L'obj. désigne une partie du corps]
a) Allonger un membre plié. Détendre les/ses jambes, les/ses bras.
b) Relâcher des muscles contractés par l'effort, la fatigue, toute tension physique, intellectuelle ou morale. Détendre les/ses muscles, les/ses nerfs, les/ses traits. Il y a [à Croisset] beaucoup de primevères et de violettes; leur vue te délassera, te détendra les nerfs (FLAUB., Corresp., 1879, p. 240).
♦ Détendre qqn :
• 1. État de liberté absolue, de confiance absolue qui doit raffermir ma petite malade, si quelque chose peut le faire. Je l'ai trouvée concentrée, armée et comme tendue. Je l'ai détendue peu à peu par l'excès de ma tendresse, la foi que je lui donne que, quoi qu'elle fasse, le charme sera le même.
MICHELET, Journal, 1849, p. 59.
2. Au fig. Faire cesser un état de tension quelconque. Détendre sa force, sa surveillance; détendre son cœur, son esprit. Synon. relâcher :
• 2. S'il y a de la poésie dans l'atmosphère de Paris où tourbillonne un simoun qui enlève les fortunes et brise les cœurs, n'y en a-t-il donc pas aussi dans la lente action du sirocco de l'atmosphère provinciale qui détend les plus fiers courages, relâche les fibres et désarme les passions de leur acutesse?
BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, p. 261.
Rem. L'expr. détendre son esprit « se relâcher l'esprit après des occupations qui demandaient trop d'attention » figure ds Ac. à partir de 1798.
C.— P. anal., PHYS. et MÉCAN. Diminuer la pression d'un fluide. Détendre un gaz, la vapeur.
II.— Emploi pronom.
A.— 1. Relâcher sa tension (par mouvement, usure, rupture, etc.). Le ressort se détend. Synon. s'amollir; anton. se bander. L'arc se détendit, la flèche siffla (VERNE, Île myst., 1874, p. 263). Le bandage avait dû se détendre, glissant, ne comprimant plus la plaie, ce qui avait occasionné une très abondante hémorragie (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 340).
— P. métaph. :
• 3. Jamais de tiédeur, jamais d'oubli, jamais de relâchement possible à un esprit enfiévré comme était le mien. La corde était trop tendue pour se détendre d'elle-même, elle se serait plutôt brisée.
SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 197.
2. [En parlant de la température] Devenir moins rigoureux. L'air se détendait; le soleil commençait à nous faire sentir ses douces influences (DUSAULX, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 288).
3. [En parlant du corps, du muscle qui relâche sa tension]
a) S'allonger. Anton. se contracter. Et tous deux, penchés au-dessus du lit, ils maintenaient Jeanne, dont les membres se détendaient avec des secousses brusques (ZOLA, Page amour, 1878, p. 805).
b) Se relâcher dans une position de repos. Les muscles, les nerfs, les traits, le visage se détendent. Synon. s'assouplir, se dénouer, se déraidir, se reposer; anton. se crisper. À mesure que je parle, le visage de mon visiteur se détend, s'apaise, sourit (GREEN, Journal, 1948, p. 225) :
• 4. J'étais en tous cas, bien sûr que le visage de ma mère allait s'ouvrir, se détendre, redevenir pour toujours ce visage lisse et confiant dont mon enfance avait été illuminée.
DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le jardin des bêtes sauvages, 1934, p. 140.
— [En parlant de la pers.] Synon. s'abandonner, se décontracter, se laisser aller, s'épanouir. Souvent à l'impératif :
• 5. Pour la première fois, Kate reposait contre un corps robuste qui l'épaulait, la gardait du vide, veillait sur elle et sur son cœur avec une sollicitude inconnue, d'un toucher presque matériel : — détendez-vous. Laissez tomber le bras, le gauche vous respirerez mieux.
PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 165.
— Spéc. Prendre un temps de repos au cours de son travail, un temps d'activité physique au cours d'occupations sédentaires. Les enfants ont besoin de se détendre. Heureux de se détendre, ils rirent de bon cœur (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 243).
4. Au fig.
a) S'affaiblir, perdre sa vigueur. Synon. s'affaiblir. Les liens de race, de classe, de patrie se détendant, le grand lien de l'humanité se resserre (VIGNY, Journ. poète, 1840, p. 1145).
b) Devenir plus serein. L'atmosphère politique se détend.
B.— PHYS. et MÉCAN. [En parlant d'un fluide] Diminuer sa pression en augmentant de volume. C'est autour de l'organe de la machine dans lequel l'agent réfrigérant se détend ou se volatilise qu'il y a production de froid (Lar. mén. 1926).
Prononc. et Orth. :[], (je) détends []. Ds Ac. 1694 et 1718 à côté de la var. anc. destendre; ds Ac. 1740-1932 uniquement sous la forme moderne. Étymol. et Hist. Ca 1135 « relâcher ce qui était tendu » (Couronnement Louis, 1194 ds T.-L. : seit mes tres destenduz); fin XIIIe s. fig. (Vie de St Julien, 234 ds T.-L. : s'ire destendre); 1674 pronom. (BOILEAU, Art poétique, I ds LITTRÉ : Mon esprit aussitôt commence à se détendre). Empr. au lat. class. detendere « détendre » (tabernacula detendere) avec adaptation d'apr. tendre. Fréq. abs. littér. : 575. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 259, b) 539; XXe s. : a) 911, b) 1 386. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 312.
détendre [detɑ̃dʀ] v. tr. [CONJUG. tendre.]
ÉTYM. Déb. XIIe; de 1. dé-, et tendre.
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1 Relâcher (ce qui était tendu). || Détendre un arc, un ressort (⇒ Débander). || Détendre une corde en la détachant. || Détendre ses muscles après un effort. ⇒ Décontracter, relâcher. || Détendre sa jambe après l'avoir pliée, l'allonger (⇒ Étendre). — Détendre ses muscles, ses traits, les relâcher.
1 Je savais que le petit cheval (…) détendait sans cesse une jambe de devant, avec un geste ataxique.
Colette, la Paix chez les bêtes, « Lola », p. 74.
2 (…) l'effort mental détendait les muscles de la mâchoire, soulevait les sourcils (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 124.
3 Écartelé sur la table, sous l'impitoyable réflecteur, il contractait et détendait les jambes comme une grenouille de dissection.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 160.
2 Fig. Faire cesser l'état de tension de… (→ ci-dessous, Se détendre). || Détendre son esprit. ⇒ Relâcher. || Détendre son auditoire par une boutade.
4 La souffrance a tout détendu dans leur âme, même les liens qui nous attachent.
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 943.
5 Un prince qui a de pareils ministres (…) peut détendre la contention de son esprit, sans que ses affaires en pâtissent (…)
3 (1907). Phys. || Détendre un gaz, en diminuer la pression (⇒ Détente, 4.). || Détendre la vapeur dans un piston.
4 Chim. Étendre ou diluer (une solution). || « On détend progressivement la solution » (la Découverte, 1972, in la Clé des mots).
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II (1501). Vieilli. Défaire, détacher (ce qui forme tenture). || Détendre un baldaquin, une tenture, une toile de tente. — Par ext. || Détendre une chambre, un mur, détendre les tapisseries, rideaux, etc. qui y étaient tendus.
6 Plusieurs pièces qui tapissent un appartement s'appellent une tenture. On les tend, on les détend, on les cloue, on les décloue.
Voltaire, Dict. philosophique, Tapissier.
7 Partout les salles étaient détendues, et l'araignée filait sa toile dans les couches abandonnées.
Chateaubriand, René.
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se détendre v. pron.
1 Relâcher sa tension. || Arc, corde, ressort qui se détend. || Se détendre brusquement, en se cassant (⇒ Lâcher).
8 N'y a-t-il pas là des ressorts secrets qui se détendent ou qui prennent de l'élasticité ?
Voltaire, Dialogues, VII, II.
♦ Se relâcher dans une position de repos; s'allonger. ⇒ Assouplir (s'), dénouer (se), reposer (se). || Ses muscles se détendirent. || Ses traits durs se détendirent dans un sourire. || Ses membres se tendent et se détendent en des convulsions.
9 (…) ses mains se détendirent, se séparèrent et retombèrent ouvertes sur ses genoux.
G. Sand, la Mare au diable, IX, p. 79.
10 (…) il lui arrivait parfois de se lever brusquement pour se détendre, — à la manière d'un chat qui s'étire, disait-elle (…)
Loti, Ramuntcho, I, XXIII, p. 183.
11 (…) l'infirmière et la femme de chambre, courbées sur le lit, maintenaient à grand-peine le petit corps qui se tendait et se détendait comme un poisson sur l'herbe.
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 56.
2 Fig. Se laisser aller, se décontracter. || L'esprit se détend après un effort. || Son attention se détendait. ⇒ Relâcher (se). || Sa colère, sa fureur se détend. ⇒ Calmer (se). || Leurs rapports se détendent; la situation se détend, devient plus sereine.
12 Christophe qui, depuis plusieurs mois, se raidissait dans un état de qui-vive perpétuel, sentait se détendre peu à peu la fixité de son regard.
R. Rolland, Jean-Christophe, p. 816.
13 Notre appareil à penser en état de chargement (…) fournit par éclairs, secousses, une masse disjointe d'idées, images, souvenirs, notions, concepts, puis se détend avant que l'esprit se réalise à l'état de conscience dans un nouvel acte.
Claudel, Positions et propositions, p. 9.
♦ Absolt. || Ces enfants ont besoin de se détendre. ⇒ Délasser (se), distraire (se), reposer (se). || Détendez-vous ! ⇒ Décontracter (se). || Se détendre dans une atmosphère de confiance. ⇒ Abandonner (s'), aller (se laisser aller).
14 Mais lui se détendait, s'abandonnait à cette atmosphère tiède et douce (…)
F. Mauriac, la Pharisienne, XI, p. 162.
3 Phys. Diminuer sa pression en augmentant son volume. || Gaz, vapeur qui se détend.
14.1 La recongélation du glaçon se refaisait pour deux motifs : d'abord, parce que sous la pression de l'air, l'eau, en se volatilisant à la surface du glaçon, produisait un froid rigoureux; et ensuite, parce que cet air comprimé empruntait pour se détendre, sa chaleur à la surface dégelée. Partout où une fracture se produisait, le froid, provoqué par la détente de l'air, en cimentait les bords, et, grâce à ce moyen suprême, le glaçon reprenait peu à peu sa solidité première.
J. Verne, le Pays des fourrures, t. II, p. 324-325.
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détendu, ue p. p. adj.
♦ Qui n'est plus tendu. || Ressort détendu. — Dont la tension (corporelle, intellectuelle) est relâchée. || Corps, muscle détendu. — Esprit détendu. ⇒ Calme, euphorique. || Une atmosphère détendue. ⇒ Serein. || Être, se sentir détendu. ⇒ Décontracté. || Le malade est détendu. ⇒ Apaisé.
15 Ces visages détendus, abandonnés dans le sommeil.
Alphonse Daudet, Contes du lundi, « Partie de billard ».
16 (…) mon esprit détendu s'est laissé flotter au hasard.
Gide, Journal, 10 mai 1906.
17 Mais enfin l'important est que M. Lacoste soit satisfait, s'il l'est, et que le général Salan le soit plus encore, et que les Français d'Algérie se sentent un peu détendus.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 24.
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CONTR. Bander, distendre, tendre. — Contracter. — Comprimer. — Déployer, dresser, monter (une tente). — Énerver (s'), fatiguer (se), raidir (se).
DÉR. Détendeur, détente.
Encyclopédie Universelle. 2012.