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aller

1. aller [ ale ] v. <conjug. : 9>
aler XIe; alare VIIIe; réduction mal expliquée du lat. ambulare, syn. de ire « aller » dans la langue fam.; fut. et condit., du lat. ire; vais, vas, vont, du lat. vadere
I V. intr. AMarque le déplacement d'un lieu dans un autre (emplois aux sens propre et métaphoriques).REM. Avoir été est en concurrence avec être allé dans la langue familière pour tous les temps composés du verbe : « Moi aussi, je suis allé où vous avez été » (Alain-Fournier). 1. être.
1Se déplacer. (Personnes) Aller à pied. marcher. « Elle allait à grands pas » (La Fontaine). avancer. Aller vite. Allez plus vite ! courir, filer, foncer. Aller à cheval, à bicyclette, en voiture. Comment irez-vous ? (cf. Par quel moyen de locomotion). Nous allions à 140 à l'heure. rouler. On va plus vite en métro qu'en voiture. circuler. Je vais avec vous, nous irons ensemble. (Avec destination) Aller à Paris, au Portugal, aux Antilles, en Italie, dans les Alpes, à la campagne, en ville, sur la côte. se rendre. Il espère aller en Écosse. Il va au Canada en juin. 1. partir (cf. S'en aller, III). Aller de Paris à Pékin. Aller jusqu'à Pékin. Aller de ville en ville. Allons derrière la maison, sous cet abri. Allons au salon. passer. Qu'il aille dans sa chambre. Aller chez qqn. Je suis allé chez lui, il est venu chez moi. venir. Fig. Allons au fait. (Lieu de vente, de services) Aller à l'épicerie, au café, chez le boulanger, chez le coiffeur, chez le médecin. (Avec adv. de lieu) Où va-t-il ? ( ) . Nous ne savons où aller. Il va où il veut. Aller tout près, loin ( loin) . Elle va là-bas. Allons dehors. 1. sortir. J'y vais. Il faut y aller. Y es-tu allé, (sans y) iras-tu ? ( 3. y) . Allez-y en taxi, par vos propres moyens. Elle y va seule. Loc. Qui va là ? formule d'interpellation du veilleur, de la sentinelle ( qui-vive). Absolt Aller et venir. Littér. « Je suis une force qui va ! » (Hugo)(cf. aussi interj., ci-dessous, V).
(Indication de direction) Aller tout droit, à droite, à gauche. prendre. Aller en avant ( avancer) , en arrière ( reculer) . Nous allons dans la même direction. Il allait vers le village. se diriger. Nous allons sur Marseille (fam. et critiqué). Aller à travers champs. traverser. Aller au-devant de qqn ( 2. devant) ,à sa rencontre. Aller par monts et par vaux. Je n'irai pas par quatre chemins.
(Véhicules) Cette voiture va vite. L'avion qui va à Nice (cf. À destination de, pour). Ce bus va-t-il à Neuilly ? Fam. Votre billet ne va que jusqu'à Lille.
2Par métaph. Occuper un espace jusqu'à une limite. ALLER À (spatial, sans mouvement). aboutir, conduire, mener. La route qui va au château. Cette ligne va à Neuilly. Le couloir qui allait de la cuisine au salon. (Dans une suite, une échelle) Le chapitre qui va de la page 20 à la page 35. (Temporel) La période qui va du 1er avril au 15 mai. ALLER JUSQU'À. arriver, s'étendre. Le jardin va jusqu'à la rivière. L'armoire va jusqu'au plafond. atteindre. (Temporel) L'abonnement va jusqu'en décembre, est valable jusqu'à cette date. Fam. Pour le pain, ça ira jusqu'à lundi. (Gradation) Une colère qui va jusqu'à la fureur. Elle est allée jusqu'à lui dire que...
3Se déplacer pour faire qqch., le mouvement étant secondaire. (Avec un nom de lieu) Aller à l'école, à l'église, au cinéma, aux urnes, au front... Il ira bientôt à l'école. fréquenter. Aller aux toilettes. (Avec un nom d'action) Aller à la chasse, à la pêche, au travail, à la guerre, en excursion, en ambassade. Se déplacer pour chercher qqch. Aller aux provisions, aux nouvelles, aux renseignements. (Pour ramasser qqch.) Aller au bois, aux champignons, aux fraises, aux moules, etc. Pop. Aller au pain, aller l'acheter.
4(Sujet chose) Être destiné à. L'héritage va à sa fille. À lui va toute mon affection. Ce compliment me va droit au cœur.
Devoir être mis, rangé quelque part. Les draps vont dans le placard. se mettre, se ranger. Ce couvercle va sur la marmite. Tout ceci ira à la poubelle. Pouvoir supporter d'être mis quelque part. Un plat qui va au feu.
5(Avec un v. à l'inf. exprimant le but) Aller travailler. Bonsoir, je vais me coucher (cf. II, 1o, auxil. ). Il faut qu'il aille les chercher. Allons nous promener. « Va trouver de ma part l'ambassadeur romain » (P. Corneille ). On sonne, je vais ouvrir, j'y vais; vas-y. Va voir ce que c'est, pop. vas-y voir. (Injures) Va te faire voir, te faire cuire un œuf. Allez vous faire foutre.
(Pour désapprouver une initiative) Il est allé se mettre dans une situation difficile. Qu'est-ce que tu es encore allé raconter ? Qu'allez-vous imaginer ? À l'impér. négatif N'allez pas imaginer que... N'allez pas croire de tels ragots (cf. II, 1o).
6Loc. Y ALLER DE (et subst.). Miser au jeu. Y aller de mille francs. Participer à une activité collective. Elle y est allée de sa chanson. (Impers.) Être en jeu. Il y va de ma santé, de ta réputation.
BMarque une manière de faire ou d'être.
1(Sujet personne) Agir (manière, durée). Il faut aller vite. agir, 1. faire. Appliquez-vous, vous allez trop vite (cf. À la va-vite). C'est fragile, allez-y doucement ! Fam. Vas-y mollo. Y aller fort. Ne pas y aller de main morte. Nous irons jusqu'au bout. Loc. fam. Ça y va ! Ça y allait ! les choses sont, étaient menées rondement.
2(Sujet chose) Évoluer. Ses affaires vont de mal en pis, vont à vau-l'eau. Ça va comme ça peut. Ça va de soi, ça va sans dire. Rien ne va plus ! les jeux sont faits (à la roulette).
Impers. Il en va de... comme de... (pour comparer des statuts communs). ⇒ 1. être. Il en va de même pour...
♢ LAISSER ALLER : laisser évoluer sans intervenir. Il laisse aller ses affaires, il laisse tout aller. (Sujet personne) Se laisser aller : ne plus se contrôler (dans le soin de sa personne, la direction de sa vie). Depuis la mort de sa femme, il se laisse aller. Spécialt Ne pas se contracter, se contraindre. Laissez-vous aller ! Se laisser aller à (et inf.) :ne pas faire d'effort pour s'empêcher de (faire, dire). Elle s'est laissée aller à pleurer.
3(Sujet chose) Marcher, fonctionner. PROV. Quand le bâtiment va, tout va. Fam. Ça va pas, la tête ? Tout va bien, à la cuisine ? Ça va les études, ça va la santé ? Ça va ? pour s'informer de la vie de qqn, demander de ses nouvelles. Ça va très bien. fam. baigner, boumer, coller, 2. gazer. Fam. On fait aller : ça ne va pas très bien mais on y remédie. Ça va comme tu veux ? « Ah, ça ira, ça ira, les aristocrates à la lanterne ! » (chanson révolutionnaire).
Spécialt (sujet personne) Être dans tel état de santé. se porter. Comment allez-vous ? Je vais bien, mieux. 1. être, se sentir. Quand vous irez mieux (cf. Recouvrer la santé).
4Convenir. Ce n'est pas la clé qui va pour ce tiroir. Aller à qqn : être convenable pour lui. ⇒ 2. seoir. Ça ne te va pas, de prendre des décisions. Rendez-vous demain, ça vous va ? Ça me va (cf. D'accord). Ellipt Ça va : ça me convient. Je vous en donne mille francs, ça va ? (cf. V, 4o). Ça peut aller ? Ça ira ? Ça ira comme ça ? Oh ! ça va ! ça suffit, assez ! (pour faire cesser le comportement, les paroles de l'autre).
♢ ALLER BIEN, MAL (ou autre adv. de manière) À QQN : être plus ou moins seyant (choses). Cette robe, cette coiffure vous va bien, vous va parfaitement, lui va à ravir. Le noir lui va mal. Fig. La colère lui va bien. 2. seoir. Ça lui va comme un gant. Absolt Convenir, être de la bonne taille, être seyant. Ces chaussures me vont, c'est ma taille. Ce chapeau ne lui va pas. Tout lui va !
5 ♦ ALLER AVEC, ENSEMBLE : accompagner normalement, être adapté à. La veste qui va avec ce pantalon, les serviettes qui vont avec la nappe. Cette vis et ce boulon vont ensemble. Fam. La carte, et l'enveloppe qui va avec.
♢ ALLER BIEN, MAL (ou autre adv.) AVEC, ENSEMBLE : être plus ou moins bien assorti. Le rose va bien avec le brun. s'harmoniser. Le style Empire et le style moderne vont très bien ensemble. Ce fauteuil va mal avec votre mobilier. (Ellipt sans avec) Faire bel effet (cf. Faire bien). Ce fauteuil ira bien dans votre chambre. (Personnes) Ils vont bien ensemble.
6Fig. NE PAS ALLER SANS (choses abstraites) :être généralement accompagné de. ⇒ comporter. Ça n'ira pas sans difficulté : ce ne sera pas facile. Sa gentillesse ne va pas sans duplicité.
7 ♦ ALLER CONTRE, À L'ENCONTRE DE : s'opposer. Je n'irai pas contre sa volonté. Si j'allais à l'encontre de ses propositions.
8 ♦ ALLER SUR... (avec indication de l'âge) :être proche d'avoir... Il va sur (ses) 25 ans : il a 24 ans révolus.
II V. auxil.
1Auxiliaire de temps devant l'infinitif, pour former le futur prochain, et employé au prés. et à l'imp. de l'indicatif (cf. aussi S'en aller, III). (Prés.) Il va partir (cf. Être sur le point de). Il vient d'arriver et va repartir. Ce soir, je vais me coucher tôt. Nous allons réfléchir. Je vais le faire patienter. Qu'est-ce que je vais lui dire ? Il ne va pas le croire. Elles vont être contentes. Attention, le vase va tomber ! Ça va barder ! Ça va s'arranger ! Impers. Il va pleuvoir. (Devant le v. aller) Il va aller au cinéma. Tu vas aller mieux. Nous allons y aller. (À l'imp., action souvent non réalisée) Nous allions partir quand il est arrivé. J'allais justement vous téléphoner. Impers. Je pensais qu'il allait pleuvoir. J'allais (vous) le dire ! (ce que vous avez dit). J'allais dire « moi aussi ». J'allais dire que c'était inutile. Qu'est-ce que vous alliez dire ? (Devant aller) J'allais y aller. (REM. Peu usité avec l'imparfait à cause des formes de même radical que l'inf.) .
Vieilli ALLER POUR et inf. (fut. prochain narratif, but non réalisé). Au moment où il allait pour sortir. « Chatterton va pour le rejoindre puis y renonce » (Vigny) .
2(Avec un v. de mouvement au pr. ou au fig., employé au p. prés. ou au gérondif), Pour exprimer la simultanéité (au pr.), l'aspect duratif ou progressif (au fig.). P. prés. « Un fiacre allait trottinant » (chanson). (cf. aussi S'en aller, III.) La route va s'élargissant. Le mal va croissant, est allé (a été) empirant, s'aggravant, s'amplifiant. Son angoisse allait augmentant. Gérond. (plus fam.) Ça va en diminuant. Leur nombre va en augmentant.
III ♦ S'EN ALLER v. pron. (XIIe) .
1Quitter le lieu où l'on est. 1. partir. Adieu, je m'en vais. Il s'en va demain. Va-t'en ! (cf. Dehors ! Fous le camp !). Qu'il s'en aille, nous ne le retenons pas. « La condition des personnes qui restent est toujours plus triste que celle des personnes qui s'en vont » (Marivaux). Après, on s'en ira. Il s'en alla en protestant. Elles s'en sont allées sans rien dire. L'avion s'en va. S'en aller quelque part : partir quelque part. Elle s'en va au marché, en Corse, dans le Midi. Où s'en va-t-il ?
2Vieilli ou littér. Mourir. Le jour où il s'en est allé, où il nous a quittés. Fam. S'en aller de la caisse.
3(Choses) Partir, disparaître. La couleur, le parfum s'en va. La peinture s'écaille et s'en va (cf. Elle ne tient pas). Abstrait, littér. Le temps, l'été s'en va. passer. « Tous ses projets [...] s'en étaient allés au vent » (Loti).
4(Concret) Pouvoir être ôté, détaché de. s'enlever. La peau des tomates s'en va difficilement. La capuche s'en va; les tiroirs, les banquettes s'en vont ( amovible, détachable) . Fam. Comment ça s'en va ?
5Pouvoir être effacé. 1. partir. J'ai beau frotter, la tache ne s'en va pas. Ça s'en va à l'eau de Javel, à la lessive.
6(Avec l'inf.) Partir faire qqch. (emploi négligé). Je m'en vais chercher du pain, voir ce qui se passe (cf. ci-dessus I, A, 5o).
Vx ou pop. Comme verbe auxiliaire exprimant le futur prochain. Je m'en vais vous raconter mon histoire (cf. II, 1o). REM. Surtout employé à la 1re pers. sing. du prés.
7(Suivi du p. prés.) Vx ou littér. « Le fils du roi s'en va chassant » (chanson). « Quelle fut cette musique délicieuse et qui s'en va déclinant ? » ( Barrès)[cf. II, 2o].
IV V. tr. Loc. Aller son chemin : aller là où l'on a prévu d'aller. Fig. Aller son petit bonhomme de chemin. V ♦ VA, ALLONS, ALLEZ interj.
1 ♦ VA, ALLONS, ALLEZ, pour inciter au départ, et surtout à l'action. REM. Allons s'emploie aussi en s'excluant. Va, et ne pèche plus. À-Dieu-va(t). ce mot. Allons, debout ! Allez, au travail ! « Allons, enfants de la patrie » (La Marseillaise). Allez, les verts ! (équipe sportive). « Allons vite, ma chaise et des sièges à tout le monde » (Molière). Allons, pressons : dépêchez-vous. Allez, ouste ! Allez, vas-y ! Et allez-y ! Et allez donc ! formules d'encouragement ironique pour ce qu'on réprouve. — Va donc, (eh)... suivi d'une injure indique le mépris, le rejet. Va donc, eh cocu !
2 ♦ ALLONS ! s'emploie pour dénier, dissuader, réprimander. Allons, il faut réagir ! (cf. Voyons). voir. Allons, un peu de calme ! Allons, allons, ce n'est pas sérieux ! Allons donc, vous y croyez ?
3 ♦ VA, ALLEZ, s'emploie pour exprimer la résignation, la conciliation. Je le sais bien, va ! Allez, consolez-vous ! Allez allez, ça ne sera rien ! « Quand même, allez, c'était la belle vie » (Perec).
4 ♦ VA POUR, servant à acquiescer (cf. D'accord). Va pour 200 francs. Va pour demain. Va pour « menteur » mais pas pour « égoïste » (reprenant des qualifications attribuées).
⊗ CONTR. Rester. Revenir. ⊗ HOM. Allée, haler; alliez :alliez (allier); poss. hâler. aller 2. aller [ ale ] n. m.
XIIe; subst. de 1. aller
1Fait d'aller, trajet fait en allant à un endroit déterminé (opposé à retour). L'aller a été plus facile que le retour. J'ai pris à l'aller le train du matin. Spécialt Billet de chemin de fer valable pour l'aller. Un aller, un aller simple pour Marseille. Un aller (et) retour : billet double comportant un coupon de retour.
Match aller : premier match opposant deux équipes dans un championnat.
2Loc. fam. Aller et retour : paire de gifles. Il lui a flanqué un de ces allers et retours !
3Évolution des choses, dans l'expr. pis aller.
⊗ CONTR. Retour.

aller verbe intransitif (latin populaire allare, du latin classique ambulare, se promener, et vadere, ire, aller) Se mouvoir d'un lieu vers un autre, s'y rendre : Aller à pied chez soi. Aller à Brest. Se déplacer pour accomplir une action, pour rendre visite à quelqu'un : Aller dîner en ville. Aller chez le coiffeur. En parlant d'une voie, d'un moyen de transport, avoir telle destination, conduire, mener : Cette route va à Lyon. Être dans tel état de santé, se porter : Comment allez-vous ? Je vais bien. Fonctionner, marcher : Cette montre va bien. Les affaires vont mal. Convenir plus ou moins bien à quelqu'un, l'arranger en parlant de quelque chose (abstrait) ; être seyant en parlant d'un vêtement, d'une coiffure : Cette jupe vous va très bien. Être dans un rapport d'harmonie avec quelque chose, s'accorder : Ce rouge va bien avec ce bleu. Être sur le point de (futur proche) : Je vais aller chercher le journal.aller nom masculin Action d'aller quelque part : Il faut deux heures pour l'aller et le retour. Titre de transport permettant de faire un trajet dans un sens : Prendre un aller.aller (difficultés) nom masculin Orthographe Plur. : deux allers simples. Aller et retour, aller-retour prennent la marque du pluriel : des allers et retours, des allers-retours. Remarque Quelques grammairiens considèrent aller et retour et aller-retour comme invariables. ● aller (expressions) nom masculin Aller et retour ou aller-retour, billet double délivré au départ du voyage et permettant de faire en sens inverse le trajet aller ; paire de gifles (familier). Faire des allers et retours ou allers-retours, faire la navette. ● aller (homonymes) nom masculin allée nom féminin haler verbe hâler verbealler (citations) verbe intransitif (latin populaire allare, du latin classique ambulare, se promener, et vadere, ire, aller) Antoine Vincent Arnault Paris 1766-Bréauté, Seine-Maritime, 1834 Je vais où le vent me mène, Sans me plaindre ou m'effrayer ; Je vais où va toute chose, Où va la feuille de rose Et la feuille de laurier. Fables Albert Camus Mondovi, aujourd'hui Deraan, Algérie, 1913-Villeblevin, Yonne, 1960 Aller jusqu'au bout, ce n'est pas seulement résister, mais aussi se laisser aller. Carnets Gallimard Patrice de La Tour du Pin Paris 1911-Paris 1975 Il faut aller si peu, mais si peu, au-delà […]. Une somme de poésie Gallimard Charles Nodier Besançon 1780-Paris 1844 Académie française, 1833 On va loin quand on ne sait où l'on va, et qui ne voit le but le passe. Fantaisies et légendes, M. Cazotte Émile Zola Paris 1840-Paris 1902 Savoir où l'on veut aller, c'est très bien ; mais il faut encore montrer qu'on y va. Correspondance, à Léon Hennique, 2 septembre 1877 Fasquelle Nicolas Beauzée Verdun 1717-Paris 1789 Académie française, 1772. Mes chers amis, je m'en vais ou je m'en vas, car l'un et l'autre se dit ou se disent. Commentaire Le grammairien Beauzée, au moment de mourir, eut ce « mot de la fin ». ● aller (difficultés) verbe intransitif (latin populaire allare, du latin classique ambulare, se promener, et vadere, ire, aller) Conjugaison 1. Avec l'auxiliaire être 2. S'en alleraux temps composés. Aux temps composés, s'en aller peut se conjuguer : je m'en suis allé, tu t'en es allé, elle s'en est allée... ; ou : je me suis en allé, tu t'es en allé, elle s'est en allée. Je m'en suis allé appartient au registre soutenu, je me suis en allé est la conjugaison courante. Orthographe 1. La 2e personne du singulier de l'impératif est va, mais on lui ajoute un s euphonique dans vas-y. Ce s euphonique disparaît si y est complément d'un autre verbe : la montagne n'est pas loin, va y respirer l'air pur (y est ici complément de respirer). 2. Dans va-t'en, impératif de la forme pronominale s'en aller, le t représente la forme élidée de te. Au pluriel, on écrit : allons-nous-en, allez-vous-en. 3. On dit : j'y vais, j'y allais, mais j'irai pour j'y irai, afin d'éviter l'hiatus. 4. À Dieu vat ! = à la grâce de Dieu ! Exclamation figée dans laquelle le t se prononce. Emploi 1. Être allé / avoir été. Dans le registre familier et à l'oral, aller est souvent remplacé par être aux temps composés : j'ai été me promener (= je suis allé me promener). Recommandation Dans l'expression soignée, en particulier à l'écrit, employer aller : je suis allé me promener. 2. J'allai / je fus. Au passé simple (et à l'imparfait du subjonctif), être pouvait autrefois remplacer aller : je fus lui rendre visite (= j'allai lui rendre visite) ; je m'en fus lui annoncer la bonne nouvelle. Cet emploi ne se rencontre plus que dans la langue littéraire. 3. En alléemployé seul. Se rencontre parfois dans la langue poétique : ses amours en allées et sa jeunesse enfuie. Construction 1. Aller (+ infinitif) exprimant le futur proche (emploi comme semi-auxiliaire) : je vais partir, j'allais partir (= je suis, j'étais sur le point de partir). Il va faire de l'orage. Nous allions commencer. Cet emploi n'est possible qu'au présent et à l'imparfait de l'indicatif de aller. S'en aller (+ infinitif), employé dans le même sens, est familier : je m'en vais vous le dire. Remarque Cette tournure est surtout employée à l'indicatif présent et à la première personne du singulier. 2. Aller sur (+ nombre d'années d'âge). Elle va sur soixante-treize ans, sur ses soixante-treize ans (= son prochain anniversaire sera celui de ses soixante-treize ans) est correct mais légèrement familier. 3. Aller pour (+ infinitif) marque l'interruption dans une action : il va pour sortir, puis se ravise. 4. Faire s'en aller (= faire partir) est correct. Le bruit a fait s'en aller le gibier. Recommandation Dans l'expression soignée, éviter l'ellipse du pronom (le bruit a fait en aller le gibier), qui appartient à la langue orale relâchée. 5. Aller à / aller chez ; aller à / aller enà Orthographe On écrit va-t-il (inversion du sujet) mais va-t'en, vas-y (impératifs). → va-t-en-guerrealler (expressions) verbe intransitif (latin populaire allare, du latin classique ambulare, se promener, et vadere, ire, aller) Aller en, aller + participe présent, indique le progressif : Le mal va en augmentant, allait augmentant. Aller et venir, marcher en long et en large. Aller sur tel âge, en approcher. Aller trop loin, y aller fort, exagérer. Ça va (comme ça) !, cela suffit, c'est assez ! Ça va de soi, il va de soi que, ça va sans dire, il va sans dire que, c'est évident, il est évident que. Il en va de même pour, la situation est la même pour. Il y va de, ce qui est en jeu, c'est. Ne pas aller sans, être inséparable. Rien ne va plus, formule des croupiers pour prévenir qu'aucune mise n'est plus acceptée. Familier. Y aller de, engager une certaine somme ; produire quelque chose comme contribution. (→ allez !, allons !, va !) ● aller (homonymes) verbe intransitif (latin populaire allare, du latin classique ambulare, se promener, et vadere, ire, aller) allée nom féminin haler verbe hâler verbealler (synonymes) verbe intransitif (latin populaire allare, du latin classique ambulare, se promener, et vadere, ire, aller) Se mouvoir d'un lieu vers un autre, s'y rendre
Synonymes :
Contraires :
Se déplacer pour accomplir une action, pour rendre visite à...
Synonymes :
En parlant d'une voie, d'un moyen de transport, avoir telle...
Synonymes :
Être dans un rapport d'harmonie avec quelque chose, s'accorder
Synonymes :

aller
n. m.
d1./d Action d'aller; parcours effectué pour se rendre dans un lieu précis. L'aller a été difficile. Prendre le métro à l'aller.
|| Un aller: un billet de transport valable pour un seul voyage. Un aller et retour, valable pour l'aller et le retour.
d2./d Fig. Au pis aller: dans le cas le plus défavorable.
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aller
v.
rI./r v. intr.
d1./d (êtres animés.) Se mouvoir (dans une direction). Aller et venir: se mouvoir dans une direction, puis en sens inverse. Aller à grands pas: marcher vite.
|| Avec un complément, une préposition, un adverbe indiquant les modalités de l'action, la manière, le moyen. Je vais à pied, en train, par mer. Le cheval va au trot. Aller à fond de train, très vite. J'allais seul, avec des amis.
|| Avec un compl. de destination, de direction. Nous allons de Marseille à Lausanne. Aller en brousse. Aller au théâtre. Où va-t-on? Il est allé dans le sud du pays. Tu vas jusqu'à la voiture. Aller de ville en ville, de port en port. Aller devant, derrière, à côté de quelqu'un. J'irai jusqu'à lui, s'il ne vient pas à moi.
Pop. Aller au boucher, au docteur: se rendre chez le boucher, chez le médecin.
Pop. Aller au pain, au lait: aller acheter ces denrées.
(Suisse) Syn. de partir (sens I, 1). Il est l'heure, il faut aller.
Fig. Cet enfant ira loin, réussira.
Vous allez trop loin!: vous exagérez.
Loc. Fam. Allez au diable!: je ne veux plus entendre parler de vous!
Fig. Aller au plus pressé. Aller au fond des choses: examiner une question avec soin.
|| (Sujet nom de chose.) La voiture va vite. L'eau va jusqu'aux genoux, monte jusqu'aux genoux.
Fig. Sa gentillesse m'est allée droit au coeur, m'a touché.
d2./d Fig. Y aller: faire une chose (d'une certaine manière). Il y va fort: il exagère. Ne pas y aller de main morte. J'y suis allé carrément. Je n'y suis pas allé par quatre chemins: j'ai agi sans détour. Elle y allait de sa petite larme: elle pleurait.
|| JEU J'y vais de 100 francs: je mise 100 francs.
Par ext. Y aller de ses économies: risquer ses économies.
d3./d à l'impératif, pour renforcer une affirmation, marquer la surprise, l'indignation, etc. "Va, je ne te hais point" (Corneille). Allez, les gars, courage! Allons, laisse-moi tranquille!
|| (Luxembourg) Il y va de: il y est question de. Dans ce livre, il y va de l'architecture romane.
d4./d Indiquant un état, un fonctionnement.
(état de santé.) Aller bien. Aller mal. Comment allez-vous? ça va mieux?
(état de choses.) Tout va parfaitement. Le commerce va mal.
|| Loc. Cela va tout seul, ne présente pas de difficulté. Cela va de soi: c'est évident.
|| Il y va de (impers.). Il y va de votre vie: votre vie est en jeu.
|| En aller de. Il en va de même pour lui: c'est le même cas pour lui.
d5./d S'adapter à, être en harmonie avec (qqn, qqch). Cette robe vous allait bien. Le jaune et le violet ne vont pas ensemble.
d6./d Suivi d'un gérondif ou d'un participe présent marquant la continuité ou la progression de l'action. La tristesse ira en s'atténuant. Le mal va croissant.
d7./d Laisser aller.
Ne pas retenir. Il n'y a qu'à laisser les choses aller.
Abandonner. Laisser tout aller.
|| v. Pron. Se laisser aller à la douleur, s'y abandonner.
(S. comp.) Se décourager. Il ne faut pas vous laisser aller.
d8./d (Belgique) Fam. Faire aller qqn, le taquiner.
rII./r v. Pron. S'en aller: partir, quitter un lieu. S'en aller de chez soi.
à l'impératif. Allez-vous-en!
Fig. Il s'en est allé: il est mort.
Fam. Tout s'en est allé en fumée, a disparu.
à la première personne, suivi d'un infinitif, marque le futur proche. Je m'en vais vous dire.
Suivi d'un participe présent, marque la continuité. Ils s'en vont chantant le long des routes.
rIII/r Auxiliaire de temps.
d1./d Au présent ou à l'imparfait, suivi d'un infinitif, marque un futur proche, dans le passé ou dans l'avenir. Il va mourir. On allait rire.
d2./d à tous les temps, suivi d'un infinitif: se disposer à, se trouver dans la situation de. Vous n'iriez pas lui dire cela.
En tournure négative, indique quelquefois une mise en garde. N'allez pas croire, penser que...

I.
⇒ALLER1, verbe.
I.— Emplois comme verbe intrans.
A.— [Le verbe marque un déplacement depuis un point de l'espace jusqu'à un autre] Se mouvoir, se déplacer.
1. Emploi indéterminé. [Le terme du déplacement n'est pas indiqué]
a) [Le suj. est un subst. désignant une pers. ou un animal] :
1. Elle marchait devant moi dans le sable, avec un pas déterminé et un mélange si charmant de délicatesse féminine et de témérité enfantine, que je m'arrêtais pour la regarder à chaque instant. Il semblait, une fois lancée, qu'elle eût à accomplir une tâche difficile, mais sacrée; elle allait devant comme un soldat, les bras ballants, et chantant à tue-tête; tout d'un coup elle se retournait, venait à moi et m'embrassait.
A. DE MUSSET, La Confession d'un enfant du siècle, 1836, p. 252.
2. Le couloir où Jean Valjean cheminait maintenant était moins étroit que le premier. Jean Valjean y marchait assez péniblement. Les pluies de la veille n'étaient pas encore écoulées et faisaient un petit torrent au centre du radier, et il était forcé de se serrer contre le mur pour ne pas avoir les pieds dans l'eau. Il allait ainsi ténébreusement.
V. HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 531.
Par métaph. :
3. 21 octobre assez bien travaillé, mais je vais lentement.
B. CONSTANT, Journaux intimes, oct. 1811, p. 367.
Littér. [Aller suivi d'un part. prés. marquant un procès qui accompagne l'action d'aller] :
4. Comme il [le passant] tendra l'oreille aux rumeurs indécises!
Comme il ira rêvant des figures assises
Dans le buisson penché ...
V. HUGO, Les Voix intérieures, 1837, p. 244.
Laisser aller qqn. Lui permettre de s'en aller, le relâcher :
5. ... quand j'ai vu qu'après mes livres on allait saisir ma personne, (...), et qu'on me livrait aux Italiens, me voyant enfin la corde au cou, j'ai dit comme j'ai pu ce que j'avais à dire pour qu'on me laissât aller.
P.-L. COURIER, Lettres de France et d'Italie, 1810, p. 840.
b) [Le suj. est un subst. désignant un moyen de locomotion] :
6. Le tilbury allait bon train, mais le boulevard était encombré de voitures, et souvent il était forcé de ralentir sa marche, ce qui permit au cabriolet de régie de le suivre à courte distance.
P.-A. PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 309.
Rem. Dans son emploi indéterminé, aller est gén. accompagné d'un adv. ou d'une loc. adv. ou d'un compl. circ. indiquant les modalités du mouvement, soit : a) la vitesse d'exécution du mouvement aller vite, lentement, doucement, bon train, grand train. Plus particulièrement, si le suj. est une pers. aller à grands pas; si le suj. est un animal (un cheval) aller au trot, au galop, au/le pas, aller l'amble; si le suj. est un bateau aller à pleines voiles; b) la nature de la direction du mouvement aller droit, tout droit, à reculons, au hasard; c) le moy. utilisé pour le mouvement aller à pied, en voiture, à cheval, en bateau; d) l'endroit par où passe le mouvement aller par terre, par mer, à travers champs, par le chemin le plus court, par un chemin de traverse; e) l'endroit où a lieu le mouvement aller sur (la) terre, en plaine, sur l'eau, dans les airs; en avant, en arrière, devant, derrière, à côté, à droite, à gauche de qqn; en syntagme avec se laisser : se laisser aller contre un mur, sur le dos d'un fauteuil; f) la manière dont se fait le mouvement, relativement à d'autres agents de l'action (accompagnement) aller ensemble, de compagnie, côte à côte, en troupe, (tout) seul, à la file les uns derrière les autres, de front.
Aller et venir. Marque un mouvement de balancement, un mouvement alternatif (surtout quand le suj. est une chose). [Quand le suj. est une pers.] Faire les cent pas. Cf. aussi aller de long en large.
c) P. anal. [En parlant du temps] :
7. 18 janvier travaillé. Les événements vont si vite que mon livre n'aura plus le mérite de l'audace. Allons toujours.
B. CONSTANT, Journaux intimes, janv. 1814, p. 397.
d) Emplois fig. Aller avec qqn, aller ensemble. Fréquenter quelqu'un, avoir des relations avec quelqu'un.
Aller de pair avec qqn.
Aller (droit) son chemin et expressions similaires : aller son (petit) bonhomme de chemin, aller vite en besogne :
8. Je me suis engagé, par sentiment du devoir, dans une rude voie. Je dédaigne les insultes, et je vais droit mon chemin. On me jugera quand on saura ce que j'ai à dire.
G. CLEMENCEAU, L'iniquité, 1899, p. 8.
Se laisser aller. S'abandonner, se négliger.
2. Emploi déterminé. [Le terme du mouvement est envisagé; aller peut éventuellement être accompagné d'un adv. ou d'un compl. circ. indiqué dans la rem. supra]
a) [Le suj. désigne gén. une pers.; le terme du mouvement est indiqué par un subst. désignant une pers.]
Aller chez, auprès de, vers. Se rendre auprès de quelqu'un. Aller chez le coiffeur, chez le dentiste. (Fam. ou pop. Aller au coiffeur, au dentiste).
Aller au-devant de. Se porter au-devant de.
Fig. Aller contre (à l'encontre de) qqn. S'opposer à quelqu'un :
9. ... il faut aller au-devant du pauvre, du même mouvement par lequel on allait primitivement au martyre ...
Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 312.
Littér. Aller à qqn. S'adresser à, se tourner vers :
10. Si un jour vous avez profondément besoin d'un autre être, (...) irez-vous à celui qui a souillé d'un hochement de tête un acte généreux ou simplement une tendance pure? Peut-être étiez-vous de ceux qui l'approuvèrent; mais dans ce moment grave où c'est la vérité qui frappe à votre porte, vous vous tournerez vers cet autre qui a su s'incliner et aimer.
M. MAETERLINCK, Le Trésor des humbles, 1896, p. 255.
♦ [Except. le suj. est une chose] Être destiné à, être pour :
11. La tante, fidèle à l'idée fixe de toute sa vie, laissait son million à leur premier né, avec la jouissance de la rente aux parents jusqu'à leur mort. Si le jeune ménage n'avait pas d'héritier avant trois ans, cette fortune irait aux pauvres.
G. DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Un Million, 1882, p. 392.
b) [Le terme du mouvement est indiqué par un mot (subst. précédé d'une prép., ou adv.) désignant un lieu]
[Le suj. est un subst. désignant une pers. ou un moy. de locomotion] Se rendre à. Aller à Paris, aller ailleurs :
12. Il me dit comment. après avoir obtenu une place sur un vaisseau qui allait aux Indes, au milieu des délices que lui faisait éprouver son voyage, il s'était réveillé la nuit, croyant voir sa mère en rêve, qui lui reprochait son départ...
B.-J. DE KRÜDENER, Valérie, 1803, p. 212.
13. ... voici ce qu'il faut faire : (...) demain, au point du jour, tu monteras dans ton char, tu te feras conduire sur le bord de la mer. Tu iras jusques aux premiers rochers du Carmel, et tu ne les auras pas dépassés que tu seras sauvée.
Mme COTTIN, Mathilde, t. 2, 1805, p. 224.
14. ... malgré toute sa science, le postillon douta de pouvoir arriver à Durantal. Aux premières maisons du village, le postillon fut contraint de s'arrêter; car il n'étoit pas possible d'aller plus loin.
H. DE BALZAC, Annette et le criminel, 1824, p. 247.
15. Mess Lethierry alla à la fenêtre, l'ouvrit, la referma, revint à la table, prit les trois bank-notes, les plia, posa la boîte de fer dessus, se gratta les cheveux, saisit la ceinture de Clubin, la jeta violemment contre la muraille, et dit :
— Il y a quelque chose.
V. HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, p. 419.
16. Il faut aller au-dessus des lignes. Il faut survoler les troupes françaises et les troupes allemandes ...
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 681.
Rem. Constr. et syntagmes fréq. aller à, en (dans), jusqu'(à), où aller?, y aller; aller vers, aller dans la direction de, aller du côté de; aller en haut (de), en bas (de); aller au-dessus de; aller dehors, dedans; aller au bord de; aller à une certaine distance, aller près (de), aller loin (de).
Aller à.
Aller à la ligne (au cours de la rédaction d'une page). Changer de ligne en commençant la ligne suivante selon la norme d'un début de paragraphe.
P. méton. et fam. Aller au diable, à tous les diables, au diable Vauvert, au diable vert. Aller loin (de manière à disparaître de la vue de quelqu'un).
Au fig. Aller à la gloire; (ne pas) aller loin (trop avant) dans la voie du devoir; aller jusqu'au bout (de qqc.); aller trop loin (dans un certain domaine), aller plus loin, avant d'aller plus loin (dans un raisonnement); aller au devant de ces objections, les prévenir; ne pas aller à la cheville de qqn, ne pas le valoir; aller jusqu'à une certaine somme, accepter de la dépenser.
Laisser aller qqn à sa pente naturelle. L'abandonner à lui-même.
[Avec indication du point de départ] Aller de... à... :
17. Après leur dîner, Lucien et Coralie allèrent à pied de la rue de Vendôme au Panorama-Dramatique, par le boulevard du Temple du côté du café Turc, qui, dans ce temps-là, était un lieu de promenade en faveur.
H. DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, p. 429.
Au fig. Aller d'une chose à une autre :
18. Il y a deux sortes de modulations : l'une par laquelle on va d'un ton à un autre ton qui lui est relatif; l'autre qui consiste dans le passage à un ton éloigné de son antécédent [en musique].
M.-G.-A. SAVARD, Cours complet d'harmonie théorique et pratique, 1853, p. 92.
Aller sur. [Pour indiquer l'âge d'une pers.] Aller sur ses [nombre cardinal] ans. Approcher de ... ans. Il va sur ses soixante ans.
♦ Loc. proverbiale. Aller sur les brisées de quelqu'un. Empiéter sur son domaine (en termes de vén., et au fig.).
[Le suj. est un subst. désignant une chose qui sans être douée elle-même de mouvement, le permet] Aboutir à :
19. L'aorte droite (...) fournit, peu à-près sa naissance, de petites artères qui vont à une glande orbiculaire, placée au-devant de la base du cœur...
G. CUVIER, Leçons d'anatomie comparée, t. 4, 1805, p. 284.
♦ [Avec indication du point de départ] Aller de... à... Partir d'un lieu et aboutir à un autre :
20. Cherchez-moi, je vous prie, un logement rue de Bourbon ou de l'Université ou Saint-Dominique ou de Varenne, ou dans une des rues qui vont de la rue Saint-Honoré aux Champs-Élysées, fenêtres sur un jardin au midi, silence partout.
A. DE LAMARTINE, Correspondance, 1833, p. 354.
P. anal. [En parlant d'un espace de temps] :
21. Je ne saurais nier en effet que je ne sois, depuis le début de janvier en particulier, le lieu d'un sourd malaise — qui, depuis juillet, m'avait de temps à autre effleuré de son aile (et fait plus que cela dans l'atroce période qui alla du 15 août au 23 septembre), mais qui maintenant implore solution.
Ch. DU BOS, Journal, 1928, p. 33.
Au fig. [Le suj. est un subst. désignant une chose, en partic. une chose abstr. (sentiment, action...)] Atteindre de manière à faire impression. Ces paroles me sont allées à l'âme, au cœur.
Aller jusqu'à. [Pour marquer l'aboutissement dans une gradation ou une progression] Monter à, atteindre :
22. Les beautés qui peuplent la montagne Sainte-Geneviève, et se partagent les amours des écoles, lui inspiraient une sorte de répugnance qui allait jusqu'à l'aversion.
A. DE MUSSET, Mimi Pinson, 1845, p. 216.
23. Le cétacé, profondément engagé dans la vaste baie de l'Union, la sillonnait rapidement depuis le cap Mandibule jusqu'au cap Griffe, poussé par sa nageoire caudale prodigieusement puissante, sur laquelle il s'appuyait et se mouvait par soubresauts avec une vitesse qui allait quelquefois jusqu'à douze milles à l'heure.
J. VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, p. 306.
P. anal. [En parlant d'une pers. ou de la durée de sa vie] :
24. Elle ne put guérir. Les poumons atteints profondément donnaient des inquiétudes pour sa vie.
« Si elle reste ici, elle n'ira pas jusqu'aux froids », dit le médecin.
G. DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Première neige, 1883, pp. 419-420.
Aller au delà de. Dépasser :
25. Louis XVI (...) quitta Versailles, et ce fut un grand événement. Dans ces temps-là, un roi ne quittait jamais sa demeure; ses excursions n'allaient pas au delà d'une partie de chasse...
E.-D. DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 884.
Aller loin :
26. Les gens connaissaient la Poule-Courte, son crédit n'allait pas loin.
H. POURRAT, Gaspard des montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 169.
Rare. [En parlant du montant d'une somme d'argent] Aller dans. S'élever à :
27. « Que gagne votre fille avec ses leçons? ... » (...) Justement elle [la mère] était en train d'examiner leurs petits comptes. Cette année, ça irait dans les quatre mille francs.
A. DAUDET, L'Évangéliste, 1883, p. 137.
c) [Le terme du mouvement est indiqué par un subst. désignant le lieu où se déroule une activité ou bien par un subst. d'action ou un subst. équivalent; aller est suivi de la prép. à, plus rarement de en et dans ce dernier cas avec subst. sans art.] Aller au théâtre, aller en voyage :
28. ... à 8 h et demie, j'ai été à une séance du comité de l'intérieur où j'ai resté dans un grand état de malaise jusqu'après 11 h. Rentré chez moi; j'ai renoncé à aller à une soirée de M. Suard.
MAINE DE BIRAN, Journal, 1817, p. 12.
29. Moi, je me suis marié et j'ai eu des enfants, et il a fallu que j'aille aux champs. J'étais pas fait pour ce travail-là, j'ai mon certificat. Et ces gueux de propriétaires ne vous laissent rien.
P. CLAUDEL, Tête d'or, 2e version, 1901, p. 262.
30. Shelley pensa que le séjour de Londres, par les tentations qu'il offrait, était cause de tout le mal; il eut cette idée, si naturelle aux amants qui sentent dans le couple un trouble encore obscur, d'aller revoir les lieux où leur amour a été le plus vif. La fameuse voiture de Harriet fut équipée; (...) et, escortés par Eliza, ils allèrent en pèlerinage à Keswick et à Édimbourg.
A. MAUROIS, Ariel ou la Vie de Shelley, 1923, p. 148.
31. Les enfants grandissaient et Jonas était heureux de les voir gais et vigoureux. Ils allaient en classe, et revenaient à quatre heures.
A. CAMUS, L'Exil et le royaume, 1957, p. 1644.
Rem. Syntagmes notés aller à la messe (à l'église), au bal, (au spectacle, au concert, au cinéma), à la chasse (à la pêche), au café, au bagne, à l'hôtel, au bureau (à son travail), au paradis; aller au bain, au marché; aller aux renseignements (aux nouvelles); aller aux urnes; aller à confesse; aller à la guerre, au combat, à l'assaut, au feu; aller à l'échafaud, au supplice, à la mort, à sa perte; aller à la découverte de, à la rencontre, au secours de qqn; aller en prison (mais au bagne), en pélerinage, en enfer (mais au ciel), en quête de (mais à la recherche de).
Aller au(x) cabinet(s), aller à la selle, aller.
♦ Proverbe. Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse.
♦ [En parlant de poteries ou de plats qui ont la propriété de ne pas se détériorer au feu] Être mis dans :
32. Les hygiocérames (...) que l'on fait sous le nom de poteries de santé jouissent éminemment de la propriété d'aller au feu.
A. BRONGNIART, Traité des arts céramiques, 1844, p. 291.
Au fig. Aller au plus pressé, aller (droit) au but, au fait. Se laisser aller à un état, un sentiment, une action. S'abandonner à :
33. Il s'agit de voir si la vie me permettra de travailler avec intensité et si aussi, dans l'hypothèse qu'elle me le permette, je serai de mon côté assez sage pour ne me laisser aller à nul découragement.
Ch. DU BOS, Journal, oct. 1924, p. 193.
[Avec l'adv. y désignant l'action dont il est question, et un adv. ou une loc. circ. précédant ou suiv. le verbe pour en indiquer la manière] Y aller. Entreprendre une action d'une certaine manière. Ne pas y aller par quatre chemins; ne pas y aller avec le dos de la cuiller; y aller à tour de bras; y aller doucement, fort; (y) aller au culot; comme vous y allez! :
34. LE CHIFFONNIER. — Oui, elle a raison, la petite dame. Je lui donnerais vingt sous, au sourd-muet, vingt francs, vingt millions... vous voyez, j'y vais carrément.
J. GIRAUDOUX, La Folle de Chaillot, 1944, II, p. 148.
Fam. Y aller de qqc. Entreprendre une certaine action :
35. Lacretelle me disait : « Allez-y! Nommez-vous. Allez-y d'une dédicace... »
A. GIDE, Journal, 1930, p. 966.
3. [Aller est suivi d'un inf. marquant le but, le plus souvent non précédé de la prép. pour; avec éventuellement un adv. ou un compl. de lieu entre aller et l'inf.] Se mettre en mouvement pour faire quelque chose. Aller voir un ami :
36. Il (...) ne revenait pas de sa surprise en apprenant que ces malheureux sortaient tous les jours de leur hospice, situé dans le fond du faubourg Saint-Antoine, traversaient Paris pour aller au Palais-Royal faire de la musique au café des aveugles, et retournaient chez eux, à minuit, sans guide et sans accident.
V. DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 3, 1813, p. 259.
[Avec la prép. pour devant l'inf.] :
37. Quand Marthe rentra, elle trouva son mari pâle et sérieux. — Qu'as-tu? — fit-elle, et elle alla pour l'embrasser.
E. et J. DE GONCOURT, Charles Demailly, 1860, p. 329.
Rem. Dans ce dernier ex. la valeur du tour n'est pas loin de celui qui est signalé infra II C 1 a rem. 2).
Au fig. N'aller qu'à + inf. Ne tendre qu'à :
38. Ils (vos prêtres, dit Balkis à Soliman) ne vont à rien moins qu'à tout immobiliser, qu'à ternir la société dans les langes...
G. DE NERVAL, Voyage en Orient, t. 3, 1851, p. 149.
4. Emplois techn.
a) ESCR. Aller à l'épée. S'ébranlant sur un appel d'escrime, faire de trop grands mouvements avec l'épée et attaquer en étant découvert.
b) JEUX. Y aller, prendre part au jeu (en misant); s'en aller d'une carte, s'en défaire, la jouer, l'écarter.
c) MAN. Aller de l'oreille, faire une inflexion de tête à chaque pas; aller étroit, aller large, s'approcher ou s'éloigner du centre du manège.
d) VÉN. Aller au bois, aller en quête (ou faire le bois). Se rendre au bois la veille ou de bon matin avec le limier pòur y détourner une bête.
[En parlant d'une bête] Aller de hautes erres, être passé il y a plusieurs heures; aller de bon temps, être passé il y a peu de temps; n'aller plus de temps, être passé depuis un ou deux jours; aller d'assurance, aller au pas, sans crainte; aller sur soi, revenir sur ses pas, sur ses erres en reprenant le même chemin.
[En parlant d'un chien de chasse] Aller au vent. Aller le nez haut, le nez au vent.
B.— [Le verbe marque un mouvement, sans idée de déplacement d'une point à un autre]
1. [En parlant d'un mécanisme, d'un train de maison, etc.] Fonctionner, accomplir son mouvement ou son activité propre. Cette pendule va juste.
Faire aller. Faire fonctionner. Faire aller la maison; faire aller (la cuisson d'un aliment) à feux doux, à petit feu...
Laisser aller qqc. L'abandonner à son mouvement propre, ne pas s'en préoccuper.
♦ JEUX. [Pour indiquer la fin des mises] Les jeux sont faits, rien ne va plus :
39. ... tant pis pour les traînards, il n'y a plus de cartons [de loto], le jeu est fait, rien ne va plus, commençons.
L. VIDAL, J. DELMART, La Caserne, mœurs militaires, 1833, p. 284.
Au fig. Les langues vont bon train. Elles sont intarissables, en particulier pour dénigrer.
2. a) [En parlant d'affaires, d'une entr., gén. avec un adv. qualificatif] Se dérouler :
40. À l'Impératrice, à Mayence.
Géra, le 13, à 2 heures du matin, 1806.
Je suis aujourd'hui à Géra, ma bonne amie; mes affaires vont fort bien, et tout comme je pouvais l'espérer.
NAPOLÉON Ier, Lettres à Joséphine, 1806, p. 108.
Aller (ne pas aller) tout seul; aller (ne pas aller) sans difficulté.
Au fig. [En parlant d'une chose qui, parce qu'évidente ou spontanée, n'a pas besoin d'être établie ou soulignée] Aller de soi, aller sans dire :
41. ... à côté des multiples inconvénients qui vont de soi, et trop évidents pour qu'on en traite, il n'y a pour l'homme et pour la femme (...) qu'un avantage — mais réel — à être « du monde », je veux dire à y être né, à y avoir été élevé...
Ch. DU BOS, Journal, juin 1928, p. 131.
♦ [En parlant d'une chose et parfois d'une pers.] (C'est) va comme je te pousse, il va comme je te pousse. Cela se fait, il agit au hasard, sans direction :
42. [Madame Gruget] : — (...) Eh! bien non, ça vient, ça vous câline, ça vous dit : « Bonjour, ma mère. » Et voilà deux devoirs remplis envers l'auteur de ses jours. Va comme je te pousse.
H. DE BALZAC, Ferragus, 1833, p. 110.
b) P. anal. [En parlant d'une pers. envisagée du point de vue de sa santé]
Aller (bien, mal, médiocrement, etc.). Se porter bien, mal, etc. :
43. Il [Richard] rendait compte de tout cela à Joseph Quesnel, qui allait mieux, les coliques passées, mais que diverses complications tenaient encore à la chambre. (...). La chance allait couci-couça.
L. ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 433.
♦ Expr. proverbiale. Ne plus aller que d'une aile, que d'une (seule) patte. Avoir une santé fort compromise.
c) Fam. [En parlant de la marche des affaires ou de la santé d'une pers.] Comment ça va?; comment ça va-t-il? Ça va (bien, mal, médiocrement, etc.). Ça va (sans adv.). Cela va convenablement.
3. [Le verbe marque un rapp. de convenance entre le suj. et un obj. second. personnel, ou un compl. introd. par la prép. avec] Être (bien, mal) adapté, convenir à une chose ou à une personne :
44. En arrivant à Longwood, il [l'Empereur] a quitté son petit uniforme vert de la garde; il n'a plus alors porté qu'un habit de ses chasses, dont on avait ôté le galon; il lui allait assez mal et commençait à être fort usé : on s'inquiétait déjà comment on le remplacerait.
E.-D. DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 458.
Familier
♦ [En parlant d'une chose] Au propre et au fig. Cela (ça) me va. Cela me convient. Cela me va comme un gant. Cela me convient parfaitement.
♦ [En parlant de 2 ou de plusieurs pers. ou choses] Aller (bien, mal) ensemble, aller ensemble. Être dans un (certain) rapport de convenance réciproque :
45. ... il est impossible de rien voir de plus jeune [que l'Accordée de village de Greuze] (...) et de plus coquettement virginal, si ces deux mots peuvent aller ensemble.
T. GAUTIER, Guide de l'amateur au Musée du Louvre, 1872, p. 185.
Absol., fam. Ça va, ça peut aller. Cela paraît suffisant et satisfaisant, ce n'est pas la peine de continuer.
II.— Emplois gramm. spéc.
A.— Emplois impers.
1. Il va de soi, il va sans dire que + ind. (cf. supra I B 2 a). Il est évident, il est manifeste que :
46. ... il va sans dire qu'il [Dietrich] reste bien loin de son prototype [Rembrandt], car le serviteur marche derrière le maître, comme disait Michel-Ange.
T. GAUTIER, Guide de l'amateur au Musée du Louvre, 1872, p. 155.
2. Il en va de même (ou ainsi) de (ou pour), il en va (tout) autrement (de ou pour + nom de pers.). La situation est la même ou tout autre (pour telle personne) :
47. ... qu'un sacristain s'installe dans un presbytère abandonné, la belle affaire! Cela ne gêne personne! Il en irait autrement si François dénonçait l'enterrement du grand-père et comme quoi les îliens se confessaient à Thomas et comme quoi Thomas disait secrètement la messe avec les enfants de chœur! ...
H. QUÉFFELEC, Un Recteur de l'île de Sein, 1944, p. 183.
Rem. Pour l'expr. va pour (cf. infra II B 1).
3. Il y va de + nom de chose. Ce qui est en cause, c'est... :
48. L'accusation de trahison se trouve corroborée par des lettres ignobles où le même individu, laissant couler sa haine, déverse sur la France et sur son armée des outrages sans nom. Le misérable nia d'abord l'authenticité de ces documents, comme il fallait s'y attendre, et, chose étrange, ses juges militaires, tout en proclamant qu'il y allait de « l'honneur de l'armée » que la lumière fût faite sur cette affaire, s'abstinrent de tout effort pour découvrir la vérité.
G. CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, p. 380.
B.— Emplois exclam. [Pour exprimer des mouvements d'humeur, diversifiés par le ton]
1. À l'ind., fam.
a) [Dans le dialogue, pour indiquer avec vivacité ou iron. au partenaire qu'il a assez parlé, qu'on l'a assez entendu] Ça va! arrêtez! (cf. supra I B 3).
b) [Pour exprimer une résignation condit.] À la forme impers. sans il. Va pour + nom de chose, va pour + nom de pers. Cela est admissible pour (telle personne), mais pas pour telle autre!
2. À la forme positive de l'impér.
a) Allons, allez. Formule d'exhortation : allons, courage!
♦ Ou formule d'impatience : allons, pressons (-nous)!
♦ Ou formule d'agacement :
49. Allons, le voilà qui s'emporte,
Comme à son ordinaire!
J.-F. COLLIN D'HARLEVILLE, Le Vieux célibataire, 1792, IV, 9, p. 108.
b) Va. Formule soulignant une constatation à laquelle on se soumet par résignation forcée :
50. M'avoir laissé cinq ans avec cette conviction que mon ami Jack était un voleur! ... Canaille, va! ...
A. DAUDET, Jack, t. 2, 1876, p. 149.
c) Pop. Va donc. Formule introduisant généralement une injure : va donc, espèce de...
d) Fam. Impératif de locutions expressives pour exprimer l'impatience, la colère. Allez au diable, à tous les diables; qu'il aille au diable; allez vous promener; va te faire prendre ailleurs.
3. À la forme négative de l'impér. [Pour détourner d'une opinion erronée] N'allez pas, (ne va pas) croire (penser, conclure) que... :
51. De ce que je crois reconnaître un ordre, des lois, n'allez pas conclure que je crois en Dieu...
R. MARTIN DU GARD, Jean Barois, 1913, p. 285.
C.— Emplois comme auxil. de mode
1. [Aller suivi d'un inf.]
a) Pour exprimer un fut. proche ou imminent.
[Au prés. marquant l'action achevée] Je vais avoir fini dans un instant :
52. ... j'ai lu avidement toute la pièce, surtout le milieu, que je ne connaissais pas. Mais je me dépêchais; j'avais peur d'être dérangé. C'était dans ma chambre de Rouen. Quand je vais avoir fini cette lettre, je vais m'y mettre et la prochaine fois je t'enverrai mes observations.
G. FLAUBERT, Correspondance, 1846, p. 348.
Rem. 1. Comme le fut. simple, ce fut. périphrastique peut exprimer un ordre (particulièrement énergique à cause de l'imminence de la réalisation) :
53. ... vous allez me parler raisonnablement, ou, morbleu!
STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, p. 309.
Rem. 2. Aller pour + inf. s'emploie pour marquer une action qu'on se dispose à faire dans l'immédiat mais qui n'est pas sûre d'aboutir. Elle va pour sortir (P. VALÉRY, Mon Faust, 1945, III, 7).
b) [À l'imp.; le plus souvent pour signifier l'action imminente manquée, ou empêchée par la survenance d'une autre] Il allait sortir quand (tout à coup)... :
54. Cécile était seule, dans le salon de musique. Elle se tenait assise, tête basse, devant un grand clavecin et tournait le dos à la porte.
— Je te dérange, murmura Laurent. Peut-être allais-tu jouer? Peut-être viens-tu de jouer?
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Combat contre les ombres, 1939, p. 249.
c) [À l'imp., précédé de si cond.-interr. (pour marquer une action imminente redoutée)] :
55. ... pour remonter sans chandelle, si j'allais me tromper de porte?
H. POURRAT, Gaspard des montagnes, À la belle bergère, 1925, p. 240.
Rem. 1. Ces emplois sont en principe différents des emplois signalés supra I A 3; cf. cependant des cas limites signalés en I A 3 rem. 2. Dans le syntagme aller chercher qqn ou qqc. « se rendre dans un endroit pour en ramener quelqu'un ou en rapporter quelque chose », aller joue le rôle d'un réducteur sém. qui fait perdre à chercher son sens ordinaire.
2. [Aller suivi de la forme inv. en -ant, d'un verbe indiquant une idée de développement ou de progression (positive ou négative)]
a) Littér. [La forme en -ant n'est pas précédée de la prép. en] Aller croissant :
56. ... comme ce ciel qui te paraissait d'en bas obscurci par les nuées, toujours ton Dieu gardait dans l'ombre la plus grande partie de lui-même; car, pour l'accorder à ta tendresse, tu le décorais de tant de vertus que tu allais ramenant l'infini aux proportions de ta nature, tandis que ton âme, s'embourbant à part dans les préoccupations du salut, perdait de plus en plus le fil mince qui la rattachait à l'idée; ...
G. FLAUBERT, La Tentation de saint Antoine, 1849, p. 413.
b) Usuel. [La forme en -ant est précédée de en; le suj. est gén. un inanimé] Aller en s'accroissant, en diminuant, en augmentant, en (s') élargissant, en (s') affaiblissant, en grandissant :
57. Chacun désirait le retour du duc de Bourgogne; mais il ne voulait revenir que lorsque le roi aurait recouvré quelque santé. Les souffrances de ce malheureux prince allaient toujours s'aggravant. Les bons intervalles devenaient chaque année plus rares et plus courts...
P. DE BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 2, 1821-1824, p. 276.
58. Les paysans connaissaient Manuel depuis la propagande de Ramos dans la Sierra. Ils éprouvaient pour lui une sympathie prudente, qui allait s'accentuant au fur et à mesure qu'il était plus mal rasé et que ce visage de Romain un peu alourdi, aux yeux vert clair sous des sourcils très noirs, devenait une tête de matelot méditerranéen.
A. MALRAUX, L'Espoir, 1937, p. 481.
III.— S'en aller. [Une limite initiale de l'action est envisagée; le terme du mouvement est parfois implicite] Partir du lieu où se trouve le sujet en question (pour se rendre dans un autre lieu).
A.— [Le suj. désigne une pers. ou un moy. de locomotion]
1. [Avec indication du point de départ] S'en aller de :
59. Ce cher frère me donne bien des sollicitudes, mais aussi beaucoup d'affection de son côté, ce qui paye au centuple. Il me veut à son mariage; je veux y être et je ne puis partir, m'en aller d'ici, laisser ma sœur, mon père pour longtemps. Cela attriste, attriste et me fait dire non. On convient qu'il faut que j'y aille, mais je ne sais qui pourra m'arracher d'ici.
E. DE GUÉRIN, Lettres, 1838, p. 181.
2. [Sans indication du point de départ] :
60. Dans les larges bassins, fermés par une clôture de planches les bateaux attendaient le moment où ils s'en iraient, le long des chemins de halage, au frémissement des sonnailles suspendues au cou des chevaux.
É. MOSELLY, Terres lorraines, 1907, p. 48.
3. [Suivi d'un inf. marquant le but] :
61. Les bains nocturnes sont en honneur à Tahiti; au clair de lune des bandes de jeunes filles s'en vont dans les bois se plonger dans des bassins naturels d'une délicieuse fraîcheur.
P. LOTI, Le Mariage de Loti, 1882, p. 45.
Fam. [Suivi d'un inf. pour exprimer un fut. proche] :
62. Je m'en vais te faire une confidence ...
G. FLAUBERT, Correspondance, 1850, p. 202.
Rem. Ce dernier emploi se distingue de la constr. aller + inf. (cf. supra II C 1) en ce qu'il est plus fam., se limite à la 1re pers. du sing., et souligne la continuité entre le moment actuel et le moment futur.
4. [Suivi d'un verbe à la forme en -ant pour souligner l'aspect duratif du procès exprimé par ce verbe] :
63. ... — Quand il [l'artiste] s'en va cherchant
Ces pensers de hasard que l'on trouve en marchant,
...
Il retrouve, attristé, le regret morne et froid
Du passé disparu, du passé quel qu'il soit.
V. HUGO, Les Feuilles d'automne, 1831, p. 790.
Par euphémisme. Quitter ce monde, mourir :
64. La pauvre Marthe Roux est morte dimanche dernier, voici quatre jours. Un peu avant de s'en aller, n'ayant plus sa tête, elle disait : « Comme c'est joli, ces enfants qui jouent là-bas! » Que voyait-elle?
J. GREEN, Journal, 1944, p. 106.
Fam. S'en aller de la poitrine. Être mortellement malade de la poitrine.
B.— [Le suj. désigne une chose] Disparaître progressivement, décliner (en parlant du jour); s'écouler (en parlant du temps); s'échapper (en parlant d'un liquide en ébullition), etc. :
65. Ne survit-il pas, dans notre siècle d'impiété, assez de catholicisme pour qu'une âme d'enfant s'imprègne d'amour mystique avec une inoubliable intensité? La foi s'en ira, mais le mysticisme, même expulsé de l'intelligence, demeurera dans la sensation.
P. BOURGET, Essais de psychologie contemporaine, 1883, p. 6.
66. Du jour qui s'en allait, à peine s'il restait un incertain reflet, là-bas vers le couchant, avec un nuage tout noir d'un côté, qui se dédorait et qui s'écaillait, — et c'était tout à fait la nuit.
Ch.-F. RAMUZ, Aimé Pache, peintre vaudois, 1911, p. 230.
[Avec un compl. de manière ou de résultat] S'en aller à feu et à sang; s'en aller en ruine.
Au fig. [En parlant d'un projet] S'en aller en fumée.
Rem. 1. Aux temps composés, en précède normalement l'auxil. : je m'en suis allé; je me suis en allé est familier. 2. Pour l'emploi littér. il s'en fut, au lieu de il s'en alla, cf. être.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[ale], (je) vais []. Enq. :/ve1 (D)/, zéro (prés. 1); /va/, zéro (prés. 2, 3, impér. 2); /võ/, zéro (prés. 6); /aj/, zéro (subj. 1, 2, 3, 6); /al/, /õ, e1, e1 (D); iõ, ie1/; /i/, /1, , , 1 (D), , 1/; inf. /ale1/; part. /, ale1/. 2. Homon. : haler (terme de mar.). 3. Forme graph. — Je vais, nous allons; j'allais; j'allai; je suis allé; j'irai; j'irais; que j'aille, que nous allions; que j'allasse; va, allons; allant; allé. — Rem. a) L'impér. va prend un s euphonique lorsqu'il est suivi de y : vas-y; mais il s'écrit sans s, lorsque y est suivi d'un inf. : ,,va y chercher mes papiers`` (cf. Ortho-vert 1966). Dans le parler fam. : vas-y voir, sans doute anal. de allez-y voir. b) On écrit va-t'en, t étant suivi d'une apostrophe, mais allez-vous-en, avec un trait d'union. 4. Hist. — a) FÉR. 1768 et Ac. 1798 : je vais ou je vas; FÉR. Crit. t. 1 1787 : ,,Ménage décide nettement qu'il faut dire je vais, et non pas je vas, et moins encore, je va comme M. de Vaugelas soutenait que toute la cour disait``; Ac. 1835 : ,,L'expression je vas ne s'emploie que rarement et dans le langage familier.`` LITTRÉ cite encore les formes je vais ou je vas avec la rem. : ,,Celui-ci est beaucoup moins usité que je vais.`` b) Ac. 1798 : j'allois, j'irois; Ac. abr. 1832 : j'allais, j'irais.
Étymol. ET HIST. — a) Fin XIe s. « se diriger vers un but » (Alexis, st. 65e ds GDF. Compl. : il vat avant la maisun aprester); b) ca 1100 (Rol., 3723, ibid. : Alde la bele est a sa fin alee); c) av. 1188 pronom. « partir » (Parton., B.N. 19152, f° 152 d, ibid. : Atant li dit : Vos en iroiz).
Paradigme composite, dér. de 3 verbes lat. : ambulare propr. « se promener », ire « aller, marcher », vadere « id. ». Le lat. ambulare dont le sens était devenu « aller » dès l'époque class. dans la lang. milit., puis fam., s'est réduit, moins vraisemblablement en passant par une forme ambitare à aner puis à aler par dissimilation dans l'expr. « nos nos en anons », devenue « nos nos en alons » (voir DAUZAT 1968), plus prob. par l'intermédiaire d'une forme expr. de commandement militaire où ambulate « en avant, marche! » se serait contracté en a al(l)ate (voir BL.-W.5 et EWFS2). La forme alare est plusieurs fois attestée dans les Gloses de Reichenau au VIIIe s. dans le sens d'aller. La lang. a empr. certaines formes à ire (fut. et condit.) et à vadere (1re, 2e, 3e et 6e pers. de l'ind. prés.), réalisant ainsi une conjug. à rad. variable (EWFS2; FEW t. 1, s.v. ambulare, t. 4, s.v. ire, t. 14, s.v. vadere).
II.
⇒ALLER2, subst. masc.
A.— Action de parcourir un espace pour se rendre d'un lieu à un autre. Anton. retour :
1. Comme nous revenions, (...), d'un dîner à la Raspelière et que les Cambremer, qui avaient déjeuné chez des amis à Harambouville, avaient fait à l'aller une partie du trajet avec nous : « Vous qui aimez tant Balzac et savez le reconnaître dans la société contemporaine, avais-je dit à M. de Charlus, vous devez trouver que ces Cambremer sont échappés des scènes de la vie de province. »
M. PROUST, À la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1922, pp. 1090-1091.
Au fig. :
♦ Vx. À long aller. À long terme :
2. C'est encore la structure de l'économie en voie de développement que l'on rencontre nécessairement lorsqu'on considère les changements à long terme, imposés par l'évolution de la technique dans les industries qui utilisent les produits de base. À long aller, des matières de remplacement et substituts synthétiques sont obtenus par les soins des grands pays industriels et dépendent des changements techniques désirés par eux, en vue d'abaisser leurs coûts et de livrer des produits nouveaux.
F. PERROUX, L'Économie du XXe siècle, 1964, p. 572.
Pis-aller (cf. pis); laisser-aller (cf. laisser).
B.— TRANSP. Billet d'aller, billet d'aller et retour :
3. Pour cet itinéraire donc je calcule que le billet d'aller doit valoir : (de Bourges à Bordeaux Bastide) 24 fr. 40 et celui d'aller et retour à peu près : 38 francs (maximum).
J. RIVIÈRE, ALAIN-FOURNIER, Correspondance, lettre de J. R. à A.-F., juill. 1907, p. 226.
Par ell. Un aller, un aller et retour, un aller-retour :
4. Il faut que tu prennes deux allers (à moins que — cas excessivement improbable — la validité des aller-retour soit en ce moment prolongée à cause de fêtes quelconques...)
J. RIVIÈRE, ALAIN-FOURNIER, Correspondance, lettre de J. R. à A.-F., juill. 1907, p. 226
Étymol. ET HIST. — Ca 1190 aler « action d'aller » (COUCI, XVIII ds LITTRÉ : Aller 2. Ses ieuz, son vis, qui de joie sautele, Son aler, son venir, Son beau parler et son gent maintenir).
Inf. substantivé de aller1.
STAT. — Fréq. abs. litt. :154 315. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 187 230, b) 257 597; XXe s. : a) 236 375, b) 216 341.
BBG. — ALESSIO (G.). Saggio di etimologie francesi. R. Ling. rom. 1950, t. 17, pp. 161-162. — ARTOLA (G. T.), EICHENGREEN (W. A.). Alare and ambulare in the Reichenauer Glosses. Mod. Lang. Notes. 1956, t. 71, pp. 357-359. — ASSMANN (W.). Die Nicht-futurische Umschreibung des französischen Verbums durch aller + Infinitiv, unter besonderer Berücksichtigung des sogenannten « erfolgreichen aller ». Naumburg/S., 1913, 98 p. (Diss. Göttingen. 1913). — AUBERT DE LA RÜE (E.). Le Français parlé aux îles Saint-Pierre-et-Miquelon. Vie Lang. 1969, n° 208, p. 403. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — Banque 1963. — BAR 1960. — BARBER. 1969. — BASTIN (J.). Glanures grammaticales. Namur, 1893, pp. 91-92. — BAUDR. Chasses 1834. — BEHRENS D. 1923, pp. 88-89. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BOISS.8. — BRUANT 1901. — Canada 1930. — CANART (P.). Homonymics : French Walloon and Chinese. A.U.M.L.A. 1954, n° 2, p. 35. — CAPUT 1969. — CHAUTARD 1937. — CLÉDAT (L.). L'Impératif du verbe aller (En marge des grammaires). 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Das Futurum von aller, ein Studienerlebnis. Z. fr. Spr. Lit. 1930, t. 53, pp. 281-283. — THOMAS 1956. — TIMM. 1892. — TITZ (K.). Aller. R. de philol. fr. et de litt. 1924, t. 36, pp. 45-47. — TOURNEMILLE (J.). Au jardin des locutions françaises. Vie Lang. 1953, pp. 349-350. — VINC. 1910. — WILL. 1831. — YVON (H.). Aller et être. Fr. mod. 1949, t. 17, pp. 17-23.

1. aller [ale] v.
CONJUG. je vais (pop. et rural : je vas), tu vas, il va, nous allons, vous allez, ils vont; j'allais; j'allai; je suis allé; j'irai; j'irais; va, allons, allez; que j'aille, que tu ailles, qu'il aille, que nous allions, que vous alliez, qu'ils aillent; que j'allasse; allant, allé, e.
ÉTYM. XIe, aler, alare, VIIIe; réduction mal expliquée du lat. ambulare, syn. de ire « aller » dans la langue familière ou (Guiraud) dér. de alare, de ala « aile » (« aller vite, filer »), mais cette hypothèse n'est pas corroborée; futur et conditionnel, du lat. ire; vais, vas, va, vont, du lat. vadere.
———
I V. intr.
A (Marquant le mouvement, la locomotion).
1 Se déplacer (le plus souvent avec un adv. de « manière »). || Allons à pied. Marcher; cheminer, promener (se). || Aller en voiture. Rouler. || Il sait maintenant aller à bicyclette. || Aller vite (→ ci-dessous, cit. 69.1).À cette heure-ci, on va plus vite en métro qu'en voiture. Circuler, transporter (se). || Aller lentement. || Aller à fond de train, comme le vent. Courir, filer, gazer, galoper, voler (fig.).
1 Il va, vêtu d'une façon extravagante (…)
Molière, le Médecin malgré lui, I, 4.
Se déplacer à une allure normale.
2 Il ne va pas, il court, il semble avoir des ailes.
La Fontaine, Fables, XII, 1.
Vx (avec un compl. de manière en de).Loc. (chasse). Aller d'assurance (1.).
Aller et venir : faire les cent pas, marcher de long en large. Allée (allées et venues), navette (faire la navette).
3 Elle (la mouche) s'en attribue uniquement la gloire
Va, vient, fait l'empressée (…)
La Fontaine, Fables, VII, 9.
4 Elle allait et venait dans un gai rayon d'or (…)
Hugo, la Légende des siècles, XVIII, Fabrice, 14.
5 Elle va, elle vient, elle se promène. Elle fait comme elle veut (…)
Colette, l'Étoile Vesper, p. 129.
6 Encore ruisselant, il se mit à aller et venir par la chambre.
Martin du Gard, les Thibault, II, 12.
Spécialt. Marcher.
7 Légère et court vêtue, elle allait à grands pas (…)
La Fontaine, Fables, VII, 10.
7.1 Je vais, je ne sais où. Je vais, je suis heureux;
C'est fête et joie en ma poitrine;
Que m'importent droits et doctrines,
Le caillou sonne et luit sous mes talons poudreux (…)
Verhaeren, les Forces tumultueuses, « Un matin ».
À l'impér. (formule de congédiement). Vieilli. || Allez ! Va ! → ci-dessous Allez en paix (cit. 69), et allez-vous en !
(Avec un compl. de destination). || Aller à… Rendre (se). || Je pense aller à Paris la semaine prochaine. || Nous irons à la campagne. || Allez au théâtre, au cinéma. || Aller en Italie, dans un pays… || Aller chez qqn.(Compl. sous-entendu). || Quand pouvez-vous y aller ?
8 Je vais, lui dit ce prince, à Rome.
Boileau, Épîtres, I.
9 Des députés du peuple rat
S'en vinrent demander quelque aumône légère
Ils allaient en terre étrangère
Chercher quelque secours contre le peuple chat (…)
La Fontaine, Fables, VII, 3.
10 Je sais une secrète issue
Par où, sans qu'on le voie, et sans être aperçue
De Cédron avec lui (Éliacin) traversant le torrent,
J'irai dans le désert où jadis en pleurant
Et cherchant comme nous son salut dans la fuite
David d'un fils rebelle évita la poursuite.
Racine, Athalie, III, 6.
11 Ne faites point languir une si juste envie
Allez. Et nous, Madame, allons chez Octavie.
Racine, Britannicus, V, 2.
12 Où pensez-vous aller ? Au temple, où l'on m'appelle.
Corneille, Polyeucte, II, 6.
12.1 Elle s'arrêta.
— Je suis fatiguée, dit-elle.
— Allons, essayez encore ! reprit-il. Du courage !
Puis, cent pas plus loin, elle s'arrêta de nouveau (…)
— Où allons-nous donc ?
Flaubert, Mme Bovary, II, IX.
12.2 Léon, deux fois par jour, allait de son étude au Lion d'or. Emma, de loin, l'entendait venir.
Flaubert, Mme Bovary, II, IV.
12.3 Écoute, j'ai quitté la maison (…) Je ne sais pas encore où j'irai.
Gide, les Faux-monnayeurs, in Romans, Pl., p. 936.
Aller dans (un lieu, une direction, un sens), aller vers… Diriger (se); acheminer (s'). || À partir de cet endroit, vous irez plus vers la gauche, vous irez dans une autre direction. Dévier, obliquer. || Aller par … (un endroit). || Aller de côté et d'autre ( Fluctuer, osciller). || Aller dans tous les sens. || Allez-y par ici, par là.
(Suivi d'un adv. de lieu). || Aller près, tout près. Près. || Aller loin. Loin. Fig. || Il ira loin. || Vous allez trop loin.Où va-t-il ? Il va loin, il va là-bas. || Ils vont çà et là, sans but, dans des directions non précisées et variables.
Loc. Qui va là ?, formule par laquelle un veilleur, une sentinelle, interpelle une personne inconnue, ou par laquelle on signale une présence inquiétante.
13 Qui va là ?
Molière, George Dandin, III, 3.
13.1 « Holà ! dit une voix dans la nuit. Qui va là ? »
Bernanos, Une nuit, in Œ. roman., Pl., p. 23.
Aller dans sa chambre. || Aller du rez-de-chaussée au premier : monter. || Allons au salon, à (dans) la cuisine, dans la salle à manger.
Spécialt. || Aller aux cabinets, à la selle, au petit coin (fam.), aux chiottes…Par ext. et euphém. Uriner; déféquer. Absolt et vx. (langue classique). || Aller :
14 Une bonne médecine composée pour hâter d'aller.
Molière, le Malade imaginaire, I, 1.
REM. Aller, dans ce sens, passe de la spécialisation du sens spatial (se rendre dans le lieu affecté aux besoins intimes) à une métonymie sensible dans les loc. anciennes aller par haut (vomir), aller par bas (déféquer) qui font sans doute référence au mouvement des excrétions.
15 (Il) choisit le temps du repas (…) pour dire qu'ayant pris médecine depuis deux jours, il est allé par haut et par bas (…)
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, XX.
Aller chez qqn, chez le docteur, le coiffeur. || Aller à, jusqu'à qqn, s'adresser à lui. → aussi ci-dessous, cit. 25.
REM. Aller à…, suivi d'un nom de personne, est soit archaïque, soit régional ou populaire. Aller au docteur, au coiffeur. → À.
Loc. Régional. Aller aux femmes. — ☑ Vulg. Aller aux putes.
15.1 — Es-tu allé aux femmes dernièrement ?
— Pourquoi tu demandes ça ?
— Des fois ça aide d'aller aux femmes quand on est tanné.
Jean-Yves Soucy, Un dieu chasseur, p. 19.
Aller à l'épicerie, au marché, au supermarché. || Aller au spectacle, au cinéma.
Aller de…en…
16 Elle offre d'avertir de tout ce qui se passe,
Sautant, allant de place en place.
La Fontaine, Fables, XII, 11.
17 Je vais de fleur en fleur (…)
La Fontaine, Disc. à Mme de la Sablière, 17.
Aller par, de par le monde.Loc. Aller par monts et par vaux : voyager.
18 Il lui prit aussi envie de voyager et d'aller par le monde (…)
La Fontaine, la Vie d'Ésope.
19 Il allait par monts et par vaux, cherchant périls et aventures, il traversait d'antiques forêts, de vastes bruyères, de profondes solitudes.
Chateaubriand, le Génie du christianisme, IV, V, 4.
Aller à travers champs, à travers bois. Traverser, passer (par).
Aller devant, en avant. || Aller devant qqn ( Précéder), derrière qqn ( Suivre). || Allez devant, je vous rejoindrai. || Aller devant soi.
20 (…) il allait devant lui, à grands pas, comme un conquérant.
Martin du Gard, les Thibault, III, I.
Aller au devant de, à la rencontre de (qqn).
(Avec un adv. de manière). || Aller droit, tout droit. || Aller tout de travers. || Aller droit devant soi.
21 — Comme tu vas, bon Dieu ! ne peux-tu marcher droit ?
— Et comme vous allez vous-même ! dit la fille (…)
Veut-on que j'aille droit quand on y va tortu ?
La Fontaine, Fables, XII, 10.
2 Sans idée concrète de marche; avec un compl. de but, introduit par à ou en.
(Le compl. désigne une activité). || Je vais à mon travail, à la chasse. || Aller au combat, à la guerre.
22 L'ours allait à la chasse, apportait du gibier (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 10.
Aller en… || Aller en pèlerinage, en ambassade, en conquête… || « Malbrough s'en va-t'en guerre » (chanson).
23 Une sultane de renom (…)
S'en allait en pèlerinage.
La Fontaine, Fables, VIII, 15.
24 Et la dernière main que met à sa beauté
Une femme allant en conquête (…)
La Fontaine, Fables, IV, 3.
Aller à… (Le compl. désigne une chose recherchée). Fam. || Aller au bois, à l'eau : se pourvoir de bois, d'eau. || Aller aux fraises. || Aller à l'esturgeon (→ Foëne, cit.). — ☑ Loc. Aller aux asperges (6.).Aller aux provisions.REM. Aller au marché, où le compl. désigne un lieu, n'est pas familier.
Aller aux nouvelles, aux informations, aux renseignements. Informer (s').
Vx ou régional (le compl. désigne une personne). || Aller au ministre (→ ci-dessus). Adresser (s').
25 Et je vais de ce pas au Prince pour lui dire (…)
Molière, la Princesse d'Élide, I, 3.
Loc.(le sujet désigne un cheval). Aller à la botte : chercher à mordre le cavalier à la jambe.
3 (Avec un sujet n. de chose, dans le même sens). a (Objet mobile). || Une voiture qui va vite. Rouler. || L'autobus va jusqu'à la Porte Champerret.
b (Voie, espace). || La forêt va depuis le village (du village) jusqu'à la rivière. Étendre (s'). || Ce sentier va jusqu'au village. Aboutir.
Prov. Tous les chemins vont (ou mènent) à Rome : il y a divers moyens pour atteindre un but.
c Vx. Être adressé, destiné. Concerner, intéresser.
26 Mais si c'est une femme à qui va ce billet (…)
Molière, le Misanthrope, IV, 3.
27 Ce n'est qu'à l'esprit seul que vont tous les transports (…)
Molière, les Femmes savantes, IV, 2.
d Être fait, préparé dans tel but. || Ce verre va au feu : il a été fabriqué pour résister au feu. || Cette étoffe va à la lessive.
e Tendre à, viser à…, finir par, consister à… (→ aussi ci-dessous, 7.).
28 Rien peut-il vous offenser, quand tout ne va qu'à des choses honnêtes comme le mariage ?
Molière, le Malade imaginaire, III, 11.
29 J'entends à demi-mot où va la raillerie (…)
Molière, Sganarelle, 6.
30 Je ne vois pas encore où ceci veut aller.
Molière, les Fourberies de Scapin, I, 2.
Loc. La pièce est allée aux nues.Cette entreprise est allée à l'échec.Votre lettre m'est allée au cœur, m'a touché(e) vivement.Cette musique m'est allée à l'âme. Émouvoir, toucher.
f Prov. Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse : à force de braver un danger, on finit par succomber.
4 (Suivi d'un inf. de but). a (Choses humaines). Vx. || Aller à, n'aller qu'à : avoir pour objet de, n'avoir pour objet que de…
31 (…) Sa fureur ne va qu'à briser nos autels (…)
Corneille, Polyeucte, I, 3.
32 Ses projets seulement vont à se contenter;
Et pourvu qu'il arrive au but qu'il se propose (…)
Molière, le Dépit amoureux, II, 1.
b Mod. (Personnes). Commencer à… (faire qqch. qui implique un mouvement); se déplacer pour… || Aller se promener. || Aller voir, chercher, trouver (qqn, qqch.).
33 Il alla se cacher au fond de sa retraite (…)
La Fontaine, Fables, VII, 13.
34 Toux deux au Styx allèrent boire;
Tous deux, à nager malheureux,
Allèrent traverser, au séjour ténébreux,
Bien d'autres fleuves que les nôtres.
La Fontaine, Fables, VIII, 23.
34.1 Je sens un immense besoin d'aérer un peu mes pensées — et d'aller retrouver mon cher Olivier (…)
Gide, les Faux-monnayeurs, in Romans, Pl., p. 934.
REM. Aller, à l'impératif, suivi de l'infinitif, met en relief l'action à accomplir. → aussi Va-t'en (et l'inf.) ci-dessous II., 3.
35 Va trouver de ma part l'ambassadeur romain (…)
Corneille, Nicomède, I, 4.
Vieux :
36 Va marcher sur leurs pas où l'honneur te convie (…)
Corneille, Cinna, I, 3.
(Dans des formules de renvoi ou d'insulte). || Va te promener ! || Allez vous faire foutre ! || Va voir là-bas si j'y suis.
c (En tour négatif, pour déconseiller vivement). || N'allez pas vous imaginer, n'allez surtout pas croire…
37 Par de nouveaux refus n'allez point l'irriter (…)
Racine, Mithridate, IV, 2.
d Spécialt. (L'infinitif complément désigne une action désapprouvée). || Il est allé se mettre dans une situation ridicule, impossible. || Qu'est-ce que tu es allé dire là ? (il ne fallait pas le dire).
5 (En fonction d'auxiliaire de temps, marquant un futur prochain, suivi de l'infinitif). Être sur le point de (au présent). || Il va arriver d'un moment à l'autre. || On va vous l'apporter.
38 Vient-il ? — N'en doutez point, Madame, il va venir.
Racine, Bérénice, IV, 2.
39 Zaïre. — Ne craignez plus : votre ennemie expire.
Atalide. — Roxane ?
Zaïre. — Et ce qui va bien plus vous étonner,
Orcan lui-même, Orcan vient de l'assassiner.
Racine, Bajazet, V, 10.
40 Je vais m'asseoir parmi les Dieux dans le soleil !
Leconte de Lisle, Poèmes barbares, « Cœur de Hialmar ».
40.1 — Ta mère n'est pas rentrée ?
— Non, pas encore.
C'est absurde. Elle allait rentrer si tard qu'il n'aurait pas le temps de lui parler avant le dîner.
Gide, les Faux-monnayeurs, in Romans, Pl., p. 946.
(Au conditionnel présent, avec valeur d'éventualité, de conditionnel). || Tu irais le lui dire en face ?
41 (…) Quoi ? vous iriez dire à la vieille Émilie
Qu'à son âge il sied mal de faire la jolie (…)
Molière, le Misanthrope, I, 1.
À l'imparfait, indiquant le futur dans le passé accompli ou qui a été sur le point d'être accompli.
42 L'idée qu'il allait partir, que je ne le verrais plus (…)
Alphonse Daudet, Contes du lundi, « La dernière classe ».
43 Va vite à ta place, mon petit Frantz, nous allions commencer sans toi (…)
Alphonse Daudet, Contes du lundi, « La dernière classe ».
44 J'ai vu le moment où le traité allait être signé séance tenante (…)
Flaubert, Correspondance, IV, 9.
45 Le siècle de la philosophie décidément allait régénérer le monde.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. VII, 325. V. Devoir.
6 En fonction d'auxiliaire d'aspect, marquant la progression, suivi d'un p. prés. (gérondif). || L'inquiétude allait croissant. || Son mal va en empirant.Vieux :
46 Mais plutôt qu'elle (votre Majesté) considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant
Plus de vingt pas au-dessous d'elle (…)
La Fontaine, Fables, I, 10.
(On dirait aujourd'hui : je me désaltère, ou je suis en train de me désaltérer).
47 Comme le nombre d'œufs, grâce à la renommée,
De bouche en bouche allait croissant (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 6.
48 Il faut convenir que les mœurs vont se dépravant de jour en jour (…)
Hugo, le Dernier Jour d'un condamné.
7 Vx. || Aller à (suivi de l'inf.). Tendre (à).
49 Et, dès 1797, un « Empire français » — sans empereur — allait à se construire et la guerre de défense à se muer en guerre d'agrandissement, puis en guerre d'hégémonie.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, t. III, p. 54.
Aller à, jusqu'à (qqch.). Atteindre, arriver, parvenir (à).
50 À quel orgueil, fripon, vous vois-je aller ?
Molière, Mélicerte, II, 5.
51 (…) Et ne t'apprenne où va le courroux d'une femme.
Molière, Amphitryon, II, 3.
52 Un homme accumulait.
On sait que cette erreur va souvent jusqu'à la fureur.
La Fontaine, Fables, XII, 3.
53 Et les choses n'iront que jusqu'où vous voudrez (…)
Molière, Tartuffe, IV, 5.
Aller jusqu'à… (et l'inf.).
54 (…) l'on ne peut aller jusqu'à vous satisfaire.
Qu'aux dernières faveurs on ne pousse l'affaire ?
Molière, Tartuffe, IV, 5.
55 La folie de celui-ci (…) va parfois jusqu'à vouloir être battu (…)
Molière, le Médecin malgré lui, I, 4.
Aller loin, aussi loin…
56 La vertu n'irait pas si loin si la vanité ne lui tenait compagnie.
La Rochefoucauld, Maximes, 200.
8 Ne pas aller sans (telle conséquence, telle cause, tel accompagnement). || Son amabilité ne va pas sans hypocrisie. Exclure (n'exclut pas…).
57 Nos plaisirs les plus doux ne vont point sans tristesse (…)
Corneille, Horace, V, 1.
58 De pareils changements ne vont point sans miracle.
Corneille, Polyeucte, V, 6.
59 Cette gentillesse (chez Alphonse Daudet) n'allait pas sans fougue ni révolte contre la fourberie et la bassesse.
Georges Lecomte, Ma traversée, p. 271.
9 Y aller de. || Y aller de son reste (au jeu). Va-tout. || J'y vais de cent francs, en misant cent francs.Par ext. || J'ai dû y aller de toutes mes économies, engager, risquer mes économies. Fam. || Il y est allé de sa chanson : il a apporté sa chanson à titre de contribution (à la fête).
59.1 Allez-y donc de votre histoire, dit Pradonet, vous voyez bien que ça lui ferait plaisir de l'entendre.
R. Queneau, Pierrot mon ami, éd. L. de Poche, p. 35.
(En tour impersonnel). || Il y va de notre vie : ce qui est en jeu, c'est notre vie.
60 Il y va d'être heureux toute sa vie (…)
Molière, in P. Larousse.
10 Fam. Y aller : s'en aller, partir, se décider à partir. || On y va ? On y va ! || Allons-y ! (au sens de « commencer à agir », → ci-dessous B., 1.).
11 Pop. ou régional. || Aller pour (et l'inf.) : se disposer à…, commencer à (faire qqch.). Apprêter (s').
60.1 En haut une femme en noir, une rose rouge à la main. Elle va pour descendre.
J. Green, Journal, La terre est si belle, 9 févr. 1978.
B Marquant une évolution ou un fonctionnement.
1 (Exprimant la manière d'agir, de se comporter). || Aller (doucement, vite, de telle ou telle manière) en besogne.
Y aller.N'y pas aller de main morte.Y aller de bon cœur.Ne pas y aller par quatre chemins.Y aller fort. Exagérer. || Il y va fort. || Aller contre la volonté de qqn. || Aller jusqu'au bout (cit. 39 et 39.1); aller jusqu'au bout (cit. 39) de ses idées.REM. Les emplois sans y semblent archaïques sauf dans quelques expressions (→ ci-dessous cit. 67, 68).
61 (…) il (le mal) chemine, et rinforzando, de bouche en bouche, il va le diable (…)
Beaumarchais, V. Calomnie.
62 Tubleu ! comme vous y allez !
Molière, George Dandin, III, 3.
63 Quoi ? Vous voulez aller avec cette vitesse (…)
Molière, Tartuffe, IV, 5.
64 Ma femme, allons tout doucement, s'il vous plaît (…)
Molière, le Médecin malgré lui, I, 1.
65 (…) n'y allant pas, comme il disait lui-même, par quatre chemins, il prescrivit l'émétique, afin de dégager complètement l'estomac.
Flaubert, Mme Bovary, III, VIII.
66 L'amour-propre est si habile en ses calculs secrets, que, tout en faisant la critique de soi-même, on est suspect de ne pas y aller de franc jeu.
Renan, Souvenirs d'enfance…, VI, 5.
67 Quand on veut aller droit au but, il faut regarder droit devant soi.
R. Rolland, Jean-Christophe, t. IX, p. 105.
68 Je vous ménage un châtiment exemplaire, si vous allez contre ma volonté.
A. de Musset, Fantasio, I, 2.
À l'impératif, comme formule de congédiement à la fois au sens spatial et dans ce sens :
69 (Jésus) dit à la femme : « Ta foi t'a sauvée, va en paix ».
Bible, Évangile selon saint Luc, VII, 50.
REM. Avec un adv. de manière, le sens B. et le sens concret (I., A.) sont sentis comme quasi identiques :
69.1 Tenez : quand je marche, il me semble à moi que je vais encore assez vite; mais, dans la rue, à présent tous les gens me dépassent.
(…) c'est comme pour les leçons que je donne : les élèves trouvent que mon enseignement les retarde; elles veulent aller plus vite que moi.
Gide, les Faux-monnayeurs, in Romans, Pl., t. I, p. 1025.
Y aller (avec un adv. ou un mot en fonction adverbiale). Fam. || Y aller mou (1. Mou, cit. 23), mollo (cit. 2) : être prudent, agir avec circonspection. || Vas-y doucement ! || Vas-y mou !Y aller franco, directement, vivement.
69.2 Les affaires en or, je les regarde passer et je vis sur mon capital.
Mes économies, elles ne sont pas lourdes, mais j'y vais modeste.
M. Aymé, le Vin de Paris, « L'indifférent », p. 12.
Vas-y, allez-y !, exhortation à avancer, s'engager dans l'action. Fam. || Vas-y toto ! || Vas-y petit !
69.3 (…) les plus emportés participaient à l'action en encourageant le pasteur de la voix et du geste.
— Vas-y, toto, au buffet ! s'écria un matelot. Au buffet.
M. Aymé, le Vin de Paris, « La fosse aux péchés », p. 144.
Allons-y ! : commençons (à agir). || Et allons-y gaiement ! Fam. (pour l'euphonie). || Allons-y, Alonzo !
2 (Choses). Fonctionner, évoluer. || Le courant fait aller la roue du moulin. || Ça va tout seul, facilement.Loc. fam. Ça (y) va, à la manœuvre ! : ça marche bien.
70 (…) tout alla de façon
Qu'il ne vit plus aucun poisson (…)
La Fontaine, Fables, VII, 5.
71 Ainsi va la routine de souffrir, comme va l'habitude de la maladresse amoureuse (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 17.
Se trouver amené à tel ou tel état d'une évolution.(Avec un adv.). || Les affaires vont bien. || Tout va mal, de mal en pis. || Ça va bien, ça ira mieux, moins bien. || Les choses vont vite.(Sans adv.). || Ça peut aller.
72 Tout est bien, tout va bien, tout va le mieux qu'il soit possible.
Voltaire, Candide, XXIII.
73 Attendez, cela ne va pas comme cela. J'ai amené des gens pour vous habiller en cadence.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 5.
74 Je crois que je serai mieux sans robe (…) Non; redonnez-la moi, cela ira mieux.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, I, 2.
Cela va de soi : cela en découle nécessairement, c'est évident. || Cela va sans dire.
Fam. || Ça va, les affaires ? || Comment ça va, ton travail ?
74.1 — Eh bien, mon petit, ça va-t-il comme vous voulez, ce canal de Suez ?
Alphonse Daudet, Fromont jeune et Risler aîné, p. 205.
REM. 1. La construction il en va, il n'en va pas de même (→ ci-dessous, cit. 93 à 95) emploie aller avec cette même valeur. 2. Les tours fam. ça va, ça peut aller… s'emploient aussi en parlant des personnes (→ ci-dessous, 4.).
3 Par ext. Être adapté, convenir (à qqch., à qqn). || Aller à qqn. || Une couleur qui ne va pas à son teint, avec son teint. || Ce costume lui va bien, mal.Loc. Ça lui va comme un gant, très bien.
74.2 (…) ce n'est pas que vous me déplaisiez personnellement (…) au contraire, vous m'allez.
E. Labiche, la Chasse aux corbeaux, I, 5.
Fig. || L'indignation lui va bien. Seoir (lui sied).
75 La colère allait bien à cet homme (Mirabeau), comme la tempête à l'océan.
Hugo, Littérature et Philosophie mêlées, p. 115.
Iron. || Ça te va bien, de parler ainsi ! : ce n'est vraiment pas le discours qui convient à ton personnage !
75.1 Delphine le regarda d'un air surpris. Qu'est-ce qui lui prenait ? Ça lui allait bien, de poser au moraliste !
Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 210.
Fig. || Aller (bien) avec, aller (bien) ensemble. Accorder (s'), cadrer, concorder.
76 Cette cohabitation dans une même personne de deux entités qui ne vont guère ensemble se faisait chez lui sans collision trop sensible (…)
Renan, Souvenirs d'enfance…, V, 1.
Ça me va : ça me convient, ça me plaît. Absolt. || Est-ce que ça vous va ? : est-ce satisfaisant ?
Fam. || Ça va, ça va comme ça, marque la limite de l'acceptation. Bon (c'est).
76.1 (…) quand elles eurent bien vu qu'il n'y avait rien à voir pour elles hormis des pommiers inclinés dans le sens du vent, des champs de trèfle ceints de talus épineux, succédant à des champs de patates aussi méchamment clos, elles décidèrent que, bon, ça allait comme ça, cette campagne-là (…)
Hervé Bazin, Cri de la chouette, p. 230.
Loc. Cela va comme il plaît à Dieu : c'est une affaire dont on ne prend aucun soin, qu'on laisse à l'abandon.
Spécialt (aux jeux de hasard). || Rien ne va plus ! : les jeux sont faits, on ne peut plus miser.
4 (Personnes). Être dans tel ou tel état de santé (physique ou moral). Porter (se). || Comment allez-vous ? || Je vais bien, mieux, de mieux en mieux. || Il ne va pas fort.
76.2 Si vous lui demandiez : « Comment allez-vous ? » et que ce fût une simple formule, il vous répondait : « Vous êtes bien aimable, bien, je vous remercie. » Mais si, ayant par exemple l'air fatigué, vous lui demandiez avec intérêt : « Comment allez-vous, monsieur le duc ? » et qu'il ne voulût pas être désagréable, néanmoins, afin de vous faire renoncer de suite à ce fatal projet des personnalités, il répondait vivement pour brouiller tout de suite les cartes : « Jolie soirée; je suis charmé de vous voir. »
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 708.
(Avec ça : même sens). || Ça va ?Fam. (vieilli) Ça biche, ça gaze. || Ça ne va pas mal.
Fam. || Ça va pas, ça va pas la tête ? : vous êtes fou ?
76.3 Série de gros plans alternés.
Monseigneur. T'es fou, pourquoi ?
Géo, blasé. Si y s'amenaient maintenant, toute manière, on serait marron.
Monseigneur, se touchant la tête. Ça va pas, non ?
J. Becker et J. Giovanni, le Trou, in l'Avant-Scène, no 13, p. 19-20.
76.4 Il se demandait si c'était faisable, en moto. (…) Et Singapour ? Zouzou protestait. Des pays chauds ? Ça va pas ? Non, il fallait se dépayser, aller au Nord, Hong-Kong, le Japon.
Claude Courchay, La vie finira bien par commencer, p. 235.
5 (À l'impératif). || Va, allons, allez !, interjection servant à attirer l'attention, à stimuler. || Il n'en saura rien, va ! || Allons, du calme ! || Allons, allons, ce n'est rien. || Allez, vous ne le regretterez pas !
77 Va, je ne te hais point.
Corneille, le Cid, III, 4.
78 (…) Allez, ne craignez rien (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 6.
79 Allez, vous vous moquez des gens (…)
Molière, George Dandin, III, 7.
80 Allons, vite, ôte-toi de mes yeux, vilaine (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 8.
80.1 — La voici… oui (…) mais comment lui demander ça ?… (Il tousse.) Hum ! hum !
— Tousse, va !… si tu crois que je vais te répondre (…)
E. Labiche, Frisette, 12.
80.2 C'est qu'il la connaissait bien, allez ! Il savait qu'on pouvait l'amuser avec des bijoux, non la retenir, et que le jour où elle s'ennuierait…
Alphonse Daudet, Fromont jeune et Risler aîné, p. 198.
Allons donc !, sert à nier, à contredire.
81 Allons donc ! je vous dis que j'ai de bonnes raisons pour savoir que cela ne se peut pas.
A. de Musset, Lorenzaccio, IV, 10.
81.1 Par Allons donc ! non seulement vous donnez votre complet assentiment au parleur, mais vous renforcez son sentiment du bon droit. Ex. : « Et vous croyez que je vais me laisser faire ? — Allons donc ! (…) »
Pierre Daninos, Un certain Monsieur Blot, p. 237.
Allez donc !
81.2 — Vous êtes une grossière, dit la belle Normande. Si jamais je remets les pieds ici, par exemple !
— Allez donc, allez donc, dit la belle Lisa. On sait bien à qui on a affaire.
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 116.
Et allez donc !, formule d'encouragement ironique.
REM. Allons !, allez ! ne correspondent plus à des formes verbales (première et deuxième pers. du plur.). On peut dire : allez ! dépêche-toi !; allons, viens ici ! Allez France ! Allez les verts (encouragement à une équipe sportive).
6 a Laisser aller : ne pas empêcher d'aller, ne pas retenir. Permettre. || Laisser aller qqn, qqch.(Avec un compl.). || Laisser qqn aller son chemin. → cit. 83.
82 Laisse aller tes soupirs, laisse couler tes larmes.
Corneille, Héraclius, III, 3.
83 (…) il (le lièvre) laisse la tortue
Aller son train de sénateur.
La Fontaine, Fables, VI, 10.
84 — Vous me ferez plaisir de demeurer (…) — Non (…) Laissez-moi vite aller (…)
Molière, Dom Juan, IV, 6.
Laisser évoluer sans intervenir. || Laisser aller ses affaires, les négliger. → Abandonner à son sort.
85 Il faut prendre le parti de laisser aller les choses et les hommes (…)
d'Alembert, Lettre du roi de Prusse, 8 nov. 1771.
Absolument :
85.1 Il suffirait de si peu (…) pour faire revenir la conscience. Et pourtant je ne fais rien. Je laisse aller.
J.-M. G. Le Clézio, l'Extase matérielle, p. 122.
Par anal.Se laisser aller : renoncer à diriger sa vie, s'abandonner, se décourager.Spécialt (vx). Se donner, s'abandonner (accepter des relations sexuelles).Se laisser aller à
86 Alors cette femme se laissa aller.
Racine, Remarques sur l'Odyssée.
87 (…) ne vous point laisser aller à la tentation de (…)
Racine, Lettres.
88 Il faut donc se laisser aller à la destinée (…)
Molière, les Précieuses ridicules, Préface.
89 (…) Elles se laissaient aller dans un fauteuil, dont la mollesse et la profondeur invitaient au repos (…)
Marivaux, le Paysan parvenu, I.
90 Elle était faible (…) elle se laissait aller où on la poussait (…)
Zola, l'Assommoir, t. I, p. 57.
b Faire aller : faire marcher, actionner. || Il s'entend à faire aller son monde.
91 Faire aller son ménage, avoir l'œil sur ses gens (…)
Molière, les Femmes savantes, II, 7.
(Compl. n. de personne). Régional (Belgique). || Faire aller qqn : se moquer de lui en lui faisant croire des choses fausses. → Faire marcher.
Spécialt (sujet n. de chose). || Faire aller qqn à la selle, et, absolt, faire aller.
92 Monsieur, on m'a dit que vous aviez des remèdes admirables pour faire aller à la selle (…)
Molière, l'Amour médecin, III, 5.
Fam. On fait aller ! (en réponse à une question du type : ça va ?). || Quand ça ne va pas fort, il faut bien faire aller !
92.1 Alors, mon bon Louis, comment cela va-t-il ?
— On fait aller, M. de Pierville.
G. Cesbron, Voici le temps des imposteurs, p. 45.
7 En aller (en tour impersonnel). || Il n'en va pas de même : les choses ne se passent pas de la même façon, le cas n'est pas le même. || Il n'en va pas de même de… || Il en va tout autrement de…, dans le cas de… Être (il en est…).
93 Il n'en va pas ainsi du combat de Don Sanche.
Corneille, Examen du Cid.
94 Il n'en alla pas de même de l'armée navale de France.
Racine, les Campagnes de Louis XIV.
95 Il en irait bien mieux
Si tout se gouvernait par ses ordres pieux.
Molière, Tartuffe, I, 1.
———
II V. pron. (XIIe). || S'en aller.
1 Partir du lieu où l'on est.(Avec un compl. de destination). || Je m'en vais au marché, à la pêche.
96 Je m'en vais au bois (…)
Molière, le Médecin malgré lui, I, 2.
97 Montés sur même char, (ils) s'en allaient à la foire.
La Fontaine, Fables, VIII, 12.
98 Chez le marchand tout droit il s'en alla (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 18.
99 Puis il s'en va vers sa retraite.
La Fontaine, Fables, VIII, 22.
100 Tenez, la Cour vous donne à chacun une écaille
Sans dépens, et qu'en paix chacun chez soi s'en aille.
La Fontaine, Fables, IX, 9.
En parlant des choses :
101 Les obus s'en allaient sur la ville à toute volée (…)
Alphonse Daudet, Contes du lundi, « La bataille du Père-Lachaise ».
Absolt. Partir. || Il s'en ira bientôt. || Ne t'en va pas ! || Va-t'en ! (→ Fiche, fous le camp !). || Va-t'en au diable !
102 Va-t'en, chétif insecte, excrément de la terre.
La Fontaine, Fables, II, 9.
103 Il s'en allait, et moi je restais; et il me semble que la condition de ceux qui restent est toujours plus triste que celle des personnes qui s'en vont. S'en aller, c'est un mouvement qui dissipe, et rien ne distrait les personnes qui demeurent.
Marivaux, la Vie de Marianne, V.
103.1 — Il est quatre heures, dit la duchesse, je suis très fatiguée et j'ai envie de m'en aller.
La comtesse reprit :
— Je m'en vais aussi, je n'en puis plus.
Maupassant, Fort comme la mort, éd. 1889, I, IV.
103.2 Laisse-moi… va-t'en… disait-il à Sigismond, j'ai besoin d'être seul (…)
Alphonse Daudet, Fromont jeune et Risler aîné, p. 373.
Par euphém. Quitter ce monde, mourir.
104 Jean s'en alla comme il était venu (…)
La Fontaine, Épitaphe d'un paresseux.
104.1 À midi, le vieux n'était pas mort. Les gens de journée loués pour le repiquage des cossarts vinrent en groupe considérer l'ancien qui tardait à s'en aller.
Maupassant, le Vieux, Pl., t. I, p. 1134.
104.2 Je dois dire que (enfant) l'idée de la mort n'était pas liée, je crois, à l'idée du temps. Car les gens qui mouraient, c'était encore des gens qui « s'en allaient », qui n'attendaient pas leur mort, mais s'éloignaient. On s'éloigne. C'est de l'espace, ce n'est pas du temps.
Ionesco, Journal en miettes, p. 35.
2 Quitter, partir de (un lieu). || Je m'en irai de la maison vers huit heures. || Va-t'en d'ici !
Littér. || S'en aller de… (qqn, qqch.) : s'en séparer.
104.3 Je m'en irai moi-même de vous, de tout, dans quelques jours.
M. Jouhandeau, la Jeunesse de Théophile, p. 233.
3 (Suivi de l'inf.). || S'en aller faire qqch. : aller (en partant).
105 Un mort s'en allait tristement
S'emparer de son dernier gîte;
Un curé s'en allait gaiement
Enterrer ce mort au plus vite.
La Fontaine, Fables, VII, 11.
(En fonction d'auxiliaire de temps, au sens de aller, mais aujourd'hui seulement à la 1re personne du présent).REM. Cette construction est plus marquée (archaïque ou régionale) que aller employé seul, suivi de l'infinitif. Je m'en vais acheter du pain.
106 Ah ! méchante, dit-il, je m'en vais faire une œuvre
Agréable à tout l'univers.
La Fontaine, Fables, X, 1.
107 Une vieille chanson que je m'en vais vous dire (…)
Molière, le Misanthrope, I, 2.
Fam. → ci-dessus I., A., 4, rem. Va-t'en voir là-bas si j'y suis ! (formule de congédiement ironique).
108 Va-t'en voir un peu ce que fait ma fille.
Molière, le Médecin malgré lui, III, 4.
4 Littér. (en fonction d'auxiliaire d'aspect, suivi du gérondif, au sens de aller). || « Cette musique mystérieuse et qui s'en va déclinant » (Barrès).
5 (Choses). Disparaître. || Les taches d'encre s'en vont avec ce produit. Dissiper (se), effacer (se), passer, etc.S'en aller en… Partir.(Abstrait). S'affaiblir, s'user (2.). || Sa volonté s'en va peu à peu.
109 La peau de ses mains s'en va en lambeaux (…)
Racine, Remarques sur l'Odyssée.
110 Le temps s'en va, le temps s'en va, Madame,
Las ! le temps non, mais nous nous en allons (…)
Ronsard, Pièces retranchées.
111 C'était pitié de voir la vie s'en aller de notre maison comme d'un corps malade, lentement, tous les jours un peu plus.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, 1.
112 Tous ses projets de rester à bord s'en étaient allés au vent (…)
Loti, Matelot, XXXI.
6 (Factitif, avec ellipse de se). || Faire en aller. || Un produit pour faire en aller les taches. Partir.
113 Vous ne voulez pas faire en aller cet homme-là ?
Molière, l'Impromptu de Versailles, II.
114 Ulysse se lave et fait en aller toute l'écume et toutes les ordures de la mer.
Racine, Remarques sur l'Odyssée.
REM. L'ellipse du pronom personnel peut se faire après un infinitif autre que faire :
114.1 Si on s'écoutait, on n'aurait pas presse de vous voir en aller. Mais quand on est d'une vie, ce n'est pas d'avoir un pied dans une autre.
M. Aymé, la Vouivre, p. 202.
REM. Aux temps composés, s'en aller se conjugue normalement en il s'en est allé, nous nous en sommes allés, etc. Mais le verbe est senti comme un véritable composé, ce que marque la graphie de cet exemple, qui tente de transcrire le sentiment d'une locutrice « populaire » (en 1835) : « je me suis enallé » (H. Monnier, Scènes populaires, p. 21). Aujourd'hui, la forme il s'en est allé est quelque peu académique; il s'est en allé, nous nous sommes en allés (et plutôt : on s'est en allé) parfois considérés comme fautifs, sont usuels, au moins dans la langue parlée.
114.2 Il y en a beaucoup qui se sont en allés, quitte à revenir quand cela ne serait plus si chaud.
Henri Monnier, Scènes populaires, p. 21 (1835).
En allé p. p. adj. || « Je me souviens des heures en allées » (Gide).
REM. Être allé, en concurrence avec avoir été. On emploie, surtout dans le langage familier j'ai été, j'avais été, j'aurais été… pour je suis allé, j'étais allé, je serais allé. La langue familière emploie aux temps composés être avec l'auxiliaire être. → Être.
115 — (…) moi aussi je suis allé là où vous avez été.
Alain-Fournier, le Grand Meaulnes, p. 154.
115.1 Au procès Dominici, le président interrogeait ainsi l'accusé : « Et ensuite vous êtes allé à la rivière ? » Et le vieux de grommeler : « Allée ? Allée ? Y a pas d'allée, monsieur le président, je le sais bien : j'y suis été ».
P. Viansson-Ponté, « Au fil de la semaine », in le Monde, 1er oct. 1978.
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III (En emploi trans., avec un « complément interne »). Au sens I., 1. || Aller son chemin, sa route (rare).Loc. Aller son petit bonhomme de chemin.
116 Elle ira son chemin, distraite et sans entendre
Ce murmure d'amour élevé sur ses pas.
A.-F. Arvers, Sonnet.
Vx ou techn. (Le compl. désigne l'allure). || Aller l'amble, aller l'aubin ( Aubiner), se dit d'un cheval.
tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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allé, ée p. p.
Rare. Qui est allé, s'en est allé (quelque part, d'une certaine manière).
117 Puis, sur terre, les gens heureux,
Les gens de mon pays, tous ceux
Allés par un, allés par deux,
Rire à la vie aux lointains bleus (…)
Max Elskamp, Six chansons du pauvre homme.
CONTR. Venir, revenir (de). — Arrêter (s'). — Déplaire.
DÉR. Allable, allant, allée, 2. aller, allure. 2. Va.
COMP. Suraller. V. Préalable.
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2. aller [ale] n. m.
ÉTYM. V. 1190, aler; substantivation de 1. aller.
1 Fait d'aller, trajet fait en allant à un endroit déterminé (opposé à retour). || L'aller a été plus facile que le retour. || J'ai pris pour l'aller, à l'aller le train du matin.Spécialt. Billet de chemin de fer valable pour l'aller. || Un aller, un aller simple pour Paris. || Un aller (et) retour [ale(e)ʀtuʀ]  : billet double comportant un coupon de retour. || Des allers.
(V. 1895, in Petiot). Sports. || Match aller et match retour.
Vx et littér. || L'aller et le venir.
0 Une brise passant et se retirant à travers les saules s'accordait avec l'aller et le venir de la vague.
Chateaubriand, les Mémoires d'outre-tombe, IV, 2.
Prov. (vx). Au long aller, petit fardeau pèse : à la longue, une charge légère devient lourde, pénible.
2 Loc. fam. Aller et retour : paire de gifles. || Il lui a flanqué un de ces allers et retours !
3 Évolution des choses, dans l'expression au pis aller. 2. Pis.
HOM. Allée.
CONTR. Retour.

Encyclopédie Universelle. 2012.