dionysiaque [ djɔnizjak ] adj. et n. f.
• 1762; gr. dionusiakos, de Dionysos
1 ♦ Antiq. gr. Qui est relatif à Dionysos (Bacchus). Le culte dionysiaque. N. f. pl. Les dionysiaques : fêtes en l'honneur de Dionysos célébrées au printemps et en automne. ⇒ bacchanale, dionysies.
2 ♦ Littér. Propre à l'inspiration, à l'enthousiasme. « L'art dionysiaque par excellence est la musique, parce qu'elle est durée, mouvement et altération » (Tournier).
● dionysien, dionysienne ou dionysiaque adjectif (grec dionusiakos) Relatif au culte et aux fêtes de Dionysos. Relatif au dionysisme. Littéraire. Propre à un enthousiasme débridé. ● dionysien, dionysienne ou dionysiaque (difficultés) adjectif (grec dionusiakos) Orthographe Attention à la place du y, à la deuxième syllabe.
dionysiaque
adj. et n. f. pl.
d1./d Relatif à Dionysos. Le culte dionysiaque.
|| n. f. pl. ANTIQ GR Les dionysiaques: les fêtes en l'honneur de Dionysos (on dit aussi dionysies).
d2./d PHILO Qui a rapport au caractère, à la signification prêtée à Dionysos par la mythologie.
— Terme employé par Nietzsche pour exprimer l'ivresse extatique, l'enthousiasme et l'inspiration créatrice (par oppos. à apollinien).
⇒DIONYSIEN1, IENNE, DIONYSIAQUE, adj.
A.— HIST. RELIG. Relatif à Dionysos. Culte, fête dionysiaque, dionysien(ne). La tragédie, rationalisée par Euripide, a cessé d'être un mystère dyonisiaque [sic] pour devenir un drame purement humain (Arts et litt., 1936, p. 4004). On a essayé (...) de trouver des rapports entre la cène et les mystères dionysiens et orphiques, dans lesquels l'initié dévorait la chair crue d'un animal (Théol. cath. t. 14, 1, 1938, p. 564) :
• 1. Dans le vent des pampres secoués, sous la pluie tourbillonnante des grappes et des fleurs; l'ivresse dionysiaque bondit au son des crotales, des rires, des râles d'amour. Mais les griffes des panthères déchirent les membres nus. La mort et la résurrection tournent dans la bacchanale.
FAURE, Hist. de l'art, 1921, p. 14.
— Emploi subst. fém. plur. (p. ell. du subst. fêtes). Les Dionysiaques. Fêtes religieuses en l'honneur de Dionysos. Grandes Dionysiaques, petites Dionysiaques. Synon. usuel Dionysies.
B.— PHILOS., [P. réf. notamment à la Naissance de la Tragédie de F. Nietzsche (1872)] Qui participe de la tendance à la démesure ou à l'ivresse de l'enthousiasme et de l'irrationnel. La fusion de l'âme apollinienne et de l'ivresse dionysienne faisait jaillir la tragédie du sein de la musique orgiaque (...) un prodigieux équilibre maintenait le trouble mystique dans la lumière de l'esprit (FAURE, Hist. de l'art,1909, p. 92). L'éternelle opposition dans l'art du principe apollinien au principe dionysiaque (STRAVINSKY, Chron. vie, 1931, p. 32) :
• 2. Cette coexistence de deux tempéraments opposés [dans le peuple chinois] (...) correspond exactement à la différence de deux cultures voisines d'Amérique, celle des pueblo et celle des tribus des plaines. (...) cette différence s'affirme dans le contraste entre les attitudes dionysienne et apollinienne, la première tendant au débordement (type chamanique : les cultes Yin-Sseu en Chine), la seconde à l'équilibre et au quant-à-soi (l'attitude du lettré en Chine, le « juste milieu »).
Philos., Relig., 1957, p. 5405.
— Emploi subst. (Dionysiaque seul attesté). Cf. apollinien B.
Rem. 1. Dionysiaque est plus fréq. employé en ce sens que dionysien. 2. On rencontre ds la docum. le subst. masc. dionysisme. Religion dionysiaque, ensemble de mythes et de cultes relatifs à Dionysos. La différence que nous faisons (...) entre le dionysisme et la religion éleusinienne (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 113).
C.— Autres domaines de la vie phys. ou spirituelle
1. Domaine de la création artistique. Relatif à une inspiration délirante et tumultueuse, comme si Dionysos en était l'inspirateur. Il y a dans ses ouvrages si bien ordonnés une sorte d'ivresse dionysiaque, et parfois quelque raffinement y fait entendre un écho mozartien (DUMESNIL, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 172) :
• 3. La prose du Centaure [de Maurice de Guérin], l'une des seules œuvres vraiment dionysiaques de la littérature française, arrive à épouser avec une miraculeuse souplesse les moindres courbes de la vie cosmique passant à travers le corps humain et le baignant de ses ondes infinies.
BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, p. 350.
2. Passionnément enthousiaste. « Résurrection dans la vie totale, s'écrie-t-il dans un élan dionysiaque, oubli de tout bonheur particulier! ô réintégration parfaite! » (MASSIS, Jugements, 1924, p. 67). Dans les glaciales salles de concert où il déchaîne l'enthousiasme ou le délire dionysiaque [Arthur Rubinstein] (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 267).
Prononc. et Orth. :[], fém. [-]; []. Le 2e ds Ac. 1762-1835 en tant que subst. fém. plur.; ds Ac. 1878 également en tant qu'adj.; ds Ac. 1932 uniquement en tant qu'adj. Étymol. et Hist. 1732 fêtes dionysiennes (Trév., s.v. Dionysies); 1762 dionysiaques subst. fém. plur. (Ac.). Dér. du nom du dieu Dionysos; suff. -ien, dionysiaque est empr. au gr. « de Dionysos, qui concerne Dionysos ou les Dionysies ». Fréq. abs. littér. Dionysien : 2. Dionysiaque : 41. Bbg. QUEM. 2e s. t. 1 1970 (s.v. dionysisme.)
dionysiaque [djɔnizjak] adj.
❖
♦ Didactique.
1 Antiq. grecque. Qui est relatif à Dionysos. || Le culte dionysiaque. || Fêtes dionysiaques, et, n. f. pl., les dionysiaques : fêtes en l'honneur de Bacchus célébrées au printemps et en automne. ⇒ Bacchanale, dionysies. || Les fêtes dionysiaques, origine de la comédie. || Les grandes dionysiaques. || Les dionysiaques rurales. || Artistes dionysiaques : nom des comédiens, chez les Grecs.
2 Littér. (opposé à apollinien). Propre à l'inspiration, à l'enthousiasme. || « Si la poésie est dionysiaque par ses origines, elle est apollinienne dès qu'elle est poésie » (H. Delacroix). || L'ivresse dionysiaque, l'élan dionysiaque (d'une œuvre, d'une création…).
REM. Cet emploi s'est surtout répandu sous l'infl. de Nietzsche (Naissance de la tragédie, 1872).
♦ (Personnes). Qui présente, incarne les caractères (enthousiasme, force, etc.) attribués à Dionysos.
0 Andrée (que) j'avais crue le premier jour une créature si dionysiaque et qui était au contraire frêle, intellectuelle et (…) fort souffrante.
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Pl., t. I, p. 893.
Encyclopédie Universelle. 2012.