éclater [ eklate ] v. <conjug. : 1>
• esclater av. 1150; frq. °slaitan « fendre, briser »
I ♦ V. tr.
1 ♦ Vx Casser, faire voler en éclats. ⇒ briser. Blas. Lance éclatée.
2 ♦ (1651) Mod. Hortic. Diviser (une plante) en séparant des drageons.
3 ♦ Faire éclater. ⇒fam. péter (tr.). « il doit s'arrêter après avoir éclaté un pneu » (Libération, 1990).
4 ♦ Abstrait Diviser, décomposer en plusieurs parties. « il faut décentraliser, éclater un système devenu ingouvernable » (Le Point, 1990).
♢ Spécialt Éclater un croquis. — Perspective éclatée. ⇒ éclaté.
II ♦ S'ÉCLATER v. pron.
1 ♦ Vx « La surprise est cause qu'on s'éclate de rire » (Descartes).
2 ♦ (v. 1968) Mod. et fam. Éprouver un violent plaisir (dans une activité). S'éclater comme des bêtes. ⇒ jouir. Il s'éclate vraiment dans son boulot (cf. Prendre son pied).
III ♦ V. intr. (1532)
1 ♦ Se rompre avec violence et généralement avec bruit, en projetant des fragments, ou en s'ouvrant. ⇒ se briser, se casser, se fendre. La chaudière a éclaté. « L'eau bouillante risque de faire éclater les verres » (A. Gide). Toutes les vitres ont éclaté sous la violence de l'explosion. Obus, grenade, pétard qui éclate. ⇒ exploser, sauter; fam. péter. Pneu qui éclate. Au printemps, les bourgeons éclatent. ⇒ s'ouvrir. Bot. Fruit qui éclate. ⇒ déhiscent. — Par exagér. « sa tête bourdonnante et près d'éclater » (A. Daudet ).
2 ♦ Se diviser en plusieurs parties. ⇒ se scinder. Parti qui éclate en plusieurs courants. La coalition a éclaté.
3 ♦ Par anal. Faire entendre un bruit violent et soudain. ⇒ retentir. « La Marseillaise, chantée avec une furie vengeresse, éclata » ( Zola). Rires, cris, applaudissements qui éclatent. « Les sanglots [...] qui n'éclatèrent que quand je me retrouvai seul » (Proust).
♢ (Sujet personne) La foule éclata en applaudissements. Éclater en sanglots. Éclater en invectives, en violents reproches. ⇒ se répandre. — Loc. Éclater de rire, ou absolt Éclater. ⇒ pouffer. — Absolt S'emporter bruyamment. « Incapable d'éclater, de me mettre en colère » (Radiguet).
4 ♦ (Choses) Se manifester tout à coup en un début brutal. ⇒ commencer, se déclarer. « Il y a des maladies qui [...] éclatent en une soirée dans un accès de fièvre violent » (Maurois). L'incendie, la guerre, la grève a éclaté. Si le scandale éclate.
5 ♦ Vx Briller d'un vif éclat. « L'or éclate [...] sur les habits de Philémon » (La Bruyère). Par anal. « Quel était ce feu intérieur qui éclatait parfois dans son regard ? » (Hugo).
6 ♦ Apparaître de façon manifeste. ⇒ 1. rayonner. La joie éclatait sur son visage.
♢ Se manifester avec évidence (cf. Sauter aux yeux). La droiture, « la bonté de Battaincourt éclataient en ses moindres propos » (Martin du Gard). La vérité finira bien par éclater. — Fig. (Personnes) Accéder soudain à la célébrité. Un jeune chanteur qui éclate sur la scène internationale.
⊗ CONTR. Taire (se); dominer (se); dissimuler (se).
● éclater verbe intransitif (francique slaitan, déchirer) Se percer, se fendre, se rompre ou exploser sous l'effet d'une trop forte pression, de la chaleur, etc., et généralement en produisant un bruit sec : Pneu qui éclate. Se fractionner, se diviser : Faire éclater un service. Se produire brusquement et avec un bruit sec, violent : Coup de feu qui éclate. Se produire, se manifester, se déclarer brusquement, en parlant d'un événement (le plus souvent fâcheux) ou d'un phénomène : La guerre risque d'éclater. Se manifester avec violence, en parlant d'un sentiment agressif : Sa colère va éclater. Paraître avec force et évidence, être éclatant, sauter aux yeux : Sa bonne foi éclate. En parlant d'une couleur, être très vive, ou, en parlant d'une lumière, être très brillante, rayonner : Un diamant qui éclate de mille feux. Familier. Donner le maximum de soi-même, être extraordinaire et, en particulier, accéder brusquement à la célébrité : Ce jeune pilote a éclaté sur la scène internationale. Avoir telle qualité et la manifester avec force, netteté : Il éclate de santé. Ne plus pouvoir contenir sa colère, se répandre en reproches, injures, invectives. ● éclater (difficultés) verbe intransitif (francique slaitan, déchirer) Emploi et registre 1. Éclater v.t. = fractionner, répartir. La firme a éclaté ses activités en plusieurs sociétés. Cet emploi appartient à la langue des affaires. Dans l'expression soignée, préférer les équivalents multiplier, diversifier, répartir, diviser, etc., en fonction du contexte : la firme a réparti ses activités entre plusieurs sociétés créées à cette fin. 2. S'éclater v.pr. = se livrer intensément à une activité en y prenant un grand plaisir. Registre familier. ● éclater (expressions) verbe intransitif (francique slaitan, déchirer) Éclater dans ses vêtements, être serré, boudiné dans des vêtements devenus trop étroits. Éclater de rire, être pris d'un bruyant accès de rire. Éclater en applaudissements, manifester avec force et enthousiasme son plaisir en applaudissant très fort. Éclater en sanglots, se mettre brusquement et bruyamment à pleurer. Familier. J'éclate, ma tête éclate, j'ai très mal à la tête, j'ai trop de choses en tête. ● éclater (synonymes) verbe intransitif (francique slaitan, déchirer) Se percer, se fendre, se rompre ou exploser sous l'effet...
Synonymes :
- crever
- exploser
Se produire brusquement et avec un bruit sec, violent
Synonymes :
- retentir
Se produire, se manifester, se déclarer brusquement, en parlant d'un...
Synonymes :
- se déclencher
Se manifester avec violence, en parlant d'un sentiment agressif
Synonymes :
- fulminer
- se déchaîner
Contraires :
- se maîtriser
Paraître avec force et évidence, être éclatant, sauter aux yeux
Synonymes :
- s'étaler
Contraires :
● éclater
verbe transitif
Couper la tige d'une plante pour obtenir des éclats.
éclater
v. intr.
rI./r
d1./d Se rompre, se briser avec violence et par éclats. Ce bois a éclaté. La bombe a éclaté sur la ville.
— Par exag. Taisez-vous, ma tête va éclater! Syn. exploser.
d2./d Se séparer en plusieurs éléments.
d3./d v. tr. AGRIC Répartir (une touffe végétale) en plusieurs éléments. éclater une souche de graminées, séparer les tubercules pour que chacun donne un nouveau pied.
rII./r
d1./d Faire entendre un bruit soudain et violent. Des applaudissements éclatèrent. Le tonnerre éclata dans le silence de la nuit.
d2./d Manifester un sentiment brusquement et bruyamment. éclater de rire. éclater en injures, en sanglots.
— Absol. Se mettre en colère. C'en était trop, il éclata.
|| v. Pron. Vx S'éclater de rire.
d3./d Fig. Se manifester d'une manière soudaine et violente. L'incendie éclata pendant la nuit. Une révolte éclata.
d4./d Fig. Se manifester avec évidence, intensité, éclat. Sa gloire éclata aux yeux du monde. Je ferai éclater la vérité.
d5./d v. Pron. Mod., Fam. S'amuser, se divertir sans retenue.
⇒ÉCLATER, verbe intrans.
I.— Domaine des sensations
A.— Domaine de l'ouïe
1. Se briser avec violence, soudaineté, sous l'influence d'une pression, d'un choc ou d'un changement de température, en projetant des fragments. Ballon, mine, vitre qui éclate. Des gamins (...) faisant éclater des pétards dans la rue (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Jour de fête, 1886, p. 1056). Un beau matin le récipient dans lequel je fabriquais de l'hydrogène m'éclata au nez (GIDE, Si le grain, 1924, p. 440) :
• 1. Quatorze bocaux furent emplis de tomates et de petits pois; ils en lutèrent les bouchons avec de la chaux vive et du fromage, (...) puis les plongèrent dans l'eau bouillante. Elle s'évaporait; ils en versèrent de la froide; la différence de température fit éclater les bocaux.
FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, t. 1, 1880, p. 54.
♦ Impersonnellement. Il éclate des obus, à toute minute, sur la voie du chemin de fer (GONCOURT, Journal, 1871, p. 729).
♦ P. métaph. Le mécanisme constitutionnel ne peut convenir qu'aux zones tempérées; au-delà de trente degrés de chaleur, les chartes fondent ou éclatent (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p. 237). Les fleurs deviennent nuages, les étoiles tombent sur le sol et éclatent en corolles magnifiques (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 170).
— En partic., emploi trans. [Le compl. d'obj. dir. désigne un arbre] Briser en éclats. Tandis qu'il éclatait un tronc d'arbre, frappait à grands coups de masse sur son ébuard... (ARNOUX, Chiffre, 1926, p. 61).
Rem. On rencontre un emploi pronom. à valeur intrans. Le bois de l'alizier (...) a (...) l'avantage d'être très liant, de ne point s'éclater (BAUDRILLART, Nouv. manuel forest., t. 1, 1808, p. 264).
— P. métaph. et p. exagér. [Le suj. désigne une pers. ou une partie d'une pers.] Le sang de mes veines bat si fort qu'il va les rompre, ma tête éclate en morceaux, mon âme déborde par-dessus moi (FLAUB., Tentation, 1849, p. 409).
2. P. ext.
a) Domaine physique. Produire un bruit subit et violent analogue à un éclatement. L'orage, le tonnerre, une fusillade éclate. Sur quoi est-ce qu'il [Joseph] a tiré? Il devient fou. Le second coup de feu éclate (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 253).
♦ P. métaph. La cérémonie allait finir, l'encens fumait, les orgues éclataient d'allégresse (ZOLA, Page amour, 1878, p. 922).
♦ Au fig. Les choses en sont venues à ce point qu'il faut que l'orage éclate. Sur qui tombera le tonnerre (DUMAS père, Intrigue et amour, 1847, I, 10, p. 190).
b) Domaine physique et moral. Se manifester bruyamment et subitement.
) [Le suj. désigne un sentiment] La joie (...) éclatait de toutes parts (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 11). Sa colère éclata contre la jeune fille (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 878).♦ Éclater en + subst. Sa douleur éclata tout à coup en sanglots (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 55). Leur indignation éclatait en menaces et en débordements (FLAUB., Salammbô, t. 1, 1863, p. 7).
) [Le suj. désigne une pers.]— Éclater en + subst. Éclater en sanglots, en insultes. J'éclatai en cris, je jetai mon bonnet, je me donnai des coups de poing sur la tête (GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p. 186). Le public (...) reste un instant ébahi avant d'éclater en applaudissements (PROUST, Le Temps retr., 1922, p. 921). J'éclatai en imprécations contre les vieilles dames de cette sorte (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 49).
— Éclater de + subst. Éclater de rire. Éclater de joie (cf. BOREL, Champavert, 1833, p. 182). Éclater de colère (cf. ROLLAND, J. Chr., Révolte, 1907, p. 514).
♦ Littér. :
• 2. N'éclatez pas de silence; laissez jaillir votre humeur négative; ce sera moins intolérable que de vous voir ainsi sous pression suffoquant d'arguties.
ARNOUX, Suite variée, 1925, p. 223.
♦ Absol. Cette fois, la Rousse faillit tomber à la renverse, tant elle éclata. Elle se laissa aller contre le mur (...) riant à se crever (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1420). Alors le vieux éclata tout d'un coup : — Me prends-tu pour un imbécile et crois-tu que je ne sache pas ce que parler veut dire? (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 262).
♦ Vieilli, emploi pronom. à valeur intrans. Ils s'éclatèrent de rire [les garçons] comme un cent de pets (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 26). Le cœur m'éclate de joie (CAMUS, Esprits, 1953, III, 5, p. 511).
) Rare [Le suj. désigne un coq] Un coq éclate (...) en fanfares (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 21).3. P. anal.
a) S'ouvrir, se fendre brutalement, avec ou sans bruit. Christophe (...) sauta, et tomba. (...) et, pour comble de malheur, son vêtement éclata aux genoux, et ailleurs (ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p. 36). Il lui décrivait la dinde dont la peau de bronze et d'or éclatait comme un corsage trop étroit, les patates prises dans le sucre (GREEN, Journal, 1928-34, p. 287). Nous sommes passés sur une partie de la route qui avait été récemment refaite. Le soleil avait fait éclater le goudron (CAMUS, Étranger, 1942, p. 1134).
b) Se diviser
) [Le suj. désigne une chose] Être l'objet d'une répartition en plusieurs branches, directions, éléments, etc. Une autoroute (va) aboutir et éclater sur la place Denfert-Rochereau (M.f 6.7.54 ds GILB. 1971). L'autoroute éclatera en deux branches (M. 26.10.66, ds GILB. 1971). Bien des villes ont vu leurs équipements universitaires éclater aux quatre points cardinaux (M. 28.2.67, ds GILB. 1971). La ville de T., éclate vers la campagne (E. 27.6.70, ds GILB. 1971).
) [Le suj. désigne un groupe humain (pol., soc., etc.)] Se séparer par suite d'une mésentente. Une tentative pour faire éclater de l'intérieur le Marché commun, en dressant les libéraux contre les protectionnistes (Fabre-Luce, 58 ds GILB. 1971). Politiquement, Nanterre est une mosaïque. La gauche est éclatée. Les anarchistes ne sont qu'une poignée (O. 21.2.68, ds GILB. 1971).
) Spéc., PHILOS. SARTRIENNE. Sortir de soi, effectuer un mouvement vers l'objet (avec emploi pronom. à valeur intrans.) :• 3. Être, c'est éclater dans le monde, c'est partir d'un néant de monde et de conscience pour soudain s'éclater — conscience — dans — le — monde.
SARTRE, Situations I, 1947, p. 33.
B.— Domaine de la vue. Frapper le regard.
1. [Par le caractère lumineux d'une chose] Briller, scintiller. Sa prunelle éclatait comme une chandelle (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 345). La rivière éclatait de lumière (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Partie camp., 1881, p. 372).
2. [Par le caractère coloré d'une chose ou d'un ton] Ressortir, trancher par l'intensité et la vivacité du ton. Dans cette verdure (...) éclate le vermillon d'une tige rouge (GONCOURT, Journal, 1858, p. 520). Un plat ovale (...) au milieu duquel éclate une tulipe violette (GONCOURT, Journal,1894, p. 688).
♦ Éclater de + subst. Des bigarreaux, qui éclataient d'ambre et de pourpre (PESQUIDOUX, Livreraison, 1928, p. 72).
♦ Éclater en + subst. Des villas dispersées éclataient en blancheur (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 217).
— En partic. [Le sujet désigne une femme ou un de ses attributs] La tunique bleue, le manteau noir, faisoient éclater la blancheur de son teint (CHATEAUBR., Martyrs, t. 3, 1810, p. 209). Un bras dont la blancheur éclate (TOULET, Comme une fantaisie, 1918, p. 238).
3. [Par le caractère luxueux, somptueux d'une chose] Étinceler. Partout les pierreries, le satin, la parure éclataient avec somptuosité (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 13).
♦ Éclater de + subst. Les trois rangées de tables, (...) éclataient d'argenterie, de verres en cristal, teintés d'émeraude (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 256).
II.— Au fig. [Avec l'idée de frapper la sensibilité ou l'esprit]
A.— [Le suj. désigne un incident, un événement] Survenir brutalement. Une guerre éclate; un incident éclate. La coalition qui éclata en 1805 (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 627). La faillite éclate pendant la fabrication [du cosmétique] (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 159).
B.— [Le suj. désigne un être humain] Se distinguer brillamment par ses capacités intellectuelles ou ses aptitudes physiques. Éclater de + subst. Vous a-t-on raconté que cet homme sans lois, Tout chargé d'attentats, tout éclatant d'exploits (HUGO, Les Burgraves, 1843, p. 58). Ce Louis XIV [de Lavisse] éclate d'intelligence (THIBAUDET, Hist. de la littér. fr. de 1789 à nos jours, 1936, p. 312).
♦ Absol. [Le suj. désigne une pers.] Accéder soudainement à la célébrité. On dit d'un skieur qu'il éclate lorsque, d'honnête membre de son équipe, il passe brutalement au stade de champion irrésistible (A. 12.2.70 ds GILB. 1971). Le pilote (de course automobile) suédois éclate sur la scène internationale (A. 29.1.70, ds GILB. 1971).
1. Frapper l'esprit par son caractère glorieux, grandiose. Nous aimons tous que nos actions éclatent, ne demeurent pas sous le boisseau (ARNOUX, Rêv. policier amat. 1945, p. 35).
2. Apparaître de façon manifeste ou évidente. Ce n'est qu'un tissu de faux où éclate la preuve de tous les crimes de l'état-major (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 348) :
• 4. ... elle [l'église] déclara sur-le-champ la guerre à ces réformateurs nouveaux, dont les méthodes la menaçaient bien plus que leurs doctrines. C'est là le grand fait qui éclate à la fin du onzième et au commencement du douzième siècle, ...
GUIZOT, Hist. gén. de la civilisation en Europe, 1828, leçon 6, p. 36.
Rem. On rencontre ds la docum. le part. passé adjectivé éclaté, ée. Qui est brisé avec violence, soudaineté, en projetant des fragments. Leur perron éclaté sous la poussée des figuiers (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 95). Spéc. a) Blas. ,,Se dit lorsque la division de l'écu, au lieu d'être en ligne droite, offre un contour irrégulier, une ligne brisée, comme si une partie de l'écu avait été brisée avec force, avait volé en éclats`` (cf. ADELINE, Lex. termes art, 1884). Attesté ds ROB. b) Bât. Pierre éclatée. ,,Aspect d'un parement obtenu en frappant la pierre au marteau à arêtes vives, le long des arêtes de la face, avec une force telle que chaque coup provoque un éclat important sur cette face. La taille ainsi obtenue ne doit pas être retouchée`` (NOËL 1968). Attesté ds Lar. Lang. fr.
Prononc. et Orth. :[eklate], (j')éclate [eklat]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Av. 1150 esclater « se séparer de » (Lapidaire ds STUDER-EVANS, p. 30, 58), emploi isolé; b) 1176-81 « se rompre, s'émietter (d'une lance) » (CHR. DE TROYES, Lancelot, éd. M. Roques, 3590) — 1306, G. GUIART, Royaux Lignages, éd. J.-A. Buchon, I, 2291; c) 1552 s'éclatter « se rompre avec violence » (RABELAIS, Quart Livre, LVI, éd. R. Marichal, p. 229) — 1783, BUFFON, Hist. nat. des minéraux, t. 1, p. 262; 1564 esclater « se rompre avec violence et avec bruit, en projetant des fragments » (RABELAIS, Cinquième Livre ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 64); d) 1552 s'éclater de rire (ID., Quart Livre, Prol., éd. R. Marichal, p. 25) — 1798, Ac.; 1640 esclater de rire (OUDIN Curiositez); 2. ca 1330 esclatants « qui s'emporte » (G. DE DIGULLEVILLE, Pèlerinage vie hum., 615 ds T.-L.), attest. isolée; de nouv. 1643 éclater « s'emporter bruyamment » (CORNEILLE, Pompée, IV, 1); 3. a) ca 1480 esclatant au fig. « brillant, remarquable » (G. COQUILLART, Droitz nouveaulx, 18 ds Œuvres, éd. M. J. Freeman, p. 128); b) 1643 éclater « apparaître de façon manifeste; se manifester avec évidence » (CORNEILLE, Pompée, III, 2); 4. 1538 esclatant « qui fait un grand bruit » (Est. ds FEW t. 17, p. 142 b); 1671 « faire entendre un bruit violent et soudain » (POMEY); 5. 1564 « briller d'un vif éclat » (THIERRY); 1578 esclatant « qui brille avec éclat » (R. GARNIER, Marc-Antoine, I, 70 ds Œuvres, éd. W. Foerster, t. 1, p. 155); 6. 1640 éclater « se manifester tout à coup en un début brutal » (CORNEILLE, Horace, IV, 4). De l'a. b. frq. slaitan « fendre, briser », cf. l'a h. all. sleizan « déchirer » (GRAFF t. 6, col. 817), all. 
, aujourd'hui seulement dans les dér. 
« user (des vêtements) », zerschlissen « usé (de vêtements) ». Fréq. abs. littér. :5 311. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 4 983, b) 7 851; XXe s. : a) 9 965, b) 8 134. Bbg. ALESSIO (G.). Saggio di etimologie francesi. R. Ling. rom. 1950, t. 17, pp. 173-174. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 316. — MEIER (H.). Lateinisch-Romanisches. Rom. Jahrb. 1959, t. 10, p. 271.
, aujourd'hui seulement dans les dér. « user (des vêtements) », zerschlissen « usé (de vêtements) ». Fréq. abs. littér. :5 311. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 4 983, b) 7 851; XXe s. : a) 9 965, b) 8 134. Bbg. ALESSIO (G.). Saggio di etimologie francesi. R. Ling. rom. 1950, t. 17, pp. 173-174. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 316. — MEIER (H.). Lateinisch-Romanisches. Rom. Jahrb. 1959, t. 10, p. 271.
éclater [eklate] v.
ÉTYM. Av. 1150, esclater; traditionnellement considéré comme issu du francique slaitan « fendre, briser ». P. Guiraud suggère l'étymon exclaccitare « s'ouvrir avec bruit », d'après la rac. onomatopéique clacc- « coup, bruit qui l'accompagne » (→ Claquer).
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———
I V. tr.
1 Vx. Casser, faire voler en éclats. || Éclater une branche, un arbre (cit. 18).
2 (1651). Mod. Hortic. Diviser (une plante) en séparant des drageons.
———
II V. intr. (1532).
1 (1564). Se rompre avec violence et généralement avec bruit, en projetant des fragments, ou en s'ouvrant. ⇒ Briser (se), casser (se). || Le gel fait éclater les roches. || Chaudière, radiateur qui éclate. || Les conduites ont éclaté. ⇒ Crever. || Vitre qui éclate. ⇒ Voler (en éclats). || Bombe, obus, pétard, fusée qui éclate. ⇒ Exploser. || La grenade lui a éclaté dans les mains. ⇒ Péter (fam.). || Mine qui éclate. ⇒ Sauter (→ Détruire, cit. 30). || Bruit d'un engin qui éclate. ⇒ Déflagration, détonation. || Le pneu arrière droit a éclaté. ⇒ Crever. — Le bois vert qu'on brûle éclate en pétillant. || Les châtaignes éclatent sur le feu. ⇒ Fendre (se). || Bourgeons qui éclatent. ⇒ Ouvrir (s'). — Se rompre sans bruit, en s'ouvrant. || Un abcès qui éclate.
1 Vois, — c'est un météore ! il éclate et s'éteint.
Hugo, Odes et Ballades, V, 20.
2 D'un coup de doigt, sans prendre le temps de s'asseoir, il fit éclater l'enveloppe.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 2e tableau, I, p. 54.
2.1 Les bombes éclatant en l'air, ne tombaient pas et demeuraient éternellement éclatantes.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, t. II, p. 138.
♦ Par exagér. || Il lui semble que sa tête va éclater.
3 Après les liqueurs surtout, Fumichon ne se connaissait plus; et son visage apoplectique était près d'éclater comme un obus.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, III, II.
4 Son cœur battait dans sa poitrine et ses tempes menaçaient d'éclater.
P. Mac Orlan, la Bandera, XVII, p. 207.
♦ Par ext. Vx. || Vêtement, tissu qui éclate, se déchire brusquement.
2 Se diviser en plusieurs éléments. || « La revue (…) éclate en cinq publications » (l'Express, 26 mai 1969). || « En moins de deux ans, la coalition (gouvernementale) éclatera » (le Monde, 22 sept. 1965).
3 (1671). Faire entendre un bruit violent et soudain (⇒ Éclat). || Orage, tonnerre qui éclate. — Fig. || L'orage va éclater, se dit d'une querelle, d'une menace imminente. — Trompette qui éclate avec un son perçant. || Le cri de la chouette éclata dans la nuit. ⇒ Retentir. || Des applaudissements éclatent de toutes parts. ⇒ Crépiter. || « La Marseillaise » éclata (→ Bruit, cit. 9). || Des rires éclatèrent. → ci-dessous, cit. 12 et 13.
5 (…) la crépitation des coups de feu d'un tir voisin, qui éclataient comme l'explosion des bouchons de champagne (…)
Baudelaire, le Spleen de Paris, XLV.
6 (…) tous à la fois entonnèrent un hymne, et répétant toujours les mêmes syllabes et renforçant les sons, leurs voix montaient, éclatèrent, devinrent terribles, puis, d'un seul coup, se turent.
Flaubert, Salammbô, VII, p. 128.
7 Ils vont. Et la trompette éclate, et le clairon,
Et le sistre, et la harpe, et le tambour (…)
Leconte de Lisle, Poèmes barbares, « La vigne de Naboth », II.
8 Il est midi. La canicule tombe des ormeaux bleus et noirs où éclate le cri d'une cigale.
Francis Jammes, Clara d'Ellébeuse, I.
9 Les musiciens s'accordaient; soudain, après un bref silence, une marche pompeuse et bruyante éclata.
J. Green, Adrienne Mesurat, I, XI, p. 99.
♦ (Sujet n. de personne). Construit avec en ou de (suivi d'un nom). — ☑ (1640). Éclater de rire : rire soudainement avec bruit. ⇒ Pouffer. → Chemise, cit. 1; exempt, cit. 15; patatras, cit. 1; purger, cit. 7. || Il éclate de rire au récit de cette aventure. — Vx. || Éclater : éclater de rire.
10 (…) il rit (…) il éclate d'une chose qui lui passe par l'esprit (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 7.
11 On conte une histoire touchante, le Belge éclate de rire pour faire croire qu'il a compris.
Baudelaire, Argument du livre sur la Belgique, VI, Pl., p. 1283.
REM. Éclater de rire, éclater en sanglots sont les seuls syntagmes courants. En revanche les constructions avec rire, sanglot comme sujet sont plutôt littéraires.
12 Les jeunes filles, assises sur les balcons, chantaient des couplets que les novios accompagnaient d'en bas; à chaque stance éclataient des rires, des cris, des applaudissements à n'en plus finir.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 202.
13 D'ailleurs, les rires éclataient à certains moments, ces rires, qui lorsqu'ils viennent d'un groupe de femmes, sont aussi impudiquement révélateurs que du linge à une fenêtre.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XV, p. 194.
14 (…) les sanglots que j'eus la force de contenir devant mon père et qui n'éclatèrent que quand je me retrouvai seul avec maman.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. I, p. 55.
15 Des larmes de colère et d'émotion commençaient à couvrir sa voix, mais elle se domina et reprit avec précipitation, comme si elle eût craint d'éclater en sanglots avant d'arriver au bout de ce qu'elle voulait dire (…)
J. Green, Adrienne Mesurat, III, VIII, p. 276.
♦ → aussi ci-dessous, infra cit. 20.
4 (1640). Fig. Se manifester tout à coup, brutalement. — (En parlant d'un événement, d'un état). || L'incendie a éclaté dans un atelier, dans un entrepôt. || La guerre, la révolution va éclater. — Un scandale a éclaté à propos de cette affaire. || Dispute qui éclate entre deux personnes. — Maladie qui éclate. ⇒ Déclarer (se).
16 À chaque instant les intérêts diffèrent, les conflits et les compétitions éclatent.
J. Bainville, Hist. de France, V, p. 70.
17 Il y a des maladies qui commencent lentement, par des malaises légers et convergents; d'autres éclatent en une soirée dans un accès de fièvre violent.
A. Maurois, Climats, I, VIII, p. 63.
18 La guerre, si par malheur elle éclate, sera un événement entièrement nouveau dans le monde par la profondeur et l'étendue du désastre (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XXIII, p. 255.
19 Elle se rappelait surtout la querelle qui avait éclaté presque tout de suite entre eux (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 84.
♦ (En parlant d'un sentiment). || Colère qui éclate, qui explose. ⇒ Explosion (de colère). || Laisser éclater sa joie (→ Attendre, cit. 42), sa haine (→ Discorde, cit. 2), sa tendresse (→ Accumuler, cit. 14)… ⇒ Montrer.
20 Quand une femme hait l'homme qui l'a violée, elle ne peut plus se trouver devant lui sans que cette haine éclate.
Maupassant, Fort comme la mort, p. 53.
♦ (Personnes). || Éclater en injures, en invectives, en reproches. ⇒ Répandre (se). || Éclater en menaces. ⇒ Fulminer.
21 Vous voudriez que (…) j'allasse éclater promptement en invectives et en injures.
Molière, l'Impromptu de Versailles, 5.
22 Dans la conversation, il éclatait en colères littéraires risibles. En politique, il déraisonnait (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 122.
♦ (1643). Absolt. S'emporter bruyamment (d'une personne qui ne peut plus se dominer et exprime soudain son ressentiment). ⇒ Colère (se mettre en colère), emporter (s'). || Sa patience a des limites; il finira par éclater. ⇒ Débonder (se), déborder.
23 Voulez-vous que je dise ? il faut qu'enfin j'éclate,
Que je lève le masque, et décharge ma rate (…)
Molière, les Femmes savantes, II, 7.
24 Incapable d'éclater, de me mettre en colère, aucun geste ne manifesterait ma haine.
R. Radiguet, le Diable au corps, p. 180.
5 (1564). Avoir de l'éclat, frapper la vue par une vive lumière (⇒ Briller); briller d'un vif éclat. — REM. Cet emploi est vieux avec un sujet n. de personne (→ ci-dessous, cit. 25).
25 Il eût été inutile à Notre Seigneur Jésus-Christ, pour éclater dans son règne de sainteté, de venir en roi; mais il y est bien venu avec l'éclat de son ordre !
Pascal, Pensées, XII, 793.
26 L'or éclate, dites-vous, sur les habits de Philémon. — Il éclate de même chez les marchands.
La Bruyère, les Caractères, II, 27.
27 Le nez, rouge et gonflé, éclatait comme une braise dans la figure commune.
F. Mauriac, l'Enfant chargé de chaînes, p. 145.
27.1 Elle s'étire au soleil avec un étrange frisson. La lumière fouille encore le misérable visage torturé où la bouche peinte éclate lugubrement.
Bernanos, Monsieur Ouine, p. 10.
♦ Par anal. || Intelligence qui éclate dans les yeux. ⇒ Pétiller. || La joie éclate sur son visage. ⇒ Rayonner.
28 La beauté, les grâces, la joie, les plaisirs éclataient également sur leurs visages (…)
Fénelon, Télémaque, IV.
29 Quel était ce feu intérieur qui éclatait parfois dans son regard, au point que son œil ressemblait à un trou percé dans la paroi d'une fournaise ?
Hugo, Notre-Dame de Paris, IV, V.
♦ Littér. || Éclater de…, en… || « La rivière éclatait de lumière » (Maupassant). || Des villas « éclataient en blancheur » (Daudet, in T. L. F.).
6 (1643). Paraître clairement, avec évidence. ⇒ Manifester (se). || La partialité de l'auteur éclate à chaque page de ce livre. ⇒ Sauter (aux yeux). || La faiblesse de l'homme éclate en tout ce qu'il fait (→ Attacher, cit. 60).
30 (…) il ne se voit rien où le goût attique se fasse mieux remarquer et où l'élégance grecque éclate davantage (…)
La Bruyère, Discours sur Théophraste.
31 Au contraire : la droiture, la modestie naturelle, la bonté de Battaincourt, éclataient en ses moindres propos, jusque dans les gaucheries de son maintien.
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 103.
♦ Fig. (Sujet n. de personne). Accéder soudain à la célébrité. || « Le pilote suédois a éclaté sur la scène internationale » (l'Auto-journal, 29 janv. 1970). — (Choses, entreprises). Se développer rapidement, prendre brusquement de l'importance.
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s'éclater v. pron.
1 Vx, fig. || S'éclater de rire : éclater de rire. → Mordieu, cit. || « La surprise est cause qu'on s'éclate de rire » (Descartes). Par plaisanterie :
32 Les deux autres trouvèrent la plaisanterie merveilleuse,
Ils s'éclatèrent de rire comme un cent de pets (…)
R. Queneau, Pierrot mon ami, éd. L. de Poche, p. 23.
2 ☑ (V. 1968). Mod. S'exprimer violemment dans le plaisir, sans contrainte (surtout dans l'expr. à la mode : s'éclater comme une bête).
33 (…) au cinéma, je veux être un satrape. Plus ça coûte cher, plus il y a de vedettes, plus l'écran est vaste, plus c'est soigné, plus je m'éclate.
Jean-Louis Curtis, l'Horizon, t. II, p. 183.
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éclaté, ée p. p. et adj.
2 Techn. || Perspective éclatée. ⇒ Éclaté.
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CONTR. Comprimer, contenir, retenir. — Apaiser (s'). — Dominer (se), maîtriser (se). — Cacher (se), dissimuler (se). — Taire (se).
DÉR. Éclat, éclatage, éclatant, éclaté, éclatement, éclateur.
Encyclopédie Universelle. 2012.